PROMESSES

Introduction

Voici comment le « Petit Robert » définit l’ocuménisme: – « Mouvement favorable à la réunion de toutes les églises chrétiennes en une seule ». Cette définition est elle-même discutable, et il est évident que, dans ce sens restreint, il n’y a pas d’ocuménisme dans la Bible. Pour le N.T., l’église universelle de la Nouvelle Alliance est une réalité spirituelle, et les églises locales sont unies par des liens spirituels, et non administratifs.

Cependant, dans un sens plus large il y a bien un « ocuménisme » dans la Bible, ou plutôt il yen a deux, l’un bon et l’autre mauvais. Signalons que le mot grec « oikoumené » veut dire « terre habitée » ou « habitable », et qu’il est employé assez souvent dans la LXX (version grecque ancienne de l’A.T., datant d’avant J.-C.), surtout dans les Ps (ex. 24.1, la terre), et dans Esaïe. La première mention est dans Ex 16.35; Israël a mangé la manne jusqu’à son entrée dans la terre (promise). Dans le N.T. il désigne l’Empire Romain (Luc 2.1), et la terre entière (Luc 4.5), où il est traduit par « monde » (Colombe). A partir du 4e siècle les Pères de l’Eglise ont employé ce terme pour désigner la totalité de la réalité ecclésiastique de leur époque (les « conciles ocuméniques » rassemblaient idéalement des représentants de toutes les églises), et enfin il a été repris au XXe siècle dans le cadre de la recherche de l’unité de toutes les églises dites « officielles ».

Mais le bon ocuménisme est la reconnaissance réciproque, franche, et loyale, de l’autre en tant que serviteur de Dieu authentique. Il est opposé à l’exclusivisme et à l’étroitesse d’esprit. Le mauvais est la confusion entre la religion révélée et les religions humaines, même si elles se disent « chrétiennes ».

I. L’ocuménisme dans l’Ancien Testament

Le premier, et peut-être le meilleur exemple de bon ocuménisme dans la Bible, est la rencontre d’Abram et de Melchisédek dans Gen 14.17-20. Abram rentre en direction d’Hébron, de sa sortie courageuse où il a pu délivrer Lot et sa famille des mains de la confédération des rois du nord; il passe tout près de Jérusalem, d’où vient à sa rencontre le roi/sacrificateur Melchisédek. (L’identification de Salem avec Jérusalem est justifiée par le Ps 76.3, où Salem est assimilée Sion). La seule ombre au tableau est la présence du sinistre roi de Sodome, qui servira de contraste. Il faut peut-être insister sur le fait que ce Melchisédek est un être humain tout comme Abram; il n’est ni ange ni théophanie (apparition divine), même s’il constitue, avec d’autres personnages de l’A.T., une préfiguration de Christ. S’il n’était pas humain, il ne pourrait être ni roi de Jérusalem, ni sacrificateur (Héb 5.1). Lorsque le texte d’Héb 7.3 dit, à propos de Melchisédek, qu’ il est sans père, sans mère, sans généalogie, et qu’ il n’a ni commencement de jours, ni fin de vie, il ne faut pas en déduire que l’auteur de l’épître le croyait de nature angélique. Il utilise plutôt l’omission, par l’auteur de la Genèse, de ces données généalogiques, pour nous diriger vers la compréhension allégorique du roi de Salem, type du Fils éternel de Dieu.

Nous ignorons si Abram et Melchisédek se connaissaient déjà, ce qui n’est pas impossible. Le pain et le vin que ce roi fit apporter étaient naturellement destinés à restaurer les vainqueurs affamés. C’était un geste pratique de solidarité humaine, par lequel Melchisédek approuvait publiquement l’action énergique qu’avait menée Abram. Après ce geste de munificence royale, c’est le sacrificateur qui parle en bénissant Abram et son Dieu qui est aussi le sien. Car il faut remarquer que l’un comme l’autre, Melchisédek et Abram invoquent le Dieu Très-Haut, Maître du ciel et de la terre, qu’Abram appelle également l’Eternel, le Dieu de l’Alliance qui allait se révéler comme tel à Moïse au buisson ardent (Ex 3).

Leur reconnaissance mutuelle est basée sur leur foi commune au Dieu vivant qu’ils servent chacun dans sa situation respective. Ils n’ont pas ressenti le besoin de former conjointement une « super-église » avec quartier général à Jérusalem, Melchisédek comme PDG, et Abram comme secrétaire général! Dans une pleine communion, ils sont allés chacun son chemin selon la vocation que Dieu lui avait adressée. Melchisédek est rentré à Salem, et Abram a continué à parcourir en long et en large le pays qui lui était promis.

Est vraiment « ocuménique » celui qui reconnaît partout ses frères, et jouit d’une bonne communion avec eux dans le Seigneur, sans nécessité d' »unité » administrative – et sans confusion entre la parole de Dieu et la tradition des hommes. La vraie tradition est la communication de l’évangile de génération en génération, car le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est celui des générations successives. En ce qui concerne les Pères de l’Eglise, et autres docteurs, faisons comme Calvin qui a cherché à obéir à l’injonction apostolique de tout examiner mais de ne retenir que ce qui est bon et conforme à l’Ecriture, sans prétendre à l’infaillibilité (1 Thes 5.21), ni mépriser les hommes que le Seigneur Christ a donnés à son église (Eph 4.11).

a. Mauvais ocuménisme: Josaphat et Achab

(1 Rois 22 et 2 Chron 18; 19.1-3)

En ce temps-là le peuple de Dieu était divisé entre le royaume de Juda au sud, dont Josaphat était un bon roi, craignant l’Eternel, et celui d’Israël (Samarie) dans le nord, avec le malheureux Achab, celui-là même qui avait épousé Jézabel, païenne idolâtre, et s’était déjà opposé au prophète Elie. Joram, fils de Josaphat, avait d’ailleurs épousé Athalie, fille d’Achab sur l’instigation de son père pour des raisons politiques (alliance contre la Syrie, l’ennemi commun).

En vertu de cette alliance politique mais impie, Josaphat et Achab étaient installés l’un à côté de l’autre dans toute leur gloire royale à la porte de Samarie, et assistaient à un « culte ocuménique » où les prophètes de Baal et d’Astarté disaient des mensonges au nom de l’Eternel. Mais dans un geste de ce qu’on appellerait aujourd’hui le « pluralisme théologique », Josaphat insistait pour que l’on fasse venir Michée, le seul vrai prophète de l’Eternel qui se trouvait alors dans le nord (à ne pas confondre avec son homonyme qui a écrit 150 ans plus tard). Celui-ci, après avoir ironiquement donné le même message de conformisme religieux que les faux prophètes, révéla qu’il venait d’assister à une scène royale autrement plus impressionnante et véridique que celle qui se jouait alors à Samarie; elle scellait le sort d’Achab, qui allait tomber au combat. Achab va tout faire pour que Josaphat soit tué à sa place, mais celui-ci sera sauvé de justesse, et la parole de Dieu s’accomplira, comme « par hasard » (2 Chron 18.33). Lorsque Josaphat est enfin rentré chez lui, le prophète Jéhu le rencontre, et lui reproche son alliance avec Achab: Doit-on secourir le méchant, et aimes-tu ceux qui haïssent l’Eternel? A cause de cela, l’Eternel est indigné contre toi (2 Chron 19.2).

Or, il est à craindre que le culte de Marie et des saints soit comparable à celui de Baal et d’Astarté, du moins sur le plan spirituel, qui est le plus important; Astarté était la reine du ciel… Cela ne veut pas dire bien entendu que tout catholique romain pris individuellement soit méchant, haïssant l’Eternel, mais nous parlons du système romain dans la mesure où il favorise la confusion religieuse, où le Seigneur Christ est déshonoré au profit d’un culte idolâtre qui relève de l’ancien paganisme. (Que ceux qui en doutent viennent faire un tour en Auvergne!). D’où le besoin d’une extrême prudence aujourd’hui dans nos pays où nos églises sont sollicitées par la sirène ocuménique. Les circonstances changent, mais les principes spirituels inculqués par la parole de Dieu demeurent toujours valables.

b. Au retour de la Captivité

(Esdras 4.1-5)

Les adversaires de Juda et de Benjamin étaient les Samaritains: non plus ceux du royaume de Samarie, qui étaient Israélites, ni encore ceux des Evangiles et des Actes, devenus monothéistes, mais des païens installés par les Assyriens à la place des tribus déportées du nord, en partie judaïsés, tout en retenant leur ancien paganisme (2 Rois 17.34 et 41): Ils craignaient l’Eternel, est-il dit, mais rendaient en même temps un culte à leurs statues. Il y a là, hélas, une ressemblance frappante avec le catholicisme romain.

Voici donc leur proposition ocuménique: Nous bâtirons avec vous, car comme vous, nous invoquons votre Dieu…, ce qui était une demi-vérité, mais aussi un vrai mensonge, car pour être invoqué droitement, Dieu doit l’être exclusivement, ce qui n’était pas leur pratique. Dieu n’aime pas les mélanges, comme nous l’enseignent les deux premiers commandements, (Ex 20.3-6). Aimer Dieu, c’est garder ses commandements, Si l’on nous accuse de légalisme, nous invoquerons les paroles de Christ: Il est écrit, tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte (Mat 4.10). C’est donc en vain que le Catéchisme de l’Eglise Catholique affirme: « Le culte des images saintes est fondé sur le mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu. Il n’est pas contraire au premier commandement » (2141); et (2131): « En s’incarnant, le Fils de Dieu a inauguré une nouvelle économie des images ». C’est exactement ainsi qu’une tradition humaine en vient à annuler la Parole de Dieu. Soyons donc clairvoyants et vigilants!

Zorobabel, Josué et les autres chefs ont-ils eu raison de répondre aux Samaritains: Ce n’est pas à vous et à nous de bâtir une maison pour notre Dieu: nous bâtirons nous seuls pour l’Eternel, le Dieu d’Israël (Esd 4.3)? Il est à craindre qu’aujourd’hui beaucoup de croyants les taxeraient tout simplement de sectaires, d’esprits étroits. Mais il ne faut pas oublier qu’en leur temps Zorobabel, le prince de Juda, et Josué, le grand sacrificateur, ont été des préfigurations de Christ (les deux oliviers de Zach 4.14), et ce n’est donc pas à la légère qu’on les condamnerait là où l’Ecriture s’abstient de le faire. Pour notre part nous sommes persuadés que c’est par l’Esprit de Christ qui était en eux qu’ils ont refusé cette collaboration contre nature avec des demi-païens étrangers au peuple de Dieu. N’oublions pas que ceux-ci étaient des « adversaires » (v.1), comme le démontre leur comportement (aux v. 4-5).

Dans les pays francophones comme la France et la Belgique où l’église romaine est très largement majoritaire, il est très tentant pour les évangéliques de vouloir sortir de leur isolement en collaborant à des projets communs tels que des expositions bibliques, etc. Mais, avant de s’y lancer, il faut bien peser le pour et le contre, en se laissant diriger par les principes spirituels qui se dégagent de l’Ecriture. Il faut, par exemple, se donner la peine de lire ce que l’Eglise Romaine dit d’elle-même dans son nouveau catéchisme, où elle se montre malheureusement incapable de renier son passé – ce qui n’empêche pas qu’on y trouve quelques belles pages, au sujet de la Trinité, par exemple.

II. « L’ocuménisme » dans le N. T. : la cohabitation, et ensuite la séparation de l’Eglise par rapport au Judaïsme

Il est indispensable de se rappeler que la partie historique du Nouveau Testament décrit un temps de transition entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Ce qui est normatif, ce sont les principes spirituels qui s’en dégagent. C’est ainsi que le Seigneur Jésus, né sous la loi (Gal 4.4), a toujours vécu en Juif pratiquant, tout en dénonçant la tradition des anciens lorsque celle-ci annulait la parole de Dieu; et ses apôtres ont suivi leur Maître en exerçant leur ministère dans la mesure du possible dans le Temple et dans les synagogues, jusqu’à ce qu’ils en soient chassés. Dans ce cadre, on peut parler d’un « ocuménisme » judéo-chrétien, car alors le « papillon » de l’Eglise se dégageait peu à peu du « cocon » du judaïsme.

Ceci dit, il faut tenir compte du fait que le judaïsme de l’époque n’était plus tout à fait la religion de Moïse et des prophètes, à cause précisément de ces couches progressives de traditions humaines qui s’y étaient ajoutées au travers des siècles. C’est ainsi que la démarche pédagogique du Seigneur Jésus comprenait un « décapage » très sérieux, comme on le voit par exemple dans Mat 5.21, 27, 31, 33, 38 et 43. Le Seigneur ne s’en prend pas, bien entendu, à la Loi de Dieu, mais à la mauvaise interprétation de celle-ci par les sacrificateurs et les scribes, dont on voit la glose à la fin des v. 21 et 43. Dès le début, il s’agissait donc d’une cohabitation critique où Christ et ses apôtres cherchaient à ramener Israël à la pure parole de Dieu, comme l’avaient fait Jean-Baptiste, et les Prophètes avant lui.
Mais ici intervenait quelque chose de nouveau: la Nouvelle Alliance promise par Jérémie 31.31ss. Elle a tout de suite rencontré une opposition farouche: Jean-Baptiste, le Précurseur du Seigneur, a été rejeté par les autorités religieuses, et exécuté par Hérode; ensuite ces mêmes autorités ont livré Jésus au procureur romain, et les apôtres ont été persécutés et chassés du Temple et des synagogues.

C’est ainsi qu’après une cohabitation temporaire, l’Eglise s’est progressivement séparée du judaïsme, car à l’époque la première représentait la religion élevée, et le second, la corruption de celle-ci par des traditions humaines. Depuis, l’Eglise « officielle » a eu largement le temps de se corrompre de la même façon et il ne faudrait pas que nous pensions être nous-mêmes à l’abri d’un traditionalisme stérile! Quoi qu’il en soit, tout cela était prévu et écrit d’avance: Es 6.9-10 est cité dans les 6 premiers livres du N.T.! C’est le douloureux mystère de l’incrédulité d’Israël qui perdure jusqu’à nos jours, mais qui prendra bientôt fin, comme nous promet Rom 11.

Puisque l’Evangile est pour le Juif premièrement (Rom 1.16), Paul a profité de la tribune que lui offrait la liberté de parole dans la synagogue pour annoncer l’Evangile, d’abord aux Juifs, puis aux prosélytes et aux païens craignant Dieu, dans chaque ville qu’il visitait. C’est seulement lorsqu’il en était rejeté qu’il réunissait les chrétiens à part. Paul allait aussi loin qu’il le pouvait dans sa conformité extérieure au judaïsme, en se faisant tout à tous; par exemple, il a circoncis Timothée, non parce qu’il croyait à l’utilité de la circoncision en soi, mais parce que la mère de celui-ci était juive, et Paul ne voulait mettre aucun obstacle à l’évangélisation de ses frères selon la chair. De même, il s’est plié (la mort dans l’âme?) aux exigences de ses frères judéo-chrétiens à son arrivée à Jérusalem (Act 21. 18ss) en pourvoyant aux dépenses de 4 hommes qui avaient fait un vou.

On ne saurait imaginer Paul devenu apôtre, en train d’entamer un dialogue ocuménique avec les autorités juives, afin de « réunir tous les enfants d’Abraham ». Il aurait objecté qu’Abraham eut deux fils, l’un esclave, et l’autre libre, et que l’esclave ne reste pas toujours dans la maison (Jean 8.35, Gal 4.22ss). Ce n’est que par la repentance et la foi en Christ, dons de l’Esprit, que l’on devient vrai enfant d’Abraham, que l’on soit juif ou non. Ceci nous amène à un exemple d' »ocuménisme » vraiment réussi dans le N.T .

Juifs et non-Juifs devenus un même corps en Christ

Jésus et ses disciples étaient tous juifs, comme l’étaient les membres des toutes premières églises, celles de Jérusalem et de la Judée. Mais déjà dans l’A.T. les prophètes avaient annoncé l’accession des nations à la foi (Deut 32.43 LXX), Nations, réjouissez-vous avec son peuple (voir Rom 15,10). Dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus avait prédit l’entrée des païens dans l’Eglise (Mat 8.11: Plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu; Jean 10.16: J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie… il y aura un seul troupeau, un seul berger). C’est ainsi qu’après la Pentecôte, Philippe a été amené à évangéliser les Samaritains avec le succès que l’on sait (Act 8), et à baptiser l’eunuque éthiopien; Simon Pierre a été envoyé dans la maison de Corneille, centenier romain (Act 10 et 11), et a su convaincre ses frères judéo-chrétiens du bien-fondé de son action (Act 11.18: Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens).

De plus en plus il s’est avéré que l’on ne pouvait contenir le vin nouveau de l’Evangile dans les vieilles outres du judaïsme, et à Antioche des hommes hardis ont annoncé l’évangile avec succès aux Grecs (Act 11.19-21). En outre, Dieu préparait déjà son instrument en la personne de Saul de Tarse, devenu Paul, futur apôtre des nations (Act 9.15: Cet homme est pour moi un instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations…). Tout cela a préparé la première mission de Paul (Act 13 et 14), où Juifs et non-Juifs se sont convertis à Antioche de Pisidie, Iconium, et Lystre. Cependant, au retour de Paul et Barnabas à Antioche (de Syrie), il arrive ce qui devait arriver: Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères en disant: Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés (Act 15.1). C’est ce qui a précipité le « Concile de Jérusalem », où Pierre et Jacques ont été les porte-parole du Saint Esprit pour maintenir la liberté chrétienne. Toute la question était de savoir si les païens étaient acceptés dans l’Eglise sans se convertir aussi au judaïsme. L’ordre donné aux chrétiens d’origine non juive de s’abstenir du sang (v. 29), était une mesure provisoire pour faciliter la coexistence de Juifs et de non Juifs dans les églises.

C’est ce même souci de cohabitation fraternelle et ocuménique qui a poussé Paul à montrer tant de zèle à organiser la collecte parmi les églises non juives, en faveur des chrétiens pauvres de la Judée. Il y voyait une façon pratique de susciter un véritable ocuménisme entre ces chrétiens et églises d’origine si diverse; et comme une anticipation de l’accomplissement de la prophétie d’Esaïe, qui prévoyait que les nations apporteraient leurs richesses à Jérusalem.

C’est ainsi que ce virage difficile a été négocié avec succès, grâce à l’assistance de l’Esprit Saint, et que Juifs et non Juifs ont pu vivre ensemble, dans l’Eglise, une réelle communion d’esprit. La condition d’une telle unité est que chacun soit prêt à abandonner la vaine manière de vivre qu’il a héritée de ses pères (1 Pi 1.18), et à marcher pleinement dans les voies que le Seigneur nous a indiquées dans sa Parole. Aujourd’hui les chrétiens et les églises peuvent s’unir dans la mesure où ils en font autant: Si vous savez cela, vous êtes heureux pourvu que vous le mettiez en pratique, Jean 13.17.

Voilà donc en quoi consiste le vrai et le bon ocuménisme.

C. P.

Écrit par


l)Dans l’Ancien Testament: SARA Princesse, prophétesse et prototype

Sara, femme d’ Abraham, nous est présentée dans l’Ecriture comme modèle pour la femme chrétienne. Nous allons donc étudier sa vie sous le triple aspect indiqué en titre.

Princesse: elle l’était d’abord pour Abraham: l’élue de son cour! Nous ignorons quel était son rang de naissance, mais il devait être sensiblement le même que celui de son mari, qui était aussi son demi-frère, Gen 20.12. (On nous dit que de telles unions étaient courantes à l’époque: elle eut lieu avant la vocation d’Abraham, comme nous le montre Gen 12.5, mais lorsque Dieu sauve, il assume notre passé: Que chacun demeure dans l’ état où il était lorsqu’il a été appelé, 1 Cor 7.20).

Ce qui nous autorise à affirmer que Sara était «princesse», c’est le sens même de son nom. Elle s’appelait d’abord Sarai, «ma princesse» et ensuite Sara, «princesse» tout court, Gen 17.15. En général, l’homme est appelé à traiter sa femme comme une «princesse», 1 Pi 3.7: Maris, vivez chacun avec votre femme en reconnaissant que les femmes sont des êtres plus faibles. Honorez-les comme cohéritièrs de la grâce de la vie… Eph 5.28: De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps… il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’église. Il est certain qu’ Abraham aimait sa «princesse», mais aussi qu’il ne le faisait pas de façon parfaite. La Bible ne nous cache pas les défauts des hommes et des femmes de Dieu: elle ne fait pas d’hagiographie. Ainsi nous savons que Sara a dû souffrir des inconséquences de son «prince» ! En effet, à deux reprises au moins, Abraham a fait preuve d’incrédulité en voulant sauver sa peau au dépens de l’honneur de celle qu’il était censé traiter en «princesse», Gen 12.11ss et 20.2ss. Sara a dû apprendre à accepter son mari tel qu’il était, avec ses défauts et ses qualités: c’est ainsi que l’on se marie «pour le meilleur et pour le pire»! Sa conscience des imperfections de son mari n’a pas empêché Sara de l’appeler (derrière son dos) mon seigneur, Gen 18.12: (c’est bien abusivement que la Bible dite de la Colombe écrit ici «Seigneur» avec une majuscule).

Mais Sara était aussi «princesse» pour Dieu. En effet, la vraie noblesse est celle du cour et de l’esprit, et cette sainte femme avait une vocation royale: les rois de plusieurs peuples sortiront d’elle, Gen 17.16. Dieu étant Roi de toute la terre, la vocation divine est royale en soi, Ex 19.6; 1 Pi 2.9: Vous êtes un sacerdoce royal. Sara a montré cette noblesse d’ esprit en tenant pour fidèle celui qui avait fait la promesse, Héb 11.11, et, ce qui revient au même, en espérant en Dieu, 1 Pi 3.5. Elle avait donc sa propre foi réelle et personnelle: sa vie spirituelle n’ était pas uniquement à la remorque de son illustre mari, «l’ami de Dieu». Mais comme lui elle n’était pas parfaite, ainsi que le montre son incrédulité à la bonne nouvelle de l’annonce de la naissance future d’Isaac, Gen 18.12, et son mauvais traitement envers Hagar , Gen 16.6.

Sara est aussi une «princesse» pour nous, puisque la Bible nous la présente comme une sainte femme, 1 Pi 3.5, et fait mention honorable de sa foi et de son espérance. Elle a sa place dans la galerie des portraits des saints de l’ancienne alliance, dans Héb 11.11-12. Nous devons honorer de tels personnages en imitant leur foi. Pour David, les saints étaient des princes, Ps 16.3.

Sara prophétesse (à son insu)

Ce qualificatif vous surprend peut-être, mais il est justifié par les faits rapportés en Gen 21.10, où les propos de Sara sont ceux de l’Ecriture, Gal 4.30. Nous voyons ici que le fait de respecter son mari ne faisait pas de Sara une carpette, ni ne lui interdisait d’exprimer avec force son désaccord éventuel avec son prophète de mari, dont la réaction ici n’était pas inspirée! En réalité, l’Esprit de Dieu poussait Sara à prononcer une profonde et permanente vérité spirituelle, à savoir que l’héritage du monde à venir est réservé à ceux qui sont libérés par la foi en Christ, le Fils de la promesse, et refusé aux esclaves spirituels qui comptent encore sur leurs propres vains efforts pour se justifier devant Dieu: c’est ce que Paul nous explique à la fin de Gal. 4.

Ajoutons cependant ceci: Sara fut semble-t-il prophétesse uniquement à cette occasion-là, alors que son mari l’était habituellement, Gen 20.7. Par conséquent, on ne saurait justifier la prédication féminine à partir de ces textes. Elle a prophétisé une seule fois (pour autant que nous le sachions), dans le privé, et à son insu. Elle ne ressemblait pas à cette femme de pasteur que nous avons connue; elle croyait «avoir le don de prophétie», et les mauvaises langues disaient: «le pauvre mari n’avait plus qu’à se taire quand «l’esprit» la saisissait» !

Sara prototype

Ainsi Sara est devenue le prototype des «saintes femmes», I Pi 3.5, données en exemple aux épouses chrétiennes, que leur mari soit chrétien ou non. Quel que soit le comportement du mari, la femme chrétienne est appelée à manifester en toute circonstance un esprit doux et tranquille, I Pi 3.4. Cela n’est possible que par la puissance de l’Esprit de Christ et c’est bien plus précieux aux yeux de Dieu que tous les militantismes qui fleurissent. A l’instar de Sara, la femme chrétienne n’a pas besoin de s’affirmer à tout prix: elle peut compter sur Dieu pour révéler à son mari, d’une façon ou d’une autre, ce en quoi elle a raison contre lui, Gen 21.10-12, lorsqu’elle aura exprimé son avis avec autant de douceur que de fermeté !

Dieu lui-même sera son refuge contre les inconséquences de son mari, comme Sara en a fait la preuve en étant délivrée de la maison de Pharaon et ensuite d’ Abimélek, Gen 12.19 et 20.14. Sara fut fidèle, persévérante, travailleuse et avait bon caractère, Gen 18.6. Elle n’a pas demandé à son mari pour qui il se prenait lorsqu’il lui a dit un peu rapidement: Vite, pétris et fais des gâteaux! Elle entretenait sa propre communion avec Dieu, parallèlement à son mari, ce qui lui a permis, le moment venu, de croire à «l’incroyable» devant le Dieu de l’impossible. L’Ecriture affirme même que c’est sa foi qui lui a permis d’ enfanter: c’est dans la tête, ou dans le coeur, que se joue l’essentiel! (Héb 11.11)

Le ministère de Sara a donc consisté à seconder son mari en toutes choses et ensuite à élever pour Dieu Isaac, le fils de la promesse. Personne, homme ou femme, ne pourrait prétendre prophétiser comme Sara l’a fait dans Gen 21.10b, car l’Esprit de Dieu a bien voulu inclure ses paroles dans l’Ecriture, à laquelle il n’y a plus rien à ajouter, Apoc 22.18. Nous ne devons jamais oublier que dans la Bible nous avons affaire à des gens inspirés, ce qui n’ est plus le cas aujourd’hui. Sara s’est contentée de respecter l’ordre créationnel où il a plu à Dieu de faire de l’homme le chef du foyer, privilège redoutable qui augmente d’ autant sa responsabilité

Priscille, Servante du Seigneur, Epouse d’Aquilas

a) Un couple itinérant

1. Le monde n’a pas attendu le 20e siècle pour connaître des «personnes déplacées»: ce fut le sort des Juifs à maintes reprises et en particulier de ceux qui séjournaient à Rome à l’époque de l’empereur Claude (Act 18.2). D’aucuns se seraient apitoyés sur leur sort: Aquilas et Priscille étaient d’une autre trempe. Ils étaient probablement déjà convertis à Christ et savaient qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre et qu’ils pouvaient donc servir le Seigneur aussi bien à Corinthe qu’à Rome, malgré le fait qu’il n’ y avait pas encore d’église et que la ville était connue pour son immoralité: «faire le Corinthien» était alors une expression populaire qui voulait dire: mener une vie dissolue.

2. Dans le grand port mouvementé de Corinthe, ils ont trouvé l’occasion d’exercer leur métier de fabricants de tentes et ils ont fait la connaissance de Paul (Act 18.2-3), qui avait le même métier et qui élut domicile chez eux, avec leur plein accord, bien entendu: quel privilège que de donner l’hospitalité à l’Apôtre des nations! Sa présence sous leur toit a dû être pour eux une très grande bénédiction qui leur a permis de beaucoup grandir dans la foi, car ils ont reçu un «ange», c’est à dire un envoyé du Seigneur. Soit dit en passant, ce métier était très dur. Avez-vous déjà essayé de percer le cuir avec une aiguille?

3. Un peu plus loin (Act 18.18, 19), nous les retrouvons à Ephèse, où Ils ont accompagne l’Apôtre et où ils sont restés pour préparer son retour en vue d’un séjour prolongé qui allait permettre l’établissement d’une église importante; sans doute la plus grande d’Asie (notre Asie Mineure, la Turquie actuelle ). Plus tard, dans I Cor 16.19, nous les retrouvons à Ephèse avec une église dans leur maison! Il est évident que les premiers chrétiens n’avaient pas de lieu de culte particulier et par conséquent ils se réunissaient les uns chez les autres, là où l’on disposait d’un local assez grand et de gens suffisamment solides pour les recevoir, comme ce fut le cas de notre couple fidèle. Plusieurs d’ entre nous peuvent témoigner des bénédictions reçues dans des circonstances analogues (toute pro- portion gardée).

4. Plus tard, nous les retrouvons de retour à Rome (Rom 16.3) et il est précisé encore une fois qu’une partie de l’église locale se réunissait chez eux. Nous ignorons si Dieu a donné des enfants à ce couple mais en tout cas, il ne fait pas de doute qu’ils avaient de nombreux enfants spirituels! Il n’est pas facile à une femme, qui gagne durement sa vie, d’exercer l’hospitalité et encore moins de recevoir l’église chez elle; nous sommes frappés et édifiés par l’engagement total de ce couple dans l’oeuvre du Seigneur.

5. Finalement, notre couple est mentionné pour la dernière fois (toujours inséparable) dans 2 Tim 4.19, de nouveau à Ephèse. Comme ils sont les seuls à être salués, il est bien possible que l’église, ou une partie de celle-ci, se soit réunie encore une fois dans leur maison.

Nous voyons donc un couple d’artisans, relativement prospère, et habitant successivement plusieurs maisons (à Rome, Corinthe et Ephèse) assez grandes pour recevoir l’église ou du moins une partie de celle-ci. Il est possible qu’ils aient employé eux-mêmes des ouvriers, puisqu’ils ont pu intégrer Paul dans un travail d’équipe à Ephèse.

b) Leur ministère et surtout celui de Priscille

1. Comme nous l’ avons déjà laissé entendre, le ministère particulier de Priscille consistait avant tout dans l’exercice du devoir sacré de l’hospitalité. Paul a été le premier à en bénéficier (pour autant que nous le sachions), suivi par Apollos (Act 18.3, 26). Le foyer est le cadre idéal pour des entretiens spirituels, car l’hospitalité permet de montrer pratiquement l’amour chrétien dont on est appelé à parler: on a bien dit que la vérité est la conformité de l’acte à la parole!

2. Ce ministère de l’hospitalité était exercé non seulement envers des individus, mais vis-à-vis de l’ église collectivement. A Corinthe: on a suggéré que Priscille et Aquilas étaient trop à l’étroit pour recevoir l’église chez eux, puisque nous lisons dans Act 18.7 que Paul annonçait l’évangile dans la maison de Titius Justus. A Ephèse: même scénario (Act 19.9), Paul enseigne l’évangile dans l’école de Tyrannus; mais dans I Cor 16.19, Paul transmet aux Corinthiens les salutations d’Aquilas et de Priscille, ainsi que de l’église qui est dans leur maison: il s’agit d’une partie au moins de l’église d’Ephèse, d’où Paul écrit. A Rome: ils accueillent encore une partie de cette grande église dans leur maison, Rom 16.5. De nouveau à Ephèse: 2Tim4.19, il est bien possible que leur logement ait encore servi à réunir une partie au moins de l’église.

3. L’enseignement. C’est donc dans le cadre familial que Priscille est associée à son mari en enseignant plus exactement Apollos dans la voie de Dieu, Act 18.26. Il est évident que la voie de Dieu est celle de l’Evangile qui comprend non seulement le baptême de Jean (Act 18.25), mais aussi et surtout celui du Saint-Esprit, la réalité spirituelle dont le baptême d’eau est l’emblème. Soit dit en passant: il fallait une certaine envergure spirituelle et intellectuelle pour instruire un Apollos! -voir Act 18.24,25.

4. On voit une continuité dans l’intérêt que portaient Priscille et Aquilas à leurs frères et soeurs en Christ, en ce que, des années après leur départ de Corinthe, ils saluent encore «beaucoup» les chrétiens qui s’y trouvent (1 Cor 16.19). Ainsi ils ont su éviter le piège trop humain qui consiste à oublier ses anciens amis. La vraie amitié, c’est pour la vie et, dans le cas des chrétiens, pour l’ éternité! On a vraiment de la chance…

5. a) Paul a pour eux la plus haute estime, puisqu’ il les met en tête de ses salutations dans Rom 16 et les présente comme ses compagnons d’oeuvre en Christ Jésus: c’est à dire, il les place pratiquement au niveau apostolique! Et on sait à quel point il pouvait être exigeant vis-à-vis de ses collaborateurs ».

b ) Ils avaient risqué leur vie pour Paul, Rom 16.4, sans doute à Corinthe (Act 18. 12ss)ou à Ephèse (Act 19.23ss) -ou les deux! Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères, nous dit le Seigneur, Jn 15.13.

c) Par conséquent, ils avaient une excellente réputation dans toutes les églises d’origine païenne (Rom l6.4b).

Conclusion: Nous remarquons que, dans la moitié des 6 mentions de ce couple, Priscille est nommée avant son mari. Etait-elle plus éminente, plus instruite, plus spirituelle? Nous l’ignorons: toujours est-il qu’il arrive à Paul comme à Luc (Actes) de lui accorder cette priorité. Cependant elle oeuvre humblement aux côtés de son mari, et c’est en cela qu’on voit sa vraie grandeur. Elle a compris à l’école de Christ qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir et que, pour être grand, il faut devenir petit.

C.P.

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L’origine de la musique est surnaturelle, c’est-à-dire qu’elle vient de Dieu qui a créé les oiseaux avant les hommes! Nous disons que les oiseaux «chantent»; en réalité, ils font résonner leur voix librement et spontanément, (tout étant «programmé» pour cela) et Dieu a fait en sorte que dans la plupart des cas, le résultat soit agréable à entendre.

Le premier «musicien» de la Bible n’était pas un «chrétien» (Gen 4.21), mais Youbal, fils de l’affreux Lémek, le premier bigame; il n’empêche que la musique est un des plus merveilleux dons de Dieu, et nous voyons que Dieu prodigue ses dons naturels sur les méchants comme sur les bons. C’est ce que nous appelons la «grâce commune», les bonnes choses que Dieu accorde indifféremment aux justes et aux injustes, en tant qu’hommes. Cela veut dire pratiquement que nous ne devons pas avoir honte d’être culturellement redevables à quelqu’un qui n’est pas converti, et nous pouvons utiliser librement pour le chant chrétien une mélodie composée par un païen, à condition seulement qu’elle y convienne. C’est ainsi que dans nos recueils de cantiques nous pouvons avoir, et à juste titre, des mélodies de tel ou tel compositeur à la vie parfois déréglée, sans préjuger de son état spirituel.

Il va sans dire que le roi David est le grand musicien de la Bible; il jouait très bien de la harpe 1 Sam 16.23 et nous pouvons supposer qu’il s’y était exercé tout en paissant les troupeaux de son père, car la harpe de l’époque était beaucoup plus portative que le grand instrument moderne. David avait ceci de particulier, qu’il était en même temps musicien, poète et prophète, comme nous le voyons dans le livre des Psaumes, dont la moitié lui sont attribués dans leur titre. En fait, le chant consacre le mariage parfait de deux arts, la musique et la poésie, et celui qui s’accompagne d’un instrument de musique, dans un chant qu’il a lui-même composé, comme ce fut le cas de David, est ou doit être un artiste achevé. Ajoutons qu’en plus David fut prophète, homme inspiré! Il était donc particulièrement doué sur le plan naturel et spirituel.

Le passage mentionné ci-dessus nous montre la valeur thérapeutique de la musique, qui a été reconnue depuis fort longtemps. Elle peut être aussi une inspiration (2 Rois 3.15). L’un des plus grands prédicateurs de notre siècle, Martin Lloyd Jones, conseillait aux pasteurs en manque «d’inspiration» pour leur sermon, d’écouter de la belle musique pour se mettre d’attaque!

David n’était pas seulement prophète, mais aussi ancêtre et préfiguration de Christ en tant que l’Oint de l’Eternelle Messie (2 Sam 23.1). A ce titre il a pu écrire en 2 Sam 22.50, Je te célébrerai parmi les nations. ô Eternel, et je psalmodierai (en l’ honneur de) ton nom, car il fut le chantre agréable d’Israël (2 Sam 23.1; voir Ps 22.23: Je te louerai au milieu de l’assemblée. Or, il se trouve que ces deux paroles sont citées dans le NT à propos de Christ (Rom 15.9 et Héb 2.12).

Dans quel sens le Christ glorifié chante-t-il les louanges de Dieu parmi les nations? Il le fait par son esprit qu’il a donné à tous ceux qui lui obéissent, quelle que soit leur origine ethnique. (Act 16.25) Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient. Dans les jours de sa chair, nous savons que Jésus aimait chanter les louanges de Dieu avec ses disciples, (Mat 26.30: Après avoir chanté (les psaumes..), (probablement les Ps 115-118 que les Juifs chantaient après la Pâque). Lui seul formait les chants en pleine connaissance de cause.

Tout ceci nous prépare pour considérer la place du chant dans l’Eglise. Quatre passages des épîtres de Paul nous en parlent.

1) 1 Cor 14.15: Je chanterai par l’esprit. mais je chanterai aussi avec l’intelligence. Dans ce passage étrangement actuel, Paul combat l’enthousiasme des Corinthiens. Ils étaient les frères «pentecôtistes» et «charismatiques» de l’époque! Il est bien possible qu’à leurs yeux, seul le chant «en langues» (glossolalie) pouvait être dans I ‘Esprit. L’apôtre inspiré n’est pas de cet avis; il n’y a chez lui aucune opposition entre l’Esprit et l’intelligence, voir (Es 11.2). « Chanter avec intelligence » fait allusion au Ps 47.8 dans la version grecque (LXX) qui était la Bible de la Diaspora juive et des premiers chrétiens: Car Dieu est Roi de toute la terre : psalmodiez avec intelligence! {version Darby ) Cela veut dire pratiquement que dans l’Eglise nous devons comprendre et approuver ce que nous chantons, ce qui ne va pas de soi. Que signifie, par ex., « Ta gloire est encore voilée, d’un voile ensanglanté? » Comment concilier cela avec 2 Cor 4.3: Si notre évangile est voilé, il est voilé pour ceux qui périssent ? Et combien peuvent dire sincèrement «Et tout bas je dis sans cesse, Il est à moi, je suis à lui» ? Ce que l’on ne peut chanter avec intelligence, on ne devrait pas le chanter du tout… Cela ne veut pas dire que nous savons tout; mais que nous sommes toujours désireux d’apprendre. L’avantage du chant des psaumes est que l’on peut vraiment les chanter avec intelligence spirituelle; mais (comme pour les cantiques modernes) il faut aussi qu’ils soient «chantables», ce qui n’est pas toujours le cas.

2) 1 Cor 14.26. Ce verset nous donne un aperçu de la liberté spirituelle dont jouissaient les premiers chrétiens dans leur culte, qui n’était pas figé dans une liturgie traditionnelle comme cela est trop souvent le cas, même chez ceux qui se glorifient de «la liberté de l’Esprit» Il semblerait qu’une grande place y fut laissée à la spontanéité. Il n ‘y avait pas encore de recueil de cantiques en dehors du livre des Psaumes. Si nous considérons l’origine de chacun de nos cantiques, il a bien fallu qu’il y eut une première fois où ils ont été chanté en public. Aussi est-il indispensable que ce processus continue; que les poètes et musiciens chrétiens se mettent donc à l’oeuvre, en disant: Mon oeuvre est pour le Seigneur!

Seulement, il y a une double exigence; d’une part, il faut qu’il soit possible de chanter tel cantique «avec intelligence», ce qui nécessite une certaine qualité théologique qui manque trop souvent; d’autre part, comme nous l’avons déjà remarqué, il faut que la mélodie soit chantable par tous, ou du moins par la grande majorité des chrétiens. De grâce, ne retombons pas dans le phénomène des années 60 où des guitaristes aux cheveux longs mais aux idées parfois aussi étriquées que leurs jeans, entraînaient l’Eglise (ou une partie de celle-ci) dans leur sillon. (Que veut dire «dans l’éternité bleutée de son ciel si calme» ? -à moins que ce ne soit une allusion prophétique à la «planète bleue» qui, une fois renouvelée, sera l’habitat éternel des élus? Il faut aussi que la mélodie convienne aux paroles, et que le tout soit digne de Dieu et de son peuple.

3) Eph 5.19. Cette exhortation est la suite logique du v. 18b, Soyez remplis de l’Esprit. Le chant chrétien est donc à la fois un moyen de grâce en vue de cette plénitude, et l’expression idéale de celle-ci. Beaucoup de chrétiens peuvent témoigner de cette réalité, et il est frappant que le bien que certains prétendent retirer du «parler en langues», d’autres l’expérimentent plus simplement et plus bibliquement dans le chant des cantiques, qui ont l’avantage de permettre, comme nous l’avons vu, de «chanter avec intelligence». La fin de ce verset nous révèle une autre exigence du chant chrétien; pour qu’il soit agréable à Dieu, il faut que nous le chantions de tout coeur, ce qui suppose une attention soutenue au sens des paroles, et aussi, autant que possible, à la musique qui en est le support.

4) Col 3.16. Ce passage est bien entendu parallèle au précédent. On y voit que le chant dans l’Eglise doit être instructif (et même «avertisseur») et sage, ce qui exclut toute banalité et platitude des paroles. Nos cantiques doivent être au contraire l’expression juste et mélodieuse de la «parole de Christ» , et non celle de tel ou tel étourdi tapageur… Il faut donc que nos compositeurs chrétiens soient « prophètes » au sens le plus actuel du terme, au même titre que les docteurs et pasteurs de l’Eglise. Je dirais même que la première qualification pour être chantre de l’Eglise (compositeur de ses cantiques), est d’être théologien: qu’il plaise à Dieu de nous en susciter encore et toujours! Nous voyons aussi que le chant convenable nécessite l’action de la grâce, et si cela est vrai des exécutants, à combien plus forte raison des compositeurs.

En résumé, nous pouvons constater que le chant est un don merveilleux qui doit être pratiqué avec sérieux et intelligence dans l’Eglise, à la plus grande gloire de notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ. Le chant est une forme privilégiée de «prophétie» (au sens le plus large du terme); il est censé être une expression de la parole de Christ: par conséquent, sans être sourcilleux, il faut dans ce domaine aussi examiner toutes choses, et n’en retenir que ce qui est bon, c’est-à-dire ce qui est conforme à cette Parole. Chantons donc avec intelligence, et de tout notre coeur.

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