PROMESSES

Le sujet que je présente est difficile car il est indéniable qu’il y a dans les mouvements liés à l’évangile de la prospérité des choses bonnes et attrayantes, de superbes prédications sur internet, des prédicateurs doués, etc. Toutefois n’oublions pas que le mensonge « tient » uniquement par la part de vérité qu’il contient et que la séduction se doit d’être séduisante.

L’image publique du mouvement

Les promoteurs les plus connus du mouvement1possèdent de somptueuses villas, de grosses voitures de luxe, des universités, des hôpitaux, des chaînes de télévision avec des millions de téléspectateurs, ils annoncent « leur évangile » dans tous les coins du monde grâce à leur jet privé, lors de « croisades de miracles et de guérisons » qui réunissent des dizaines de milliers d’auditeurs, ils pensent être la quintessence, le flambeau et la gloire des chrétiens des temps de la fin… Ce sont les « hommes du plein évangile », en clair de « l’évangile de la prospérité ». Ils semblent avoir réussi un exploit que notre Seigneur Jésus Christ déclarait lui-même impossible : servir Dieu et, en même temps les richesses.

L’évangile de la prospérité

L’évangile de la prospérité a ses racines dans l’avidité naturelle du cœur humain. S’il trouve son origine dans l’église pentecôtiste aux États-Unis2, il a grandi avec les télévangélistes américains et a inondé le monde grâce à la mouvance pentecô-charismatique dite de « la troisième vague ».  Ce mouvement, très hétérogène, comporte de nombreuses « écoles », si bien que chacun pourra contester en bonne conscience l’un ou l’autre des aspects sur lesquels j’attire votre attention.

Le principe de base est souvent le « dominionisme3 » tiré de Genèse 1.28 : « Dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui se meut sur la terre. » L’explication est la suivante : Il y a une « guerre spirituelle » entre Dieu et ses anges, et Satan et ses démons. Le chrétien devrait aider Dieu dans cette guerre et accéder au pouvoir spirituel et politique. L’Évangile devrait être « puissant » et se manifester obligatoirement par des « signes et prodiges », sans oublier « le nerf de toute guerre », l’argent. « L’argent appartient à Dieu » mais, comme nous sommes des « enfants de Dieu », nous nous devrions de ne plus mener une vie de pauvreté et de misère qui déshonore Dieu, mais une « vie de princes » car c’est à cela que nous serions appelés.

Originaire d’un « pays riche » (l’Amérique), l’évangile de la prospérité a généré rapidement des émules et suscité de nombreuses convoitises de la part de « ceux qui estiment que la piété est une source de gain » (1 Tim 6.5). De nombreux pays sont touchés et même des « pays pauvres » — comme en Afrique — car la formule « Salut, Guérison, Richesses » est une « formule gagnante » aussi simple que séduisante.

Essayons de comprendre le fonctionnement de ce nouvel évangile inconnu de la Bible et des apôtres.

La logique de la prospérité

Elle s’appuie principalement sur deux interprétations tendancieuses de la Bible :

  • La richesse est acquise au chrétien, avec le salut. Elle est l’une des composantes de la « bénédiction d’Abraham » accordée aux païens par l’œuvre de Christ (Gal 3.14). Dieu veut que ses enfants prospèrent matériellement (3 Jean 2), et qu’ils connaissent la réussite, y compris financière (Jos 1.8 ; 1 Chr 20.20 ; Néh 2.20 ; Ps 1.3). « La pauvreté vient de l’Enfer. La prospérité vient du Ciel.4
  • La doctrine dite de la « compensation ». La technique est de planter un « don semence », « une semence de foi » (cf. Luc 6.38 ; Marc 10.28-30). Dieu se devrait non seulement de vous la rendre, mais de vous la rendre au centuple : « Apprenez à planter l’argent dans le service de Dieu, et il vous rendra une moisson abondante d’argent »5. « Plantez une grosse semence, confessez le résultat, et vous libérez les forces surnaturelles de Dieu. 6

Les ressources financières

  1. L’Église et la dîme

Il n’y a pas que des mouvements charismatiques qui imposent cet impôt aux membres de leurs églises. Mais en ce qui concerne les leaders, ils sont en général à la tête de « megachurches » de milliers de membres. Prenons une église « moyenne » de 5 000 membres. Sur la base d’un salaire moyen de 2 000 euros, cela représente 12 millions d’euros de revenus par an ! L’enseignement est limpide : « Si on n’est pas fidèles dans nos dîmes, on est en train de déshonorer Dieu. Chaque fois qu’on écrit sur un chèque notre dîme Dieu le voit. La dîme c’est un principe divin qui amène la bénédiction dans notre vie terrestre. 7

Les Épîtres ne mentionnent jamais la dîme car le chrétien est sous un régime différent de celui de l’A.T. (1 Cor 16.2)8

  1. La télévision et internet

Il suffit de faire des appels précis sur sa chaîne de télévision9. Voici un exemple récent : Pour financer l’achat de son dernier avion, estimé à 54 millions de dollars, le prédicateur Jesse Duplantis a fait un appel aux dons dans une vidéo diffusée le 21 mai 2018 sur son site internet : « Nous croyons en Dieu pour un Falcon 7X tout neuf pour aller partout dans le monde sans escale », affirme le télévangéliste, qui se tient devant des photos de ses trois avions…10

  1. Les croisades de guérison et de miracles

Le Seigneur et ses apôtres ont fait de très nombreuses guérisons et Dieu est toujours puissant pour faire des guérisons aujourd’hui, selon sa souveraineté mais il n’y a aucun exemple biblique nous autorisant à « prêcher la guérison ». C’est une dérive dangereuse. Au cours de ces réunions, on place généralement la collecte avant le moment de guérison et on pousse indécemment à la générosité : « Je veux réunir ces 80 000 F ce soir ! … je veux vous mettre au défi… “Donnez et l’on vous donnera” … il ne s’agit pas de donner ce que vous pouvez donner ! Donnez ce que vous ne pouvez pas. Si vous pensez que vous pouvez donner 500 F mais pas 1000, donnez-en 1000. C’est là que se trouve la bénédiction et cela est vrai. »11

Beaucoup de ces guérisons sont des illusions qui ne tiennent pas dans le temps et qui ne résistent pas aux contrôles.

  1. Les éditions de livres, vidéo, gadgets évangéliques, etc.

Plusieurs ont, en parallèle, des maisons d’édition où une multitude de livres aux titres alléchants, sont publiés… et parfois même diffusés par nos « librairies évangéliques ».12

Ces livres, parfois diffusés par millions d’exemplaires, sont un apport financier certain. De plus ils participent activement à la diffusion de cet évangile séducteur.

Les dérives doctrinales de l’évangile de la prospérité

Il s’agit d’une synthèse qui regroupe l’ensemble des dérives les plus graves de ces mouvements sur des points fondamentaux. Précisons bien que tous ne peuvent pas être accusés de toutes ces dérives blasphématoires. Ces dérives touchent à :

  • La Bible : Elle est officiellement reconnue comme la Parole de Dieu mais, en pratique, les discours des leaders, les diverses prophéties et visions supplantent l’enseignement clair de la Bible. Il n’y a pas d’étude sérieuse de la Parole mais une manipulation de quelques versets hors contexte pour soutenir l’enseignement donné.
  • Dieu : Il est parfois présenté comme « non trinitaire »13. Dans le meilleur des cas Dieu, ayant perdu sa puissance et sa souveraineté14, est au service de l’homme.15 Les dérives principales sont en rapport avec le Saint-Esprit souvent assimilé à une « onction puissante » qui n’a pas de rapport avec l’Esprit de notre Dieu. On va jusqu’à vouloir la récupérer parfois en se couchant sur la tombe d’anciens leaders charismatiques !16
  • L’homme : Il est parfois divinisé : « Je suis un homme-Dieu ! … Cet homme spirituel qui est en moi est un homme-Dieu… Dites : Je suis né d’en haut ! Je suis un homme-Dieu ! Un homme-Dieu ! Sur le modèle de Jésus ! Je suis un surhomme ! »17 « Tout ce que Jésus était, nous le sommes ! »18
  • Jésus Christ : Il est le « Fils de Dieu » mais pour certains il n’est pas « Dieu le Fils ». Pour d’autres il s’est vidé (kénose) entièrement de sa divinité. Quant à son œuvre : « Le sang qui été répandu des veines de Jésus ne nous a pas rachetés… »19 mais il a été le premier être humain à naître de nouveau … quand il était en enfer.20
  • Le salut : Il doit se concrétiser par des expériences spirituelles tangibles dont, pour beaucoup, la première est « le parler en langues » qui est la porte d’entrée obligatoire pour accéder aux manifestations spirituelles21. Malgré cela le salut n’est jamais définitif, il peut toujours se perdre.

Les effets pervers de l’évangile de la prospérité

« Le succès est disponible ici et maintenant… Il dépend de vous de venir et de le recevoir. Si vous n’avez pas le succès, c’est votre faute et non celle de Dieu. […] Vous déterminez votre niveau de succès. Vous faites le choix… Dieu a placé la balle dans votre camp. C’est vous qui donnez le mouvement. »22

Les effets d’un tel message sont destructeurs pour beaucoup.

  • Non seulement la déception est au rendez-vous pour ceux qui se laissent prendre mais on y ajoute une culpabilité intolérable. Voici le discours tenu : « Vous avez donné 100 euros et vous n’en avez pas reçu 10 000 ? Il y a deux possibilités : soit vous n’avez pas donné tout ce que vous pouviez donner et nous vous invitons à le faire sans tarder, soit c’est parce que vous n’avez pas la foi, car pour nous ça marche ! »23
  • La Parole de Dieu est discréditée. On lui fait dire ce qu’elle ne dit pas et on dit aux déçus de « voir directement avec Dieu » car c’est lui qui a fait la promesse !
  • L’ensemble des chrétiens sont discrédités aux yeux des incrédules à cause des scandales financiers, des scandales sexuels, des faux miracles, des fausses prophéties24 ou des « paroles d’autorité » creuses, aussi fausses que prétentieuses, dont la dernière, à l’heure où j’écris ces lignes, est : « J’arrête le coronavirus, au nom de Jésus Christ. »
  • L’Église pauvre et souffrante est totalement méprisée quand elle n’est pas tout simplement ignorée. Les pays en guerre, les chrétiens persécutés, les camps de réfugiés, les pauvres qui sont toujours avec nous (Marc 14.7) sont ignorés ; ils ne sont pas une terre de mission car peu propices à la récolte de fonds. Ces gens-là seraient sous la malédiction de Dieu.25
  • C’est une exploitation savante et éhontée de la crédulité humaine à des fins mercantiles, c’est le glissement de la foi biblique vers la superstition religieuse. Nous sommes appelés à partager avec les pauvres (2 Cor 8.13-15) mais dans ce faux évangile les pauvres sont toujours dépouillés au profit des riches (Jac 5.1-3).
  • C’est une des nombreuses séductions de la fin des temps ; c’est une caractéristique de l’église de Laodicée qui proclame : « Je suis riche et je me suis enrichie » (Apoc 3.17) et qui ne se rend pas compte que le Seigneur est dehors et qu’il frappe encore à la porte d’un cœur.26

Le message de la Bible est clair : « … des hommes corrompus dans leur intelligence et privés de la vérité, qui estiment que la piété est une source de gain. Or la piété avec le contentement est un grand gain […] alors ayant nourriture et vêtement nous serons satisfaits […] Mais ceux qui veulent devenir riches tombent en tentation et dans un piège […] C’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent ; pour s‘y être livrés certains se sont égarés de la foi […] Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses. » (1 Tim 6.5-11)

Y a-t-il des aspects positifs dans l’évangile de la prospérité ?

  • La puissance financière énorme de ces milieux leur donne des moyens d’action exceptionnels. Au sein d’un mélange subtil de bonnes choses et de mauvaises choses, certains auditeurs, par la grâce de Dieu, acceptent le message de la réconciliation avec Dieu par l’œuvre de Jésus Christ…
  • Une partie des sommes considérables collectées sont utilisées pour « l’œuvre » qui peut parfois apporter — comme au Brésil et parfois ailleurs — une amélioration sociale significative : mise en place de cantines, d’écoles du dimanche ou simplement d’écoles. Il y a aussi la diffusion d’une morale chrétienne et une entraide entre « croyants ». Ceux qui n’ont pas d’argent à donner viennent aider gratuitement à la construction de leur église ou à toute autre œuvre au profit de la mission… et cela crée un lien social positif.

* * *

Alors que conclure ? Si Paul, privé de liberté, dans les tristesses, les privations et les afflictions, trouvait sa joie « dans le Seigneur », nous devons l’imiter et, face au faux évangile de la prospérité, dire avec lui : « Toutefois, de toute manière, soit comme prétexte, soit en vérité, Christ est annoncé ; et en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai. » (Phil 1.18)

  1. Selon le rapport du CNEF, les personnalités marquantes actuelles du mouvement, aux États-Unis, sont : Kenneth Hagin (Rhèma Bible Church, Tulsa) ; Kenneth & Gloria Copeland (Forth Worth, Texas) ; Robert Tilton (Word of Faith Church, Texas) ; Joël Osteen (Lakewood Church, Houston) ; Jerry Savelle (associé de Copeland) ; Charles & Frances Hunter (City of Light, Texas) ; Charles Capps (Arkansas), Joyce Meyer (Hand of Hope, Saint-Louis), Creflo Dollar (C.D.Ministries). On doit aussi citer les noms de Oral Roberts, Peter Wagner, John Wimber, George Otis Jr., T.L. Osborn…

    En 2017, Benny Hinn, le leader mondial des miracles et de l’évangile de la prospérité, menant un train de vie royal (vacances à Dubaï à 25 000 dollars la nuit), a été lâché par son neveu et collaborateur qui a dénoncé sa théologie hérétique : https://www.youtube.com/watch?v=SljEaO9RD3I. Suite à une crise cardiaque et à un rêve où il n’était pas reçu au ciel par le Seigneur, Benny Hinn se remet en question : il vient d’abandonner la pratique de l’évangile de la prospérité qu’il dénonce dorénavant comme « une folie et une offense au Saint Esprit ». Attendons pour voir s’il va restituer au peuple de Dieu les dizaines de millions de dollars détournés…

  2. Selon le rapport du CNEF, les personnalités marquantes actuelles du mouvement, aux États-Unis, sont : Kenneth Hagin (Rhèma Bible Church, Tulsa) ; Kenneth & Gloria Copeland (Forth Worth, Texas) ; Robert Tilton (Word of Faith Church, Texas) ; Joël Osteen (Lakewood Church, Houston) ; Jerry Savelle (associé de Copeland) ; Charles & Frances Hunter (City of Light, Texas) ; Charles Capps (Arkansas), Joyce Meyer (Hand of Hope, Saint-Louis), Creflo Dollar (C.D.Ministries). On doit aussi citer les noms de Oral Roberts, Peter Wagner, John Wimber, George Otis Jr., T.L. Osborn…En 2017, Benny Hinn, le leader mondial des miracles et de l’évangile de la prospérité, menant un train de vie royal (vacances à Dubaï à 25 000 dollars la nuit), a été lâché par son neveu et collaborateur qui a dénoncé sa théologie hérétique : https://www.youtube.com/watch?v=SljEaO9RD3I. Suite à une crise cardiaque et à un rêve où il n’était pas reçu au ciel par le Seigneur, Benny Hinn se remet en question : il vient d’abandonner la pratique de l’évangile de la prospérité qu’il dénonce dorénavant comme « une folie et une offense au Saint Esprit ». Attendons pour voir s’il va restituer au peuple de Dieu les dizaines de millions de dollars détournés…
  3. Cf. https://soyonsvigilants.org/dominionisme-theologie-de-la-domination/ Selon les nombreuses nuances de « l’évangile de la prospérité », certains ne relient pas automatiquement la possession des richesses à l’objectif de « dominer le monde ».
  4. Benny Hinn, TBN du 6 novembre 1990.
  5. T.L. Osborn, La vie comblée, p. 161, cité par Jean-Claude Chabloz et Paul Arnéra, « Le faux évangile de la prospérité », ICHTHUS n° 75 avril-mai 1978, p. 27.
  6. Benny Hinn, TBN du 6 novembre 1990.
  7. Jérémy Sourdril, « Prières inspirées ». https://emcitv.com/jeremy-sourdril/video/la-recompense-de-ceux-qui-donnent-dime-offrandes-45823.html et d’autres émissions sur le même thème.
  8. Voir sur ce sujet l’article de D. Shutes dans ce numéro.
  9. Jimmy Swaggart, un télévangéliste pentecôtiste très connu avait 500 millions d’auditeurs…
  10. https://www.20minutes.fr/monde/2281463-20180531-etats-unis-televangeliste-veut-acheter-jet-prive-lance-appel-dons
  11. Kenneth E. Hagin, Rachetés de la pauvreté … de la maladie … de la mort, 1986, p. 7-8.
  12. Voici quelques titres (à ne pas recommander !) en relation avec notre sujet :

    Les clefs bibliques de la prospérité financière, de Kenneth Hagin,

    La prospérité est la volonté de Dieu, de Gloria Copeland,

    Les finances surnaturelles du royaume, de Tijo Thomas…

  13. De Branham qui était modaliste unitarien à Benny Hinn qui disait qu’il y a 9 personnes en Dieu… (émission du Orlando Christian Center, 13 octobre 1990). Cité par http://www.amourdelaverite.com/Benny%20Hinn%20-%201e%20Partie.shtml   
  14. « Dieu ne peut rien faire sur cette terre si nous ne lui donnons pas la permission par la prière. »  Frederick Price, cité par Gary E. Billey          .  http://www.rapidnet.com/~jbeard/bdm/Psychology/char/more/w-f.htm
  15. Ken L. Sarles, « A Theological Evaluation of the Prosperity Gospel », Bibliotheca Sacra, October-December 1986, p. 343 : « Dans le mouvement de la prospérité l’homme est devenu celui qui commande et Dieu celui qui sert. »
  16. Cf. https://soyonsvigilants.org/pratique-consistant-a-chercher-lonction-sur-des-tombes/Benny Hinn a fait de même. https://lesarment.com/2015/07/lonction-des-cimetieres-nouvelle-derive-de-lhyper-charismatisme/#_ftn1  https://www.youtube.com/watch?v=vHcRI60j0HI&feature=youtu.be
  17. Benny Hinn, Trinity Broadcasting Network, le 6 décembre 1990, http://www.tbn.org.
  18. ] Benny Hinn, The Berean Call, 1992, Media Spotlight Special Report, février 1994.
  19. Kenneth Copeland, Personal letter from Kenneth Copeland, Forth Worth, Texas, mars 1979, cité par Simon Keglo, « La théologie de la prospérité : un salut bradé ? », FacRéflexion, n° 42-43, p. 11-12.
  20.  https://craigbrownsreformedtheology.files.wordpress.com/2011/09/clip-7-joyce-meyer.mp3 Suite à des protestations, Joyce Meyer a renoncé à enseigner cette hérésie.
  21. Toutefois, ceux qui promeuvent le « parler en langues » ne soutiennent pas tous l’évangile de la prospérité.
  22. Robert Tilton, God’s Laws of Success, Word of Faith Publications, 1983, p. 28, 60.
  23. Cf. Gloria Copeland, God’s Will is Prosperity, 2012.
  24. Pierre Grenard, « Argent et sexe… Ils ont cassé la tirelire du bon Dieu », Paris Match, 10 juillet 1987. C’est le moment de la généralisation des « télévangélistes » en Amérique et de l’éclosion des « empires financiers » sur les traces d’Oral Roberts. Il en est toujours de même. http://www.connaitre-la-verite.com/yonggi-cho-condamne-pour-detournement/
  25. Kenneth Hagin, Rachetés de la pauvreté … de la maladie … de la mort.
  26. C’est l’expérience de Costi Hinn qui reconnaît qu’il n’était pas né de nouveau lorsqu’il était assistant de son célèbre oncle, Benny Hinn. http://www.ultimechoix.net/de-levangile-de-prosperite-a-jesus-christ-le-neveu-de-benny-hinn-raconte-sa-conversion/

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Deux notions de base

Pour comprendre l’église émergente il est indispensable d’assimiler les notions de modernité 1 et de postmodernité.

Qu’est-ce que la modernité ?

« La modernité n’est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C’est un mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition […]. Liée à une crise historique et de structure, la modernité […] est repérable en Europe à partir du xvie siècle, et ne prend tout son sens qu’à partir du xixe siècle. Les manuels scolaires font succéder les Temps modernes au Moyen Âge, à la date de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492) […]. Pendant les xviie et xviiie siècles, se mettent en place les fondements philosophiques et politiques de la modernité : la pensée individualiste et rationaliste moderne dont Descartes et la philosophie des Lumières sont représentatifs 2».

Qu’est-ce que la postmodernité ?

La postmodernité ne fait pas que succéder à la modernité : elle se présente surtout comme une réaction aux valeurs de la modernité. Des spécialistes pensent qu’une distinction absolue entre modernité et post-modernité (comme si le « monde ancien » faisait place à un « monde nouveau ») est artificielle voire simpliste.

Prenons un exemple tiré de chaque courant, pour mieux les définir :

Au sein de la modernité, en particulier sous l’influence de Descartes (1596-1650), l’homme dit : « Je peux tout connaître 3 ». Mais les siècles suivant suscitent le désenchantement dans tous les domaines. Les progrès techniques sont, certes, extraordinaires mais ils n’engendrent ni l’âge d’or ni l’amélioration morale de l’homme ni même la diminution de la pauvreté mondiale. Le siècle passé est le plus meurtrier de l’Histoire. Quant à la connaissance, elle augmente de façon spectaculaire mais, paradoxalement, l’ignorance grandit plus vite que la connaissance, car chaque découverte repousse les limites du savoir.

Au sein de la postmodernité, l’homme perd ses illusions. Désabusé, il se fait moins prétentieux et plus réaliste. Il confesse : « Je ne peux rien connaître », la vérité – à supposer qu’il y en ait une ! – se révèle inaccessible, insaisissable par l’homme. Il ne peut accéder qu’à des approches de la vérité. Il faut accepter que chacun puisse avoir sa perspective de la vérité, une perspective différente mais tout aussi pertinente. D’une façon quelque peu caricaturale, on pourrait dire que, dans la modernité, la vérité est absolue et connaissable alors que dans la postmodernité, la vérité est relative, indéfinissable et finalement insaisissable.

Qu’est-ce que l’église émergente ?

a. Son origine

Elle est une excroissance de l’Église, liée au processus accéléré de sécularisation de la société occidentale. La moitié de la population serait déjà atteinte par le phénomène de sécularisation, l’autre moitié se contentant d’un « christianisme de sens commun » sous la forme de code moral, ou de cadre pour les rites de naissance, de mariage et de décès 4.

La génération actuelle mesure avec difficulté le chemin parcouru par la société occidentale en un demi-siècle. Les historiens ont pourtant identifié ce « tournant de l’histoire » : « Les années 60 ont apporté un bouleversement du paysage social, technologique, économique, culturel, et religieux5  ». Sur le plan religieux, « on peut en venir à considérer ces années comme marquant une rupture aussi profonde que celle qui a été apportée par la Réforme 6 ». Plus d’une décennie après Mai 68 un constat général s’impose : Les églises sont en perte de vitesse, elles se vident et leur message paraît obsolète7 . Que faire face à une telle situation ? S’adapter ou disparaître ? L’église émergente propose de s’adapter aux évolutions de la société et d’offrir à notre génération un espace convivial, ouvert, innovant, et acceptable pour elle : « En présence de nouveaux publics 8, qui sont maintenant à des années lumière des églises classiques, il est nécessaire de construire avec eux, des propositions nouvelles, des communautés nouvelles. C’est ainsi que commence à naître une église émergente 9. »

b. Son identité

L’église émergente consiste globalement à appliquer des principes postmodernes à l’Église. Il ne s’agit pas d’un tout homogène mais d’un mouvement très large dont l’enseignement peut aller du pertinent à l’inacceptable. Nous avons là une des causes du dialogue de sourds entre les partisans de l’église émergente et ses opposants, les premiers ne voulant voir que le pertinent et les seconds se contentant de mettre en garde contre l’inacceptable.

Il n’est pas facile de définir clairement l’identité de l’église émergente. Elle peut aussi bien se trouver dans les grandes institutions comme le catholicisme, le protestantisme ou le mouvement évangélique 10, qu’en dehors d’elles comme les églises indépendantes. Simples églises de maison ou mega-churches 11, l’église émergente ne se reconnaît pas à une structure mais consiste en un « courant », un « état d’esprit », un « processus 12 ». C’est une sorte de ferment qui se répand dans les églises traditionnelles, provoquant soir leur  « évolution », soit leur scission 13.

Son intention est de guérir une Église jugée malade, par des propositions qui répondent aux attentes d’une société postmoderne : « L’église émergente, c’est une nouvelle culture chrétienne en phase avec les aspirations spirituelles des nouvelles générations 14. »

Le site Témoins 15 présente, recense et analyse « ce qui peut être appelé émergent en francophonie ». C’est une base de données incontournable pour l’étude du mouvement : « Le courant de l’église émergente […] s’inscrit tout naturellement dans le changement des comportements sociaux. En France, […] le courant de l’église émergente est encore peu visible […]. On assiste aujourd’hui à un changement majeur : le passage de la prédominance de l’institution catholique à un contexte nouveau caractérisé par l’affirmation de l’autonomie croyante et du “croire sans appartenir”. Or, c’est bien dans ce terreau que le courant de l’église émergente progresse […] car il répond à des aspirations spirituelles qui ne se reconnaissent pas dans les pratiques classiques des institutions religieuses […] Le comportement “croire sans appartenir” est désormais une réalité centrale dans le paysage religieux français […]. C’est dire combien une offre alternative, telle que celle qui est proposée par l’église émergente, aurait toute sa place. Quoiqu’il en soit, rien ne peut arrêter une germination spirituelle 16. »

c. Son évaluation

L’église émergente séduit à cause de sa recherche d’authenticité, son absence de prétention, son ouverture d’esprit, son désir de rejoindre « l’autre » là où il est. Des pistes sont proposées mais non imposées : vous pouvez les utiliser « telles quelles » ou les modifier à votre convenance pour votre vie personnelle ou celle de votre église locale.

Toutefois, chaque médaille a son revers : le fait de ne pas vouloir juger les autres conduit vite à accepter le mal. La tolérance généralisée finit par rejeter tout absolu. L’ouverture sans esprit critique conduit au pluralisme et au syncrétisme.

Sans parler de réserves concernant la place de la psychologie dans la foi chrétienne, le reproche le plus sévère que l’on puisse faire au « courant émergent » est l’abandon des enseignements clairs et fondamentaux de la Bible. Celle-ci n’est plus considérée comme Parole de Dieu et base certaine et unique de la foi 17. Le message fondamental du christianisme est ainsi édulcoré ou tronqué au point de le rendre acceptable par des pécheurs impénitents 18. Il n’est, en revanche, plus acceptable pour ceux qui restent attachés à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ 19.

Pour ne choquer ou ne repousser personne, on occulte la notion de l’homme pécheur, perdu, éloigné de Dieu encourant sa juste condamnation et son jugement éternel. La repentance, la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité, sa « substitution pénale » sur la croix, l’obéissance à la Parole de Dieu, deviennent des notions encombrantes. En effet, elles imposent des prises de position qui s’opposent à la pensée émergente : « accepter tout ce qui unit, rejeter tout ce qui divise ». Il ne faut plus ni croire ni dire que « Jésus est le chemin et que nul ne vient au Père que par lui » : cet absolutisme choque l’église émergente, il s’oppose à la vérité plurielle, puisque chacun peut et doit avoir son propre cheminement, ses propres expériences et ses propres convictions. C’est à juste titre que Brian McLaren appelle ces disciples de l’Église émergente « un nouveau genre de chrétiens » : ils ne remplissent plus les conditions fixées par la Parole de Dieu. Un christianisme où la croix de Christ n’occupe plus la place centrale que lui donne l’Écriture 20 peut être un christianisme sympa, attrayant, innovant et dynamique, il n’est, hélas, plus un christianisme biblique.

En conclusion

Personne ne peut nier l’évolution de la société et des mentalités ni la nécessité de tenir compte de cette réalité dans le témoignage chrétien. Mais avant de la rejoindre dans ses pratiques, dans ses convictions et dans ses paradigmes, il semble urgent de se poser quelques questions :

• L’évolution de la société va-t-elle dans le bon sens ? S’approche-t-elle ou s’éloigne-t-elle des principes divins ? Quels sont les fruits déjà visibles qu’elle porte ?

• Si la « rupture » de la Réforme au xvie siècle avait ramené à la Parole de Dieu, où la « rupture » de 1968 nous amène-t-elle ? Plus près ou plus loin de la Parole de Dieu ?

• Si l’homme est au centre des préoccupations de l’église émergente, quelle est la place de Dieu et de sa Parole dans cette « église » ?

Certains chrétiens pensent que le mal n’est pas si grand qu’on le dit et que l’on peut adapter une église émergente « à la sauce locale » en ne prenant que les bonnes idées et en ignorant le reste. N’est-ce pas, d’une certaine manière, apporter une caution à l’inacceptable 21 ? Une église ne peut-elle plus exister et vivre sans être, oui ou non, émergente ? Notre référentiel est-t-il encore la Bible ou déjà « l’église émergente » ?

L’église fidèle serait-elle privée des ressources divines au point qu’il nous faille tant de « ressources humaines » ? Notre Seigneur Jésus-Christ ne bâtirait-il plus son Église ? Ne la chérirait-il plus ? Ne la guiderait-il plus par son Esprit et par sa Parole ? Un authentique réveil ne se ferait-il plus par l’action de l’Esprit de Dieu appliquant la Parole de Dieu dans les consciences et dans les cœurs ? Le xxie siècle aurait-il besoin d’un christianisme différent de celui qu’ont connu les fidèles pendant 20 siècles ? D’une autre Bible ? D’un autre Jésus ?

À mon avis, l’église émergente n’est pas une nouvelle église au sens de l’Écriture, elle n’en est souvent qu’une caricature. C’est une sorte de groupe humaniste généreusement inspiré de la morale chrétienne. Elle a déjà bien des points communs avec l’église apostate de la fin des temps et, à défaut de l’être, elle a bien des atouts pour le devenir.

1Selon S. Grenz « la modernité est née après une longue période de gestation. Peut-être pourrions-nous dire que la Renaissance (XVIe siècle) fut la grand-mère de la modernité, sa vraie mère étant l’ère des Lumières (XVIIIe siècle) » (Cité par Alfred Kuen, Les défis de la postmodernité, Emmaüs, 2002, p. 24). Certains la font commencer à la Révolution française (1789) et cesser à la chute du mur de Berlin (1989).
2Encyclopédie Universalis, s.v. « Modernité ».
3« L’esprit moderne présuppose la connaissance comme certaine, objective et bonne. Elle est accessible à l’esprit humain » (Alfred Kuen, ibid., p. 20. La Bible dit : « Au commencement, Dieu » (Genèse 1.1), tandis qu’avec les humanistes, modernes ou postmodernes, on a toujours : « Au commencement, je ».
4Hugh McLeod, Secularisation in Western Europe, 1848-1914, London, Macmillan Press, 2000.
5Henri Mendras (sociologue et historien), La Seconde Révolution Française, 1965-1984, Paris, Gallimard-Jeunesse, 1994.
6Hugh McLeod, The religious crisis of the 1960s, Oxford, Oxford University Press, 1967, publié en paperback en 2010, p. 1.
7 Grâce à Dieu, ce constat ne concerne pas de nombreuses églises évangéliques.
8Ce terme est important : l’Église n’est plus l’ensemble des personnes converties, nées de nouveau, mais un espace qui offre des prestations répondant aux besoins d’un public potentiel.
9Jean Hassenforder , « Le courant de l’église émergente, un état d’esprit, un processus », 4 décembre 2004 sur le site de Témoins. URL : http://www.temoins.com/etudes/le-courant-de-leglise-emergente.-un-etat-desprit-un-processus.html (page consultée le 24 mai 11).
10En France, ce sont principalement les églises évangéliques qui sont concernées.
11En Amérique, le courant émergent préconise plutôt la multiplication de petites églises.
12« L’église émergente, ce n’est pas un modèle, mais un état d’esprit » (Michael Moynagh, Goodbye models, hello mindset, cité par Jean Hassenforder, cf. note 9). Voir aussi http://eglise-de-demain.hautetfort.com/archive/2010/08/25/dix-ans-d-eglise-emergente.html#more.
13« Mais me direz-vous, ce nouvel activisme théologique ne va-t-il pas générer des conflits nouveaux ? N’allons-nous pas assister à toutes sortes de schismes ? Oui, c’est très possible. Mais peut-être pas ! » (Brian McLaren, Réinventer l’Église, Valence, LLB France, 2006, p. 71).
14Jean Hassenforder, art. cité note 9.
15« À partir de la culture de sciences sociales présente à Témoins, un groupe de recherche a été créé en 1998, prenant l’appellation de “Chrétiens pour la recherche et l’innovation”. Depuis dix ans, cette recherche s’est développée sur un registre international ; elle vérifie, en particulier, l’hypothèse de la perte de pertinence de nombreuses pratiques d’église face à la mutation culturelle en cours. En regard, pour remédier au déphasage, des innovations apparaissent, porteuses de fruits. Parmi ces innovations, Témoins porte une attention particulière au courant de l’église émergente. » (Site Internet Témoins, « Qui sommes-nous ? ». URL : http://www.temoins.com/presentation-de- temoins/temoins-qui-sommes-nous.html (page consultée le 24 mai 2011).
16Jean Hassenforder, « Le courant de l’Eglise émergente. Dix ans de recherches », site Témoins, 9 août 2010. URL : http://www.temoins.com/etudes/le-courant-de-l-eglise-emergente.-dix-ans-de-recherches.html (page consultée le 24 mai 2011).
17Le chrétien postmoderne « relativise son propre point de vue moderne » en comprenant que « tout ce qu’il croit à propos de la Bible et du christianisme est seulement relatif et incertain ». « La Bible ne devrait pas constituer notre unique autorité mais seulement une parmi d’autres, comme la tradition, la raison, des personnes exemplaires, des institutions qui ont gagné notre confiance, et l’expérience spirituelle »; « La Bible n’est pas l’infaillible Parole de Dieu et aucune doctrine ou théologie n’est absolue, aussi devons-nous aborder la Bible de façon moins rigoureuse » (Brian MacLaren, A New Kind of Christian, Jossey-Bass, 2001, p. 35, 54s).
18« La théologie couvre toute la gamme depuis l’orthodoxie des temps anciens jusqu’au libéralisme hétérodoxe, construite à partir du refus postmoderne de la possibilité de connaître la vérité. » (Mark Driscoll, cité par David Brown dans son blog. URL: http://www.editionsfarel.com/blog_davidbrown/index.php?2008/02/15/2-differences-entre-une-eglise-evangelique-contemporaine-et-une-eglise- emergente (page consultée le 24 mai 11).
« La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent. » (1 Cor 1.18)
19« Nous vous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un évangile s’écartant de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Gal 1.9 ; lire 6-10)
20« Car je [Paul] n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ ,et Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2.2)
21« De certains pasteurs novateurs on entend dire que ce n’est pas le message qui change, c’est juste le support. C’est très à la mode. C’est loin d’être vrai à cette époque de transition et va s’avérer absolument faux quand nous aurons atteint “l’autre côté”. » (Brian McLaren , Réinventer l’Église, p. 70).

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1. Le plan divin

1.1. La possibilité de choix

Dieu n’a pas créé des marionnettes uniquement animées par une force extérieure ; il a créé des êtres capables d’assumer une responsabilité, ayant la possibilité de choisir :

?  Lucifer a eu la possibilité de convoiter la domination universelle : « Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu. […] Je serai semblable au Très-Haut. » (És 14.13-14)

Ève a eu la possibilité, en désobéissant, de prendre du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et elle aurait pu avoir accès au fruit de l’arbre de vie (Gen 3.6,22).

 1.2. La non-destruction de Satan après sa révolte

Dieu n’a pas détruit Satan immédiatement, il ne l’a pas lié, il lui a même laissé la possibilité d’aller en Éden tenter sa toute dernière création : la femme formée de ses propres mains à partir de la côte d’Adam !

Nous pouvons néanmoins affirmer que la chute de Satan, suivie de la chute de l’homme, n’a pas pris Dieu au dépourvu, lui qui annonce déjà sa défaite et limite son action.

L’obéissance de Christ et l’accomplissement de son œuvre ont plus honoré Dieu que la chute ne l’avait déshonoré. D’autre part, les résultats de l’œuvre de Jésus-Christ permettent d’introduire l’homme racheté dans une proximité plus grande que celle que connaissait Adam en Éden. Ainsi le pécheur racheté connaît non seulement la puissance, la sagesse, la justice de Dieu, mais aussi son amour et sa grâce. Le chrétien peut dire par l’Esprit : « Abba, Père », manifestant une intimité et une relation qu’Adam innocent ne possédait pas.

Nous sommes là en présence d’un plan grandiose dont nous ne pourrons apprécier la sublime beauté et l’infinie perfection qu’au jour où nous connaîtrons à fond comme nous avons été connus (1 Cor 13.12).

1.3. La non-destruction de Satan après la croix

Comment comprendre que le Seigneur ait choisi et supporté Judas pendant trois ans auprès de lui ? « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? Et l’un de vous est un démon ! » (Jean 6.70)

Comment comprendre que, Jésus ayant vaincu Satan à la croix (Col 2.15), ce dernier se trouve encore en liberté dans les lieux célestes, capable de séduire, de tuer, de se faire adorer ? Mystère. Nous devons nous incliner devant le plan divin qui est sans aucun doute parfait.

Voici néanmoins quelques éléments de réponse :

• Selon le propos de Dieu, l’Église doit être bâtie dans un contexte d’opposition : « Je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Mat 16.18)

Les chrétiens sont, au milieu d’un monde ennemi, la démonstration publique de la victoire de Jésus-Christ ; ils montrent la puissance de l’amour divin agissant dans des hommes :

– par la prédication de l’Évangile,

– par l’amour qu’ils ont entre eux,

– par la patience dans les persécutions.

• C’est la réalisation des prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament. Par exemple, le Seigneur annonce qu’il y aura encore des séducteurs, des guerres, des famines, des maladies, des persécutions (Mat 24).

1.4. Un test d’obéissance

Il fallait 11 jours pour aller d’Égypte en Palestine (Deut 1.2), mais le peuple mit 40 ans pour achever ce court voyage. Pourquoi ?

Deutéronome 8 donne les raisons :

– pour l’humilier,

– pour l’éprouver,

– pour connaître les dispositions de son cœur,

– pour savoir s’il garderait ou non ses commandements,

– afin de lui faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu,

– afin de le châtier (instruire) comme un fils,

– pour lui faire ensuite du bien.

Nous pouvons penser que Dieu se sert de Satan comme d’un « test » pour éprouver l’obéissance des hommes, et spécialement de ceux qui lui appartiennent. Serons-nous fidèles ? Sommes-nous prêts, comme Moïse, à renoncer aux « délices du péché » parce qu’estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte (Héb 11.25-26, Darby) ?

2. Un conflit planétaire

2.1. Satan contre l’homme

Si Satan n’a pas une pleine liberté d’action, il peut néanmoins agir librement dans les limites fixées par Dieu (cf. Job 1 et 2).

Satan connaît la grandeur et la puissance de Dieu, mais il ne connaît pas son amour ; il est totalement ignorant des ressources de sa grâce. Ainsi, pas après pas, nous découvrons la victoire de l’amour sur la haine, la victoire de Dieu sur Satan.

En Éden, Satan a entendu que la semence de la femme lui briserait la tête (Gen 3.15) ; aussi, il essayera de détruire cette semence pour anéantir le plan divin. C’était lui qui inspira Athalie : « Et elle se leva et fit périr toute la race royale de la maison de Juda » (2 Chr 22.10), mais Dieu protégea Joas, un petit garçon d’un an, afin que la lignée royale ne s’éteignît pas.

Connaissant la sainteté divine, Satan essaie de mettre l’homme dans une position qui appelle le jugement de Dieu. Il en fut ainsi en Éden, il en est de même dans toute l’histoire de l’homme, y compris dans l’histoire du peuple d’Israël. C’est lui qui inspire la violence, l’immoralité, l’idolâtrie.

Plus que cela, il désire dérober l’adoration des créatures et n’y parvient que trop bien : les idoles sont nombreuses et nous savons que derrière les idoles, il y a les démons. Et que dire des cultes ouverts à Satan…

2.2. Satan contre Jésus

Lorsque le Fils de Dieu vint sur la terre, Satan voulut se débarrasser de lui. Il incita Hérode à tuer tous les enfants de Bethléem, puis il s’approcha lui-même de Jésus en essayant de le faire désobéir au début de son ministère. Il essaya plusieurs fois de le tuer par l’intermédiaire des pharisiens et des Juifs fanatiques. Il entra finalement en Judas pour que celui-ci le livrât aux principaux sacrificateurs et aux capitaines (Luc 22.3). Il était derrière les chefs religieux et derrière la foule pour qu’on préférât Barabbas le meurtrier à Jésus l’innocent.

Enfin la partie semble gagnée : Jésus est en croix. Satan touche presque au but, il n’y a plus qu’une chose qui rendrait sa victoire complète, la désobéissance de Jésus-Christ : à son instigation les foules demandent à Jésus de descendre de la croix pour qu’il prouve sa filiation divine. Pour la troisième fois, le serpent siffle : « Si tu es le Fils de Dieu… » (Mat 4.3,6 ; 27.40). Jésus ne répond pas, Jésus ne descend pas. Le corps saint et pur de Jésus-Christ peut être offert à Dieu sans tache : Dieu est glorifié, un homme a accompli pleinement sa volonté, un homme a marché sur la terre sans commettre le péché, se qualifiant ainsi pour être la victime de substitution indispensable pour satisfaire la justice de Dieu.

C’est alors que se passe ce que jamais Satan n’aurait pu imaginer : Jésus accepte de porter les péchés de sa créature, il accepte d’être fait péché, devant le Dieu saint qui n’épargne pas son propre Fils mais le livre pour nous tous. Ce sont les terribles heures d’abandon, ce sont les heures de l’expiation. Ayant enfin épuisé la colère de Dieu contre le péché, Jésus dit : « C’est accompli. » Il pousse un grand cri et entre en vainqueur dans le domaine de la mort, rendant impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, le diable, et délivrant tous ceux qui étaient sous son esclavage (Héb 2.14). Dieu montre l’acceptation de cette œuvre en le ressuscitant le troisième jour et en le faisant asseoir à sa droite en attendant qu’il mette tous ses ennemis, y compris Satan, comme son marchepied (Héb 1.13).

2.3. Satan contre le croyant

Satan est jugé (Jean 16.11), vaincu (Héb 2.14), mais sa condamnation n’est pas encore exécutée : il n’est ni précipité du ciel (Apoc 12.9), ni lié (Apoc 20.2), ni jeté dans l’étang de feu (Apoc 20.10). Il sait qu’il a un temps limité et aucun moyen n’est trop « coûteux » pour établir son semblant de règne provisoire. Au fond, spirituellement, il n’y a qu’une guerre : la guerre de Satan contre Dieu ; et il n’y a que deux camps : les enfants de Dieu et les enfants du diable. Chaque camp a ses armes et ses ressources, le croyant est du côté du vainqueur, mais il ne peut triompher que dans l’obéissance et la dépendance de son chef : Jésus-Christ.

2.4. L’arsenal satanique

Les buts de Satan sont simples dans le sens qu’ils sont entièrement opposés à ceux de Dieu : contrecarrer les desseins divins,

– en entraînant le plus d’hommes possible à la perdition,

– en faisant chuter les croyants.

Quant aux moyens employés, nous pouvons bien dire que tous les moyens sont bons, mais soulignons le mélange subtil de la vérité et de l’erreur, du bon et du mauvais. Connaissant la sainteté inflexible de Dieu, Satan incite les hommes à pécher pour qu’ils déshonorent Dieu et attirent sur eux son juste jugement.

L’opposition systématique de Satan à Dieu l’amène à mettre en place une échelle de valeurs dites « inversées ». Ainsi, dans le royaume des ténèbres, tout ce qui est interdit par Dieu est proclamé bon et louable.

Son royaume a pour fondement le mal, qui se traduit sous forme de :

– violence,

– corruption,

– faux cultes.

« Le monde entier est sous la puissance du malin. » (1 Jean 5.19) C’est dire combien nous devons être prudents ; nous sommes en terrain ennemi où tout est miné : nous devons marcher soigneusement, avec circonspection.

La première erreur consiste à voir l’ennemi là où il n’est pas : Satan est heureux de nous voir discuter et perdre notre temps pour savoir si les découvertes techniques peuvent être employées dans l’œuvre du Seigneur ou uniquement pour nos besoins personnels. Un couteau n’est ni bon ni mauvais, mais il peut servir au mal ou au bien, il en est de même d’une voiture ou d’un ordinateur, il en est de même de nos membres employés jadis comme des « esclaves de l’impureté », mais utilisés maintenant comme des « esclaves de la justice » (Rom 6).

La seconde erreur est de ne pas le voir là où il se cache réellement. Or l’ennemi se dissimule derrière des façades souvent anodines, voire de bonne renommée.

Prenons quelques exemples :

La télévision : Au niveau technique, la télévision est remarquable. Mais manifestement, Satan influence les écrans de TV. Même les gens du monde ayant gardé un peu de moralité, s’insurgent devant ces spectacles répétés de violence, d’immoralité et de magie. Par exemple, les programmes du mercredi spécialement préparés pour les enfants font très souvent appel à la magie ; ces dessins animés sont ainsi, de façon lente mais sûre, une initiation aux pratiques occultes. Les représentations d’êtres fantastiques correspondent, hélas, à la réalité du monde démoniaque, d’ex-satanistes en rendent témoignage. Soit vous maîtrisez la télévision, soit elle vous maîtrise : ne devenez pas un esclave, ne vous souillez pas, pensez à protéger vos enfants.

– L’ordinateur, les tablettes, les smartphones : Nous sommes tous convaincus qu’ils présentent plus d’avantages que d’inconvénients ; et pourtant, en moins d’une seconde, n’importe qui peut se trouver en direct avec « les profondeurs de Satan » (Apoc 2.24) — que ce soit dans le domaine de la magie, de l’immoralité ou de la violence.

La musique rock : Attention à ce qu’on écoute ! Plusieurs chanteurs de rock de renom sont des satanistes : ils ont vendu leur âme à Satan pour avoir la réussite. Les paroles des chants sont des louanges au diable, des prières sataniques. Sans parler des messages subliminaux qui amènent ceux qui écoutent ces chants à des comportements soit agressifs, soit immoraux. D’un autre côté, toute musique rythmée n’est pas satanique !

Le yoga1 : La plupart des religions orientales pratiquent le yoga, considéré comme le plus sûr chemin du salut. C’est une grossière erreur de penser qu’il s’agit d’une simple gymnastique. Le but suprême est de se fondre dans la divinité, de devenir dieu, la méditation amenant à la passivité, les postures et les mantras mettant en relation avec les puissances des ténèbres. Pratiquement, c’est du spiritisme, dans le sens d’une mise en contact avec les esprits démoniaques.

La superstition : Elle est le premier pas vers l’occultisme. Elle est une contrefaçon de la foi. Le chrétien ne doit pas être superstitieux, il doit ôter de sa vie et de son vocabulaire ces expressions qui peuvent sembler anodines2 mais qui sous-entendent l’activité d’une puissance qui ne saurait être divine.

Les horoscopes : L’astrologie se voudrait science mais n’est que divination. L’astronome Paul Couderc de l’observatoire de Paris écrit : « Il n’existe pas de nos jours, sur toute la terre, un seul astronome, grand ou petit, qui croit à l’astrologie. Oui, le soleil chauffe la terre et y entretient la vie ; mais il ne s’ensuit pas qu’il s’intéresse à vos affaires de cœur. Oui, la lune participe aux marées, mais elle ne vous conseille pas dans le choix d’un billet gagnant… Oui, Jupiter est une belle planète, mais sa présence au milieu de notre ciel de nativité ne garantit en rien votre succès au baccalauréat… » Nous pouvons faire remarquer que les signes du zodiaque, fixés du temps de Ptolémée, ne correspondent plus aux constellations dont ils portent le nom ; car l’axe de rotation de la Terre ne conserve pas une direction immuable dans l’espace. Ainsi à cause du léger recul annuel de la Terre et qui s’élève au cours des siècles, les constellations antiques ne se trouvent plus dans les cases qui portent leur nom ! De plus, l’astrologie travaille imperturbablement avec la notion du soleil tournant autour de la Terre. Non, l’astrologie n’est pas sérieuse ; d’ailleurs les astrologues ne font pas fortune en prédisant pour eux-mêmes le numéro gagnant de la loterie mais en vous faisant croire qu’ils peuvent annoncer votre avenir et vos chances de gagner. Si ça ne marche pas, ils ont tout de même gagné le prix de la consultation ! L’astrologie envahit tout. Après la superstition, elle devient souvent le second échelon vers les pratiques occultes.

2.5. La panoplie divine

Face à cette puissance du mal, le racheté du Seigneur n’est pas sans ressources. Il lui est même accordé la faveur de contrecarrer les desseins du malin ; tout croyant est engagé dans un combat spirituel contre les puissances spirituelles qui sont dans les lieux célestes (Éph 6).

Un tel combat ne peut être victorieux sans :

– la protection du sang rédempteur (Apoc 12.11),

– l’obéissance à la Parole de Dieu (Jean 5.18),

– l’armure complète de Dieu (Éph 6.10-20),

– les dons spirituels (1 Cor 12),

– la prière (Mat 17.21 ; Éph 6.18),

– l’humiliation (2 Chr 7.14),

– un engagement déterminé (Ps 106.19-23).

Bientôt le Dieu de paix brisera Satan sous nos pieds. En attendant, n’ignorons pas les desseins de Satan (2 Cor 2.11), revêtons-nous en pratique de l’armure de Dieu, et emparons-nous des ressources dont nous avons besoin pour être vainqueurs face au déchaînement de la puissance du mal en notre début de xxie siècle.

À Celui qui a donné sa vie pour nous sauver et pour nous libérer de la puissance de l’ennemi, à lui seul soit la gloire pour l’éternité !

1 Pour un développement plus complet, voir l’article de Florent Varak, « Le yoga : une religion ? », Promesses, n° 173, p. 4 à 7. (NDLR)
2 Voici quelques exemples :
• Les chats noirs portent malheur.
• Le chiffre 13 porte bonheur (ou malheur).
• Ne jamais passer sous une échelle.
• Faire un vœu si on voit une étoile filante.
• Ne jamais ouvrir un parapluie dans la maison. Etc.

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J’aimerais, par ces quelques lignes, attirer votre attention sur deux points importants pour la transmission efficace du message de l’Évangile dans le contact personnel. Est-il nécessaire de préciser que, si d’un côté il n y a ni « recette », ni guide pratique du « parfait évangéliste », d’un autre côté l’inexpérience et le manque élémentaire de connaissance peuvent être des facteurs paralysants pour ceux qui sont appelés à être « témoins de Jésus-Christ ».

Mieux connaître son interlocuteur

Le simple respect du prochain nous amènera toujours à nous intéresser à lui plutôt qu à lui asséner quantité de versets bibliques qui auront probablement pour effet de le faire se recroqueviller comme un escargot dans sa coquille. C est donc après un temps d’approche que l’on peut s’orienter sur les choses plus importantes : il convient souvent de parler de l’eau avant de parler de l’eau vive (cf. Jean 4). Notre but étant de témoigner de notre Sauveur et d’apporter l’Évangile, chacun comprendra qu’il est utile, pour ne pas dire indispensable, de connaître l’état spirituel de la personne à qui l’on s adresse. Celle-ci peut le dévoiler elle-même par des paroles ou des questions, mais ce n est pas le cas général. Il faudra donc que nous prenions l’initiative et le contrôle de l’échange. Chacun saura trouver pour lui-même ce qu il pense être « la meilleure façon » ; nous nous contentons de partager la nôtre : la mort est une réalité redoutable pour tout homme. Malgré les fanfaronnades de certains, la Bible affirme qu elle est le roi des terreurs et que « le vivant prend cela à cœur » (Ecc 7.2). La question suivante permet de savoir rapidement l’état moral et spirituel d’une personne : « Si vous mouriez maintenant, où passeriez-vous l’éternité ? »

Cette question est facilement introduite suite à la mention des catastrophes naturelles, des maladies, des deuils, des accidents ou, au contraire, suite à la mention de circonstances en rapport avec la vie : manger, boire, se reposer, partir en vacances, partir en retraite, etc. Tout nous amène, en effet, à constater la fuite rapide du temps et notre cheminement vers le terme de notre existence ici-bas : la mort.

Lui apporter une réponse appropriée

Établir un diagnostic est une chose, trouver le remède approprié en est une autre. En fait, le remède est toujours le même : Christ. Christ crucifié pour nos péchés, Christ enseveli, Christ ressuscité. Du côté de Dieu tout est fait, tout est prêt. Du côté de l’homme, il y a la repentance et la foi : « Repentez-vous et croyez à l’Évangile » disait notre Seigneur au début de son ministère (Marc 1.15). Comment donc « faire passer » le message ? Comment communiquer avec amour le plus grand et le plus beau des messages à savoir que Dieu a donné son Fils pour que vous soyez sauvé ?

On ne peut pas lire l’Évangile sans être fortement impressionné tout à la fois par l’enseignement de notre Seigneur et par sa manière d’enseigner. Au moyen de récits imagés ou d’exemples pris dans la vie de tous les jours, il communiquait son message aux gens simples. Tandis que les chefs religieux et politiques cherchaient à le faire mourir, le peuple était « suspendu à ses lèvres » (Luc 19.48). Est-ce que notre discours, notre témoignage, suscitent l’intérêt de notre interlocuteur ? Savons-nous communiquer l’Évangile « au peuple » ? Savons-nous nous faire comprendre ?

Au temps de l’Évangile, la majorité de la population était rurale, aussi, dans son enseignement, le Seigneur prend constamment des exemples de leur vie quotidienne pour illustrer le message qu’il voulait communiquer. Le travail dans la vigne ou aux champs revient souvent, il est question de la pêche et des filets, du berger et des moutons, des ânes et des bœufs, etc. Savons-nous trouver, dans la vie de tous les jours, les exemples tout simples qui étayeront ou illustreront le message que nous voulons communiquer ? Dans la conversation courante, savons-nous dire « si vous aviez une crevaison sur l’autoroute un dimanche… » plutôt que « si votre bœuf vient à tomber dans un puits le jour du sabbat… » (Luc 14.5) ? Le message ne sera pas pour autant altéré et les conséquences pour votre interlocuteur seront importantes :

– Il comprendra ce que vous lui dites

– Il se sentira concerné

– Il réalisera que le message est actuel

Ainsi, gardons toujours à l’esprit la double pensée de répondre aux besoins et d’y répondre d’une façon accessible pour notre interlocuteur.

 

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S’il y a des gens qui voient le diable partout, il y en a d’autres qui ne le voient nulle part. Les deux positions sont fausses – et le diable en tire parti. Il maintient les premiers dans une crainte servile et agit avec toute liberté envers les seconds. Qu’il soit ignoré ou adoré, l’important est qu’il puisse accomplir son travail de destruction.

Par contre, il n’aime pas qu’on le débusque, qu’on signale sa méchanceté et sa tyrannie, son incessante activité (Apoc 12.9,10), qu’on signale sa présence derrière tant de choses qui paraissent anodines et qu’il manipule avec une extrême dextérité pour lier non seulement les incrédules mais aussi les croyants. Il n’aime pas qu’on parle de la victoire de Jésus Christ.

En ouvrant ce numéro de Promesses, demandons la protection de Dieu, car nous devenons la cible de l’Ennemi : nous le dérangeons dans son travail.

Bientôt « le Dieu de paix écrasera Satan sous nos pieds » (Rom 16.20). En attendant, notre prière est que ce numéro aide l’un ou l’autre à « ne pas ignorer les desseins de Satan » (2 Cor 2.11), à se revêtir pratiquement de l’armure de Dieu, à s’emparer des ressources dont nous avons besoin pour être vainqueurs face au déchaînement de la puissance du mal en notre début de XXIe siècle.

À Celui qui a donné sa vie pour nous sauver et pour nous libérer de la puissance de l’Ennemi, à lui seul soit la gloire pour l’éternité !

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Marc 12.41-44

« Assis vis-à-vis du tronc, Jésus regardait comment la foule y mettait de l’argent. Plusieurs riches mettaient beaucoup. Il vint aussi une pauvre veuve, et elle y mit deux petites pièces [lepton] faisant un quart de sou. Alors Jésus appela ses disciples et leur dit : En vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus qu’aucun de ceux qui ont mis dans le tronc ; car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Marc 12.41-44)

Dans notre évangile c’est la dernière fois que nous trouvons le Seigneur dans le temple. L’épisode de « l’offrande de la veuve » est donc le dernier regard du Maître jeté dans « la maison de son Père », devenue « une caverne de voleurs » (Marc 11.17). Cette veuve est non seulement « l’exception qui confirme la règle » mais elle est « une bouffée d’air frais », « un parfum de bonne odeur » pour Celui qui n’a devant lui plus que le sacrifice suprême.

D’une façon non ostentatoire, remarquée seulement par Celui qui « voit dans le secret » (cf. Mat 6.4), elle donne tout son avoir contenu facilement dans le creux de sa main. Deux « leptons »1 . c’est tout dire. Son offrande représentait un pain : la nourriture indispensable pour un jour, pour elle et peut-être pour ses enfants. Ainsi nous comprenons mieux le regard et les paroles du Seigneur : Ce ne sont pas « deux petites pièces » qu’elle donne mais c’est son pain, son unique pain, son dernier pain, « de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Pourquoi donc n’a-t-elle pas donné une seule « petite pièce » ? Cela aurait été un don considérable : la moitié de sa fortune !

. Le cour a ses raisons que la raison ne comprend pas : elle a une occasion unique de tout donner et elle ne la manque pas. En jetant ses deux dernières pites dans le tronc, en donnant son dernier pain, elle se jette sans réserve ni condition dans les bras du Dieu qui a promis de « soutenir l’orphelin et la veuve » (Ps 146.9, cf. Deut 33.27).

Vous serez d’accord avec moi : s’il est facile de donner plus que cette pauvre veuve, il est difficile de donner autant !

1 Sens proche de « pelures ».

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