PROMESSES
Tant notre Seigneur Jésus que l’apôtre Paul se réfèrent à des détails historiques de Genèse 1 à 3 pour étayer leur enseignement sur le rôle des femmes par rapport à celui des hommes dans le foyer et dans l’assemblée. Regardons plus en détail six textes qui sont utilisés dans le N.T.
1. Genèse 1 : Hommes et femmes, images de Dieu
Le premier chapitre de la Genèse décrit comment Dieu a créé les êtres vivants et leur habitat. Le chapitre culmine au v. 27 où Dieu crée « l’homme à son image — homme et femme ». Qu’implique cette image ? Quelles en sont les conséquences ? On a beaucoup écrit sur cette imago Dei, mais la plupart des commentateurs chrétiens sont d’accord pour dire que nous, les humains, ressemblons à Dieu, et que cette image nous rend différents du reste de la création. Il y a au moins trois domaines où nous ressemblons à Dieu.
a. Adam et Eve comme individus
Il est des domaines, comme la créativité, la spiritualité, la moralité, la capacité à établir des relations, à penser, à se réjouir, etc. où les hommes et les femmes sont conjointement l’image de Dieu. Sous d’autres aspects, peut-être l’un des sexes reflète-t-il mieux l’image de Dieu que l’autre : la tendresse, les soins et l’affection sont généralement mieux exprimés par les femmes.
b. Adam et Eve comme couple
Nous ressemblons aussi à Dieu ensemble, dans la relation homme-femme. En Dieu existent éternellement des relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a aussi un ordre dans la trinité (1 Cor 11.3). En tant que couple, Adam et Eve furent aussi créés pour refléter ces aspects de relation et d’ordre. Ensemble aussi, comme homme et femme, nous sommes appelés à multiplier, soumettre la terre et exercer la domination sur la création. Ensemble, nous sommes bénis par Dieu.
c. Adam comme homme
L’apôtre Paul explique que l’homme (et non la femme) « est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme » (1 Cor 11.7). Paul utilise le terme « image » dans un sens différent qu’en Genèse 1, où les êtres humains sont « l’image » de Dieu dans un sens général et sous des aspects variés. En 1 Cor 11, Paul se réfère à un aspect particulier de cette « image générale », propre à l’homme. Cette image découle de l’analogie de relations entre Adam et Eve d’une part, Dieu et Christ d’autre part : « le chef de la femme est l’homme, et le chef de Christ est Dieu » (1 Cor 11.3). Dieu constitue la « tête » dans une relation entre égaux ; de même, l’homme est la « tête » dans une relation entre égaux. Dans ce sens, l’homme (et non la femme) est l’image de Dieu.
Avant de passer au chapitre suivant, notons que Genèse 1 dit que nous sommes créés à l’image de Dieu, mais n’explique pas vraiment ce que cela signifie. Tout au plus, cela évoque la nécessité d’unité, de collaboration et de coopération entre hommes et femmes. Mais il n’y a rien qui suggère des rôles égaux ou différents pour l’homme et la femme.
2. Genèse 2 : Adam créé avant Ève
En 1 Timothée 2.12, Paul explique qu’il ne permet « pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme; mais elle doit demeurer paisible. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ». L’ordre dans lequel les choses furent créées est-il si important ? Certainement, Dieu aurait pu créer l’homme et la femme en même temps. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Et pourquoi ce « détail » est-il mis en avant quand il s’agit de définir l’autorité dans l’église ? Dans la pensée de Dieu, le premier-né d’une famille avait une place spéciale. Dans l’A.T., le fils aîné héritait d’une double portion et, à la mort de son père, remplaçait celui-ci comme chef de famille.
Le thème de l’autorité et de la responsabilité du premier-né est également développé en Col 1.15-18 en relation avec notre Seigneur Jésus. Christ est présenté comme « le premier-né de toute la création », celui qui est « avant toutes choses » et qui est « la tête du corps, de l’Église », « le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier ». Le fait que l’homme ait été créé avant la femme est par conséquent riche de sens. Dès le commencement, Dieu avait en vue une fonction spéciale pour les hommes et une fonction spéciale pour les femmes.
Si l’ordre de la création fait sens, les animaux ont-ils alors, dans une certaine mesure, autorité sur les êtres humains parce qu’ils ont été créés les premiers ? Non, car ils n’appartiennent pas à l’espèce humaine. L’autorité de l’homme sur eux se montre par le fait que Dieu a donné à l’homme le privilège et la responsabilité de les nommer.
3. Genèse 2 : Ève prise d’Adam
La formation d’Ève à partir d’une côte d’Adam souligne probablement l’égale valeur de chacun d’eux. Ils ont été faits de la même substance. Cette idée est confirmée par la réaction enthousiaste d’Adam quand il rencontre Ève pour la première fois : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! ». Mais l’apôtre Paul utilise cet acte de Dieu pour fonder la position de l’homme comme « tête » dans le couple, et pour justifier les fonctions différenciées que Dieu réserve à chaque sexe : « En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme. » (1 Cor 11.8) Quel est le raisonnement de l’apôtre ?
Dans la pensée de Dieu, il y a une association entre origine et autorité. Cette idée est appliquée à notre Seigneur Jésus : « En lui ont été créées toutes les choses. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col 1.16) Nous retrouvons le même principe dans les relations de famille : les enfants tirent leur origine de leurs parents et ces derniers exercent leur autorité sur eux tant qu’ils sont à la maison (Éph 6.1-2). Telle est probablement la ligne de pensée de Paul en 1 Corinthiens 11. Adam est la source de laquelle Ève (et à travers elle le reste de l’humanité) a tiré son origine ; c’est pourquoi Adam a reçu une place d’autorité1 .
Anticipant les abus possibles de cette autorité associée à l’origine, Paul ajoute immédiatement : « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme existe par la femme, et tout vient de Dieu. » (1 Cor 11.11-12) Le fait qu’après Adam tous les hommes soient nés d’une femme est le rappel constant que les hommes et les femmes ont besoin l’un de l’autre, qu’ils dépendent l’un de l’autre et qu’ils sont d’égale valeur. De même, le fait que Dieu ait choisi de créer Eve à partir d’Adam est un rappel symbolique constant que Dieu, dès le commencement, avant que le péché soit entré dans le monde, avait assigné un rôle spécial aux hommes.
4. Genèse 2 : Ève créée pour être l’aide d’Adam
Adam éprouvait une forme de manque. Dieu attendit jusqu’à ce qu’il se sente seul. Alors il créa une femme pour être sa compagne et sa collaboratrice. Dieu dit : « Je lui ferai une aide qui lui corresponde. » (Gen 2.18) Le mot hébreu traduit ici par « aide » est aussi utilisé maintes fois pour décrire Dieu comme l’« aide » d’Israël2
Parallèlement, en Genèse 2, il est évident qu’Ève a été créée pour aider Adam, sans pour autant obtenir une autorité sur lui. Paul, inspiré par le même Esprit que celui qui avait inspiré le texte de la Genèse, le confirme : « L’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. » (1 Cor 11.9) Ève a été faite pour le bien d’Adam et non le contraire. Adam et Ève travaillaient comme une équipe de partenaires d’égale valeur, où Ève était appelée une « aide ». Avant la chute, hommes et femmes avaient été créés avec des rôles différents et complémentaires
.
5. Genèse 3 : Ève a été trompée et non Adam
En Genèse 3, un serpent « rusé » s’approcha d’Ève et lui suggéra de manger du fruit défendu. Elle mangea, en donna à Adam et il mangea. Quelle différence y a-t-il entre le péché d’Ève et celui d’Adam ? L’apôtre Paul explique qu’Ève a été trompée et non Adam : « Adam n’a pas été séduit, mais la femme, séduite, s’est rendue coupable de transgression. » (1 Tim 2.14) Adam était-il moins pécheur ? De toute évidence, non ! A tout prendre, il était plus coupable parce qu’il pécha sciemment, sans être trompé. C’était une rébellion consciente.
Certains suggèrent que Paul ne veut pas qu’une femme enseigne ou prenne de l’autorité sur l’homme parce que les femmes sont plus crédules ou plus faciles à tromper que les hommes. Ce n’est pas la pensée de Paul, puisque par ailleurs il encourage les femmes âgées à enseigner les jeunes femmes (Tite 2.3,4). Du reste, les hommes eux aussi sont tentés et pèchent !
Le dénouement de l’épisode de la Chute ne remet pas en question l’autorité conférée à Adam :
– Après que les deux ont mangé du fruit défendu, c’est Adam qui doit comparaître le premier devant Dieu (3.9). Même si Ève a péché la première, Adam, en tant que « tête », doit répondre d’abord.
– Quand Dieu voulut parler, il choisit Adam. Satan choisit d’approcher d’abord Ève. Adam était-il auprès d’elle quand cela eut lieu (Gen 3.6) ? Ève choisit de dialoguer directement avec le serpent et prit alors l’initiative de manger du fruit. Les actes de Satan et d’Ève montrent leur indifférence quant au rôle de « tête » d’Adam.
– Ève est-elle responsable de l’entrée du péché dans le monde ? La réponse de l’apôtre est claire : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. […] La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. » (Rom 5.12,14) Bien qu’Ève ait péché la première, c’est Adam, en tant que représentant de la race humaine, qui est tenu pour responsable collectif.
6. Genèse 3 : Ève et Adam punis par Dieu
Après qu’Ève et Adam eurent péché, Dieu maudit le serpent et la terre, et punit l’homme et la femme. Les effets de cette punition affectent, entre autres, trois domaines :
a. Les effets de la punition de Dieu sur les hommes
Dieu accusa Adam de deux mauvaises actions :
– il avait « écouté la voix de sa femme » : c’est-à-dire qu’il avait suivi passivement, au lieu de protéger sa femme en exerçant une autorité selon Dieu ;
– il avait « mangé de l’arbre » : c’est-à-dire qu’il avait choisi de désobéir à l’interdiction positive de Dieu.
Quelle fut la malédiction ? Des ronces et des épines croîtraient désormais pour rendre le travail d’Adam plus difficile. Notons que le travail en lui-même n’est pas une malédiction (comme le pensent certains paresseux !) ; en Gen 2.15, avant la chute, « l’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder ».
-> Le péché d’Adam et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : le travail.
b. Les effets de la punition de Dieu sur les femmes
En punissant la femme pour sa mauvaise action, Dieu dit : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur. » (3.16) Donner naissance à des enfants n’était pas une punition, car Dieu avait demandé de « fructifier et de multiplier » avant la chute (Gen 1.28). La punition d’Ève était la douleur liée à l’enfantement.
-> Le péché d’Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’accouchement.
c. Les effets de la punition de Dieu sur la relation homme-femme
La seconde punition sur la femme a affecté les deux : « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais, il dominera sur toi. » Que signifient les mots « désirs » et « dominer » ? Au chapitre suivant, Dieu utilise les mêmes termes quand il dit à Caïn : « Le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. » (Gen 4.7) Peut-être dans ce contexte, le « désir » signifie une tendance à contrôler et « dominer », gouverner, être le maître dans un sens fort. La rivalité s’est introduite dans la relation homme-femme.
-> Le péché d’Adam et Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’autorité aimante et protectrice de l’homme dans la relation mari-femme.
Conclusion
Genèse 1 enseigne que Dieu avait conçu l’homme et la femme pour travailler ensemble, comme une équipe d’êtres humains d’égale valeur, créés tous deux à l’image de Dieu. Genèse 2 met en évidence que les hommes et les femmes sont égaux, mais avec cependant des rôles différents : Dieu a donné à l’homme la responsabilité d’exercer l’autorité et à la femme la responsabilité d’aider. Aux yeux du Créateur, l’homme, la femme et leur relation étaient toutes « très bonnes ». Genèse 3 décrit comment le péché est entré et a déformé la bonne création originelle de Dieu. Ce n’est pas la chute qui donne à l’homme et la femme des rôles différents, mais la chute est la raison qui les rend plus difficiles à vivre.
Ces textes de la Genèse forment ainsi le fondement de notre compréhension des relations hommes-femmes. Toutefois, ils ne sont pas tout l’enseignement biblique sur ce sujet et, à leur lumière, il nous appartient de chercher dans tout le reste des Écritures d’autres textes, d’autres exemples, pour vivre ces relations selon Dieu.
1Le lien entre la formation d’Ève de la côte d’Adam et l’autorité d’Adam sur Ève n’est pas évident dans le texte de Genèse 2. En effet, Adam n’a pas été directement responsable de la création d’Ève : il dormait et c’est Dieu qui a tout fait (Gen 2.21-22). La relation entre origine et autorité se discerne surtout dans ce texte par le fait qu’Adam reçoit l’autorité pour donner un nom à sa femme : Ève (Gen 2.23b).
2Voir, parmi d’autres citations : Deut 33.7,26,29 ; Ps 33.20 ; 121.2.
Les deux disciples les plus connus de l’apôtre Paul sont sans doute Tite et Timothée. Tous les deux sont appelés par l’apôtre « mon véritable enfant dans la foi » (Tite 1.4, 1 Tim 1. 2). Tous les deux étaient de jeunes hommes d’origine grecque (Gal 2.3, Act 16.3) et Paul considérait chacun d’eux comme son « compagnon d’œuvre » (2 Cor 8. 23, Rom 16.21).
Une étude de la vie de Tite
Je me suis demandé de nombreuses fois ce que ce serait d’être à leur place, de voyager avec ce grand apôtre investi de sa mission, de le voir s’expliquer et débattre avec des foules hostiles, d’échanger sur certains des nombreux problèmes d’assemblée ; de l’entendre prier ; de l’entendre parler de ses projets évangéliques et d’expliquer sa stratégie d’édification. N’êtes-vous pas aussi un peu jaloux de ces deux jeunes hommes ? Nous en savons plus au sujet de Timothée qui est mentionné deux fois plus souvent que Tite dans la Parole. Pourtant, en mettant bout à bout la douzaine de fois où Tite est mentionné, nous trouvons un exemple stimulant d’un jeune homme pieux et pragmatique. Ces références à Tite se regroupent autour de cinq situations ou événements distincts sur une période d’environ 13 années.
1. Tite à Jérusalem – Fidèle à ses convictions<
La première fois que nous lisons quelque chose au sujet de Tite, il est en voyage pour Jérusalem en bonne compagnie, celle de Barnabas et Paul (Gal 2.1-5). Ce n’était probablement pas un voyage très heureux, puisqu’un problème sérieux occupait leur esprit. Ces hommes étaient accusés de promouvoir un christianisme très libéral, sans circoncision, dénué de tout le respect dû à la loi et aux traditions juives. Certains érudits associent ce voyage au Conseil de Jérusalem en Actes 15, fixant l’événement autour de 49-50 après J.-C. Aujourd’hui, la plupart des jeunes hommes préféreraient aller skier ou jouer au football plutôt que d’assister à des réunions doctrinales aux débats intenses – on est tenté de laisser les études bibliques sérieuses et les conférences aux retraités, aux frères intellectuels ou excentriques. Tite s’est peut-être demandé si les problèmes du moment valaient la peine d’un si long voyage et d’une telle dépense d’énergie. Pourquoi ne pas simplement faire preuve d’un esprit docile et se conformer à la pression légaliste ? Pourquoi ne pas sacrifier une partie de « la liberté que nous avons dans le Christ Jésus » pour avoir la paix et l’unité ? L’apôtre des nations, pieux et expérimenté, se rendait compte du danger à long terme d’un tel compromis. Nous pouvons presque entendre sa voix sévère quand il dit « pas même un moment, nous ne leur avons cédé par soumission, afin que la vérité de l’Évangile demeure avec vous. » (Gal 2.5) Le jeune Tite a pris position, avec Paul et Barnabas. Il y a environ 500-600 ans, les chrétiens en Europe préféraient être brûlés vivants plutôt que de renier leurs convictions reçues de Dieu. Avons-nous encore quelques convictions bibliques pour lesquelles il vaut la peine de souffrir ?
2. Tite à Corinthe – Fidèle dans son amour pour ses frères chrétiens
Environ cinq ans après, nous trouvons Tite rattaché à l’assemblée chrétienne à Corinthe. Dans sa deuxième lettre à l’église à Corinthe, Paul relate une rencontre avec Tite : « Nous nous sommes encore plus abondamment réjouis de la joie de Tite, parce que son esprit a été apaisé grâce à vous tous. » (2 Cor 7.13) Tite ne faisait pas machinalement son devoir de chrétien à Corinthe, il a ressenti une grande affection (2 Cor 7.15) pour ces frères.
N’oublions pas que l’assemblée à Corinthe était loin de la perfection. Il y avait des tensions entre les frères les plus légalistes (« Moi, je suis de Pierre »), les activistes progressistes (« Moi, je suis de Paul »), les intellectuels (« Moi, je suis d’Apollos ») et ceux qui se sentaient au-dessus des autres (« Moi, je suis de Christ »). Il y avait de l’immoralité parmi certains et une triste indifférence chez la plupart ; des comportements charnels et de la rivalité entre les plus sages. Pourtant Tite les aimait. Ils étaient ses frères. Qu’apportez-vous à la vie d’assemblée ? Contribuez-vous à cette atmosphère lourde et critique ? Êtes-vous un frère difficile à contenter ? Aucun rassemblement de chrétiens ne sera jamais parfait ici sur la terre. Les assemblées doivent constamment chercher à changer pour le meilleur.
Je suis sûr que Tite a joué un rôle clé dans les changements positifs à Corinthe, mais d’une manière heureuse. Pendant que nous voyageons à travers la vie, laissons-nous derrière nous une odeur agréable ou désagréable ? Aimons-nous assez nos frères pour rayonner de chaleur et d’accueil ? Même envers ceux avec qui nous sommes en désaccord ? La vraie communion chaleureuse au sein du peuple de Dieu exige une marche en relation étroite avec Dieu. Tite était devenu une source de consolation pour un apôtre fatigué et affligé (2 Cor 7.5, 6). Si nous aimons vraiment nos frères, le Seigneur pourra également nous employer pour les encourager et les consoler.
>3. Tite en mouvement – Le fidèle administrateur des ressources
Dans le chapitre suivant (2 Cor 8), nous trouvons Tite impliqué dans des questions d’argent. Le projet était de rassembler des dons de différentes assemblées et de les porter aux frères et soeurs dans le besoin en Judée. Nous devons tristement admettre que le coeur humain est enclin à la tromperie, que ce soit en détournant les fonds, en les gaspillant ou en les utilisant pour contrôler les autres. L’apôtre expérimenté avait probablement déjà beaucoup vu de telles anomalies, c’est pourquoi il veillait « à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Cor 8.21). L’apôtre a eu besoin de croyants fidèles pour concrétiser son projet de collecte.
On a toujours grand besoin d’hommes et de femmes administrativement honnêtes et fidèles aujourd’hui. Il y a un manque inquiétant de telles personnes dans la plupart des champs de missions. Êtes-vous digne de confiance ? Votre comportement passé inspire-t-il la confiance ? Aucune équipe de chrétiens ne fonctionne bien avec des frères sur qui on ne peut pas compter. Tite et les autres choisis pour ce travail sensible ont été des hommes disciplinés et transparents. Leur honnêteté et leur sérieux ont été prouvés par un comportement constant dans le temps (2 Cor 8.22). Si vous viviez à cette époque, est-ce que ceux qui vous connaissent auraient proposé votre nom pour un travail si sensible ? Est-ce que les autres peuvent dépendre de nous ? Finissons-nous ce que nous commençons ? Notre vie a-t-elle montré notre engagement pour la cause de Christ ?
À chacun de nous, le Seigneur a confié du temps, de l’énergie et quelques possessions matérielles. À certains, il a également confié des enfants, un travail, un ministère, etc. Sommes-nous trouvés fidèles ? Les paroles de notre Seigneur Jésus sont toujours vraies aujourd’hui : « Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit, est fidèle aussi dans ce qui est grand ; et celui qui est injuste dans ce qui est très petit, est injuste aussi dans ce qui est grand. » (Luc 16.10)
4. Tite en Crète – Fidèle pour mener à bien une mission difficile
Tite travaillait avec Paul sur l’île de Crète. Les croyants se réunissaient maintenant dans un certain nombre de villes sur l’île. Nous pouvons imaginer qu’il y avait là beaucoup de vie et d’enthousiasme, mais il y avait également beaucoup de défaillances. Autour de l’année 62 après J.-C., à un point critique dans le travail, l’apôtre quitte l’île mais Tite reste. Peu après, l’apôtre écrit : « Je t’ai laissé en Crète dans ce but, que tu mettes en bon ordre les choses qui restent [à régler], et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens. » (Tite 1.5) Ce n’était pas une tâche facile. L’état moral de l’île était décadent : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux. » (Tite 1.12) Certains se sont opposés au message (Tite 1.9). Parmi les nombreux nouveaux croyants, il y en avait probablement de plus expérimentés. Certains Crétois avaient pris part au jour particulier de la Pentecôte (Actes 2.11). À compter de ce jour, ces frères pouvaient revendiquer presque 30 ans de tradition et pouvaient s’opposer à Tite en lui disant : « Nous avons toujours fait comme ceci.» Parmi les frères en Crète, nous trouvons de vains discoureurs insubordonnés, des séducteurs, et les légalistes obnubilés par la circoncision (Tite 1.10). Certains se plaisaient dans les contestations et les disputes (Tite 3.9), tandis que d’autres étaient animés d’un esprit sectaires (Tite 3.10). Je suis sûr que le service d’amour fidèle de Tite à Corinthe a été employé par Dieu pour préparer ce jeune homme à ce nouveau défi.
Peut-être vivez-vous une situation difficile en ce moment. Les situations difficiles ne durent pas à toujours. La tension et la douleur sont employées par le Seigneur pour former et faire mûrir ses serviteurs. Comment apprendrions-nous la persévérance autrement ? Dans ses mains, les déceptions et les larmes peuvent être employées pour réduire le fossé entre ce que nous professons et ce que nous vivons (Tite 1.16). L’autorité apostolique avait été déléguée à Tite pour cette tâche. Aujourd’hui notre base est l’autorité des Écritures. Mais la vie conséquente et fidèle de Tite était une source d’inspiration pour d’autres en Crète. L’autorité morale n’est pas déléguée et elle ne peut pas être imposée ou exigée. Elle doit être méritée : « Te montrant toi-même en toutes choses un modèle de bonnes oeuvres, [faisant preuve] dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité » (Tite 2.7,8). Notre mode de vie devrait « faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (Tite 2.10). Sommes-nous à la hauteur ? Est-ce que la joie que nous procure notre style de vie chrétienne inspire les autres ? C’est la meilleure façon de montrer l’exemple.
5. Tite en Dalmatie – Fidèle quand il est seul
Nous trouvons la dernière référence à Tite en 2 Tim 4. 10. C’est la dernière lettre de l’apôtre Paul. Comme parfois dans les paroles de serviteurs vieillissants, nous y trouvons de tristes accents de solitude : « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi. » (2 Tim 1.15) « Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné. » (2 Tim 4.16) Au fur et à mesure que l’âge et l’infirmité limitent la joie que procure un service actif, le croyant pieux apprend de plus en plus à comprendre et à apprécier le Seigneur lui-même. « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié. » (2 Tim 4.17).
L’apôtre a réfléchi à ses années de ministère et de sacrifices. Il en conclut : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. » (2 Tim 4.7) Il attend maintenant avec intérêt cette couronne de justice (2 Tim 4.8). Mais il a également quelques derniers conseils pour ses plus jeunes compagnons d’oeuvre : « Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances (…) accomplis pleinement ton service. » (2 Tim 4.5) Achève fidèlement ton service ; mène-le à bonne fin.
La pensée de l’apôtre se tourne alors vers certains compagnons d’oeuvre spécifiques : « Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s’en est allé à Thessalonique. » (2 Tim 4.10) Qu’est-ce qui a attiré Démas à Thessalonique ? Une vie d’alcoolique et de drogué ? Un mode de vie immoral ? Ou était-il simplement absorbé par un bon emploi séculier, stimulant, et financièrement stable ? Cela ne nous est pas dit.
Et Tite ? Le verset continue : « Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie » (2 Tim 4.10). Tite entrait maintenant dans une nouvelle étape de sa vie. S’il avait un peu plus de 20 ans quand il avait commencé ses voyages avec Paul, il arrivait maintenant à la fin de la trentaine. Une décennie et demie à travailler dans l’ombre du grand apôtre touchait à sa fin. Remerciez le Seigneur de ce qu’il vous ait donné des parents chrétiens, mais le jour viendra où il vous faudra vivre votre foi sans eux. Remerciez le Seigneur pour les hommes et les femmes pieux qui nous conseillent et nous encouragent et qui nous disent « c’est bien ». Mais ils partiront également. Sommes-nous prêts à nous tenir seuls ? Sommes- nous prêts à continuer à marcher sans leur appui et leur vigilance ? D’après ce que nous savons, Tite a été fidèle jusqu’à la fin.
Des traces à suivre
La fréquentation, même brève, de croyants utiles et enthousiastes comme Tite stimule notre manière de vivre et nos priorités. Tite a suivi l’exemple et les recommandations de l’apôtre, afin que les croyants apprennent eux aussi à être les premiers dans les bonnes œuvres et qu’ils ne soient pas sans fruit (Tite 3. 13). Tite a laissé de bonnes traces à suivre.
Quand un nouveau converti rejoint la communauté chrétienne, il recherche des exemples spirituels. Comment Christ s’attend-il à ce qu’il vive sa récente foi ? En son temps, généralement, le nouveau croyant deviendra comme les chrétiens qui l’entourent. Sera-t-il un croyant matérialiste ? Un saint à la recherche de distractions charnelles ? Sera-t-il intellectuellement paresseux ou vif ? Développera-t-il un état d’esprit ouvert à l’évangile ou craintif pour témoigner ? Ou terminera-t-il sa vie, épuisé, courant d’une activité religieuse à la suivante, animé par l’admiration de ses frères chrétiens ? Étant donnée notre nature pécheresse et corrompue, quel que soit notre choix, nous sommes attirés par le vice. Dans le N.T., et plus particulièrement le livre des Actes, nous trouvons trois hommes appelés Ananias. Ils étaient des contemporains. Chacun, indépendamment et pour ses propres raisons, a choisi « la foi en Dieu » plutôt que d’être athée. De plus, chacun d’eux a fait preuve de sacrifice personnel dans sa vie au sein de sa communauté qui craignait Dieu. Cependant, chacun a manifesté une conception différente de la spiritualité.
ANANIAS – L’HOMME SUPERFICIEL EN QUETE DE RECONNAISSANCE
Le premier Ananias apparaît en Actes 5. C’est un homme assez riche, marié à Sapphira, qui avait rejoint l’église des premiers jours à un moment passionnant. Certes, la persécution était là, mais il y avait aussi une grande hardiesse, une forte unité et la main de Dieu était évidente parmi eux. Pouvez-vous imaginer vivre dans une communauté où « nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui ; mais toutes choses étaient communes entre eux » ? (Act 4.32) À la fin de mes années d’adolescence, j’ai lu Exodus de Leon Uris, qui, entre autres, décrit la formation du premier kibboutz. L’idée de vivre dans une communauté sans propriété privée, partageant tout, a inspiré ma jeune imagination. Aux vacances qui ont suivi, j’ai voyagé de Londres jusqu’au nord d’Israël et j’ai travaillé volontairement six semaines dans un kibboutz. C’était amusant, mais, sur le plan de l’idéal, décevant. À l’époque où j’y suis allé, quelques membres du kibboutz avaient leurs propres comptes bancaires privés. Le degré d’intégration qu’ont expérimenté les premiers chrétiens n’était pas simplement le fruit d’un besoin ou d’une conception sociale. C’était la preuve que le Dieu tout-puissant transformait des cours humains corrompus. L’apôtre Jean fait de cette qualité de relation la marque du vrai disciple de Jésus-Christ (Jean 13.35) et même un test de la nouvelle naissance (1 Jean 3.14).
Un jour, un frère appelé Joseph, très engagé, « ayant une terre, la vendit, et en apporta la valeur, et la mit aux pieds des apôtres » (Act 4.36,37). Ananias s’est rendu compte que cet acte généreux avait créé beaucoup de bons sentiments au sein de la communauté chrétienne. Des commentaires reconnaissants, joyeux et admiratifs avaient circulé. L’impact de la manière de vivre de Joseph a été tel, que les apôtres ont changé son nom en Barnabas (qui signifie « fils de consolation »). Peut-être qu’Ananias ne s’entendait pas très bien avec Pierre, un ex-pêcheur bourru. Le propriétaire terrien, lui, était plus son type d’homme. Ananias avait maintenant trouvé en Barnabas un bon modèle spirituel à suivre. Il y a un danger à suivre de bons comportements positifs en apparence s’il n’y a pas la nécessaire réalité intérieure.
Nous, les humains, sommes étranges : nous avons la capacité de donner tout ce que nous possédons aux pauvres et de livrer notre corps aux flammes, mais ce pour de mauvaises raisons (1 Cor 13.3) ! Ce don de sacrifice exercé sans un cour pur conduit à la déception et par la suite à l’amertume. Les gens ne sont pas si reconnaissants que ça. Ceux qui donnent et servent en s’attendant à des éloges humains et à de la gratitude se sentiront tôt ou tard blessés et découragés. Cela peut même mener à la colère et à la dépression. Ananias voulait la popularité de Barnabas. Il a convoité les compliments et l’admiration du peuple de Dieu. Mais tout au fond de son cour, il fallait encore beaucoup de travail. Pour suivre les hommes de Dieu, nous avons besoin du cour transformé de ces hommes de Dieu. Êtes-vous généreux et travaillez-vous dur, vous attendant à un « bravo » de la part de vous saints frères ? Êtes-vous préoccupé par votre « position » dans votre communauté chrétienne ? Dans certaines communautés, vous devez parler en langues ou vous évanouir pour être considéré comme étant spirituel. Ailleurs, vous avez besoin de porter une cravate et une veste ou avoir un certain vocabulaire en priant afin d’être considéré spirituel. Lutter pour obtenir l’approbation humaine finira par forcer à mentir, à être et à se faire passer pour ce qu’on n’est pas.
Une des nombreuses bénédictions de la vie de couple est d’avoir à nos côtés une deuxième conscience, une conscience que nous ne pouvons pas manipuler par les arguments interminables de notre propre esprit. Était-ce l’idée de Sapphira ou d’Ananias de tromper les apôtres ? Actes 5.2 laisse penser qu’Ananias était peut-être celui qui avait proposé le plan trompeur au départ. La fin aurait été si différente si Sapphira avait dit : « Mon cher Ananias, je sais que tu es un homme très généreux. Vendons la parcelle de terrain et donnons la moitié aux apôtres et investissons l’autre moitié en valeurs mobilières pour notre plan de retraite. Et soyons transparents à ce sujet ! » Cette dernière phrase aurait fait la différence entre la vie et la mort. Chères sours, vous avez un rôle principal à jouer dans la conscience de vos maris. Exprimez-vous à voix haute par amour. Ne permettez pas à votre mari de dériver vers l’hypocrisie religieuse. Vous le connaissez mieux que quiconque sur terre et le Seigneur vous tient responsable des actions commises conjointement.
On dit que l’image que les autres ont de notre piété excède généralement la réalité. La divergence entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être (et voudrions être) est parfois déprimante. Le nom Ananias signifie « Dieu est miséricordieux ». Le Seigneur connaît nos imperfections. Il voit très bien le fossé qui existe entre notre connaissance biblique et notre style de vie, entre notre langage et notre comportement. Mais béni soit Dieu ! Il est et sera toujours miséricordieux. Si le Seigneur mettait à mort les chrétiens inconséquents aujourd’hui, qui subsisterait ? Laissons de côté notre préoccupation au sujet des apparences et de notre image, et travaillons sur notre réalité. L’honnêteté et la transparence sont deux éléments importants de notre itinéraire spirituel.
ANANIAS – L’HOMME OBEISSANT QUI N’AVAIT PAS PEUR DE PRENDRE DES RISQUES
Au chapitre 9 des Actes nous trouvons notre deuxième Ananias. C’était un juif converti qui vivait en dehors d’Israël dans la grande ville de Damas. L’apôtre Paul l’a décrit plus tard comme un « homme pieux selon la loi, et qui avait un [bon] témoignage de tous les Juifs qui demeuraient [là] » (Act 22.12). Faisait-il référence à sa vie actuelle ou avant sa conversion ? S’il était toujours un observateur de la loi, nous pourrions conclure qu’Ananias s’était converti du judaïsme au christianisme assez récemment. Mais sa conversion était réelle. Les Écritures l’appellent le « disciple nommé Ananias » (Actes 9. 10) et il était persécuté pour sa foi nouvelle en Christ. La profondeur du caractère de cet Ananias dépasse de loin le précédent. Il est évident que la souveraineté de Christ avait saisi l’âme de cet homme. En devenant un chrétien, il savait qu’il n’était plus un agent libre de faire ce qui lui plaisait. Il était maintenant un serviteur de Jésus-Christ. Bien qu’Ananias ait exprimé quelques doutes quant à sa sécurité personnelle, il a toujours appelé Jésus : « Seigneur » (Act 9.10,13,17). Il est juste d’exprimer nos craintes et nos doutes au Seigneur. Non pas avec un esprit de désaccord ou de confrontation, mais pour demander un éclaircissement, comme la vierge Marie l’a également fait (Luc 1.34). Certains préfèrent l’obéissance intelligente, d’autres l’obéissance aveugle. Mais la clef est l’obéissance. Ce n’est pas tant la question d’employer le mot « Seigneur » quand nous prions ou parlons, mais plutôt de se soumettre avec joie à ses droits sur notre vie. C’est accepter pleinement de risquer d’être incompris, critiqué et même de risquer notre intégrité physique.
Il y a un détail dans cette histoire qui nous parle vraiment. Saul était à Damas, blessé (il était tombé à terre), aveugle, et, dans sa confusion, il priait (Act 9.11). Le Seigneur a alors donné à Saul une vision. Il a vu « un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant la main pour qu’il recouvrât la vue » (Act 9.12). Puis, le Seigneur a donné un deuxième message « audio-visuel » par lequel il a informé Ananias de la vision donnée à Saul. Ce qui est étonnant, c’est que cette vision de Saul intervient avant celle d’Ananias. Le Seigneur avait une telle confiance en l’obéissance d’Ananias qu’il pouvait inclure son nom dans la vision de Saul avant même de lui en avoir parlé. La compréhension d’Ananias de la souveraineté du Seigneur s’était transformée en obéissance coutumière. Le Seigneur pouvait maintenant compter sur son serviteur. Le Seigneur pourrait-il inclure votre nom et le mien dans une vision à quelqu’un d’autre ? Le Seigneur peut-il compter sur nous pour écouter et obéir ? Ou est-ce que notre obéissance dépend de ce que d’autres font, du programme à la TV ce soir, du fait que j’aime la proposition, qu’elle ait déjà été faite avant, ou du fait que je sois d’accord avec le Seigneur ? Le Seigneur s’attendait à ce qu’Ananias risque sa santé (Saul aurait pu devenir méchant) et sa réputation (rappelez-vous qu’il était très respecté et que cela pouvait changer). Le Seigneur lui a demandé de faire quelque chose de dangereux et de délicat.
Il vaut la peine de préciser qu’Ananias a été exposé au risque sur le chemin de l’obéissance. Il n’y a rien de spirituel dans le risque. En fait, des personnalités différentes ressentent différemment le fait de prendre des risques. La vertu n’est pas le risque, c’est l’obéissance. Mais habituellement l’obéissance exige de la foi, et la foi implique un degré de risque. Quand le Seigneur guide-t-il ses serviteurs ? Le Seigneur a eu quelques mots pour Saul sur la route de Damas, mais des conseils plus complets ont suivi plus tard. L’attitude de Saul dans la prière l’a probablement placé dans une situation propre à recevoir une vision du Seigneur. Dans le chapitre suivant le Seigneur donne une vision à Pierre. Où était Pierre ? « Pierre monta sur le toit pour prier » (Act 10.9). Si nous voulons également des conseils du Seigneur, nous avons également besoin de ce calme dans la prière. Comment le Seigneur peut-il nous donner à cour de comprendre la nécessité de rendre visite à un(e) frère/sour malade à l’hôpital ou de former à son service un nouveau converti ? Nous avons besoin de calme dans sa présence. Désirons-nous être employés par le Seigneur pour un club biblique d’enfants ou pour aider dans l’assemblée ? Nous avons besoin de ce calme dans sa présence. Parfois nous nous sentons déconcertés ; nous voudrions peut-être des conseils pour une décision importante. Le Seigneur désire ardemment nous guider, mais nous avons besoin de ce calme dans sa présence.
Après qu’Ananias a délivré son message à Saul, il retourne dans l’ombre. Comme Jean-Baptiste, il a fait sa part du travail avec obéissance, puis il a disparu. Les besoins sont grands et nous ne pouvons pas tout faire, et pourtant Dieu appelle chacun de nous à faire quelque chose. Puissions-nous nous joindre à l’armée des saints fidèles qui ont marché avant nous et faire avec obéissance notre part du travail avant que, nous aussi, nous disparaissions.
ANANIAS – L’HOMME RELIGIEUX QUI GRAVISSAIT LES ECHELONS
Notre dernier Ananias est également un juif, et aussi un fervent observateur de la loi, très respecté par tous les juifs. Au cours de ses années de travail dévoué, il a franchi les échelons de la religion juive, et par la suite est devenu le souverain sacrificateur (Act 23.2). La fonction de souverain sacrificateur a été créée par Dieu lui-même, au temps où le peuple d’Israël était au centre des rapports de Dieu avec l’homme ; c’était un poste très privilégié et d’une très grande responsabilité. Les temps étaient en train de changer et les relations de Dieu avec les hommes changeaient également. N’étant pas au courant de ces derniers changements, Ananias se cramponnait fermement aux rênes du pouvoir. Non pas un pouvoir politique, puisqu’il était aux mains des Romains. Non plus un pouvoir spirituel, puisqu’il appartenait à l’Église naissante de Christ. Ananias défendait le seul pouvoir qu’il pouvait encore contrôler : une religion organisée et une influence économique. Quand le Seigneur enlève sa présence (sa « lampe ») d’une église locale, l’autorité dans celle-ci se retrouve dans la même situation qu’Ananias.
Après avoir été un Pharisien exemplaire, Paul était maintenant devenu une grande source d’irritation pour Ananias et les autres chefs religieux juifs. Initialement, c’était Jésus qui avait défié leur autorité. Maintenant les disciples de Jésus ne se soumettaient pas à leur autorité. Le désintéressement personnel de Paul dans la recherche de la croissance de l’Assemblée de Christ était interprété ainsi par eux : « Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef de la secte des Nazaréens ; il a même tenté de profaner le temple » (Act 24.5,6). Ceci met en lumière le danger latent sous toutes ses formes d’une religion organisée : la croissance spirituelle est assimilée à une progression au sein d’une organisation religieuse. Les chrétiens qui ont cette approche de la spiritualité font tout pour faire partie d’un « comité de direction ». Ensuite ils doivent prouver qu’ils le méritent. Puis ils doivent défendre leur poste. Voilà peut-être pourquoi le Seigneur a conçu son Église de façon à ce que l’autorité la plus élevée sur terre soit donnée aux anciens de l’église locale. Il n’y a personne d’autre que Christ au-dessus d’eux. Il n’y a simplement aucun échelon à gravir !
Il y a quelque temps, j’ai lu que, l’expérience le démontrant, il est très peu probable qu’un croyant puisse vivre pendant cinquante ans dans une communauté chrétienne sans vivre une certaine forme de schisme. La division au sein du peuple de Dieu est toujours douloureuse, mais elle est peut-être plus complexe parmi ceux qui aiment les échelons religieux et les organisations autoritaires. Est-il possible d’avoir « une affection fraternelle sans hypocrisie » et de « s’aimer [.] l’un l’autre ardemment, d’un cour pur » en période de conflit ? Certains répondraient oui, pourvu que ceux qui sont en désaccord avec moi soient disposés à obéir à la vérité comme je le fais (1 Pi 1.22) ! Nous sommes enclins à penser que si un frère est honnête devant Dieu, il doit voir la solution ou la vérité telle que je la vois. Nous avons tendance à expliquer toutes nos différences en parlant d’être charnel ou légaliste, spirituel ou non-spirituel, relâché ou engagé, obéissant ou désobéissant.
En Actes 23, Paul est présenté devant le sanhédrin. L’apôtre commence sa défense ainsi : « Hommes frères, je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu’à ce jour » (Act 23.1). À ce moment-là, « Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche », là où ça fait mal (Act 23.2). Qu’avait dit Paul ? Qu’est-ce qui a tant irrité Ananias ? Pourquoi une telle agression ? Il était devenu impossible pour Ananias d’envisager que son adversaire puisse agir en toute bonne conscience devant Dieu.
Peut-être si nous acceptions d’envisager qu’un frère ou une sour puisse comprendre une partie de la Parole différemment de nous et ceci en toute bonne conscience devant Dieu, cela réduirait notre forte envie de « le frapper sur la bouche ». Cela pourrait nous aider à exercer un amour sincère au milieu d’un conflit. La vérité est évidemment plus importante que la conscience. Paul, par exemple, avait une bonne conscience tout en tuant des chrétiens. Ce faisant, Paul était dans l’erreur, mais il ne le faisait pas par hypocrisie ni par perversité.
Ananias et ses amis étaient décidés à se débarrasser de Paul. Ils pensaient que c’était leur devoir étant donné leur position sur l’échelle religieuse. Ils s’obligèrent par un serment solennel, ils conjurèrent, ils utilisèrent des prétextes, ils devinrent sournois (Act 23.12-15). Quand les Romains transférèrent Paul de Jérusalem à Césarée, Ananias pensait qu’il était toujours de son devoir de s’occuper de cette affaire. Sa conception de la spiritualité exigeait qu’il la poursuive jusqu’au bout. Il emmena avec lui quelques anciens et son avocat (Tertullien) et « ils portèrent plainte devant le gouverneur contre Paul » (Act 24.1). La religion dirigée par les hommes est fondée sur la pression collective et les avocats religieux. La vérité de Dieu, la réalité telle quelle est, tient ferme dans le calme. Mais si vous étiez à la place de Paul, ou plutôt devrais-je dire, enchaîné comme Paul, que ressentiriez-vous vis-à-vis d’Ananias ? Paul travaillait-il sur une stratégie de contre-attaque ? A-t-il cherché à se venger ?
Pour continuer à être utile dans ces conditions difficiles, Paul n’a pas laissé l’amertume, la colère ou la rancour prendre le contrôle de son cour. Il nous est dit que « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jac 1.20). Au moins trois règles de discipline ont protégé le cour de Paul : il a vécu conscient que le Seigneur était avec lui (Act 23.11), il s’est comporté de manière « à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Act 24. 16) et il n’a jamais oublié qui l’avait appelé ni pour quoi faire. Il était restreint, mais pas silencieux. Il était encerclé, mais pas craintif. Il était lié de chaînes, mais il était toujours un ambassadeur (Éph 6.19,20). L’amertume, la colère ou la rancour prend-elle racine dans votre cour ? Absolument rien ne pourrait le justifier. Cet acide dangereux et dégradant fait surface pendant que nous cherchons à nous défendre. Il doit être identifié et confessé comme péché. Alors nous pourrons suivre les trois règles de discipline de l’apôtre pour protéger nos cours et pour nous maintenir utiles.
CONCLUSION
L’apôtre Paul voulait que les nouveaux croyants grandissent et qu’ils deviennent « des hommes spirituels » (1 Cor 3.1). L’église locale a besoin de frères spirituels (Gal 6.1). Quel Ananias reflète le mieux votre conception de la spiritualité ? Être spirituel ce n’est pas un niveau ou un état que nous atteignons, mais plutôt une façon de vivre, une route sur laquelle nous marchons avec Jésus. Les premiers chrétiens étaient ceux qui étaient « de la voie » (Act 9. 2). Ils louaient Dieu comme suivant « la voie » (Act 24.14). Le terme « la voie » sous-entend des limites, le mouvement et une destination.
Nous ne sommes pas appelé à sourire et bondir sur ceux qui se tiennent sur les bords de la route, ni à rechercher l’approbation de ceux qui marchent devant nous sur le chemin – comme le premier Ananias. Il n’existe aucune échelle, organisation ou position privilégiée sur cette route vers la spiritualité. Nous n’avancerons pas plus vite en condamnant d’autres voies ou en critiquant la façon dont marchent d’autres chrétiens (bien que nous n’ayons pas à les suivre ni à les imiter). Nous n’avons pas besoin d’être agressif – comme le dernier Ananias.
La voie est la même, mais le paysage change constamment. Le soleil peut briller aujourd’hui et le vent souffler demain. Parfois la route grimpe, et parfois elle mène à des eaux paisibles. Ami voyageur, le seul moyen de grandir spirituellement est de marcher quotidiennement près de Jésus-Christ notre Chef, de jouir de sa compagnie, d’apprendre à écouter sa voix et d’obéir à ses instructions – comme le deuxième Ananias.
Consécration et engagement
Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. A ce titre, il a été très impliqué dans le travail d’évangélisation, d’enseignement de jeunes croyants et a participé à l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit en Hollande à Eindhoven où il est s’est établi récemment. Cet article, comme d’autres, peut être téléchargé sur le site www.philipnunn.com.
Beaucoup d’entre nous ont eu le privilège d’être nés et élevés dans un foyer chrétien. Nous allons à de bonnes réunions chrétiennes, nous lisons la Bible et nous chantons les cantiques. Nous sentons que nous sommes à la bonne place, faisant ce qu’il faut… Et pourtant, il manque quelque chose. À l’occasion, dans des moments d’introspection, nous nous alarmons de l’émotion insipide qui accompagne notre manière de vivre chrétienne. Cela nous semble si éloigné de l’excitation et de la satisfaction qui nous envahissent lorsque nous progressons dans nos études ou grimpons dans l’échelle de notre entreprise. C’est tellement différent de la fraîcheur et de l’excitation que nous ressentons en réservant nos prochaines vacances à l’étranger ou en revenant à la maison avec un nouveau gadget électronique. Cette platitude chrétienne est-elle normale ? Notre version de la foi chrétienne est-elle authentique ? Pouvons-nous vraiment nous appeler des « disciples de Jésus Christ » ?
Qu’est-ce qu’un disciple de Jésus ?
Être un disciple, c’est être quelqu’un qui apprend, qui suit un maître et se soumet à son enseignement. Dans le Nouveau Testament, le terme « disciple » est utilisé environ 270 fois. Il ne doit pas être utilisé indifféremment à la place de « sauvé », « saint », ou « chrétien né de nouveau ». Dans un sens large, il est utilisé pour parler des personnes qui marchaient avec Jésus ou dont le cœur était bien disposé à son égard (Jean 6.66, 19.38). Il est parfois utilisé exclusivement pour les douze qui le suivaient (Luc 22.11). Il est aussi utilisé pour identifier ceux dont l’attachement à Christ était le plus grand. Nous trouvons des disciples des deux sexes (Actes 9.10, 36). Il est probable que c’est par mépris que les disciples furent appelés « chrétiens » vers l’année 44 (Actes 11.26) – un terme qui n’est utilisé que trois fois dans le Nouveau Testament. Et ce n’est qu’à partir du IIe siècle que le nom de « chrétien » a été accepté par les croyants comme un titre honorifique. Dans ses écrits, l’apôtre Paul n’utilise jamais les mots disciple ni chrétien.
Luc, le docteur, raconte l’histoire au cours de laquelle Jésus explique ce qu’il attend de l’un de ses disciples (Luc 14.25-35). Ce jour-là, beaucoup de gens avaient laissé leur travail et leurs occupations pour venir apprendre et manifester leur adhésion à l’enseignement du Seigneur Jésus. Étaient-ils vraiment des disciples ? Quel était leur degré d’engagement ? Jésus se tourne vers cette foule qui le suivait facilement et la choque. Il place devant elle trois conditions primordiales.
1. Jésus, celui que j’aime le plus
« Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses soeurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (v. 26). Les Écritures encouragent les valeurs familiales. Il ne nous est bien évidemment pas demandé de mépriser les membres de nos familles. Le mot « haïr » est utilisé dans un sens relatif (Matthieu 10.37). Dans le cercle de nos connaissances, nous aimons naturellement certaines personnes plus que d’autres. Ce que Jésus dit, c’est qu’à moins de l’aimer lui plus profondément et avec plus de force que quiconque, nous ne pouvons pas être son disciple. Le Seigneur Jésus réclame cette place suprême dans notre cœur et nos affections. Quelle place Jésus a-t-il dans votre cœur ?
2. Jésus, la première de mes priorités
« Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple. » (v. 27). À l’époque, sous la domination romaine, ceux qui portaient leur croix n’avaient plus que quelques heures à vivre. Quelles pensées pouvaient donc bien passer par l’esprit d’un homme portant sa croix ? Il devait éprouver un changement radical de ses priorités. Cette dispute familiale au sujet d’un héritage devait lui sembler tellement insignifiante, maintenant. Ses diplômes, comptes bancaires et statut social devaient être devenus bien peu dignes d’intérêt. La récolte à venir, ses projets d’affaires et son plan de retraite devaient alors lui paraître tellement hors de propos. Porter sa croix, c’est vivre le présent. Porter sa croix volontairement, c’est renoncer à nos droits fondamentaux. La croix change nos valeurs et nos priorités. Il n’y a rien de mal à faire des plans, à rêver, à aspirer à quelque chose. Ce que Jésus dit, c’est qu’à moins de l’avoir, lui, comme première des priorités dans notre vie, au dessus de nos rêves et de nos aspirations personnelles, nous ne pouvons pas être ses disciples. Quel rêve ou quelle force dirige votre vie ?
3. Jésus, mon trésor le plus précieux
« Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple. » (v. 33). Ceci constitue-t-il une condamnation de la propriété privée ? Non. Le problème, c’est notre attitude vis-à-vis de ce que nous possédons. Nous sommes des administrateurs provisoires des bénédictions de Dieu, jamais des propriétaires absolus. Nous sommes nés nus, et nous n’emporterons rien avec nous lorsque nous partirons. Et pourtant, au cours de ces quelques décades de vie, il est surprenant de considérer combien fermement nous pouvons tenir à des choses matérielles. Pour certains, il s’agit d’une voiture, d’une maison ou d’un portefeuille d’actions. Pour d’autres, c’est un ordinateur portable, des vêtements ou une collection de CD. Dans ce que vous possédez, qu’est-ce qui vous apporte une grande satisfaction ? Jésus dit qu’à moins de l’estimer, lui, au dessus de tout ce que nous avons, nous ne pouvons pas être son disciple.
La saveur
Nous savons que notre salut est un don de Dieu. Nous ne pouvons pas le gagner. Nous le recevons humblement et avec reconnaissance. Le Seigneur Jésus n’établit pas ici les conditions de notre salut. Il souligne clairement l’attitude requise pour une vie chrétienne normale. L’expression « il ne peut être mon disciple », réaffirmée trois fois par notre Seigneur, ajoute une grande force à ce standard. La foi chrétienne moderne s’autorise une plus grande flexibilité. Beaucoup semblent se satisfaire de suivre les traditions de l’église, d’être baptisé, ou d’aller à ce qu’ils considèrent être des réunions chrétiennes ayant une doctrine correcte. Notre style de vie diffère-t-il de manière significative des matérialistes, humanistes et épicuriens qui nous entourent ? Il n’y a bien sûr rien de mal à créer de la richesse, à aider son prochain ou à s’amuser. Mais le standard auquel Jésus nous appelle engendre une perspective complètement différente dans notre vie. Notre appel n’est pas de ressembler à du sel, mais d’être du sel. D’avoir du goût, d’influencer, de transformer, d’avoir de la saveur (v. 34). Cet engagement pour le Seigneur Jésus doit s’exprimer dans les détails de notre manière de vivre. Et si nous y manquons ? Malheureusement, ça nous arrive ! Nous ne devons jamais oublier la grâce de Dieu. En tant que chrétiens nés de nouveau, nous sommes maintenant enfants de Dieu. Nous sommes acceptés et aimés profondément par le Seigneur, de manière inconditionnelle. Nos succès et nos échecs ne le font pas nous aimer plus ou nous aimer moins. Son amour pour nous est constant et notre salut est certain. Pourquoi donc le Seigneur nous appelle-t-il à un niveau de consécration si élevé ?
Construire une tour, combattre
En exposant les trois conditions requises pour être un disciple, Jésus dépeint deux images à l’esprit de son auditoire. La première est celle d’un bâtisseur qui voudrait construire une tour (v. 28-30), et la suivante celle d’un roi qui voudrait partir en guerre contre un autre roi (v. 31-32). Le bâtisseur et le roi devaient regarder aux objectifs souhaités et évaluer ce dont ils avaient besoin pour les atteindre. Nous pouvons comprendre ces images comme un appel à considérer le coût d’être disciple de Jésus Christ. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais il implique le brisement de notre orgueil et de notre volonté propre. Voulons-nous payer un tel prix ? Recherchons-nous une version plus aisée de la foi chrétienne ?
Nous pouvons peut-être également regarder à ces images depuis un angle différent. Nous savons qu’actuellement, le Seigneur a un objectif : l’édification de son église. Vous et moi sommes des pierres vivantes. En posant ces conditions, le Seigneur souligne la qualité désirée des pierres nécessaires à la construction. Nous savons que nous sommes actuellement engagés dans une guerre spirituelle. Ces trois conditions reflètent le degré d’engagement que Jésus demande à ses soldats. Si Jésus n’est pas celui que nous aimons en premier, à un moment critique nous le renierons pour complaire à quelqu’un d’autre. Si Jésus n’est pas la première de nos priorités, à un moment critique nous refuserons de nous laisser guider par lui et suivrons notre rêve. Si Jésus n’est pas notre trésor le plus précieux, à un moment critique nous rejetterons sa cause pour protéger notre investissement.
C’est à prendre ou à laisser !
Nous ne qualifierions pas actuellement les propos de notre Seigneur Jésus de « politiquement correct ». En fait, il est parfois plutôt radical, provocateur et recherche la confrontation. Il ne mangerait pas en d’autres compagnies ni ne retarderait un miracle pour éviter d’offenser les religieux. Il parle ouvertement des ennemis, de l’adultère, du divorce et de l’hypocrisie religieuse. Il n’atténue pas ses mots pour satisfaire son auditoire ou augmenter le nombre de ceux qui le suivent. En Jean 6, nous voyons Jésus encourager à délaisser la superficialité au profit d’une relation et d’une consécration plus profondes. En l’entendant, plusieurs se sont exclamés : « Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ? » (v. 60) Que ressentez-vous face au standard élevé établi par Jésus ? Beaucoup étaient attirés par la personnalité chaleureuse de Jésus. Beaucoup suivaient Jésus pour un bénéfice matériel ou à la recherche d’un miracle. Mais lorsque Jésus a demandé un engagement plus profond, beaucoup « se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui » (v. 66). Que ressentent les meneurs lorsque ceux qui les suivent commencent à s’écarter ? Jésus a-t-il à offrir une version de la marche chrétienne meilleur marché, moins exigeante ? Jésus veut-il maintenant négocier un accord particulier avec ses amis les plus proches pour qu’ils ne le quittent pas ? En regardant au loin les silhouettes de ceux qui s’en allaient, Jésus se tourne vers les Douze qui étaient restés et leur demande : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (v. 67) Ils étaient eux aussi libres de partir et s’en aller. Bien qu’ils soient ses plus proches amis, Jésus n’allait pas diminuer son standard pour les retenir. Ne nous trompons pas, ce haut standard de consécration à Jésus est toujours nécessaire aujourd’hui.
Quel autre choix possible ?
Chacun de nous a un moteur à l’intérieur de lui. Il y a quelque chose qui nous motive, quelque chose qui nous fait nous lever le matin, quelque chose qui nous incite à étudier et à travailler dur. Ce quelque chose inspire notre créativité et nous fait faire des sacrifices. Ce moteur peut être une recherche de confort, sécurité, reconnaissance ou succès. Il peut être une fuite devant la peur, l’insignifiance ou le vide. Quelle est la force motrice de votre vie ? Qu’est-ce qui vous fait avancer ? L’apôtre Pierre a considéré les options qui lui étaient offertes. Jésus demandait-il trop ? Devait-il aussi quitter Jésus et suivre la foule qui s’en allait ? Il a regardé à Jésus et lui a répondu : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu. » (v. 68-69) Quelle chose ou quelle personne est-elle digne de cette place centrale dans nos cœurs et dans nos vies aujourd’hui ? Le Seigneur Jésus n’appelle pas les chrétiens à se couper de la vie sociale normale et à se cacher au fond d’un monastère. Mais il les appelle à un changement intérieur radical. Vous ne vous verrez plus comme une mère de famille, un ingénieur ou une infirmière qui se trouve être chrétien(ne). Vous vous verrez comme un(e) chrétien(ne) qui se trouve être une mère de famille, un ingénieur ou une infirmière. Cette consécration à Jésus ne rend pas les gens excentriques ni détachés de ce monde. Lorsque Jésus est la passion de notre cœur, notre vie se place alors dans la bonne perspective. Nous sommes de meilleurs étudiants, de meilleurs travailleurs, de meilleurs voisins, de meilleurs enfants, de meilleurs parents, de meilleurs chrétiens. Seule, la présence centrale de Jésus dans une vie la rend saine et équilibrée.
Conclusion
Jésus Christ a donné sa vie afin de racheter un peuple pour qu’il lui appartienne. Le salut est actuellement offert gratuitement à qui se repent, croit et donne sa vie à Jésus. Le salut est un don, la vie chrétienne un défi. Si nous voulons être utiles à notre Maître, si nous voulons être de vrais disciples du Seigneur Jésus, quelque chose en nous doit céder. Lorsque Abraham a montré qu’il préférait Dieu à son fils, il a reçu son fils en retour. Mais ce faisant, le Seigneur a brisé quelque chose en Abraham. Êtes-vous arrivé à ce point de brisement devant Dieu ? Retenez-vous toujours quelque chose pour vous ? Nous devons volontairement abandonner nos propres plans et rêves, nous devons prendre notre croix, et placer Jésus au centre de nos cœurs. Comment l’apôtre Paul arrivait-il à avancer, avec joie, dans des circonstances tellement adverses ? Il était consacré et engagé envers une personne : « Pour moi, vivre, c’est Christ ! » (Phil 1.21). Certainement, le Seigneur Jésus en vaut encore la peine !
Philip Nunn sert le Seigneur depuis 1992 comme missionnaire en Colombie. Il est particulièrement impliqué dans l’évangélisation dans les écoles et dans la formation de nouvelles assemblées chrétiennes dans ce pays. Il est marié avec Anneke et a quatre enfants.
Nous pensons habituellement à Jésus qui marchait, enseignait et guérissait, entouré de ses douze disciples. Et pourtant, lorsque nous regardons de plus près les récits de l’Évangile, nous découvrons plusieurs femmes qui aimaient Jésus et montraient un intérêt actif dans ce qu’il disait et faisait. Certaines, comme les deux sœurs Marthe et Marie, lui offraient une chaleureuse hospitalité ; d’autres, telle la femme samaritaine, lui amenèrent une foule pour qu’il l’enseigne. Parfois, une femme reconnaissante le parfumait, ou lavait ses pieds sales et fatigués. Marie, sa mère, se tenait près de lui quand elle le pouvait. D’autres, comme Jeanne et Susanne, suivaient Jésus et les Douze, et « l’assistaient de leurs biens » (Luc 8.1-3). Il me semble, en considérant toutes ces femmes merveilleuses, que la vie et le caractère de l’une d’entre elles brillent au-dessus des autres : Marie de Magdala. Vous êtes-vous demandé pourquoi le Christ ressuscité a choisi de se montrer vivant à Marie de Magdala avant tout autre personne (Marc 16.9) ? Il y a quelque chose de spécial en ce qui la concerne. Elle rayonne, lorsqu’on la compare aux attitudes et au comportement des apôtres. Elle avait beaucoup à leur apprendre par ses actes. Et elle peut également être un modèle pour nous aujourd’hui.
1. Tourmentée par les démons
Il n’est pas dit grand chose au sujet de l’environnement de cette femme. Le nom de « Magdala » signifie « tour ». Peut-être l’appelait-on ainsi à cause de sa constance ou de sa force de caractère. Mais il y avait également une ville appelée Magdala sur la rive occidentale de la mer de Galilée (même si certaines cartes ont une orthographe différente). Il est plus vraisemblable que cette Marie ait été différenciée des autres du fait qu’elle venait de cette ville. Il était tout à fait courant à l’époque d’identifier les femmes par rapport à leur parenté, comme « Jeanne, femme de Chuzas », et « Marie, mère de Jacques et de Joses » (Luc 8.3 ; Matt 27.56). Marie de Magdala est mentionnée au moins douze fois par son nom, mais sans connexion familiale. Cela signifie pour certains qu’elle était célibataire. Mais surtout, un élément singulier de son passé attire l’attention : c’est son rapport avec les démons.
Lorsque nous suivons les voyages de Jésus, nous lisons que « des femmes aussi qui avaient été guéries d’esprits malins et d’infirmités » le suivaient, et parmi elles, il y avait « Marie, qu’on appelait Magdeleine, de laquelle étaient sortis sept démons » (Luc 8.1-3). Certains esprits malins peuvent provoquer des maladies. Lorsque le démon est sorti, la personne est de nouveau en bonne santé. Mais attention, si les démons « sortent », il faut qu’à un moment, ils soient « entrés ». D’après ce que j’ai pu observer ici en Colombie, les démons peuvent s’attaquer à la fois aux chrétiens et aux incroyants. Mais il y a en général une raison ou un événement « historiques » qui permettent aux démons d’ « entrer », de demeurer ou de prendre possession d’un non chrétien. Dans la plupart des cas, vous trouverez dans le passé familial sorcellerie, drogue, inceste, prostitution et autres. Si vous avez rencontré quelqu’un possédé ou tourmenté par un démon, vous comprendrez aisément la peur, l’insécurité et l’impuissance que ressentait Marie de Magdala. Il n’est pas inhabituel pour ces personnes désespérées d’envisager le suicide. Et c’est dans cet état-là qu’elle a rencontré Jésus. Les démons ne se contentent habituellement pas de « sortir ». Ils peuvent se cacher à l’intérieur un moment. Dans le cas de l’homme possédé de Marc 5, la sortie de ses démons relève plus du processus que de l’événement immédiat.
Je pense que la compréhension du milieu d’où Marie venait est indispensable pour comprendre la passion inébranlable et la fidélité tenace avec lesquelles elle a suivi son Maître. Quelle est la mesure de votre dévotion à Jésus ? Votre christianisme peut-il être décrit comme une « bonne habitude » ou un « passe-temps » plutôt que comme une « passion » ? Jésus s’est servi de la présence d’une autre femme pécheresse pour mettre en évidence cette réalité spirituelle : « Celui à qui il est peu pardonné aime peu » (Luc 7.47). Une énorme dette a été pardonnée à chaque chrétien. Tout comme Marie de Magdala, nous devrions aimer passionnément. Et pourtant, nous prenons nos péchés tellement à la légère ! Nous venons à Jésus sans nous presser, sans angoisse, sans désespoir. Nous nous considérons comme de relativement bons citoyens, qui ont juste besoin d’un coup de pouce pour aller au Ciel. Il est tout simplement impossible aux Pharisiens, et à leurs équivalents modernes, d’aimer comme Marie de Magdala.
2. Au service de Jésus
Une fois que Jésus l’a complètement libérée, elle l’a suivi et l’a servi. Vous avez peut-être croisé la route de l’un de ces chrétiens enthousiastes et toujours actifs. Ce qu’ils aiment, c’est servir. Peut-être êtes-vous l’un d’eux. Eh bien, Marie de Magdala nous enseigne deux leçons simples et puissantes :
– Pour le servir comme il le désire, vous devez d’abord être libre. Trop de croyants essaient de le servir tout en étant toujours liés par des souvenirs tristes, un complexe, un esprit rancunier, de l’amertume ou autre chose. Nous finissons par avoir l’habitude de vivre notre christianisme sous un nuage gris. Puis-je vous conseiller d’arrêter votre service et de rechercher une pleine libération ? La liberté en Christ n’est pas une doctrine académique, c’est une expérience réelle à la disposition de chaque croyant.
– Pour le servir comme il le désire, il faut le suivre. Le fait d’être né de nouveau et actif dans les activités chrétiennes ne suffit pas.
Il nous faut avoir le désir de servir nous-mêmes le Seigneur, et pourtant, la plupart du service chrétien est effectué en équipes. Le Seigneur a constitué une équipe d’apôtres, Paul a voyagé et servi avec d’autres. Nous voyons également que Marie de Magdala a servi Jésus au sein d’une équipe de femmes. Les équipes sont habituellement faites de personnes aux caractères différents, et cela peut facilement devenir une source de problèmes. Vous seriez surpris de savoir combien de conflits et de tensions existent entre des missionnaires qui ont donné leur vie pour servir le même Maître ! Même l’équipe des apôtres a eu ses moments de conflits et de stress internes (Marc 9.34). Marie de Magdala n’était pas une solitaire, ni ne se distanciait du service en équipe, et pourtant, l’Écriture ne la cite dans aucune des situations de conflit. Elle aimait avec passion, et pourtant était assez souple pour travailler avec « plusieurs autres » (Luc 8.3). Marie de Magdala partageait son Seigneur et son service avec bon nombre de personnes différentes :
(a) Les hommes (Luc 8.1). Les Douze avaient été choisis spécialement par Jésus. Ils étaient parfois un peu autoritaires et critiques vis-à-vis des autres. Les yeux de Marie de Magdala, comme les yeux de la plupart des autres femmes sensibles, devaient l’avoir remarqué. Il n’y a aucune preuve qu’elle ait été en concurrence avec eux, ni qu’elle soit entrée en conflit avec eux. Elle était active et heureuse dans son rôle d’aide.
(b) Les femmes riches. D’entre celles qui servaient, on trouvait des femmes comme « Jeanne, la femme de Chuzas, intendant d’Hérode » (Luc 8.3). Les femmes d’un milieu aisé ont souvent l’habitude de faire comme elles l’entendent et de dire aux autres quoi faire. Il n’est pas toujours aisé de travailler avec elles. Il n’y a aucune preuve que Marie de Magdala soit entrée en conflit avec elles.
(c) Les femmes politiques. Le Seigneur avait appelé deux frères, Jacques et Jean, fils de Zébédée, un pêcheur. Ils se sont joints aux Douze (Marc 3.13-19). Leur mère était également parmi ces femmes, qui suivaient et servaient Jésus (Matt 27.55-56). Il me semble qu’elle devait être une femme quelque peu ambitieuse. À un moment où les dix autres apôtres étaient occupés ailleurs, elle amène Jacques et Jean à Jésus, s’agenouille devant lui et lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici, s’asseyent, l’un à ta droite et l’un à ta gauche, dans ton royaume. » Lorsque les autres disciples l’apprirent, cela créa des tensions entre eux. (Matt 20.21). Jésus avait surnommé ces deux jeunes gens « Fils du Tonnerre » (Marc 3.17), et je me suis parfois demandé si ce surnom avait quelque chose à voir avec le caractère de leur mère ! Et pourtant, nous ne trouvons aucun rapport de conflit entre Marie de Magdala et cette femme. Elle était préparée à « partager » Jésus avec des femmes compliquées.
(d) La parenté de Jésus. L’apôtre Jean rapporte que Marie de Magdala était présente à la Croix, avec la mère de Jésus et l’une de ses tantes (Jean 19.25). La mère de Jésus et sa tante avaient d’étroits liens de famille avec Jésus, mais pas Marie de Magdala. Les liens familiaux peuvent aisément provoquer des frictions au sein d’équipes, et pourtant Marie de Magdala aimait et servait son Maître sans aucune manifestation de jalousie ou d’esprit de compétition. Pouvez-vous travailler de manière heureuse avec ceux qui pensent qu’ils sont plus proches du Seigneur, ou plus spirituels que vous ?
3. Près de la croix
Marie de Magdala est connue pour s’être tenue près de la croix du Seigneur. Pour certains, le fait de se tenir là pouvait être considéré comme une attitude de passivité, comme une présence relativement insignifiante. Regardons-y de plus près. Marie de Magdala, ainsi que les autres femmes, avait marché depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem. Jésus avait été fait prisonnier le jeudi soir, et ces femmes avaient dû rester éveillées toute la nuit du jeudi, en se demandant ce qui allait arriver à leur Seigneur. Pouvez-vous imaginer ce qui s’est passé dans leur cœur quand elles ont entendu le peuple crier : « Crucifie, crucifie-le ! » Le vendredi matin, elles ont suivi Jésus au Calvaire. Elles l’ont vu être crucifié et élevé sur cette croix. Elles n’ont trouvé aucun réconfort moral dans les Douze : en fait, l’un d’eux l’avait trahi, et un autre l’avait publiquement renié. Si vous avez déjà été à l’hôpital voir un proche souffrir, vous pouvez bien comprendre que Marie de Magdala devait être, à ce moment-là, épuisée émotionnellement.
Mais Matthieu rapporte quelques autres incidents : pour ajouter à la peine, « ceux qui passaient par là l’injuriaient, hochant la tête » (27.39). Et pourtant, Marie de Magdala n’avait pas honte de son Seigneur. Ensuite à partir de midi et pendant trois heures, « il y eut des ténèbres sur tout le pays » (27.45). Je me souviens d’une éclipse totale de soleil qui s’est déroulée ici en Colombie quand j’étais un jeune garçon. Pendant une chaude après midi, nous avons connu quelques minutes de ténèbres. Outre quelques chiens qui hurlaient et des poulets affolés qui allaient se jucher pour dormir, je me rappelle d’un froid étrange. Pendant les trois heures de ténèbres, Marie de Magdala, ainsi que les autres femmes, devaient se sentir fatiguées, mais avoir également très froid. Alors, elles ont entendu celui qu’elles aimaient crier encore d’une voix forte et mourir (27.50). « Et voici la terre trembla, et les rochers se fendirent, et les sépulcres s’ouvrirent » et des personnes mortes revinrent à la vie (27.51-52). Un tremblement de terre provoque de la panique, sans parler des tombes ouvertes et des morts ressuscités. Il nous est même dit que le centurion et son équipe de tueurs professionnels « eurent une fort grande peur » (27.54). Qu’est-ce qui retenait ainsi Marie de Magdala près de cette croix ? Pourquoi ne s’était-elle pas enfuie avec les autres disciples ? Je pense que ce qui a fait la différence, c’est le milieu d’où elle venait : « Celui à qui il est peu pardonné, aime peu » (Luc 7.47). Une gratitude profondément ressentie était le moteur de sa dévotion.
Avant de continuer, nous devrions peut-être nous demander comment notre foi et notre dévotion à Christ répondent à l’injustice, à la peine et à la souffrance. Nos « pourquoi » sans réponse nous écartent-ils du Seigneur ? Comment notre expérience chrétienne nous fait-elle répondre aux rires et au ridicule ? Comme Pierre, nous tenons-nous à distance d’une identification publique avec Jésus ? Et qu’en est-il de ces moments de ténèbres, où le futur semble si incertain. Restons-nous fermes, et dans la proximité de notre Seigneur ? Parfois, la mort inattendue de l’un de ceux que nous aimons ébranle notre monde. Parfois, nous nous trouvons dans d’autres tremblements de terre (comme le chômage, le divorce, les divisions d’assemblée) qui ébranlent les fondations de nos certitudes. Parfois, nous nous trouvons face à la résurgence de problèmes financiers ou de santé oubliés depuis longtemps. Comme Marie de Magdala, dans le trouble, la douleur, le froid et la fatigue, restons près de notre Seigneur.
4. Face à la mort de son Maître
Jésus est mort après 3 heures le vendredi après midi. Au coucher du soleil, le sabbat allait commencer, et il n’y avait plus que quelques heures pour préparer le corps de Jésus et le mettre dans une tombe. Joseph d’Arimathée et Nicodème se chargèrent de l’ensevelissement (Matt 27.57-61 ; Jean 19.38-42). Pendant ce temps-là, « Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre » (Matt 27.61).
Auriez-vous critiqué Marie de Magdala si elle était rentrée à la maison après la crucifixion ? N’avait-elle déjà pas fait plus que son devoir ? En fait, maintenant que Jésus était mort et qu’elle était inoccupée, il aurait été tout à fait raisonnable qu’elle rentre se reposer. Mais Marie de Magdala n’est pas partie. Elle a suivi le corps jusqu’à ce qu’une grande pierre soit roulée devant l’entrée du tombeau. Un cœur aimant et dévoué fait toujours plus que ce qui est strictement nécessaire. Il marche un kilomètre de plus. Il va au-delà de son devoir. Mesurez-vous votre service ? Comparez-vous votre degré de dévouement avec celui des autres ? Un cœur qui aime vraiment le Seigneur ne s’embarrasse pas de telles comparaisons !
5. Face au tombeau vide
« De fort grand matin, le premier jour de la semaine, […] comme le soleil se levait, » Marie de Magdala et deux autres femmes « viennent au sépulcre » (Marc 16.1-3). Êtes-vous de ceux qui se lèvent tôt le matin ? Bien sûr, nous pouvons méditer la Parole de Dieu et jouir de la communion avec le Seigneur à tout moment de la journée, mais le matin tôt est un moment spécial. Notre esprit est frais. Nous sommes dispos. Nous donnons le ton de la journée qui commence. Vous pouvez trouver des références à Abraham, Josué, Gédéon et au Seigneur lui-même, qui se levaient tôt le matin. Lorsque l’on s’intéresse aux biographies d’hommes et de femmes de Dieu, on découvre que presque toujours, ce sont des lève-tôt. Et qu’est-ce qui a fait se lever tôt ces femmes fatiguées ? L’ange du sépulcre le savait. Il leur dit : « Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. » Et alors, il ajoute la bonne nouvelle : « Il n’est pas ici ; car il est ressuscité, comme il l’avait dit. » (Matt 28.5-6).
Vous avez sans doute remarqué que l’amour et la passion ne sont pas toujours logiques et rationnels. Il y a quelques mois, nous avons offert à une voisine d’emmener régulièrement son enfant avec les nôtres à l’école en voiture. Cela lui épargnerait ainsi du temps et de l’argent. À notre surprise, la maman a décliné notre offre : « J’aime emmener et aller chercher mon petit garçon », nous a-t-elle dit. Lorsqu’une femme pécheresse a versé un parfum coûteux sur les pieds de Jésus, certains de ses disciples s’en sont indignés : « A quoi bon cette perte ? » (Matt 26.8). Ce n’était pas une utilisation rationnelle des ressources. Marie de Magdala et les autres femmes ont acheté des aromates pour oindre le corps de Jésus. Elles se sont levées et sont allées tôt le matin, et en chemin, « elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ? » (Marc 16.3) Bonne question ! La garde romaine serait-elle coopérative ? C’était peu vraisemblable ! Elles auraient peut-être dû en parler avant d’acheter les aromates ! Mais leur cœur et leur esprit étaient fixés sur Jésus, pas sur ces détails techniques. L’amour trouve toujours un moyen.
Ce triste vendredi, après avoir laissé le corps de Jésus dans le tombeau, Marie de Magdala et les autres femmes, « s’en étant retournées, […] préparèrent des aromates et des parfums » (Luc 23.55-56). Cela n’était-il pas du gaspillage ? Pourquoi une telle dépense ? Personnellement, je serais enclin à me passer des aromates et du parfum. Ce que vous mettez sur un corps mort n’a pas vraiment d’importance, n’est-ce pas ? Les femmes savaient que Nicodème et Joseph avaient déjà enveloppé le corps avec « une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres ». (Jean 19.38-42). N’était-ce pas assez ? Mais un cœur aimant et dévoué ne raisonne pas ainsi. Ce que font les autres n’a pas d’importance. Il fallait exprimer leurs propres sentiments. Tant de cantiques chrétiens ont déjà été composés, pourquoi vouloir en composer un nouveau ? Tant de livres chrétiens et de traités ont déjà été écrits, pourquoi faire l’effort d’en écrire un autre ? Tant de chrétiens aisés donnent généreusement à l’œuvre du Seigneur, pourquoi donc apporter ma petite contribution ? Tant d’évangélistes éloquents annoncent l’évangile à la radio et à la télévision, pourquoi m’occuperais-je à distribuer quelques traités ? Tant de grandes organisations s’occupent d’aider les personnes nécessiteuses dans ce monde, alors pourquoi m’occuper de cette famille d’émigrés qui vient juste d’arriver à côté de chez nous ? Notre apport peut être petit, et pourtant un cœur aimant et dévoué ne raisonne pas comme ça. Comme Marie de Magdala, nous voulons aussi donner à Jésus quelque chose qui sente bon. « Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. » (Héb 13.16) Ces actes sont également appelés « un parfum de bonne odeur, agréable à Dieu » (Phil 4.18).
6. Rencontrée par le Ressuscité
Comme je l’ai souligné plus haut, Marie de Magdala était allée au sépulcre pour chercher Jésus (Matt 28.5). Ce n’est pas facile de se lever tôt quand on est fatigué. Près du sépulcre, elles ont subi un autre « grand tremblement de terre » lorsque l’ange du Seigneur a roulé la pierre (Matt 28.2). Vous pouvez rencontrer des difficultés dans le chemin, mais quiconque cherche vraiment Jésus le trouvera finalement. « Vous me chercherez, et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre coeur, et je me ferai trouver à vous, dit l’Éternel » (Jér 29.13-14). Dans l’Évangile selon Jean, nous trouvons racontée la rencontre émouvante entre Marie de Magdala et le Christ ressuscité. Les disciples étaient entrés dans le tombeau vide et « s’en retournèrent donc chez eux. Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. » (Jean 20.10-11) Elle était seule avec sa peine. Celui que son cœur aimait avait disparu. Dans son angoisse, elle ne semble pas remarquer que deux anges lui parlent. Dans sa profonde détresse, elle regarde à Jésus qui se tient à côté d’elle et ne le reconnaît pas. Ce n’est que lorsqu’elle entend la voix chaleureuse et familière du Seigneur qui l’appelle par son nom qu’elle sort de ses tristes affres et qu’elle l’adore.
Parfois, notre tristesse naturelle peut mettre une distance entre nous et la bénédiction que le Seigneur voudrait nous donner. Le Seigneur peut se servir d’autres chrétiens, et même d’anges, pour consoler nos cœurs. Nous écoutons leurs mots, nous savons qu’ils sont vrais, et pourtant nous ne les laissons pas atteindre notre âme. Nous voyons la preuve de la bonté du Seigneur à notre égard ; dans notre cœur nous savons que le Seigneur est proche, et pourtant, dans notre détresse, nous ne lui permettons pas de réjouir notre cœur. Êtes-vous seul ? Êtes-vous blessé ? Le même Seigneur Jésus, qui s’est soucié de Marie de Magdala, se soucie aussi de vous. Il vous invite à élever vos yeux au-dessus de vos tristes circonstances et à le regarder. Il veut que vous l’aimiez et l’adoriez.
7. Contestée dans son témoignage
Lorsque Jésus a été tenté par Satan, il lui a répondu : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Luc 4.8). Après l’adoration vient le service. Le Seigneur demande alors à Marie de Magdala d’aller porter un message aux autres disciples, « qui étaient dans le deuil et pleuraient. » (Marc 16.10). Le Seigneur s’occupait aussi d’eux. Lorsque nous nous ouvrons à la consolation de notre Seigneur, il nous donne habituellement assez de grâce pour que nous puissions aussi réconforter les autres (2 Cor 1.3-4). Marie de Magdala était très spéciale aux yeux du Seigneur, mais elle n’était pas la seule.
Marie a essuyé ses yeux et a obéi au Seigneur Elle a fait exactement ce qu’il lui a demandé, et elle l’a fait immédiatement. Comment les disciples ont-ils réagi à son message ? « Et ceux-ci, apprenant qu’il était vivant et qu’il avait été vu d’elle, ne le crurent point. » (Marc 16.11) Essayez d’imaginer cette rencontre. Avec joie et passion, Marie de Magdala annonce la bonne nouvelle, et tout simplement les disciples ne la croient pas. D’autres ont-ils remis en question la véracité de votre témoignage ? Savez-vous ce que l’on ressent lorsque l’on est soupçonné de déformer la vérité ? Comment a-t-elle réagi à cette situation émotionnelle très inconfortable ? A-t-elle reproché aux disciples d’être sexistes pour refuser un témoignage féminin ? A-t-elle juré, comme Pierre, pour ajouter du poids à ses mots ? (Matt 26.74). A-t-elle couché son récit par écrit en le faisant circuler pour prouver ses dires ultérieurement ? S’est-elle mise en colère en protestant ? Non ! Marie de Magdala a simplement fait ce que Jésus lui avait demandé, et a remis la réaction des disciples au Seigneur. Le Seigneur a remarqué cette situation tendue. Nous lisons que « plus tard, il apparut aux onze, comme ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité » (Marc 16.14). Ensuite, et comme toujours, le Seigneur se tient à côté et soutient ses serviteurs. Nous avons ici en Colombie un dicton qui affirme que « tôt ou tard, un corps mort refait surface ». Le Seigneur fait en sorte que la vérité se fasse jour à un moment ou à un autre (Luc 12.1-3). Certains jettent-ils le discrédit sur vos motifs, vos paroles ou vos actes ? Avez-vous l’impression d’être incompris ? Comme Marie de Magdala, dites la vérité calmement et clairement. Adorez-le avec joie. Et continuez à faire ce que le Seigneur vous a demandé de faire. L’opposition ne justifie jamais l’amertume ni la paralysie.
Attachés à Lui sans réserve
Après que j’ai apporté un message dans une église en Allemagne, un jeune frère m’a demandé comment obtenir « un cœur passionné pour Jésus ». Marie de Magdala nous en montre le chemin.
1. Reconnaissez votre état de péché. À moins que vous ne ressentiez véritablement ce que Christ a fait (et fait actuellement) pour vous, vous ne pourrez qu’ « aimer peu ».
2. Continuez à suivre le Seigneur, pas les disciples, pas l’église locale, pas les illustres et pieux prédécesseurs, pas même les doctrines. Nous devons suivre le Seigneur avec les autres, mais nous ne suivons pas les autres1.
3. N’ayez pas un cœur partagé. Les douceurs et les en-cas coupent l’appétit. Si vous suivez des conventions religieuses et vous efforcez de satisfaire des attentes humaines, vous en tirerez suffisamment de satisfaction pour perdre l’appétit quant à la réalité profonde. À la fin de la vie de Josué, son conseil au peuple d’Israël a été : « Or prenez bien garde à vos âmes pour aimer l’Éternel, votre Dieu. » (Josué 23 : 11).
Notes:
1 Cette affirmation ne contredit pas les propos de l’auteur de l’article sur Paul, l’anti-modèle pour aujourdh’hui (p.1). Même si nous sommes appelés à imiter les croyants qui ont marché fidèlement à la suite de Christ, nous devons suivre Christ, et non des hommes (note de l’éditeur).
Philip Nunn sert le Seigneur depuis 1992 comme missionnaire en Colombie. Il est particulièrement impliqué dans le travail d’évangélisation et de formation de nouvelles assemblées chrétiennes dans ce pays, cherchant à stimuler le développement d’églises locales . Il est marié avec Anneke et a quatre enfants.
Dans la Bible, on voit que l’administration1 de l’assemblée est confiée à des hommes, des frères mûrs, pieux, agissant d’une manière collégiale (1 Tim 3, Tite 1). Leur rôle est de guider l’assemblée2 de façon à répondre aux désirs de Christ, la tête de l’Église. Le Nouveau Testament énumère les qualités personnelles de ces hommes. De manière assez détaillée, il décrit aussi leurs responsabilités et la façon dont ils doivent agir.
Cet article laisse de côté des questions techniques importantes — de quel nom appeler ces hommes (s’il y a lieu de le faire) ? comment deviennent-ils des conducteurs ? dans quelle mesure sont-ils publiquement reconnus ? certains sont-ils (ou devraient-ils être) plus influents que d’autres ? etc. Le propos est d’abord de montrer comment ces conducteurs peuvent être efficaces dans l’accomplissement de la tâche que Dieu leur a confiée.
I. Comité ou équipe ?
Certains considèrent le rôle de conducteur comme un statut dans l’Eglise. Bibliquement, conduire n’est pas une position, mais un travail, un humble service pour Dieu et pour ses frères et sœurs (1 Tim 3.1). C’est une tâche ardue. Si l’on n’est pas au clair sur ce point, on risque fort de devenir un tyran spirituel.
Les frères conducteurs fonctionnent en général comme un comité. Même dans les assemblées où ils se respectent, se font confiance et entretiennent un véritable dialogue, chaque frère peut être influencé par ses liens familiaux ou avoir des vues personnelles sur des points de détail. Ils recherchent ensemble la volonté du Seigneur sur différentes questions par voie de consensus. Le plus souvent, ces hommes essaient de se considérer comme égaux. Ils reconnaissent, et parfois tolèrent simplement le fait qu’ils soient différents, mais ils ne capitalisent pas sur ces différences.
Par contre, une équipe est quelque chose de différent. Dans une équipe, on reconnaît que Dieu a fait chaque frère conducteur différent des autres, avec des dons uniques, des forces propres, et par conséquent un apport spécifique à la tâche commune. Ainsi, chaque frère conducteur sait qu’il remplit un rôle particulier ou apporte une contribution spécifique dans le processus de conduite, et les autres frères le reconnaissent et l’apprécient dans le rôle qui lui est propre.
II. Cinq types de conduite dans l’assemblée
Depuis le début des années 1980, le commerce et l’industrie européens se sont particulièrement intéressés au concept du travail en équipe. Plusieurs études ont été réalisées pour identifier les caractéristiques personnelles qui freinent ou dynamisent les efforts de l’équipe. Certains de ces auteurs profanes imaginent avoir trouvé quelque chose de révolutionnaire et de nouveau, mais en fait ils décrivent tout simplement ce que l’apôtre Paul avait présent à l’esprit quand il parle du fonctionnement interne du "corps" de Christ. Dans ce corps unique, chaque membre est différent d’un autre, chaque membre est nécessaire pour assurer le fonctionnement équilibré de l’ensemble, les différentes parties se complètent mutuellement et travaillent harmonieusement, dans leurs diverses fonctions, pour le bien commun (1 Cor 12). Cette image du corps humain s’applique à tous les aspects de la vie d’église, y compris son administration.
De nombreux milieux chrétiens ont adopté des structures fortement hiérarchisées, plus ou moins éloignées du modèle biblique. Mais on constate que beaucoup réfléchissent sur ces sujets et aspirent à plus de simplicité.
Mon expérience et les observations que j’ai pu faire sur plusieurs continents et sur le champ missionnaire m’ont conduit à distinguer 5 rôles distincts ou types de conduite.
1. Le "visionnaire" : c’est un frère qui a un sens aigu du devoir. Il cherche à se tenir informé de ce qui se passe (dans le sens général) et il entretient des contacts dans et en dehors de l’assemblée. Il associe les Écritures aux besoins présents et futurs, propose de nouvelles idées et améliore la façon de réaliser les choses. Il est créatif, visionnaire et révolutionnaire ; ses propositions et ses idées troublent fréquemment le "train-train" de l’ensemble.
2. Le "coordinateur" : c’est le frère qui d’habitude regarde sa montre, qui a la capacité naturelle d’empêcher une réunion entre conducteurs de stagner. Il aide à prendre des décisions, et il s’assure que chacun est au clair sur la personne responsable de mettre en chantier les actions décidées. Quand ce frère ne peut pas venir, les discussions tournent souvent en rond et la réunion traîne !
3. Le "réalisateur" : c’est un plaisir d’avoir ce genre de frère dans la conduite de l’assemblée. Par exemple, aussitôt qu’une nouvelle disposition des sièges est décidée, il modifie leur agencement ! C’est un homme énergique, qui tient ses promesses, un homme de Dieu discipliné. Il n’a pas peur des obstacles, mais il peut parfois être trop rigide pour atteindre le but convenu.
4. Le "pasteur" : en fait, tous les frères conducteurs doivent avoir un cœur pastoral, c’est-à-dire un amour profond pour le peuple de Dieu et le désir de le servir (1 Pi 5.1-4). Mais l’observation montre que chez certains frères seulement, ce caractère est bien développé, joint à de bonnes aptitudes sociales. Le frère "pasteur" aime faire des visites ; il connaît le nom de la plupart des croyants dans l’assemblée (même le nom de leur chat !), et il est intéressé par tout ce qui les concerne et s’en rappelle. Il est la personne vers laquelle on se tourne naturellement dans les moments de crise familiale. Il est très affecté quand quelqu’un est critiqué injustement dans une réunion. Il rappelle aux frères d’être pratiques et réalistes. Par exemple, il leur fera remarquer que les enfants ne peuvent pas rester tranquilles et écouter parler du tabernacle pendant 4 heures ! Il rappelle à ses frères qu’ils ont affaire à de vraies personnes, des blessées, des frustrées, des fatiguées, des vulnérables. Reflétant le grand cœur du Souverain Berger, il rappelle constamment aux frères conducteurs que chaque personne et chaque cas sont différents et dignes d’une attention particulière.
5. Le "contrôleur de qualité" : ici aussi, tous les frères conducteurs doivent tenir "ferme la fidèle parole selon la doctrine" et être capables de "réfuter les contredisants" (Tite 1.9). Mais là encore, on constate des différences entre frères. Le "contrôleur de qualité" paraît souvent un peu passif et réservé. Il connaît sa Bible et pose fréquemment des questions qui dérangent sur les propositions qui viennent d’être faites. Il peut être vieux ou jeune, et il n’est pas nécessairement le plus "éduqué" ou le plus "intellectuel" du groupe, mais il ressent profondément que Christ est le chef de l’Église et que nous devrions faire attention de ne pas le décevoir. Il se méfie instinctivement du changement ou de la nouveauté et voit les dangers de chaque option envisagée. Il demande fréquemment qu’une décision soit renvoyée à la prochaine réunion pour donner plus temps à la réflexion et à la prière. Dans une période de changement, son rôle doit être particulièrement estimé et apprécié. Cette fonction est aussi importante que n’importe laquelle des 4 autres.
On devrait donc trouver environ cinq frères conducteurs dans une assemblée. Ce nombre est approximatif, puisque plusieurs frères peuvent appartenir au même profil ou un seul peut réunir les caractéristiques de plusieurs types. Pour maintenir une conduite saine, et par conséquent une vie d’assemblée saine et heureuse, il faut s’occuper de ces cinq domaines de responsabilité et les équilibrer.
III. Qui est qui ?
Dans le sport, le commerce et l’industrie, on forme des équipes équilibrées en choisissant des personnes qualifiées et des personnalités variées pour atteindre au mieux les résultats désirés. Dans l’Eglise, c’est l’Esprit Saint qui accorde les dons (1 Cor 12.11 ; Eph 4.11) et le vouloir (Phil 2.13), et qui choisit les hommes devant surveiller ou conduire le troupeau (Act 20.28).
Pourtant nous ne devons pas rester passifs dans le processus. Nous devons désirer avec ardeur les dons spirituels (1 Cor 14.1). Pour la conduite de l’assemblée, nous avons une parole "certaine" : "Si quelqu’un aspire à la charge de surveillant, il désire une œuvre excellente" (1 Tim 3.1). C’est alors la responsabilité de la personne et de l’assemblée de reconnaître ce que le Saint Esprit accomplit parmi eux (1 Thes 5.12,13). Comme les frères conducteurs travaillent en équipe, résolvent les problèmes et recherchent la direction du Seigneur pour l’assemblée, leurs dons et leurs aptitudes vont naturellement se manifester. Il n’est pas question de donner à chaque frère conducteur un rôle dans l’équipe des frères conducteurs, mais simplement de reconnaître la contribution unique que chacun apporte. Lentement le groupe se transformera en une équipe de frères conducteurs.
Maintenant, posez-vous les questions suivantes, particulièrement si vous avez une responsabilité dans votre assemblée : quel est celui ou quels sont les deux types parmi les cinq types de conduite d’assemblée qui vous caractérisent le mieux ? Réfléchissez également à la façon dont vos autres frères participent aux réunions. Notez leurs noms et leurs caractéristiques générales et essayez de les classer dans un ou plusieurs types de conduite. Cet exercice, fait seul ou avec d’autres, présente les avantages suivants :
1. Pour aider au développement personnel : chaque type de conduite a des faiblesses inhérentes. Le "visionnaire" risque d’avancer trop rapidement et de se distancer des autres. Le "coordinateur" court le danger de manipuler les autres. Le "réalisateur" devient facilement impatient et le "pasteur" mou et trop tolérant. Le "contrôleur de qualité" peut tomber dans la méfiance et développer un esprit de jugement et de critique sur les motifs et la spiritualité des autres frères.
Identifier le type auquel vous appartenez vous aidera à améliorer votre contribution, en développant vos points forts, tout en faisant un effort pour éviter vos faiblesses naturelles.
2. Pour mieux apprécier les autres : identifier la contribution de vos frères conducteurs vous aidera à devenir plus flexible, plus patient et plus réceptif aux différences observées et aux diverses contributions. Cela aide à réduire notre esprit instinctif de jugement envers ceux qui diffèrent de nous, nous ralentissent ou essayent d’introduire des changements.
3. Pour approfondir l’interdépendance : se considérer et s’accepter les uns les autres comme membres d’une équipe de frères conducteurs avec des profils différents encourage l’interdépendance et l’approfondissement, toujours important, de la confiance mutuelle. Les conducteurs apprennent à se faire confiance, à s’appuyer et à compter les uns sur les autres.
4. Pour tendre vers le maintien d’un équilibre : il est très possible que vous détectiez des lacunes chez les frères qui conduisent l’assemblée. Si l’un ou l’autre de ces 5 types de conduite fait défaut, l’assemblée en souffrira. L’absence du type "visionnaire" mène à la stagnation de l’assemblée. Le manque de "coordinateur" se voit dans l’incapacité de prendre des décisions et le découragement. Sans le "réalisateur", beaucoup de bonnes choses sont discutées et décidées, mais peu se réalisent. Si le type "pasteur" est faiblement représenté, l’équipe de conduite tend à se couper des autres saints. Sans l’influence du "contrôleur de qualité", des décisions rapides et imprudentes peuvent être prises ou alors l’assemblée suit des tendances populaires et s’éloigne des Écritures. Une fois que les frères conducteurs se sont rendu compte collectivement de toutes leurs lacunes, ils peuvent prier pour que Dieu stimule les types de conduite faiblement représentés ou suscite ceux qui leur manquent. En attendant, ils peuvent rechercher collectivement à combler leurs lacunes et à restaurer un sain équilibre dans la conduite de l’assemblée.
Conclusion
L’administration de l’assemblée par des hommes, dans un esprit de piété et de collégialité, était pratiquée et enseignée dans l’Église du temps des apôtres. Mais les bénéfices de la collégialité, selon les plans divins, sont loin d’être automatiques. Ils seront réalisés si les frères conducteurs essayent de travailler davantage comme une équipe, chacun reconnaissant son propre type de contribution et celui des autres. Ensemble ils chercheront à combler leurs lacunes pour conduire d’une manière équilibrée. N’oublions pas que le jour viendra où nous nous tiendrons devant Dieu pour lui rendre compte de la façon dont nous avons conduit son peuple (Héb 13.17). Nos familles, les croyants, les non-croyants, et la prochaine génération, bénéficieront de tous les progrès que nous pourrons réaliser. Il en vaut vraiment la peine.
1 Les mots "conduite" ou "administration" ont été utilisés dans cet article pour rendre le mot "leadership" utilisé par l’auteur dans son texte anglais initial. Pour désigner ceux qui assument cette fonction, le terme de "conducteurs" (utilisé en Héb 13.7, 17, 24) a été retenu. Cependant, l’emploi de ce dernier exige de se défaire de l’image du conducteur de bus qui dirige son véhicule rempli de passagers passifs (défense de parler au conducteur !). Dans l’Eglise, les conducteurs sont ceux qui sont à la tête, donnent des impulsions, assument des responsabilités, etc., sans pour autant tout contrôler ! Dans l’assemblée, il s’agit à proprement parler des anciens ; dans d’autres contextes (services, oeuvres…), ce peut être d’autres personnes.
2 Dans cet article, le mot "assemblée" désigne une église locale.
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