PROMESSES
L’apôtre Paul exhortait son enfant dans la foi Timothée à combattre le bon combat de la foi (1 Tim 6.12).
Lui-même affirme que c’est ce qu’il a fait dans sa vie chrétienne (2 Tim 4.7).
Cette exhortation concerne tous les chrétiens. Le combat spirituel est le fait même de notre participation à la nature divine, à partir du moment où nous sommes devenus enfants de Dieu.
C’est Dieu qui fixe le plan de guerre et nous donne les armes.
Le combat spirituel annoncé dès la chute de l’homme
Le combat spirituel est annoncé par Dieu dans Genèse 3.15 lorsqu’il dit au serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon ». En même temps que cette guerre est annoncée, la victoire sur les forces du mal est aussi assurée. Si Satan rendra l’humanité infirme (« tu lui blesseras le talon »), Jésus-Christ lui portera un coup fatal (« celle-ci t’écrasera la tête »). Tout chrétien doit être conscient que sa nature divine le place automatiquement dans le combat spirituel. D’un côté, nous avons la postérité de la femme qui représente la puissance de Dieu, et de l’autre, nous avons la postérité du serpent qui représente les puissances du mal.
Les Juifs qui voulaient lapider Jésus auraient dû montrer qu’ils étaient les enfants d’Abraham en croyant en Dieu et en lui obéissant. Jésus démontre qu’ils ont pour père le Diable et qu’ils se placent en opposition face à lui (Jean 8.39-44).
De même, l’apôtre Paul parle de cette persécution des enfants nés selon la chair contre ceux qui sont nés selon l’Esprit (Gal 4.28-29). Aussi, il mentionne que nous qui sommes sauvés maintenant, nous avons autrefois marché selon l’esprit du Diable (Éph 2.1-3). Quant à l’apôtre Jean, il identifie les enfants de Dieu et les enfants du Diable en observant leur pratique ou non du péché (1 Jean 3.8-10). Ainsi, nous pouvons dire que tous les enfants de Dieu font le combat spirituel avec pour commandant en chef Jésus-Christ, et assistés par les anges fidèles ; alors que les non-croyants sont impliqués dans un combat spirituel avec pour commandant en chef le Diable, et assistés par les démons.
Le combat spirituel réitéré pour chaque génération
Au moment où Dieu installe le peuple d’Israël sur la terre promise, il décrète suite à leur désobéissance (ils n’ont pas pu chasser les Cananéens), que chaque génération devait connaître et apprendre la guerre. Chaque génération des enfants de Dieu doit apprendre pour elle-même la réalité du combat (Jug 3.1-2). Il y aura toujours tout autour de nous des personnes qui répandront des sectes et fausses doctrines et les puissances du mal sont présentes.
S’il est vrai que les enfants d’Israël combattaient avec des armes charnelles, la nature des armes change dans le Nouveau Testament ! Les armes charnelles consistaient à détruire les peuples idolâtres par les armes de guerre, à brûler au feu les statues, et à mettre physiquement à mort les faux prophètes (voir par exemple Élie face aux prophètes de Baal dans 1 Rois 18.40). Le chrétien aujourd’hui n’utilise pas l’épée (Mat 26.51-52).
Les armes pour le combat spirituel
La nature des armes n’est plus charnelle comme dans l’Ancien Testament. L’apôtre Paul dit aux Corinthiens : « Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses » (2 Cor 10.4). Le Seigneur Jésus réprimande Simon Pierre qui prend l’épée pour couper l’oreille de Malchus.
La désignation des armes à utiliser dans le combat spirituel se trouve dans d’autres passages du Nouveau Testament et principalement dans Éphésiens 6.13-18.
On y dénombre : la vérité, la justice, l’Évangile de paix, la foi, le salut, la Parole de Dieu et la prière.
Nous voyons qu’il n’y a ni armes blanches, ni fusils qui soient mentionnés sur cette liste ou ailleurs. Le chrétien qui va au combat spirituel ne se présente qu’avec son corps, son âme, et son esprit.
Les adversaires dans le combat spirituel
L’apôtre Paul identifie clairement les adversaires dans le combat spirituel : « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde des ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » (Éph 6.12). Même si les chrétiens voient devant eux des hommes et des femmes qui les persécutent, il leur faut comprendre que derrière ceux-ci se trouvent les puissances du mal ; et que Dieu leur a donné des armes qui sont puissantes pour renverser ces forteresses. Devant Pilate et ses accusateurs, Jésus a dit que son royaume n’était pas de ce monde pour combattre le gouverneur et ceux qui l’accusaient (Jean 18.36). Dans le combat spirituel, le chrétien doit donc éviter de limiter son regard à cet individu qui se présente devant lui. Il est vrai que tous les mauvais agissements ne proviennent pas du Diable et des démons ; il y a aussi la nature pécheresse qui pousse à la fois les non-croyants et les croyants en Christ à faire du mal. La Bible montre que Satan (1 Pi 5.8), le monde (1 Jean 2.15-16), et la chair (Rom 8.7) sont nos ennemis. Dieu nous enseigne des techniques de combat qu’il nous faut suivre.
Les techniques du combat spirituel
L’apôtre Paul précise que nous ne combattons pas contre la chair et le sang. Il déconseille ainsi l’usage de tout moyen charnel dans le combat spirituel.
Même les injures ne sont pas autorisées dans le combat spirituel : « Or, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit : Que le Seigneur te réprime ! » (Jude 9). Le Seigneur Jésus a demandé aux disciples de veiller et de prier pour ne pas tomber dans la tentation (Mat 26.41). Il a enseigné que même les démons les plus tenaces sortiront par la prière et par le jeûne (Mat 17.21). Il ne s’agit donc pas pour le chrétien de harceler le démon jour et nuit pour le faire partir ; il s’agit de parler à Dieu avec un esprit d’humilité. Dans le combat de la prière, le chrétien ne doit jamais oublier de confesser ses péchés au Seigneur ; car Dieu n’exauce pas les pécheurs ou ceux qui gardent l’iniquité dans leur cœur. Le Seigneur nous demande de bénir nos ennemis, et de ne pas les maudire (Matt 5.43-44). Enfin, Dieu recommande des principes de séparation avec les fausses doctrines, et de séparation même avec les frères qui persistent dans le péché (Mat 18.17 ; 1 Cor 5.11-12 ; 2 Jean 9-11).
Le Nouveau Testament recommande la séparation biblique d’avec les faux prophètes, et non la tuerie comme l’Ancien Testament. La victoire n’est assurée que lorsque nous suivons ces techniques bibliques.
Car « l’athlète n’est pas couronné, s’il n’a combattu suivant les règles. » (2 Tim 2.5)
La victoire assurée du combat spirituel
Dieu avait déjà dit que la postérité de la femme écraserait la tête du serpent. Par la crucifixion et la résurrection de Christ, la victoire du combat spirituel est bel et bien assurée. « Il (Christ) a dépouillé les dominations et les autorités ; et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15). Il nous faut être patients, et nous verrons bientôt de nos propres yeux la fin du combat spirituel. « Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! » (Rom 16.20)
En conclusion, face aux puissances du mal, le chrétien doit porter les armes que Dieu lui a données ; sachant que Christ a vaincu les forces des ténèbres et que par lui (Christ), le chrétien est vainqueur. La force n’est pas en nous-mêmes. Le combat spirituel n’est ni magique, ni réservé à une élite religieuse ; il est l’affaire de tous les chrétiens qui doivent marcher selon l’Esprit de Dieu et conformément aux dons spirituels et à la foi que Dieu a départis à chacun de ses enfants.
Il a toujours été discuté de savoir si le chrétien doit y prendre part. La question se pose avec autant d’acuité lorsqu’on voit la situation désastreuse dans laquelle vivent la plupart des pays africains aujourd’hui. Que peut faire l’homme de Dieu ou le chrétien tout court dans un tel contexte ? On peut considérer cette question sous trois angles.
De son identité
Le Seigneur Jésus avait prié le Père de ne pas nous ôter du monde, mais de nous préserver du mal (Jean 17.15). Il est donc conséquent que le chrétien puisse vivre dans son pays en évitant le mal et en se préservant des souillures du monde (Jac 1.27).
Le Seigneur nous fait comprendre aussi que le chrétien est le sel de la terre et la lumière du monde. Cette identité nous permet d’éclairer les uns et les autres à la lumière des saintes Ecritures, et de préserver notre entourage de la pourriture, tout en insufflant une bonne saveur comme le fait le sel.
Nos pays africains ont désespérément besoin aujourd’hui des chrétiens qui, loin de vouloir s’emparer du pouvoir politique, sont de véritables Joseph auprès de Pharaon ; de véritables Nathan auprès de David ; de véritables Daniel auprès des rois babyloniens ; et même de véritables Jean Baptiste auprès du roi Hérode. La double identité du chrétien veut aussi qu’il soit à la fois soumis aux autorités nationales (Rom 13.1-7), tout en obéissant à Dieu plutôt qu’aux hommes (Act 4.19 ; 5.29). Le chrétien, même s’il fait la politique, a ce devoir de par son identité de chrétien, de ne pas se conformer au monde (Rom 12.1-2).
De son engagement
Savoir si le chrétien doit prendre part à la vie politique de son pays est une question à laquelle il est très difficile de répondre.
S’il s’agit de la simple participation à la politique, il faut dire qu’il a ce devoir en tant que citoyen terrestre de voter pour désigner les élus qui le sont par le peuple, et de donner ses points de vue sur toutes questions non seulement pour dénoncer le mal, mais aussi pour conseiller le bien.
Mais qu’en est-il de ce que nous pouvons appeler la politique partisane ? Le chrétien doit-il fonder et diriger des partis politiques ? Doit-il postuler aux postes de Président de la République, de député, ou de sénateur etc ? C’est ce qui a toujours fait l’objet de vifs débats parmi les chrétiens. Il faut rappeler que sous la théocratie, les rois et leurs conseillers pouvaient être des croyants ou des impies, mais ils devaient diriger le pays d’Israël selon les lois divines.
À leurs côtés se trouvaient des prophètes qui avaient le devoir de leur rappeler le respect de ces lois. Malheureusement, il y avait aussi des faux prophètes qui les entouraient. D’un cas comme de l’autre, le véritable croyant devait participer à la vie politique selon les lois divines ; et c’est en respectant ces lois que Dieu leur avait promis la paix, la prospérité, et la longue vie (Deut 28.1-14 ; Rom 10.5). Si c’était le cas (la théocratie), la réponse serait absolument positive à cette question. Mais nos pays aujourd’hui sont soit sous la monarchie, soit sous la démocratie, soit même sous la dictature.
Depuis que les pays africains se sont engagés dans la voie de la démocratisation à l’occidentale, les choses deviennent de plus en plus chaotiques sur tous les plans. Il y a des lois dans la plupart des pays qui sont anti-bibliques (légalisation de l’homosexualité, des avortements, et d’autres vices de société, légalisation des emprisonnements à but d’élimination des opposants politiques etc).
La question qui se pose est donc de savoir si le chrétien africain qui veut avoir son parti politique et qui veut devenir Président de la République ou autre sera capable de maintenir et de préserver son identité de lumière du monde et de sel de la terre dans ce contexte.
Il n’est pas question ici de trancher le débat. Si le chrétien pense qu’il peut toujours dans ce contexte être un acteur politique de premier plan et glorifier Dieu selon 1 Corinthiens 10.31, qu’il le fasse, c’est Dieu qui le jugera. Il faut aussi se rappeler que devant Dieu, il n’y a point de favoritisme. Or les mœurs africaines sont toujours dominées par le favoritisme, le népotisme, et le tribalisme dont la plupart des chrétiens ont de la peine à se débarrasser.
Notre conviction est que, dans le contexte de la situation politique de nos pays, où les ténèbres morales dominent, le chrétien doit se préoccuper beaucoup plus de prêcher l’Évangile à toute la création, et de vivre comme un flambeau au milieu de cette génération perverse (Marc 16.15 ; Phil 2.15-16). L’apôtre Paul faisait remarquer à Timothée qu’« il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé. »
Si ceux qui étaient appelés à diriger les conférences souveraines organisées en Afrique dans les premières années 90, et même ceux qui sont appelés aujourd’hui à réconcilier les hommes politiques, en tant que chrétiens avaient vu les choses ainsi, il y aurait tout au moins un apaisement social aujourd’hui dans nos pays. Mais il semble qu’ils ont plutôt été motivés par le « partisanisme » et l’ambition de régner déjà dans ce monde. Or Jésus dit à Pilate : « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18.36).
De la non-résistance
Il faut tout simplement rappeler que lorsque nous regardons l’enseignement du Nouveau Testament, et même les exemples des prophètes et des apôtres, nous verrons qu’ils ont toujours pratiqué comme Jésus lui-même la politique de la non-résistance (Mat 5.38-48). Les prophètes, comme les apôtres, lorsqu’ils étaient arrêtés par les rois ou les gouverneurs de ce monde, n’ont jamais résisté à une arrestation. Ils fuyaient plutôt lorsqu’ils en avaient l’occasion, et ils se défendaient selon la Parole de Dieu lorsqu’ils étaient conduits devant les tribunaux. Lorsqu’il arriva même à l’apôtre Paul d’insulter le souverain sacrificateur, il demanda pardon en confessant qu’il n’est même pas permis de parler mal du chef de son peuple (Act 23.3-5).
Alors ceux des chrétiens qui pensent qu’ils doivent faire de la politique partisane, qu’ils sachent que les Écritures leur imposent un comportement de non-résistance à la persécution des autres hommes politiques qui ne connaissent pas Dieu. Ces persécutions devraient être plutôt l’occasion de prêcher l’Évangile.
Au lieu de s’engager dans les luttes politiques, il faut plutôt penser à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 3). Le malheur est que ce comportement porte atteinte à l’image de l’Église de Dieu dans le monde. Encore faut-il chercher à savoir s’il s’agit de véritables chrétiens (2 Pi 2.1-2).
En Afrique, il y a des cas où un mandat d’arrêt est lancé contre un pasteur, ainsi le pasteur est poussé à se cacher dans la forêt et devient incapable de s’occuper de ses brebis (si brebis il y en a). Il devient impossible de remplir la mission de Matthieu 28.18-20. Il apparaît comme si Christ n’avait pas reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Il faut donc que les chrétiens africains qui pensent faire la politique partisane puissent bien y réfléchir.
Les mandats d’arrêt contre l’apôtre Paul l’ont conduit devant les gouverneurs et les rois pour prêcher l’Évangile de Christ. C’est pourtant aussi grâce à l’arrestation de Jean et son séjour en prison sur une île que nous avons le dernier livre de la Bible à savoir l’Apocalypse.
En conclusion, dans le contexte politique africain d’aujourd’hui, le chrétien doit comprendre que les jours sont mauvais, et qu’il est dès lors appelé et interpellé à un engagement politique de plus en plus avisé et brillant. Il doit participer à l’expression de sa volonté dans le choix des dirigeants de la société. Il doit dénoncer le mal et il doit conseiller les dirigeants politiques. S’il arrive par providence de Dieu et en vertu de sa souveraineté qu’il accède à un poste de dirigeant politique (comme ce fut le cas de Joseph, Daniel, Néhémie et autres), il doit gérer en s’assurant que lorsque les lois du pays sont en contradiction avec la Parole de Dieu, il agira selon la Parole de Dieu même s’il faut qu’il soit jeté dans la fournaise ardente (Daniel 3).
Chercher à savoir si le chrétien doit ou non faire la politique, n’est pas une question à trancher pour tous et de manière absolue. Ce n’est qu’avec la maturité d’esprit qu’on peut agir sachant que le chrétien est l’ouvrage de Dieu en Jésus-Christ pour des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour qu’il les pratique (Éph 2.10). Et il n’est pas exclu que Dieu utilise son enfant partout où il veut, et lui donne la capacité de faire comme il veut.
« Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. » Hébreux 10.36
L’exhortation citée en titre s’adresse à ceux qui se sont convertis à Christ et qui sont des chrétiens en marche, en attendant la mort physique ou l’enlèvement de l’Église. Cette recommandation résonne couramment dans la Parole de Dieu, que ce soit dans l’Ancien Testament ou dans le Nouveau Testament. Toute personne devenue membre de la famille de Dieu, a besoin de persévérance. Si nous nous focalisons sur le Nouveau Testament, nous trouvons deux mots grecs qui sont beaucoup employés pour traduire cette idée de persévérance. Nous prendrons soin d’abord de préciser leur sens et leur usage, avant d’examiner les domaines où le chrétien a besoin de persévérance.
Les différents termes pour la persévérance
Le premier terme régulièrement employé est « mackrothumia » (environ 14 fois). Il est traduit par « persévérance », « longanimité », « patience », et « lenteur à venger le mal ». Ce terme véhicule l’idée de supporter pendant longtemps le mal sans rien faire pour y mettre fin. On supporte un poids. Dans les Épîtres, Dieu, comme l’homme, sont sujets de ce mot. Dieu manifeste de la longanimité, alors que les hommes se livrent au mal (Rom 2.4 ; 9.22 ; 1 Pi 3.20 ; 2 Pi 3.15). Le Seigneur possède aussi cette vertu (1 Tim 1.16). Le croyant, de son côté, supporte avec longanimité le mal sans se venger (2 Cor 6.6 ; 2 Tim 3.10), il laisse le Saint-Esprit produire cette longanimité en lui (Gal 5.22) et la développer comme caractère (Col 1.11 ; Jac 5.10) pour la manifester dans ses relations avec les autres (Éph 4.2).
Le second terme régulièrement employé est « hùpomonè » (environ 32 fois) ; c’est le seul qui se trouve dans les Évangiles, du moins lorsque le mot est employé substantivement. Il est traduit par « persévérance », « fermeté », « constance ». Ce mot véhicule l’idée d’une personne qui ne se détourne pas de son objectif délibéré et de sa loyauté à la foi et la piété, même si elle traverse les épreuves et les souffrances les plus sévères. Il y a ici l’idée d’attente jusqu’au moment fixé par Dieu lui-même. Une fois de plus, ce mot concerne à la fois Dieu et l’homme. Dieu est appelé le « Dieu de la persévérance » (Rom 15.5), mais le croyant est exhorté à manifester cette vertu dans sa vie chrétienne (Éph 6.18 ; Héb 10.36 ; 12.1).
La persévérance chrétienne veut donc que, d’un côté, on endure les souffrances, sans chercher à se venger, et, de l’autre, qu’on persiste dans la voie de la fidélité à Dieu malgré les sévères épreuves du temps ou des circonstances de la vie. Où avons-nous donc besoin de la persévérance ?
Les différents domaines de la persévérance
Sans prétendre épuiser tous les domaines d’exhortation à la persévérance chrétienne, nous en mentionnerons quatre.
a. La foi
Le premier domaine de persévérance est la foi. Les apôtres, après avoir évangélisé les gens, les exhortaient à persévérer dans la foi (Act 14.22). C’est ainsi que l’auteur de l’Épître aux Hébreux parle de la persévérance en Hébreux 10.36 avant de donner des exemples de foi dans le chapitre 11. Ainsi, le chrétien doit aller de l’avant, malgré les difficultés rencontrées sur le chemin de la foi. Au début du chapitre 12, il nous exhorte à suivre l’exemple des témoins du chapitre 11 en courant la course chrétienne avec persévérance.
b. La prière
Le deuxième domaine d’exhortation est la prière. Il nous est demandé comme chrétien de prier avec persévérance (Rom 12.12 ; Éph 6.18 ; Col 4.2). Il s’agit non seulement de poursuivre le ministère de la prière tant que nous sommes sur cette terre, mais aussi de persister avec des sujets de prière jusqu’à ce que la réponse de Dieu devienne claire.
c. Les afflictions
Le troisième domaine de persévérance concerne les afflictions. La vie chrétienne est parsemée de tribulations qui, tantôt éprouvent notre foi, tantôt la raffinent ; ainsi le chrétien est exhorté à la persévérance (« hupomonè ») pour prouver sa foi (Apoc 1.9 ; 2.3) en remportant la victoire sur toutes ces épreuves. Le chrétien est aussi exhorté à la persévérance (« machrothumia ») afin d’hériter les promesses (Héb 6.12 ; Jac 5.10) et laisser la vengeance à Dieu (Héb 10.30). Il est regrettable d’entendre parler de guerres entre chrétiens et tenants d’autres religions. Si les vengeurs sont des vrais chrétiens, dans de tels cas, est-ce par ignorance de la vertu de persévérance que cela arrive ? Le véritable chrétien a besoin de persévérance pour ne pas se venger.
d. Les bonnes œuvres
Le dernier domaine que nous allons mentionner est le domaine des bonnes œuvres. Nous avons besoin de persévérance dans la pratique des bonnes œuvres. Paul déjà parle de ceux, qui par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité (Rom 2.7). Paul, de son côté, exhorte Timothée à persévérer dans les tâches du ministère (1 Tim 4.16). La persévérance dans l’amour fraternel est aussi mentionnée dans Hébreux 13.1.
Si l’homme a premièrement besoin de se convertir au Seigneur, sa conversion suppose qu’il s’engage à aller de l’avant quelles que soient les difficultés trouvées sur le chemin, sachant que Dieu lui-même est au contrôle de tout et promet de l’affermir, de le perfectionner, et de lui donner la victoire (Jude 24-25).
Tout chrétien qui cherche à glorifier Dieu dans sa vie et qui souhaite se marier se posera la question de savoir comment vivre la période qui précède le mariage. Le désir de plaire à Dieu (la crainte de Dieu) nous encourage à appliquer les principes bibliques à tous les aspects de notre vie. Voyons donc comment un enfant de Dieu devrait vivre deux étapes qui précèdent le mariage chrétien : avant les fiançailles et pendant les fiançailles.
La vie avant les fiançailles
a) L’étude des Écritures
Celui qui a connu Christ comme Sauveur avant son mariage aura pour préoccupation de connaître la révélation de Dieu. Ainsi par l’étude des Écritures, il connaîtra mieux la volonté de Dieu, pour tous les aspects de sa vie et pour le mariage. Il pourra alors mieux s’y préparer (Jos 1.7-8 ; 2 Tim 3.14-17).
b) La préparation du corps
Nous soulevons ici la question de l’âge au moment du mariage. Un examen attentif des Écritures ne nous donne pas d’exemples de mariages à l’âge adolescent. Le mari et la femme devaient être suffisamment mûrs avant de s’engager dans le mariage. Dans le Cantique des Cantiques, il est dit : « Ne réveillez pas l’amour avant qu’elle ne le veuille. » (Cant 2.7, 3.5 ; 8.4) Si l’interprétation naturelle de ce texte vise les relations sexuelles avant le mariage, ce passage nous conseille de ne pas être précoces dans l’amour. En outre, le corps de la femme doit être assez développé pour supporter les grossesses.
c) La préparation des sentiments
Dieu ne souhaite pas que les jeunes chrétiens aient des relations sexuelles avant le mariage ou hors mariage (1 Cor 6.18 ; 7.2 ; 10.8 ; Deut 5.18). Ils veilleront à une saine proximité et concentreront leurs efforts à préparer l’union de leurs esprits (partie spirituelle de l’être) et de leurs âmes (partie émotionnelle, sentimentale de l’être). C’est le but des fréquentations : avant de vivre l’union des corps qui est réservée au mariage, le jeune homme et la jeune fille chercheront à mettre à profit le temps des fréquentations pour préparer leurs sentiments l’un à l’autre.
d) La préparation matérielle
La Bible rend le mari responsable des soins de sa famille (1 Cor 7.32-34 ; Éph 5.28-29 ; 6.4 ; 1 Tim 5.8). Si le chrétien n’a pas encore les moyens nécessaires pour s’occuper d’une femme, s’engager dans le mariage peut être problématique. De son côté, la femme doit être capable de supporter les charges matérielles du mariage. Si l’un comme l’autre ne se sentent pas capables de supporter les charges du ménage, il est normal de continuer à demander la patience à Dieu pour agir au bon moment.
e) La découverte de l’autre
Comment savoir qui sera mon époux ou mon épouse ? A la lecture de Cantique des Cantiques 1.1-4, trois éléments peuvent nous aider :
1) L’intensité des réponses émotionnelles réciproques
2) Le désir mutuel de s’aimer et de se fréquenter
3) Lors de temps de séparation (c’est-à-dire pendant les moments où on n’est pas ensemble), l’expérience de la solitude et du vide.
Comment savoir si je suis réellement amoureux ? David Hocking propose un examen en trois questions1 :
1) Est-ce que je désire être touché, caressé, et aimé par cette personne plus que par toute autre ?
2) Est-ce que je trouve sa personnalité et sa vie spirituelle plus attrayantes que son apparence (aspect physique, couleur de la peau, habillement, gestes…) ?
3) Est-ce que j’aspire à être seul avec mon ou ma fiancé(e) plus qu’avec n’importe quelle autre personne ?
Si je ne peux pas répondre par oui à au moins deux de ces questions, il est possible que je me trompe. Il m’appartient dès lors de faire plus sérieusement connaissance de celui (ou de celle) avec qui je prétends passer le reste de ma vie : c’est le but des fréquentations et des échanges qui devraient caractériser cette « saison » (Cant.1.5-11).
La vie pendant les fiançailles
a) Le respect mutuel, fondement de l’amour
Les relations sexuelles durant le temps des fréquentations sont non seulement proscrites, mais elles ne garantissent en aucun cas un meilleur engagement ! D’abord elles nous lient plus qu’il n’est convenable. En effet, on n’est plus vraiment libre de son choix si l’on partage déjà l’intimité physique de son partenaire. Ensuite, l’engagement qui sera pris n’est plus fortifié par la confiance mutuelle. Ces relations sexuelles diminuent à coup sûr l’estime et le respect réciproques, et par conséquent la qualité de l’amour conjugal à venir (voir ce qui s’est passé entre Amnon et Thamar dans 2 Sam 13.1-17).
b) Perspectives spirituelles et pratiques
Les deux fiancés doivent conjuguer leurs efforts à se préparer spirituellement (prières et méditations bibliques communes, discussions des objectifs spirituels du couple, échanges sur les grands thèmes bibliques, sur le rôle de l’homme et de la femme dans le couple, partages sur les expériences spirituelles passées, etc.). Il faut ajouter à cela la préparation matérielle du mariage (la formation, l’emploi, le budget du couple, etc.) car mari et femme auront des responsabilités à assumer pour plaire à Dieu et faire prospérer leur union (Prov 24.27 ; 31 ; Éph 5.22-33).
c) S’exercer à une vie de pureté corporelle
Le passage de 1 Cor 6.12-20 doit attirer notre attention avant et pendant le mariage. Il exige la pureté du corps et rappelle que le corps du chrétien constitue les membres de Christ (v.15), qu’il est le temple du Saint-Esprit (v.19) et qu’il appartient à Dieu (v.20). Ainsi, nous voyons la Trinité en marche dans le corps, dans l’âme et dans l’esprit du chrétien. Avoir des relations sexuelles avec notre fiancé ou notre fiancée est une violation de la volonté de Dieu en ce qui concerne le mariage, et une mise en péril de notre bonheur à venir.
1David & Carol Hocking, Romantic Lovers : The intimate marriage, Harvest House Pub, 1986.
L’Épitre aux Hébreux nous montre la pleine suffisance de Jésus-Christ par rapport à tout ce qui peut tenter le chrétien de s’écarter de la voie de la foi. Les Hébreux étaient tentés de revenir au système de la loi de Moïse, comme beaucoup parmi nous sont tentés aujourd’hui de retourner vers le système du monde dans lequel nous vivions autrefois, lorsque nous étions morts dans nos offenses. L’auteur de l’Épître écrit pour les amener (et nous aussi) à considérer l’auteur de leur salut. Voyons donc ensemble ces quelques aspects qui montrent la supériorité de Jésus-Christ.
Jésus, la révélation ultime
Selon Hébreux 1.1-3, Jésus est la dernière révélation de Dieu aux hommes. Il est supérieur à toute autre révélation parce qu’il est la révélation finale. Il n’y a plus de révélation des Écritures après Jésus. Ce que les apôtres et les prophètes de l’Église nous ont communiqué, c’est la révélation de Jésus (Jean 16.12-15). D’ailleurs, le livre de l’Apocalypse est appelé « la révélation de Jésus-Christ ». Éloignons-nous donc de toute prétendue révélation hors des Écritures.
Il est aussi supérieur en ce sens qu’il est le reflet du Dieu invisible, « l’empreinte de sa personne ». Jésus n’a-t-il pas dit à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père » ? Lorsque Dieu, se révélant aux hommes, manifeste son Fils qui est Dieu, nous devons comprendre qu’il y n’y a plus rien à ajouter, plus rien de supérieur.
Jésus est supérieur aux anges
L’auteur de l’Épître donne les raisons pour lesquelles Jésus est supérieur aux anges dans le ch. 1 :
– Il a hérité d’un nom plus excellent que celui des anges parce qu’il est « Fils de Dieu » (1.4-5).
– Tous les anges l’adorent (1.6) et le servent (1.14). Dans les Évangiles, nous voyons que les anges vinrent le servir après la tentation (Matt 4.11) et que les démons se prosternaient devant lui (Marc 5.6).
– Par rapport aux anges, il est le seul être céleste à qui Dieu a dit : « Assieds-toi à ma droite », position unique auprès du Père.
– Ses ennemis sont son marchepied ; les anges n’ont pas cette prérogative. Nous devons donc nous éloigner du culte des anges et ne jamais prier les anges, car cela n’est pas conforme à l’enseignement de la Parole de Dieu.
Jésus est supérieur à Moïse
Les Juifs avaient une grande considération pour Moïse, mais l’auteur de l’Épître aux Hébreux leur montre que Jésus est supérieur à Moïse en ce sens que Moïse était dans la maison de Dieu comme serviteur, mais Jésus-Christ l’est comme Fils (3.5-6). Dans une maison, le fils est supérieur à l’esclave, ou même au domestique.
Jésus est supérieur à Aaron
Aaron était le grand prêtre d’Israël, selon les exigences de la loi de Moïse. Mais Christ est le grand prêtre selon Dieu. Aaron était le sacrificateur d’Israël, mais Jésus est le sacrificateur de toutes les nations de la terre (5.8-10). Les sacrifices d’Aaron ne contribuaient qu’à couvrir les péchés parce que le sang des animaux ne peut réellement ôter les péchés, mais le sacrifice de Jésus-Christ expie et ôte les péchés (10.4-14).
Ici, la leçon est qu’un homme, quel que soit son rang ecclésiastique, ne peut pardonner nos péchés ; et un sacrifice, quel qu’il soit, ne peut apaiser la colère de Dieu sur nous. Jésus est « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». C’est lui qui a pu satisfaire les exigences de la colère de Dieu. C’est vers lui que nous devons nous tourner pour recevoir soit le salut, soit le pardon des péchés commis en tant qu’enfant de Dieu. Lorsque nous avons fait tort à quelqu’un en agissant mal envers lui, notre devoir est d’aller le trouver pour lui demander son pardon, en espérant que l’offensé sera d’accord de nous l’accorder. Lorsque nous offensons Dieu, et nous en repentons sincèrement devant lui, nous avons l’assurance qu’il nous relèvera, puisqu’il a déjà pourvu au moyen de réconciliation. En effet, bien avant notre naissance, la purification des péchés a été accomplie par l’aspersion du sang de la seule victime parfaite que le monde ait connue : Jésus-Christ.
Jésus donne une motivation supérieure dans la course de la foi
Après avoir donné des exemples de foi dans le ch. 11, l’auteur nous démontre dans le ch. 12 qu’une fois de plus, Jésus est supérieur lorsqu’il s’agit de trouver une motivation dans la course chrétienne. C’est en effet Jésus qui suscite la foi et la mène à la perfection.
Dans les difficultés, nous devons fixer nos yeux sur lui et sur son exemple de souffrance (12.2-4). Jésus nous encouragera lorsque nous nous souviendrons des expériences de peine et d’ignominie qu’il a endurées parmi les hommes. La leçon principale ici est que, même si nous pouvons être aidés par l’exemple de vie de foi d’autres croyants, le plus grand encouragement nous viendra en considérant la marche triomphante de Jésus. Ne nous décourageons pas de suivre Jésus-Christ, ne nous arrêtons pas à nos propres faiblesses ou au mauvais comportement que nous remarquons chez certains chrétiens ; cela ne nous excuse pas devant Dieu car il a donné son Fils Jésus pour nous amener à lui, en dépit de toute l’opposition imaginable.
Ce petit examen de la supériorité de Jésus en tout nous interpelle au plus haut point. Beaucoup de religions nous présentent des chefs ou des leaders, mais sachons que Jésus est supérieur à tous. D’autres chemins nous sont proposés pour nous amener au ciel, mais Jésus leur est supérieur : il est à la fois le seul guide et le seul chemin qui nous y amène véritablement. Si nous sommes tentés d’abandonner Jésus-Christ, nous n’avons qu’à considérer attentivement l’excellence de Jésus, et nous comprendrons que rien au monde ne peut nous satisfaire comme Jésus parce qu’il est l’auteur d’un salut éternel qui nous mène vers la perfection.
ÉTUDE DE MOT
PRÔTOTOKOS
L’étude spéciale de certains mots est parfois nécessaire pour comprendre des versets controversés ou difficiles de la Parole de Dieu. Ainsi en est-il du mot grec prôtotokos qui est traduit en français par « premier-né ». Ce terme se trouve très fréquemment dans l’Ancien Testament où il apparaît des centaines de fois (dans la traduction des Septante), alors qu’il n’apparaît que 11 fois dans le Nouveau Testament.
Le sens du mot en général
Ce mot revêt deux sens dans les Écritures. Il y a d’abord le sens de « celui qui est né en premier, qui a vu le jour avant les autres », ou « l’aîné ». Dans cette acception, il est employé en référence aux hommes ou aux animaux. En second lieu, ce mot veut dire « celui qui exerce le règne sur ». Henri Mahan (pasteur baptiste américain) dit que pour les juifs, le mot « premier-né » est synonyme de « roi ». Il signifie « celui qui a la prééminence sur ». C’est dans ce sens que ce mot s’applique à Jésus dans la Bible.
Attention à la langue française
La traduction française ne rend pas exactement ce second sens ; elle privilégie plutôt le premier sens, ou alors l’idée de « créature » de Dieu, surtout dans Colossiens 1, où prôtotokos pasès ktiséôs est traduit par « premier-né de toute la création ». C’est pourquoi certains passages du Nouveau Testament sont mal compris, et que certaines sectes se sont crues autorisées à déclarer que ces passages prouvaient que Jésus était une créature comme les hommes ou les anges. D’autres traductions que la traduction française rendent de telles conclusions moins faciles. Ainsi, l’expression anglaise first-born over conserve l’idée de règne grâce au petit mot over. La traduction française jette donc la confusion parce qu’elle est ici plus limitative.
Le sens du terme dans le Nouveau Testament
Le premier sens du mot est illustré dans la presque totalité des passages de l’Ancien Testament pour désigner l’homme ou l’animal né avant les autres. Dans le Nouveau Testament, ce sens se trouve en Hébreux 12.16, où Ésaü est mentionné comme étant bel et bien le premier enfant né de Rebecca. Il en est de même en Hébreux 11.28 par rapport aux premiers-nés des Israélites.
Le second sens est illustré en Colossiens 1.15,18 et Romains 8.29 pour souligner la prééminence de Jésus-Christ sur toute la création et sur tous les enfants de Dieu. On ne peut donc pas s’appuyer sur ce passage des Colossiens pour démontrer que Jésus est une créature de Dieu au même titre que les autres. Par contre, le texte de Luc 2.7 permet de retrouver le sens d’aîné s’appliquant à Jésus, parce qu’il s’agit de rappeler que Jésus a vu le jour avant les autres enfants de Marie. En d’autres termes, Marie a eu plusieurs enfants dont Jésus était le premier venu.
Quant à Hébreux 12.23, ce verset se réfère aux hommes qui sont nés de Dieu (les « premiers-nés inscrits dans les cieux ») ; en l’occurrence, il serait absurde de comprendre que ceux-ci ont vu le jour avant quiconque ; c’est plutôt leur rang supérieur qui est affirmé. En effet, ils obtiendront le privilège de régner dans les cieux avec Christ.
En matière de service chrétien, on s’est souvent posé la question de savoir s’il suffit d’être appelé de Dieu, ou s’il faut en plus suivre une formation, un enseignement spécifique pour être un parfait ministre de Dieu. La question de la vocation et de la formation dans la transmission des valeurs est alors posée. Le débat est parfois enflammé d’une passion débordante. Aussi faut-il réfléchir sérieusement sur les déclarations de la Parole de Dieu pour comprendre que la vocation et l’enseignement se donnent bel et bien rendez-vous sur le terrain de la transmission des valeurs.
La formation est indissociable de l’appel
Plusieurs passages bibliques montrent que Dieu ne se préoccupe pas seulement d’appeler ses serviteurs, mais qu’il a aussi le souci de leur formation pour un bon accomplissement de son œuvre. Ainsi, après avoir appelé son peuple d’Israël, il lui donne des instructions sur la manière dont ce dernier devra le servir (depuis l’appel d’Abraham en Genèse 12 jusqu’au livre du Deutéronome). Il donne aussi des instructions sur la façon de transmettre ces valeurs aux générations futures (Deut 6.6-9, Ps 78.3-8).
Plusieurs versets sont bel et bien évocateurs du rendez-vous de la vocation et de la formation. Aux parents, il est dit : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre. » (Pr 22.6) Le Seigneur Jésus déclare : « Faites de toutes les nations des disciples (vocation) … et enseignez-leur à observer (formation) tout ce que je vous ai prescrit » (Mat 28.19-20) C’est ainsi que l’apôtre Paul à son tour enjoint à son enfant légitime dans la foi : « Ce que tu as reçu de moi (formation), confie-le (transmission) à des hommes fidèles (vocation) qui soient capables d’enseigner (formation) à d’autres (vocation). » (2 Tim 2.2) Dans la vie de l’apôtre Paul, ce rendez-vous de l’appel et de l’enseignement était bien exposé à Ananias : « Va, cet homme est un instrument que j’ai choisi (vocation)… et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom (formation). » (Act 9.15-16) Il n’y a pas que les déclarations bibliques ; on trouve aussi des exemples bibliques qui montrent clairement le rendez-vous entre l’appel et l’enseignement.
Les exemples bibliques
Caïn et Abel étaient appelés à vivre côte à côte dans la maison de leurs parents Adam et Eve, et ils ont probablement été enseignés au sujet de l’offrande sanglante que le péché originel avait rendue nécessaire (Gen 3.21). Cela pourrait expliquer pourquoi l’un a obéi et a trouvé l’approbation de Dieu, alors que l’autre a présenté l’offrande selon sa justice propre et a reçu la désapprobation de Dieu (Gen 4).
Dieu ayant appelé Noé, lui enseigna comment il fallait construire l’arche afin que sa famille soit sauvée (Gen 6.13-22 ; Héb 11.7).
Dieu appela Moïse et le plaça à son école pendant 40 ans en Madian ; plus tard, lorsque Moïse commença à exécuter sa mission, Dieu le remit à l’école non seulement pour lui transmettre la loi, afin que celle-ci soit enseignée au peuple d’Israël, mais aussi pour lui révéler le modèle du tabernacle. Dieu conclut en disant : « Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne. »
Dans la ligne de ce ministère, Josué sera appelé à son tour et enseigné par Moïse pour lui servir de successeur.
Chez les prophètes, on trouve la même règle. Le jeune homme est appelé par Dieu, et après il se met à l’école de l’aîné ; il y a l’exemple de Samuel et d’Éli (1 Sam 3.1), et celui d’Élisée et d’Élie (1 Rois 19.16,19-21), pour ne citer que quelques-uns.
Lorsqu’on arrive au N.T., on trouve Jean-Baptiste et l’apôtre Paul qui, une fois appelés par Dieu, sont formés dans un endroit à part à l’école du Saint-Esprit. Les autres apôtres, eux, sont formés à l’école de Jésus-Christ pendant trois ans (Marc 3.13-15).
Dans les Actes, une bonne armée d’appelés du Seigneur sont formés par les apôtres Paul et Barnabas, tandis qu’Aquilas et Priscille enseigneront Apollos (Act 18.24-26).
A partir des ces exemples, il est clair qu’une personne appelée par Dieu à son service ne peut pas se passer de l’enseignement, car l’instruction apparaît comme la courroie de transmission des valeurs. Il est vrai qu’il est souvent discuté de la forme que doit prendre la formation, mais il est certain que l’enseignement suit normalement un appel qui vient de Dieu.
Il y a diversité de formations
En réalité, il n’y a pas de formule exclusive s’il faut s’en tenir aux dispositions de la Parole de Dieu. Un homme appelé par Dieu à son service devrait se soumettre au type de formation que Dieu veut pour lui. Il ne faut donc pas négliger de se mettre à l’écoute attentive du Saint-Esprit, qui saura conduire les uns et les autres selon diverses formules.
La Parole n’exclut pas l’apprentissage de l’autodidacte, absorbé par une étude personnelle des Saintes Ecritures, sous la conduite du Saint-Esprit, mais recourant aussi aux livres que d’autres ont écrits. Le Saint-Esprit peut même conduire le croyant dans une solitude éprouvante, où celui-ci sera plus fortement incliné à une méditation profonde des Saintes Ecritures. Ce fut le cas de Jean-Baptiste et de Paul. Il y a aussi la formule du tutorat où la personne appelée se met sous l’autorité d’une autre personne expérimentée. Les exemples abondent : Moïse et Josué, Paul et Timothée, Paul et Tite, Aquilas et Priscille (ou Prisca) à l’égard d’Apollos, et d’autres.
On trouve encore la formule de l’école dans l’Ancien Testament : l’une regroupait des prophètes (2 Rois 6.1-6). Dans le N.T. l’apôtre Paul en dirigea une qui devint fameuse dans toute la province d’Éphèse (Act 19.8-10). La formule que peut prendre l’enseignement pour transmettre les valeurs divines à un homme appelé de Dieu est un domaine où il faut éviter l’esprit dogmatique. Tout dépend de Dieu lui-même qui est capable d’agir selon la connaissance qu’il a de l’individu et selon le but qu’il veut atteindre avec lui. Ainsi a-t-il conduit Israël dans un long chemin tant que son peuple n’était pas mûr pour la bataille et pour la conquête du pays promis (Ex 13.17).
Laissons donc Dieu nous équiper en vue du service qu’il nous destine : la patience que requiert une formation soignée n’est jamais du temps perdu !
Les dictionnaires français définissent l’animisme sous deux angles : d’un côté, l’animisme désigne le « système philosophique et médical dans lequel l’âme est la cause première des faits vitaux, aussi bien que des faits intellectuels » (1) . D’un autre côté, et sur le plan religieux, l’animisme est « la croyance à la présence de forces élémentaires ou « esprit » dans tous les objets de la nature. » Le Petit Robert précise que c’est une « attitude consistant à attribuer aux choses une âme analogue à l’âme humaine. » C’est ce côté religieux qui nous intéresse. Après avoir évoqué quelques exemples des pratiques animistes en Afrique centrale, nous jetterons ensemble un regard biblique sur cette croyance qui, en fait, pèse très lourdement sur la vie des églises chrétiennes d’Afrique noire.
Les pratiques animistes abondent dans nos pays, et les chrétiens s’y trouvent souvent mêlés
La pratique du « Yondo » (ou « Lao ») a été introduite officiellement au Tchad par un ancien président de la république chrétien, Ngarta Tombalbaye. Or celui-ci était non seulement membre d’une église baptiste locale, mais aussi un des responsables de l’école du dimanche des enfants. Dans cette pratique, les initiés sont invités à passer jusqu’à six mois en brousse en contact avec des « âmes » qui vont leur transmettre différents pouvoirs. Les noms des initiés changent selon le tempérament que l’on va remarquer chez eux pendant ce temps. Jusqu’à nos jours, ces pratiques sont encore exigées des chrétiens.
Au Cameroun, la pratique du « Tsogo » continue chez les « Eton » où l’on cherche à calmer les esprits maléfiques qui provoquent les morts par accident. Certains chrétiens demeurent encore convaincus qu’en allant sacrifier des animaux, en mangeant de ces victimes, et en se purifiant selon la pratique, ils se mettent à l’abri de la mort par accident.
Le « Ngondo », chez les Douala, leur permet de se mettre chaque année en contact des ancêtres par l’entremise du fleuve Wouri. Des pouvoirs sont aussi attribués dans nos pays à certains arbres sous lesquels on peut tenir des palabres pour implorer la paix sur le village, ou demander de bonnes récoltes. On sacrifie des animaux dans des rivières pour obtenir des pêches abondantes. Les morts par noyade sont interprétées comme des réclamations faites par la rivière ou le fleuve aux populations environnantes.
Beaucoup de traditions se pratiquent ainsi chez nous, où l’on se comporte devant les objets de la nature comme s’ils avaient une âme avec laquelle on peut communier. Il est déplorable que, dans nos églises d’Afrique noire, beaucoup de membres suivent ces pratiques, soit par crainte de menaces de mort de la part des hommes, soit par ignorance de la Parole de Dieu, soit par désobéissance à son autorité. Pour ceux qui veulent comprendre la volonté de Dieu à ce sujet, quel est le regard biblique que nous devons porter sur l’animisme ?
Animisme et christianisme sont-ils compatibles ?
Il est impossible d’exposer en détails les différentes ramifications des pratiques animistes dans nos pays d’Afrique noire. Chacun à son niveau peut en discerner les formes locales. Mais quoiqu’il en soit, la Parole de Dieu est universelle et s’applique à tous sans exception.
Souvenons-nous d’abord que lors de la création, toutes choses ont été faites par Dieu, mais chaque chose selon son espèce (Gen 1.24-25). Lorsque Dieu créa l’homme, il est précisé qu’il le créa à son image. C’est pour cela que l’homme peut entrer en communion avec Dieu. En outre, une insistance particulière est mise sur la protection de l’âme humaine (Gen 9.4-6) par rapport à la vie des animaux. Par conséquent, la croyance animiste selon laquelle les choses ont une âme analogue à l’âme de l’homme est fausse. L’homme n’est pas destiné à entrer en communion avec les choses ou avec les animaux, mais avec Dieu et avec ses semblables, parce qu’il est créé selon son espèce à l’image de Dieu ; ce n’est pas le cas des plantes ou des animaux
.
Les pratiques animistes découlent des commandements de nos ancêtres auxquels nous voulons rester fidèles. Le chrétien doit savoir ce que le Seigneur Jésus-Christ a dit de cette attitude : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. […] Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. […] annulant ainsi la Parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. » (Marc 7.8-9,13) En tant que chrétien, il ne faut pas s’attacher aux pratiques qui contredisent la Parole de Dieu. Par exemple, dans ces pratiques animistes, on procède souvent à des sacrifices pour les péchés. L’auteur de l’Epître aux Hébreux a bien établi qu’il n’y a plus de sacrifices pour les péchés ; que Jésus, l’Agneau de Dieu, a été sacrifié une fois pour toutes (Héb 9.11-15,27-28), et qu’il est impossible que le sang des animaux enlève des péchés (10.4). Par ailleurs, les morts sont souvent invoqués dans les religions animistes. Or, la Bible interdit d’avoir commerce avec eux (Deut 18.9-12).
Même si l’on se retranche derrière le principe de la liberté chrétienne — puisque quelques-uns estiment que certaines de ces pratiques sont du ressort de la liberté chrétienne — il y a des principes bibliques à respecter. Quant aux sacrifices, l’apôtre Paul affirme qu’en les offrant, on ne sacrifie pas à Dieu, mais à des démons, et qu’il ne faut pas que le chrétien entre en communion avec les démons, au risque de provoquer la jalousie du Seigneur (1 Cor 10.20-22). On peut ajouter à cette interdiction le principe de l’utilité ou de l’édification (1 Cor 10.23). Ce que je fais, en tant que chrétien, m’est-il utile ? Est-ce que cela m’édifie ou édifie mon prochain ? Enfin, il s’agit de ne pas porter atteinte à la gloire même de Dieu (1 Cor 10.31).
Les pratiques animistes font partie des « principes élémentaires du monde », et sur ce point, le chrétien doit prendre garde à l’avertissement de l’apôtre Paul aux Colossiens (Col 2.18-23). En réalité, ceux qui imposent ces pratiques dans nos sociétés sont des gens qui veulent se montrer les plus sages et cherchent à satisfaire leurs besoins charnels, tout en encourageant à une grave forme d’idolâtrie (cf. Rom 1.18-23 ; Ps 115.4).
Constatant que ces pratiques sont parfois imposées par de soi-disant chrétiens, il y a lieu de faire attention au recrutement des membres de nos églises locales. L’histoire de l’Église montre que la chrétienté s’est « mondialisée » et « mondanisée » lorsque l’empereur Constantin s’est rallié à l’Église, et a imposé le christianisme à son État. Or Constantin n’a jamais manifesté de repentance claire devant Dieu et devant les hommes, ni un baptême d’eau public, si ce n’est au moment de sa mort — mais on l’avait depuis longtemps admis dans l’Église(2) … Dès lors l’Église (qui allait devenir « catholique ») a toujours cherché à demeurer une composante majeure du pouvoir étatique, persécutant ou dénigrant jusqu’à ce jour les vrais enfants de Dieu. Si donc les gens ne se repentent pas clairement de leur péché, n’acceptent pas le baptême d’eau public, et ne renoncent pas aux pratiques animistes, l’auteur pense qu’il ne faut pas les admettre dans les églises locales, fussent-ils les riches de la société. Malheureusement, à l’heure actuelle, ces personnes se voient souvent nommées diacres ou diaconesses dans nos assemblées.
Compromis ou rupture ?
Le chrétien n’a pas besoin d’obéir aux pratiques animistes. Il est appelé hors du monde pour former un sacerdoce royal, pour célébrer la gloire de Dieu. Beaucoup de nos frères et sœurs en Christ sont déjà morts à la suite des persécutions perpétrées par les promoteurs de l’animisme, mais le Seigneur nous enjoint de ne pas craindre ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien faire à l’âme (Mat 10.28). Les missionnaires occidentaux qui travaillent en Afrique constatent que la vision du monde de beaucoup d’Africains est ouvertement ou implicitement modelée par les religions traditionnelles africaines(3) . Il ne devrait pas en être ainsi, car la vision chrétienne du monde est autre. À cause de cette divergence profonde, certains croyants sont devenus martyrs de Christ. Si le Seigneur vous choisit pour un tel témoignage, ne le redoutez pas, car si nous mourons, c’est pour le Seigneur, et si nous vivons, c’est pour le Seigneur (Rom 14.7,8).
L’animisme ne peut reculer que si l’Église de Christ trouve en son sein des hommes et des femmes de Dieu sages, et entièrement consacrés à barrer la route aux assauts du « séjour des morts » contre l’Église. Le Seigneur lui-même s’est engagé dans ce combat (Matt 16.18). Nous qui lui appartenons, suivons-le fidèlement et jalousement.
notes
(1)Nouveau Larousse Universel, vol. 1 ; il précise que c’est Georg Ernst Stahl, médecin chimiste allemand (1660-1734) qui, dans sa Theorica medica vera (1707), a développé les principes de ce système animiste occidental.
(2)Craig A. Carter, Rethinking Christ and Culture, A post-Christendom perspective, Grand Rapids : Brazos Press, p. 80.
(3) Rob Howell, Africa, FrontLine, July/August 2007, p. 35.
Le phénomène de l’occultisme devient de plus en plus préoccupant dans les églises d’aujourd’hui. Serait-ce parce que la foi en la Parole de Dieu s’effrite, ou que l’autorité de la Parole de Dieu n’est pas bien enseignée et enracinée dans les cœurs ?
Qu’entendons-nous par l’occultisme ? Ce terme est défini par le Petit Robert comme « la croyance à l’existence de réalités suprasensibles qui seraient perceptibles par les méthodes des sciences occultes ». Y sont rattachés : la kabbale, l’ésotérisme, l’hermétisme, l’illuminisme, le spiritisme, la théosophie. L’occultisme implique donc la tentative de se mettre en relation, par le moyen des sciences occultes, avec la réalité surnaturelle. Cette réalité sera désignée de manières fort diverses, selon les écoles : énergie cosmique, démons, anges, esprits, et même Dieu, imaginé selon la doctrine occultiste classique de l’analogie(1) . Mais toutes ces approches entrent en compétition avec le message biblique simplement reçu. En effet, le Dieu suprême, créateur de l’univers et de tout ce qui existe, a choisi de se révéler par Jésus-Christ(2) , à qui toute la Bible rend témoignage(3) . Vouloir monter à Dieu, ou à toute autre puissance surnaturelle, par un chemin différent, équivaut à une forme d’idolâtrie. Or beaucoup de nos contemporains sont tributaires d’une forme ou d’une autre d’occultisme, même s’ils ne sont pas eux-mêmes instruits de toutes les thèses des sciences occultes. Leurs pratiques ainsi que certaines de leurs déclarations prouvent cette dépendance, et indiquent qu’ils ont un autre dieu que le Dieu de l’Ecriture. Observons donc le phénomène tel qu’il se manifeste dans nos sociétés(4) , écoutons ensuite les déclarations de la Parole de Dieu, et terminons enfin par des recommandations à nos frères et sœurs en Christ.
1. Le phénomène de l’occultisme dans nos sociétés
À moins qu’il y ait des « a-occultistes » comme il y a des athées, tout le monde, du moins en Afrique, croit en l’existence de forces invisibles. En soi, cette croyance n’est pas condamnable. Il faudrait même être fou pour ne pas croire à l’existence de ces forces invisibles. Ce qui est condamnable, c’est de se confier en ces puissances pour influencer positivement ou négativement la vie humaine, ou de croire posséder la force de les combattre pour délivrer ceux qui prétendent en être possédés ou influencés.
Ainsi, dans nos sociétés, certains se confient en des divinités inférieures au vrai Dieu, et croient à de bons ou mauvais esprits qui peuvent les aider à réussir — ou les empêcher de réussir — dans leur vie sociale. Il est vrai que certaines pratiques semblent très banales, telles les visites aux devins ou la consultation d’horoscopes pour sonder l’avenir. Mais en réalité, on prête aux devins, ou aux guérisseurs traditionnels (parfois aux charlatans !) le pouvoir d’anéantir les puissances maléfiques, de conférer des pouvoirs bienfaisants, et d’agir à titre d’intermédiaires entre les mondes visible et invisible. De plus, dans nos sociétés africaines, on vénère souvent les ancêtres décédés dans l’espoir qu’ils nous aideront à surmonter certaines calamités naturelles. Au Cameroun par exemple, la tribu Bamiléké exhume les crânes des morts et les conserve dans des maisons construites à cet effet pour communier de temps en temps avec les défunts.
Le phénomène de l’occultisme se manifeste aussi par la présence de lieux spécialement conçus pour abriter la pratique occulte. Des structures sont construites dans la brousse, au bord des rivières, derrière des maisons d’habitation, ou même à l’intérieur de celles-ci. L’occultisme se manifeste par la prosternation devant certains objets ou images, par la concentration dans des postures particulières, à certains moments de la journée ou de la nuit, dans des cimetières ; par l’invocation de certaines personnes ou de certains animaux ; par la pratique de certaines danses initiatiques ou d’un certain régime alimentaire, et par des interdits ou impositions de toutes sortes.
Enfin, le phénomène se propage même dans certaines églises locales ou sur la place publique sous forme d’exorcismes systématiques. Ceux qui imputent leurs problèmes existentiels aux forces des ténèbres rencontrent des exorcistes « patentés » qui prétendent les guérir ou les protéger. Mais dans bien des cas, tant ceux qui consultent que ceux qui se laissent consulter sont impliqués dans l’occultisme, comme dans le récit d’Actes 16.13-17. Les résultats d’un tel commerce sont catastrophiques.
2. Les déclarations de la Parole de Dieu concernant l’occultisme
Il est impossible de citer ici toutes les déclarations de la Parole de Dieu, mais en parcourant l’Ancien et le Nouveau Testaments, on verra que Dieu s’est abondamment adressé à l’homme à ce sujet, l’avertissant de tous les malheurs y afférant.
C’est ce qu’avait compris Jacob lorsque, voulant retrouver sa communion avec le vrai Dieu, il demande à sa famille d’ôter les dieux étrangers qui étaient au milieu d’eux et de se purifier (Gen 35.1-3). Au moment où Dieu transmet la loi à son peuple Israël, au Sinaï, il leur donne pour premier commandement de ne pas avoir d’autres dieux devant sa face, et pour deuxième commandement de ne point se faire d’images taillées pour se prosterner devant elles (Ex 20.3-6). Lorsque ce peuple s’apprête à entrer en Canaan, Dieu formule une interdiction qui doit retenir toute notre attention, à savoir s’abstenir du spiritisme et de l’occultisme (Deut 18.9-13). Le Seigneur va jusqu’à proscrire les mariages avec des ressortissants de nations qui ne le connaissent pas, de peur que son peuple ne se corrompe et ne serve les dieux étrangers (Deut 7.3-4). Les sanctions prévues en cas de transgression seront appliquées rigoureusement par l’Eternel. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, le peuple d’Israël éprouvera des défaites et des souffrances amères à cause de l’idolâtrie et de l’occultisme (Juges, 1 Sam 7.3-4). La royauté de Salomon sera déchirée pour les mêmes raisons (1 Rois 11.1-11). Le pays sera emmené en captivité à cause de son idolâtrie, et envahi à plusieurs reprises (1 Chr 5.25-26 ; 2 Chr 28.1-8,16-25 ; 36.5-7).
Jérémie fait savoir aux femmes d’Israël que leur « pays est devenu une ruine, un désert, un objet de malédiction » parce qu’elles ont brûlé de l’encens et fait des gâteaux à la « reine du ciel » (Jér 44.22-23)(5) . Pour finir avec ces exemples, notons que le roi Saül mourra, entre autres raisons, pour avoir interrogé et consulté « ceux qui évoquent les morts ». (1 Chr 10.13-14)
Dans le Nouveau Testament, le Seigneur Jésus déclare que si l’on ne croit pas ce qu’il est, lui, Jésus, on mourra dans ses péchés (Jean 8.24). Les apôtres, de leur côté, condamnent et rejettent toute forme d’occultisme et d’idolâtrie (Act 8.5-23 ; 13.6-12 ; 14.11-18 ; 16.16-18 ; 17.16 ; Rom 1.20-25 ; 1 Cor 5.11 ; 6.9-10 ; 1 Pi 4.3 ; 1 Jean 5.21). Des sanctions temporelles et éternelles sont aussi prévues contre ceux qui s’adonnent à l’occultisme, et à d’autres péchés (Rom 1.32 ; Gal 5.19-21 ; Apoc 21.8). C’est pourquoi il nous semble nécessaire de terminer ce propos par un certain nombre de recommandations aux frères et sœurs en Christ.
3. Des recommandations aux frères et sœurs en Christ
L’occultisme montre ses limites dès les premières pages de la Révélation divine. Ces magiciens, charlatans et « sages », que nous appelons en Afrique guérisseurs traditionnels ou prêtres et pasteurs exorcistes, ont été incapables d’expliquer les songes au Pharaon d’Égypte (Gen 41.8), et au roi Nebucadnetsar (Dan 2.5-13). Dans un cas comme dans l’autre, il a fallu l’intervention du vrai Dieu à travers ses vrais serviteurs pour obtenir la bonne interprétation (Gen 41.15-16 ; Dan 2.19-30).
La solution de nos problèmes procède de l’initiative de Dieu. Souvent, il se plaît à nous secourir par des croyants remplis de l’Esprit de Dieu, comme l’a constaté Pharaon à propos de Joseph (Gen 41.38-39), et par des hommes de prière (Dan 2.17-18).
La première recommandation est donc que, quels que soient les problèmes que nous rencontrons dans notre vie, nous allions en discuter avec des conducteurs, des frères et des sœurs dont la foi soit enracinée dans la Parole de Dieu.
La deuxième recommandation est de revenir au Seigneur. L’occultisme sous toutes ses formes entraîne la colère de Dieu, qui se manifeste soit par des problèmes temporels (troubles psychiques et psychologiques, souffrances mentales et physiques, mort physique), soit par la condamnation éternelle (« leur part est dans l’étang de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort », Apoc 21.8). Pour ceux qui ne sont pas encore sauvés et qui pratiquent ces choses, la promesse est faite dans 1 Cor 6.11 que le nom du Seigneur Jésus-Christ est capable de les en laver, de les sanctifier, et de les justifier : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. » (Act 16.31) Aux frères et sœurs égarés dans ces pratiques, nous disons : revenez au Seigneur de tout votre cœur, et ne vous endurcissez pas comme le peuple d’Israël. Tous ceux qui se sont repentis des ces souillures spirituelles ont été rétablis par le Seigneur (1 Sam 7.3-4,10-11 ; 1 Rois 21.25-29 ; 2 Chr 33.1-20), et 1 Jean 1.9 nous assure que nos péchés sont pardonnés, que nous sommes purifiés chaque fois que nous les confessons.
Il n’est pas question de minimiser la puissance des forces occultes ; elles existent, elles sont plus puissantes que n’importe quel homme, et non seulement elles influencent la vie humaine, mais aussi elles la possèdent dans certains cas. Seulement, souvenons-nous que Christ a dépouillé ces autorités, principautés et esprits méchants (Col 2.15), que notre force est en Christ, et que Dieu nous a donné ses armes, qui ne sont pas les armes de la chair (Éph 6.11-18 ; 2 Cor 10.4-5).
La troisième et dernière recommandation est que chaque chrétien reste toujours bien entraîné dans deux domaines : l’étude de la Parole de Dieu et la prière.
Christ a dit : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira » (Jean 8.31,32). Il faut méditer nous-mêmes la Parole et la prêcher, l’enseigner aux autres. Beaucoup sont plongés dans les superstitions et dans l’occultisme à cause de leur ignorance. La prière ne doit-elle pas être utilisée en leur faveur, comme en faveur de tous (cf. Jac 5.14-16 ; 19-20) ? Même si l’on se trouve en face d’un démoniaque, le Seigneur peut agir en réponse à la prière (Mat 17.21). Il ne s’agit pas ici de crier et de donner des ordres aux démons (qui d’ailleurs ne sauraient obéir à des hommes, parce que ce sont d’éternels rebelles). Il faut s’appuyer sur les promesses de l’Évangile, exposer son message, et prier pour les victimes des pratiques occultes en leur demandant de se repentir de leurs péchés.
notes
(1) Pour une étude critique de ces principes, nous recommandons le livre de Maurice Ray, Spirites, radiesthésistes, guérisseurs, devins et magiciens à la lumière du Christ, Ligue pour la lecture de la Bible, Vennes-Lausanne (CH), 1959, ch. 3. (Note de la rédaction)
(2) Héb 1.1-4
(3) Jean 20.31
(4) L’auteur rend essentiellement compte de la situation qui prévaut en Afrique, mais derrière les particularismes, il y a bien des similitudes entre l’Afrique et le reste du monde. (Note de la rédaction)
(5) Ce passage constitue un sérieux avertissement à l’intention des adorateurs de Marie, à laquelle ce titre est parfois conféré, en contradiction flagrante avec l’Écriture et avec les paroles de Marie elle-même. (Note de la rédaction)
Depuis le XXe siècle et plus encore aujourd’hui, le monde entier est bombardé partout par ce qu’il est convenu d’appeler l’évangile de prospérité. Selon cet évangile, un enfant de Dieu ne doit pas être pauvre ou souffrir. Une fois qu’une personne a accepté Christ, elle a trouvé la panacée à tous les maux de ce monde terrestre. Il semble clair que c’est le corollaire religieux de la lutte contre la pauvreté séculière. La question est de savoir si c’est bien cela que la Parole de Dieu nous offre. Sinon, que doit être la position du vrai chrétien vis-à-vis de cet évangile de prospérité ?
Les manifestations de l’évangile de prospérité – deux facettes : biens matériels et santé
Cet évangile se caractérise de deux manières. D’un côté, le chrétien doit posséder des richesses financières et matérielles qui sont, au dire des défenseurs de cet évangile, un signe de la bénédiction de Dieu. Ainsi, un chrétien qui manque d’argent ou de biens matériels est considéré comme placé sous la malédiction de Dieu. Les adeptes de cet évangile recherchent des postes à grande responsabilité dans les lieux de service. Celui qui n’accède pas à ces postes à responsabilité n’est pas content de son sort. Alors il doit consulter son pasteur, son apôtre ou son prophète pour faire confession de péchés qui se cacheraient dans sa vie et adresser des prières à Dieu.
D’un autre côté, le chrétien doit être en bonne santé et ne pas souffrir de persécution ou de quelque problème que ce soit. D’où les prières de guérison et de délivrance organisées publiquement à même les carrefours des routes de nos villes et villages. Chaque difficulté dans la vie du chrétien est perçue comme un mauvais sort ou un démon lancé par notre adversaire le diable. Le chrétien doit donc ainsi se soumettre à la cure d’âme de ces leaders qui ont le prétendu don de guérison, de miracle ou de prophétie.
Les arguments « bibliques » de l’évangile de prospérité
Rien en réalité ne se passe sans la Bible. Tout le monde se base sur la Parole de Dieu, y compris notre adversaire le diable (Mat 4.6). Ainsi, les défenseurs de l’évangile de prospérité ne manquent ni de versets bibliques, ni d’esquisses théologiques.
Parmi les versets souvent cités par ceux qui défendent l’évangile de prospérité, citons Jean 10.10 où Jésus dit qu’il est venu pour que ses brebis aient la vie en abondance. Ou encore, Jésus s’est fait pauvre afin que nous devenions riches (2 Cor 8.9). L’apôtre Jean semble donner une bonne base à cet évangile de prospérité quand il souhaite que nous prospérions à tous égards (3 Jean 2). Ce n’est pas seulement le Nouveau Testament qui dirige la pensée de l’évangile de prospérité, mais aussi l’Ancien Testament qui vient fort bien à la rescousse. Ainsi, les prédications dominicales font régulièrement appel à Proverbes 3.7-10 et Malachie 3.8-10.
Sur le plan théologique, l’évangile de prospérité impose le concept de la dîme pour les serviteurs de Dieu, alors qu’il a de la peine à expliquer aux chrétiens les principes d’offrande, de secours, et de collecte pour les démunis (Act 11.29 ; 1 Cor 16.1 ; 2 Cor 8-9). En outre, l’évangile de prospérité prétend que Dieu n’est pas pauvre. La terre et tout ce qu’elle renferme est à Dieu. Par conséquent, ses enfants ne doivent ni souffrir ni être pauvres.
En apparence, ces arguments paraissent convaincants. Et même, ils séduisent beaucoup de chrétiens. Mais en réalité, est-ce là le pur enseignement de la Parole de Dieu ? Le véritable chrétien doit savoir que le problème n’est pas de trouver les versets bibliques pour appuyer une doctrine, mais plutôt de savoir les interpréter dans leur contexte. Nous pensons donc que la Bible au lieu d’enseigner l’évangile de prospérité, enseigne plutôt l’Evangile du salut.
L’Evangile du salut
Ce que Dieu promet dans son plan scripturaire, c’est le pardon de nos péchés et la vie éternelle qui est la connaissance de Dieu (Jean 17.3) et la communion avec Dieu. C’est dans ce cadre que l’homme trouve la vraie prospérité et le vrai bonheur. C’est pourquoi il est dit dans Proverbes 28.13 que « celui qui cache ses transgressions ne prospère point ». L’étude du mot « prospérer » dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament, montre que les termes hébreux et grecs veulent dire « réussir, faire des progrès, être heureux ». La prospérité biblique se situe après le salut en Christ, et consiste à faire des progrès dans la vie chrétienne. C’est ainsi que réussissaient Daniel et ses trois compagnons dans l’Empire babylonien (Dan 3.30 ; 6.28). C’est ce succès et ces progrès dans la vie chrétienne que l’apôtre Jean souhaite pour nous (3 Jean 2). D’ailleurs Jésus déclare que la vie d’un homme ne dépend pas de la valeur de ses biens, fût-il dans l’abondance (Luc 12.15).
Par l’Evangile du salut, Dieu promet de subvenir à nos besoins et de nous secourir dans les détresses. Cela sous-entend que le chrétien peut être dans les besoins et dans les difficultés (Ps 46.2 ; 50.15 ; Phil 4.6 ; Héb 4.16).
Les arguments bibliques de l’Evangile du salut
Nous pensons que les arguments avancés par la théorie de l’évangile de prospérité sont mal interprétés. Nous allons simplement citer un certain nombre de versets qui montrent la vraie position du chrétien dans ce monde. Selon l’Evangile du salut, le chrétien est appelé à entrer dans le royaume de Dieu par les tribulations (Act 14.22), et à passer par des épreuves pour que sa foi soit affinée (Jac 1.2-4 ; 1 Pi 1.6-7). Dans la deuxième lettre de Paul à Timothée, chaque chapitre mentionne au moins une fois un terme relatif à la souffrance. Le Seigneur a pris soin d’indiquer aux apôtres, et donc à nous-mêmes, qu’il y aurait des tribulations dans le monde (Jean 16.33).
Par ailleurs, Dieu nous corrige lorsque nous avons péché (Héb 12.5-6) et nous met à l’épreuve. L’Eglise de Dieu aura toujours en son sein, des riches (1 Tim 6.17) et des pauvres (Jac 2.5 ; 1 Cor 1.26). La souffrance et les maladies ne cesseront qu’après la résurrection des morts et dans la Nouvelle Jérusalem (1 Cor 15.54-55 ; Apoc 21.4).
La solution biblique : le contentement
Pendant sa vie chrétienne, l’enfant de Dieu connaîtra des temps difficiles et des temps généreux. De ce fait, l’Evangile du salut nous donne la solution du contentement (Phil 4.11-12 ; 1 Tim 6.6 ; Héb 13.5). C’est intéressant que le grand apôtre Paul ait appris à vivre dans l’abondance et dans la disette. La piété n’est pas une source de gain ; « c’est en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement, car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ». Ceux qui s’attachent à l’évangile de prospérité et non à celui du salut, ont une grande leçon à apprendre de ce passage de 1 Timothée 6.6-19. Désirons-nous, nous aussi, adopter cette attitude spirituelle du contentement ?
Articles par sujet
abonnez vous ...
Recevez chaque trimestre l’édition imprimée de Promesses, revue de réflexion biblique trimestrielle qui paraît depuis 1967.