PROMESSES

La souveraineté de Dieu, doctrine majeure et souvent commentée, semble être surtout l’affaire du Nouveau Testament, où l’on compte au moins 117 références bibliques à ce thème. Dans les livres historiques de l’Ancien Testament, la réalité d’un royaume terrestre divinement conçu et réservé à la nation d’Israël est maintes fois mentionnée. Le concept d’un royaume à la fois céleste et terrestre est mentionné dans les Psaumes1 et dans Daniel. Mais la souveraineté de Dieu dans la Genèse ? Qu’en est-il exactement ?

Un principe éternel

Toute doctrine abordée dans l’A. T., quelle qu’elle soit, est mieux comprise et acceptée lorsqu’elle est considérée sur la base d’un principe biblique général. Dieu est immuable. Il ne varie pas dans sa vision des choses. L’apôtre Jacques dit qu’en lui, « il n’y a ni changement, ni ombre de variation » (Jac 1.17b). Mais selon les temps et les circonstances, l’Esprit peut éclairer une même vérité selon des angles complémentaires — sans se contredire.

Le principe unificateur du royaume (c.à.d. l’actualisation concrète du projet divin) et du règne (c.à.d. l’activité souveraine dans ce cadre-là) détermine tout le déroulement de l’histoire biblique. Il exige que le Dieu trinitaire règne, gouverne et contrôle ultimement toute l’histoire humaine pour la simple raison qu’il est Dieu2. Ce principe sert de « colle » à tous les fragments du récit biblique, garantissant une avance harmonieuse et continue en direction du but : la démonstration magistrale de la suprématie du Dieu créateur, qui mène l’humanité en modelant toutes choses selon sa volonté, même lorsqu’il laisse l’individu faire librement certains choix3. En même temps, l’Éternel manifeste sa nature sainte et son amour envers toutes ses créatures (Jean 3.16).

Et le « royaume » commence incontestablement au chapitre 1 de la Genèse.

1.  Toute la création répond positivement et immédiatement aux commandements du Créateur. Le fonctionnement rationnel du monde créé met en évidence l’utilité mutuelle de ses parties ; le jeu des lois de « cause à effet » permet un bien-être général évident. Méditons un instant sur la simplicité et l’efficacité des six jours de la création en relisant Genèse 1.1 à 2.3. Mais au-delà du travail initial du Dieu souverain, l’A.T dans son ensemble nous dévoile les implications de son projet. Quelques exemples :

a. la cohérence cachée derrière la diversité des destins individuels : Pr 16.4 ;
b. l’extériorisation partielle de la sagesse et de la puissance divines : Job 28.24-27 ; Ps 24.1-2 ; És 45.18 ; Jér 27.5 ; 2 Pi 3.5 ;
c. la glorification du Créateur : Néh 9.5-6 ; Ps 19.1-7 ; 104.30-35 ;
d. le signe éclatant de la majesté divine : Ps 8.2-3,10 ; Amos 4.13 ;
e. la prééminence du dessein et de la volonté de Dieu : Ps 119.90-91 ; És 42.5-8.

2. Le premier couple (Gen 1.26-27) reçoit des responsabilités précises et claires pour l’accomplissement de missions définies :
a.  l’accroissement de la race humaine (Gen 1.28) ;
b.  la gestion maîtrisée du monde animal (Gen 1.26, 28) ;
c.  le travail en équipe équilibrée (Gen 2.18,21-23) ;
d.  le pouvoir décisionnel (Gen 2.19-20a) ;
e.  le droit de questionnement au sujet des moyens d’existence les plus appropriés (Gen 2.20b) ;
f.  la capacité de déduction logique (Gen 2.23) ;
g.  l’autonomie des enfants devenus adultes (Gen 2.24) ;
h.  la pureté (Gen 2.25).

 Il me paraît symptomatique que ces huit caractéristiques soient aussi, selon la vocation particulière de chacun d’entre eux, celles des croyants en Christ, et autant de marques du règne de Dieu en eux. Être membres « fondateurs » du royaume offrait au premier couple, comme représentants-médiateurs humains, des privilèges immenses et inestimables, mettant ainsi en exergue l’intelligence, la souveraineté et la bonté du Créateur. Ils étaient des preuves vivantes de son règne, aussi longtemps qu’ils respectaient sa parole. Puissions-nous retenir que le règne actuel de Dieu dans nos vies implique aussi notre soumission à la Révélation écrite.

Le conflit

Bien que le Créateur ait eu la satisfaction de constater que tout ce qu’il avait fait au commencement était très bon (Gen 1.31), l’Écriture ne cache pas qu’il a un « adversaire » (sens étymologique du nom « Satan ») qui veut bouleverser, voire anéantir, le royaume et ses manifestations. Ce dernier a provisoirement réussi en recrutant le premier couple, dupé et séduit par un mélange meurtrier de vérité, de demi-vérité, et de mensonge (Gen 3.1-6). La transgression flagrante et délibérée de nos premiers parents a mis en péril, à première vue, la direction du règne du Dieu-Créateur-Souverain. Sur la terre, le règne divin parfaitement visible fut interrompu après la chute (Gen 3.22-24). Les résultats catastrophiques s’en font ressentir du meurtre de Caïn  jusqu’à nos jours (Gen 3.7-24).

À cause de sa désobéissance, le couple chargé à l’origine de gérer les biens et les affaires du royaume a provoqué un changement dramatique quant à la forme et à l’administration de son patrimoine, une dégénérescence immédiate et continue de notre race (Gen 4.1-24). Toutefois, le royaume a subsisté, Dieu permettant que des Seth, Hénoc ou Noé reprennent le flambeau de son témoignage (Gen 4.25 ; 5.24,32 ; 6.8-10.32). Du reste, la promesse de la victoire finale de Dieu sur Satan est proclamée dès après la chute (Gen 3.15c) et toute la prophétie ultérieure ne fait que préciser et réitérer la promesse de ce triomphe à venir. Quant au N.T., il en fait le centre de son message libérateur (Col 2.15 ; Héb 2.14 ; Rom 16.20).

La reconstruction du règne à l’époque de Noé

À son arrivée à bon port, après la fin du déluge (Gen 8.15-19), Noé répond à son sauvetage par l’adoration (Gen 8.20) ; Dieu promet alors de ne plus détruire la planète, ni l’humanité (8.21), et d’établir des cycles saisonniers garants de la vie terrestre (Gen 8.22). Le texte décrit dans les grandes lignes les « conditions cadre » du règne renouvelé (Gen 9.1-7) :
1.  la population humaine doit croître (Gen 9.1,7) ;
2.  l’humanité doit dominer le monde animal (Gen 9.2-3) ;
3.  la justice doit être la base de l’activité sociale (Gen 9.5-6) ;
4.  Dieu établit avec toute l’humanité une alliance irrévocable : il n’y aura plus de déluge d’eau, l’arc-en-ciel en témoignera de manière durable (Gen 9.8,17) ;
5.  le règne doit s’étendre aux générations futures et à toute la terre. C’est ce que fera, géographiquement, la postérité de Noé (Gen 9.18-19). Malheureusement, Noé va lui-même indiquer, par son inconduite et par sa réaction excessive, que le règne de Dieu n’a pas fini d’être contesté (Gen 9.20-27).

 Les distorsions du projet divin

À partir du chapitre 10, la population terrestre se répartit en de petites entités familiales ou nationales, selon les décrets de Dieu. C’est l’origine du peuplement du monde actuel. Comment chacun vivait-il sa foi à cette époque ? Cela nous reste caché (peut-être que dans le dessein de Dieu, la connaissance de cette ère n’est pas nécessaire à notre progrès spirituel, cf. Deut 29.29).

Cependant, Genèse 11.1-9 (la tour de Babel) nous apprend que la société post-diluvienne, au lieu de garder en mémoire l’histoire de Noé, se corrompt au point que les hommes coalisés rêvent d’accaparer orgueilleusement le contrôle et la domination suprême du monde. Aujourd’hui, cette ambition s’appelle « la mondialisation ». Tout devrait être organisé et intégré autour d’un pouvoir central exercé selon la philosophie du vieil humanisme prêché par le serpent : tout par et pour l’homme, sans la reconnaissance du Dieu créateur et de sa souveraineté. Le texte biblique explicite le désaccord de Dieu à propos de cette humanité rassemblée dans sa quête d’unité impie (11.4) et nous donne à comprendre pourquoi il doit intervenir d’une manière dramatique en confondant son langage et en disséminant les hommes sur toute la surface de la terre (11.9). Cette dispersion des hommes pourrait sembler totalement incompatible avec l’établissement d’un règne bénéfique et universel de Dieu, mais c’est sans compter avec les desseins de salut que celui-ci n’avait pas encore mis en œuvre. 

Le changement de direction et de forme du règne

Genèse 11.10-32 démontre que Dieu procède souvent par étapes longues, mais sûres et parfaitement ordonnées. La nouvelle orientation du règne apparaît soudainement et de manière surprenante. L’Éternel « concentre » l’expression essentielle de son règne dans le destin d’un seul homme, Abram, un sémite idolâtre avant sa conversion (cf. Jos 24.2,14-15 ; Act 7.2). Genèse 12.1-2 témoigne de ce choix divin et de cet appel (voir aussi 18.17-19 ; Héb 11.8-19 ; Néh 9.7). Longtemps après sa conversion, Abram âgé de 99 ans recevra le nom prophétique d’Abraham : père d’une multitude (de nations). Malgré l’histoire particulière d’Abraham et de sa descendance, n’oublions pas que cette dimension restreinte du règne de Dieu n’abolit pas la persistance de sa gouvernance universelle et de son autorité sur toute l’humanité, sur toutes les nations4. Bien que les affaires du monde du XXIe siècle semblent contredire la souveraineté du Créateur, rappelons-nous qu’il œuvre derrière la scène5. Nous en aurons bientôt la confirmation, lorsque le Seigneur Jésus-Christ établira son règne sur la terre6. Gardons confiance en l’Éternel qui sait ce qu’il permet (Héb 11.6).

L’expression particulière et visible du royaume centré sur la nation d’Israël occupe le reste de l’A.T. ; ce dernier nous en décrit l’importance (Gen 12.1-3), la durée (Gen 17.7-8), les « citoyens » (Gen 15.4-6), les lois (Ex 32.15-16 ; Jos 23.6 ; 1 Rois 2.3), la nature d’entité sainte et unique (2 Chr 20.7 ; Ex 19.5 ; Deut 14.2 ; És 43.1). Et les divers aspects de ce royaume sont trop nombreux pour être tous cités dans un court article, ne serait-ce qu’en se limitant au reste de la Genèse7.

Aux pieds du « chef d’orchestre »

Il est fascinant de lire l’A.T. du point de vue du Dieu créateur et souverain qui établit sa direction, donc son royaume et son règne, dès le premier chapitre de la Genèse, puis de suivre ce développement à travers le reste du livre. La domination de Dieu est évidente partout, parfois avec éclat (Gen 39.1-6), parfois dans des événements insignifiants en apparence. Songeons par exemple aux conséquences capitales du simple réveil de la mémoire défaillante d’un païen (Gen 40.23 ; 41.8-16,37-44).

Lisons ce livre d’introduction de toute la Bible pour y observer Dieu actif en tout, soit d’une manière découverte, soit d’une manière quasi cachée. Contempler le Créateur et Souverain tel qu’il est soulève l’âme et l’esprit d’adoration, car le but de la lecture biblique est de « voir et entendre » Dieu assis sur son trône, puis en action chez lui sur la terre.

« Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (Ps 119.18) : que ce soit notre prière, afin d’aborder le texte sacré avec les yeux du Père et du Fils, sous l’éclairage du Saint-Esprit.

1 Le Psaume 93, par exemple est explicite : « L’Éternel règne, il est revêtu de majesté, l’Éternel est revêtu, il a pris la force pour ceinture, aussi le monde est ferme, il ne chancelle pas. Ton trône est établi dès les temps anciens ; tu existes de toute éternité… »
2 Ps 72.11,17 ; 82.8 ; 86.9-10 ; 113.4 ; Apoc 15.4.
3 És 55.1,6-7 ; Jér 26.3 ; Éz 18.21-23 ; Mat 11.28 ; 23.37 ; Act 2.21.
4 Deut 10.14 ; 2 Rois 19.15 ; 2 Chr 20.6 ; Ps 22.27-29.
5 Job 12.10 ; Ps 47.8-9 ; 103.19 ; Dan 4.35 ; Act 17.24-28.
6 Luc 11.2 ; Marc 14.25 ; Act 28.23,31 ; Apoc 11.15.
7 Références complémentaires dans les Prophètes à propos de la réalité du royaume / règne futur : És 2.1-5 ; 4.2-6 ; Jér 3.17-20 ; Éz ch.40-48 ; Dan 7.9-10,22,27 ; Osée 3.4-5 ; Joël 2.26-32 ; Amos 9.11-15 ; Mich 5.2 ; Soph 11-13,14-20 ; Agg 2.20-23 ; Zach 9.9-10 ; 12 ; 13.1,8-9 ; 14.9-11.

Écrit par


Une courte définition de ce qu’est « la conversion biblique » va servir de base à cette étude sur la conversion à travers l’Ancien et le Nouveau Testament :

La conversion est la réponse sincère de l’individu à l’offre de la vie éternelle par Dieu le Père en Jésus-Christ (Jean 14.6). Elle est accomplie dans le cœur de l’individu repentant et croyant par l’Esprit (Rom 8.15) et démontrée par une repentance réelle et une foi profonde (Marc 1.15).

La conversion spirituelle est un changement de direction, de valeurs, de façon de vivre, parce que la vie est désormais sous la direction du Seigneur Jésus-Christ. Elle est accomplie par le Saint-Esprit. Comment se passe cette opération de l’Esprit de Dieu dans l’individu ? Une profession publique seule ne suffit pas. D’abord, l’Esprit convainc la personne de son propre péché, de justice et de jugement (Jean 16.7-9) puis, sur la base de la foi en Jésus-Christ, il régénère l’individu en lui accordant la nouvelle naissance (Jean 3.6-7). À cet instant, l’individu devient un enfant de Dieu (Jean 1.12) .

Au moment de cette nouvelle naissance, l’individu est passé de la mort à la vie (Jean 5.24), il peut alors être appelé un « converti » ou un « sauvé» (Luc 8.12).

Ainsi, la conversion personnelle est le moyen de notre justification par Dieu (Rom 5.1-2) . La justification trouve uniquement sa source dans la grâce libre et inconditionnelle de Dieu (Rom 1.16-17). La conversion est un évènement dont l’impact est éternel et dont la portée terrestre se démontre par l’activité de l’Esprit dans le croyant (Gal 5.22-23,25). Par son obéissance aux consignes de vie et de conduite contenus dans le N.T., le croyant développe une profonde spiritualité qui l’influence dans les domaines moral, social et personnel. Glorifier Dieu par sa vie, voilà le premier but terrestre du sauvé ! Le deuxième but du converti est le témoignage (Act 1.8), puis de faire des disciples à Christ (Mat 28.18-20).

Mais comment pourrions-nous encore vivre consciemment et volontairement dans le péché (Rom 6.1-2) ? La conversion, accomplie en Jésus-Christ par l’Esprit, est la preuve extérieure de la justification et aussi la preuve du désir de progresser dans la sanctification biblique, telle qu’elle est expliquée dans les Épîtres du N.T.

1. La conversion dans l’Ancien Testament

Dans l’A.T., la « repentance » (première étape de la conversion) est mentionnée à de nombreuses reprises. Ainsi, la conversion décrite dans l’A.T. est de se détourner du mal pour aller vers le bien. Une repentance doit être vraie, authentique et honnête. Jouer à cache-cache avec le Dieu omniscient lors d’une repentance factice, privée ou publique, serait une farce, car elle minimise la gravité du péché.

Voici quelques références de repentance dans l’A.T. :

•  exemples positifs de repentance : le peuple d’Israël battu devant ses ennemis (2 Chr 6.24-25, 36-38), dispersé (Néh 1.9), les habitants de Ninive (Jon 5.3-9),

exemples de refus de repentance : le peuple d’Israël en différentes occasions (Néh 9.35 ; És 9.12 ; Jér 3.10 ; 11.10 ; Amos 4.6-11).

 2. La conversion dans le Nouveau Testament

Dans le N.T., il est intéressant d’étudier les trois étapes de l’emploi du concept de la conversion dans les Évangiles, les Actes et les Épîtres :

a.  La conversion dans les Évangiles selon Jésus-Christ

1.  La prophétie de Luc 1.16 au sujet de l’œuvre de Jean le Baptiseur nous enseigne l’importance de l’activité de l’Esprit qui réussira à amener beaucoup à la conversion (Luc 3.1-17).

2.  Les textes de Matthieu 13.14-15 (en citant És 6.9-10) et de Marc 4.12 soulignent la difficulté de certains individus de se repentir et de croire en Jésus à cause d’un endurcissement volontaire et du refus catégorique de se soumettre à Christ. Le double acte de la conversion (repentance et foi) est une affaire très sérieuse, parce qu’éternelle.

3.  L’apôtre Jean dans Jean 12.37-43 relève trois points en liaison avec le fait de croire ou non :

•  Certains, ayant vu des miracles de Jésus, ont décidé de ne pas croire, de ne pas se convertir.

Les prophéties d’Ésaïe 53.1 et d’Ésaïe 6.10 furent accomplies à ce moment-là. Jésus donc n’a pas été surpris par leur rejet.

Certains chefs religieux « ont cru en lui » mais ont refusé de reconnaître leur « foi » en Jésus, « aimant la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu ». L’important est de confesser Dieu de sa bouche et la norme est de déclarer ouvertement son attachement à Jésus comme seul Sauveur (Rom 10.10).

4.  Les trois aspects de la conviction par l’Esprit (le péché, la justice et le jugement) précèdent normalement la conversion (Jean 16.8-11). En effet, l’Esprit touche directement la conscience de l’individu par la parole de Dieu (Act 2.37-41). Comment l’Esprit parvient à convaincre notre conscience de notre besoin de changement est un mystère, mais un mystère glorieux !

b.  La conversion dans les Actes

1.  Deux passages (Act 2.38-40 ; 3.19-20) indiquent que la repentance et la foi font partie intégrante d’une conversion authentique.

2.  Un magnifique récit de conversion est raconté dans Actes 9.35. Les ingrédients sont : Jésus-Christ est annoncé, le Saint-Esprit agit, puis la conversion (repentance et foi) se produit. Le monde païen moderne si sophistiqué ne change en rien la nécessité de ces ingrédients au xxie siècle.

3.  Une de mes références préférées est Actes 11.19-21. Des sauvés « ordinaires » utilisaient toutes les occasions dans leur quotidien pour partager l’Évangile avec des perdus. « La main du Seigneur était avec eux » et beaucoup de conversions authentiques ont été produites ! Les premiers sauvés présentaient Jésus simplement aux gens autour d’eux, là où ils vivaient et travaillaient. Suivons-nous l’exemple apostolique pour voir des conversions accomplies par l’Esprit ? Force est de constater que les chrétiens d’aujourd’hui semblent être partagés en deux catégories par rapport au témoignage : – ceux qui restent entre eux, contents d’être sauvés ; ils pensent que Dieu va convertir ceux qu’il veut ; ils restent donc passifs, pensant qu’ils n’ont rien à faire ; – ceux qui inventent toutes sortes de programmes et qui s’appuient sur des professionnels de toutes sortes ; en relisant les Actes, nous pouvons redécouvrir la méthode qui permettait à l’Esprit de travailler si puissamment pour la gloire du Seigneur et Sauveur, évitant ainsi qu’un homme ou qu’une assemblée s’approprie la gloire réservée au Seigneur.

4.  Deux composantes de la conversion indiquées dans notre développement sur l’A.T. sont présentes dans Actes 14.15 : se détourner du mal pour se tourner vers le bien et vers Dieu.

5.  La référence classique, qui résume aussi succinctement que possible les deux étapes de la conversion (repentance et foi), se trouve dans Actes 20.21. Force est de constater que, trop souvent, lorsque nous témoignons, nous avons la tendance de parler en premier lieu de l’amour de Dieu (fait très important, mais pour plus tard) à un perdu au lieu d’avoir la droiture de commencer en parlant du péché, suivi par la repentance — comme Jésus (Marc 1.15) et comme Paul (1 Tim 1.8-11).

 6. La conversion peut être soudaine : pour un groupe (Act 2.37-41), un individu comme Saul de Tarse (Act 9.1-6), une famille (Act 16.25-34). Elle peut aussi être un processus, une approche par étapes : comme pour Apollos (Act 18.24-28), l’eunuque (Act 8.26-40), Corneille, haut responsable militaire romain (Act 10), Lydie (Act 16.14-15). Le temps et le contexte (soudaineté ou processus) ne sont pas importants ; c’est le résultat (1 Cor 15.1-2, 10) qui officialise la conversion par la grâce de Dieu devant le monde.

c.  La conversion dans les Épîtres

1.  Paul précise dans 1 Thessaloniens 1.9 que le sauvé confirme sa nouvelle naissance par l’abandon de son idolâtrie, qui est satanique, pour servir le seul vrai Dieu vivant. Il s’agit ainsi d’une conversion biblique réelle, authentique et pleine de résultats positifs.

2.  Le passage de 2 Corinthiens 3.15-18 est important pour plusieurs raisons :

•  la lecture de la Parole de Dieu pourrait être infructueuse dans certains cas lorsque les deux composantes de la conversion manquent (v. 14),

la soumission au Christ est la clef principale pour pouvoir passer à la conversion (v. 14-16),

c’est le Saint-Esprit qui œuvre intensément pour accomplir la vraie conversion (v. 17),

le but ultime pendant notre pèlerinage ici-bas est de contempler le Seigneur Jésus glorieux qui doit transformer notre caractère pour qu’il se rapproche davantage du sien ; transformer notre conception de ce qui est primordial pour notre travail, notre famille, nos loisirs et nos buts dans la vie (v. 18). Cette contemplation est ancrée dans l’immuabilité de Dieu, car il est toujours le même, partout dans la Bible. Elle est aussi liée à l’adoration — la prière simple, humble, honnête, personnelle ou en communauté.

 3. Le texte de Jacques 5.19-20, quoiqu’adressé aux convertis rétrogrades dont la vie dynamique de disciple est momentanément mise de côté, contient les principes de la conversion applicable aux perdus : acceptation de la vérité qui ramène l’individu à « la voie » de la vie qui est l’opposée de la mort.

4. L’apôtre dans 1 Pierre 2.25, considéré dans son contexte, parle de la conversion du perdu. L’individu, pécheur, doit se voir comme une brebis qui se perd dans les voies du monde rebelle à Dieu (Rom 3.23 ; 6.23). Cette brebis perdue, par la grâce de Dieu, par la conversion (repentance et foi), s’attache au Berger Jésus qui sait garder son âme pour l’éternité (Jean 10.28-30).

Synthèse

La vraie conversion concerne :

•  l’acceptation de la vérité (Jean 14.6),

l’éloignement du mal (Act 8.32),

la foi biblique en Jésus-Christ comme seul Sauveur (Act 4.12).

 Citons quelques résultats (il en existe au moins 33 dans le N.T. !) d’une conversion réelle :

•  le pardon des péchés (Act 2.28) ,

l’assurance de posséder la vie éternelle (Jean 10.28-30) ,

le don instantané et permanent de l’Esprit (Act 2.38) ,

l’assimilation spirituelle dans la famille de Dieu (Jean 1.12-13).

 Dieu s’active pour inciter le pécheur à la repentance (Act 5.31). Lorsque nous sommes des pécheurs perdus (Luc 19.10) et totalement liés par notre rébellion (1 Sam 15.23), nous n’avons pas assez de connaissance de notre culpabilité (Rom 3.23) pour nous tourner vers Dieu par nos propres forces. Le Saint-Esprit entre en jeu (Jean 16.7-11) pour nous mettre en face de notre état de pécheur. Ainsi, la culpabilité, avec son poids terrible, nous pousse à la repentance ! C’est aussi mon expérience personnelle : sans cette conviction de culpabilité, divinement envoyée par l’Esprit, je ne serais jamais venu au pied de la Croix pour être purifié par le sang du Christ (Act 15.7-9, 11).

Ainsi, la conversion biblique se caractérise par l’action du Saint-Esprit sur l’individu repentant pour l’aider à répondre positivement par la foi à Jésus-Christ comme seul Sauveur. Pour que le salut divin puisse devenir personnel, l’Esprit doit effectuer sa part en convainquant de péché, de justice et de jugement (Jean 16.7-9) puis il régénère l’individu en accordant la nouvelle naissance (Jean 3.6-7).

La suite de la conversion biblique est indiquée et confirmée par des implications de la vie du Christ sur l’entier du quotidien du croyant. La lecture quotidienne, attentive et joyeuse, de la Parole de Dieu permet au croyant d’entretenir sa relation avec Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils, par le Saint-Esprit.

La conversion biblique (à ne pas confondre avec une « conversion » religieuse) est le premier pas dans le pèlerinage de la sanctification biblique qui est un processus sérieux et quotidien accompli par le Saint-Esprit pour le reste de notre vie de converti.

Soyons toujours reconnaissants pour la conversion qui nous a été si gracieusement accordée par Dieu en Jésus-Christ par la puissance du Saint-Esprit.

Écrit par


Le chrétien n’a qu’un seul manuel qui traite le sujet de la possession et de l’exorcisme avec autorité, clarté, honnêteté, vérité : les Saintes Écritures, la Bible. Ce ne sont pas des expériences personnelles, aussi spectaculaires et efficaces qu’elles semblent être, qui comptent. Les jalons sont placés par la Parole de Dieu. Gardons-nous donc de suivre quiconque ne se conforme pas à ce Guide.

L’exorcisme n’est pas un ministère que l’on recherche, ni duquel on se glorifie (cf. 1 Cor 10.12). Le Seigneur va utiliser celui qu’il appelle, qu’il qualifie par son expérience de la vie et par sa piété, qui est reconnu par des hommes de saine doctrine avec la recommandation d’une assemblée bien établie dans les principes bibliques.

Tout chrétien doit acquérir une instruction biblique pour éviter les pièges spirituels si subtils qui attendent le converti naïf. On ne maîtrise pas un tel sujet, on s’en informe humblement et avec une crainte salutaire.

Un regard sur l’Ancien Testament

A. Satan

Son nom signifie « adversaire » et le verbe correspondant signifie « accuser, résister ». Mais il a d’autres noms et d’autres facettes : par exemple, dans l’A.T., le serpent, Lucifer, et dans le N.T., le diable, Apollyon, le dragon, Bélial, Béelzébul, le Mal.

Notons que l’A.T. (4/5e de la Bible) révèle vraiment peu de choses sur cet être invisible, mais très actif pour le mal. Le nom « Satan » n’apparaît que dans 4 chapitres (Job 1 et 2 ; 1 Chr 21 et Zach 3)1.

Pourquoi est-il fait si peu mention de ce personnage mauvais dans l’A.T. ? Seul le Créateur le sait clairement. Peut-être que Dieu n’a pas permis que les croyants de l’ancienne alliance soient consciemment et directement opposés au diable parce que la victoire de Christ sur celui-ci n’avait pas encore été ouvertement remportée et que le Saint-Esprit n’avait pas encore été répandu.

Ce qui est révélé dans l’A.T. suffit pour nous convaincre que Satan existe, qu’il est puissant, rusé et accusateur. Après Dieu, il est l’être le plus puissant de l’A.T. Et pour cette raison, le chrétien ne devrait jamais penser que l’Adversaire est un être méprisable, car son intelligence et sa puissance dépassent largement tout ce qui est naturellement humain. Seul Dieu le surpasse en intelligence et en force.

B. Les démons

Leur description est moins individualisée que celle de Satan. Les mauvais esprits (et l’évocation des esprits des morts, c’est-à-dire le spiritisme) sont associés aux pratiques occultes (Lév 20.6,27 ; Deut 18.10-11 ;1 Sam 28.7-19 ;És 8.19 ; Osée 4.12 ; 5.4 ;Zach 13.2). Beaucoup de mises en garde sévères révèlent que les esprits qui poussent à l’idolâtrie, diversement caractérisés, sont réellement de nature maléfique (cf. Ps 78.49 ; 96.5 où le mot « idoles » est traduit « démons » dans la LXX).

Toutefois, même dans les périodes de complet déclin spirituel, Dieu n’a jamais permis que Satan et ses démons anéantissent la nation d’Israël (cf. Zach. 3.2).

À ma connaissance, il n’y a pas un seul cas d’exorcisme dans l’A.T.

La relative sobriété de l’A.T. à propos de l’activité satanique nous enseigne déjà que le croyant ne doit pas se laisser obnubiler par l’étude du Mal, car cela serait une façon de glorifier des créatures (Satan et les démons) opposées à Dieu.

Un regard sur la période intertestamentaire

La littérature juive non-canonique, qui couvre à peu près 400 ans, entre Malachie et Jésus-Christ, traite beaucoup plus la question des forces du Mal que l’A.T. Pourquoi ? Il est probable que, dans cette période, le peuple juif, successivement sous les occupants médo-perses, grecs et romains, paganisés et marqués par l’occultisme à outrance, s’est laissé pénétrer profondément par des influences maléfiques.

Les érudits juifs se sont penchés sur Genèse 3.1-6 et Job 1-2, et ils sont parvenus à trois conclusions :

1. Pour le moment, Dieu règne au-dessus de Satan, à qui une certaine liberté d’action limitée est permise.

2. Le pouvoir de Satan n’est pas complet sur tout ce qui se passe dans le monde, car Dieu vient en aide aux siens en temps voulu.

3. Le jour viendra où Dieu exercera son règne sur ce monde, et probablement dans celui d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre d’où Satan et ses démons seront bannis et envoyés, avec tous les êtres humains perdus, dans un enfer éternel !

Toute cette réflexion forme l’arrière-plan de l’intérêt des Juifs au sujet de Satan et des démons que nous découvrons dans le N.T. Toutefois, toutes les idées juives de la période intertestamentaire ne se retrouvent pas totalement dans la période du N.T.

Un regard sur le ministère de Jésus-Christ

Jésus, notre modèle

L’attitude de Jésus-Christ face au monde des ténèbres est le modèle de notre action sur le sujet.

Les exorcismes sont limités aux trois premiers Évangiles. Pourquoi ? Ces Évangiles présentent essentiellement Christ sous son aspect humain, incarné. La vie de l’homme Jésus sert de champ de bataille entre son humanité et le monde maléfique invisible. Et ce monde essaie de s’installer, de vaincre et de dominer l’humanité, individu par individu. Le Saint-Esprit, à travers Jésus et son histoire, voulait révéler aux hommes, bons et mauvais, que le monde ténébreux existe réellement (mais pas selon les légendes et les mythes de l’Antiquité).

L’Évangile selon Jean ne contient aucun exorcisme. Cet Évangile présente le Christ en tant que Dieu incarné sur la terre. L’opposition de Satan est dévoilée au travers de l’incrédulité des hommes (cf. Jean chap. 8et 9 en particulier). La supériorité du Fils de Dieu sur les agents humains de l’Ennemi finit par s’imposer de manière éclatante.

Sept exorcismes accomplis par Jésus dans les Évangiles

L’exorcisme peut être défini comme l’acte de libérer des individus affectés — et même parfois contrôlés — par l’influence malveillante des forces démoniaques invisibles, mais parfois audibles. Cet acte de guérison divine de cas psycho-spirituels diaboliques est totalement différent de toute autre forme de guérison (physique et/ou « normalement » psychologique) par une intervention de la part de Dieu ou par un traitement médical (cf. Marc 7.31-35 ; 8.22-25 ; 5.25-34, etc.). La méthode employée par Jésus pour la guérison médicale d’un individu qui n’a subi aucune domination démoniaque a été le toucher. Toutefois, dans les cas d’exorcismes des esprits maléfiques, Jésus n’a jamais touché un seul individu. Il se contente de parler au démon, en lui donnant des ordres courts et autoritaires.

Jésus n’a jamais considéré son ministère d’exorcisme comme une fin en soi ou seulement comme un exercice de compassion. Ces délivrances indiquaient la présence du règne de Dieu, actualisé à ce moment-là sur la terre en sa personne (Luc 11.20). Ainsi Jésus démontrait sa victoire sur la terre (Luc 10.18 ; Jean 12.31), même avant celle gagnée à la croix (cf. Héb 2.14-15).

Voici les 7 cas d’exorcismes racontés en détail dans les trois premiers Évangiles :

1. L’homme de la synagogue de Capernaüm (Marc 1.23-28 ; Luc 4.33-37)

Un homme est possédé par un « esprit impur ». Le mot « esprit » est ici un sémitisme désignant un démon. Le démon reconnaît Jésus comme Dieu incarné. Le « nous » qu’il emploie pourrait signifier qu’il se voit comme le représentant de toutes les forces du Mal (cf. Marc 3.11) et la réponse de Jésus démontre qu’il l’accepte comme tel.

Jésus commande avec autorité2 au démon de sortir (cf. Marc 5.8 ; 9.25). Mais ce démon, pour exprimer sa haine d’être obligé de partir, fait souffrir physiquement le pauvre homme en le quittant ! Les démons semblent avoir la capacité de prendre une revanche momentanée, mais limitée.

La victoire de Jésus est la preuve physique que l’autorité de Dieu s’exprime dorénavant parmi les hommes.

2. Le possédé gadarénien (Marc 5.1-20 ; Mat 8.24-34 ; Luc 8.26-39)

Cette histoire extraordinaire se déroule en quatre temps :

• La rencontre (Marc 5.1-9) : Jésus trouve en face de lui un homme contrôlé par le même type d’esprit que dans l’épisode précédent. Cet esprit a rendu l’homme physiquement très fort et psychiquement bouleversé, avec des comportements autodestructeurs.

Un démon, représentant la multitude de ceux qui accablent ce pauvre homme, emploie trois tactiques pour rejeter le pouvoir et l’autorité de Jésus :

– il rend une sorte d’hommage à Jésus (essaie-t-il de l’amadouer ?) ;

– il identifie correctement Jésus comme Dieu le Plus Haut (cherche-t-il la clémence en le flattant ?) ;

– il supplie fortement « au nom de Dieu » de ne pas être envoyé immédiatement vers son destin de punition éternelle (cherche-t-il désespérément une sorte de miséricorde de la part du Créateur ?).

Jésus commande très simplement au démon de sortir.

• La délivrance (Marc 5.10-13) : Le chef démon et tous les autres demandent à Jésus de ne pas les envoyer là où ils existeraient comme des esprits désincarnés, c’est-à-dire incapables de tourmenter les hommes. Ils se disent même prêts à vivre dans des pourceaux. Ils croient ainsi pouvoir gagner la confrontation avec Jésus, mais lui sait quelle sera la réaction des pourceaux. Alors il les y envoie, et les démons en sont aussitôt délogés – pour attendre leur jugement final : il ne faut pas essayer de marchander avec Jésus !

• La réaction des Gadaréniens (Marc 5.14-17) : Ces païens manquent la rencontre la plus importante de leur vie en préférant le paganisme et l’appât du gain futur.

• La mission du délivré (Marc 5.18-20) : L’homme guéri soumet à Jésus une requête légitime : il voudrait le suivre. Mais Jésus a une meilleure mission pour lui : être son représentant auprès de tous dans la région en racontant ce que Jésus lui a fait. Avec vigueur, cet homme part immédiatement accomplir la volonté de son nouveau Maître, et son témoignage est retentissant.

3. La fille syro-phénicienne (Marc 7.24-30 ; Mat 15.21-28)

Jésus fait une excursion en terre païenne, et il est rencontré par une mère qui lui demande de chasser le démon de sa fille. Surprise ! Jésus ignore d’abord sa requête, puis il déclare assez froidement (mais pédagogiquement !) qu’il ne serait pas convenable de faire un miracle parmi ce peuple païen à ce moment-là. La mère a une réponse étonnamment humble, mais sublime, basée sur sa compréhension de l’identité réelle de Jésus (Mat 15.21). Cette réponse touche profondément le cœur de Jésus. Il intervient à distance, affirmant que la fille est déjà libérée de la présence néfaste du démon.

Notez bien que Jésus ne s’adresse jamais au démon, ni ne donne d’ordre à son égard ! Sa présence auprès de la fille n’est pas nécessaire. Jésus agit sur la déclaration de foi de la mère — pas même celle de la victime (la fille) ! Essayez d’imaginer les émotions de cette mère qui court à sa maison, puis sa joie en voyant sa fille guérie. Il faut avoir été un parent accablé pour comprendre profondément cette expérience, me semble-t-il.

4. Le fils possédé (Marc 9.14-29 ; Mat 17.14-21 ; Luc 9.37-43)

Un père est accablé par le triste état de son fils : autiste, sourd, épileptique, impur aussi (Marc 9.25), il exige une surveillance permanente. Quelle fatigue physique, quelle angoisse psychologique !

Son intervention auprès des disciples a été sans succès — bien que Jésus leur ait accordé auparavant le « pouvoir sur les esprits impurs » (Marc 6.7).

Jésus critique très sévèrement ses disciples pour leur échec, puis, après une petite enquête préliminaire, il intervient rapidement, simplement et victorieusement — sans spectacle public (Marc 9.25a).

Il est à noter que Jésus exige que le démon ne revienne plus jamais (Marc 9.25) ! Cela semble signifier que le garçon était la victime (avant sa guérison) d’un « va et vient » du démon. Jésus n’admet nullement que le démon expulsé revienne un jour habiter le jeune homme guéri. Cela veut dire clairement que lorsqu’un individu a été délivré, le démon ne peut jamais revenir en lui (mais voir point 6 ci-après pour compléter cette affirmation).

Deux remarques pour clore cette intervention spéciale :

– Le but des démons en possédant des individus est leur destruction, jusqu’à la mort si possible (cf. Marc 9.18,21-22,26).

– Le « succès » de l’exorcisme dépend de la prière de foi, celle qui exprime une réelle dépendance de Dieu pour qu’il accomplisse l’impossible (Marc 9.28-29). Dans ce domaine, la foi en un don particulier pourrait devenir un piège subtil. Un succès passé n’est pas une garantie perpétuelle de réussite.

5. Le démoniaque muet (Mat 9.32-34)

Peu de détails sont donnés sur les antécédents de ce muet. Serait-ce sage de suggérer à ceux qui croient avoir le don d’exorcisme de ne pas être trop curieux d’une manière morbide, en fouillant trop longuement dans le passé de la victime. Jésus agit, sans qu’aucun détail soit donné. Ainsi l’attention reste fixée sur sa personne.

6. Le démoniaque aveugle et muet (Mat 12.22 ; Luc 11.14)

Cet exorcisme est tout aussi rapide, simple, net et sans effort que le précédent. La parabole de la maison ornée et balayée (Mat 12.43-45) ajoute un enseignement nécessaire : le pécheur délivré par l’exorcisme est vide à l’intérieur ; si ce vide n’est pas rempli par le Saint-Esprit, l’état du « vidé » s’aggrave pour devenir pire que sa première condition ! Il est possible qu’une personne soit délivrée d’une possession sans pour autant qu’elle se convertisse au même moment, d’où le risque de rechute.

7. La femme courbée (Luc 13.10-17)

Contrairement aux apparences, ce cas n’est pas une exception. Jésus voit cette femme âgée. Immédiatement, il va vers elle et lui annonce simplement qu’elle est dès ce moment délivrée de son « asthénie ». La cause de son problème est réglée par la parole du Maître ; par son toucher, ce dernier l’aide ensuite à redresser ce corps rigide depuis 18 ans (une session de « kiné céleste » !).

Quelques applications

Voici quelques principes à retenir de ces 7 cas :

– Chaque cas est différent et il convient de prendre en compte les circonstances et la personne, selon le discernement accordé par le Saint-Esprit.

– Un exorcisme se passe dans le calme, sans aucune lutte longue et laborieuse, sans ostentation publique, sans cris ni transes de la part de l’exorciste.

– Comme pour les disciples (cas 4), il serait présomptueux pour quelqu’un qui croit avoir le « don de chasser les démons » de penser que ses interventions seront toujours couronnées de succès.

– L’humilité conduit à ne pas faire publicité de ses « exploits » ; la gloire doit être laissée au Seigneur, le vrai « guérisseur ». Le but de l’exorcisme est de faire voir Jésus, et non pas d’attirer le regard sur le « chasseur », car il n’est qu’un instrument.

– Il ne convient pas de toucher la personne possédée, car cela pourrait être compris comme un acte d’identification positive.

– Chaque victoire de Jésus est permanente. Il n’est donc pas nécessaire de revenir encore et encore pour être délivré. Le « délivré » ne doit jamais vivre dans la peur que l’hôte maléfique d’autrefois puisse revenir en lui (cf. cas 4). Lors de sa conversion, il a été délivré « de la puissance des ténèbres » (Col 1.13a) et son corps est devenu le temple du Saint-Esprit (1 Cor 6.19). Satan ou un démon ne peuvent jamais cohabiter avec l’Esprit saint ! En dépit de cette promesse, le diable est toujours à la recherche de celui qu’il pourrait « avaler » (1 Pi 5.8) — c’est-à-dire attaquer de l’extérieur, pourchasser, éventuellement jusqu’au martyre.

– La personne délivrée peut avoir besoin d’un accompagnement spirituel pratique pendant un certain temps pour l’aider à « se redresser » (cf. cas 7).

– Le N.T. ne mentionne qu’une seule fois que Satan est entré dans un homme : Judas (Luc 22.3 ; Jean 13.27). Satan est une créature ; il ne peut donc pas être partout en même temps. Ce sont ses acolytes, les démons, qui œuvrent sous sa direction. Leur nombre est inconnu, mais il n’est pas infini.

Notons aussi qu’il faut faire la différence entre d’une part la possession et d’autre part une maladie mentale, un accident entraînant des troubles cérébraux3, des conditions psychologiques spécifiques dues à l’hérédité, la déficience d’une hormone cérébrale, etc. Tout comportement dit « anormal » ne doit pas être catalogué comme « démoniaque ».

Avant de poser un diagnostic, il est capital de faire preuve de discernement. Et j’ajouterai qu’il est même préférable que toute situation soit traitée par au moins deux hommes expérimentés, fondés dans la doctrine et ayant une vie équilibrée.

Par ailleurs, chez nous qui sommes convertis, la chair s’exprime trop souvent et d’une très mauvaise manière parce que nous ne marchons pas dans la puissance de l’Esprit saint, mais cela n’est pas assimilable à la possession démoniaque. Le chrétien qui pèche (et qui ne pèche pas ?) est totalement responsable de son acte. Blâmer un démon pour un péché peut être une fausse excuse.

Exorciser ou ne pas exorciser ?

Une étude plus approfondie de notre thème serait nécessaire pour établir ce que le livre des Actes et les Épîtres enseignent à ce sujet. Les conclusions provisoires auxquelles nous sommes parvenus ne sont pas démenties par les textes subséquents du N.T. et nos lecteurs peuvent s’en assurer par eux-mêmes. Nous maintenons donc notre affirmation initiale : la Bible (surtout le N.T.) doit constituer notre seul manuel authentique d’exorcisme.

Rappelons également que cette activité très spéciale n’est confiée qu’à peu de personnes. Celles-ci doivent être hautement qualifiées spirituellement. Leur ministère, si peu fréquemment mentionné dans le N.T., ne doit jamais devenir central ou prestigieux, car il est spirituellement dangereux et conduit facilement à l’orgueil.

1 Certains ajoutent Ps 109.6, où « adversaire » se lit litt. « Satan ».
2 Plutôt que « menace ».
3Mon frère aîné eut le crâne écrasé à sa naissance ; cela entraîna pendant toute sa vie de l’épilepsie, parfois jusqu’à 22 crises par jour.

Écrit par


L’ÉVANGÉLISATION PERSONNELLE

« Papa ! Maman ! Hier soir j’ai accepté Jésus-Christ comme mon Sauveur. Il a pardonné tous mes péchés et m’a donné la vie éternelle. J’irai au ciel et je veux que nous allions tous au ciel. Si vous n’acceptez pas Jésus comme votre Sauveur, vous irez en enfer ! » Cette lettre à mes parents est ma première expérience d’évangélisation personnelle, pleine de fougue et bien peu diplomatique ! Mon père s’est converti une semaine après, et ma mère est revenue au Seigneur (je ne savais pas qu’elle était chrétienne ; le savait-elle elle-même ?). J’avais 16 ans et depuis le virus de l’évangélisation personnelle ne m’a pas quitté.

L’évangélisation personnelle

Je vous propose une définition populaire : « L’évangélisation n’est autre qu’un pauvre disant à un autre pauvre où il peut trouver du pain ! » L’évangélisation est donc une activité joyeuse et sérieuse d’un pécheur repenti qui a rencontré authentiquement et personnellement le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, et qui a envie de partager la Bonne Nouvelle avec d’autres (1 Cor 15.3-4 ; Tite 2.13-14 ; Gal 1.3-4). Les premiers disciples avaient des cœurs remplis et pressés par l’amour de Christ (2 Cor 5.14-15). Êtes-vous aussi motivé par l’amour de Christ ?

Historiquement, l’évangélisation a commencé en Actes 2. En lisant le livre des Actes en entier, nous comprenons ce qu’ont été le contenu, les méthodes, la manière de faire, les résultats et l’opposition à Jésus et à ses témoins.

La première méthode d’évangélisation était de personne à personne (cf. Act 11.19-21). Parfois, les apôtres avaient également l’occasion de partager la vérité en public devant des foules. J’étais encore un jeune converti avec un bagage de 5 ans et demi de vie chrétienne, dans le port de Barbade, lorsque l’Esprit m’a interpellé : « Va prêcher la nouvelle naissance selon Jean 3 ! » Je suis monté sur une voiture et, de là, je prêchais Jésus du mieux que je le pouvais. J’entendais ici et là des « amen ». Depuis, le Seigneur m’a donné régulièrement des occasions de prêcher dans la rue. Remarquez que le plus souvent dans l’histoire de l’Église, les grandes réunions n’étaient pas possibles : l’Évangile ne progressait que par des individus convaincus (cf. Mat 28.18-20 ; Act 1.8). Témoigner pour Jésus n’est pas une option. C’est un choix joyeusement assumé sous l’animation de l’Esprit qui veut nous employer pour parler de Jésus-Christ. Celui qui a été arraché à Satan, qui ne veut pas que les perdus aillent en enfer et qui vit pleinement la vie de Jésus est porté vers les perdus !

Durant de nombreuses années en Occident, les églises ont laissé le travail aux grands évangélistes itinérants prêchant dans les grandes réunions ! Le témoignage personnel n’était plus guère encouragé. Aujourd’hui, nous avons besoin de vivre un réveil personnel et redonner à l’évangélisation personnelle toute son importance.

Persévérer dans le témoignage

Cher lecteur, je ne cherche rien d’autre que de vous encourager à partager Jésus-Christ avec les autres. Voici comment Dieu m’a amené à témoigner avec l’aide du Saint-Esprit depuis 60 ans de différentes manières et dans des endroits très divers. Oui ! Si l’Esprit a pu utiliser un jeune ignorant de toute bonne doctrine qui vivait sans Dieu, il peut aussi vous utiliser pour attirer l’attention de ceux qui vous entourent vers Jésus-Christ (1 Cor 1.17 ; Act 26.17-18). Il le fait en remplissant votre cœur d’amour pour les autres sous la direction de l’Esprit, car c’est lui qui sait témoigner.

J’ai été profondément captivé par le Seigneur Jésus qui m’a sauvé et qui a immédiatement révolutionné mon quotidien : « En effet, si je suis hors de sens, c’est pour Dieu ; si je suis de bon sens, c’est pour vous. Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous sont donc morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.13-15) Avec force, il opérait en moi et à travers moi pour ceux qui se trouvaient autour de moi. Je me rendais compte que tous les hommes marchant dans le monde étaient perdus, je souhaitais qu’ils entendent parler de Jésus-Christ !

Pour témoigner de Jésus-Christ, voici deux éléments nécessaires :

1)  La prière, constamment la prière, pour rester dépendant du Saint-Esprit qui va créer des occasions pour que nous puissions partager le Seigneur au travers de l’Évangile.

2)  La connaissance de passages clés répondant à quatre questions :

a)  Pourquoi Jésus est-il venu ? (1 Tim 1.15 ; Luc 19.10 ; Marc 2.17 ; Rom 5.6, 8)

b)  Qu’a fait Jésus pour pardonner et sauver les pécheurs ? (1 Cor 15.3 ; 1 Pi 2.24 ; 3.18 ; Héb 9.26)

c)  Comment le pécheur peut-il être sauvé ? (Act 3.19 ; 16.31 ; Jean 3.16 ; 20.31 ; Éph 2.8-9)

d)  Quelle assurance peut-on avoir d’être sauvé ? (Jean 1.12-13 ; 5.24 ; 10.27-29 ; Rom 10.9-11 ; Éph 2.4-9 (dont une preuve concrète au verset 9) ; Col 1.12-14).

 Quand faut-il témoigner ?

Où que l’on soit, dans un esprit d’attente et avec le désir de parler du Seigneur, l’Esprit ouvrira la porte. En avion, en train, en voiture, en marchant, dans la rue, dans une maison, etc. C’est mon expérience. La plus grande difficulté est de construire un « pont » avec l’autre pour lancer la conversation. Par exemple, un jour, je me suis trouvé aux urgences à l’hôpital à 2 heures du matin dans la salle d’attente avec un jeune, crâne rasé, longue barbe noire, visage basané : je savais que j’avais à faire à un musulman ! J’ai beaucoup prié et cherché quelle question poser pour briser cordialement le silence. Banalement, j’ai lancé la question : « Pourquoi êtes-vous ici ce matin ? » Ça démarrait… Serais-je capable d’utiliser ses réponses pour lui poser d’autres questions ou lui adresser un propos personnel ? D’un seul coup, je lui demande : « Êtes-vous pratiquant » ? Le reste a été facile, il m’a fallu construire mes questions sur ses réponses. Lui, curieux, commençait à me poser des questions. J’ai pu lui donner un Nouveau Testament de poche à un moment propice et surtout parler de Jésus et de ce qu’il avait fait en moi. Ainsi, notre tâche est d’amener intelligemment et humblement le pécheur de là où il est spirituellement vers Jésus-Christ. Sème avec vérité et avec amour, l’Esprit s’occupe de la suite.

Selon le contact et le temps déjà engagé dans la conversation en attendant une ouverture naturelle, on peut poser des questions comme : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes sur cette terre ? », « Où irez-vous après cette vie ? » ou « Avez-vous l’espérance de vivre avec Dieu après votre mort ? » En restant en prière, l’Esprit sera capable de vous diriger pour savoir que dire. Beaucoup de nos questions et réponses sont apprises en tâtonnant au cours du temps. Ne vous laissez pas décourager ! J’aime donner soit un Évangile, soit un Nouveau Testament de poche après une rencontre, même de quelques minutes, « J’aimerais vous remercier pour votre aide, veuillez accepter ce cadeau comme un souvenir de notre rencontre. » Je sème pour l’éternité. Même après 60 années de témoignage personnel, je suis constamment dans une attitude de prière en vue de laisser l’Esprit mettre les mots dans ma bouche, souvent soudainement sans les avoir cherchés.

Qu’il soit clair pour chacun qu’il n’existe pas qu’une seule, ni plusieurs méthodes sûres pour garantir des fruits ! Le Saint-Esprit nous formera petit à petit avec sa méthode, celle qui colle avec notre personnalité, notre arrière-plan et notre expérience. Ce qui est important, c’est notre désir d’être utilisé parce que nous aimons le Seigneur et que nous voulons que notre interlocuteur puisse rencontrer le Seigneur. Les méthodes varient selon la situation : dois-je parler, offrir un Nouveau Testament de poche, donner un traité, etc ? Restez éveillé à ce que votre interlocuteur fait ou dit à tel moment. Cherchez à comprendre à quel type de personne vous avez à faire.

Pièges à éviter

Il existe des pièges qui nous empêchent de témoigner, tous viennent en dernière analyse de l’Ennemi qui craint de perdre les siens par leur conversion à Christ :

?  On n’est pas en communion étroite avec le Maître.

On n’est pas quotidiennement dans la Parole pour rester tout près de son cœur.

On est dans un état de péché non confessé.

On n’aime pas les perdus (ayant comme fausses pensées : « Qu’ils se débrouillent par leurs propres efforts pour trouver le Seigneur  », ou « S’ils sont des élus, ils seront sauvés sans mon effort ! »)

On est pris par tellement de soucis qu’on a oublié l’amour pour les âmes (1 Cor 5.13-15) et la mission donnée par le Seigneur (Act 1.8).

On suit une tradition où l’évangélisation personnelle n’est ni une priorité ni une nécessité.

On n’a ni vision ni conviction que le Seigneur pourrait nous utiliser.

On a peur de ce que vont penser ou dire les autres, « fanatique, retardé, égoïste, sectaire, intolérant, ignorant, etc. »

 Rappelez-vous alors de l’exemple de Paul : « Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses; mais je n’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là. » (2 Tim 1.12)

Aider à prendre une décision

Quant à demander à celui à qui on a présenté Jésus-Christ de prendre une décision, je crois qu’il faut être très sensible à l’Esprit. A-t-il bien compris la vérité (le péché, sa condamnation, l’œuvre de Jésus sur la croix, la nécessité de la repentance, etc) ? Possède-t-il un vrai esprit de repentance ? Veut-il « accepter le Seigneur » pour nous plaire ? Un jour, un étudiant universitaire est venu à moi pour « accepter Jésus », mais en parlant avec lui, j’ai compris qu’il ne se sentait pas pécheur. Je lui ai dit de revenir vers moi quand il se sentirait vraiment pécheur, puis nous discuterions à nouveau ! Quelques semaines après, il s’est humilié dans sa chambre se reconnaissant comme un pécheur. Il a accepté Jésus comme Sauveur, et sa vie fut changée.

Enfin, comment aider une personne sincère et qui comprend l’essentiel de l’Évangile à rencontrer Jésus-Christ par la foi ? Je propose quatre étapes essentielles d’une prière authentique. Notez que répéter la confession suivante comme un rituel ne fera pas l’affaire ! Cette prière comporte les éléments importants d’une confession sincère, mais il est important que la personne que vous accompagnez la dise avec ses propres mots.

1) « Dieu, je te reconnais comme saint, juste, droit, amour, Créateur. »

2) « Dieu, je reconnais que je suis pécheur, que j’ai péché contre toi et que je suis justement condamné devant toi. »

3) « Dieu, j’ai compris que Jésus a souffert et est mort à la Croix, puni à ma place pour tous mes péchés »

4) « Dieu, Jésus avait dit après sa résurrection que si je lui ouvre mon cœur pour qu’il vienne, il y entrera, pardonnera tous mes péchés, et me donnera la vie éternelle. Maintenant Seigneur Jésus-Christ par la foi, je t’invite dans mon cœur comme mon Sauveur. Merci pour le pardon de mes péchés, le cadeau de la vie éternelle et pour la capacité que tu me donnes de vivre pour toi. Amen. »

C’est important ensuite de prendre le temps de partager des références bibliques traitant de l’assurance du salut1. Vous êtes devenu son père ou sa mère spirituel(le) et avez donc une responsabilité spéciale. Je vous encourage à voir régulièrement cette personne pour l’aider à grandir en Christ. Cela ensemble par la prière, la lecture, l’explication des principes de la vie chrétienne, l’amour de la communion fraternelle, mais aussi pour partager la nécessité de trouver une bonne église en vue de vivre Actes 2.42.

L’évangélisation est un style de vie, plus qu’une activité ponctuelle. Elle est caractérisée par un amour évident, une force de conduite, une vision du bien-être éternel des autres. Si tout cela n’est pas incorporé profondément dans votre âme et votre esprit, confessez-le au Seigneur en lui demandant de révolutionner votre style de vie, pour sa gloire.

1 Jean 3.16 ; 10.27-29 ; Col 2.12-14, entre autres

Écrit par


Le titre de cet article va peut-être vous surprendre ! La tradition évangélique réserve d’ordinaire le terme de « béatitudes » aux listes de Matthieu 5.1-12 et Luc 6.20-23. Par ces paroles, Jésus-Christ avait un but particulier : enseigner aux siens les normes que Dieu fixe à disciple — dans sa conduite spirituelle personnelle et dans ses relations interpersonnelles. Le mot « béatitude » signifie à l’origine « un état de bien-être ». Déclarer un individu « bienheureux » est lui souhaiter d’être dans un état de bonheur, de félicité, d’honneur.

Mais connaissons-nous les sept « béatitudes » du livre de l’Apocalypse (1.3 ; 14.13 ; 16.15 ; 19.9 ; 20.6 ; 22.7.14) ? Elles sont bien différentes de celles des Évangiles dans leur sens et leur portée, car leurs contextes et leurs contenus sont tout autres. Celles de Jésus ont été énoncées dans l’environnement paisible du début de la prédication du royaume de Dieu, tandis que celles de l’Apocalypse ont été écrites pendant une période de sévère persécution à la fin du 1er siècle. Elles s’inscrivent dans un kaléidoscope eschatologique catastrophique de la fin des temps, où certaines promesses et assurances sont destinées à encourager le disciple à rester fidèle à l’Agneau envers et contre tout. Ces exhortations de l’Apocalypse ont affermi le dévouement des disciples persécutés depuis lors.

Les sept bénédictions

1. « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites ! » (1.3)

« Heureux » peut aussi être traduit par « béni » : vu les thèmes fréquemment tragiques de ce livre, il me semble que « béni » est mieux adapté que « heureux ». On peut recevoir une bénédiction de Jésus même pendant une crise décourageante ! La bénédiction vient encore d’En-haut, malgré les drames horribles qui se déroulent pendant la période de la tribulation. Cette bénédiction venait et viendra à la suite de la lecture attentive et obéissante de la Parole écrite. La lecture et la compréhension de ce livre s’avèrent un peu difficiles ; une promesse de bénédiction est donc offerte pour inciter le disciple à aller jusqu’à la fin de son engagement envers Christ.

Voici trois leçons à tirer du verset :

(a) Les seuls vrais bienfaiteurs sont le Père et l’Agneau, par l’Esprit. La bénédiction n’est pas à chercher en idolâtrant tel ou tel « grand ».

(b) Il y a une vraie bénédiction à recevoir la Parole de Dieu (cf. 1 Thes 2.13).

(c) La lecture publique est bénie ; donc lisons davantage la Bible à haute voix, en particulier en réunion d’église.

Prière : Seigneur Jésus, fais de moi un lecteur quotidien fidèle et obéissant à la parole de Dieu. Amen.

2. « J’entendis du ciel une voix qui disait : Écris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. » (14.13)

Le contexte indique que cette bénédiction est réservée aux persécutés, qui font face à une mort certaine en raison de leur fidélité à la parole du Père et à la foi prêchée en Jésus (14.12-13). Leur réconfort vient du fait qu’ils sont déjà dans un état de bénédiction, car ils seront bientôt avec le Père et l’Agneau (cf. Phil 1.21,23 ; 3.20-21). Le Saint-Esprit vient confirmer la première promesse. La persécution pourrait épuiser le corps et assommer l’âme et l’esprit ; on pourrait être tenté de lâcher prise et se dire intérieurement : « À quoi tout cela sert-il ? » La voix venant du ciel réconforte les fidèles chancelants : « Votre prochaine arrivée là-haut vaut la peine ; donc restez fermes, car l’épreuve qui peut vous conduire à la mort ouvre la porte au repos. » En plus, « leurs œuvres les suivent » : toute leur activité pour représenter fidèlement Jésus en face de l’opposition diabolique acharnée sera largement récompensée au ciel (cf. Luc 10.7 ; 1 Tim 5.18 ; Jean 4.36).

Prière : Seigneur Jésus, fortifie-moi par l’Esprit saint pour que je te reste fidèle malgré l’opposition et la tentation de te renier. Amen.

3. « Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte ! » (16.15)

Le contexte est celui de la 6e coupe de jugement (16.12-16) qui décrit la préparation à la longue campagne1 d’Harmaguédon. C’est à la fois une promesse (celle d’avoir la surprise de voir le Seigneur) et un avertissement solennel. Jésus cherche à préparer les siens (ceux convertis pendant la période de la grande tribulation) à lui rester fidèles en dépit de l’opposition injuste venant d’hommes inspirés par Satan et sous le contrôle de l’antichrist. « Veiller », « rester en éveil » signifie anticiper la visite de quelqu’un d’important (ici Jésus) à n’importe quel moment en gardant ses vêtements (on ne se met pas en pyjama si l’on attend un visiteur de marque !) « Marcher nu » est une image annonçant une réprimande au jour de jugement ; « garder ses vêtements » signifie pratiquer de bonnes œuvres (Éph 2.10) en accord avec le salut qu’on possède (cf. 19.8).

Je vois personnellement des leçons spirituelles pratiques pour nous :

–  Jésus n’a pas encore dévoilé le moment exact de son retour pour nous ; aussi soyons préparés (cf. Mat 25.1-13), ne nous relâchons pas (cf. 1 Thes 5.5-8).

Continuons à faire du bien aux autres en dépit des circonstances contraires (cf. 1 Th 2.8-10 ; Mat 25.35-36 ; Tite 2.13-14 ; 3.1-2 ; 2 Cor 9.8 ; Éph 2.10).

Rappelons-nous que nous comparaîtrons devant le tribunal de Christ (2 Cor 5.10) : quel embarras pour nous s’il nous trouve dans un état incompatible avec les exigences morales de sa Parole (cf. 3.18)…

 Prière : Seigneur Jésus, stimule-moi par l’Esprit à prendre au sérieux ma responsabilité de te représenter avec fidélité, parce que je ne veux pas avoir honte devant toi. Amen.

4. « L’ange me dit : Écris : Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau ! Puis il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu. » (19.9)

Tout né de nouveau en Jésus-Christ depuis la Pentecôte est au bénéfice de cette bénédiction : l’Église de tous les siècles participera à une fête céleste grandiose, le « banquet nuptial » qui suivra son mariage spirituel avec l’Époux (l’Agneau, Jésus-Christ) (19.7).

Prière : Merci, Seigneur Jésus, pour ce privilège futur.

Le verset 10 décrit la réaction appropriée : adorer Dieu le Père pour cette perspective inestimable concernant Jésus et nous, les sauvés.

Ne serait-t-il pas convenable que nous fassions pareil ? Si cette bénédiction est surtout réservée pour le ciel, nous avons le privilège maintenant de nous réjouir en attendant la gloire ! Ne nous en privons pas ici-bas, frères et sœurs ! Vibrons dans l’anticipation de cette expérience future inouïe, en dépit des tempêtes de la vie.

Prière : Père Céleste, fortifie-moi pour rester fidèle à l’Agneau immolé malgré toute opposition qui me pousse à le renier. Gloire à toi ! Amen.

5. « Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. » (20.6)

Le mot « saint » signifie une séparation du mal puis une consécration — un dévouement au service de Dieu. Le croyant sauvé, ayant été mis à part et justifié à sa conversion (Rom 3.22-26 ; 5.1-2 ; 8.30), cherche pendant son pèlerinage ici-bas à se séparer quotidiennement de ce qui ne correspond pas au saint caractère moral de Dieu.

Les saints mis à mort pendant la période de la tribulation seront ressuscités pour participer activement avec Christ à son règne millénaire : c’est leur récompense pour leur fidélité face à des persécutions souvent mortelles. Ils vont servir d’intermédiaires entre le Roi Jésus et les pécheurs (ceux nés pendant le millénium naîtront avec la nature adamique et vont donc pécher, cf. 20.7-9).

Notre texte mentionne une « seconde mort » : elle aura lieu après le jugement du grand trône blanc après la fin du millénium. C’est la mort après laquelle il n’y aura aucune possibilité de retour ni de pardon. Tous les perdus de toute l’histoire humaine y seront rassemblés pour subir leur juste jugement !

Si vous n’avez pas encore accepté le salut par la repentance envers Dieu et la foi en Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, c’est le moment de lui offrir votre soumission. Ainsi vous n’entrerez jamais dans la deuxième mort éternelle qu’est l’étang de feu (20.14-15).

Prière : Merci, Seigneur ressuscité, de récompenser activement tes fidèles d’une manière juste pendant le millénium. Amen.

6. « Et voici, je viens bientôt. — Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ! » (22.7)

Le Seigneur interpelle le lecteur brusquement, puis il promet que son apparition sera soudaine. « Bientôt » n’est pas une mesure sur l’échelle du temps, mais un mode d’apparition : « rapidement ». Si lors de sa première venue, Jésus était entré progressivement dans son ministère, sa seconde venue sera subite.

Le Seigneur promet une bénédiction spéciale à toute personne qui prend au sérieux le contenu du livre. Une des leçons principales est l’exaltation de la gloire du Père et du Seigneur Jésus-Christ, l’Agneau. Preuve en est la présence de 15 doxologies (1.5b-6 ; 4.8,11 ; 5.9-10,12,13 ; 7.10,12 ; 11.16-18 ; 15.3-4 ; 16.5-6,7 ; 19.1-3,4,6-8), dont 9 sont réservées uniquement au Père, 3 uniquement à l’Agneau, et 3 au Père et à l’Agneau2.

Prière : Aide-moi à apprécier et à garder dans mon cœur et dans ma vie les vérités apprises par la lecture et la méditation de ce livre.

7. « Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville ! » (22.14)

Le sang de Jésus-Christ joue un rôle primordial dans l’accomplissement de notre salut, car il signifie que nos péchés ont été enlevés éternellement et le résultat est notre droit d’accès auprès du Père et de l’Agneau (1.6 ; 5.9 ; 7.14). Au millénium, les rachetés ressuscités de la tribulation vont jouir de tous les privilèges de la citoyenneté (És 25.8 ; Rom 8.29 ; 1 Jean 3.2 ; Apoc 7.13-17 ; 22.1-5).

Prière : Merci, notre Père Céleste, parce que, par le sang versé de Jésus-Christ notre Sauveur, toute personne née de nouveau va pouvoir bénéficier abondamment de tous les privilèges que tu nous réserves avec le Seigneur.

Résumé et conclusion

Ce livre unique dans toute la Bible est un mélange d’extrêmes : il va des hauteurs de l’existence céleste avec Dieu le Père et avec Jésus, l’Agneau, par l’Esprit, jusqu’aux profondeurs de la dépravation humaine attisée par Satan. Sa lecture doit conduire le pécheur à la repentance et à la foi pour échapper à l’étang de feu, et stimuler le converti à une vie de fidélité disciplinée en face de toute opposition.

Au milieu de toutes ces descriptions, le lecteur peut désaltérer son âme et son esprit à sept oasis de « bénédictions » qui nous sont déjà accessibles. Pour en jouir, souvenons-nous que :

– la lecture de la Parole est une nécessité pour rester proche de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

– la Parole lue apporte du bien-être seulement si on y obéit et la met en pratique.

– la Parole avertit chacun qu’il existe une règle inviolable et indestructible : tout sera récompensé à la fin, soit le mal, soit le bien. Chacun donc doit décider maintenant de quel côté il veut se ranger.

– les bénédictions divines sont innombrables (et vont bien au-delà des sept traitées dans cette étude). Elles sont utiles pour soutenir chaque sauvé dans toutes les situations imaginables. À nous de décider si nous voulons les recevoir.

1Le mot grec indique une bataille qui n’est pas courte.
2 Au ciel, la louange et l’adoration sont spécialement et exclusivement adressées aux deux premières personnes de la Trinité. L’Esprit ne reçoit ni adoration ni prière. De ce fait, il me semble raisonnable de croire que notre adoration et nos prières ici-bas doivent être uniquement réservées à Dieu et à Jésus, avec l’aide précieuse et l’inspiration du Saint-Esprit (1 Cor 14.15 ; Éph 6.18 ; Phil 3.3).

Écrit par


Dans le N.T., la grâce vient du grec charis et indique ce qui produit le bien-être d’autrui. Le N.T. semble avoir développé cette notion sous deux angles principaux : la grâce commune et la grâce spéciale.

1. La grâce commune de Dieu pour ses créatures

La « grâce commune » est accordée par Dieu d’une manière générale pour le bien-être de toute l’humanité, sans discrimination raciale, sociale, religieuse, culturelle. Elle régit :

• l’univers qui est ordonné et contrôlé par le Fils de Dieu : aucun chaos ne perturbe donc le fonctionnement de la création, en particulier celui de la Terre (Jean 1.1-4 ; Héb 1.2-3) ;

• la régularité des saisons et du temps (Gen 2.4-9 ; Job 34.19 ; Ecc 11.5 ; És 45.12 ; Jér 27.5 ; Mat 5.45 ; Act 2.24 ; 17.24-26 ; Apoc 4.11) ;

• le principe du gouvernement humain et de ses lois, dont l’objectif est notamment de protéger contre les méchants et de favoriser le bien-être de tous (Rom 13.1-7 ; 1 Tim 2.1-3 ; Tite 3.1 ; 1 Pi 2.13-17 ; cf. Dan 4.17, 25, 34-35) ;

• la conscience de ce qui est juste et injuste, du bien et du mal (Rom 2.14-15) : pour preuve, l’éthique de ces civilisations passées qui n’ont pourtant jamais connu les civilisations judéo-chrétiennes.

Le Dieu créateur traite depuis l’origine chaque être humain impartialement comme mentionné ci-dessus. C’est l’homme pécheur qui embrouille la vérité en s’y opposant par sa désobéissance, sa méchanceté et son ignorance (Rom 1.18-21). Que le monde aille mal (Rom 1.22-32), ce n’est pas la faute de Dieu, mais des hommes insoumis au Créateur et au Seigneur Jésus-Christ.

2. La grâce spéciale de Dieu pour ses enfants

La « grâce spéciale » amène des pécheurs repentants et croyants à la régénération et au salut (2 Cor 5.18a ; 1 Cor 15.10a). Elle est « spéciale », car elle fait bénéficier les sauvés de la vie éternelle et de l’assurance du pardon des péchés en Jésus-Christ (2 Cor 5.18). Elle est dynamique et progressive par sa capacité à transformer et à régénérer le caractère du croyant (Rom 5.3 ; 1 Cor 10.24 ; 15.10 ; 1 Tim 6.18 ; Tite 2.13-14 ; 2 Pi 1.5-7). C’est par l’Esprit qu’elle peut œuvrer victorieusement durant le reste de notre vie (Actes 4.31 ; 1 Cor 2.4 ; Rom 15.16 ; Gal 5.22-23 ; Éph 5.8-11,18c).

Théologiquement parlant, cette « grâce spéciale » se présente sous quatre formes :

La grâce « prévenante » : elle prévient, précède et contribue à la décision humaine. En effet, Dieu prend l’initiative en vue du bienfait de l’individu. C’est Dieu qui initie la relation, parce que l’homme adamique est incapable d’entreprendre quoi que ce soit de bon devant Dieu. Et cette initiative n’est pas méritée par l’individu, mais accordée gracieusement (Ex 34.6 ; Ps 103.8 ; Jonas 4.2 ; Rom 5.6,8,10 ; 2 Cor 8.9 ; Éph 2.4-5a ; 1 Jean 4.10, 19).

La grâce « efficace » : elle produit l’effet attendu de la part de Dieu. Elle réalise et accomplit le but recherché. Ainsi, ce que Dieu décide se fera (Jean 6.37,39 ; 17.2,6,9,12,24 ; 2 Cor 5.21 ; Rom 8.29-30). Quel réconfort pour l’enfant de Dieu, tandis que son univers personnel est chamboulé ! Le Saint-Esprit est le moyen par lequel le Père et le Fils mettent en œuvre cette « grâce efficace » (2 Tim 2.19 ; Phil 4.6 ; 1 Cor 15.10).

La grâce « irrésistible » : elle triomphe envers et contre tout (Act 26.13-18 ; Gal 1.15 ; Éph 1.4), car Dieu est le Créateur (Gen 1.3-5), le Rédempteur (2 Cor 4.6), et finalement le Garant (Ps 37.23-24 ; 138.8 ; Jean 5.24 ; 10.27-28 ; 2 Tim 1.12 ; 2 Tim 4.18 ; 1 Pi 5.10 ; Jude 1, 24). Comment Dieu peut-il garantir notre sécurité sans faire de nous un robot ? Pur mystère. Laissons-lui ce paradoxe (Deut 29.29). Aucun homme ne parviendra jamais à satisfaire sa curiosité dans ce domaine. Soyons reconnaissants que lui sache le pourquoi du comment de tout ce qu’il fait (Héb 11.6).

La grâce « suffisante » : elle est capable de sauver le pécheur repentant et croyant (Act 20.21) et de le garder éternellement (Héb 7.25 ; 13.5-6 ; Jean 10.27-29 ; 1 Jean 1.7, 9 ; 2.2 ; 2 Cor 12.9 ; Ps 118.6). Aussi paradoxal que cela soit, cette grâce inclut aussi le libre choix de l’individu (Jos 24.15 ; Luc 10.42 ; És 7.15-16 ; Act 2.21 ; 15.11 ; 16.31 ; Rom 3.22 ; 10.11,13 ; 2 Tim 1.12 ; Apoc 22.17). Seul l’individu qui refuse délibérément de se soumettre à Dieu en Jésus-Christ se condamne (Jean 3.18, 36 ; 5.40). Le fait qu’un pécheur refuse de se soumettre à Christ pour recevoir le salut ne signifie nullement que l’œuvre rédemptrice offerte au monde (Jean 3.16 ; 2 Pi 3.9) soit inefficace.

L’activité de la grâce de Dieu est un mystère divin bien caché dans les profondeurs de sa souveraineté infinie (Deut 29.29 ; Jér 23.18 ; Rom 11.33-34). Pourquoi untel est-il « touché par la grâce » et pas un autre ? Pourquoi l’un accepte-t-il Christ et pas l’autre ? Le disciple obéissant n’argumente pas avec Dieu sur ce mystère, mais il le considère avec émerveillement, humilité et adoration. Romains 11.28-36 puis 8.31-39 résument cette réflexion au sujet de la grâce multifacette.

Écrit par


Cet article voudrait servir de guide pour se « retrouver » historiquement et prophétiquement dans chaque chapitre de ce livre, tout en cherchant des leçons pratiques pour notre vie quotidienne.

Le livre du prophète Ésaïe fait partie des livres les plus aimés de la Bible. Qui ne connaît le chapitre 53, par exemple ?

Ce livre est parfois appelé « l’Évangile de l’Ancien Testament » et Ésaïe « le prophète évangélique » — bien qu’il ait vécu 700 ans avant la naissance du Sauveur !

Même si plusieurs passages sont bien connus, il existe une certaine réticence à naviguer dans les eaux moins connues (comme les ch. 13 à 34, par exemple). Pourtant que de richesses dans ces pages : des annonces christologiques, des révélations sur Dieu, des espérances prophétiques… Ces richesses sont communiquées sous une forme un peu chaotique au premier abord (un mélange de personnes, d’actes, de proclamations, de prophéties), mais familière au peuple d’Israël tout comme aux nations environnantes.

Vue d’ensemble

• Les chapitres 1 à 39 correspondent à la première partie du ministère d’Ésaïe. Ils traitent généralement de la période assyrienne1, pendant laquelle la Samarie (connue sous le terme « les 10 tribus du Nord ») fut laminée par l’Assyrie : sa population fut déportée et dispersée à travers tout l’Empire. Cette période affreuse court du règne de Tiglath-Piléser (–745) jusqu’à Esarhaddon (–681 environ). L’ordre des chapitres n’est pas toujours chronologique1. De plus le prophète commence par son époque avant d’anticiper la destruction de l’Empire assyrien et de se projeter au temps de l’établissement du règne glorieux de l’Éternel (ch. 10 à 12) !

Ces chapitres parlent généralement du jugement mais sont parsemés de « lumières » de délivrance, de victoires, de bénédictions (cherchons ces trésors !). Les chapitres 1 à 35 sont surtout didactiques, exhortatifs et prédisent le jugement futur des peuples païens, mais aussi celui des royaumes d’Israël et de Juda, s’ils ne se repentent pas. Les chapitres 36 à 39 sont historiques, centrés sur la vie du roi Ézéchias (–715 à –686).

• Les chapitres 40 à 66 traitent de la période dite babylonienne (de Nebucadnetsar en –605 jusqu’à la défaite de Babylone par les Médo-perses en –539). Cette section est la plus riche dans sa description du règne messianique sur la terre. Pendant les moments les plus noirs, l’Éternel encourage les siens avec de bonnes nouvelles pour le futur.

Ces chapitres mettent généralement en avant la consolation liée aux promesses messianiques de la rédemption, de la délivrance et de la gloire, même s’il s’y trouve aussi une dénonciation parfois dure du péché.

Ésaïe a prophétisé sur le royaume de Juda pendant les règnes d’Ozias, de Jotham, d’Achaz, d’Ézéchias, et de Manassé (de –739 à –681). Il a aussi prophétisé sur le royaume du Nord avant l’exil pendant les règnes de Menahem, Pekachia, Pékach, et Osée (entre –739 et –722). Les prophètes contemporains d’Ésaïe furent : – en Juda : Osée (homonyme du roi d’Israël) et Amos, – en Israël : Michée et Nahum.

Dans son livre, Ésaïe évoque quatre crises majeures :

– la guerre entre la Syrie et Israël, le royaume du Nord2, en –734,

– la chute de Samarie en –722,

– l’invasion de Juda par Sanchérib en –701,

– les invasions de Nebucadnetsar en –605, en –597, en –586 (qu’Ésaïe n’a pas connues personnellement, mais qu’il anticipe : n’était-il pas prophète de l’Éternel, après tout ?).

Ésaïe n’a pas été un prophète assis dans sa tour d’ivoire en train de méditer tranquillement sur le sort du monde autour de lui. L’histoire nous dit qu’il aurait été assassiné sur l’ordre du roi Manassé ! Lisons ce livre en découvrant le zèle, l’angoisse, l’espérance, la fidélité, l’indignation de ce fidèle représentant de l’Éternel.

Résumé de la première partie du livre (ch. 1 à 39)

1. Le livre d’Emmanuel (ch. 1 à 12)

1re partie (ch. 1 à 5) : Cette partie peut se diviser en trois « sermons » :

– Le 1er (ch. 1) souligne que la nation est « malade », chargée de toutes sortes de péchés. Elle a oublié l’Éternel, est immergée dans l’immoralité, coupable de pratiques religieuses creuses, marquée par une injustice sociale rampante. L’acte d’accusation est accompagné d’un appel à la repentance.

– Le 2e (ch. 2 à 4) commence par décrire les bénédictions millénaires et se poursuit par des condamnations justifiées, entraînant de dures punitions.

– Le 3e (ch. 5) rappelle l’espérance et l’amour de Dieu en faveur de son peuple (sa « vigne »), puis le jugement futur sur celui-ci pour six péchés précis.

Le ch. 6 constitue une transition en révélant la gloire de Dieu et l’appel d’Ésaïe comme prophète.

2e partie (ch. 7 à 12) : Emmanuel apportera la consolation malgré l’agression assyrienne. Cette partie peut se diviser en 5 sections :

– Au ch. 7, l’Éternel tente d’encourager le roi Achaz à chercher une victoire sûre. En dépit des menaces du temps présent, Dieu évoque diverses délivrances à venir.

– Les ch. 8.1 à 9.6 traitent le sujet du péché présent (8.6,19) et du désastre causé par les Assyriens (8.7-9). Mais la victoire est promise pour le présent (8.10) et la gloire messianique est prédite (8.14-16,23-9.6).

– Les ch. 9.7 à 10.4 citent les raisons (orgueil, 9.7-11 ; égarement religieux, 9.12-16 ; méchanceté générale, 9.17-20 ; injustice sociale, 10.1-4) qui amènent un jugement très sévère sur le royaume du Nord par les Assyriens, instruments de la colère de l’Éternel.

– Le ch. 10.5-34 dépeint le caractère des Assyriens, qui va causer leur jugement définitif.

– Les ch. 11 et 12 ouvrent à la méditation et à l’adoration par une description du règne millénaire du Messie-Roi, le Sauveur parfait !

2. Les oracles sur les nations (ch. 13 à 23)

Dans ces chapitres, l’Éternel énumère les raisons pour lesquelles il va juger dans l’avenir toutes les nations entourant son peuple (qu’il considère ici comme une seule entité). Il est inutile ici d’entrer dans les détails de la description des caractères, des péchés et des raisons de la colère de l’Éternel contre tous ces peuples païens qui sont coupables de ne pas avoir apprécié l’existence du peuple de Dieu.

Le lecteur peut tirer un grand profit de la lecture de ces chapitres (2 Tim 3.16-17) : – en saisissant davantage qui est l’Éternel dans sa nature sainte, – en voyant la nécessité de toujours prendre au sérieux sa Parole écrite et ses exigences pour une vie de disciple fidèle au Maître, – en comprenant le caractère totalement dépravé de la nature que nous avons héritée d’Adam, – en réalisant que, au-delà des conséquences personnelles et communautaires du péché, il offense en premier lieu le Créateur, – en entrevoyant le plan présent et surtout futur du Dieu souverain pour toutes les nations.

3. L’apocalypse d’Ésaïe (ch. 24 à 27)

Le thème fondamental de cette section est le jugement divin sur le monde. En partant du contexte immédiat du prophète (probablement causé par la crise assyrienne du viiie s. av. J.-C.), ces chapitres entremêlent :

– la prophétie à court et moyen terme : un regard sur le futur en utilisant des termes historiques comme des noms et des lieux en rapport avec Israël et avec Juda pour annoncer la déportation et la venue du Messie ;

– l’eschatologe3: un regard général sur la fin des temps, avec moins de détails, pour mieux mettre en relief l’intervention directe de Dieu dans les affaires humaines ; d’où des parallèles si frappants avec l’Apocalypse que ces chapitres ont été appelés « l’apocalypse d’Ésaïe ».

Au-delà de ces thèmes, la section est riche de leçons spirituelles pour le chrétien désireux d’avancer avec Dieu. Le lecteur va se régaler de ses découvertes !

4. Des malheurs à la bénédiction messianique (ch. 28 à 35)

Cet ensemble de chapitres par l’énumération de six malheurs. Ce mot « malheur » (28.1 ; 29.1,15 ; 30.1 ; 31.1 ; 33.1) indique les épreuves infligées aux deux royaumes4à cause de leur orgueil. Toutefois, il y a dans ces chapitres des promesses de délivrance et de bénédictions liées à la nécessité de la repentance. Des leçons pour nous aussi !

Les chapitres 34 et 35 closent cette section :

– Le ch. 34 décrit un jugement planétaire préfiguré par le sort réservé à Édom. Ce chapitre trouve son écho en Apocalypse 6 à 19, dans la tribulation finale (Mat 24.21) avant le règne millénaire.

– Heureusement le ch. 35 conclut avec huit promesses glorieuses pour l’avenir, pour encourager le peuple à faire confiance à l’Éternel.

5. Le livre d’Ézéchias (ch. 36 à 39)

Cette section constitue une parenthèse historique, appelée « le livre d’Ézéchias » car son nom y apparaît 35 fois ! Ces quatre chapitres véhiculent un mélange d’histoire, de prophéties et de chants, qui jouent un double rôle : appendice aux chapitres 1 à 35 puis introduction aux chapitres 40 à 66.

Résumé de la seconde partie du livre (ch. 40 à 66)

Des critiques trop nombreux pensent que « notre » Ésaïe n’est pas le véritable et unique auteur de ces chapitres, mais qu’il y en aurait eu 2, voire 3 (!). Ces critiques cherchent à détruire l’unité et l’intégrité du livre. Pourtant les preuves à l’appui de l’unité du livre sont irréfutables — à commencer par les auteurs inspirés du N.T. qui attribuent sans hésiter à Ésaïe des textes des ch. 1 à 39 et des textes des ch. 40 à 66 : cf. l’évangéliste Jean (Jean 12.37-41) et Paul (Rom 10.20-21 et 15.12).

Cette partie gravite autour de trois thèmes successifs : la personne de l’Éternel (ch. 40 à 48) ; le salut (ch. 49 à 57) ; l’eschatologie juive (ch. 58 à 66).

Les trois phrases de 40.2 pourraient résumer le thème de chaque section :

– « Sa servitude est finie » : le point central des ch. 40 à 48 est la délivrance de l’idolâtrie du peuple de l’Éternel en même temps que sa sortie de Babylone.

– « Son iniquité est expiée » : le point central des ch. 49 à 57 est l’expiation de la culpabilité d’Israël, accomplie par le sacrifice du « Serviteur de l’Éternel » et garantie par sa gloire future.

– « Elle a reçu de la main de l’Éternel le double de ses péchés » : le point central des ch. 58 à 66 est l’assurance de la gloire magnifique qui suivra les souffrances causées par les hypocrites et les rebelles.

1. Le Dieu incomparable (ch. 40 à 48)

Les chapitres 40 à 48 peuvent se répartir ainsi :

– Le ch. 40 est un appel à la consolation et un appel à la foi dans le consolateur.

– Le ch. 41 présente trois preuves de la souveraineté de l’Éternel.

– Le ch. 42 introduit le « Serviteur de l’Éternel » (le Messie) par un premier chant qui évoque ses qualifications et ses méthodes, puis il continue par les louanges dues à l’Éternel en raison du ministère du Serviteur, et finit par le double rôle du Serviteur de l’Éternel : juger les idolâtres (42.13-15,17), user de miséricorde envers les repentants (42.16).

– Dans les ch. 43.1 à 44.5, Ésaïe emploie grammaticalement le « passé prophétique » : il parle d’une situation future, liée au Messie, avec des verbes au passé5. Il insiste sur le fait que la délivrance dépend uniquement de l’Éternel.

Des critiques trop nombreux pensent que « notre » Ésaïe n’est pas le véritable et unique auteur de ces chapitres, mais qu’il y en aurait eu 2, voire 3 ( !). Ces critiques cherchent détruire l’unité et l’intégrité du livre. Pourtant les preuves à l’appui de l’unité du livre sont irréfutables  à commencer par les auteurs inspirés du N.T. qui attribuent sans hésiter à Ésaïe des textes des ch. 1 à 39 et des textes des ch. 40 à 66 : cf. l’évangéliste Jean (Jean 12.37-41) et Paul (Rom 10.20-21 et 15.12).

– La fin du ch. 44 (v. 6-23) met en accusation l’idolâtrie, en montrant que l’Éternel possède 9 qualités bien supérieures à celles des faux dieux.

– De 44.24 à 45.25, la délivrance de Jérusalem en deux temps est annoncée : une, future, « prophético-historique », sous Cyrus (44.24–45.13), et une autre, « eschatologique », pour la fin des temps (45.14-25).

– Les ch. 46 et 47 décrivent la défaite de Babylone : religieuse (46) et politico-militaire (47).

– Le ch. 48 offre un encouragement prophétique à Israël, malgré la condamnation de son hypocrisie actuelle et sa captivité babylonienne future. Notez les 9 caractéristiques et activités de l’Éternel (v. 12-22) et les 2 appels (v. 17-21).

2. Le Serviteur (ch. 49 à 57)

Les chapitres 49 à 57 traitent de l’instrument spirituel de la délivrance d’Israël : le Serviteur unique qui, en dépit de ses souffrances, est victorieux. Ces chapitres décrivent le ministère du Serviteur-Messie qui rétablira le peuple sur la terre promise juste avant le millénium. Les nations auront leur part aux bénédictions millénaires parce qu’elles seront soumises au Serviteur ! Nous proposons de distinguer 8 prophéties ou sujets :

– au ch. 49, les 4 apports du Serviteur au peuple ;

– au ch. 50, les deux serviteurs, l’idéal et le mauvais, mis en contraste ;

– de 51.1 à 52.12, la description du retour d’Israël à l’Éternel ;

– de 52.13 à 53.12, l’œuvre victorieuse complète du Serviteur de l’Éternel : même si ces versets sont très connus, considérons le Messie Jésus5, dans son exaltation, ses succès, son traitement par les hommes, les raisons de son intervention, sa conduite6;

– au ch. 54, la joie future d’Israël dans la paix millénaire ;

– au ch. 55, l’appel à tous les peuples de la terre de venir faire alliance avec l’Éternel par la repentance ;

– en 56.1-8, une superposition du présent d’Ésaïe (cf. la mention du sabbat, v.4a) avec l’ère de la restauration millénaire à venir ;

– de 56.9 à 57.21, une description détaillée des résultats de la négligence des « gardiens spirituels » de la nation d’Israël, avec 8 caractéristiques condamnables de ces chefs, puis 13 ingrédients de l’idolâtrie. Il y a donc un choix à faire : l’Éternel ou l’idolâtrie.

3. La gloire à venir (ch. 58 à 66)

Les chapitres 58 à 66 dépeignent la fin en détaillant le jugement, le salut et la restauration d’Israël réuni par l’Éternel. Cette section finale de 9 chapitres oppose le présent de l’époque d’Ésaïe à l’avenir que l’Éternel prépare.

– Le ch. 58 met en contraste le mauvais et le bon jeûne (qui, lui, est source de bénédictions).

– Le ch. 59 explique la nécessité de l’intervention directe du « bras de l’Éternel » pour guérir Israël du péché. La recette est nécessairement la même au xxie s., tant pour les chrétiens que pour les perdus.

– Les ch. 60 et 61, à la suite de la rédemption du ch. 59, précisent quels sont les détails de la restauration future de la nation.

– Les ch. 62.1 à 63.6 déclarent que Jérusalem même sera réhabilitée dans le millénium.

– La section 63.7 à 64.11 amène le lecteur à la prière de louange.

– Le ch. 65 enregistre la réponse de l’Éternel à la prière précédente.

– Enfin le ch. 66 est une grande apothéose, un résumé très condensé de la part de l’Éternel d’au moins 8 thèmes qui parcourent tout ce livre prophétique : l’affirmation de sa souveraineté totale, l’affirmation de l’efficacité de son intervention, l’affirmation de son juste jugement futur, l’affirmation de la renaissance d’Israël, l’affirmation de la consolation, l’affirmation de la réalité de sa colère, l’affirmation de sa grâce révélée aux païens, l’affirmation de l’éternité de son œuvre.

* * *

Ce livre extraordinaire se termine comme il avait commencé, par une condamnation du péché et de la rébellion de la nation et par une offre de bénédiction si la nation se repent. Il nous semble possible d’affirmer qu’il y a une évolution du début à la fin du livre dans la révélation du sens des oracles. (Chaque lecteur sérieux et humble de la Bible en fait l’expérience : la connaissance de la vérité, quelle qu’elle soit, est progressive et elle ne sera complète que lorsque nous serons introduits en présence de Dieu.)

Lisons ce livre avec amour, avec humilité, avec reconnaissance, avec le désir de nous approcher de plus en plus près de notre précieux Père, de notre Sauveur tout suffisant, dans la soumission à l’Esprit saint. Ce faisant, chacun grandira et mûrira dans sa vie de disciple. Bonne route !

 

  1. Par exemple, il est fort probable que les événements des versets 1 à 14 du chapitre 17 concernant Damas aient eu lieu avant 735, car cette période est proche de celle racontée dans le ch. 7.
  2. Souvent désigné, par métonymie du nom de sa tribu principale, Éphraïm, ou du nom de sa capitale, Samarie
  3. Partie de la vérité biblique qui traite de la fin des temps.
  4. Dans ces chapitres, par métonymie, le royaume d’Israël est souvent désigné par Samarie (sa capitale) ou Éphraïm (sa tribu principale) et celui de Juda par Jérusalem (sa capitale).
  5. L’aspect prophétique est prouvé par le fait qu’Ésaïe est mort autour de –681, alors que Juda n’est sorti d’exil qu’en –539
  6. Notez les trois réponses qui nous sont demandées aux vérités développées dans cette portion : respect et repentance (52.15b) ; compréhension de la nature de l’Éternel et de ses actes (52.15d) ; foi aux vérités révélées le concernant (53.1a-b).(

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Toute vie humaine est un mystère : pourquoi, comment, dans quel but l’homme existe-t-il ? Quel mystère plus grand encore que l’incarnation de la deuxième personne de la « tri-unité » divine !7 Le début de l’Épître aux Hébreux (1.1-2.18) nous y introduit.

L’incarnation n’a pas eu lieu seulement pour démontrer la puissance du Créateur, capable d’accomplir ce fait unique, ou pour satisfaire la curiosité de ses spectateurs. Notre texte nous fait réfléchir sur les raisons extrêmement « pratiques » de l’incarnation, afin d’aider chacun à comprendre le sens de sa vie et à saisir le destin éternel vers lequel Dieu le dirige. Ce passage est donc d’une importance primordiale.

L’analyse du texte

Le chapitre 1 présente le caractère unique de Christ : révélation de Dieu et purificateur des péchés de l’humanité.

Ensuite (2.1-4), l’auteur réveille l’attention de ses lecteurs : chaque converti en Christ doit impérativement rester attaché sans faille à la bonne doctrine apostolique. Sinon, il risque fort de tomber sous la discipline de son Père divin. Bénéficier d’une telle révélation de Christ exige une réponse correspondante et adéquate de notre part. La négligence se paie « cash ».

Lors de son incarnation, le Fils a occupé une place très en dessous de celle des anges. Pour écarter toute ambiguïté, l’auteur explique pourquoi, malgré cet abaissement temporaire, le Fils n’en est pas moins supérieur aux anges. Dans les versets 5 à 18, il fait remarquer qu’en vivant comme tous les hommes, mais sans pécher, Jésus s’est montré supérieur à tous, ayant été seul capable d’accomplir la totalité de la volonté de Dieu le Père. Voici quelques points de son développement :

1. L’homme, en péchant dans le jardin d’Éden, livra à Satan la domination de notre planète et de ses activités (Mat 4.8-9 ; Éph 2.2-3) dans des limites établies par Dieu (cf. Luc 22.31-34). Ce fut la tâche de Jésus-Christ, par l’incarnation, de regagner pour l’homme le droit d’exercer la domination sur la création (2.5-9).

2. Jésus-Christ a dû souffrir (litt. « goûter ») la mort à la place de tous les hommes pécheurs (2.9,10c,17b)8. Seul l’homme parfait pouvait payer notre dette envers le Créateur juste. L’incarnation fut donc une nécessité absolue. La victoire de celui qui est mort et qui est maintenant couronné nous ouvre désormais le ciel de gloire (2.10a-b).

3. Tout homme qui accepte l’œuvre de Christ reçoit automatiquement à sa conversion une position de sanctification en Christ : étant né de nouveau, il est issu du Père (2.11 ; voir aussi 13.12). Seule l’incarnation (2.14a-b, 17a) pouvait ouvrir la voie à une telle régénération.

4. Jésus-Christ, par son œuvre et l’application de cette œuvre par le Saint-Esprit, crée une famille spirituelle (2.10b,11c-13)3. Cela demandait plus qu’une simple création : il fallait l’incarnation. Soyons reconnaissants qu’en dépit de toutes les différences de race, de culture, d’arrière-plan, tous les chrétiens nés de nouveau soient, grâce à la participation de Jésus à notre condition, éternellement réunis dans les mains de Jésus et du Père (Jean 10.28-30).

5. Notons bien que la mort de Jésus-Christ a fait plus que de payer la dette des pécheurs. Par sa mort victorieuse à la croix, il rendit inefficace celui qui possédait la puissance de la mort, le diable (2.14c). Un enfant de Dieu n’a plus à subir l’influence angoissante et effrayante du moment de la mort physique (2.15) ! La mort physique du sauvé n’est qu’un passage instantané de ce monde à la présence du Père (cf. Luc 23.42-43 ; Jean 6.37-40). La mort a ainsi perdu tout son pouvoir d’épouvantement et de servitude. Glorifions la sagesse du Père d’avoir permis que la mort de son Fils ait une telle conséquence !

6. Par l’incarnation, Jésus, connaissant de sa propre expérience humaine ce qu’est la vie sur terre, sait comment s’approcher de nous pour nous venir en aide au bon moment et de la meilleure manière (2.16). Quel réconfort de savoir qu’il comprend par où nous passons. Il n’y a rien de plus destructeur sur le plan psychologique que de ne pas trouver quelqu’un qui nous comprenne — quel désert d’abandon, de désespoir. Mais Jésus sait, et il est là !

7. Chaque être humain a besoin d’un intermédiaire entre lui et le Dieu très saint. Pour nous représenter correctement et efficacement devant Dieu, cet intermédiaire doit nous connaître. Jésus est la parfaite personne pour remplir cette tâche : il me connaît et me comprend (2.17b). Il ne manque jamais à sa responsabilité de me « couvrir », lorsque je me présente devant mon Dieu et Père. Quel réconfort, quelle joie, quelle assurance ! Soyons toujours humbles et reconnaissants pour une telle grâce !9

8. La tentation vicieuse et destructrice est le lot de chacun. Satan prend un grand plaisir à essayer de nous pousser à céder à la tentation en employant tous les arguments fallacieux à sa disposition (cf. Mat 4.2-10). Cela lui permet de se présenter devant Dieu pour nous accuser (Apoc 12.10d-e) lorsque nous acceptons de pécher (Jac 1.13-15). Mais l’Agneau, en vertu de son sang répandu, repousse toute accusation néfaste. Pour que Jésus triomphe dans l’épreuve ultime de la croix et qu’il puisse venir à notre secours efficacement, il fallait au préalable que, dans son pèlerinage ici-bas, il ait été confronté comme homme à tous les assauts diaboliques possibles, en ne cédant à aucun (2.18 ; cf. Jean 8.46). C’est à ces conditions que nous bénéficions aujourd’hui de l’aide directe du Seigneur10.

  1. Voici quelques textes du N.T. qui affirment clairement cette incarnation : Mat 1.20-21,24 ; 11.25-27 ; Luc 1.26-35 ; 2.8-15,28-31 ; Jean 1.1,14-18 ; 4.25-26 ; 14.8-9 ; Gal 4.4 ; Col 1.15 ; 2.9 ; 1 Tim 3.16.
  2. Voir aussi : Jean 3.16 ; 2 Cor 5.14 ; 1 Tim 2.6.
  3. Voir aussi : Jean 3.6-8 ; 1 Jean 3.1-2 ; Éph 2.19 ; 3.14 ; 4.25 ; 5.30 ; Gal 6.10 ; 1 Pi 2.9-10.
  4. Voir aussi : Rom 7.21-25a ; 15.4 ; 1 Cor 10.13 ; Héb 10.19-23 ; 4.12 ; Actes 7.38c ; 20.32 ; 1 Tim 3.16-17 ; Ps 119.9,11.

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L’étude d’une église locale qui a existé il y a 2 000 ans est très intéressante ! Au iiie siècle av. J.-C., une importante communauté juive s’installe à Antioche, suite à diverses récompenses accordées par des rois Séleucides à leurs mercenaires juifs, sous forme de terrains.

La cité est la 3e ville importante de l’Empire romain (64 av. J.-C.). Elle devient un centre cosmopolite prospère entre le monde gréco-romain et les civilisations orientales sur les plans commerciaux, culturels, religieux et intellectuels.

A. Les débuts de l’église d’Antioche (Act 11.19-30)

1. En premier lieu, la persécution qui débute avec le martyr d’Étienne à Jérusalem (Act 7.59 ; 8.1) provoque la dispersion des convertis. Les chrétiens, hébraïques et anciens prosélytes grecs, fuient la persécution juive et se réfugient à Antioche, en Syrie.

2. En second lieu, les premiers immigrés sont majoritairement d’origine juive. Par réflexe communautaire, ils n’annoncent l’Évangile qu’aux Juifs (Act 11.19). Une minorité de langue grecque évangélise toutefois les Grecs, à cause de son origine (Act 11.19-20).

Quatre principes se dégagent de ce rapport apparemment banal :

a. Ils ont besoin des éléments de base de la vie quotidienne : logement, nourriture, emploi ;

b. Les immigrés, toutefois, semblent avoir comme principe d’évangéliser d’abord (Act 11.19) ;

c. Les convertis juifs se dirigent en toute logique vers les leurs. Leur effort est récompensé (Act 11.21) ;

d. Les convertis grecs vont aussi vers les leurs, avec les mêmes résultats. Chaque groupe s’adapte à son nouveau contexte culturel avec souplesse. Antioche est bien différente de Jérusalem ! Jusqu’à quel point sommes-nous flexibles, sans compromettre la doctrine ? Certaines églises se sont figées dans certaines pratiques héritées des siècles passés, sans reconnaître que la tâche primordiale est, non seulement la préservation de la doctrine, mais également le partage enthousiaste de l’Évangile.

Dans son évangélisation, chaque communauté s’adapte au contexte et à la culture de ses interlocuteurs :

• Les Juifs utilisent l’A.T. pour annoncer la parole messianique et prophétique – la Parole écrite ;

• Les Grecs annoncent la personne du Seigneur Jésus – la Parole vivante.

Que fait notre communauté pour l’évangélisation ? La pratiquons-nous avec l’enthousiasme que produit l’amour de Christ en nous pour les perdus ?

3. Le Seigneur, par son Esprit, opère des conversions (Act 11.21). Aucun truc particulièrement astucieux n’est utilisé, mais le zèle , l’Esprit, la Parole et le Seigneur rendent la récolte abondante. Voilà les leçons à retenir : l’obéissance des premiers croyants (notamment à l’injonction d’Act 1.8), la présence du Seigneur par l’Esprit, l’Évangile présenté et le sens de l’urgence quant au témoignage !

4. Les prédicateurs des deux ethnies présentent la même vérité avec une approche différente. De plus, ils prêchent dans les lieux populaires propres à la culture à laquelle ils s’adressent :

• les Juifs dans les synagogues où l’A.T. est lu (Act 17.17a),

• les Grecs dans les lieux publics (Act 17.17b, 21).

5. Tous sont attachés à Jésus-Christ seul comme Seigneur (Act 11.21, 23c). Il n’y a ni clan ni tradition humaine non biblique à suivre. Où en est-on dans notre assemblée ? Cherchons-nous à ne suivre que les voies du N.T. ? Notez bien que l’assemblée à Antioche, avant l’arrivée de Barnabas, n’avait aucune figure prééminente ni aucun ouvrier à plein-temps. Tous s’impliquaient, sur la base sans doute du modèle de Jérusalem (Act 2.42-48). Sommes-nous tous autant engagés (prière d’intercession personnelle, culte, étude biblique, réunions, évangélisation, aide aux autres, etc.) ?

6. Ce rassemblement, quoiqu’ethniquement hétérogène, est solidement attaché au Seigneur Jésus-Christ. Il est le ciment et le centre de tout et pour tous pendant assez longtemps (Act 11.21-22, 1 Cor 1.11-12).

7. Barnabas est la personne idéale pour aller enquêter sur ce nouveau phénomène – une œuvre commencée sans l’initiative des apôtres et à leur insu. Voici ses bonnes « lettres de créances » :

• son aptitude à faire du bien aux autres (Act 11.24a),

• sa connaissance de l’A.T. et de l’enseignement apostolique (Act 11.23c),

• sa connaissance du grec et de la culture grecque (Act 4.36),

• sa capacité à être rempli du Saint-Esprit (Act 11.24b),

• sa foi triomphante (Act 11.24),

• son discernement de l’œuvre de la grâce de Dieu (Act 11.23 ; il pouvait suivre la direction de l’Esprit au lieu d’essayer d’appliquer à la jeune église naissante le « système » qui fonctionnait à Jérusalem où il n’y avait que les juifs et prosélytes grecs sauvés – Act 11.23b. Sommes-nous aussi flexibles ?),

• sa joie de voir le Seigneur à l’œuvre et de constater l’engagement de tous auprès de lui (il n’est ni jaloux ni égoïste – Act 11.23c),

• sa vision et sa capacité à encourager les autres à suivre le Seigneur plutôt que des chefs de clan ou un « nom ». Le monde évangélique depuis la Réforme aime souvent porter la bannière de tel ou tel « grand nom » (1 Cor 1.11-13) au lieu de n’avoir que Jésus comme guide (Héb 12.2).

L’église locale naissante devient un objet de soins doctrinaux et pastoraux poussés avec l’envoi de Barnabas (Act 11.22), bien connu de tous à Jérusalem pour :

• sa connaissance biblique (Act 4.36),

• ses qualités pastorales (Act 4.36),

• sa générosité (Act 4.37),

• sa reconnaissance de l’autorité apostolique (Act 4.37).

8. Résultat de cette combinaison :

• Un corps multiracial, multiculturel, vibrant et vivant pleinement engagé dans l’évangélisation génératrice de nombreuses conversions (Act 11.24d). Notre communauté a-t-elle eu des conversions de païens ces dernières années ?

• La contribution temporaire d’un homme très capable (Act 11.24d) entraîne la croissance saine des convertis attachés uniquement au Seigneur. Le « dénominationnalisme » n’existe pas.

9. Pendant que l’œuvre de l’église locale se consolide et grandit considérablement, Barnabas reconnaît que la communauté dans laquelle il œuvre pourrait profiter avantageusement de l’aide d’autres serviteurs. Il va chercher Saul à Tarse pour en faire son partenaire dans l’enseignement.

Le fait que Barnabas puisse laisser l’assemblée, tandis qu’il entreprend d’Antioche à Tarse un voyage de plus de 250 kilomètres, démontre que le corps local pouvait bien fonctionner grâce à un enseignement sain et à sa vie sous la dépendance de l’Esprit. Une œuvre florissante peut se développer lorsque plusieurs frères capables d’enseigner et de faire des visites pastorales sont à l’œuvre et que tous participent, chacun selon son don, dans un esprit de complémentarité et non de compétition.

10. Le Saint-Esprit à travers Luc (l’auteur des Actes), met en évidence la nécessité (Act 11.26) :

• d’un enseignement constant et régulier,

• d’un nombre important de réunions régulières,

• d’un grand nombre de convertis assistant aux réunions d’enseignement, de prière et de communion fraternelle. Sans doute, les jeunes croyants de cette assemblée ont-ils besoin d’un soin particulier, de visites régulières, de réponses à leurs questions dues à leurs origines diverses et à un manque de connaissance biblique.

Une nouvelle dynamique se crée grâce à l’attachement de plusieurs à Jésus-Christ comme seul Sauveur et Maître. La ville en est grandement influencée. La nécessité de l’enseignement et ses conséquences sont primordiales pour que l’église puisse envoyer des missionnaires sans affaiblir l’œuvre locale (Act 11.22-26 ; 13.1-3).

11. L’assemblée idéale est sensible à la parole de Dieu et sait agir en conséquence dans le domaine des offrandes. Les membres de l’assemblée sont issus de différents niveaux de vie et classe sociales (Act 11.27-30).

B. L’envoi de missionnaires depuis Antioche (Act 13.1-3)

1. Un seul corps local existait : l’unité régnait ! La communauté de croyants convertis était une entité solide parce qu’elle était centrée sur Jésus-Christ (Act 11.26 ; 13.1). Il semble que 11 ans se soient passés entre le début des conversions en 37 et l’envoi missionnaire en 48.

2. Le texte ne mentionne pas l’existence des anciens et des diacres mais insiste sur le ministère de la Parole (par les prophètes et par des docteurs), sur le ministère d’évangélisation et sur celui de l’enseignement. Nous avons besoin d’un retour aux pratiques de cette église néo-testamentaire : la prédication de la parole et l’évangélisation accompagnées par l’onction de l’Esprit.

3. Arrêtons-nous un instant sur les cinq hommes mentionnés dans Actes 13.1, car quelques leçons spirituelles en découlent :

Barnabas. Juif de Chypre devenu chrétien, lévite fin connaisseur de l’Ancien Testament, instruit par les apôtres à Jérusalem. Quelqu’un d’important avec de grandes qualités spirituelles et un bon sens pratique (Act 4.36-37 ; 11.22-26).

Siméon. Appelé Niger (un surnom latin signifiant « noir » ou de couleur de peau très foncée) met en évidence la belle harmonie régnant dans cette assemblée malgré la différence de race.

Lucius de Cyrène. Son exemple met en évidence la capacité de travail de frères d’autres origines et d’autres « nationalités » (Act 11.20).

Manahen (Menahen : « consolateur »). Homme cultivé, de bonne éducation en latin, en grec et en hébreu, faisant partie de l’élite de sa culture d’origine mais aussi de la culture romaine. Un jour, le Seigneur Jésus-Christ entre dans sa vie et il devient quelqu’un d’apprécié pour ses dons spirituels pour édifier la communauté des rachetés à Antioche.

En y ajoutant Saul, nous constatons que ces quelques frères fonctionnaient en une équipe solidaire, unie. Quelle bénédiction pour l’œuvre de Dieu, pour le Seigneur : harmonie, efficacité, amour, communion fraternelle ! Sans doute exerçaient-ils leur ministère à plein-temps (Act 13.2).

4. Le verbe « servaient » (leitourgountôn, qui a donné « liturgie ») est unique ici par le fait qu’il combine l’idée de service en tous genres et pour toutes sortes de personnes (Phil 2.25, 30 ; Rom 13.6). Il inclut aussi l’idée de service comme une adoration et une louange rendues à Dieu.

D’après le contexte, l’adoration du Seigneur dans la vie spirituelle des cinq frères semble être la base de leur service envers les autres (l’adoration sans service d’aide et sans évangélisation est un non-sens et pourrait même être hypocrite !). L’œuvre à Antioche est un exemple à suivre. La Parole, la prière, et l’évangélisation, le Saint-Esprit et des gens capables : quelle combinaison exquise !

Le jeûne occupe une place importante dans leur conception de leur activité pour le Seigneur et pour l’église locale. Ces hommes n’ont que Dieu pour ressource.

5. Ils témoignent généralement par le « un à un », là où se trouvent les croyants (motivés par l’amour de Christ, selon 2 Cor 5.14-15). Le texte ne parle pas des évangélistes, mais de tous ceux qui évangélisent (Act 11.19-21). Sommes-nous prêts à nous inspirer de la « méthode » d’Antioche ?

6. L’Esprit commande que les responsables mettent à part deux hommes. L’appel consiste à évangéliser en terre étrangère (terrain vierge de l’Évangile). L’emploi du mode moyen (en grec) signifie que c’est l’Esprit qui prend l’initiative. Pourquoi l’Esprit appelle-t-il ceux-là plutôt que d’autres ? Peut-être pour les raisons suivantes :

• Ils ont déjà travaillé ensemble ;

• Ils sont probablement célibataires ou veufs, donc disponibles pour le travail de missionnaires itinérants et pionniers ;

• Ils connaissent bien les Écritures, la prière, l’activité de l’évangélisation, et la soumission à l’Esprit ;

• Ils vont bénéficier de l’accord de toute l’assemblée.

Ils ont été formés de maintes manières avant d’être « lâchés dans la nature ». Un « envoyé » doit avoir plus qu’un appel. Il a besoin de formation biblique et pratique et avoir fait ses preuves avant.

7. Au travers de trois frères, c’est l’église locale qui impose les mains sur Barnabas et Paul (Act 11.20-26). L’imposition des mains dans le N.T. est un acte d’identification, de solidarité, d’amitié, de confiance. Cet acte ne confère pas de bénédiction surnaturelle spéciale, car :

• Barnabas a déjà été envoyé comme missionnaire (Act 11.22) ;

• Paul a vu le Seigneur ressuscité et a déjà reçu un appel spécial (Act 9.15-16). L’église à Antioche n’a rien à ajouter, excepté le témoignage par tous les convertis qu’ils acceptent la volonté du Saint-Esprit et qu’ils se sentent solidaires avec Barnabas et Paul pour leur voyage missionnaire.

8. Une fois de plus, jeûne et prière vont de pair (Act 13.3). Deux activités intimement liées mais si peu vécues en Occident. Trop enfoncés dans la facilité du matérialisme et trop habitués au confort, savons-nous encore jeûner et prier ?

9. L’église locale « laisse partir » Paul et Barnabas : c’est l’Esprit qui les envoie.

C. Le retour à Antioche de Paul et Barnabas (Act 14.26-15.29)

De retour à Antioche, l’équipe missionnaire formée de Paul et Barnabas rend compte de l’œuvre du Seigneur par l’Esprit pendant leur voyage. Par la suite, ils montent ensemble à Jérusalem pour traiter une importante question de doctrine.

1. Toute l’église locale est réunie (Act 14.27) pour entendre le rapport missionnaire du voyage qui a probablement duré d’avril 48 en septembre 49.

2. Barnabas et Paul reprennent leurs activités locales avant de repartir en voyage (Act 14.28).

3. J’aime la présence du mot « disciples » (Act 14.28). La conception du discipulat semble floue et peu actuelle en Occident. Nous avons besoin d’un retour aux récits de l’Évangile et aux Actes pour découvrir ce qu’est la vie de disciple.

4. Paul et Barnabas avaient été « recommandés » (Act 14.26). Le vrai missionnaire biblique est :

• recommandé par une église locale, même par plusieurs si possible (Act 16.1-2),

• recommandé pour une œuvre spéciale ou précise (attention au risque de « lâcher » un missionnaire comme un électron libre !),

• reconnu comme ayant atteint l’objectif déterminé (Act 14.27) :

–  annoncer la parole (Act 13.5),

annoncer la doctrine du Seigneur (Act 13.12 ; 26-41),

annoncer le pardon des péchés et la justification par la foi (Act 13.38-41),

annoncer la lumière aux nations (Act 13.46-48 ; 14.15).

 5. Ceux qui ont la capacité de contrer la mauvaise doctrine légaliste doivent le faire (Act 15.1-2a).

6. L’église avait une équipe de frères responsables mais discrets (pas de Diotrèphe, semble-t-il), qui conduisaient sainement la communauté (Act 15.2b). Sur une importante question de fond, l’église (Act 15.3a) envoie Paul et Barnabas à Jérusalem avec son équipe de témoins pour régler ce conflit doctrinal (Act 15.2c). Il existe ici un principe dans le cas où une assemblée est confrontée à une question de doctrine importante et que ses délibérations ne parviennent pas à satisfaire tout le monde : il est sage de chercher l’opinion neutre et objective de frères qui possèdent des références solides et ancrés dans l’enseignement biblique (Act 15.5-29) qui jugeront avec équité.

D. Le retour du concile de Jérusalem (Act 15.30-40)

Après avoir participé au concile doctrinal à Jérusalem, Paul et Barnabas reviennent à Antioche. Ce qu’ils font ensuite suit probablement ce schéma chronologique :

Première étape (Act 15.30-34)

• La lettre émanant de la communauté de Jérusalem est lue à toute l’assemblée (Act 15.30-31a).

• Tout le monde en ressort encouragé. Son contenu s’impose à tous car il est profondément ancré dans la vérité biblique (Act 15.31b).

• Jude et Silas, reconnus pour leur ministère prophétique, ajoutent à cette lecture plusieurs prêches d’encouragement (Act 15.32).

• La délégation de Jérusalem comprend que son ministère à Antioche arrive à sa fin et retourne à Jérusalem. Silas est le seul à sentir que sa présence pourrait être encore utile et reste à Antioche (Act 15.33-34).

Deuxième étape (Act 15.35)

Des frères connus et moins connus se rassemblent pour un même objectif : former une équipe d’enseignants. Tous enseignent et tous évangélisent en employant les paroles du Seigneur lui-même.

Troisième étape (Act 15.36-39)

L’équipe de Paul et Barnabas connaît une rupture à cause d’un différent. Barnabas veut récupérer son cousin Jean-Marc en lui donnant une seconde chance après son abandon peu glorieux lors du premier voyage (Act 13.13). Paul juge inopportun le choix de Barnabas. Le désaccord est tel que l’équipe d’origine est dissoute. Barnabas quitte Antioche et entame ainsi son propre second voyage missionnaire, avec Jean-Marc.

Quatrième étape (Act 15.40-41)

Une nouvelle équipe composée de Paul et Silas se met en place pour le deuxième voyage missionnaire. Les responsables expriment l’accord de toute l’église locale et bénissent au nom du Seigneur cette nouvelle équipe.

E. Fin du voyage missionnaire et début du troisième (Act 18.22-23)

À la fin de leur deuxième voyage missionnaire, Paul et Silas se rendent à Antioche (Act 18.22). Paul exerce son ministère d’enseignant probablement 6 mois (hiver 52 – printemps 53) à Antioche (Act 18.23). Paul et son équipe partent ensuite pour le troisième voyage missionnaire, lequel va durer environ 4 ans (53-57) et se terminer avec son arrestation au printemps 57 à Jérusalem.

Ainsi se termine les rapports étroits du grand apôtre Paul avec les frères et sœurs d’Antioche. Pendant plus de 10 ans, ils auront été en contact proche de Paul, d’automne 47 à mai 57.

Antioche est la première église pionnière mixte dont nous avons une référence dans le N.T. Une assemblée constituée de convertis d’origine juive et païenne. Il semble que l’Esprit a choisi l’église d’Antioche comme un « bon exemple » de ce que doit être un rassemblement efficace et digne pour représenter Christ devant les païens.

Écrit par


Quel rapport entre mon destin personnel et la mort par crucifixion, il y a 2000 ans, d’un obscur ressortissant juif d’une ointaine province de l’Empire romain ?

Telle est la question éternellement débattue par tous ceux qui prirent connaissance de ces faits, y réfléchirent, et déciderent que ce rapport était de la plus extréme importance, ou au contraire choisirent de l’ignorer.

Les premiers écrits néotestamentaires rendent compte de ce débat et nous apprennent que les uns considéraient déja le message de la Croix de Christ comme un scandale, ou une folie — et les autres comme leur seule chance de salut (cf. 1 Cor 1.23-24 ; 2.2 ; Gal 1.6-9).

Pour si injuste et ignoble qu’ait été cette condamnation d’un innocent, il est pourtant un élément de cette affaire que personne ne doit sous—estimer. Cette crucifixion ne fut pas un tragique accident sur la route d’une impuissante victime. Une lecture attentive des Écritures, une écoute des enseignements de Christ lui-même et des apôtres après lui, nous révèlent qu’il fallait que ces événements arrivent, qu’ils étaient selon le plan de Dieu, que Christ savait au devant de quoi il allait, et que sa mort (conjointement a sa résurrection et a son ascension) allait déterminer sa victoire, rendre gloire au Père — et nous ouvrir les portes du salut. Puisqu’il n’y a donc pas de christianisme biblique sans la Croix, il est vital de bien comprendre la signification de celle—ci. C’est a cette tache que nous voulons nous atteler.

Quel sens donner a la crucifixion de Jésus ?

Beaucoup d’opinions se sont formées à ce sujet. Certaines interprétations contiennent des éléments intéressants, mais une seule d’entre elles nous semble entièrement répondre aux critères bibliques. Quelques échantillons des thèses les plus courantes :

1. La mort de Christ constituerait une rançon payée à Satan afin qu’il relâche les pécheurs que Dieu veut sauver. Se fondant sur des passages comme Mat 20.28 ; Marc 10.45 ; 1 Cor 6.20, cette conception fut défendue par Origène ou par Augustin. Quoique astucieuse, elle est liée à une compréhension défectueuse qui a dominé le christianisme jusqu’au xie s. Or, Satan fut jugé à la Croix (Jean 12.31 ; 16.11 ; Col 2.14-15) et sera emprisonné pour l’éternité (Apoc 20.10) ; le Créateur ne lui doit rien.

2. Jésus, par sa vie obéissante aurait fait une récapitulation, un résumé parfait de toutes les étapes de la vie humaine. Il aurait réussi là où Adam et ses descendants ont fauté (cf. Rom 5.12-21 ; Héb 2.10 ; c’était l’opinion d’Irénée). Or, s’il est vrai que Jésus fut sans péché (1 Jean 3.5 ; Jean 8.44), c’est de sa mort, de sa résurrection et de sa glorification que provient notre salut, et non seulement de sa vie terrestre parfaite.

3. Jésus aurait en quelque sorte dédommagé Dieu du déshonneur entraîné par le péché d’Adam : sa mort constituerait une offrande qui compenserait le ravage de nos fautes. Dès lors, Jésus pourrait offrir le salut à ceux qui se convertissent (cf.1 Pi 2.21 ; 1 Jean 2.6 ; Pélage, Anselme, Lélius et Fauste Socin, du ive au xvie s. défendirent ce point de vue). Or, cette théorie ne rend pas justice à des passages comme 1 Pi 2.24 ou Rom 5.6-10. Par sa mort, Jésus n’a rien remboursé à qui que ce soit !

4. La mort de Christ démontrerait l’amour de Dieu, et exercerait par là une influence morale sur l’homme. Cet acte adoucirait le cœur du pécheur pour l’amener à la repentance ; l’homme, étant spirituellement et moralement malade, aurait besoin de cette preuve d’amour (Rom 5.8 ; 2 Cor 5.17-18 ; Phil 2.5-11 ; Col 3.24 ; c’était la position d’Abélard, xie s.). Or, la mort de Christ fut plus qu’une influence morale. En recevant la condamnation que nous méritons, Jésus accomplit le seul acte de justice suffisant au règlement de notre dette envers Dieu (Mat 20.28 ; Apoc 5.9 ; Rom 3.24-25 ; 5.6,10).

5. Une démonstration de la justice de Dieu (théorie gouvernementale), Dieu voulant illustrer, par la mort de Christ, sa haine des violations de sa juste Loi. Les souffrances de Christ n’auraient rien expié du tout ; elles ne feraient que traduire l’estime que Dieu vouait à sa Loi et à son gouvernement de la race humaine (Ps 2 et 5 ; Es 42.21 ; position de Grotius, xvie s.). Or, la mort de Christ fut d’abord le moyen d’apaiser la colère du Dieu offensé (Rom 3.24 ; 1 Jean 2.2), et de fournir au pécheur la réconciliation que ce dernier n’aurait jamais pu obtenir par lui-même (2 Cor 5.21 ; 1 Pi 2.24).

6. Une démonstration mystique d’amour qui permettrait à la mort de Christ d’exercer une mystérieuse influence sur l’homme pour le pousser à être « bon » ; la mort sacrificielle inspirerait les hommes à agir charitablement ; elle permettrait de « sentir et goûter l’Infini » (Schleiermacher, xviiie s. ; cette théorie s’appuie sur Héb 2.10, 14-18 ; 4.14-16) . Or, les chap. 3 à 7 de l’Épître aux Romains enseignent que l’homme n’est pas bon, et qu’il est incapable d’agir selon les normes divines. Au préalable, sa culpabilité à l’égard de Dieu doit être ôtée : Christ est mort dans ce but.

7. Un accident, parce que Christ, si concentré sur sa prédication du Royaume, n’aurait pas vu arriver sa mort. Cette mort n’aurait pas été destinée à servir à quoi que ce soit (Albert Schweitzer, xxe s.). Or, Jésus a prédit, et accepté, sa mort (Mat 16.21 ; 17.22 ; 20.17-19 ; 26.1-5), laquelle était dans le plan de Dieu (Actes 2.23) parce qu’il fallait qu’un homme parfait subisse le jugement divin à la place de l’humanité (És 53.4-6).

8. Un acte de substitution. Jésus-Christ s’interposa entre la colère de Dieu et la race humaine pécheresse et coupable. Christ s’est constitué comme victime pour endurer la colère de Dieu envers les péchés de l’humanité ; il fut puni à notre place (2 Cor 5.21 ; 1 Pi 2.24 ; Héb 9.28 ; És 53.4-6). Christ, par sa mort, répondit totalement aux exigences divines sur les plans légal, moral, et personnel. Il a offert le seul et unique sacrifice parfait pour régler la question du péché.

Les sept premières conceptions ci-dessus sont déficientes. La huitième est la seule qui corresponde à la généralité de l’enseignement biblique. Regardons de plus près la doctrine de « la mort pénale en substitution de Jésus-Christ ».

La mort de Christ : une satisfaction et une substitution pénales

A-La substitution pénale : une notion largement répandue

Trois observations :

1. La mort de Christ occupe une place importante dans les Évangiles.

2. La mort de Christ fut le but de son incarnation, car sa mission était de donner sa vie comme une rançon2. Ce concept était familier en Israël3.

3. Même dans le monde païen gréco-romain, le principe de « substitution » légale était familier.

Cependant, beaucoup de théologiens, comme nous l’avons constaté, n’ont pas admis la centralité de cette notion. Historiquement, l’abandon du principe de substitution légale coïncide généralement avec l’apparition de toutes sortes de questionnements, tels que :

1. La mort de Christ était-elle une nécessité ou une option arbitraire ?

2. La mort de Christ était-elle ancrée dans l’amour et / ou dans la justice de Dieu ?

3. Cette mort fut-elle le remède à la culpabilité inhérente au péché originel, ou aux seuls actes de péché ?

4. Christ a-t-il souffert pour les crimes de l’humanité, ou seulement pour servir de bon exemple ?

Pour retrouver une base digne de foi, établissons tout d’abord que la nécessité du salut repose sur quatre réalités :

1. Le caractère de Dieu : sa justice (Deut 32.4 ; Ps 89.15 ; Gen 18.25 ; Rom 9.14), sa sainteté (Ex 15.11 ; Ps 89.36a ; Es 6.3 ; Hab 1.13), sa haine du péché (Ps 5.5-7 ; Nom 11.1 ; Héb 12.29), mais aussi son amour (1 Jean 4.7,8,16).

2. La Loi de Dieu (Lév 11.44 ; Deut 5.20, 29 ; 11.26-27 : Jac 2.10 ; Gal 3.10) à laquelle aucun pécheur n’a jamais complètement obéi (Rom 3.23).

3. La nature du péché adamique, inné en chaque être humain (Ecc 7.20 ; Éz 22.4 ; 18.4 ; Jac 2.10 ; Rom 3.9 ; 5.12).

4. Un besoin général de purification et de pardon (Ps 32.1 ; Luc 1.77 ; Act 13.38 ; Éph 1.7 ; Col 1.13-14 ; 2.13 ; Héb 1.3c ; 2.17c ; 7.27e), de victoire sur le péché (Éph 4.20-5.21 ; 6.14-17 ; Rom 7.22-25), de vie éternelle et de sécurité (Jean 3.16, 36 ; 5.21,24 ; 10.27-29 ; 17.2-3 ; Rom 5.17 ; 2 Tim 4.18 ; 1 Cor 1.8-9 ; Éph 1.4-5 ; Jude 1, 24).

B-Harmonie entre l’A.T. et le N.T.

Le Nouveau Testament établit que la conception et l’accomplissement du salut trouvent leur anticipation dans l’Ancien Testament ; les divers sacrifices prescrits par la Loi de Moïse sont la meilleure introduction au message de la Croix4. La nécessité de substitution et de satisfaction exigée par le Créateur pour régler la question du péché est du reste aussi vieille que l’homme. Cette nécessité s’est imposée jusqu’à la mort de Christ5. Les victimes offertes sur l’autel avaient pour but de mettre en évidence la sainteté et la justice de l’Éternel, l’état de corruption totale de la race humaine, la culpabilité entière de l’individu. Mais surtout, les sacrifices d’expiation révélaient que Dieu, en tant que Sauveur, était disposé à pardonner les péchés, non sur la base des œuvres, mais en raison de l’offrande d’une vie innocente que Dieu, dans sa grâce, accepterait en guise de substitution pour le coupable. Résumons brièvement cette doctrine fondamentale du christianisme biblique.

C-Portée de l’œuvre de la Croix pour les croyants

Voici quelques termes bibliques clés pour la bonne compréhension de cette œuvre :

1.  La mort de Christ fut une substitution pénale (légale). « Christ est mort pour les pécheurs » (Rom 5.8). Comment comprendre la préposition « pour » ? Elle traduit deux prépositions grecques différentes :

– (anti) : signifie parfois « pour ; au lieu de » (Mat 20.28, Marc 10.45 sont les seules références du N.T. qui mettent l’accent sur la substitution) ;

(hyper: « pour ; à la place de, pour le bienfait d’un autre »6. Toutefois, il semble bien que « hyper » dans 2 Cor 5.14, 21 ; Gal 3.13 recouvre aussi le sens de anti, et probablement aussi dans Jean 11.50 ; 18.14.

Déduction : la mort de Christ fut la mort de tous, parce qu’il subissait la condamnation que mérite toute créature. En devenant l’objet de la colère divine à l’égard du péché de l’homme, Christ a agi « au lieu de nous, pour notre bienfait, et à notre place ». Jésus-Christ assuma tous les égarements des hommes rebelles à leur Créateur. Selon 2 Cor 5.21 ; Gal 3.13, il est devenu « péché » en prenant la malédiction qui nous était destinée. Cette œuvre inouïe dépasse notre compréhension ! Elle ne peut que recevoir notre humble acceptation, notre constante adoration, et surtout déboucher sur une qualité de vie prouvant notre attachement respectueux à la personne de Christ.

2.  Aux yeux de Dieu, la mort de Christ a une valeur éternelle, parce que son amour, sa justice et sa Loi ont été satisfaites ; toutes les exigences divines envers les hommes se trouvèrent satisfaites en cette mort. Christ devint une offrande propitiatoire pour apaiser (la propitiation) le Dieu en colère, offensé7.

 3.  La mort de Christ fut un acte de réconciliation, le but étant de rétablir le contact avec le Dieu dont l’homme s’était volontairement détourné8. Par sa mort, Christ a potentiellement éliminé l’opposition et la rébellion humaines contre Dieu9. Toutefois, il nous appartient, sous l’éclairage de la Parole et du Saint-Esprit, de répondre à cette offre par la repentance et la foi (Act 20.21).

 4.  La mort de Christ fut une rédemption de portée universelle, mais son fruit n’est récolté que par ceux qui le reçoivent, c’est-à-dire par ceux qui passent par une authentique conversion. Trois verbes grecs différents l’expriment plus précisément :

a.  Christ a acheté l’esclave (au marché) pour le libérer10.

b.  En acquérant le pécheur repentant, Christ le libère de l’esclavage et de la malédiction de la Loi. La Loi n’a plus aucun droit sur celui qui s’est réfugié dans l’œuvre de Christ11.

c.  C’est au prix de son sang précieux, de sa vie, que Christ a payé la rançon, le rachat12.

La mort de substitution pénale de Jésus-Christ, satisfaisant et apaisant Dieu, réglant la question du péché, est une réalité. Chez le croyant, cette mort devrait toujours engendrer un amour sincère pour chaque Personne de la Trinité, l’amour des autres, une vraie haine et une solide horreur du péché, un désir de service et de sacrifice, et une dynamique en vue d’une conduite sanctifiée.

D-Portée de la Croix pour l’humanité en général

Une question a divisé, divise, et divisera les théologiens… et ceux qui les écoutent : Christ est-il mort uniquement pour les « élus », les « nés de nouveau » ? Ou bien a-t-il payé la dette de toute l’humanité ?

Puisqu’un verset comme Jean 3.16 est souvent invoqué dans ce débat, que représente donc ce « monde » que Dieu a tant aimé qu’il lui a donné son Fils ? Le mot grec (cosmos) désigne, dans la philosophie grecque, la totalité de l’existence spatiale et temporelle de la création, de l’univers, dans un ordre perceptible (Homère, Hésiode, Anaximandre, Platon, Aristote, etc.). Dans les écrits apocryphes de la LXX, ce sens s’y trouve (Sagesse, 2 Maccabées, 4 Maccabées). Fait intéressant : l’hébreu biblique n’a aucun équivalent, ni concept, ni mot correspondant au grec « cosmos ». L’A.T. appelle l’univers « ciel et terre », « tout » (Jér 10.16 ; Ps 103.19 ; És 44.24 ; Ps 8.7). Le « monde » est toujours une entité en rapport avec le Créateur (Gen 1.1-2.4a ; cf., Ps 136 ; 148 ; Amos 4.13 ; 5.8 ; 9.6). Comme dans le grec séculier et le judaïsme hellénisé, le N.T. emploie « cosmos » comme « monde » avec trois usages :

a. l’univers (Act 17.24 ; Jean 1.3) ;

b. la sphère ou le lieu de la vie humaine, la terre (Marc 8.36 ; Mat 4.8 ; Luc 4.5 ; cf. Jean 1.9 ; 2 Cor 1.12) ;

c. l’humanité, le lieu appartenant à l’activité des hommes (Jean 3.19 ; 2 Cor 5.19, surtout là où l’activité divine salvatrice est à l’œuvre). Notons aussi la signification de « cosmos » dans Rom 5.12ss ; 3.6, 19 ; 8.20-22. Quant au « nouveau monde » à venir, il n’est jamais appelé « cosmos », mais « Royaume de Dieu », « nouveaux cieux et nouvelle terre » ; le « cosmos » est corrompu, provisoire, et voué à la disparition ; le Royaume est parfait, incorruptible et éternel (lisez les descriptions de l’apôtre Jean concernant le « cosmos », Jean 1.29 ; 7.7 ; 15.18ss ; 12.31 ; 16.11 ; 1 Jean 5.18).

Les divers sens du terme « cosmos » ne peuvent donc pas autoriser une application restrictive de la doctrine de la substitution. Du reste, cette doctrine ne produisit pas de controverse générale parmi les chrétiens jusqu’en 1618. C’est à ce moment en effet que les descendants spirituels de Calvin, réunis à Dordrecht, en Hollande, radicalisèrent leur position : Christ n’est mort que pour les élus. Or, de grands noms de l’histoire chrétienne, Clément d’Alexandrie, Eusèbe, Athanase, Chrysostome, Augustin, Luther, Latimer (martyr), Coverdale, Cranmer, Schaff, Edersheim, A.T. Robertson (le plus grand grammairien américain du grec du N.T.), croyaient sans broncher que Christ est mort pour payer la dette de toute l’humanité. C’est aussi notre profonde conviction.

A. Voici les références utilisées par ceux qui affirment que Christ est venu procurer le salut uniquement à une petite minorité, les élus. Suivies de mes commentaires…

– És 53.5 : si l’on interprète ce verset dans son contexte, le Messie allait mourir uniquement pour Israël ! Or, Paul l’applique à tous dans Romains 5.6,8.

– Mat 1.21 : peut-on réellement appliquer ce verset uniquement aux juifs ? Si oui, aucun non-juif n’a jamais été sauvé !

– Mat 20.28 : « plusieurs » désigne-t-il contextuellement les juifs seulement ? Si oui, il n’existe aucun non-juif sauvé. Idem pour 26.28, et pour Jean 10.15.

– Act 20.28 ; Gal 3.13 ; Éph 2.25 parlent de la mort pour « l’Église », et c’est la vérité. Toutefois, ces références ne disent jamais que Christ est mort uniquement pour elle. Ces versets ne font que mettre l’accent sur un aspect particulier de la vérité au sens plus large. L’Église représente une minorité du grand ensemble de ceux pour qui Christ est mort. Ainsi aucun des versets ci-dessus, et bien d’autres, ne causent de problème d’interprétation pour ceux qui croient que Christ a payé la dette de l’humanité entière.

B. Voici un échantillon de références qui enseignent que la mort propitiatoire englobait toute l’humanité :

– Luc 19.10 : Jésus est venu pour « ce qui était perdu ». Qui était perdu ? Seulement les juifs, seulement les élus ou toute l’humanité ?

– Jean 1.29 : « les péchés du monde » (rappelons-nous

– Jean 3.16 : le verset parle pour lui-même.

– Romains 5.6 : qui sont les « impies » ? Seulement les « élus », et si oui, le monde n’a-t-il jamais vu ni connu d’autres impies13 ?

– Hébreux 2.9 : Christ fut-il couronné uniquement à cause de sa mort pour les élus ? Il a tout réglé pour tous, mais seuls les convertis en bénéficient (1 Tim 4.10).

– 2 Pierre 2.1 : mais ce verset est solennel14 !

En guise de conclusion

Les deux versets qui suivent résumeront très clairement la valeur universelle et actuelle de la mort substitutive de Jésus-Christ pour tout pécheur qui se repent, croit, et se donne au Dieu-Sauveur :

1 Jean 2.2 : « Il [Jésus-Christ] est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. »

1 Timothée 4.10 : « …nous travaillons et nous luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le sauveur de tous les hommes, surtout des croyants. »

1És 53 ; Mat 17.22,23 ; Marc 14.21 ; Act 2.23 ; 3.18 ; 4.25-28 ; Gal 3.13 ; 1 Pi 2.24.
2 Jean 12.27 ; Marc 10.45 ; Luc 22.15 ; Mat 26.2 ; Jean 3.14.
3 Lév 25.25, 48 ; Ps 49.7 ; És 35.10 ; 51.11 ; Ex 13.13 34.20 ; Osée 13.14.
4 Jean 1.29 : 1 Cor 5.7 ; Éph 5.2c ; 2 Cor 5.21 ; 1 Pi 1.19 ; Héb 1.1-10.29.
5 Gen 3.21 ; 22.1-14 ; comparez Lév 16 avec Héb 9.1-12 ; 0.1-22.
6 Jean 10.11, 15 ; 11.50-51 ; 15.13 ; 18.14 ; Rom 5.6, 8 ; 1 Cor 5.7 ; 11.24 ; 15. 3 ; 2 Cor 5.14-15, 21 ; Gal 1.4 ; 2.20 ; 3.13 ; 1 Thes 5.10 ; Tite 2.14 ; Héb 2.9 ; 5.3 ; 10.12 ; 1 Pi 2.21 ; 3.18 ; 4.1 ; 1 Jean 3.16. Ici l’accent est mis sur l’idée de représentation, de remplacement.
7 Héb 2.17 ; 1 Jean 2.2 ; 4.10 ; Rom 3.25, cf. la prière du pécheur dans Luc 18.13.
8 És 59.1-2 ; Col 1.21, 22 ; Jac 4.4.
9 Rom 5.10 ; 2 Cor 5.18-19.
10 Rom 7.14 ; Éph 2.2 ; Rom 3.19 ; 1 Cor 6.20 ; 7.23 ; Apoc 5.9 ; 14.3-4.
11 Gal 3.13 ; 4.5.
12 1 Pi 1.18 ; Tite 2.14 ; cf. Luc 24.21a.
13 N.B. : les versets où les mots « tous » ou « quiconque » (ou un équivalent) apparaissent : Rom 3.23 ; 10.13 ; És 53.6 ; Tite 2.11 ; Luc 2.10-11 ; 1 Tim 2.3-4, 6 ; 1 Jean 2.2 ; Ac 17.30 ; Rom 1.5 ; 16.26 ; 2 Cor 5.14
14 Ces considérations n’impliquent pas de notre part un jugement globalement négatif sur toutes les contributions théologiques de Calvin, de Th. De Bèze et de leurs descendants spirituels. Nous avons une grande dette de reconnaissance envers les Réformateurs, Calvin compris. Toutefois, notre gratitude envers ces courageux serviteurs de Dieu ne doit pas nous contraindre à accepter sans réserve chacune de leurs doctrines. Dont celle de « l’expiation limitée », par exemple.

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