PROMESSES

Avant d’entrer dans le sujet, il est utile de faire quelques remarques générales :

  • La compréhension du sujet demande de ne négliger aucun verset important, sans aller au-delà de ce qui est écrit. Commençons toujours par les Écritures et non par l’étude des écrits de théologiens, si bons soient-ils.
  • Nous devons reconnaître qu’il nous est impossible de tout connaître du plan glorieux de Dieu — comme d’ailleurs sur n’importe quel autre sujet. Dieu a le droit de se réserver des aspects non révélés (cf. Jean 16.12) et il a choisi de ne pas tout nous expliquer (Deut 29.29).
  • Même si nous ne sommes pas d’accord avec Dieu (car l’homme, par nature, est rebelle), Dieu ne changera ni son plan ni sa manière de faire pour nous plaire.
  • Enfin, ayons confiance en Celui qui est totalement bon et juste.

1. Le fondement du plan de Dieu : la doctrine de Dieu

Dieu est « l’Éternel » : il n’est soumis ni au temps ni à l’espace et il existe en dehors de la création étant son Créateur souverain et immuable (Ex 3.15 ; Apoc 4.8-9). Dieu domine sur tous les aspects et les êtres de sa création (Dan 4.35 ; 1 Tim 6.15-16).Dans sa nature, Dieu est juste (Apoc 15.3), plein d’amour (1 Jean 4.8,16) et saint (És 6.3 ; 1 Pi 1.16). Il est libre de planifier et décider selon sa volonté souveraine, juste et pleine d’amour, et cela sans nous demander sur un quelconque sujet : « Cela vous plaît-il ? »

2. La définition du plan de Dieu

Les théologiens emploient le mot « décret » pour désigner l’ensemble du projet divin. D’autres termes synonymes sont utilisés dans le même sens : dessein, plan, décision, conseil arrêté… Ces mots affirment que l’Éternel Dieu a établi souverainement un plan global pour tout le déroulement de l’histoire humaine en accord avec le conseil de sa volonté. Ce mot « décret » ou « plan » est souvent mis au pluriel pour souligner que le plan de Dieu s’applique dans des domaines très variés. Le N.T. emploie plutôt le singulier pour mettre en relief l’unité et l’harmonie de la volonté de Dieu. Il a un seul plan composé de parties variées, qui recouvrent tout ce qui se passe dans notre univers en dehors de la Trinité. Dieu est ainsi la cause première de tout en dehors de lui-même.

3. Les caractéristiques du plan de Dieu

Le dessein divin est :
– unique et « simple », c’est-à-dire ni confus ni compliqué du point de vue de Dieu (Éph 1.11 ; Rom 8.28),
– sage (Rom 11.33 ; Éph 3.10),
– libre (Ps 115.3) ;
– éternel dans sa conception, sans évolution chronologique du point de vue de Dieu car il n’existe pas un passé, un présent, et un futur en Dieu — même s’il est bien évident que la réalisation du plan dans l’histoire est une succession d’événements, car nous vivons dans le temps et dans l’espace (Ps 33.9,11) ;
– immuable et inconditionnel (Éph 1.11 ; Jac 1.17) ;
– efficace (És 43.13 ; Prov 19.21).Le plan de Dieu inclut la stabilité de l’univers (Ps 119.89-91), tout événement (Dan 4.34-35 ; Act 17.26), les circonstances et la durée de la vie (Job 14.5 ; Ps 139.16), les événements « fortuits » (Mat 10.29-30), les actes libres des croyants (Éph 2.10 ; Phil 2.13) comme les actes libres des méchants (Act 2.23 ; 13.29).

4. Le but du plan de Dieu

L’Éternel décide et agit pour sa gloire. Lui, qui est parfait dans sa nature et dans ses attributs, a tout prédéterminé afin que sa gloire soit reconnue, que sa création reconnaisse qui il est et lui laisse la place qui lui est due de droit (Éph 1.6,12,14 ; Héb 13.21 ; Rom 11.36). L’être humain aime se poser la question : « Pourquoi Dieu a-t-il fait ou permis ceci ou cela ? » Le plus souvent nous n’avons pas de réponse. Le problème devient aigu lors d’une catastrophe ou d’un crime horrible. Le chrétien, quoiqu’il reste ignorant des raisons profondes et éternelles de tel événement précis, sait au fond de lui que c’est pour la gloire de Dieu.
Trois raisons font que nous avons de la difficulté à accepter que tel événement soit pour la gloire de Dieu :
– nous ne pouvons pas le voir du point de vue de Dieu ;
– nous n’avons pas tous les éléments en main pour comprendre ni pour juger l’affaire d’une manière adéquate et honnête ;
– nous ne pouvons pas connaître le but final planifié par Dieu.
Laissons à Dieu « le bénéfice du doute ». Si l’Éternel est Dieu, nous n’avons pas d’autre choix, étant donné ce que nous sommes, corrompus et ignorants des raisons souveraines de ses actes. Un jour, là-haut, nous comprendrons tout, et nous nous demanderons pourquoi nous avons été si vexés, si attristés, si contrariés, si incrédules, si critiques. Apprenons à laisser Dieu être Dieu !

5. Le plan de Dieu et le péché

Quel est le rapport entre le plan de Dieu et le péché ? Comment Dieu, qui est bon et veut le bien-être de tous, a-t-il pu permettre le péché ? Dieu est-il l’auteur du péché du fait qu’il est la cause première de tout ? Pourquoi le mal existe-t-il ?
Ces questions sont légitimes, car Dieu a fait de l’homme un être rationnel, même si sa raison sera toujours « abîmée » par sa nature pécheresse. L’homme qui cherche une explication adéquate pour l’aider dans sa foi de croyant la trouvera. L’homme qui pose des questions afin d’essayer de blâmer Dieu, parce qu’il ne veut pas accepter la solution offerte dans la Bible, n’aura jamais une réponse satisfaisante pour sa logique tordue. Le principe divin demeure : il faut croire avec l’œil de la foi pour pouvoir comprendre. Avant d’entamer ce sujet, que chacun examine son cœur : dans quel état suis-je spirituellement ? ouvert ou fermé, obéissant ou rebelle, humble ou orgueilleux, adorateur ou critique ?
Voici quelques éléments de réponse, à examiner ensemble, sans les séparer :

    • La Bible place toute responsabilité du péché personnel sur le pécheur. Toute personne honnête reconnaît qu’elle est responsable pour ce qu’elle dit et fait.  Au jour du jugement, toute bouche sera fermée et l’homme pécheur n’aura aucune excuse pour ce qu’il est, ni pour ce qu’il a fait. Il ne pourra jamais accuser Dieu pour ses propres œuvres de péché (Apoc 22.12 ; Ecc 12.16).
    • Dieu hait le péché qui est contre sa nature et contre ses commandements pour le bien-être de l’univers (Ps 5.5-7).
    • La crucifixion du Christ fut prévue avant la fondation du monde (Act 2.23 ; 1 Pi 1.19-20 ; Éph 3.11 ; 2 Tim 1.9). La croix répondit à un besoin précis, ôter le péché (1 Jean 3.5) ; elle fut donc « planifiée » !  Si elle fut planifiée, il est logique de déduire que le péché fait aussi partie du plan. À cause de l’Agneau immolé, présent dans les pensées de Dieu le Père avant la fondation du monde, nous savons que Dieu a été « au courant » du péché et l’a intégré dans son plan.
    • Dans son omniscience, Dieu aurait pu créer un plan dans lequel n’aurait pas figuré le péché. Il a délibérément choisi autrement. Donc Dieu a un certain rapport, incompréhensible, avec le péché, et ceci en sachant que l’introduction du péché allait lui coûter son propre Fils (Jean 3.16). La présence du péché n’a pas pris Dieu au dépourvu.
    • Dieu a créé des êtres (anges, hommes) libres avec la possibilité d’obéir ou de désobéir. Ceux qui ont désobéi au début sont les vrais auteurs du péché, car le péché n’a jamais commencé avec Dieu, il n’a jamais eu son origine en Dieu.
    • Le plan divin renferme les actes volontaires, même mauvais, des hommes. Dieu a permis au péché d’exister. Pour autant, sa sainteté et sa sagesse divines ne sont pas souillées par l’existence du mal ; elles ne le sont pas par sa décision de permettre le mal. Dieu est donc responsable de la présence de l’idée du péché dans son plan, mais l’homme reste toujours responsable de son acte de péché (cf. Mat 26.24).
    • Dieu ne nous a pas révélé dans les Écritures la raison pour laquelle il a permis le péché. Tout au plus, pouvons-nous constater que l’introduction du mal a permis à Dieu de révéler de cette façon sa justice, sa miséricorde et sa grâce en Jésus-Christ dans le salut du pécheur. Quel mystère ! Incompréhensible, voire invraisemblable et illogique pour notre raisonnement humain ! Mais qui dit que le Créateur doit se soumettre à notre façon de raisonner ?
    • La présence du péché coûta infiniment plus à Dieu qu’à l’homme. L’horreur et la souffrance endurées par le Fils de Dieu incarné sont totalement incompréhensibles à l’homme. Le cri sur la croix (Ps 22.2 ; Mat 27.46) prouve que, s’il y avait eu une autre possibilité pour sauver l’homme, Dieu l’aurait fait. Il démontre donc que Dieu n’agissait ni égoïstement, ni insensiblement, en incluant le mal dans son plan.

6. Quelques observations pratiques sur le plan de Dieu

    • Cette doctrine nous réconforte. Calvin disait que, s’il ne croyait pas à la souveraineté de Dieu, il serait l’homme le plus inquiet du monde, car il passerait son temps à penser à tous les accidents et les malheurs qui pourraient lui tomber dessus. Tout ce qui nous arrive est « couvert » par la souveraineté de Dieu.
    • Cette doctrine nous encourage. Nous pouvons aller de l’avant dans notre vie quotidienne de chrétiens sachant que notre Père céleste nous a déjà préparé de bonnes œuvres pour que nous les pratiquions après notre conversion (Éph 2.10). Cela veut dire que chaque jour a sa « couleur », son utilité, ses leçons, voire ses disciplines, ses récompenses. Ceci enlève la monotonie de la vie : elle est une aventure extraordinaire qui se terminera lorsque nous arriverons à bon port.
    • Cette doctrine influe directement sur notre service de témoins. Dieu a un autre but pour nous, autre que notre bonheur personnel, voire égoïste. Il veut que nous soyons des témoins pour Jésus Christ (Act 1.8 ; Mat 28.19).  Si nous ne croyons pas au plan de Dieu pour nous dans ce domaine, nous serons frustrés et nous aurons mauvaise conscience. En se fiant à lui pour lui être obéissant, le Saint Esprit sera libre en nous pour rendre témoignage à travers nous de la personne et de l’œuvre de notre Seigneur à ceux avec qui il nous mettra en contact.
    • Cette doctrine doit nourrir notre adoration pour notre Dieu si extraordinaire qui doit avoir la première place dans notre vie (Ps 145.21).

7. Conclusion

Ce que nous croyons influence fortement qui nous sommes et ce que nous faisons. Ainsi, ce que nous croyons sur la souveraineté de Dieu influence non seulement notre être entier, mais également nos actions. Prions simplement : « Père Céleste, manifeste ta souveraineté tout au long de cette journée et que je l’accepte ! »

Écrit par


La mort est un sujet qui nous concerne tous, parce que tôt ou tard, chaque individu doit mourir ! La question fondamentale qui taraude au fond chaque être humain est : « Où passerai-je l’éternité ? »

Ce sujet est complexe, car le N.T. traite, parfois dans les mêmes versets, à la fois le destin de ceux qui ont accepté Jésus-Christ comme leur sauveur et celui de ceux qui ne l’ont pas accepté.

Rappelons qu’on peut considérer l’être humain, créé par Dieu, comme composé de trois parties : une matérielle — le corps — et deux immatérielles — l’âme et l’esprit (1 Thes 5.23)1. Selon cette compréhension, l’âme est cette partie immatérielle qui anime le corps de l’individu2. L’« esprit » désigne la partie spirituelle de l’homme (Nom 16.22 ; Héb 12.9)3 ; le salut en Christ (Act 2.21 ; 4.12) concerne en premier lieu notre esprit4.

  1. Pourquoi l’homme meurt-il ?

En remontant à l’origine de l’humanité, la Genèse révèle que le premier couple avait désobéi à la volonté du Créateur : c’est le péché. Il avait outrepassé la règle du « comment vivre correctement par rapport à lui » (Gen 2-3) ; la conséquence en fut la « mort ». La Bible décrit trois types de mort :

  1. La mort physique, générale pour tous, est la séparation entre la partie immatérielle de l’homme et son corps (Job 14.10 ; 24.24 ; Rom 5.12 ; 6.23).
  2. La mort spirituelle, générale pour tous, est la séparation de l’homme avec Dieu ; elle concerne la partie immatérielle de l’être (Gen 2.17 ; Éph 2.1).
  3. La « seconde mort » sera la séparation éternelle de l’individu d’avec Dieu (Mat 10.28 ; Apoc 2.11 ; 20.14–15 ; 21.8).

 

Chaque homme, chaque femme, est atteint par la mort physique et par la mort spirituelle mais seuls ceux qui refusent Jésus-Christ comme leur sauveur personnel subiront éternellement la « seconde mort » (Apoc 21.8). En croyant en Christ, l’homme passe « de la mort à la vie » (Jean 5.24), c’est-à-dire qu’il n’est plus mort spirituellement  (Éph 2.5). Le chrétien acquiert ainsi la vie éternelle et, même s’il connaît encore la mort physique, il ne connaîtra pas la seconde mort.

  1. Où résident l’âme et l’esprit de chaque l’individu après la mort ?

Cet état est appelé par les théologiens « l’état intermédiaire ». L’expression n’est pas biblique mais exprime réellement la condition de l’individu (l’âme et l’esprit), entre les deux expériences inévitables que sont la mort et la résurrection corporelle. Le « lieu de résidence » de chacun dépend de la décision prise consciemment pendant sa vie terrestre.

Les Saintes Écritures enseignent très clairement et d’une manière incontestable où vont les perdus et les sauvés.

2.1. Les perdus

Tous ceux qui, pendant leur vie sur la terre, n’ont pas « fait la paix » avec Jésus, le reconnaissant comme seul Sauveur (Jean 3.3-8), vivent cet état intermédiaire en restant conscients (2 Pi 2.9b). Jésus décrit lui-même cet état dans Luc 16.19-31 : au travers du riche, ce passage dévoile la condition de l’âme et de l’esprit de celui qui a rejeté Christ en attendant son jugement final.

Le jugement final et éternel sera proclamé au moment du grand trône blanc après le millénium (Apoc 20.11-15). Il sera terrible, certain et éternel5. Tous les morts, sans distinction d’âge, de classe sociale et d’origine, qui n’auront pas accepté Jésus-Christ comme seul Sauveur, seront ressuscités pour être jugés devant le trône de Dieu. Celui qui est assis sur ce trône comme juge est le Seigneur Jésus-Christ (Jean 5.22,27 ; Act 10.42 ; 17.31). « Et les morts [ceux sans la vie de Christ] furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. » (Apoc 20.12) Quelles œuvres ? De bonnes œuvres ? Croire qu’au travers de ce texte, le salut peut venir des œuvres est impossible  : de nombreux textes l’attestent : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Éph 2.8-9, cf. Rom 3.28 ; Jean 3.19).

Ainsi, cet état intermédiaire ne permet pas « une deuxième chance » après la mort physique pour se « re-préparer » à aller au ciel  : « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. » (Héb 9.27, cf. Ecc 12.16). On ne trouve dans la Bible aucun élément qui appuierait l’idée d’une seconde chance.

Plusieurs interprétations fautives de l’état intermédiaire sont avancées :

  1. Le purgatoire : Cette hypothèse trouve son origine dans une invention des savants juifs6. Elle suggère que les âmes des défunts en état de grâce et assurés du salut éternel, vont dans un lieu de purification afin d’y expier les péchés dont ils n’ont pas fait suffisamment pénitence avant leur décès. Elle n’a jamais fait partie de la doctrine de l’A.T. ni de celle du N.T., ni des croyances des premiers chrétiens. Cette spéculation fut affirmée comme « vérité absolue » par Rome après le Concile de Trente, dans une bulle papale rédigée en 1564 apr. J.-C. et que tout catholique devrait obligatoirement accepter pour éviter « l’anathème éternel ».
  2. Le sommeil de l’âme: Selon cet enseignement, quand une personne meurt, son âme « dort » jusqu’au moment de la résurrection future. Dans cette condition, la personne n’est pas consciente.

Les Adventistes du septième jour enseignent que l’âme est simplement inerte et réside dans la mémoire de Dieu. Les versets utilisés pour soutenir ce sommeil de l’âme sont tirés de l’Ecclésiaste :

– « Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien, et il n’y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée. » (Ecc 9.5)

– « … avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. » (Ecc 12.9)

Or l’Ecclésiaste doit être compris à la lumière de son point de vue, indiqué en introduction du livre, « Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem. Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » (Ecc 1.1-3). L’auteur nous raconte comment les choses se déroulent du point de vue humain (« sous le soleil »). Il ne fait aucune déclaration doctrinale quant à l’existence de l’âme au-delà la mort.

En outre, à la transfiguration de Jésus (Mat 17.1-8), Moïse et Élie apparaissent avec Jésus, bien vivants. Nul sommeil de l’âme pour eux. Lorsque Jésus parle au criminel crucifié à son côté, il lui dit : « En vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23.43) Certains insinuent que Jésus évoquait par là une situation temporaire limitée au jour même de la crucifixion (« aujourd’hui »). Rien dans le texte n’étaye cette supposition. Jésus disait simplement au criminel qu’il serait avec Jésus en tant que personne au paradis.

En conclusion, l’âme continue à exister après la mort dans un état de conscience.  Les méchants commenceront à affronter le jugement de Dieu, et les chrétiens habiteront en sa présence.

  1. L’annihilation temporaire : Selon cette doctrine, après la mort, la personne cesse d’exister, y compris dans sa partie immatérielle. À la résurrection future, l’âme est créée à nouveau. Par la suite, les bons entrent dans le règne terrestre de Christ. Cette version est soutenue par les Témoins de Jéhovah.

Si jamais un lecteur n’était pas sûr de sa destinée, je termine cette section par un appel sincère : qu’il se repente et qu’il croie en Jésus-Christ, en le recevant comme seul et unique sauveur, qui a souffert et qui a payé sa dette à la croix (Apoc 3.20).

2.2. Les sauvés

La doctrine de l’état intermédiaire du croyant est dynamique et rafraîchissante, car elle fortifie la foi de celui qui est sauvé : il va vivre avec Dieu pour l’éternité. Cette doctrine est abordée dans peu de textes, qui, de plus, sont épars à travers le N.T. Le N.T. nous enseigne tout ce que le Seigneur veut que nous sachions ! Il se peut que cette dispersion et cette rareté soient dues au fait que les premiers chrétiens s’attendaient à un retour imminent du Seigneur (Apoc 2.16 ; 3.11 ; 22.20). Notre tâche est donc de les réunir et d’essayer d’en faire une synthèse cohérente.

Pour ceux qui, pendant leur vie, ont sincèrement accepté Jésus comme Sauveur, cet état intermédiaire de leur âme et de leur esprit sera la suite logique de leur conversion et de leur mort physique. Un corps, parfait et incorruptible — l’élément manquant dans cet état intermédiaire — leur sera restitué plus tard, au moment de la résurrection  (1 Cor 15.42,52). C’est sur cet aboutissement final que le N.T. met surtout l’accent.

Au moment de sa mort, le croyant entre, par son esprit et son âme, dans la présence du Seigneur (2 Cor 5.8). Il est totalement conscient de son environnement là-haut et attend l’enlèvement futur des croyants encore vivants  (1 Thes 4.13-18).

Le lieu où il est

– Il se trouve dans la présence de Christ (Phil 1.23).

– Il entre dans le paradis (2 Cor 12.2-4a).

– Il est dans le royaume céleste de Dieu (2 Tim 4.18).

– Il réside dans la maison de l’Éternel pour l’éternité (Ps 23.6).

– Il est dans la présence de la gloire de Dieu (Ps 73.23-24).

Ce qu’il est

– Il se repose de ses labeurs terrestres (Apoc 14.13).

– Par analogie avec la situation de l’homme riche de Luc 16.19-31, il est conscient des circonstances (v. 23-24), des souvenirs (v. 27-28) et sujet à un raisonnement rationnel (v. 30, cf. Apoc 6.9-11).

– Il est conscient de la présence d’autres sauvés, « les esprits des justes parvenus à la perfection » (Héb 12.23).

– Il retrouve les croyants de l’A.T. qui ont eu foi par avance dans le Messie (voir Nom 20.24a).

– Il vit en paix (És 57.1-2a).

– Sa nouvelle existence « spirituelle » est un gain (Phil 1.21).

– Il reste assuré de l’amour de Jésus-Christ dont rien ne peut le séparer (Rom 8.38-39).

Dans cet état intermédiaire, l’absence de corps limite l’activité du croyant. S’il n’est pas inconscient, il n’est pas encore dans la situation future où il sera éternellement au service de son Dieu (Apoc 22.3).

La « réunion » de l’âme et de l’esprit du croyant avec son corps ressuscité aura lieu lors de la résurrection des corps (voir les descriptions de 1 Thes 4.13-18, 1 Cor 15.51-57 et Jean 14.1-3). Il est impossible ici-bas de savoir tout ce que l’éternité réserve au sauvé, lorsque le corps, l’âme et l’esprit seront réunis au moment de la résurrection.  Ce moment exceptionnel et futur de cette réunion des trois « composantes » de l’être du chrétien ne peut pas être décrit en détail ; il doit donc se dire : « Je ne sais pas quand ce moment arrivera, et je dois vivre en conséquence ! »

 

  1. La mise en pratique de ces vérités dans le quotidien

La doctrine biblique n’est ni stérile, ni inapplicable, ni purement intellectuelle. Au contraire, elle est d’une importance capitale pour la croissance spirituelle.  J’encourage tout croyant sauvé à s’appuyer sur les deux doctrines développées dans cette étude afin de sanctifier leur vie en Christ ici-bas :

  • Il peut remercier continuellement Dieu le Père et Jésus-Christ pour la grâce qu’il a déjà obtenue d’être arraché au jugement et à l’enfer.
  • Il peut se fortifier pendant toutes ses épreuves sachant qu’une vie meilleure l’attend là-haut.
  • Il peut se réjouir de savoir qu’il verra Dieu lui-même dans toute sa gloire.
  • Il peut se réjouir que son « état intermédiaire » sera presque comme l’éternité, dans l’attente de son nouveau corps.

  1. Le sujet est complexe, car la Bible emploie parfois les mots « âme » et « esprit » pour désigner l’ensemble de la personne ou l’ensemble de sa partie immatérielle. Seuls quelques textes distinguent clairement l’un de l’autre (ex : Héb 4.12)
  2. La Bible affirme que l’homme est une âme (Gen 2.7 ; Act 2.41) et qu’il possède une âme (Lév 17.11, 14 ; Mat 10.28). L’âme est capable de vivre des expériences très différentes (Job 30.16 ; Ps 43.5 ; 2 Rois 4.27)
  3. Voir Ps 77.7 ; 1 Rois 21.5 ; Ps 32.2 ; Ecc 7.8-9 ; Mat 5.3 ; Gal 6.1 ; Rom 1.9 ; 8.6
  4. Les versets suivants appuient fortement cette idée : Jean 3.6 ; Rom 1.9 ; 8.5-6, 16, 23 ; 1 Cor 5.5 ; 6.17 ; Gal 5.25 ; Éph 3.16
  5. Voir És 13.11,13 ; Soph 3.18b ; Héb 10.30-31 ; 2 Pi 2.4-7,9b-10 ; Apoc 6.15 ; Apoc 14.11 ; 19.3
  6. Voir le livre apocryphe de 2 Maccabées (12.42-45), écrit autour de 165 av. J.-C. et qui suggère qu’il pourrait exister une place temporelle de punition puis de purification des péchés en vue d’être admis plus tard au ciel. Ce livre n’est pas reconnu comme canonique par les juifs et les protestants et les catholiques ne l’ont inclus que tardivement, après la Réforme, lors du Concile de Trente

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« Jésus et Mahomet »
de Mark A. Gabriel

Quelles différences et quels points communs entre les hommes les plus influents de tous les temps : Jésus, le fondateur du christianisme, et Mahomet, le fondateur de l’islam ? Élevé dans la religion musulmane, ancien professeur à l’université Al-Azhar (au Caire, en Égypte), Mark Gabriel nous invite en connaisseur à le suivre dans sa propre démarche et à comparer leur vie et leur enseignement.

« Abordons les musulmans »
de Georges Houssney

Ouvrage qui encourage à aller à la rencontre des musulmans, à abaisser les barrières entre le chrétien et le musulman et à partager avec eux l’amour de Dieu.

« Le Peuple du Coran »
d’Anne Cooper

Ce livre aide à connaître et à mieux comprendre le développement historique et politique de l’islam à travers la pratique du Coran.

« Annoncer Christ aux musulmans »
de Paul Gesche, MENA

Cet ouvrage nous invite à mieux comprendre les musulmans et nous aide à répondre à leurs objections et à leurs réactions.

« Islam, un regard chrétien »
de Jamil Chabouh et et Karim Arezki

Ce livre commence par faire connaissance avec l’islam, dénonce les amalgames pour pouvoir mieux aborder les vrais points de désaccord. Les deux auteurs, tous deux chrétiens, imprégnés de leur culture nord-africaine et grands connaisseurs de l’islam, ouvrent des horizons insoupçonnés.

« La Bible a-t-elle été falsifiée ? »
de E.M. Hicham

Beaucoup de musulmans convaincus croient que les écrits sacrés des chrétiens ont été falsifiés, contrefaits. Ce livret répond à plusieurs questions sur ce sujet à l’aide de nombreuses références bibliques

« Jésus dans le Coran et dans la Bible »
de Karim Arezki

Jésus a aussi une place importante dans le Coran et pour les musulmans. Mais c’est aussi le sujet qui, « paradoxalement sépare le plus ces deux théologies ». Pour lever les incompréhensions et favoriser les discussions, Karim Arezki explore les textes du Coran et de la Bible pour montrer quelle est la place de Jésus dans le christianisme et dans l’islam, quels sont les points communs et les divergences.

« Je croyais en ‘Issa, j’ai rencontré Jésus »
de Jamel Attar

Jamel, jeune Marocain très engagé dans l’islam, vient en France et est confronté à l’Occident et au christianisme. Comment va-t-il gérer la découverte d’une foi différente de la sienne et d’un Jésus autre que celui qu’il connaissait ?

« Puis-je connaître Dieu ? »
de E.M. Hicham

L’homme, par ses propres efforts, n’a pas pu et ne parviendra jamais à connaître Dieu – à moins que Dieu ne vienne à son secours pour se révéler à lui. La question qui se pose alors plutôt de savoir si Dieu désire vraiment se faire connaître ? Est-ce qu’il voudrait que les hommes le connaissent en vérité ?

« Pourquoi Dieu a-t-il demandé d’offrir des sacrifices ? »
de Abu Yusuf

Pour les musulmans et beaucoup d’autres, les sacrifices ont une grande importance. Pourquoi Dieu a-t-il demandé d’offrir ces sacrifices ? L’auteur répond à cette question à travers une série de lettres qu’il écrit pour son ami musulman.

« Comment Dieu peut-il avoir un Fils ? »
de E.M. Hicham

Beaucoup de musulmans croient que Jésus aurait été conçu à la suite d’une relation physique entre Dieu et Marie. Pour les chrétiens, une telle pensée est obscène et blasphématoire. Que veut réellement dire cette expression « Fils de Dieu » ?

« Muhammad est-il mentionné dans la Bible ? »
de E.M. Hicham

Ce livre se penche sur cinq des passages bibliques les plus cités comme prétendues prédictions de la venue de Muhammad (Mahomet). Ce livret répond aussi à la question : « Pourquoi les chrétiens refusent-ils d’accepter un livre autre que la Bible comme étant un livre de Dieu ? »

« Cher Abdullah », Douze questions que les musulmans posent aux chrétiens »
de E.M. Hicham

Le but de ce petit livre est de présenter objectivement ce que croient les chrétiens, de dissiper les malentendus et d’éclairer les musulmans sur les bases de la foi chrétienne.

« Guide pratique du musulman, Pour comprendre le christianisme »
de Malcolm Steer

Malcolm Steer, un chrétien qui a vécu de nombreuses années parmi les musulmans, nous présente ici une introduction accessible, directe et instructive à la foi chrétienne. À partir des origines du christianisme, il en présente les doctrines fondamentales et les enseignements pratiques. Cet ouvrage est idéal pour tout musulman qui désire en savoir plus sur le christianisme. Il permet de faire le tri entre les faits et les mythes et de se forger une opinion objective sur le sujet.

Écrit par


Allah : simplement le mot arabe pour « Dieu ».

Calife: successeurs spirituels choisis par les croyants de Mahomet.

Chahada : formule sacrée de l’islam : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Mahomet est son prophète ».

Charia : ensemble de toutes les lois islamiques qui gouvernent d’une manière absolue chaque secteur de la vie.

Chi’ites : litt. « partisans fidèles » ; ceux qui reconnaissent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, comme son seul vrai successeur, au nom des liens du sang. Ils représentent environ 15 % des musulmans, et sont localisés surtout en Iran, Irak, Azerbaïdjan et Bahreïn, avec d’importantes minorités au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban. Les dirigeants chi’ites considèrent les sunnites, comme corrompus et vendus au « grand satan » américain, d’où une des raisons du conflit entre les deux tendances majeures.

Coran :litt. « récitation » ; par dérivation mots que Muhammad aurait reçus d’Allah ; le livre sacré de l’islam.

Hadith : une vaste collection supplémentaire des « dires personnels » de Mahomet ou de ceux rapportés par ses compagnons après sa mort.

Hajj : pèlerinage obligatoire à la Mecque que chaque musulman doit faire au moins une fois dans sa vie.

Imam : chef musulman qui est capable de diriger la prière et d’interpréter le Coran dans une mosquée.

Injil : l’Évangile.

Issa : Jésus

Islam : mot d’origine arabe qui signifie « soumission » à Allah. Il désigne une religion, une culture, une philosophie communautaire, une pratique identitaire.

Musulman : « celui qui est soumis » à Allah.

Salafiste : celui qui veut retourner aux pratiques religieuses et guerrières de Mahomet à Médine.

Soufisme : mouvance mystique et ésotérique où l’on cherche à être « absorbé en Dieu » par un état d’« ivresse » spirituelle, une sorte d’extase,  considérée comme une sorte d’« extinction » de soi-même.

Sourate : chapitre du Coran. Les 114 sourates sont arrangées, après le prologue, de la plus longue à la plus courte.

Sunnites : litt. « le bon chemin », ceux qui croient que le vrai successeur compagnon du « Prophète » fut Abou Bakr, au nom du retour aux traditions tribales. Ils représentent environ 85% des musulmans.

Umma ou Oumma : ensemble de tous les musulmans du monde, sans limites géographiques ou ethniques.

 

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Le mot « réforme » se trouve couramment sur les lèvres des politiciens et dans les journaux de notre monde contemporain : tous relayent les sentiments agités du peuple et reconnaissent le besoin de réformer la société à tous les niveaux. Ce besoin universel de réforme au XXIe siècle n’est pas nouveau ! À partir du XIIIe siècle, un sentiment d’insatisfaction commençait à naître ici et là en Europe, dans tous les domaines, jusqu’à l’irruption violente intervenue au XVIe siècle. Mais l’histoire a avancé lentement avec de petits bouillonnements (XIIIe-XVe siècle), puis, lorsque la pression a été à son comble, l’explosion s’est produite (début XVIe). Suivons ce chemin tortueux jusqu’à son apogée : la réforme protestante.

1.Les événements « pré-réformateurs »

La période allant du XIIIe au XIVe siècle révèle une Europe tourmentée par des courants de nature nouvelle, particulière et dissemblable.

  • Les Croisades au Proche-Orient, quoiqu’elles aient été un échec total par rapport au but visé initialement, ont fait connaître un monde nouveau, immensément plus avancé que l’Europe dans bien des domaines. Les cités nouvelles et les civilisations anciennes ont ébloui les croisés. Cette admiration transportée jusqu’en Europe a créé la soif de connaître davantage sur tous les sujets.
  • Le réveil intellectuel appelé la scolastique : en quelques mots, c’est la conviction intellectuelle que la raison humaine est capable d’élucider les vérités spirituelles en vue de défendre les dogmes de la foi. Résoudre les tensions entre la philosophie d’Aristote et la théologie chrétienne en utilisant « Aristote pour comprendre et pour expliquer Dieu », telle en était la proposition. Les érudits ont commencé à réfléchir tous azimuts sans être limités par la religion catholique.
  • Les nouveaux mouvements religieux fleurissent dans et en-dehors de la papauté, par exemple : les Cathares-Albigeois, les Bogomiles et les Vaudois. Ces derniers sont les seuls existant encore au XXIe siècle en petits groupes en Italie, Argentine, Allemagne, Uruguay, États-Unis d’Amérique. Ces groupes mettaient en doute les dogmes de Rome en lisant les Saintes Écritures ! C’est à cause de ces divers mouvements que la terrible Inquisition a été mise sur pied afin d’éradiquer tout ce que Rome considérait comme hérésies. L’Inquisition a ravagé férocement les peuples, même catholiques, en sorte que des milliers de personnes se sont mises à douter de l’autorité romaine qui dominait tous les aspects de la vie.
  • La vie religieuse était troublée à la suite de la mise en doute de l’autorité absolue de Rome par certains. Pour contrer la décadence spirituelle rampante, deux mouvements ont vu le jour, les Dominicains et les Franciscains qui exerçaient un pouvoir spirituel afin de confirmer le dogme catholique.
  • La création des « universités » où furent enseignées les disciplines – arts, médecine, droit, théologie – qui s’appelaient « facultés ». L’enseignement est fondé sur un certain nombre de textes de référence. Au départ, les « arts mécaniques » et les « sciences lucratives » ont été exclus victimes du double mépris qui frappait le travail manuel et le profit. Les plus fameuses ont été Paris et Oxford (théologie), Bologne (loi civile et ecclésiastique), Salerno (médecine). La grammaire, la rhétorique, la dialectique, l’astronomie, l’arithmétique, la géométrie, la musique, la théologie, la loi canonique, la médecine ont été enseignées, par exemple, à l’Université de Paris. L’apprentissage passait par une double méthode : la lecture des textes et le débat dans le but de s’assurer que l’étudiant possède bien sa matière !
  • L’esprit mystique est un terme qui « relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l’ordre du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non discernable par le sens commun7. » Il y avait deux tendances, celle des « bons » (au sens catholique) comme Hugues de St. Victor, Bonaventure (1221-1274), Maître Eckhart (1260-1328), Jean Tauler († 1361). Luther admirait ce dernier à cause de ses nombreuses déclarations « évangéliques ». De leurs influences naquit un groupe d’origine allemande et suisse, autoproclamé « Amis de Dieu », qui eut aussi une certaine influence sur Luther. Il appréciait particulièrement un livre, Theologia Germanica, lequel se situe bien dans la tradition mystique catholique. Calvin et la tradition réformée fustigent cette théologie ! Soulignons, en ce qui concerne la seconde et « mauvaise » tendance, que beaucoup des mystiques allemands penchaient vers le panthéisme8. Le résultat a été de préférer une lecture et une interprétation personnelles des Écritures, qui ont été réduites à une place très secondaire, comme guide de la vie spirituelle.
  • Les luttes pour les pouvoirs royaux, religieux, économiques entre les papes et les rois des États. Chaque groupe voulait contrôler tout et tous. Les papes se voyaient exclusivement investis par le pouvoir divin dans tous les aspects de la vie de chaque individu ! Les rois n’existaient que pour implémenter la volonté souveraine, comme simples servants des papes, serviteurs exemplaires du Christ ! Ces luttes sans merci ont affaibli papes et rois ; les peuples en ont subi malheureusement les conséquences : petites rebellions, mécontentement, augmentation de la pauvreté, injustices de toutes sortes, manque de libertés personnelles. Le cas de Jean de Paris († 1306) est particulièrement intéressant, il enseignait que les pouvoirs papaux et royaux dépendaient uniquement de la souveraineté du peuple, chaque pouvoir n’ayant aucun droit de s’ingérer dans la sphère de l’autre ! William d’Occam († 1350) et Dante († 1321) croyaient pareillement, et par leurs œuvres ont accompli beaucoup en vue de la réforme protestante deux siècles plus tard.
  • La période papale déchirante et très humiliante appelé la « captivité babylonienne » (1309-1377) à Avignon en France, avait entamé la sainte réputation de la papauté :
    • La population à Rome nourissait un vif ressentiment contre la papauté à cause de son absence et à cause d’une fiscalité onéreuse ;
    • L’anarchie régnait dans les États pontificaux ;
    • La fracture en Europe entre les partisans de la France et ceux de l’Angleterre pendant la Guerre de Cent Ans (1337-1453) ;
    • La situation absurde et très déstabilisante où la papauté, qui vivait dans le luxe, avait eu, pendant une période, deux ou trois papes régnant simultanément, soit à Rome, soit à Avignon, situation qui l’on appelle le « Grand Schisme d’Occident » (1378- 1417).
  • L’image désastreuse offerte par la papauté schismatique (voir ci-dessus) allait expliquer le grand succès de deux grands « pré-réformateurs » : l’Anglais John Wyclif, appelé « l’Étoile du Matin de la Réforme » (1320-1384) et le Tchèque Jan Hus (1369-1415). Leur importance pour amorcer à cette époque le démarrage de la réforme protestante future (1517) est formellement reconnue par les historiens et les érudits théologiques catholiques modernes.
    • Wyclif enseignait à l’Université d’Oxford et au travers de son étude personnelle du Nouveau Testament, il avait compris que les Saintes Écritures, la Bible, étaient la seule autorité spirituelle incontestable pour l’Église. Ce constat, évident lorsque le lecteur sincère lit la Parole de Dieu, poussa Wyclif à commencer sa carrière en critiquant Rome pour ses richesses et sa puissance politique sur une base biblique, allant même jusqu’à appeler le pape qui nageait dans le luxe, « l’Antichrist ». Convaincu que le peuple anglais avait besoin de la Bible latine traduite dans sa propre langue, lui et d’autres s’attelèrent à la tâche. Il envoya des « pauvres prêtres » (appelés « Lollards ») avec les Écritures partout dans le pays. Le vrai peuple de Dieu formait la communauté des prédestinés, ceux qui avaient une relation personnelle avec Christ : appartenir à Rome n’était donc pas important et n’avait aucun sens. Il rejeta la fausse doctrine de la transsubstantiation et la présence physique de Christ dans l’eucharistie. Il attaqua les abus explicitement démontrables du clergé, des ordres religieux, des indulgences et du sacerdoce. Les résultats ont été époustouflants, mais seulement pour un temps. Hélas, la persécution fit pratiquement disparaître cette mouvance évangélique. Dieu avait toutefois préparé la suite !
    • Pendant la période de liberté de Wyclif, des étudiants tchèques vinrent étudier à Oxford où ils furent « contaminés » par la vérité biblique. En retournant dans leur pays, la Bohême, ils partagèrent les vérités bibliques avec un certain Jan Hus qui devint le plus grand avocat de cet enseignement biblique. Un feu traversa la nation, mais la papauté et le pouvoir séculier de Bohème œuvrèrent par subterfuge pour présenter Hus au Concile de Constance (1414-1418) en Allemagne afin d’y alléguer ses doctrines. Il fut faussement accusé d’hérésie, condamné et brûlé vif en 1415[3]! En dépit de sa mort, la mouvance qu’il avait initiée, devint nationale avec les hussites. Ils demandèrent à l’Empereur Sigismond en 1420 d’accepter leurs quatre articles : la liberté de prédication, la communion des éléments (pain et vin) distribués à tous, l’interdiction aux prêtres de posséder des biens temporels et des sanctions publiques contre des péchés considérés comme mortels, surtout la simonie9 ! Il les rejeta ultérieurement. Les descendants conservateurs des hussites formèrent l’Église morave en 1457, laquelle existe encore en de petits groupes en Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis.
  • La Renaissance italienne peut être définie comme l’ère d’une réorientation culturelle et intellectuelle par laquelle les hommes ont remplacé l’approche spirituelle médiévale et une vie où le respect des règles de la société limitait la responsabilité individuelle par une conception séculière et individualiste. La vision théocentrique de la vie a cédé la place à une vision anthropocentrique dans laquelle l’homme est la mesure de tout. L’accent a été mis sur la gloire de l’homme et de ses accomplissements. Ce changement graduel a surtout été initié par la fuite des érudits, pénétrés par la culture gréco-romaine du Proche-Orient, avant la chute de Constantinople en 1453. La sagesse gréco-orientale, avec la redécouverte de Platon et Aristote, a créé un ferment intellectuel où l’on cherchait des réponses aux questions existentielles de la vie chez les auteurs païens. On se passionnait pour la sagesse antique et la beauté des formes physiques, littéraires et artistiques du passé, avec une approche humaniste, optimiste et expérimentale où la religion était réduite à du formalisme. Au nord des Alpes, c’est le retour vers des études de la Bible à cause des manuscrits en hébreu et en grec amenés par les érudits. Le premier livre imprimé par Gutenberg en 1455 fut la Bible qui commença alors à être consultée par un plus grand nombre.
  • La peste noire : On estime que la peste noire (bubonique) a tué au total entre 30 et 60% de la population européenne, faisant en cinq ans (1347-1352) environ vingt-cinq millions de victimes, et jusqu’à 50 millions pour tout le siècle. Cette épidémie, un des faits les plus importants de l’histoire démographique de l’Occident, eut des conséquences durables sur la civilisation européenne. Elle était surtout transmise et transportée par les puces des rats noirs, également appelés les « rats de maison » et « rats de navire », aimant à vivre près des gens. Cette qualité même le rend dangereux (en revanche, le rat brun ou gris préfère garder ses distances, se cantonnant dans les égouts et les caves).

L’aboutissement de la Réforme

À l’aube du XVIe siècle, à cause de deux siècles de maladresses, d’erreurs et de scandales frappant de la papauté, l’opinion publique est dans l’attente d’un renouveau religieux. La papauté était vraiment la seule autorité régnante en Europe ! Un immense appétit pour l’intervention du divin se faisait sentir partout et la papauté tenait à elle seule la clé d’une réforme générale. Les abus religieux suivants rendent évidents cette nécessité :

  • Le poids de la fiscalité papale exigée de tous. Tout droit ou privilège devait aussi s’acheter.
  • La vente par l’Église, propriétaire d’immenses domaines, au plus offrant (souvent aux plus indignes), le droit de « profiter » des richesses des évêchés et abbayes.
  • La médiocrité spirituelle, intellectuelle et morale d’un bas clergé totalement inculte.

Dans le même temps, on assiste à une évolution des idées où tout a été remis en cause :

  • À partir du XIe siècle, la scolastique10 est en vogue dans l’église papale pendant les XIe-XIIIe siècles. Les théologiens employaient les syllogismes11 pour débattre sur la relation entre la foi et la raison. La révélation de Christ est-elle compatible avec la raison humaine ? Si elle est compatible, laquelle a la priorité ? Thomas d’Aquin (1225-1274) estimait la raison humaine capable de discerner la vérité au sujet de Dieu. Un but important fut de défendre à tout prix le système papal rigide des dogmes. Or, ce « monument » philosopho-théologique fut attaqué par le phénomène du mysticisme qui est « la croyance que l’union avec ou l’absorption dans la divinité ou l’absolu, ou l’appréhension spirituelle de la connaissance inaccessible à l’intellect, peut être atteint par la contemplation et l’abandon de soi ». Puis Guillaume d’Occam (1285-1347) troublant encore davantage les eaux de la controverse, affirma que les conceptions moralo-théologiques n’avaient rien à voir avec la raison, car elles dépendaient uniquement de la Révélation et de la foi. Toute cette ébullition sur la validité des dogmes et de l’autorité papale, ces controverses intellectuelles sur la priorité entre raison et foi, ont été des précurseurs des réformes du XVIe siècle.
  • L’humanisme qui privilégie le libre examen en rejetant les institutions papales, minimise l’importance des sacrements, libère la culture des restrictions de la pensée religieuse, l’homme devient donc autonome vis-à-vis de l’autorité spirituelle.
  • La spiritualité devient individualiste et anti-intellectuelle.
  • Les théories conciliaires qui mettent directement en cause la supériorité suprême de la papauté augmentent l’aspiration à des « églises nationales » assez indépendantes.

Enfin, il est nécessaire de souligner les mutations profondes dans toute la société, voire dans les mentalités, suite à des événements exceptionnels :

  • La découverte de l’Amérique (1492).
  • L’invention de l’imprimerie (1454).
  • L’apparition de l’économie monétaire : la monnaie fiduciaire est la représentation de la valeur qui se substitue à la valeur elle-même. La valeur réelle cède la place à une valeur fondée sur la confiance du public, la monnaie se dématérialise. La « monnaie de papier » est celle qui est émise par des échangistes privés à la réputation solide. Les parités des différentes monnaies en circulation dépendent de la réputation respective de chaque émetteur de monnaie.
  • La volonté d’indépendance des princes allemands par rapport à l’Empire.
  • L’exaspération des paysans par rapport à leurs propriétaires terriens.

Ainsi le XVe siècle, fédérant tous les courants d’insatisfaction des XIIIe-XIVe siècles, débute avec un ferment qui n’attend plus que l’étincelle qui enflammera tous les secteurs de la vie européenne. Le « fourrage » prêt à recevoir l’étincelle a été le trafic d’indulgences. Ce phénomène, établi juridiquement au XIIe siècle par la papauté, est la prorogation d’une « peine » éternelle qui acquitte des conséquences futures d’un péché. Cette relaxe était garantie par un échange d’argent. On achetait son acquittement devant Dieu Juge. L’indulgence remplaçait des pénitences très sévères imaginées et imposées par la papauté.

Un moine augustinien allemand, Martin Luther (1483-1546), totalement insignifiant, mais très indigné par la vente des indulgences, réagit d’une manière publique le 31 octobre 1517. Il cloua ses « 95 Thèses » en latin sur la porte principale de l’église de Wittenberg, uniquement en vue de provoquer un débat public sur la validité des indulgences et sur l’autorité papale. Les 95 thèses ont été rapidement traduites en allemand, largement copiées et imprimées. Dans les deux semaines, elles avaient été répandues dans toute l’Allemagne et dans les deux mois dans toute l’Europe ! Luther n’a jamais eu d’autre intention que de voir une petite réforme à l’intérieur de l’église catholique ; créer un déchirement total n’était pas son désir. Malgré son souhait innocent de corriger certaines erreurs, la réforme protestante était en marche, sans possibilité de retour. Évidemment, en comprenant l’importance de son rôle de pionnier, il assuma totalement et fidèlement son implication dans la Réforme. Gloire à Dieu !

  1. Wikipédia, consulté le 26.02.2017
  2. Dieu est en toute la création, le sauvé ne peut plus pécher étant « intégré en Dieu », le Saint-Esprit est tout, l’âme devient une avec Dieu.
  3. La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement. Ce terme vient de Simon le magicien qui souhaitait acheter aux apôtres le pouvoir de remplir du St-Esprit ceux à qui il imposerait les mains (Actes 8.9ss).
  4. Définition : voir plus haut
  5. Le syllogisme est un raisonnement logique à deux propositions conduisant à une conclusion qu’Aristote a été le premier à formaliser

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Les questions sur la transmission et la conservation du texte biblique reviennent toujours. Si Dieu est bien l’auteur d’un livre qu’il a inspiré pour nous parler, comment la Bible, donnée à ses premiers lecteurs il y a si longtemps,a-t-elle été préservée et transmise aux générations futures ?

Nous voudrions d’abord rappeler qu’il a plu à Dieu de conserver le texte sacré parla considération dont il fut l’objet au sein du judaïsme et de la chrétienté.12

I. Témoignages passés et présents à l’autorité des Écritures

1. Le judaïsme rabbinique

À partir de l’exil babylonien (586-539 av. J-C.), le judaïsme s’ancra fortement dans les 39 livres de l’Ancien Testament, considéré comme entièrement inspiré, jusqu’à la moindre lettre.En voici deux témoignages : « Celui qui dit que laToran’est pas venue du ciel n’a pas part dans le monde à venir. » (Sanh.10.1) Et touchant l’inspiration du livre d’Esther : il a été « écrit par le Saint-Esprit. » (Meg. 7a)

Cependant, le judaïsme rabbinique ajouta peu à peu à l’Ancien Testament la loi orale :la Mishna. Cette compilation d’explications formulées par des juifs érudits gravitait autour des textes bibliques rassemblés après l’Exil.13 Dès avant l’époque néotestamentaire, les rabbinss’octroyèrentprogressivement le droit d’imposer à leurs disciples la mémorisation de tous ces commentaires (d’où l’expression de « loi orale »). À l’époque de Jésus, ces interprétations rigidestenaient le haut du pavé dans les synagogues. On honorait le texte biblique, mais en forçant son interprétation comme son application. Le Nouveau Testament évoque les préceptes abusifs et légalistes propres à la tradition pharisienne (Mat 12.2 ; 15.1–3).

Après la destruction du Temple en 70 apr. J-C, la mouvance intellectuelle juive commença à mettre la loi oralepar écrit. Ainsi fut achevée, au IIe siècle apr. J-C., la rédaction complète de la Mishna,qui devint partie intégrante du Talmud(collection des enseignements divers des plus grand rabbins). Cette tradition écrite se veut (encore) l’instrument d’interprétation suprême de l’Ancien Testament, auquel elle se réfère constamment.14

Ainsi, de manière paradoxale, le texte de l’Ancien Testament fut conservé intact grâce à une tradition qui, à sa façon, s’arrogeait des droits supérieurs à ceux de l’Écriture ou en dénaturait parfois l’application (cf. Mat 15.6-9). Ce phénomène n’est pas sans parenté avec ce que le catholicisme fera de sa tradition (voir plus loin).

2. La période de l’Église dite « primitive » (70-150 apr. J-C.)

De même que Jésus et les auteurs du Nouveau Testament affirmaient l’inspiration pleinement divine de l’Ancien Testament, ainsi les « Pères de l’Église » affirmaient la pleine inspiration du Nouveau Testament. Clément de Rome le qualifiait de « Saintes Écritures […] données par le Saint-Esprit » (ch. 45 de son Épître aux Corinthiens). Polycarpe, disciple de l’apôtre Jean, dans son Épître aux Philippiens (ch. 12), cite de nombreux passages des deux Testaments en les rangeant dans la catégorie des « Écritures ». Papias, disciple de Polycarpe, confère la qualité d’« oracles » à des passages des deux Testaments dans son commentaire de Romains 3.2 (cf.son Exposition des Oracles du Seigneur).

3. La période pré-nicéenne et nicéenne 15(150-350 apr. J-C)

Justin Martyr désigne les Évangiles comme la « Voix de Dieu »dans son Apologie(ch. 65), puisil affirme que le langage inspiré employé par les apôtres fut celui « de la Parole divine ». Irénée, qui avait connu Polycarpe, écrit dans Contre les Hérésies(II.28.2) : « Les Écrituressont certainement parfaites, parce qu’elles ont été prononcées par la Parole de Dieu (Christ) et par son Esprit. »  Hippolyte, disciple d’Irénée, fut davantage explicite en parlant de la Loi, des Prophètes et de l’Évangile. Tertullien, considéré comme le père de la théologie latine, affirma l’inspiration par l’Esprit de toutes les Écritures. Clément d’Alexandrie, dans ses Stromata(2 : 408-9), désigne la Loi, les Prophètes, et l’Évangile comme « les Écritures […] valides à causede leur autorité omnipotente ».Pendanttoute cette période fructueuse, nous constatons facilement que tous ces « Pères » (et d’autres, commeOrigène, Cyprien, Athanase d’Alexandrie, Cyril de Jérusalem, etc.) considéraient les Écritures (notre Bible) comme la véritable Parole de Dieu donnée comme guide de la vraie foi et de la conduitepour tous les convertis. Que leurs interprétations n’aient pas concordé en tous points est un autre sujet…

4. La période de l’Église médiévale (350-1350apr. J-C.)

Jérôme (~347-420) futle plus grand érudit biblique de son tempset le traducteur de toute la Bible en latin (la Vulgate). On lui doit la phrase célèbre : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ».Il se distingua par son opposition radicale à l’inclusion des livres « apocryphes » dans sa traduction.Malheureusement le Pape Damasel’y contraint.Voici le conseil de Jérôme : « Lisez les divines Écritures constamment ; jamais ne les laissezglisser de vos mains. »

Ambroise de Milan, qui amena Augustin au Sauveur, adressa une lettre à l’Empereur Gratien dans laquelle il parle des « Écritures divines. »  Augustin affirma sans aucune hésitation  la vérité, l’autorité, et l’origine divine des « Écritures infaillibles », allant jusqu’à défendre qu’aucun auteur des Écritures n’a commis d’erreur dans les textes reconnus comme canoniques.Anselme de Canterbury et Thomas d’Aquin étaient du même avis.

5. La période de la pré-Réforme (1350-1500)

Avant la Réforme du XVIe sièclecommença à se manifester parmi des gens ordinaires le désir d’entendre la Parole de Dieu. Suite à la lecture du Nouveau Testament, un riche marchand lyonnais, Pierre Valdès(ou Valdo ; ~1140~1206), se convertit et devint l’instrument d’un réveil spirituel. Ceux qui se convertissaient reçurent le nom de « Vaudois ». Leurs convictions évangéliques se propagèrent dans le sud de la France, en Italie du Nord, en Espagne, en Allemagne. La doctrine traditionnelle de l’inspiration et de l’autorité des Écritures fut la base de leur foi.

Plus tard, le réveil spirituel anglais, sous l’influence de l’érudit biblique John Wycliffe (1320-1384),se développa surla conviction que la Bible, pleinement inspirée, est l’unique fondement de l’Église et de la vie chrétienne. Encouragé par ses disciples, Wycliffe traduisit la Bible en anglais courant. Cette entreprise eut plus tard une très grande influence sur Jan Hus et sur Martin Luther.

6. La période de la Réforme (dès le XVIe siècle)

Ce temps fut traversé par un bouleversant retour à la Bible. Le pape et le système romain virent leurs prétentions à l’autorité spirituelle absolue contestées en plusieurs régions d’Europe. Les « protestants »partageaient la devise :Sola Scriptura —la Bible seule contient l’unique vérité nécessaire au salut et à la vie chrétienne. Malgré les divergences entre réformés,on s’accordait sur ce point. Ce fut le cas de Martin Luther, d’UlrichZwingli, des anabaptistes, de Martin Bucer (dont l’influence sur les gouvernants de Strasbourg amena ceux-ci à promulguer officiellement que les Écritures inspirées faisaient autorité pour leurs citoyens !), et bien sûr de Jean Calvin.16

Historiquement, il faut reconnaître que l’Église catholique romaine a aussi admis, bien avant Luther, l’inspiration plénière et l’autorité des Saintes Écritures. Or, à partir de la Contre-Réforme et du Concile de Trente (1545-1564), la Rome papale décrète : « Les sources de la foi se trouvent non seulement dans les Écritures, mais également dans les traditions apostoliques non écrites. L’Écriture s’interprète d’après l’enseignement de l’Église et le consentement unanime des Pères. » (8 avril 1546) 17La compréhension de la Bible se trouve donc accaparée par le clergé catholique. Mais que penser lorsque les interprètes principaux, les Papes, se contredisent, et que l’enseignement officiel déforme le sens évident du texte biblique ?

7. Le catholicisme romain actuel

« L’Église tient les livres de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament pour saints et canoniques parce que, composés sous l’inspiration de l’Esprit Saint, ils ont Dieu pour auteur… » (Concile de Vatican II, 1965). Toutefois, ce Concile a aussi affirmé solennellement : « La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ, c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome.[…] Les fidèles,se souvenant de la parole du Christ à ses apôtres : Qui vous écoute, m’écoute (Luc 10.16), reçoivent avec docilité les enseignements et directives que leurs pasteurs leur donnent sous différentes formes. » (Catéchisme de l’Église catholique, Éd. Mame/Plon, nov. 1992,p. 32,33). Ainsi, pratiquement, Rome hisse les décrets du Pape et l’enseignement du Magistère au niveau des Saintes Écritures !

*          *          *

En résumé, jusqu’au XXIe siècle, il s’est trouvé des défenseurs de l’autorité et de la perfection du texte inspiré de la Bible parmi les représentants du judaïsme (pour l’Ancien Testament), du catholicisme et du protestantisme. Parallèlement, et ce dès le début de l’Église, une multituded’interprétations tendancieuses ou d’instrumentalisations partisanes du texte sacré ont ternil’éclat de la Révélation. Dieu a néanmoins permis qu’un consensus sur l’origine et la nature des Écrituresen préserve la place éminente et facilite sa transmission jusqu’à nous. Qu’en est-il du statut de la Révélation inspirée et infaillible en nos temps ?

 II. L’autorité divine des Écritures en péril

1. Le protestantisme libéral

Les partisans de cette tendance, opposés aux convictions évangéliques, soutiennent que toute allusion au surnaturelest problématique : il faut s’en écarter. Selon eux, les Saintes Écritures ne sont ni plus saintes ni plus inspirées que n’importe quel autre livre.Pour les théologiens libéraux héritiers du déisme de Voltaire, des philosophies post révolutionnaires (Hegel, Marx, Darwin) ou des thèses rationalistes d’un ErnestRenan (1823-1892), la Bible n’est qu’un livre humain jalonnéd’obscurités, de contradictions et d’histoires immorales. Cette forme de théologie rationaliste et critique sera celle de beaucoup de facultés universitaires dès le XIXe siècle. L’inerrance ou l’infaillibilité bibliques semblent alors destinées aux oubliettes.

2. La néo-orthodoxie européenne à partir des années 1920

Ce courant,différent du précédent, mais partageant un certain bagage philosophique avec lui, naquit après la Première Guerre mondiale, essentiellement sous l’influence du théologien suisse Karl Barth. Ce dernier fut lui-même marqué par Søren Kierkegaard18 qui postulait que les vérités exprimées en clair dans la Bible ne sauraient faire naître la foi chez l’homme qui les entend, parce que, à cause du péché, tout homme tend à se soustraire à l’autorité de Dieu. Selon Kierkegaard, la vraie foi chrétienne implique un « saut » irrationnel en direction de Dieu.Ce « saut de la foi » est rendu possible sous la pression, non seulement de la Révélation écrite, mais d’états d’anxiété, de tension et de crise.

Dans cette ligne, Barth estimait que la Bible n’est pas la Parole de Dieu, mais contient un « témoignage » à cette parole, et qu’elle peut devenir « révélation » pour un lecteur particulier dans des circonstances spéciales. Il va de soi que la position évangélique traditionnelle n’est pas conciliable avec ces concepts. Affirmer que le texte biblique ne devient réellement Parole de Dieu que pour le lecteur dont le cœur est extraordinairement « touché » par tel verset, par telle « vérité », au point d’expérimenter une vraie « rencontre avec Christ », tout cela porte gravement atteinte à la nature de la Révélation. La Bible existe en effet de manière objective, en elle-même. Son statut de Parole permanente de Dieu ne dépend pas de mon ressentisubjectif, ni de mon évaluation à un instant particulier. Ses mots et son contenu sont Parole divine propre à engendrer et à nourrir ma foi (2 Tim 3.16,17 ; Rom 10.16-21 ; Mat 5.18,19 ; 1 Pi 1.23-25).Et si un verset ne me « parle » pas, il n’en est pas moins Parole de Dieu !  Il me parlera peut-être plus tard…

La néo-orthodoxie qui s’est développée à partir de ces concepts ne propose pas une doctrine unifiée et fermée. La démarche fondamentale de ce mouvement repose sur une théologie du paradoxe et des crises (inspirée par Kierkegaard) et sur la méthode dialectique (issue de Hegel, et résumée par l’axiome : thèse + antithèse => synthèse).Pour le néo-orthodoxe, la foi doit rester paradoxale : elle se nourrit d’éléments apparemment incompatibles (les vérités spirituelles que l’on a reconnues dans l’Écriture d’un côté, et les chocs de l’existence de l’autre) pour produire une foi dynamique et authentique… mais cette foi « contingente »19 est-elle pleinement chrétienne ?

3. Les partisansde l’inerrance partielle(ou limitée)

Succinctement, ces nouveaux interprètes20 ne reconnaissent la véracité et l’autorité des Saintes Écritures que dans les passages concernant l’objectif central de celles-ci, à savoir le salut.

Le reste du texte biblique subit le sort de toute littérature. On va se distancer plus ou moins :

  • de certaines expressions culturelles ou éthiques particulières à une époque,
  • de certaines déclarations considérées comme fausses en regard desspéculationsdescientifiques actuels,
  • de certaines difficultés de chronologie historique.

Ce traitement de l’Écriture nous amènelogiquement à la conclusion qu’un lecteur chrétien contemporain peut être aussi inspiré que les auteurs bibliques traditionnels,ou alors que la Bible n’est qu’une collection de toutes sortes de traditions et de convictions dépassées. On en vient aussi à classer les auteurs bibliques en catégories, des plus autorisés aux moins dignes de crédit.

De plus, ces interprètes distinguent entre divers niveaux de communication du texte biblique. Il y a le noyau du message, d’origine divine, comparé à un grain à l’intérieur d’un épi de blé. Puis il y a la balle du grain, c’est-à-dire la forme historico-grammatico-culturelle, d’origine strictement humaine et de nature transitoire.Le noyau est ce qui est important, tandis que la balle joue un rôle très secondaire. Il est probable que cette conception de la Bible soit de loin la plus dangereuse pour le chrétien, car elle accorde à chacun le droit de décider par lui-même ce qui est vrai ou non, et d’en faire ou non un objet de foi et d’obéissance. C’est une perversion du principe de libre-examen cher aux réformés. On devine qu’un tel lecteur aura vite fait d’adopter les passages qui lui plaisent et d’éliminer ceux qui heurtent sa nature pécheresse !

4. Le mysticisme

Cette tendance aspire à mieux qu’à l’humble étude de la Bible. Elle préconise,pour recevoir « la lumière intérieure », pour entrer en communion directe avec Dieu et pour atteindre à la vérité dans notre expérience et dansnos sentiments, dese mettre en condition par divers exercices spirituels, par des pratiques ascétiques ou par des rituels.Le mysticisme suppose qu’une telle approche nous ouvre à de nouveaux états de conscience et à la compréhension de la parole de Dieu, laquelle peut alors nous parvenir avec ou sans l’aide du texte biblique.

5. Fausses interprétations

La place manque pour détailler toutes les voix qui, à notre époque, se sont inscrites en faux à propos de l’inerrance, soit en la contestant directement, soit en l’annulant par des positions incompatibles avec le contenu de la Bible. Quelques exemples :

L’agnosticisme

Bertrand Russell (1872-1970), logicien, philosophe et pacifiste américain bien connu, a décrété que la Bible n’est pas inspirée, car pleine de légendes, ponctuée de récit immoraux et d’erreurs.

Des sectes

– La Science chrétienne prétend que les écrits de Mary Baker Eddy (1821-1910, fondatrice du mouvement)dévoilent le sens profond de la Bible et que la Bible ne peut être comprise sans eux.

– Les Témoins de Jéhovah suivent la ligne de leur fondateur, C. T. Russell (1852-1916), qui a estimé que ses propres commentaires sur la Bible étaient plus nécessaires qu’une simple lecture de la Bible.

– Les Mormons affirment que Le Livre de Mormon possède la même valeur que la Bible ; on doitdonc intégrer cette nouvelle révélationà la Bible, avec l’avantage d’une « mise à jour » plus sûre.

III. L’autorité des Écritures réaffirmée

Bien que les tentatives de discréditer la Bible se soient multipliées du XIXe siècle à nos jours, il s’est toujours trouvé des résistants pour affirmer leur foi indéfectible en l’inspiration et en l’inerrance du Texte sacré.

À la fin du XIXe siècle, un groupe de chrétiens évangéliques ont voulu relever le défi posé par les négateurs du statut divin de l’Écriture. Ce fut la naissance du « fondamentalisme » chrétien. Arrêtons-nous un instant sur son développement.

1. Inerrance biblique et fondamentalisme

Le terme « fondamentaliste » n’a pas, à l’origine, le sens général de « fanatique religieux » qu’il a pris aujourd’hui. Il est né de l’initiative de quelques chrétiens américains d’obédience presbytérienne qui désiraient s’opposer aux tendances théologiques rationalistes et libérales, ainsi qu’à l’évolutionnisme de la fin du XIXe siècle. Réunis annuellement en conférence de 1876 à 1897, ces croyants publièrent un credo en 14 points : le Niagara Creed (1878). Le premier point affirme l’inspiration verbale et plénière des Écritures dans les manuscrits originaux. Parmi ces chrétiens se trouvaient A.A. Hodge, B.B. Warfield, J. Brookes, D.L. Moody, J.H. Taylor, C.I. Scofield. Plusieurs des participants étaient calvinistes et/ou prémillénaristes.

L’influence de ce groupe va s’étendre. Entre 1910 et 1915 paraissent 12 volumes regroupés sous le titre de The Fundamentals : A Testimony to the Truth (sous la supervision de R.A. Torrey). Succès de la publication jusqu’en France ! En 1919, des pasteurs presbytériens, baptistes et méthodistes fondent la World’s Christian Fundamentals Association, pour défendre les éléments fondamentaux de la foi.

Toutefois, à partir de cette époque, certains tenants des positions fondamentalistes commenceront à en critiquer les orientations prémillénaristes et dispensationalistes21, tout en restant fermement attachés à l’inerrance biblique (comme, par exemple, le calviniste J.G. Machen).

Après la SecondeGuerre mondiale, des chrétiens persistent à se qualifier de « fondamentalistes », montrant ainsi leur attachement aux points principaux du Niagara Creed. Ilsfondent l’International Council of Christian Churches (ICCC) en 1948.

Plusieursde ces fondamentalistes, craignant que le mouvement néo-évangélique (dont Billy Graham deviendra le fer de lance) n’aboutisse, dans les faits, à une ouverture en direction de l’œcuménisme, s’en distancientpubliquement dès la fin des années 1950.

2. L’inerrance aujourd’hui

Un récent congrès s’est penché sur le thème de l’inerrance biblique. Sous l’égide de John MacArthur, cette Conference on Inerrancy a eu lieu en mars 2015 à Los Angeles. On y a reparlé des Déclarations de Chicago 22.Un site Internet et une pétition en sont nés 23. Quelques pages abordent la question : l’affirmation de l’inerrance biblique est-elle le fait d’une dénomination particulière ? Les réponses sont claires : aucun mouvement chrétien ne détient l’exclusivité de cet article de foi. Du début du christianisme à nos jours, cette doctrine a eu ses illustres défenseurs. Pour appuyer cette réalité, des porte-paroles de mouvements évangéliques divers attestent de leur fidélité à une Parole de Dieu pleinement inspirée, infaillible et inerrante. Réjouissons-nous de cette belle harmonie.

Quant aux courants historiques représentés par les tenants de l’inerrance biblique, on les voit défiler sous la forme de citations des Pères de l’Église (à l’exclusion d’Origène), des docteurs médiévaux (Augustin, Thomas d’Aquin), des réformateurs (Calvin, Luther, Wesley) et de leur descendance spirituelle. Dans les temps modernes, les auteurs du site mentionnent à plusieurs reprises le rôle déterminant de A.A. Hodge (1823-1886) et de B.B. Warfield (1851-1921) évoquésdans le point précédent (III,1). Ces derniers contribuèrent à perpétuer la doctrine de l’autorité du texte biblique dans leur ouvrage Inspiration (1881).24] Ici aussi, nous pouvons nous réjouir de ce que des chrétiens se soient mobilisés pour réaffirmer d’antiques vérités, parce qu’elles sont vitales pour la foi et pour l’Église de Christ. Mais attention : la proclamation de l’inerrance des Écritures ne dispense aucun lecteur de « veiller sur lui-même » et sur sa conduite(cf.1 Tim 4.12-16), car l’histoire démontre que quelques-uns ont défendu cette doctrine, mais se sont néanmoins fourvoyés.

  1. Les références suivantes témoignent de ce statut reconnu : Ex 24.4 ; 34.27 ; Deut 18.17-22 ; Néh 9.13-14 ; Zach 7.12 ; Act 22.12-15 ; 1 Cor 2.12-13 ; 2 Tim 3.16-17 ; Apoc 1.1-3
  2. Cf. Esd 7.10 et Néh 8.8 : ces passages offrent des modèlesd’enseignement fructueux du texte biblique à cette époque
  3. À noter qu’au sein du judaïsme, les partisans du mouvement nommé le « karaïsme » ont choisi de s’émanciper du joug talmudique pour remettre le texte biblique au centre (dès le IXe siècle apr. J-C.)
  4. « Nicéen » fait référence au premier Concile œcuménique de Nicée, en 325 apr. J-C. Ce concile vit la rédaction du Symbole (ou Credo) de Nicée, qui contribua à étayer la doctrine de la divinité de Christ. Malheureusement, ce Concile autorisa le culte des images, avec des nuances qui n’empêchèrent pas cette pratique d’ouvrir la porte à l’idolâtrie
  5. « Comme Dieu ne parle pas chaque jour du ciel et que sa vérité, selon sa volonté, est et sera connue jusqu’à la fin dans les seules Écritures, les croyants doivent considérer comme arrêté et certain qu’elles émanent du ciel et qu’en les lisant, c’est comme s’ils entendaient Dieu parler de sa propre bouche. » (Institution de la religion chrétienne, I,vii,1, transcription en français moderne, Éd. Kerygma-Excelsis, Aix-en-Provence, France, 2009, p.36)
  6. Simultanément, les livres apocryphes furent officiellement intégrés au canon biblique (sous l’appellation ambiguë de « livres deutérocanoniques ») et les traductions en langues communes mises à l’index (c.à.d. interdites)
  7. 1813-1855, écrivain, théologien et philosophe danois, considéré comme le père de l’existentialisme moderne
  8. « Contingent » : ici dans le sens de « qui peut arriver ou ne pas arriver ; fortuit, occasionnel ; accidentel, incertain »
  9. De leur nombre sont par exemple Henry P. Smith (1847-1927), Richard Coleman, Stephen T. Davis… ou les rédacteurs du document Dei Verbum lors du Concile Vatican II en 1965 (art.11)
  10. Les dispensationalistes, à l’instar de J.N. Darby, découpent l’histoire humaine en périodes distinctes, ou « dispensations »
  11. Voir l’introduction à l’article de P. Wells dans ce numéro
  12. http://defendinginerrancy.com/sign-the-petition/
  13. Non sans prendre une distance critique par rapport à la défense magistrale de l’inspiration biblique offerte par L. Gaussen en 1840 dans sa Théopneustie

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Ce 11 septembre 2001 à 15 h, j’étais en train de tondre le gazon. Mon épouse cria : « Viens voir ! » Je courus et regardai avec horreur à la télévision la scène des deux tours qui s’effondraient suite à l’attentat perpétré au moyen d’avions s’écrasant contre chacune d’elle. Je sautai immédiatement sur le téléphone car notre troisième fille travaillait à New-York ! Téléphone bloqué, panique ! Notre fille comprit tout de suite que nous serions angoissés. Les appels n’aboutissaient plus sur la côte Est des États-Unis. Elle téléphona à son frère à Los Angeles et celui-ci nous rappela pour nous rassurer : Rachel allait bien.
Ce jour-là, j’ai eu la forte certitude que le Seigneur Jésus-Christ venait de confir-mer l’ordre qu’il m’avait laissé le printemps de la même année au sujet du texte de Matthieu 28.18-20 : « Allez… ». À cette période, j’avais commencé à prier de tout cœur pour que le Seigneur me montre comment et quand obéir à cet appel. Je voulais me plier à cette responsabilité d’un disciple de Jésus-Christ. Toutefois, j’avais une certaine crainte, un peu de honte même et avais rechigné à la tâche jusque là. Rapidement, le Seigneur m’a répondu et inspiré comment entrer en con-tact facilement avec les habitants de mon village : ce serait par le moyen d’un questionnaire. Je me suis donc planté devant mon ordinateur : « OK, Seigneur, donne-moi des questions à poser, s’il te plaît ! » Les questions vinrent les unes après les autres, et j’arrivai à 24 questions. Dès la semaine qui suivit la tragédie, je me mis au travail en mettant en pratique l’ordre reçu du Seigneur par du porte à porte, non sans crainte mais fortement soutenu par l’Esprit saint. Par la grâce du Seigneur, j’ai pu couvrir mon village de façon méthodique, les samedis après-midi jusqu’en 2009. Depuis, je continue cette action d’une manière plus sporadique au gré de l’arrivée de nouveaux habitants.
Je me permets d’évoquer ici une considération qui résulte de plusieurs décennies d’observation des chrétiens évangéliques, surtout en Europe francophone et aux États-Unis. Les versets les plus importants sont probablement 2 Corinthiens 5.14-15 pour être un disciple fidèle à Christ, un missionnaire là où l’on vit : « Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vi-vent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Ayant reçu l’amour de Dieu à sa conversion (Romains 5.5) et en méditant sur cet amour par rapport aux individus vivant et mourant sans le Sauveur, Paul a écrit ces lignes pour expliquer pourquoi et comment il servait le Seigneur. Je remarque que trop de convertis semblent ne pas avoir médité assez profondément l’amour de Dieu et de Jésus, car s’il en était ainsi, l’amour les conduirait à témoigner davantage aux perdus.
Pourquoi ai-je commencé à témoigner de mon Sauveur Jésus le lendemain de ce 11 septembre ? Simplement, parce que l’amour de Christ avait créé en moi un fort désir que d’autres hommes reçoivent la vie éternelle et soient soustraits à l’enfer. Et dans ma 62ème année de communion avec mon Sauveur et Seigneur, ce désir ne va qu’en augmentant – je ne désire qu’une chose, c’est qu’ils soient sauvés ! Que des gens de mon entourage soient perdus et aillent passer l’éternité avec Satan dans l’étang de feu, loin de Christ, me tourmente. Bien des années auparavant, Jésus-Christ m’a sauvé et mon cœur brûle afin qu’eux aussi puissent le connaître par la repentance et la foi (Actes 20.21). Ceux qui ont entendu la Bonne Nouvelle et qui ne se soumettent à mon Sauveur ni tôt ni tard, m’attristent profondément. Lorsqu’on expérimente l’amour du Père et du Fils, il est impossible de ne pas en parler ! Qu’importe la moquerie, le rejet, le mépris. L’amour à leur égard est en nous, il faut le laisser s’exprimer par l’Esprit.

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« Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Matthieu 28.18-20

Examinons ensemble ce texte biblique en commençant par son contexte immédiat (v. 16-17). Jésus est ressuscité depuis quelque temps, se montrant ici et là, afin de certifier sa résurrection. Au-delà de ces preuves, des doutes persistent encore dans certains cœurs, probablement au sujet de « la mouvance nouvelle » qu’il avait initiée. Comment les disciples poursuivraient-ils sans sa présence ? Ces derniers avaient sans doute des questions voire des craintes en rapport avec les responsabilités liées à leur élection (Jean 15.16), avec leur envoi dans le monde (Jean 17.18), avec la persécution annoncée (Jean 16.1-4) et avec l’attente de la puissance promise (Luc 24.49).
En ce début de XXIème siècle, la perplexité est aussi importante : trop de chrétiens semblent avoir de la difficulté avec les versets mentionnés en titre. Les réactions suivantes en sont des exemples avérés : « Ce fût une bonne recommandation valable uniquement pour les apôtres afin de les pousser dans la bonne direction du service. Je ne sais pas comment témoigner, et concernant ‘faire des disciples’, ce n’est pas ma spécialité, honnêtement, je ne m’y connais pas ! Parce que personne ne m’a formé à être un disciple. Tout cela, c’est pour ceux qui sont à plein-temps, qui perçoivent une paie pour ce double travail. J’ai une peur bleue de témoigner, car je ne sais pas engager une conversation à froid même avec une connaissance, encore moins avec un inconnu. Ce programme apostolique n’est plus de notre époque, nous avons des évangélistes, des films, des livres et la radio pour faire ce boulot. Dieu en a élu certains, ils vont donc être sauvés sans mon effort d’évangélisation, et je n’ai de surcroît pas un grand amour pour les perdus. »
Dans ce texte, Jésus reprend ceux qui doutaient avec une affirmation prodigieuse (v. 18), avec deux ordres clairs (v. 19b-20a) et avec une belle promesse (v. 20b). Ce texte n’est pas exclusivement un appel pour les missions étrangères ou pour les missionnaires ou serviteurs à plein temps. Il s’applique de manière générale à chaque croyant.

1. Commentaire des versets

Je souhaite faire apparaître le sens profond de ce texte et aider à réfléchir d’une manière nouvelle sur ces versets que nous connaissons par cœur.
1. Le verset 18 affirme la souveraineté de Dieu :
– Mais aussi ce que Jésus a proclamé,
– a été donné à moi par le Père Souverain,
– tout droit, habilité, autorité dans le ciel,
– aussi sur la terre (c.-à-d. l’humanité).
Chaque mot a sa valeur dans l’ordre spécifique de l’original. Jésus-Christ est chef suprême sur les siens, ainsi que sur toute l’humanité, donc sur la vie individuelle de chaque converti. Ce verset indique la source de l’autorité de Jésus-Christ et donne un impact d’autant plus grand aux paroles qui vont suivre. C’est un appel solennel à l’attention de chaque sauvé qui veut vivre comme un disciple à accepter l’autorité souveraine et absolue du Ressuscité sur chaque domaine de sa vie. Ne passons pas trop vite sur ce verset et sur ses implications. Il est le fondement du service à rendre par chaque croyant à chacune des trois personnes de la trinité.
2. Les versets 19 et 20a contiennent deux ordres :
– par conséquent, allez (c.-à-d. conduisez-vous usuellement de la façon suivante),
– et faites pleinement et véritablement (c.-à-d. non d’une manière fortuite ou n’importe comment, n’importe quand) des disciples de toutes nations, des deux manières suivantes :
a. « en les baptisant en faisant référence au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (v. 19b). L’emploi du « nom » signifie que Jésus ordonne à ses disciples, en s’appuyant sur l’autorité donnée par le Père (v. 18), d’immerger directement dans l’eau (sens original de texte) tous ceux qui s’attacheront à lui par la foi, le reconnaissant comme leur seul Sauveur. Ainsi, par l’acte d’immersion, le sauvé signale publiquement son attachement à Dieu. En recevant cette immersion au nom de chaque personne de la trinité, le sauvé affirme que chaque personne joue un rôle précis dans sa conversion et dans sa vie chrétienne quotidienne25. Quels sont le sens et la signification du mot « nom » ? Le singulier souligne l’unicité, la cosubstance et l’essence indivisible de Dieu. Le baptisé professe :
– qu’il reconnaît qu’il dépend du Père comme son Créateur et son Supérieur,
– qu’il avait reçu Jésus-Christ comme son unique Rédempteur et Seigneur,
– qu’il reconnaît le Saint-Esprit comme celui qui le sanctifie et le réconforte.
La première étape du disciple de Jésus-Christ est de s’engager publiquement auprès du Dieu trinitaire. Le croyant peut-il alors demeurer dans l’anonymat ?
b. « En les enseignant tous, sans exception, à observer tout ce que je vous ai ordonné », (v. 20). Examinons les mots principaux :
« en les enseignant » : le texte original porte le sens d’instruire de manière répétée en vue de créer la disposition chez le disciple d’accepter la matière présentée. L’instruction doit donc être méthodique. Elle doit commencer dès la conversion et ce d’une manière enthousiaste, cohérente, intéressante, sérieuse et biblique. L’étude des paroles de Jésus et de surcroît du N.T. doit être consistante et constante, car nous y trouvons l’explication de Jésus et son œuvre. Dans la LXX, le terme « en les enseignant » signifie bien davantage qu’une simple transmission de connaissance, il exprime surtout comment vivre la vérité selon la volonté de Dieu, dans tous les aspects du quotidien, ceci en ne visant pas uniquement l’intellect mais aussi le cœur. Il y a là beaucoup de matière à réflexion pour ceux qui dans l’assemblée locale ont une responsabilité dans l’enseignement ! Où en êtes-vous dans votre assemblée ?
« à observer » : Le texte original met en premier lieu l’accent sur le sens d’apercevoir ou de reconnaître ce qui est vrai, ensuite sur le sens d’y prêter beaucoup d’attention en vue d’une mise en pratique docile à chaque situation. En d’autres termes, cela signifie que le vrai disciple est celui qui se fixe comme objectif de connaître et de mettre en application ce qu’il a appris consciencieusement des paroles transmises par le N.T. Ainsi, l’étude des Évangiles et de surcroît de tout le N.T., qui met en lumière Jésus-Christ, est une nécessité.
« toutes les choses… prescrites » : L’original exprime l’idée de sérieux et de formel. Les paroles annoncées, enseignées, expliquées par Jésus-Christ sont bien plus que des suggestions, elles sont des commandements. Tout est à prendre avec sérieux et à appliquer au quotidien de manière intelligente, ce en rapport avec tout l’enseignement appliqué à chaque contexte de la vie.
c. Le mot « disciple » a pour sens un individu qui se met dans une attitude d’apprenti, prêt à apprendre de son maître ce qu’il doit savoir dans tous les domaines de la vie, entre autres, de la connaissance26 , et comment devenir par la suite un pêcheur d’hommes 27 .
Les références ci-dessous donnent quelques indications en rapport aux points importants dans l’apprentissage du discipulat :
– suivre intimement Jésus comme Maître 28,
– être prêt à laisser à l’Esprit le soin de changer son existence par rapport à sa vie de pécheur invétéré (Éph 4.17-24),
– accepter une vie d’abnégation29, notez bien le principe : le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Héb 5-8),
– ne pas vivre selon les principes immoraux et de libertinage du monde (1 Jean 2.15-17),
– reconnaître que le disciple est singulièrement un représentant direct de Jésus-Christ 30,
– aimer selon l’amour de Jésus qui est la directive capitale (Jean 13.34-35). À cet égard, réfléchissons aux implications réellement pratiques sur le plan personnel et sur le plan de la communauté des saints 31 .
Notez bien que l’accent est mis sur ce que l’on est en Christ et ce que l’on est en train de devenir quotidiennement par l’Esprit.
Jusqu’ici, nous n’avons relevé que les facteurs importants du discours de Jésus à ses disciples, à un moment de son ministère de 40 jours, entre sa résurrection et son ascension (v. 19-20). Le Maître révèle ainsi la tâche qui servira de base à leurs ministères futurs, en vue de perpétuer le message et la façon d’approcher Dieu par le nouveau chemin (Jean 14.6), sans aucune restriction géographique ni raciale.

2. La garantie éternelle de victoire

Dans le texte original, le verset 20b attire notre attention avec force : « Et prêtez particulièrement attention ! Je-avec-vous-suis 32 tous les jours jusqu’à la consommation de cet âge. » Cette dernière phrase est tellement connue et répétée, presque banalement, en sorte que la force réelle et eschatologique pourrait nous échapper.
Jésus ouvre ce verset en élevant la voix avec un appel énergique afin que nous lui prêtions une attention particulière. Le sujet est tellement important, qu’il mérite toute leur considération. Ce fut une sorte de « Hé, vous les amis ! » Ainsi, et par extension, ces paroles sont destinées à tout converti contemporain qui veut vivre le vrai discipulat sous sa direction. « Je vous garantis ma présence continuelle et quotidienne jusqu’à la fin de l’histoire humaine telle que nous la connaissons. » Jésus savait que le disciple aurait un besoin énorme d’assurance pour le suivre fidèlement, en partageant l’Évangile dans un monde rebelle et hostile à la vérité. Cette promesse est absolument pertinente pour chaque sauvé : « Je suis continuellement présent à votre côté qu’importe la situation jusqu’à la fin de votre vie. » Frères et sœurs, fortifiez-vous avec cette promesse conséquente.
Le Seigneur nous encourage à être animés continuellement de « l’attitude de disciple », à savoir être éveillés à toutes les occasions de le présenter aux autres par n’importe quelle méthode, par les sondages, par l’offre d’un N.T. ou d’un traité approprié au moment opportun, par un témoignage, approprié au contexte vécu au moment même où le Seigneur agit, etc.
Selon le N.T., l’activité professionnelle, le mariage, le salaire, les vacances, la retraite ne sont pas nos priorités premières. Le but premier du sauvé est de présenter Christ aux autres. Il est simple d’accomplir ses deux phrases sous l’inspiration de l’Esprit, Esprit qui veut gérer d’une manière ordonnée chaque aspect de notre quotidien.
« Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.14-15)
Lorsque cette réalité bouillonne dans notre cœur, le Saint-Esprit ouvre des portes et des cœurs pour parler naturellement de lui.

  1. Act 7.48-52 ; 10.34-43 ; 20.21-22 ; Tite 3.4-6
  2.  Ps 119.7-11, 71, 73
  3. Marc 1.17 ; Luc 5.10
  4. Mat 4.19 ; 9.9 ; Jean 15.16
  5. Mat 9.28a-b ; 16.24-25 ; 10.24-25, 16-20  
  6. an 13.20 ; Act 6.7 ; 14.21-22 ; Rom 1.7-8 ; 2 Tim 4.7 
  7. Phil 2.1-4 ; Col 3.12-15 ; 1 Thes 4.9-12 ; Héb 13.-6 ; 1 Pi 1.22-23 ; 1 Jean 2.7-11 ; 3.11-15, 23-24, 20-21 
  8. ct de l’ordre des mots  

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La théorie de l’annihilation

L’enfer, dans le sens courant du mot, est le lieu où se retrouveront tous ceux qui auront consciemment rejeté Jésus-Christ (Mat 25.41). Le sujet est brûlant ! Mythe ou réalité ? Tout le monde a son opinion. De nombreux chrétiens conjuguent avec difficulté l’amour de Dieu et le fait qu’il puisse envoyer ses créatures en enfer. Certains commentateurs évangéliques appréciés de la dernière moitié du xxe s. nient carrément l’éternité du jugement de Dieu. Ils sont, comme les adventistes et les témoins de Jéhovah, annihilationnistes33.

Ces hommes, parmi les plus influents du monde évangélique, prônent une destruction totale et éternelle des perdus après leur mort terrestre. Les perdus n’existeront plus, échappant ainsi à la souffrance éternelle. Pour eux, un Dieu d’amour ne saurait être cruel au point de cautionner une souffrance éternelle.

 

L’idée de l’anéantissement total (corps, âme et esprit) d’un être humain est-elle biblique ? La question vaut la peine de se poser puisque nous mourrons tous et serons confrontés un jour à la réponse. Que croient exactement les annihilationnistes ? Sur quelle base des Écritures ? Ont-ils raison ?

Versets principaux utilisés dans cette étude

« Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. » (Mat 25.41)

« Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » (2 Thes 1.9)

« Il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau. Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom. » (Apoc 14.10-11)

« Le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. […] Puis la mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. » (Apoc 20.10, 14-15)

« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. » (Apoc 21.8)

1. Arguments « bibliques »

Pour l’annihilation 

Les hommes sont seulement potentiellement immortels. Les chrétiens acquièrent l’immortalité, mais les perdus perdent cette potentialité après leur mort et cessent d’exister.

Dans Luc 12.5, Jésus conseille de craindre Dieu, « celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ». Et puisque le feu consume tout, les partisans de cette théorie en déduisent que la géhenne décrit l’annihilation (voir aussi Mat 5.22,29-30 ; 10.28 ; 18.9 ; 23.33 ; Marc 9.43,45,47).

Pour les peines éternelles

1 Corinthiens 15.53-54 et 2 Tim 1.10 affirment que le corps du croyant recevra un corps immortel à la résurrection donc plus sujet à la mort. Il est évident que le sauvé a besoin de son âme et de son esprit (lesquels continuent à exister après la mort physique, Apoc 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23) pour animer son corps ressuscité.

Jésus parle de « feu éternel » (Mat 18.8-9) « qui ne s’éteint point » (Marc 9.44, 48). Il décrit une souffrance sans fin et non une cessation d’existence. L’image du feu de l’enfer signifie la douleur suprême (Mat 13.40-42, 49-50), et non une extinction ou disparition totale.

Considérez Mat 25.41 avec Apoc 20.10 et 14.10-11 où les textes précisent clairement l’existence éternelle de l’enfer pour le diable, ses messagers, et pour ceux qui rejettent Jésus-Christ (voir aussi Apoc 20.14-15 ; 21.8).

Le contexte des références citées ne permet pas une interprétation annihilationniste.

La « destruction » ou « perdition » des hommes signifie une destruction totale, une annihilation. Cf. Mat 7.13 ; Phil 3.19 ; Apoc 17.8, 11 ; 2 Pi 2.1.Voir Mat 25.41, 46 ; Marc 9.42-48 ; Apoc 14.9-10 ; 20.10, 14-15. Ces références comprennent le mot grec pour « perdition, ruine » comme une perte éternelle du bien-être, et non comme extinction de l’être. C’est ainsi que l’ont interprété, au cours des siècles, de grands interprètes bibliques.
Éternellement séparés de Dieu, les perdus seront annihilés : Mat 7.23 (« retirez-vous de moi ») ; 22.13 ; Jean 15.6.Cette idée est contredite par Mat 25.41,46 et 2 Thes 1.9. En Mat 7.23, le verbe signifie simplement « se séparer » et jamais « annihiler ». Mat 22.13 concerne la souffrance éternelle, nullement l’annihilation. Jean 15.6 non plus.
La mort appelée souvent « la deuxième mort » décrit l’annihilation de tous ces perdus, morts du fait de leur rejet de Christ.La « seconde mort », citée dans Apoc 20.6, 14 et 21.8 (à joindre à 20.10), décrit les trois occupants du lac de feu comme étant tourmentés sans fin. Les v. 14 et 15 décrivent ceux qui ne sont pas sauvés (absents du livre de vie) et jetés aussi dans l’étang de feu sans fin. Pas de mention d’une quelconque annihilation. Cette mort est une séparation définitive d’avec Dieu, accompagnée de souffrances.

2. Arguments théologiques

L’argument basé sur l’amour de Dieu

Les annihilationnistes ne supportent pas l’idée d’un Dieu se réjouissant des tourments infligés aux perdus séparés de lui, souffrant dans l’étang de feu. Pour eux, cette idée contredit celle d’un Dieu aimant, telle que manifestée dans le N.T.

Ce raisonnement pèse très lourd dans la pensée de beaucoup de vrais chrétiens : Dieu d’amour et punition éternelle ne font pas bon ménage, ils s’excluent mutuellement.

Ce type d’argument révèle une faiblesse inhérente. Comment jugerions-nous les actions du Dieu créateur tout-puissant selon nos conceptions de ce que Dieu devrait être ou faire ? Pécheurs réconciliés par pure grâce, par les souffrances incalculables de Jésus-Christ, limitons-nous à ce que les Saintes Écritures enseignent. Dieu a aimé et aime tout le monde, mais chacun est responsable de décider s’il veut recevoir son amour et vivre éternellement ou non avec Dieu (Mat 25.31-34,41-46). Amour et punition ne s’excluent pas du tout mutuellement. Chacun choisit librement sa destinée éternelle : Dieu ne force personne à choisir la géhenne.

Dieu est saint et juste ; donc la louange lui est due par tous, convertis ou non (Apoc 15.1-4,7). Sa justice est sainte, c’est pour cela qu’il punira ceux qui s’obstinent dans le péché, en rejetant Christ. Dieu aime la justice mais ce serait le dénaturer en l’imaginant se réjouir de la souffrance des perdus. Il suffit de penser au terme affectueux qu’Abraham emploie envers le riche passé « de l’autre côté » : « Mon enfant » (Luc 16.25).

L’argument basé sur l’immortalité

Seul Dieu possède l’immortalité inhérente, de par sa nature éternelle.

Tandis que les êtres humains n’ont qu’une immortalité potentielle. Adam, lors de sa chute pécheresse, a perdu sa propre immortalité potentielle et nous a fait perdre la nôtre aussi, parce que nous étions en lui.

L’immortalité est retrouvée lors de la conversion. Comme les perdus n’ont jamais reçu le « don de l’immortalité », ils seront annihilés après avoir reçu leur punition pour leurs péchés.

Juste à sa base (Dieu seul possède l’immortalité, 1 Tim 6.16), ce raisonnement oublie que Dieu, en créant l’homme, lui avait donné une immortalité corporelle future dérivée. La mortalité ne concerne que le corps, pas l’âme ou l’esprit, qui font la personnalité et ne cessent jamais de vivre (Apoc 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23).

Il accorde au sauvé de vivre éternellement dans un corps rendu céleste. Le converti en Christ croit dans ce corps glorifié parce que la Bible l’enseigne (1 Cor 15.53-54). Le damné possédera aussi un certain type de corps adapté à son lieu de résidence éternelle (Luc 16.19-31).

L’argument de la justice de Dieu

La Bible enseigne que Dieu juge avec justice, ce qui implique une punition proportionnelle au péché commis. La souffrance éternelle et consciente affligée au perdu semble terriblement disproportionnée face aux péchés commis dans une si courte vie terrestre.Là encore, l’homme juge à la place de Dieu si tel ou tel péché est « petit » ou « grand ». Nous en sommes incapables du simple fait que notre conception est complètement pervertie par le péché (Rom 3.11 ; Act 28.26-27). Nous ne sommes nous-mêmes pas justes et manquons totalement de la conception parfaite de la justice divine.

De plus, Thomas d’Aquin a bien dit que le péché est une attaque contre la sainteté infinie du Dieu éternel : le plus « petit » des péchés offense donc infiniment Dieu et mérite une peine infinie. Le péché est un concept biblique qualitatif et non quantitatif. Toutefois, Jésus enseigne clairement qu’il y aura une gradation dans la punition éternelle des pécheurs (Luc 12.47-48 ; Mat 11.22,24). Renier cela revient à minimiser la sainteté de Dieu et l’honneur qui lui est dû.

L’argument du triomphe de Dieu

Dieu a tout gagné lorsque Christ est mort sur la croix, car ce dernier a défait Satan et les dominations « en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15). Il a expié les péchés « du monde entier » (1 Jean 2.2).

Ainsi, Dieu est et remplit « tout en tous » (1 Cor 15.28 ; Éph 1.23). La punition éternelle ne pourra jamais exister pour l’éternité, les perdus seront donc annihilés.

Cette dernière affirmation dénote une erreur logique : le triomphe de la croix et la plénitude de Dieu n’impliquent pas la non-existence des peines éternelles, lesquelles sont un autre sujet.

Les trois derniers chapitres de la Bible démentent ce raisonnement. La victoire totale de Dieu ne signifie pas l’éradication ou l’annihilation ni de Satan et les siens, ni des êtres humains rebelles à Dieu (Apoc 20.11-19 ; 21.1-8 ; 22.14-15).

 

Conclusion

Le Seigneur Jésus-Christ connaissait mieux que quiconque la vérité sur les deux vies éternelles — avec ou sans Dieu — après cette vie terrestre. Et c’est lui qui a parlé le plus clairement du sort éternel de ceux qui refusent de croire en lui. Cette théorie de l’annihilationnisme n’est pas validée par les Écritures mais provient du cœur humain, cœur rebelle à la sainteté et à la justice divine. Nous constatons avec tristesse que la totalité des arguments avancés en faveur de la théorie humaniste de l’annihilation vient d’un raisonnement qui place l’homme plutôt que Dieu à la première place.

Cette théorie est dangereuse pour les perdus car elle pourrait — en vain ! — les encourager à s’obstiner dans le péché (puisqu’ils croiraient pouvoir échapper à la colère de Dieu).

Elle est dangereuse pour le chrétien car elle pourrait restreindre l’évangélisation des perdus et la croissance de l’église locale.

Rejetons nos propres raisonnements (souvent pervertis) qui s’érigent au-dessus des enseignements et acceptons la vérité biblique, si difficile ou dure qu’elle puisse nous paraître.

  1. Du latin nihil : « rien, néant »

Écrit par


Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pasécrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. 

(Jean 20.30-31)

Place et sens des miracles de Jésus dans l’évangile selon Jean

Jean a premièrement rédigé son Évangile pour rappeler que Jésus, homme parmi les hommes, a publiquement démontré sa puissance divine par un grand nombre de miracles confirmés. Une quarantaine de ces signes sont mentionnés dans les Évangiles, et neuf sont rapportés par Jean. Deuxièmement, ce dernier souhaite amener ses lecteurs à placer leur confiance en Jésus et à croire qu’il est vraiment le Messie et le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Trinité divine. Il est celui que les écrits de l’AT ont annoncé (cf.És 4.2 ;52.13-53.12). Troisièmement, l’auteur veut nous convaincre que de cette foi en Jésus dépendent notre salut, notre vie éternelle.

Qu’est-ce qu’un miracle ? Ce terme vient du latinmiraculum e tsignifie « prodige », du verbe mirare :« s’étonner ». Le Petit Robert le décrit comme un« fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine bienveillante, auquel on confère une signification spirituelle. »En général, un miracle implique une intervention divine dans la nature ou dans les événements touchant les hommes. Cette intervention manifeste la grâce de Dieu. Dans le cas de Jésus, il s’agit de surcroît d’une authentification de sa nature divine. Toutefois, ne voyons pas automatiquement dans les miracles Jésus des« violations » des lois naturelles. Augustin (IVes.) affirma qu’un miracle de Jésus peut aller « à l’encontre de ce que nous savons de la nature ». Parce que la science ne saura jamais tout des lois naturelles, un prodige inexplicable de Jésus devrait plutôt être considéré comme une intervention de Dieu destinée à nous rappeler qu’il est maître des phénomènes mystérieux dont la source se trouve au delà de nos« terres »familières. En ce qui concerne les miracles de Jésus, ils constituent une manifestation de sa gloire.

L’apôtre Jean désigne les« miracles »de Jésus en utilisant le terme grec correspondant au français « signes » (sèmeia). Dans le contexte, un « signe » est un acte perçu visuellement permettant d’établir l’authenticité de Jésus comme unique représentant de Dieu sur terre — et Dieu incarné. Une telle démonstration est nécessaire pour deux raisons. Il faut que le pécheur appelé à croire en Christ :

– puisse fonder sa foi sur des preuves désignant celui-ci comme le Messie annoncé dans l’Écriture (cf. Mat 11.2-5) ; 

– sache que la promesse de la vie éternelle repose sur une vérité d’expérience (cf. Jean 10.37,38).Les doctrines fondamentales du christianisme s’appuient en partie sur les miracles du Seigneur, celui de sa résurrection étant le plus grand (cf. 1 Cor 15.3-4).

L’exposéd’un miracle est souvent précédé d’un discours et/ou d’événements en rapport avec ce miracle. Il en est de même pour ce qui suit cet exposé. Chaque miracle est ainsicomme un tremplin pour l’enseignement suivant en vue d’aider le lecteur à s’approcher davantage,pour son salut personnel et éternel, de la réalité exprimée dans nos versets d’introduction.

Les miracles rapportés par Jean sont en nombre limité, mais suffisant pour démontrer l’autorité du Seigneur dans six domaines où l’être humain ne peut proposer que des agencements précaires ou tout bonnement illusoires :la réussite de l’existence terrestre, la santé, la sécurité face aux menaces naturelles, la subsistance alimentaire, le pardon des péchés,la réalité de la mort. 1

Les miracles de Jésus

1. Jean 2.1-12 :L’eau changée en vin. Le mariage et la nourriture étaient honorés en Israël parce que nécessaires à la perpétuation de l’existence familiale, nationale et spirituelle. Ainsi Jésus sanctifie-t-il le mariage et démontre-t-il son contrôle de la nature en changeant l’eau en vin. Par implication, il souligne que le but de sa venue dans le monde est de pourvoir au bonheur de ses créatures, et non de les asservir. De plus, Jésus commence à révéler sa gloire divine et fortifie la foi de ses disciples (2.11). Notons aussi l’humble discrétion du Seigneur qui ne cherche pas une attention exclusive de la part des autres à la suite du miracle : il quitte immédiatement Cana pour se rendre à Capernaüm (2.12). Ceux qui aujourd’hui se disent capables de faire des miracles devraient s’inspirer de l’exemple du Maître… Ce miracle, expressément signalé comme le premier du ministère de Jésus, prépare le terrain des interventions spectaculaires en public (2.13-25) et en privé (3.1-21) qui suivent immédiatement dans le texte.

2. Jean 4.43-54 : La guérison du fils de l’officier d’Hérode Antipas, roi de Galilée et de Pérée. Ce miracle a lieu en Galilée, une région dépréciée, où Jésus est prêt à venir en aide « médicale » à une famille importante dont le fils gravement malade est à l’agonie. Géographiquement, nous nous retrouvons dans les deux lieux précédemment mentionnés : Capernaüm et Cana. Les habitants d’Israël sont alors affligés de toutes sortes de maladies, souvent incurables (cf. Marc 5.25-26 !) Jésus exerce sa puissance et sa compassion par-dessus les clivages raciaux et religieux. Ainsi est-il prêt à venir en aide à n’importe qui et n’importe quand en réponse à la foi authentique. Il faut que le nécessiteux croie simplement et humblement en Jésus, en l’acceptant pour ce qu’il est : le Fils de Dieu (1.29-34). Jésus-Christ est le seul qui règne souverainement sur la maladie, car il est la Vie même (14.6). L’officier a compris cela, aussi s’adresse-t-il à Jésus avec instance, respect, humilité et foi, convaincu que Jésus peut même guérir à distance. La bonne foi en la bonne personne produit de bons effets.De nouveau, le miracle fortifie la foi de plusieurs (4.53) ; Jésus semble même concéder à ses contemporains le droit de voir un certain nombre de « miracles et de prodiges » (4.48) en préalable à leur foi. Avons-nous les mêmes droits que ces hommes-là ? Selon les textes mis entête de cet article, c’est le texte même de la Bible qui nous fournit, aujourd’hui, le faisceau suffisant de ces preuves surnaturelles.

3. Jean 5.1-16 : La guérison du paralytique de la piscine de Béthesda. Un miracle étonnant mettant en avant la démarche réussie de Jésus pour faire du bien à un individu que tous ont délaissé (5.7). Jésus agit directement, sans demander aucune autre expression de foi que l’obéissance à sa parole. Il accorde gratuitement l’énergie pour marcher et une nouvelle qualité de vie à celui qui obéit à son instruction. Ce miracle, comme bien d’autres, souligne le prix d’un seul être humain aux yeux de Jésus et la capacité de ce dernier à lui faire du bien, en toute connaissance de ses antécédents (5.6) et au moment qu’il choisit …le paralytique est malade depuis 38 ans !(5.5). Mais l’intervention bienfaisante de Jésus constitue aussi, pour ce paralytique, un appel ferme à mettre sa vie en règle avec Dieu, car, lorsque Jésus le retrouve, il lui dit :« Voici : tu as recouvré la santé, ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. » (5.14b)Jésus démontre qu’il est maître de toute pratique religieuse(ici du sabbat, puisque la guérison a lieu lors d’un sabbat, au grand scandale des Juifs)comme de la maladie, et qu’il a autorité pour pardonner le péché. Accessoirement, la discrétion de Jésus, qui disparaît sans même révéler son nom à son « patient » guéri (5.13),est une fois encore un exemple pour ceux qui pensent posséder des capacités surnaturelles. Mais l’« anonymat » de Jésus va prendre fin abruptement. Les Juifs le pourchassent ; l’ayant trouvé et l’entendant se faire égal à Dieu (5.17,18b), ils réagissent très violemment (5.18a). Quant à Jésus, il ne craint pas de réitérer plus explicitement son identité avec le Père, ainsi que la vraie finalité de sa mission (5.17 – 47).

4. Jean 6.5-15 : La multiplication des pains pour les cinq mille. Jésus démontre sa compréhension du besoin le plus élémentaire : se nourrir. La recherche de nourriture a toujours mobilisé les forces vives de l’homme ; depuis la Chute, la famine, les catastrophes naturelles, la haine, les rivalités et les guerres ont été, et sont toujours, des causes majeures de disette partout dans le monde et dans toutes les civilisations. Le miracle de la multiplication des pains montre le Messie à l’œuvre dans ce domaine sensible. Quelle aisance déconcertante, quelle largesse, quelle équité dans la répartition du repas !Mais cet épisode n’est pas unique : toute l’histoire chrétienne est remplie d’expériences concrètes de l’intervention de Dieu en faveur des siens pour répondre à un besoin de nourriture. La singularité de ce miracle réside en ce qu’il sert de signe et de préparation à l’enseignement spirituel du lendemain : Jésus est le pain de vie (6.16-71). Dieu nous demande de travailler pour subvenir à nos besoins (cf. 2 Thess 3.10-12), mais la priorité absolue, c’est de « travailler » en vue d’obtenir la vie éternelle que le Fils de l’homme veut nous donner (6.27) et de « manger le pain » du ciel, c’est-à-dire de recevoir le Seigneur au plus profond de nous-mêmes (6.51,53-58) et de garder sa Parole (6.68).

5. Jean 6.16-21 : Jésus marchant sur l’eau. Ce miracle reçoit un traitement plus détaillé enMat 14.24-33 et Marc 6.47-52.Pourquoi est-il si résumé dans Jean ? Et pourquoi Jésus l’accomplit-il après la multiplication des pains ?

a.  Le miracle précédent avait causé une réponse inadéquate de la part de la foule, car elle n’attendait en Jésus qu’un chef politique (6.15), un libérateur de la tutelle de Rome. On peut supposer que les disciples s’adonnaient aussi à cette espérance (cf. Luc 24.21). La mer démontée, contre laquelle les disciples rament très difficilement, fournit à Jésus l’occasion de se révéler comme le Souverain d’un empire infiniment plus vaste que celui des Romains.

b.  La clé de ce court passage se cache dans l’original grec. Le texte précise qu’en constatant la peur des disciples à le voir marcher sur l’eau, Jésus proclame :Ego eimi :litt. « Moi, je suis », tout simplement(dans Jean 8.24,28,58 ; 13.19,il recourt à la même expression).Le rapport avec le nom que l’Éternel se donne à lui-même dans l’AT, ainsi que l’allusion à ses pouvoirs illimités sur les flots menaçants sont évidents (cf.Ex 3.14 ;Ex 14-15 ; Job 9.8 ; 38.16, et al.). Ce miracle a sûrement éclairé et consolidé la foi de ses disciples lorsqu’un peu plus tard le Seigneurs’est mis à discourir sur lui-même comme« pain de vie »(6.22-71).

 6.Jean 9.1–41 :La guérison d’un aveugle-né. Ce chapitre est un des plus longs sur une guérison. Le récit,en plus du thèmede la maladie,aborde ceux du péché (deux fois), de l’identité de Jésus, du but du sabbat, de la couardise des parents, du témoignage, de la foi au Messie, et de l’hypocrisie. C’est aussi l’occasion pour Jésus de dénoncer l’aveuglement des chefs spirituels, leurs préjugés contre ce qui n’est pas conforme à leur vision des choses (9.16-17), contre ce qui leur est incompréhensible (9.19,40-41) et contre lui-même (9.28-29). Quant à l’aveugle guéri, il parviendra finalement à une claire compréhension et acceptation de son Seigneur, le Fils de l’homme (9.35-38).

L’apôtre Jean, en plaçant ce signe-miracle avant le chapitre 10 sur l’enseignement du « bon Berger », fait ressortir que les responsables religieux de la nation, aveugles spirituels, n’avaient pas de réel pouvoir pour venir en aide aux gens physiquement malades ni pour résoudre la question du péché (9.39 – 41). Ainsi, le lecteur est préparé intellectuellement et spirituellement au chapitre 10 qui dépeint Jésus comme le responsable spirituel dont Israël a besoin, le vrai Berger capable de soigner, guider et garder tous ceux qui se laissent sauverpar lui.

À cet endroit de l’Évangile, nous réalisons queles six premiers miracles rapportés par Jean lui ont permis d’affirmer sans équivoque que Jésus, Fils de Dieu, est le Christ attendu par Israël.Mais nous comprenons aussi que l’auteur a commencé à développer le terrible verdict du prologue : la Parole « est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue » (1.11). Le texte dévoile ce que vaut et pense vraiment l’homme rebelle. Nous voyons l’opposition que ce dernier a toujours manifestée contre Dieu se concentrer sur Jésus. Elle surgit de sa famille (7.1-9) ou des « Juifs » et de leurs chefs (7.11-8.59).Elle vise sa personne, son autorité divine, sa justice, sa mission, son statut de Lumière du monde, et deviendra de plus en plus farouche.

7. Jean 11.1 – 46 :La résurrection de Lazare. Le chapitre10 présente Jésus comme le bon Berger ; le chapitre 11 illustre magistralement cette fonction. Le Berger sait s’occuper des affligés endeuillés par la mort d’un proche. Plus que cela, en ressuscitant Lazare, ce Berger prouve qu’il est le Maître insurpassable de la mort et de la vie. Un miracle unique, une prouesse impossible à un autre qu’au Dieu Créateur, qui est la Vie. Le Berger dévoile sa souveraineté sur le déroulement de la vie, sa tendresse si humaine, ses émotions intenses, sa puissance sur la mort. Quelle introduction à cette période de la Pâque (à partir du ch. 12) qui conduit à sa propre mort, puis à sa résurrection !

* * * * * * *

Un intervalle est ménagé entre les7e et8e miracles (la résurrection de Jésus, annoncée prophétiquement dès Jean 2.18-22). Cette section est d’abord justifiée par la décision du sanhédrin de mettre fin au ministère et à la vie du Seigneur :« Qu’allons-nous faire ? Car cet homme a fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui… […] Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir. » (11.47b-48a,53).

Ensuite, et malgré un bref moment de liesse populaire lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem (12.12-18) — enthousiasme consécutif au miracle de la résurrection de Lazare (12.17-18) — c’est l’incrédulité des mêmes foules qui va l’emporter :« Malgré tant de miracles qu’il avait fait devant eux, ils ne croyaient pas en lui. » (12.37 et ss.)

Enfin, Jésus a maintenant une autre priorité : il se préoccupe de préparer les siens à son départ. Il va leur préciser le plan que le Père a conçu concernant la venue du Saint-Esprit et la formation de l’Église, car ses disciples ont encore beaucoup à découvrir à propos d’une vie communautaire faite de service (13.12-17), d’amour (14.15-21), de communion spirituelle authentique avec Christ (15.4-17) etde l’expérience de la persécution (15.18-16.4). Ils doivent savoir que l’Esprit sera agissant en eux pour les consoler, les instruire par la Parole et pour les diriger (14.25-26 ; 15.26-27 ; 16.7-15) ; ils devront se souvenir que le Fils prie pour eux et qu’il les protégera (ch. 17). Quant aux chapitres 18-19, ils rappellent jusqu’à quel degré inimaginable de douleur le Fils est descendu en vue de la rédemption des pécheurs et« afin que l’Écriture soit accomplie » (cf. 19.24,28,36,37).

Puis vient l’inhumation de Jésus, et le récit semble devoir se conclure sur la page la plus noire de l’histoire humaine.

8. Jean 20.1-29 : La résurrection de Jésus. C’est le plus formidable des miracles, l’expression la plus stupéfiante de la victoire du Fils (cf. 2.18-22), celle qui authentifie tout le témoignage antérieur du Sauveur, sa vérité, son intégrité, sa souveraineté éternelles. Voilà le couronnement absolu du ministère miraculeux de Jésus de Nazareth. Le tombeau vaincu et ses retrouvailles avec les siens proclament qu’il est le Christ, le Fils de Dieu, le seul détenteur de l’autorité sur la vie et la mort, le seul habilité à accorder la vie éternelle à quiconque le reconnaît comme Sauveur et Seigneur personnel (nous retrouvons Jean 20.30-31).

9. Jean 21.1-14 :La pêche miraculeuse. Oui, il y a encore un miracle, même après la déclaration de Jean 20.30-31 ! C’est comme un supplément !À la fois dans la continuité du ministère passé (les évangélistes ont rapporté d’autres pêches miraculeuses) et dans la perspective des temps à venir. Un couronnement pratique, en somme. Car s’il est bon d’être persuadé de la résurrection du Seigneur, il est tout aussi bon de le savoir agissant pour ses enfants.Jésus vivant subvient à nos besoins :

– Il est attentif à notre bien-être (21.5,13),

– Il pourvoit, souvent au travers même de notre travail(21.6-9),

– Il entraîne nos cœurs à l’aimer et à chercher le bien de nos semblables (21.15-19),

– Il nous encourage à veiller sur notre marche personnelle avec lui avant de vouloir nous occuper de celle des autres (21.20-23). Chacun rendra compte pour lui-même !

* * * * * * *

Ces textes nous encouragent à aller de l’avant avec confiance. Notre Dieu fait tout ce qu’il veut : nous le savons par les miracles du Fils et par l’effusion du Saint-Esprit, qui rendent possible le plus grand miracle concevable à notre niveau personnel :Dieu nous transformant à son image et nous associant à son Être, à sa Vie éternelle (1.12 ; 3.8).

Il ne nous cache pas que notre parcours terrestre ne sera pas fait que de miracles : on ne peut esquiver l’âpreté du combat spirituel, le péché et la repentance, l’étude attentive de la Parole, la prière, les joies et les épreuves de tous les jours, les travaux, les actes de foi, la persévérance, la patience, le témoignage, et parfois la persécution. Mais ce qui fait notre assurance, c’est qu’en demeurant en lui (15.1-16), il nous est toujours avantageux et possible de le suivre (21.19,23).

1 C’était déjà le rôle de l’Ecclésiaste de nous convaincre de tout cela.

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