PROMESSES
La notion de justice est-elle une construction rationnelle ou idéologique 1? La question est provocatrice mais légitime, car la réponse va déterminer la valeur et la crédibilité de notre concept de justice.
Une définition officielle de la justice
Voici la définition très concise donnée par une fiche officielle de l’Administration française 2 :
« La justice constitue à la fois :
1. un idéal philosophique et moral,
2. l’exercice d’une activité (juger),
3. un ensemble d’institutions (les institutions judiciaires). »
Notre réflexion porte sur l’idée de justice et non sur sa mise en œuvre, donc uniquement sur le premier aspect de cette définition : la justice est « un idéal philosophique et moral ». Étudions chacun de ces termes.
Idéal
« Qui est de la nature de l’idée, qui n’a d’existence que pour la pensée.
Qui réunirait toutes les perfections que l’esprit peut concevoir. […] Ce que l’esprit conçoit comme le terme de la perfection 3 ».
L’idéal se situe donc dans l’irréel, l’inaccessible. Bien sûr un idéal est utile pour fixer un but, il permet de déterminer si une pensée ou un acte est cohérent avec ce but ou non. Un idéal est rassembleur tant qu’il se limite à des généralités et à des slogans. Toute tentative de l’appliquer dans le « ici et maintenant » du réel risque de se heurter à des réflexions ou à des intérêts divergents.
→ « Idéal » ressemble plus à « idéologique » qu’à « rationnel » ; ce n’est pas surprenant. Il n’existe pas un unique idéal de la justice, résultat d’une démarche rationnelle incontestable. Le développement d’un idéal est souvent une idéologie, c’est-à-dire un ensemble varié et variable de croyances et de valeurs. Les États qui ont voulu appliquer rigoureusement un idéal d’égalité ont en fait développé des idéologies brutales et irrationnelles.
Philosophique
Les dictionnaires peinent à donner un sens précis à ce terme. Il évoque une recherche de sagesse.
C’est très louable et certainement utile de raisonner méthodiquement. Mais il est inévitable que des préjugés et des biais cognitifs 4 introduisent de l’irrationnel dans la réflexion. Ainsi l’histoire de la philosophie est très riche en écoles concurrentes et successives.
→ La recherche philosophique a l’intérêt de remettre en question les conceptions traditionnelles de la justice, de privilégier la réflexion par rapport aux intérêts personnels. Elle ne cherche pas à imposer des critères clairs pour distinguer le bien et le mal ; elle a donné lieu à de multiples démarches visant un même but (la sagesse) ; mais il leur manque au départ un cadre unique de valeurs de référence.
Moral
Cet adjectif fait référence aux règles sociales, aux mœurs établies dans une société ; mais il n’est pas neutre : il implique une distinction entre un domaine du bien et un domaine du mal. Il indique des valeurs positives et bénéfiques à rechercher (ex : égalité, équité, liberté, vérité, solidarité, bienveillance) et des « anti-valeurs » nuisibles donc à éviter (inégalités, oppression, violence, malveillance). Moral s’oppose à amoral (qui ignore la distinction bien/mal) et à immoral (contraire ce que la communauté considère comme bien).
Les institutions judiciaires ne se réfèrent pas à la distinction morale bien/mal mais à la distinction juridique légal/illégal. Les juges appliquent les lois, en appréciant la plus juste manière de les interpréter. Il revient donc au législateur de fixer des étiquettes bien ou mal sur les points abordés.
Il suffit d’observer des débats dans une assemblée législative ou de suivre l’historique d’une législation pour constater que la distinction bien/mal est floue à un moment donné et variable dans le temps. Cela est particulièrement évident pour les questions dites sociétales (avortement, euthanasie, famille etc.). De grandes différences apparaissent entre les législations de différents pays au même moment.
Les États classés démocratiques considèrent que le peuple est souverain. Le peuple (ou ses représentants élus et médiatiques) peut donc légitimement et légalement modifier des lois qu’il estime obsolètes (dans le domaine économique par exemple) ; il peut tout autant intervenir dans la redéfinition de l’idéal moral, c’est à dire déplacer la frontière entre le bien et le mal. Ces changements sont de réels progrès… si le peuple décide avec sagesse, en fonction de l’intérêt général à long terme, sans être influencé (manipulé ?) par des groupes de pression ou des idéologies irrationnelles.
Dans les États classés non-démocratiques, c’est un pouvoir central qui décide ce qui est bien ou mal, légal ou illégal, juste ou injuste, en fonction de ses propres intérêts ou d’un système de pensée très normatif (une idéologie politique ou une religion d’État). La liberté individuelle ne fait alors plus partie de l’idéal.
→ Moral ? Ce mot surprend dans un texte proposé par une administration républicaine et laïque, dans une définition aussi neutre que possible de la justice, qui plus est. Ce n’est pas un hasard, c’est même inévitable : le juste se définit par rapport au bien, l’injuste pas rapport au mal.
L’intérêt et les limites de cette définition
La définition officielle citée en début d’article a le mérite de la sincérité ; mais elle exprime aussi toute la fragilité d’un concept de justice qui n’est pas ancré dans un cadre de référence solide. Elle est suivie de la conclusion suivante : « [La justice] est à la fois instinctive (le sentiment d’injustice ou de justice s’impose à nous) et complexe (il est impossible de définir abstraitement les critères du juste) ». La justice est alors un équilibre fragile, appuyé sur les valeurs de la majorité d’une population donnée à un moment donné. Elle est codifiée dans des lois formelles et dans une « bien-pensance » qui évoluent au rythme de ces « valeurs ».
Autrement dit, la justice s’appuie sur « un ensemble plus ou moins cohérent d’idées, de croyances et de doctrines philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe ». Ainsi tout idéal de justice correspond précisément à la définition d’une idéologie ! (cf. note 1).
Comment définir les fondements d’une vraie justice ?
Plusieurs propositions ont été avancées pour définir une justice universelle, libre de croyances et de doctrines liées à certaines cultures, une justice non idéologique. En voici quelques-unes :
L’amitié (Aristote, 4 e siècle av. J.-C.) :
« L’amitié parfaite est celle que nouent les hommes bons les uns avec les autres et ceux qui se ressemblent sur le plan de la vertu. Ces gens-là, en effet, se veulent mutuellement du bien de la même manière, parce qu’ils sont bons et le sont par essence 5 . » La recherche commune du bien de l’autre permettrait de réguler les relations sociales.
L’utilitarisme (Jeremy Bentham, John Stuart Mill, 18 e -19 e ) valorise plus l’utilité et l’efficacité que l’appréciation morale.
C’est un « principe qui approuve ou désapprouve toute action en accord avec la tendance à augmenter ou à diminuer le bonheur de la partie dont l’intérêt est en question6 . »
Le contractualisme (Thomas Hobbes, 17 e ; John Locke, 17 e ; Jean-Jacques Rousseau, 18 e )
Les citoyens définissent un contrat entre eux et avec l’État, renoncent à certaines libertés individuelles pour garantir la sécurité, la liberté et l’intérêt général dans la communauté.
Le « voile de l’ignorance 7 »
Établir des principes de justice demande de faire abstraction de son vécu (l’ignorer), c’est-à-dire de s’imaginer dans une situation originelle neutre, pour ne penser qu’à l’intérêt de la communauté.
Un droit naturel sacré ?
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 se distancie de la religion mais exprime clairement le besoin d’une référence stable, d’un absolu qui échappe à la volatilité des réflexions et normes humaines. Son préambule se réfère ainsi à un « Être suprême » pour justifier les droits naturels 8 de l’Homme :
« Les représentants du peuple français […] ont résolu d’exposer […] les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme. […]. L’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de l’homme et du citoyen etc.9 »
En fait, aucune des cinq propositions ci-dessus n’a pu s’imposer comme fondement d’une justice légitime, claire, incontestable et efficace !
Le philosophe et politiste Luc Ferry ouvre une autre piste. Il ne mentionne pas Dieu et ne cite pas l’Évangile mais il fait un constat : « En s’appuyant sur une définition de la personne humaine et sur une pensée inédite de l’amour, le christianisme va laisser des traces incomparables dans l’histoire des idées.
[…]., il est tout à fait clair que, sans cette valorisation typiquement chrétienne de la personne humaine, jamais la philosophie des droits de l’homme à laquelle nous sommes si attachés aujourd’hui n’aurait vu le jour10 . »
Mais le « christianisme » n’est pas une école de pensée comme une autre ; son origine n’est pas dans l’homme mais en Dieu lui-même. Il est la vraie référence sûre que l’homme cherche.
La vraie référence
Une référence « par défaut » dans le logiciel humain
« Les hommes faits à l’image de Dieu » (Jac 3.9) : cette expression du Nouveau Testament témoigne du fait que l’homme pécheur a toujours cette empreinte divine en lui. Dieu a créé l’homme avec une conscience, une certaine capacité à distinguer le bien et le mal.
« Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur 11 , leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Rom 2.14-15) Paul explique ainsi aux croyants de Rome que tout homme possède, au fond de lui-même, les notions de bien et de mal, de juste et d’injuste, de responsabilité.
C’est vrai que beaucoup de valeurs chrétiennes se retrouvent dans des morales non chrétiennes : bienveillance, hospitalité, droiture, respect de la vérité, fidélité dans les promesses, respect de la vie, entre autres.
Donc la référence existe, elle est même inscrite dans notre « ADN » humain. Malheureusement le virus du péché et les blessures de la vie ont affaibli la lisibilité de ses inscriptions et « tagué » des inventions humaines par-dessus.
Une référence parfaitement fiable
Dieu est infiniment sage, il distingue toujours exactement ce qui est bien ou mal, juste ou injuste, vrai ou faux, dans tous les contextes culturels et sociaux.
Dans certains cas particuliers, le chrétien se sent embarrassé pour reconnaître ce qui est juste selon Dieu. Mais il progresse en vivant proche de son maître. Il devient peu à peu un chrétien mature « dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Héb 5.14)
Conclusion
La justice n’est certainement pas une construction rationnelle, car dans ce cas elle serait unique et stable.
Les définitions apparues au cours de l’Histoire sont au mieux raisonnables, elles proposent des idéaux… « idéaulogiques », mais elles finissent par s’effondrer, faute d’appui solide. La justice, l’amour, la lumière, la vérité ont leur fondement et leur source en Dieu seul !
- Une idéologie est un « Ensemble plus ou moins cohérent des idées, des croyances et des doctrines philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe et qui oriente l’action. » https://www.cnrtl.fr/lexicographie/idéologie.
- https://www.vie-publique.fr/fiches/38023-quest-ce-que-la-justice-definition-de-la-justice.
- https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9I0043.
- Raisonnement rapide et incomplet qui nous conduit à un jugement erroné.
- Aristote, ; Éthique à Nicomaque, Flammarion.
- Jeremy Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation.
- John Rawls, Théorie de la justice(1971). John Rawls, Théorie de la justice(1971).
- Droit naturel : ensemble des normes supposées relatives à la nature de l’Homme et de son rôle dans le monde, sa finalité. Ce droit naturel confère des droits à l’Homme en tant qu’il est Homme, c’est-à-dire une créature distinguée du reste du vivant. De fait, le droit naturel s’oppose au droit positif [NDLR : ensemble des règles de conduite], car le droit naturel n’a pas besoin d’être inscrit dans le droit écrit pour être en vigueur. (Wikipedia).
- https://fr.wikisource.org/wiki/D%C3%A9claration_des_Droits_de_l%E2%80%99Homme_et_du_Citoyen_de_1789.
- Luc Ferry, Apprendre à vivre, Plon (2013).
« C’est pas juste ! » Cette réflexion amère ne se trouve pas dans de savants ouvrages ; mais dans la bouche d’un enfant frustré en recevant un cadeau moins désirable que celui d’un autre enfant, d’un employé qui ne sent pas traité comme son collègue, d’un supporter d’une équipe de football pour qui l’arbitre est « manifestement » favorable à l’équipe adverse, d’une personne qui a tout perdu dans une catastrophe soudaine…
« C’est pas juste ! » Cette réflexion spontanée n’est pas nécessairement fondée sur le non-respect d’une loi ou règlement, mais plutôt sur le sentiment que quelque chose n’est pas « normal ». Elle est donc intuitive, imprécise.
« C’est pas juste ! » C’est l’avis de celui qui se considère comme victime — très rarement de celui qui serait l’auteur du préjudice ou le gagnant dans le litige. Notre perception de l’injustice est donc très variable selon les cas.
« C’est pas juste ! » revient beaucoup plus souvent que « C’est juste ! » Serions-nous plus sensibles à l’injustice qu’intéressés par la justice ? La justice serait-elle seulement une non-injustice ?
Ce numéro de Promesses vous propose des éléments de réflexion pour approfondir la notion de justice. Que valent les fondements d’une justice humaine ? Que dit la Bible sur la justice divine ? Comment vivre individuellement de façon juste ? Pourquoi tant d’injustices dans notre monde ? Comment y faire face quand nous en subissons ?
Un ministre de la reine d’Éthiopie est venu à Jérusalem pour adorer Dieu. Il repart avec une partie de la révélation de Dieu et se met à la lire attentivement et même à haute voix dès le début du long trajet de retour : il craint Dieu, il le recherche avec soin. Pourtant le texte lui paraît incompréhensible, hermétique.
Un ange envoie Philippe dans la direction de l’Éthiopien, l’Esprit lui dit de s’approcher de son char. Philippe observe cet homme absorbé dans sa lecture laborieuse et comprend sa mission : être l’instrument de Dieu pour rendre le texte compréhensible, grâce à un peu… d’herméneutique.
« Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ?
Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui […]. Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. » (Act 8.30,31,35)
La Parole de Dieu est à la fois claire et obscure :
• « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier » (Ps 119.105) : La Parole est assez claire pour me faire comprendre où sont mes pieds, c’est-à-dire ma situation personnelle actuelle ; elle éclaire aussi mon sentier en me montrant la direction à suivre, les personnes avec qui je voyage, les dangers à éviter et les belles choses à voir. La lecture personnelle de la Bible permet de comprendre l’essentiel : qui est Dieu, comment il nous voit, ses attentes et ses offres, ses encouragements et ses avertissements.
• « Il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens » (2 Pi 3.16) : Dieu est infiniment grand ! Cette grandeur dépasse souvent nos capacités de compréhension (1 Cor 13.12). C’est pourquoi nous avons besoin de l’étudier, de bien appliquer des règles d’interprétation (l’herméneutique) et d’accepter de recevoir l’aide de personnes douées par Dieu pour nous aider… comme Philippe pour l’Éthiopien.
1. Le dilemme de l’interprète
L’humain est « fait à l’image de Dieu » (Jac 3.9) ; il possède une intelligence et une conscience. Mais il s’est éloigné de Dieu depuis qu’il a choisi de lui désobéir pour écouter le diable. Conséquence de ce choix : « Le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence [des incrédules], afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu. » (2 Cor 4.4) Certes, la Parole garde sa puissance propre : « la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée à deux tranchants […] elle juge les sentiments et les pensées du cœur. » (Héb 4.12) Mais l’incrédule ne peut pas la comprendre dans son ensemble et dans sa profondeur. Pour en être un interprète valable, il doit devenir un être renouvelé.
L’homme nouveau : apte à comprendre la pensée de Dieu
L’être humain renouvelé bénéficie de l’aide du Saint-Esprit, selon la promesse de Jésus : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. » (Jean 16.13-14) Paul explique à ses amis de Corinthe : « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. » (1 Cor 2.11-12)
Le croyant est donc délivré du pouvoir aveuglant des ténèbres ; le renouvellement de son intelligence le transforme (Rom 12.2) ; le Saint-Esprit le conduit dans la vérité (Jean 16.13-14) ; Dieu donne des enseignants à l’Église pour expliquer sa Parole, des pasteurs et des prophètes (Éph 4.11) pour l’appliquer à des situations particulières.
Toutes ces ressources communes le rendent apte à comprendre les Écritures. En théorie, elles devraient même aboutir à une interprétation commune de chaque partie de la Bible ! Alors pourquoi autant d’interprétations différentes des mêmes textes ?
L’homme nouveau : en devenir
« Naître de nouveau », « être régénéré », « avoir la vie éternelle » (Jean 3.3 ; 1 Pi 1.23 ; Jean 10.28) : ces expressions désignent l’aspect immédiat de l’œuvre de Dieu en nous. Cela est comparable avec une naturalisation : à un moment précis, le citoyen d’un pays X devient citoyen d’un pays Y. D’un jour à l’autre, il acquiert tous les droits et devoirs accordés par le pays Y à tous ses citoyens ; c’est une transformation instantanée, radicale, incontestable, définitive. Mais ce nouveau citoyen ne change pas de langue et de culture instantanément. Il est déjà un citoyen de Y ; il n’est pas encore pleinement intégré dans la société. Il doit beaucoup apprendre pour se sentir à l’aise et en sécurité, pour s’intégrer, maîtriser les codes de communication, les usages, l’humour. De même la transformation du nouveau converti est immédiate pour son statut d’enfant de Dieu, mais progressive dans sa mise en place.
Le croyant acquiert le salut dès le jour de sa conversion, mais c’est un nouveau-né spirituel. Il lui reste à grandir, à « mettre en œuvre son salut avec crainte et tremblement » (Phil 2.12) ; il est un disciple, autrement dit il commence un apprentissage. Il est débarrassé de la dictature de la nature humaine ; mais la grande mise à jour de son intelligence ne sera jamais achevée sur la terre.
Chacun garde donc des traces de sa nature humaine pécheresse. Ces traces varient d’un individu à l’autre, d’une communauté à l’autre, elles ont une grande influence sur nos raisonnements, nos analyses, nos décisions et nos choix. Elles biaisent ses capacités d’interprétation. L’action illuminatrice de l’Esprit en nous pour nous aider à comprendre la Parole de Dieu est souvent [parfois ?] entravée (cf. Éph 4.30 ; 1 Th 5.19). Nous peinons à saisir la pensée de Dieu par manque de spiritualité (cf. 1 Cor 3.1-3 ; Héb 5.11b-14).
2. Les parasites de l’interprète
Les traducteurs respectueux de la Bible maîtrisent bien les langues originales, se familiarisent avec le contexte historique et social, travaillent en équipe interculturelle, procèdent à de nombreux contrôles. Ils minimisent ainsi le risque d’erreur.
Le lecteur de la Bible est quant à lui davantage exposé aux risques d’erreur d’interprétation lorsqu’il cherche à comprendre le sens du texte au moment de sa rédaction et aujourd’hui. Cette personne ne dispose ni des moyens ni du temps pour explorer et vérifier toutes les pistes. Son interprétation du texte résultera donc d’un processus rapide et simplifié. Par ailleurs, elle va inconsciemment laisser des mécanismes psychologiques automatiques influencer ou orienter ses analyses et commentaires.
Ces mécanismes sont maintenant appelés « biais cognitifs » car ils biaisent la construction de nos connaissances. Citons quelques-uns d’entre eux qui affectent notre manière d’interpréter la Bible.
Biais liés à la personne
• L’aversion à la perte : je rejette une interprétation contraire à celle que j’ai défendue, du seul fait qu’elle remet en cause mon statut et ma crédibilité ; cela concerne particulièrement les sujets à charge émotionnelle élevée ou à valeur identitaire. C’était le cas des pharisiens qui refusaient les enseignements de Jésus car ils remettaient en cause leur place d’autorité.
• L’aversion au doute : je préfère affirmer une interprétation faiblement argumentée plutôt que me reconnaître en incapacité d’en fournir une.
• L’illusion du savoir : je surestime ma maîtrise d’un sujet ou je n’analyse pas spécifiquement une situation parce que je me contente de transposer une autre situation connue qui lui ressemble.
• L’insensibilité à des situations non vécues : je vais interpréter en fonction de mon vécu personnel seulement. Ainsi un jeune Européen imagine mal la détresse provoquée par une famine (Ruth 1.1) ou par une guerre (1 Sam 17.11).
• Le biais de croyance : le jugement sur la logique d’un argument est biaisé par la croyance en la vérité ou la fausseté de la conclusion, ou par les conséquences de cette conclusion. Par exemple, je vais rejeter tel argument pourtant logiquement fondé parce qu’il m’obligerait à changer une habitude que je veux conserver.
Biais liés au groupe
• L’attachement inconditionnel à un leader, à un enseignant ou à un groupe d’élite : tout ce que le leader ou le groupe dit est impossible à remettre en cause et seule son interprétation est recevable.
• Le biais de groupe : c’est la tendance à appuyer les idées du groupe auquel on appartient ou du leader auquel on se réfère, pour être bien intégré et valorisé. On refusera de remettre en cause une interprétation douteuse tenue par notre église locale car cela pourrait conduire à être marginalisé ou rejeté par elle.
• Le biais culturel : interpréter et juger des événements du passé à travers le filtre de nos références culturelles ou théologiques actuelles.
Par exemple, nous croirons voir de l’humour dans un texte biblique alors que les contemporains de l’auteur avaient probablement un humour différent du nôtre.
• L’effet de vérité illusoire : j’accepte une interprétation du simple fait que je l’ai déjà lue ou entendue, sans la vérifier soigneusement.
• L’effet de répétition : une interprétation entendue souvent et depuis longtemps paraît plus fiable qu’une autre plus récente.
Biais liés à la façon de lire la Bible
• Le biais de confirmation : c’est une attention particulière pour les textes qui appuient l’idée qu’on a déjà et une tendance à ne pas s’arrêter sur ceux qui semblent s’écarter de cette idée. Cela est proche des biais de statu quo (résistance de principe au changement, qui perturbe et menace) et de confirmation d’hypothèse (au cours d’une recherche, on privilégie les informations qui confortent l’hypothèse de départ).
• L’attachement à un code typologique rigide : par exemple, la mer est systématiquement interprétée comme désignant le monde, le levain comme représentant le péché — sans tenir compte du contexte et de la diversité des images bibliques.
• Le biais de l’unité biblique : on va extrapoler des transpositions de l’A.T. au N.T. sans tenir compte de la progression de la révélation et de la novation de la nouvelle alliance, en abusant de l’argument de l’unité de la Bible.
• Le biais rétrospectif : on juge des comportements ou des événements après coup, quand on connaît la fin de l’histoire. Par exemple, les interventions de Pierre dans les Évangiles vont être systématiquement interprétées de façon négative, sous prétexte qu’il a ensuite renié Jésus.
• La primauté donnée à l’émotion : je fais une lecture uniquement émotionnelle de la Parole, donc très superficielle et partielle : je retiens « ce qui me touche aujourd’hui », un mot, une expression.
3. Un cadre indispensable pour une bonne interprétation
En résumé, bien interpréter la Bible suppose :
• Une prière d’humilité demandant l’aide du Saint-Esprit.
• Une conviction ferme de l’inspiration divine de l’Écriture et donc de son autorité (2 Tim 3.16).
• Un examen honnête de soi-même (2 Cor 13.5) et le désir de se laisser examiner par Dieu (Ps 139.23-24) pour dépister autant que possible les « biais » qui faussent nos perceptions et analyses.
• Une vraie ouverture pour étudier et évaluer des interprétations différentes des miennes.
• Un peu de formation à l’herméneutique !
La mort, c’est l’état d’une personne qui a cessé de vivre. « Monsieur X nous
a quittés ». Où est-il ? Seule la Bible m’explique « l’au-delà ».
La mort, c’est aussi les derniers instants d’une vie et le deuil ; elle me
pose des questions d’ordre :
• éthique : peut-on pratiquer l’interruption volontaire de vie ?
• linguistique : pourquoi tant d’euphémismes pour désigner la mort ?
• pastoral : comment accompagner une personne endeuillée ou en
fin de vie ?
• philosophique : comment bien vivre… dans la perspective de la mort ?
• psychologique : comment vivre mon deuil ?
• relationnel : les vivants peuvent-ils communiquer avec les morts ?
• scientifique : la science peut-elle ralentir ou même supprimer le
vieillissement et la mort ?
• théologique : pourquoi la mort et ses souffrances si Dieu est amour ?
que se passe-t-il après la mort ?
L’approche théologique est naturellement privilégiée dans cette revue ;
plusieurs articles affirment la vérité face aux mensonges et aux erreurs.
Mais d’autres articles nous préparent à réagir avec sagesse si la mort et
le deuil deviennent une douloureuse réalité toute proche.
Une certitude demeure : la mort est vaincue, l’enfant de Dieu a la vie
éternelle !
« Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort ».
(1 Cor 15.26 ; cf. 1 Jean 5.13)
Étendant la main sur ses disciples, [Jésus] dit : Voici ma mère et mes frères (Mat 12.49).
Un jour, la mère et les frères de Jésus le font appeler pour qu’il les rejoigne, à l’écart de la foule qu’il enseigne.
Jésus répond par un geste et une parole :
- « Étendant sa main sur ses disciples… » : ce geste ressemble à celui d’un chef d’orchestre au moment des applaudissements à la fin d’un concert ; il étend son bras successivement vers plusieurs musiciens ou solistes. Par ce geste il les honore, il valorise leur contribution au concert, il se montre fier et heureux d’être leur chef. En étendant sa main, Jésus désigne et honore publiquement ceux qui comptent le plus pour lui : ses disciples.
- « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (v.50). Pour Jésus, ses disciples ne sont pas que des collaborateurs, des assistants. Ils sont ses véritables proches ; ils sont unis par un lien intime d’affection et de confiance, ils partagent leur quotidien. En disant « quiconque », il nous offre aussi le même honneur : nous regarder et nous présenter comme ses proches.
Cet épisode touchant révèle la nature profonde de la relation disciple-maître : le disciple est déterminé à faire la volonté du Père ; le maître considère son disciple comme son vrai proche, son ami, son confident.
Quel honneur pour nous, disciples ; quel exemple pour nous, formateurs de disciples !
La Bible utilise de nombreux termes pour désigner le chrétien.
Chacun de ces termes révèle un appel ou une bénédiction de Dieu pour vous.
Chacun a une saveur particulière…
Bonne dégustation !
Ambassadeur : représentant personnel de Dieu pour annoncer le message de la réconciliation ; il peut être mal reçu, parfois même emprisonné (Éphésiens 6.20).Ambassadeur : représentant personnel de Dieu pour annoncer le message de la réconciliation ; il peut être mal reçu, parfois même emprisonné (Éphésiens 6.20).
» Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! « (2 Cor 5.20)
Athlète : sportif qui se soumet à un régime et s’entraîne pour être un vainqueur ; il respecte les règles de sa discipline.
Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter. Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible (1 Cor 9.24-25 ; cf. 2 Tim. 2.5)..
Bien-aimé : aimé d’un amour profond. Jésus est le bien-aimé de Dieu (Marc 1.11) ; de même, les croyants sont les bien-aimés de Dieu (Rom 1.17) et d’autres croyants (Rom 12.19).
Chrétien : surnom attribué aux disciples à Antioche, car ils se réfèrent toujours à leur maître, Christ.
C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. (Act 11.26 ; cf. Act 26.28 ; 1 Pi 4.16)
Citoyen des cieux : homme libre qui jouit du droit de cité, respecte ses lois et est protégé par elles.
Mais nous, nous sommes citoyens des cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ (Phil 3.20).
Disciple : personne en formation-apprentissage, attachée à un maître (disciple du Seigneur, Act 9.1). La marque des vrais disciples : l’amour entre eux (Jean 13.35). Un disciple a pour but de faire d’autres disciples (Mat 28.19-20). N.B. : le mot est employé dans les Évangiles (surtout pour les apôtres) et dans Actes (pour tous les croyants).
Les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit (Act 13.52).
Élu : choisi, pris parmi, retenu, (toujours de façon positive). Mot employé pour Jésus (élu de Dieu, Luc 23.35), pour les anges (1 Tim 5.21), pour l’église (1 Pi 2.9) et pour les croyants.
Exprime une faveur et une relation spéciales qui valorisent celui qui est « élu » aux yeux de Dieu.
Comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience (Col 3.12).
Enfant : 1. enfant de Dieu : qui a un lien affectif avec Dieu, nourri et protégé par son « papa », proche de lui, héritier.
2. enfant « spirituel », comme Timothée (1 Tim 1.2), Tite (Tite 1.4), Onésime (Phm 10) pour Paul.
3. personne jeune dans la foi (1 Jean 2.1,12,13).
4. groupe d’âge faisant partie de l’église, auquel Paul s’adresse directement (Éph 6.1 ; Col 3.20).
Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes (1 Jean 3.1 ; cf. Phil 2.15 ; 1 Thes 5.5).
Étranger et voyageur : il n’appartient pas au système du monde, il est seulement « en transit » sur la terre car il est citoyen des cieux.
» Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme » (1 Pi 2.11)..
Fils : il a un lien juridique de filiation avec son Père ; titre de Jésus que Dieu veut nous conférer.
Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu (Gal 4.6-7 ; cf. Rom 8.15).
Frère : membre d’une famille ayant le même Père, le même type « ADN », les mêmes valeurs, le même héritage ; le mot suggère la proximité, l’amour, le respect, la solidarité, le partage. Jésus nous appelle « ses frères » (Mat 12.49, 28.10 ; Jean 20.17 ; Héb 2.11).
Frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix ; et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous (2 Cor 13.11).
Héritier : le Père veut partager avec lui sa maison, sa gloire, ses richesses.
Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui (Rom 8.17 ; cf. Gal 4.7).
Laboureur : il travaille dur maintenant mais sait attendre patiemment la future récolte.
Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison (Jac 5.7).
Membre du corps : il est intégré dans l’église, celle-ci étant comparée à un corps dirigé par la tête (Christ). Chacun(e) est un membre, ayant reçu un rôle spécifique et complémentaire du rôle des autres.Membre du corps : il est intégré dans l’église, celle-ci étant comparée à un corps dirigé par la tête (Christ). Chacun(e) est un membre, ayant reçu un rôle spécifique et complémentaire du rôle des autres.
Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part (1 Cor 12.27).
Ouvrier : il est occupé dans « les bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Éph 2.10).
Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité (2 Tim 2.15).
Sacrificateur : il apporte à Dieu quelque chose qui l’honore : vie transformée (Rom 12.1), louange, offrandes, bienfaisance.
Par [Christ], offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir (Héb 13.15-16).
Saint : il est purifié, mis à part pour Dieu ; c’est le résultat de l’œuvre de Christ et non de ses efforts.
C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes (Héb 10.10).
Sel et lumière : il donne une bonne saveur, conserve, et repousse les ténèbres.
Vous êtes le sel de la terre […] Vous êtes la lumière du monde (Mat 5.13…14 ; cf. Éph 5.8).
Serviteur (esclave) : il est entièrement au service de Dieu. Titre attribué à Christ (Act 3.13 ; 4.27,30 ; Phil 2.7), Paul (Rom 1.1), Pierre (2 Pi 1.1), Jacques (1.1), Jude (1.1), David (Act 4.25), Moïse (Héb 3.5). Il est aussi au service des autres (2 Cor 4.5 ; Gal 5.13).
» Agissant comme des serviteurs de Dieu » (1 Pi 2.16).
Soldat-combattant : il combat le vrai ennemi avec les bonnes armes, sans se laisser distraire (Éph 6.11-17 ; cf. 2 Cor. 10.4).
Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé (2 Tim 2.3-4).
Témoin : il transmet avec la puissance de l’Esprit ce qu’il a lui-même vu, entendu ou expérimenté.
Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Act 1.8).
Les mots disciple et discipline appartiennent au vocabulaire courant. Leur ressemblance révèle une origine commune, ils sont donc de la même famille ; mais la relation entre eux n’est pas claire.
De plus discipline désigne ou bien une matière étudiée (l’histoire, la biolo-gie…) ou bien une règlementation très cadrante des comportements, ap-puyée sur des mesures… disciplinaires. Notre recherche généalogique porte sur deux lignées de cette grande fa-mille : la lignée du français et la lignée de la langue du N.T.
La famille française
1. L’ancêtre (discere) est un verbe latin qui signifie apprendre, étudier, s’instruire.
2. Son premier enfant (discipulus-disciple) est un nom qui désigne celui qui apprend, étudie, s’instruit.
3. Son deuxième enfant (disciplina-discipline) a une histoire riche en rebondissements :
→ action d’apprendre, étudier (sans descendant en français) ;
→ contenu de cet apprentissage (d’où le sens de matière, branche) ;
→ méthode et organisation pour acquérir cet apprentissage, éducation (d’où le sens de discipline personnelle, informelle) ;
→ règle de vie et de travail codifiant la méthode (d’où le sens de règlement plus ou moins rigou-reux dans une collectivité) ;
→ sanction appliquée en cas de non-respect des règles (d’où le sens de punition).
4. Un petit dernier très récent serait « discipulat » (ou : « discipolat »). Il n’est pas encore enregistré dans l’état-civil des dictionnaires courants. Mais il a une identité bien affirmée : il désigne une formation intentionnelle et structurée de disciples.
La famille du Nouveau Testament
L’ancêtre (manthano) est aussi un verbe qui signifie apprendre. Les croyants apprennent Christ (Éph 4.20) ; Paul encourage les Philippiens à pratiquer ce qu’ils ont appris de lui ; il fixe un objectif à Tite pour les croyants de Crète : « Il faut que les nôtres aussi apprennent à exceller dans les belles œuvres » (Tite 3.14 – NBS).
Le descendant le plus connu (mathétès) de cet ancêtre désigne celui qui apprend, qui est en formation ou en apprentissage. Ce mot est traduit par « disciple » dans nos bibles. Le mot est employé surtout pour l’entourage du Seigneur ; mais il peut aussi désigner l’entourage de Jean Baptiste ou celui des Pharisiens (Marc 2.18), qui eux-mêmes se considèrent disciples de Moïse (Jean 9.28).
Un descendant moins connu est un verbe (mathèteuo). Employé à la voix active, il signifie « faire disciple » (Mat 28.19; Act 14.21), ou bien « être activement disciple » (Joseph d’Arimathée, Mat 27.57). Employé à la voix passive, il semble indiquer le fait qu’une personne a été enseignée (Mat 13.52).
Notons que cette famille du Nouveau Testament ne comprend aucun membre évoquant les notions de méthode, règle ou sanction ; bien entendu ces notions existent mais elles sont exprimées par des mots appartenant à d’autres familles. Nous avons sans doute tendance à associer disciple et discipline car nous sommes influencés par l’usage du français. Mais le Nouveau Testament insiste seulement sur le fait que la conversion est le début de toute une vie d’apprentissage, de formation, de croissance.
Une famille inégalement répartie inégalement répartie dans le territoire du N.T.
Le verdict des concordances est catégorique : le mot disciple n’apparaît que dans les Évangiles et dans le livre des Actes. Paul faisait des disciples (Act 14.21) et pourtant il n’emploie jamais ce mot dans ses lettres. C’est surprenant et même un peu déroutant : ce terme « disciple » a été fortement validé par « la grande mission » exprimée par le Seigneur (Mat 28.20) ; pourquoi est-il totalement absent dans les lettres du N.T. ?
À défaut d’explication forte, voici une remarque. Les mots employés dans les lettres (frères, bien-aimés, enfants de Dieu, fils de Dieu, saints) mettent en évidence le résultat de l’œuvre et de la grâce de Dieu : la nouvelle identité du croyant, sa relation étroite avec le Père, son intégration dans le corps de Christ (l’Église) et ses liens avec ses frères et sœurs. Cette identité est garantie par l’œuvre de Christ. Comment passer de l’état de nouveau-né spirituel à l’état adulte ? (Éph 4.13, NBS) C’est un processus de croissance, d’apprentissage, c’est la vie de disciple ! Mais Paul et les autres auteurs de lettres n’utilisent pas le mot disciple qui rappelle notre statut d’apprentis. Ils emploient les termes qui définissent notre nouvelle identité, ce que nous sommes déjà pleinement pour Dieu !
Notre Dieu et Père… » Nous utilisons parfois cette expression en commençant nos prières. Elle est certainement juste, car elle se trouve dans la Bible (Phil 4.20 ; 1 Thes 3.11 ; 2 Thes 2.16).
Elle nous est familière, elle nous paraît naturelle, allant de soi. Mais elle est tout sauf banale ! Elle exprime la richesse de la relation entre nous et celui auquel nous parlons. Il est à la fois notre Dieu (le maître de l’univers qui a aussi toute autorité sur nous) et notre Père (celui qui nous aime et
s’occupe de nous), comme il a été Dieu et Père pour le Seigneur (Jean 20.17).
En fait cette expression très courte n’est pas seulement une formule respectueuse mais un peu rituelle pour commencer une prière. Ces quatre mots ont un sens étonnant et merveilleux : le grand Dieu souverain est mon Père, il est le Père d’une nombreuse famille de frères et sœurs !
1. Notre Père, le grand Dieu souverain
Le chrétien a un statut extraordinaire : il est enfant de Dieu, fils ou fille de Dieu. « Enfant » souligne l’aspect affectif et sentimental ; le mot évoque la relation très proche, la liberté d’accès, la confiance, l’intérêt et l’amour de l’un pour l’autre, la protection du père. « Fils » met en évidence l’aspect légal de la relation, l’adoption, le statut d’héritier, la soumission à une autorité paternelle bienveillante. On aurait pu s’attendre à trouver des expressions plus « logiques » comme « enfant du Père » et « fils de Dieu ». Le verset suivant nous montre que l’amour du Père nous fait enfants de… Dieu : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » (1 Jean 3.1)
● « C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (Rom 11.36).
● « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant » (Apoc 1.8).
● « Le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (1 Tim 6.15).
Il détient donc sans partage autorité, pouvoir et puissance, de manière absolue et éternelle, dans l’univers physique et dans l’espace spirituel.
2. Comment peut-il être vraiment Dieu et vraiment Père ?
Détenir un pouvoir absolu et agir avec un amour extrême, est-ce possible ?
L’histoire humaine en ferait sérieusement douter ! Mais Dieu en est capable car son autorité est empreinte de sagesse, de parfaite connaissance, de justice et d’amour :
● « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.39).
● « À Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles par Jésus-Christ ! » (Rom 16.27).
● « L’Éternel est miséricordieux et juste, notre Dieu est plein de compassion » (Ps 116.5).
Il n’est pas Dieu à certains moments et Père à d’autres : il est en même temps Dieu et Père.
3. Reconnaître l’autorité de Dieu
3.1. Une comparaison
Dans des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, des foules se pressent pour acclamer leur reine ou leur roi lors de grandes cérémonies officielles. Les monarques représentent leur nation ;
leurs portraits sont dans les établissements publics, sur les billets et pièces de monnaie ; on publie des livres et des articles sur eux.
Mais leur nation ne leur reconnaît aucun pouvoir réel dans leur royaume, aucune autorité sur leurs
sujets. Les applaudissements expriment un attachement affectif, pas un engagement à respecter
leur autorité.
Cet exemple devrait nous faire réfléchir : le chrétien parle de Dieu, chante sur Dieu ; il participe à des rencontres d’adoration ou de prière ; il réfléchit, lit, étudie, partage, débat, enseigne sur Dieu ; il se donne de la peine pour le servir. C’est très bien… s’il est profondément imprégné de la grandeur, de l’autorité et de l’amour de Dieu. Sinon la vie chrétienne personnelle et la vie de l’église
tendent à devenir du « folklore », un attachement affectif et verbal au Père bienveillant sans réelle soumission envers le Dieu saint.
3.2. Connaître Dieu pour reconnaître son autorité
La création, la Parole, l’Esprit Saint et l’expérience de la foi nous révèlent la grandeur de Dieu :
● « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages » (Rom 1.20).
● « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).
3.3. Résister au diable qui veut nous détourner de Dieu et du Père
Satan veut toujours voler, tuer, détruire (Jean 10.10) en mettant en doute l’autorité de la Parole de Dieu ; il nous incite à négliger la gloire et la sainteté de Dieu.
Il essaie également de nous faire douter de la promesse qui nous réconforte et nous tire vers le haut : « Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant » (2 Cor 6.18).
4. Dieu et Père : un modèle pour nous
Dieu délègue son autorité dans l’entreprise ou dans l’administration, dans l’église et dans la famille. Être enseignant dans une classe, « berger » dans une église ou « chef de famille », c’est une bénédiction et un honneur. Je suis alors un représentant ou un délégué de Dieu ; je bénéficie donc de son appui. Mon but n’est pas d’imposer mon autorité, mais d’agir comme délégué du Père pour aider, protéger, stimuler, former, relever si nécessaire ; avec précision, clarté, cohérence et justice.
En conciliant l’autorité nécessaire à la fonction et l’amour d’un père ou d’une mère ! ■
Pour aller plus loin… 1. « Notre Dieu notre Père… » : imaginez que demain vous entendez votre ami(e) commencer une prière ainsi. Quelles réflexions avez-vous envie de partager avec lui ou elle ? 2. Comment profiter de ma liberté d’enfant de Dieu et en même temps montrer mon respect pour son autorité ? 3. Essayez de transposer ce modèle d’autorité paternelle pour vous, ou pour un parent d’enfant, une cheffe d’équipe, un enseignant… 4. Quand on témoigne de sa foi devant un non-croyant, faut-il parler de l’amour du Père et/ou de l’autorité de Dieu ? 5. Le Seigneur parle du Père une cinquantaine de fois dans l’Évangile selon Jean. Que nous révèlent ces textes sur le Père, au-delà de l’aspect affectif ? Étudiez particulièrement : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20.17). |
Couper momentanément le son d’un discours télévisé permet de se concentrer sur le langage non-verbal de l’orateur. Ce langage muet a en effet autant d’impact sur l’auditeur que le langage audible.
Couper momentanément le son d’un discours télévisé permet de se concentrer sur le langage non-verbal de l’orateur. Ce langage muet a en effet autant d’impact sur l’auditeur que le langage audible. Couper « le son théologique » de la lettre de Paul (juste le temps d’un article) nous permettra de nous concentrer sur son auteur, son attitude, sa relation avec ses lecteurs, sa pédagogie, ses émotions.
La communication de Paul est un message en soi !
Une communication fondée sur une relation bien établie
Les croyants de Corinthe connaissent bien celui qui leur adresse cette lettre. C’est celui qui leur a apporté l’évangile et a séjourné chez eux 18 mois (Act 18.1-17). La plupart d’entre eux gardent le souvenir d’un homme sans prétention, assez humble pour exercer un travail manuel, qui s’effaçait pour faire ressortir uniquement la sagesse et la puissance de Dieu (2.1-5). Il leur a écrit (5.9), puis a envoyé Timothée (4.17) pour prendre des nouvelles d’eux. À leur tour, ils lui ont écrit pour lui poser des questions.
Cette lettre s’inscrit ainsi dans une relation personnelle bien établie. Paul peut leur rappeler son autorité d’apôtre sans être accusé d’ingérence autoritaire ou méprisante. Il agit comme un père envers ses enfants bien-aimés (4.14-15) : il les aime, donc il veut le meilleur pour eux.
C’est donc tout naturellement que Paul s’identifie souvent à ses destinataires : il emploie le « nous » une cinquantaine de fois.
Une communication fondée dans la bienveillance
La bienveillance apparaît sous au moins trois formes :
L’amour : Il agit comme un père envers ses enfants bien-aimés (4.14-15). Mais il les appelle aussi « frères », pour ne pas se mettre au-dessus d’eux.
La reconnaissance : Il loue Dieu continuellement pour ce qu’il fait en leur faveur (1.4) et continuera de faire (1.8) jusqu’à les rendre irréprochables. Les Corinthiens ne sont pas « son projet » mais celui de Dieu ; et Dieu est fidèle. Son but n’est pas moins que les amener à « la communion de son Fils » (1.9).
La confiance : savoir que Dieu agit, remplit Paul de confiance, sans l’empêcher de constater les erreurs de ses « enfants bien-aimés ». Il garde ainsi une haute appréciation de leur appel et de leur potentiel (1.5-7).
Paul a entendu des nouvelles attristantes et inquiétantes : des divisions apparaîtraient dans l’église (11.18). Sa bienveillance ne l’amène pas au déni mais à la prudence : « Je le crois en partie ». Il prend soin de citer discrètement sa source (1.11) : pas de dénonciation anonyme !
Une communication fondée sur le respect et l’exemplarité
Paul exprime plusieurs fois son respect envers ses interlocuteurs et leurs capacités :
« En lui vous avez été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance. » (1.5)
« Nous savons que nous avons tous la connaissance. » (8.1)
« Je parle comme à des hommes intelligents ; jugez vous-mêmes de ce que je dis. » (10.15 ; cf. 11.13 ; 14.20)
Paul a utilisé le même mot mais de façon ironique (« vous êtes sages/intelligents en Christ », 4.10). Ainsi il rejette l’intelligence qui prétend se justifier elle-même, mais il fait appel à l’intelligence des Corinthiens pour comprendre et juger son argumentation. Il donne des critères de décision (8.9-13) mais respecte leur liberté de décider au cas par cas (10.27).
En contrepartie Paul veille à être crédible en maintenant une exemplarité sans faille, toujours conscient de la grâce de Dieu envers lui (10.8-10).
Une communication fondée sur une pédagogie participative
Paul ne donne pas un cours magistral. Il prend à témoin ses interlocuteurs, s’appuie sur leurs acquis, les fait réfléchir. La lettre est ainsi parsemée de presqu’une centaine de questions, pour que les réponses viennent d’eux et non pas de lui. Certaines sont particulièrement fortes (10.22).
Une expression revient une dizaine de fois : « ne savez-vous pas que… ? » Il fait appel à leur savoir « spirituel » (3.16 ; 6.2-19) ; mais aussi à leur savoir très terre-à-terre concernant les propriétés du levain (5.6) ou le règlement des compétitions sportives (9.24).
Une communication ancrée dans la réalité
Paul n’est pas dans la théorie abstraite. Il traite de situations réelles, répond à des questions précises. Il cite des noms (1.12), mentionne des cas probablement identifiables (5.1), fait allusion au contexte religieux (10.19-20), parle de shopping (10.25-26) et de vie sociale (10.27-28). Il décrit en détail leur manière de prendre le repas du Seigneur. Il montre ainsi aux Corinthiens qu’il les a écoutés et compris mais aussi qu’il est bien au courant de leur vie d’église ; il leur répond d’une façon spirituelle mais pertinente par rapport à leurs préoccupations. Quand il leur parle de l’idolâtrie, il leur fait « visualiser » deux tables qu’ils connaissent bien : celle du repas du Seigneur et celle du repas des idoles-démons : l’incompatibilité de ces deux situations opposées devient évidente. Il utilise des exemples de la vie courante : planter-arroser, construire une maison, participer à une compétition sportive, etc.
Une argumentation fondée sur les Écritures
Sur la question des viandes sacrifiées aux idoles, Paul aurait pu répondre par quelques versets bien choisis de l’A.T. sur les images taillées ou les idoles, et rappeler l’injonction du « concile de Jérusalem » (Act 15.20,29). En ajoutant quelques mots d’avertissement, il aurait apporté une réponse simple et catégorique. Pourquoi prend-il la peine d’écrire trois chapitres entiers sur ce point, pour finalement ne pas répondre clairement par OUI ou par NON ? Voici quelques éléments de réponse possibles.
On pose une question à Paul ; il répond de façon personnelle et personnalisée.
La question est posée dans un certain contexte ; sa réponse tient compte de ce contexte.
Il reconnaît la difficulté des problèmes posés, comprend les arguments des uns et des autres même s’il ne partage pas leurs conclusions.
Il tient à développer les différents enjeux sous-jacents de la question de ces viandes provenant de sacrifices à des idoles : l’impact sur les frères, l’arbitrage entre liberté individuelle et la responsabilité collective, l’incohérence d’une double loyauté affichée même si non réelle, et surtout le manque de respect outrageant envers le Seigneur. Ainsi la réponse n’est pas un avis « ex cathedra » de Paul mais une démonstration argumentée et convaincante.
Il se réfère à l’A.T. mais pas en citant un commandement. Il rappelle deux épisodes tragiques de l’histoire du peuple israélite (Ex 32 et Nom 25). Ce peuple recevait de Dieu un aliment et un breuvage spirituels. Il a voulu aussi s’asseoir pour manger et pour boire autre chose. La suite : il s’est levé pour se divertir (dans l’immoralité sexuelle) et est tombé dans l’idolâtrie. Cela a provoqué l’indignation de Dieu et entraîné un terrible châtiment. Paul ne se contente pas de réaffirmer un commandement ; il décrit les conséquences d’une désobéissance sur ce point. Des personnes intelligentes comme les Corinthiens ne peuvent que souscrire à la conclusion : « fuyez l’idolâtrie ».
Pour l’immoralité, Paul ne dit pas que c’est interdit. Il rappelle que « votre corps est le temple du Saint-Esprit » (6.19). De même pour la question des procès entre chrétiens, il met en avant le fait que les saints jugeront le monde (6.2). Aux corinthiens d’en tirer les conclusions.
Ainsi Paul cite les Écritures mais sans être légaliste, il fait réfléchir mais sans tomber dans une philosophie dénuée de fondement solide. Il ne donne pas une réponse sèche et autoritaire : il mobilise les capacités intellectuelles et spirituelles de ses frères. Ils vont le suivre dans ses conclusions par conviction personnelle et pas seulement par soumission.
Une communication qui utilise l’émotionnel… sans en abuser
Paul est apôtre et théologien, mais il a un cœur de père, il est animé par un fort sentiment de la grandeur de Dieu. On le sent tour à tour passionné (6.19-20), enthousiaste (15.51), ému (10.20-22), affectionné (4.14), triste (3.1) indigné (5.1-5).
Paul est ainsi transparent dans ses émotions mais il reste dans une démarche spirituelle. Il veut convaincre et pas séduire ou manipuler.
Sa description de l’amour (13.1-7) est très touchante. Mais sa priorité n’est pas d’éviter à tout prix les « émotions négatives » : la priorité est une juste appréciation de la réalité et de la vérité. C’est parfois un moment difficile mais indispensable pour progresser. Si nécessaire, il « appelle un chat un chat » (3.1-3 ; 6.9-11) et il pousse à une douloureuse prise de conscience : la honte (au sens de confusion momentanée ; 6.5 ; 15.34) qui permet de sortir d’une impasse11.
Conclusion
Fermeté et clarté, mais avec amour, respect et empathie : ces mots évoquent quelques aspects de la communication de Paul dans cette lettre.
Cette attitude provient avant tout des motivations profondes du communicant : amour pour Dieu, amour pour les destinataires, humilité. Mais elle se perfectionne avec l’expérience. Un message est pertinent et recevable seulement s’il est émis par une personne crédible et bienveillante, avec une vraie ouverture et de cœur et d’esprit envers les destinataires.
Cette attitude est particulièrement nécessaire en cas de décalage générationnel, culturel ou spirituel : communiquer avec des gens différents demande toujours de la bienveillance, de l’humilité, une écoute attentive, une capacité à percevoir le contexte de l’autre. La méthode interactive a un énorme avantage : le destinataire participe à l’élaboration du message, il se l’approprie plus facilement.
« Nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. » (2.13)
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