PROMESSES

Jean Hoffmann (1925-2002) fut pendant plus de 40 ans pasteur dans des églises évangéliques en France et en Suisse ; il fut aussi rédacteur de la revue La Bonne Nouvelleet chargé de cours de formation dans des églises et dans divers instituts bibliques. Le texte qui suit est extrait de la collection de courts messages intitulée Points de repères (Éd. Farel, F-77421 Marne-la-Vallée et Éd. Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1996).

« Il y a autant de points de vue qu’il y a de gens » dit-on ! Il est évident que notre origine, nos tendances, notre éducation et nos connaissances, forcément imparfaites, nous amènent à considérer les choses dans telle ou telle optique. Nous nous plaçons ainsi à un point de vue personnel d’où nous voyons tout à notre manière. Mon point de vue n’est donc pas nécessairement le point culminant d’où l’on aurait la meilleure vue ou qui donnerait l’image la plus fidèle des réalités environnantes.

Trompés par nos préjugés, nos partis pris et nos faux raisonnements, nous manquons souvent d’objectivité, de clairvoyance et de précision. Chacun examine les mêmes phénomènes d’un autre côté et l’on aboutit à des vues divergentes. Il est vrai qu’un chat doit paraître fort petit aux yeux d’un éléphant, tandis que ce même chat donnera une tout autre impression à une souris ! C’est ainsi que tout est relatif et que certains en ont déduit qu’il n’existait pas de vérité absolue. La découverte d’Einstein semble même prouver la relativité de la notion du temps alors que pour le commun des mortels rien n’était aussi sûr et précis qu’un chronomètre suisse ! Or, voici que le temps même a quelque chose d’illusoire et l’on croit comprendre que pour Dieu il n’existe qu’un éternel présent puisqu’il est celui qui s’appelle : « Je suis » (Ex 3.14).

Il serait pourtant très faux et fort imprudent de vouloir appliquer cette notion de relativité aux vérités spirituelles qui nous ont été révélées par les Saintes Écritures, pour en arriver à croire que rien n’est sûr, que tout est sujet à caution et qu’on ne peut jamais être affirmatif en matière de foi. Non, il faut tout simplement s’en tenir à ce qui est écrit et éviter de s’engager sur les sables mouvants des spéculations humaines, fussent-elles théologiques. Dieu n’est pas un Dieu de confusion. Tout ce que l’on dit à son sujet n’est pas également vrai et juste. Tous les chrétiens n’ont pas raison quand ils affirment des choses contradictoires. Seul le point de vue de Dieu est juste et il importe que nous l’adoptions. Ce qu’il nous faut redouter le plus, c’est d’être en désaccord avec Dieu.

Mais comment connaîtrons-nous le point de vue de Dieu ? Ce n’est certes pas un lieu que l’on puisse fixer selon la longitude et la latitude ! L’Éternel disait un jour à Moïse : « Voici un lieu près de moi, tu te tiendras sur le rocher. » (Ex 33.21) Cette invitation demeure spirituellement valable pour nous. Plus nous nous tiendrons près de Dieu sur le rocher qui est Christ, mieux nous verrons les choses comme il les voit. Et s’il nous paraît impossible de nous hisser nous-mêmes à une telle altitude spirituelle, disons avec David : « Conduis-moi sur le rocher que je ne puis atteindre. » (Ps 61.3) C’est une position élevée réservée à ceux qui sont assez humbles pour reconnaître que leurs points de vue sont faux et qui sont disposés à se laisser instruire et conduire par la Parole et par l’Esprit de Dieu.

Sommes-nous vraiment de ceux-là ?

 

Écrit par


Paru dans La Bonne Nouvelle 3/95

La «bénédiction de Toronto» est apparue pour la première fois le 20 janvier 1994 dans l’église charismatique Vineyard de Toronto (Canada) (2) d’où elle s’est répandue comme une traînée de poudre jusque dans nos régions. Les personnes touchées par cette «bénédiction» tombent à terre dans un état de transe, tremblent, gémissent, poussent des cris d’animaux, piquent des crises de fou rire ou des crises de larmes du genre hystérique, le tout étant mis au compte du Saint-Esprit et présenté comme le commencement d’un réveil mondial. On parle à ce sujet d’«ivresse de l’Esprit», de «repos dans l’Esprit», de «vin nouveau», ou encore de «l’heure venue pour l’Eglise de préparer son nouveau mariage avec le Seigneur»! On cite des témoignages de personnes décla rant avoir senti une paix intérieure les envahir, mais on passe volontiers sous silence les cas graves de troubles d’ordre psychique et physique qui en sont résultés pour certains. Il en est qui sont restés pendant plusieurs jours aveugles ou muets. A Orbe(Vaud, Suisse) un pasteur réformé a appliqué à son groupe de jeunes les principes de la «bénédiction de Toronto», ce qui a eu pour effet de provoquer chez ces enfants et adolescents, plusieurs jours de suite pendant les heures de classe, un étrange état d’ivresse accompagné de tremblements (3). Ailleurs, d’autres ont souffert d’insomnies et ont éprouvé de terribles frayeurs nocturnes (4). Sans parler de la confusion, des discordes et des divisions que ladite «bénédiction» a causées en divers lieux. On s’est rendu de partout à Toronto chercher cette «bénédiction» et de nombreuses églises en Europe et dans le monde en ont ainsi été atteintes. Il s’agit manifestement d’une excitation psychique de personnes qui se livrent volontairement à une influence ou à une emprise qui leur fait perdre leur maîtrise d’eux-mêmes.

Quelles réactions provoqua cette «bénédiction» ?

La direction de l’«Alliance des églises évangéliques libres» d’Allemagne, dont font partie les églises baptistes allemandes, a publié une déclaration se rapportant à cette «bénédiction de Toronto». Tout en reconnaissant que les églises auraient besoin d’un renouveau spirituel, les auteurs de ce document déclarent que les phénomènes précités ne peuvent pas être considérés comme des manifestations du Saint-Esprit, car ils ne se situent pas dans l’ordre de ce qui est décrit et promis dans les Ecritures comme actions du Saint-Esprit. Aussi, ajoutent-ils, sommes-nous tenus d’examiner toutes choses ( 1 Thes 5.21) et à éprouver les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu (I Jean 4.1) (5). Des réactions et des mises en garde semblables ont été enregistrées ici et là.

Comment cherche-t-on à crédibiliser ces phénomènes?

D’autres personnes et milieux, surtout charismatiques, apostoliques évangéliques, certains pentecôtistes (IBETO) (6) et même des réformés, sont favorables à ces singularités, parce qu’ils pensent y trouver un renouveau spirituel. Aussi cherchent-ils à les justifier bibliquement par des interprétations souvent fort douteuses. C’est ainsi qu’au sujet du fou rire et des crises de larmes collectifs on fait référence à un verset de l’Ecclésiaste qui dit: Il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer (3.4), comme si un tel texte extrapolé pouvait honnêtement s’appliquer aux phénomènes en question (7).

Tel pasteur (8) tente aussi de «blanchir» ces étranges manifestations en les rapprochant, par exemple du cas déplorable de Saül se mettant subitement à prophétiser, puis à se jeter un jour et toute une nuit nu aux pieds de Samuel (I Sam 19.24). L’exemple nous semble mal choisi, car même si momentanément l’Esprit de Dieu fut sur Saül, l’Eternel a manifestement voulu ainsi l’empêcher de poursuivre et de tuer David. On sait par ailleurs que Saül s’était déjà détourné de l’Eternel (1 Sam 15.10), que I ‘Esprit du Seigneur s’était retiré de lui et qu’un mauvais esprit l’avait saisi. Il eut des accès de délire (I Sam 18.10) et de colère meurtrière, vouant à David une haine implacable. Il se livra au spiritisme en faisant invoquer par la magicienne d’En-Dor l’esprit d’un défunt (1 Sam 28.7-20), ce que l’Ecriture condamne formellement (Lév 19.31), et sa triste vie s’acheva par son suicide (1 Sam 31.4). Son cas prouve plutôt le contraire de ce à quoi on voudrait le faire servir. Saül fut l’objet d’une malédiction et non d’une bénédiction divine. Le même frère fait aussi allusion à la Pentecôte, où des gens du peuple, entendant les premiers chrétiens parler en diverses langues connues, supposèrent qu’ils étaient ivres (Act 2.13). Il n’est pourtant pas dit que ces chrétiens tombèrent par terre en poussant des gémissements et des hurlements et qu’ils furent saisis de crises de larmes ou de fou rire! Il cite encore Saul de Tarse, interpellé par le Seigneur et inondé de lumière, tombant par terre et frappé de cécité pendant plusieurs jours (Act 9.4-9). Il s’agit là de toute évidence d’une intervention divine, non recherchée et exceptionnelle, que vécut ce persécuteur des chrétiens en vue de son futur apostolat. Nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament semblable expérience ne s’est reproduite. Elle ne saurait par conséquent servir de précédent ou de modèle à imiter pour notre temps. Mais c’est pourtant ainsi que l’on cherche à authentifier ces ahurissants phénomènes collectifs actuels en essayant de les comparer à des cas ou à des événements bibliques extraordinaires qui ont été conditionnés pas des situations historiques uniques.

Jean-Claude Chabloz, pasteur d’une église évangélique apostolique et président de la «Fédération romande des églises et oeuvres évangéliques» (Suisse) a écrit:«La petite église Vineyard de Toronto a certainement été choisie par Dieu pour servir de base à un renouveau de l’Eglise dans le monde entier» (9).

Conclusion

Heureusement que des chrétiens sérieux ont réagi et d’autres réactions sont en préparation au moment où nous écrivons ces lignes. On constate:
-que ces exaltations sont plus psychiques que spirituelles et non soumises au seul critère de la Parole de Dieu,
-que toute critique justifiée est généralement rejetée et toute opposition exclue par ceux qui sont pris dans ce courant,
-que les manifestations spectaculaires de ce genre s’estompent généralement au bout d’un certain temps et que ceux qui prennent alors conscience des aberrations dont ils ont été les victimes en reviennent désabusés,
-une mise en garde nous semble donc absolument nécessaire pour freiner ce dérapage qui ne saurait qu’augmenter la confusion parmi les évangéliques et profiter à l’adversaire de nos âmes.

Nous n’avons pas besoin de la «bénédiction de Toronto» pas plus que d’une bénédiction qui viendrait de Jérusalem, de Rome ou de Genève. Il nous faut la bénédiction du Seigneur et sa protection contre toutes les séductions de la fin des temps (Mat 24.11). Il est profondément regrettable que des responsables évangéliques bien connus se prononcent en faveur de cette «bénédiction de Toronto» et qu’ils s’en fassent les propagateurs. Recevons plutôt la bénédiction du Seigneur: Que l’Eternel te bénisse, et te garde! Que l’ Eternel fasse briller sa face sur toi et t’accorde sa grâce! Que l’Eternel lève sa face vers toi et te donne la paix! (Nom 6.24)

J.H.
Notes:
(1) Voir la B,N. 2/95 p. 24.
(2) Cette Eglise tut fondée autour de 1980 par John Wimber. Des milliers d’églises auraient déjà été touchées par la «bénédiction de Toronto» dont la communauté Basileia à Berne, qui est ainsi devenue son centre en Suisse et en Europe. Basileia est un mouvement laïque charismatique sous le toit de l’Eglise réformée officielle bernoise. Basileia a aussi organisé à Berne les conférences de John Wimber et deux congrès qui se sont tenus début juin à Berne avec les ténors de ladite  » bénédiction  » (feu et braise, teenage-on-fire).
(3) Voir «24 Heures» du 26.01.95.
(4) Voir «ldea-Spektrum» 47/1994;
(5) Voir «Die Gemeinde» 9/95p. II.
(6) IBETO (Institut Biblique de Théologie d’Orvin, pentecôtiste, Suisse).
(7) Voir le bulletin de liaison de l’IBETO de décembre 1994 sous «Un temps pour pleurer, un temps pour rire» Derek Green.
(8) Jean-Marc Houriet, pasteur d’une assemblée évangélique de Suisse romande, qui dit (enregistré sur une cassette): «En 1962, ma première expérience d’une intervention du SainEs- prit dans ma vie a été un fou rire qui a duré de 4 heures du soir à 3 heures du matin».
(9) Dans l’«Avènement» de mars 1995 p.6 sous «Feu de Dieu» (Références).

Une déclaration de la FEF concernant ce qui est appelé la «Bénédiction de Toronto» a été publiée. Elle présente ce phénomène avec objectivité à la lumière de la Parole. Nous recommandons cette brochure de 10 pages.

Pour l’obtenir, adressez-vous à: Fédération Evangélique de France, 40 Rue des Réservoirs, F-91330 Yerres

Écrit par


LA CRISE DE L’AUTORITE

La Crise

Pour certains, toute autorité est devenue suspecte et cet esprit se manifeste jusque dans les églises où l’on professe pourtant Jésus-Christ comme le seul Seigneur (1 Cor. 8.6), le chef suprême (Eph. 1.22) et la tête du corps de l’Eglise (Col. 1.18). Comment Son autorité devrait-elle s’exercer de nos jours ? Jésus a ordonné aux apôtres d’enseigner tout ce qu’il leur avait prescrit (Mat. 28.20). Se référant aux paroles du Seigneur, aux révélations reçues ultérieurement et même à l’Ancien Testament, les apôtres ont transmis ce qui leur avait été confié (1 Cor. 15.3) en enseignant directement et en consignant leur enseignement. Ils l’ont fait en des termes non équivoques en écrivant par exemple : J’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur (1 Cor. 7.10) ou encore … qu’ils reconnaissent que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur (1 Cor. 14.37). Après que les témoins oculaires du Christ eurent disparu, leur témoignage écrit prit une importance capitale. Les anciens, placés à la tête des églises (1 Thess. 5.12), devaient diriger, enseigner (1 Tim. 5.17), surveiller (épiscopes), paître le troupeau (Act. 20.28 1 Pierre 5.2) en retenant l’Evangile tel qu’il leur avait été annoncé (1 Cor. 15.2), sans en rien cacher (Act. 20.20) et sans aller au-delà de ce qui est écrit (1 Cor. 4.6).

Ces hommes étaient donc investis d’une certaine autorité qui ne résidait pas tant en leur personne que dans la Parole de Dieu qu’ils étaient censés proclamer et appliquer. Par la suite, et très tôt déjà, la Parole de Dieu fut malheureusement altérée (2 Cor. 4.2), des usurpateurs parurent et des commandements humains supplantèrent la loi divine. Cela eut pour effet de provoquer les mouvements de réforme ou de réveil spirituel qui jalonnent l’histoire de la chrétienté. Par crainte du cléricalisme, par réaction contre un certain autoritarisme, ou abus de pouvoir et par attachement à l’esprit démocratique ambiant, on a parfois réussi, de nos jours à réduire ceux qui exercent un ministère pastoral à de simples exécutants de la volonté d’une majorité. On s’est en cela considérablement éloigné de la pensée scripturaire.

Il y aurait lieu de revaloriser les ministères en reconnaissant aux conducteurs spirituels l’autorité dont le Seigneur les a revêtus, sans pour autant les laisser devenir des dominateurs intouchables (1 Pierre 5.3) 1 Tim. 5.19-20 3 Jean 9-10).

Il est clair que la crise d’autorité dans les églises va de pair avec la « nouvelle morale » et cela engendre du désordre à tous les niveaux. Le rétablissement et le respect de l’autorité voulue par le Seigneur sont seuls en mesure de garantir l’ordre et la bienséance dans la Maison de Dieu, qui est l’Eglise du Dieu vivant, colonne et appui de la vérité (1 Tim. 3.15).

Des Distinctions.

Précisons toutefois que toutes les ordonnances et prescriptions contenues dans les Ecritures ne concernent pas tous les croyants de tous les temps et lieux. Là où une saine interprétation de la Bible le justifie, des distinctions s’imposent. A l’instar du professeur P. Courhtial (**), nous distinguons quatre sortes d’ordonnances.

1. Nous trouvons dans l’Ancien Testament des lois et des ordonnances qui ont une valeur permanente et universelle. Par exemple ce commandement:
Honore ton père et ta mère… (Exode 20.12) répété dans Eph. 6.2. Ce sont des lois morales.

2. Viennent ensuite des prescriptions temporaires de l’Ancienne Alliance qui s’inscrivent dans un contexte culturel, familial, social, racial et politique bien défini et passager. Parmi elles se classent par exemple les lois cérémonielles, ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réformation (Hébreux 9-10), appelées ombres des choses à venir et dont la réalité est en Christ. (Col. 2.16-17). L’apôtre Paul considérait comme telles les fêtes, nouvelles lunes, sabbats et tous les préceptes concernant le manger et le boire, etc.

3. Il y a aussi tout ce qui fut ordonné du temps de Jésus et des apôtres, mais qui eut manifestement un caractère circonstanciel et provisoire. C’est ainsi que Jésus ordonna aux siens de ne porter ni bourse, ni sac, ni souliers et de ne saluer personne en chemin (Luc 10.4). Plus tard, le même Seigneur ordonna aux mêmes disciples de faire le contraire. (Luc 22.36) parce que les conditions allaient changer.

4. Notons enfin que d’autres ordres ou commandements du Nouveau Testament ont gardé leur validité, qu’ils concernent la vie personnelle, familiale, sociale ou communautaire. Dans tous ces domaines, les instructions apostoliques abondent. Pour s’en convaincre, il suffit de relire ce que dit l’apôtre au sujet des femmes, des maris, des enfants, des pères, des serviteurs, des maîtres (Col. 3.18-4.1), des autorités (Rom. 13.1-7), de la tenue dans les assemblées (1 Cor. 11.2-16), sur la manière de célébrer le repas du Seigneur (1 Cor. 11.17-34), etc.

A tout cela, il convient d’ajouter:
a) qu’on trouve dans les églises primitives des pratiques et des expériences qui n’ont pas été formellement ordonnées par Christ ou les apôtres et qui ne sauraient donc être considérées comme normatives et contraignantes. On pourrait citer ici la mise en commun et le partage de tous les biens que pratiquaient au commencement les chrétiens de Jérusalem (Act. 2.45)
b) qu’à côté des dons de service dont il est question dans le Nouveau Testament, apparaissent aussi des manifestations extraordinaires ou opérations spectaculaires produites par des dons miraculeux accordés par Dieu à certains Nous sommes invités à aspirer aux dons les meilleurs (1 Cor. 12.31), mais les meilleurs ne sont pas forcément lesmiraculeux. En cette matière, le Saint-Esprit est, d’ailleurs, absolument souverain, puisqu’il distribue les dons comme il veut (1 Cor. 12.11). Il s’agit donc ici moins d’obéissance à un ordre que de disponibilité à recevoir ce que Dieu veut bien nous accorder pour l’utilité Commune;
c) qu’il reste en outre toutes les questions qui ne sont pas directement traitées dans les Ecritures et que nous devons examiner à la lumière des principes bibliques, de l’enseignement général des Ecritures et de la sagesse chrétienne.

Des Critères

Revenons aux commandements et essayons d’établir des principes qui pourraient nous permettre de reconnaître la pérennité ou la caducité d’une prescription.

1. La pérennité
Demeure valable tout commandement des Ecritures qui n’a pas été directement ou indirectement abrogé par l’oeuvre, l’enseignement ou la pratique de Christ ou des apôtres et qui n’a pas perdu sa raison d’être.

2. La caducité
Est à considérer comme dépassée toute ordonnance biblique qui s’adressait spécifiquement au peuple juif et qui, de ce fait, n’a pas compris tous les actes symboliques qui ont trouvé leur accomplissement en Christ (Transposition spirituelle).

On peut de même considérer comme caduques toutes les ordonnances néotestamentaires qui ont été dictées en fonction de circonstances particulières qui ne sont plus celles de nos jours et lieux.

L’application de ces règles devrait pouvoir se faire sans trop de peine si l’on aborde les questions avec un minimum d’objectivité, d’amour de la vérité, de connaissance et de bon sens. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra renverser les faux raisonnements de ceux qui, consciemment ou inconsciemment, travaillent au relàchement des moeurs et au mépris de l’autorité au sein des églises.

Des Indices

Pour pouvoir lutter efficacement contre un mal, il faut en discerner les premiers symptômes. La nouvelle morale en présente plusieurs qui ne trompent pas. Elle trouve un terrain propice partout:
1. où se manifeste cet antinomisme, cette allergie à tout ce qui est loi, prescription, ordre, ces choses étant considérées comme une menace pour la liberté;
2. où les prescriptions bibliques sont rejetées au nom de l’amour, comme si le véritable amour ne consistait pas justement à garder les commandements de Dieu;
3. où l’autorité spirituelle établie dans les églises n’est plus respectée et où, au nom de sa liberté et de sa maturité, on prétend être enseigné et conduit à l’intérieur ou du fond de son être sans référence à la Bible;
4. où il est plus ou moins ouvertement admis que la Bible est dépassée et où l’on permet de la court-circuiter en allant au-delà de ce qu’elle enseigne et autorise ;
5. où l’on considère comme rétrogrades et légalîstes, ou comme des chrétiens à l’état d’enfance, ceux qui préconisent l’obéissance aux commandements du Seigneur;
6. où, en prônant une éthique de situation, on s’adapte et se conforme à l’esprit perverti de notre temps en refusant le critère de la morale biblique et en classant arbitrairement certains commandements gênants parmi les choses périmées;
7. où une décision prise à la majorité des voix l’emporte sur ce que dit l’Ecriture.

Conclusion

Si nous ne voulons pas tôt ou tard céder à l’esprit de la nouvelle morale pour « être de notre temps ». nous devons adopter une position ferme et franche basée sur l’autorité incontestable des Ecritures interprétées honnêtement. Nous ne devons pas nous laisser influencer parce qui se dit, se publie et se fait autour de nous quand ces choses sont manifestement en contradiction avec l’enseignement des Ecritures.

Nous devons faire connaître notre position à tout homme, tout en nous désolidarisant de ceux qui accomplissent consciemment ou inconsciemment une oeuvre de démolition morale. Nous voulons en toute humilité travailler à la restauration et au maintien de l’ordre moral dans les églises en remettant en honneur ce que dit l’Ecriture.

Nous nous sentons en communion avec tous ceux qui poursuivent ce même idéal à la Gloire du Seigneur.

J. HOFFMANN (*)

(*) Jean Hoffmann est pasteur à l’Eglise Baptiste de Tramelan (CH). Il s’agit d’un extrait d’une conférence donnée le 20 oct. 81 à Seengen (CH).
(**) « Esquisse de quelques principes de l’éthique » – La Revue Réformée No 91 – 1972/3.

Écrit par


à la lumière des Ecritures

( suite et fin )

Crise d’autorité

Pour certains, toute autorité est devenue suspecte et cet esprit se manifeste jusque dans les églises où l’on professe pourtant Jésus-Christ comme le seul Seigneur (I Co. 8: 6), le chef suprême (Ep. 1: 22) et la tête du corps de l’Eglise (Col. 1 : 18). Comment son autorité devrait-elle s’exercer de nos jours ? Jésus a ordonné aux apôtres d’enseigner TOUT ce qu’il leur avait prescrit (Mt. 28 : 20). Se référant aux paroles du Seigneur, aux révélations reçues ultérieurement et même à l’Ancien Testament, les apôtres ont transmis ce qui leur avait été confié (I Co. 15 : 3), en enseignant directement et en consignant leur enseignement. Ils l’ont fait en des termes non équivoques en écrivant par exemple: « J’ordonne; non pas moi, mais le Seigneur.,. » (I Co. 7 : 10) ou encore: «…qu’ils reconnaissent que ce que je « vous écris est un commandement du Seigneur » (I Co. 14 : 37) .Après que les témoins oculaires du Christ eurent disparu, leur témoignage écrit prit une importance capitale. Les anciens, placés à la tête des églises (I Th. 5 : 12) devaient diriger, enseigner (I Ti. 5: 17), surveiller (épiscopes), paître le troupeau (Ac. 20: 28; I Pi. 5 : 2) en retenant l’Evangile tel qu’il leur avait été annoncé (1 Co. 15 : 2), sans en rien cacher (Ac. 20: 20) et sans aller au-delà de ce qui est écrit (1 Co. 4 : 6).

Ces hommes étaient donc investis d’une certaine autorité qui ne résidait pas tant dans leur personne que dans la Parole de Dieu qu’ils étaient sensés proclamer et appliquer.

Il y aurait lieu de revaloriser les ministères en reconnaissant aux conducteurs spirituels l’autorité dont le Seigneur les a revêtus, sans pour autant les laisser devenir des dominateurs intouchables (1 Pi. 5 : 3 ; I Ti. 5 : 19-20; 3 Jn 9-10).

Nous subissons incontestablement l’influence du monde où l’indiscipline, l’insubordination et l’anarchie gagnent du terrain. Il faut veiller à ce qu’un tel esprit n’envahisse pas les églises.

Il ne suffirait pas de souscrire au principe de l’autorité des Ecritures pour être préservé de ce mal tentaculaire.

Il ne s’agit pas de trouver une formule accommodante par laquelle on laisserait à chaque chrétien la responsabilité de faire comme il entend là où des ordres précis nous ont été donnés.

Le rôle des églises et des serviteurs de Dieu en particulier est de faire connaître les exigences divines et de veiller à leur application. Là où des serviteurs de Dieu se permettent de mettre en doute l’enseignement des apôtres, là où cet enseignement peut être dénaturé, falsifié ou partiellement abandonné par décision d’une assemblée votante, la porte à l’apostasie est ouverte. La crise d’autorité dans les églises va de pair avec la nouvelle morale et cela engendre du désordre à tous les niveaux. Le rétablissement et le respect de l’autorité voulue par le Seigneur sont seuls en mesure de garantir l’ordre et la bienséance dans la Maison de Dieu qui est l’Eglise (lu Dieu vivant, colonne et appui de la vérité (I Ti. 3 : 15).

Des distinctions

Précisons toutefois que toutes les ordonnances et prescriptions contenues dans les Ecritures ne concernent pas tous les croyants de tous les temps et lieux. Là où une saine interprétation de la Bible le justifie, des distinctions. s’imposent.

A l’instar du professeur P. Courthial, nous distinguons quatre sortes d’ordonnances :

1. Nous trouvons dans l’Ancien Testament des lois et des ordonnances qui ont une valeur permanente et universelle. Par exemple ce commandement: « Honore ton père et ta mère… » (Ex. 20 : 12) répété dans Ep. 6 : 2. Ce sont des lois morales.

2. Viennent ensuite des prescriptions temporaires de l’Ancienne Alliance qui s’inscrivent dans un contexte culturel, familial, social, racial et politique bien défini et passager. Parmi elles se classent par exemple les lois cérémonielles, « ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réformation », (Hé. 9 : 10) appelées « ombres des choses à venir» et dont la réalité est en Christ (Col. 2: 16-17). L’apôtre Paul considérait comme telles les fêtes, nouvelles lunes, sabbats et tous les préceptes concernant le manger et le boire, etc.

3. Il y a aussi tout ce qui fut ordonné du temps de Jésus et des apôtres, mais qui eut manifestement un caractère circonstanciel et provisoire. C’est ainsi que Jésus ordonna aux siens de ne porter ni bourse, ni sac, ni souliers et de ne saluer personne en chemin (Luc 10 : 4) .Plus tard, le même Seigneur ordonna aux mêmes disciples de faire le contraire (Luc 22 : 36) parce que les conditions allaient changer.

4. Notons enfin que d’autres ordres ou commandements du Nouveau Testament ont gardé leur validité, qu’ils concernent la vie personnelle, familiale, sociale ou communautaire. Dans tous ces domaines, les instructions apostoliques abondent. Pour s’en convaincre, il suffit de relire ce que dit l’apôtre au sujet des femmes, des maris, des enfants, des pères, des serviteurs, des maîtres (Col. 3 : 18- 4: 1), des autorités (Ro. 13: 1-7), de la tenue dans les assemblées (I Co. 11 : 2-16), sur la manière de célébrer le repas du Seigneur (I Co. 11: 17-34), etc.

A tout cela il convient d’ajouter :

a) qu’on trouve dans les églises primitives des pratiques et des expériences « qui n’ont pas été formellement ordonnées par Christ ou les apôtres et qui ne sauraient donc être considérées comme normatives et contraignantes. On pourrait citer ici la mise en commun et le: partage de tous les biens que pratiquaient au commencement les chrétiens de Jérusalem Ac.2 : 45).

b) qu’à côté des dons de service dont il est question dans le Nouveau Testament, apparaissent aussi des manifestations extraordinaires ou opérations spectaculaires produites par des dons miraculeux accordés par Dieu à certains. Nous sommes invités à aspirer aux dons les meilleurs (I Co. 12 : 31), mais les meilleurs ne sont pas forcément les miraculeux. En cette matière, le Saint-Esprit est d’ailleurs absolument souverain, puisqu’il distribue les dons comme il veut (I Co. 12 : 11). Il s’agit donc ici moins d’obéissance à un ordre que de disponibilité à recevoir ce que Dieu veut bien nous accorder pour l’utilité commune.

c) qu’il reste en outre toutes les questions qui ne sont pas directement traitées dans les Ecritures et que nous devons examiner à la lumière des principes bibliques, de l’enseignement général des Ecritures et de la sagesse chrétienne.

Revenons aux commandements et essayons d’établir des principes qui pourraient nous permettre de reconnaître la pérennité ou la caducité d’une prescription.

1. La pérennité

Demeure valable tout commandement des Ecritures qui n’a pas été directement ou indirectement abrogé par l’oeuvre, l’enseignement ou la pratique de Christ ou des apôtres et qui n’a pas perdu sa raison d’être.

2. La caducité

Est à considérer comme dépassée toute ordonnance biblique qui s’adressait spécifiquement au peuple juif et qui de ce fait n’a pas été reportée sur le plan chrétien. y sont compris tous les actes symboliques qui ont trouvé leur accomplissement en Christ {Transposition spirituelle).

On peut de même considérer comme caduques toutes les ordonnances néo-testamentaires qui ont été dictées en fonction de circonstances particulières qui ne sont plus celles de nos jours et lieux.

L’application de ces règles devrait pouvoir se faire sans trop de peine si l’on aborde les questions avec un minimum d’objectivité, d’amour de la vérité, de connaissance et de bon sens. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra renverser les faux raisonnements de ceux qui consciemment ou inconsciemment travaillent au relâchement des mours et au mépris de l’autorité au sein des églises.

Des indices

Pour pouvoir lutter efficacement contre un mal, il faut en savoir discerner les premiers symptômes. La nouvelle morale en présente plusieurs qui ne trompent pas. Elle trouve un terrain propice partout

1. où se manifeste cet antinomisme, cette allergie à tout ce qui est loi, prescription, ordre, ces choses étant considérées comme une menace pour la liberté ;

2. où les prescriptions bibliques sont rejetées au nom de l’amour, comme si le véritable amour ne consistait pas justement à garder les commandements de Dieu ;

3. où l’autorité spirituelle établie dans les églises n’est plus respectée et où, au nom de sa liberté et de sa maturité, on prétend être enseigné et conduit de l’intérieur ou du fond de son être sans référence à la Bible ;

4. où il est plus ou moins ouvertement admis que la Bible est dépassée et où l’on se permet de la court-circuiter en allant au-delà de ce qu’elle enseigne et autorise ;

5. où l’on considère comme rétrogrades et légalistes, ou comme des chrétiens à l’état d’enfance, ceux qui préconisent l’obéissance aux commandements du Seigneur ;

6. où, en prônant une éthique de situation, on s’adapte et se conforme à l’esprit perverti de notre temps en refusant le critère de la morale biblique et en classant arbitrairement certains commandements gênants.. parmi les choses périmées ;

7. où une décision prise à la majorité des voix l’emporte sur ce que dit l’Ecriture.

Conclusion

Si nous ne voulons pas, tôt ou tard, céder à l’esprit de la nouvelle morale pour « être de notre temps », nous devons adopter une position ferme et franche basée sur l’autorité incontestable des Ecritures interprétées honnêtement. Nous ne devons pas nous laisser influencer par ce qui se dit, se publie et se fait autour de nous quand ces choses sont manifestement en contradiction avec l’enseignement des Ecritures.

Nous devons faire connaître notre position à tout homme, tout en nous désolidarisant de ceux qui accomplissent consciemment ou inconsciemment une oeuvre de démolition morale. Nous voulons en toute humilité travailler à la restauration et au maintien de l’ordre moral dans les églises en remettant en honneur ce que dit l’Ecriture. Nous nous sentons en communion avec tous ceux qui poursuivent ce même idéal à la Gloire du, Seigneur.

* * *

Écrit par


Un autre danger :

Dans notre article « Le visage tourné vers l’Orient » (N° 46 de Promesses), ainsi que par « Qu’est-ce que la dynamique des groupes ? (D.D.G.) » (No 48), nous avons placé sous vos yeux DEUX DANGERS qui menacent actuellement les bases et la propagation du christianisme. La « Nouvelle morale » est dans la même ligne et se répand dans les églises chrétiennes – et même en Afrique, à ce que l’on nous a rapporté.

La lecture de l’étude qui suit sera difficile pour plusieurs de nos lecteurs. Nous avons essayé de faciliter cette lecture en donnant une expl cation d’un bon nombre de mots peu courants, si même l’équivalent n’est pas toujours facile à découvrir.

Pour avoir égard à nos nombreux lecteurs d’Afrique, nous présentons en grands caractères (lettres) ce que l’auteur de ce message veut enseigner. Les paragraphes en retrait ( et en petits caractères) comportent des explications et citations concernant la

NOUVELLE MORALE
c’est-à-dire la description du DANGER que fait courir au christianisme cette fausse doctrine. Veuillez relire les articles de M. G. Osei-Mensah dans les numéros 48,49 et 50 de Promesses.

Note de la Rédaction

A la lumière des Ecritures

Dans quelques milieux religieux dits chrétiens, on préconise ( on recommande) depuis quelques temps l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle éthique – ou morale – adaptée à notre époque, mettant en cause (en question) le caractère fixe et autoritaire de la morale chrétienne biblique. On va jusqu’à nier l’existence d’une morale biblique ou chrétienne immuable, et l’on se prononce pour une éthique de situation, variable selon les temps, les lieux, les personnes et les circonstances. On veut laisser à chacun le soin de décider pour lui-même ce qu’il convient de faire.

Cela nous conduit à la société dite « permissive » (qui permet tout) dans laquelle chaque individu assume (prend à son compte) sa responsabilité selon un critère personnel, sans référence obligatoire à une norme établie, et où il est « interdit d’interdire » ! Les uns y voient un bien qui « décomplexe » et libère de la tyrannie de la « loi » (de la loi de Moïse). D’autres discernent un mal insidieux (qui cherche à tromper) et parlent de « dérapages éthiques ».

Le monde est moralement malade, et il a contaminé les églises, dont les réactions sont variées et contradictoires, quand elles ne sont pas inexistantes.

D’où vient cette tendance ?

Le laxisme (tolérance excessive) ne date pas d’hier, mais on n’a encore jamais essayé, comme de nos jours, de le justifier théologiquement et de lui accorder officiellement droit de cité dans les églises. C’est au modernisme religieux que nous devons en partie cette situation nouvelle.

Dans « Evangile et Loi », le professeur Henri Blocher montre comment « la conception barthienne a préparé celle des néo-libéraux contemporains, de ceux en particulier qui mettent, avec Joseph Flechter, l’accent sur la « situation ». De façon générale, l’Evangile est pour eux la dévaluation de la loi. Le même auteur cite encore le barthien Jean Bosc qui rejetait déjà la morale des normes et des principes parce que, disait-il, « nous éprouvons qu’elle est une menace pour la liberté ».
Des hommes comme l’évêque anglican John A. T. Robinson ont considérablement favorisé cette dégradation. Il déclare avoir accepté les idées qui lui furent suggérées par la lecture de Paul Tillich, de Dietrich Bonhoeffer et de Rodolf Bultmann.
Selon ces auteurs universellement connus, Dieu ne serait pas « un Autre, au-delà des cieux », mais plutôt «le fond de notre être » (Tillich). Aux hommes dépourvus du désir de salut personnel, dépouillés du sens du péché, il faudrait présenter une autre forme de « christianisme » qui ne dépendrait plus des prémisses (bases ou affirmations) de la religion Bonhoeffer), c’est-à-dire si nous comprenons bien, qui se passerait des notions et conceptions bibliques, car on a cru trouver dans la Bible un élément mythologique qui ne serait plus qu’un jargon (langage déformé) incompréhensible à l’homme moderne (Bultmann). Marqué par de telles idées, Robinson en arrive à rejeter « honnêtement » le Dieu « surnaturel » et à s’accorder avec Bonhoeffer pour parler d’une compréhension – ou d’une connaissance – non religieuse de Dieu !
De fait, pour ces auteurs, Dieu est éliminé ! Le terme de Dieu devient interchangeable avec celui d’ « univers ». C’est ainsi que Tillich va jusqu’à dire :
« Il faut oublier tout ce que vous avez appris de traditionnel sur Dieu et peut-être jusqu’au mot lui-même » et Bonhoeffer d’ajouter: « Dieu nous enseigne à vivre comme des hommes qui peuvent très bien agir tout seuls sans lui ». Ce Dieu qui enseigne à vivre sans lui n’est plus le Dieu au-dessus de nous – les cieux seraient vides – il serait plutôt « la profondeur de notre être » ! Cette négation du Dieu « supranaturel » entraîne logiquement le rejet d’une volonté divine révélée par les Ecritures, donc de normes établies par Dieu.
La notion d’un Dieu qui se confond avec le fond de notre être laisse à chacun la liberté d’agir comme il entend en suivant les impulsions de son coeur naturel.
C’est ainsi que l’on arrive à la « morale de situation » (ainsi que le dit Joseph Fletcher), pour qui il n’y a plus d’autre prescription que l’amour. Robinson précise: le « Pourquoi ne pourrais-je pas ? » ou le « Qu’y a-t-il de mal à cela ? »… « sont des questions qui pour notre génération exigent une réponse. Et les arguments supranaturels – que Dieu ou le Christ ont dit que c’était un péché – ne gardent plus aucune force, ni même aucun sens pour personne, excepté pour un reste religieux en voie de disparition ».
On cherche manifestement à supprimer absolument les « vieux points de repère » moraux bibliques en ridiculisant ceux qui y restent attachés et en leur annonçant leur prochaine disparition.
Robinson déclare encore qu’en soi, rien ne peut être qualifié de « mauvais » et que « le seul mal intrinsèque est le manque d’amour ».
Au nom de cette notion d’amour très floue, on en vient à justifier l’adultère. L’homosexualité ne serait plus à considérer comme une perversion, mais plutôt comme une authentique expression d’affection, et la prostitution ne serait pas formellement condamnée par le Nouveau Testament. Où cela conduit-il ? Cette influence néfaste pénètre même dans les foyers protestants par le moyen de certains feuillets de calendriers. C’est ainsi qu’on a pu lire dans « Une parole pour tous » ( calendrier protestant à effeuiller) en date du 5 octobre 1975 :

« que de l’absolu du caractère indissoluble du mariage (Mt. 19 : 1-12), on avait fait un carcan (collier de fer) juridique « qui risque d’entraver la liberté de l’amour authentique ».

« Un tel engagement devrait être l’aboutissement d’un long chemin à deux… En attendant d’arriver à cette maturité, il est peut-être préférable que les jeunes puissent s’aimer sans se marier et vivre leur amour, comme leur foi, dans le provisoire » !

Il semble (selon l’auteur de cette méditation) que le mariage chrétien n’est pas à la portée de tous! C’est tout simplement une incitation à ce que l’on appelle « l’amour libre » et qui bibliquement parlant n’est autre chose que de l’impudicité, de la fornication ou de l’immoralité. Il s’agit ici, comme dans l’adultère, de relations sexuelles en dehors du mariage formellement condamnées par l’Ecriture (1 Co. 6 : 9 ; Hé. 13 : 4).

Voilà où nous conduit cette nouvelle éthique (ou morale) fondée sur « l’amour ». – Il est temps que les chrétiens se réveillent et réagissent en remettant en honneur ce que dit la Bible et en renversant les raisonnements captieux (induisant en erreur) de ceux qui « bouleversent des familles entières, enseignant… ce qu’on ne doit pas enseigner » (Tite 1 : II).

N e pas voir le danger, c’est être déjà atteint par le mal! Faire confiance malgré tout, collaborer pour conserver une apparente unité, se taire pour avoir la paix, c’est de la complicité, à tout âge, à tout niveau !

Antinomisme ou légalisme

ANTINOMISME (ou le refus de toute loi) ou
LEGALISME (ou le respect absolu d’une loi religieuse)

L’antinomisme (de anti- contre – et nomos – loi) est une réaction naturelle de l’homme contre toute règle de vie ou de conduite établie. Certains prétendent qu’il n’y a plus de commandements à observer pour le chrétien, puisque la grâce a remplacé la loi (la loi de Moïse). Le professeur P. Courthial écrit judicieusement :

« L’évangile ne nous sauve pas de la malédiction de la loi pour que nous soyons sans loi, hors-la-loi, mais pour qu’unis à Jésus-Christ par grâce, par le moyen de la foi, nous progressions en sainteté, en obéissant de plus en plus et de mieux en mieux à la loi qui n’est autre que l’expression de la volonté de Dieu ». Mais voici que pour certains, tout ce qui est texte, code, commandement, loi ou précepte, représente « une structure aliénante insupportable », parce qu’incompatible avec leur notion de liberté et de maturité chrétiennes. C’est ce qui les a conduits à cet antinomisme, c’est-à-dire à cette hostilité de la loi, au rejet de toutes ou de certaines règles de conduite, au laxisme et à l’anarchie.

La nouvelle morale devient tout simplement de l’amoralité, voire de l’immoralité. Etre dans le vent, c’est dès lors s’opposer à toute espèce d’autorité ou refuser ce que l’on appelle la « directivité » : « Vive la vie sans contrainte! », sauf la contrainte inconsciente de l’erreur, du péché et du mauvais exemple.

LEGALISME

Il faut sans doute se garder du légalisme! par lequel les pharisiens de tous temps ont cru pouvoir apaiser leur conscience et faire leur salut en accomplissant certaines prescriptions légales. Mais veillons à ne pas passer d’un extrême à l’autre! Le professeur Courthial dit aussi à ce sujet: « Au long des siècles, le légalisme – la fausse doctrine du salut par la loi – et l’antinomisme – la fausse doctrine du salut sans la loi – ont fait à l’église autant de mal l’un que l’autre.

* * *

La Loi sous la grâce

Il est vrai que sous la grâce, l’observance de la loi ne saurait plus être considérée comme un moyen de salut, car « si la justice s’obtient par la loi, Christ est mort en vain» (Ga. 2: 21). «C’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep.2 : 5). Et l’apôtre Paul de demander: « Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi » (Ro. 3 : 31). Pour Paul, la loi est sainte et spirituelle, le commandement est saint, juste et bon (Ro. 6 : 12 ; 7 : 14). La loi demeure donc effectivement l’expression de la volonté de Dieu et elle nous enseigne la façon de nous comporter.

Nous n’ignorons pas qu’il est écrit que la loi a été accomplie (amenée à sa perfection: a atteint son but) en Christ et certaines ordonnances sont de ce fait tombées en désuétude. Nous y reviendrons. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les éléments de la loi qui ont été reportés sur le plan de la nouvelle Alliance selon le témoignage du Nouveau Testament. Ces lois ont parfois trouvé une application spirituelle ou ont été réinterprétées et complétées. Ainsi Jésus a pu déclarer: « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son coeur » (Mt.5 : 27-28). Jésus remonte donc des actes aux pensées, mais la grâce ne diminue pas les exigences morales, elle les augmente plutôt et en ajoute d’autres, spécifiquement chrétiennes.

Sous « l’Ancienne Alliance », la loi avait pour fonction de révéler le péché (Ro. 3 : 20 ; 7 : 7), de manifester l’impuissance de 1’homme devant le péché (Ro. 7 : 19-24) et de le maintenir dans une certaine servitude ( « enfermé sous la garde de la loi » Ga. 3 : 23) pour le conduire à Christ ( Ga. 3 : 24). Elle a encore ce rôle à remplir en faveur de l’homme irrégénéré, mais lorsque ce but est atteint, nous ne sommes plus sous la loi. Nous ne sommes pas non plus sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ (I Co. 8 : 20-21). Il n ‘y a pas de suppression des commandements divins, mais plutôt, progressivement, impression dans les coeurs par le moyen de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit : « Je mettrai mes lois dans leur esprit, je les écrirai dans leur coeur » (Hé. 8 : 10). La loi garde pour le chrétien sa valeur normative morale et nous oblige d’autant plus que nous sommes invités à nous y soumettre librement.

Ainsi devons-nous nous garder de procéder à des accommodements ou à des éliminations qui rendraient les commandements moins impératifs. Leur caractère contraignant disparaîtra d’ailleurs à nos yeux au fur et à mesure que, par l’action du Saint-Esprit, notre amour pour Dieu et pour le prochain augmentera. Alors la loi divine sera vraiment en nous, et nous comprendrons ce qu’a voulu dire l’apôtre Jean en affirmant que les commandements de Dieu n’étaient « point pénibles, parce que ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi » (I Jn 5 : 3-4). C’est là l’oeuvre de la grâce de Dieu qui, après nous avoir affranchis du péché, nous a fait devenir esclaves de la justice pour nous faire parvenir à la sainteté » (Ro. 6 : 19-22).

Amour et obéissance

Il est vrai que la loi de Christ se résume en ces deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur… » et « Tu aimeras ton prochain… » (Mt. 22 : 37- 40). L’apôtre Paul dit aussi que la loi est accomplie dans une seule parole : « Tu aimeras… » (Ga. 5 : 14). On cite parfois la parole d’Augustin: « Aime Dieu et fais ce que tu veux » pour montrer qu’aimer suffit, le reste suivant tout seul. Oui, mais à condition que ce soit l’amour selon Dieu et non une vague bonté du coeur naturel, car l’amour authentique a besoin d’être éclairé, et ce sont justement les prescriptions bibliques qui lui fournissent cette lumière. La loi royale de l’amour (Ja. 5 : 2) ne remplace pas les commandements de Dieu, elle les accomplit. « L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements » (I Jn 5 : 2) « et à marcher selon ses commandements » (2 Jn 6). « Ce qui compte, disait Paul, c’est l’observation des commandements de Dieu » (I Co. 7 : 19) parce qu’elle constitue la preuve évidente de notre amour pour le Seigneur. Remarquons que « commandements » est ici toujours au pluriel. Le véritable amour se manifeste donc par l’obéissance et plus précisément par une obéissance de coeur (Ro. 6 : 17). Toute autre conception de l’amour risque de conduire dans l’illuminisme ( certain mysticisme) ou le subjectivisme (tout ramener à soi). Il en est comme du rapport entre foi et oeuvres.

Le professeur P. Courthial dit aussi: « Nous devons rejeter, pour suivre l’Ecriture sainte, cette réduction, ce rétrécissement des commandements de Dieu à un seul, alors que nous devons tenir le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain pour l’ordre fondamental de toute la loi ».

Quiconque lit sans préjugé le Nouveau Testament réalise très vite que le véritable amour pour Dieu, plutôt que de rendre l’obéissance facultative ou superflue, y pousse immanquablement tout enfant de Dieu. Paul a mis les chrétiens à l’épreuve pour voir s’ils étaient obéissants en toutes choses (2 Co. 2: 9) et il était prêt à châtier toute désobéissance (2 Co. 10: 6). Il demandait même aux Thessaloniciens de noter ceux qui n’obéissaient pas à ses instructions (2 Th. 3 : 14). Parfois l’obéissance précédera même l’amour quand quelqu’un se soumettra à telle ordonnance dans la crainte du seigneur « comme des enfants obéissants » (I Pi. 1 : 14). C’est ainsi que Paul a pu écrire aux Colossiens: « Comme vous avez toujours obéi, mettez en oeuvre votre salut » (2 : 12). La consigne donnée aux premiers chrétiens était : « Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis » (Hé. 13 : 17). Passer SOUS silence de telles exigences, ou laisser entendre qu’elles sont dépassées, c’est faire le jeu de ces chrétiens indépendants, orgueilleux, insoumis et volontaires qui croient pouvoir être leur propre chef et qui ne retiennent dans les Ecritures que ce qui leur convient.

L’obéissance n’est donc pas un état d’enfance dont nous devrions sortir en devenant « adulte ». Jésus lui-même, bien qu’il fût Fils, dut apprendre l’obéissance (Hé. 5 : 8), et il fut obéissant jusqu’à la mort (Ph. 2 : 8). Si nous aimons vraiment Christ, nous garderons ses commandements (I Jn 14 : 15) et si nous gardons ses commandements, nous demeurerons dans son amour (Jn 15 : 10). Nous deviendrons ainsi les esclaves de Jésus-Christ, mais nous le servirons dans un esprit nouveau (Ro. 7 : 6). Nous dirons : « J’aime mon maître… je ne veux pas sortir libre » (Ex. 21 : 5-6), c’est-à-dire, nous aimerons assez notre Seigneur pour vouloir être et demeurer ses esclaves plutôt que de retomber dans l’esclavage du « MOI », du péché et de Satan. L’amour et l’obéissance ne font qu’un, l’obéissance à Dieu étant l’expression de notre amour pour Lui. Quiconque sépare l’un de l’autre, ou les oppose, accomplit une oeuvre de dissolution.

(à suivre)
* * *

Écrit par


et les Ecritures

Pour Jésus, les « Ecritures » étaient essentiellement ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament, car les écrits du Nouveau Testament n’existaient pas encore à l’époque. Mais on sait que les premiers chrétiens assimilèrent très tôt les nouveaux écrits aux anciens. C’est ainsi que l’apôtre Pierre ne fait pas de distinction fondamentale entre les épîtres de Paul et les « autres Ecritures » (2 Pierre 3 : 16). Le même Esprit avait présidé à la rédaction des unes et des autres. Par ailleurs, Jésus donne à ses propres paroles la même valeur qu’à celles des Ecritures anciennes quand il dit: « Si vous croyiez en Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croiriez-vous à mes paroles ? » (Jean 5 : 47). C’est pourquoi l’apôtre Paul déclare que toute l’Ecriture est inspirée de Dieu (2 Timothée 3 : 16). L’attitude de Jésus devant « la loi et les prophètes » devrait donc déterminer la nôtre en face de l’ensemble des écrits bibliques.

Mais le rapprochement des deux éléments de notre sujet ne s’arrête pas ici. Il évoque tout ce qui lie directement et personnellement le Christ aux Ecritures dont il est le thème central et l’accomplissement.

Christ est l’accomplissement des Ecritures

En entrant dans le monde Christ a dit: « Voici je viens – dans le rouleau du livre il est écrit à mon sujet – pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hébreux 10: 7). Il est le Messie annoncé par les prophètes. Aux disciples d’Emmaüs il explique dans toutes les Ecritures en ce qui le concerne (Luc 24 : 27). Il y a quelque chose d’inéluctable ou d’irrésistible dans la vie du Christ. Toujours revient cet impératif: « Il fallait » OU « Ne fallait-il pas ? …Il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes » (Luc 24 : 44). Jésus savait qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât le troisième jour (Matthieu 16: 21). Certains critiques ont pensé que Christ « avait intentionnellement arrangé ses actes de façon à les mettre en harmonie avec ces prophéties » ! Mais comment aurait-il pu se faire naître à Bethtéhem (selon Michée 5 : 1) et par surcroît d’une vierge (Esaïe 7 : 14) ? Et comment se fait-il qu’au moment fixé il se soit trouvé un traître pour le vendre pour 30 sicles d’argent, et que cet argent ait servi à l’acquisition du champ du potier comme l’avait prédit le prophète ? (Zacharie 11 : 12-14; Matthieu 27: 3-10). Non, Jésus ne fut pas un simple jouet du hasard ou la victime innocente et impuissante livrée à la merci de ses ennemis, et encore moins un imposteur. Il est l’envoyé du Père dont le destin a été fixé de toute éternité. Il est l’Agneau de Dieu, préfiguré dans les sacrifices ordonnés par la loi, venu dans le monde pour opérer par son sang le rachat des élus. Tout cela était écrit, et parfois décrit jusque dans le détail comme, par exemple, au Psaume 22 où il est question des mains percées, des vêtements partagés et de la tunique tirée au sort (Matthieu 27 : 35). Qui n’a pas lu avec une sainte émotion ce que dit le prophète Esaïe du Serviteur de l’Eternel qui a été blessé pour nos péchés et brisé pour nos iniquités et par les meurtrissures duquel nous sommes guéris ? (Esaïe 53 : 5). Et cela fut écrit sept siècles avant la naissance du Sauveur.

Jésus connaissait donc parfaitement la raison et l’issue de sa venue dans le monde. Rien ne pouvait avancer son arrestation, rien ne devait retarder l’exécution du plan divin. Et lorsque l’échéance arriva et que l’un des siens crut devoir s’interposer violemment, Jésus lui ordonna de rengainer son épée et ajouta: « Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Ecritures d’après lesquelles il doit en être ainsi ? » (Matthieu 26 : 53-57).

Son chemin était donc tracé dans les Ecritures. En faisant toujours la volonté de son Père et en laissant les événements prédits suivre leur cours, Christ a accompli les Ecritures.

Les Ecritures dans la vie personnelle de Christ

Jésus a été imprégné des Ecritures. Ses parents le trouvèrent un jour dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoltant et les interrogeant (Luc 2: 46). Il n’avait alors que douze ans, mais il s’occupait déjà des affaires de son Père en s’instruisant par les Ecritures. Dans ses combats et sa vie de prière il a recours aux Ecritures. Lors de sa triple tentation il résiste par un triple « Il est écrit ». C’est en cette occasion que nous le trouvons pour la première fois citant les Ecritures. Calvin appelle l’Ecriture dans ce passage « un bouclier, non pas de jonc, mais vraiment d’airain ». Satan commence par émettre un doute sur la filiation divine de Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu… ». L’ennemi s’attaque volontiers et insidieusement à la doctrine. Mais ce n’est là qu’une entrée en matière « Jésus a faim et Satan tente d’exploiter ce besoin naturel si tenaillant. En disant: « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » le diable place les préoccupations matérielles de l’homme au premier plan. Puis il se fait religieux pour la circonstance en montant sur le haut du Temple, en citant l’Ecriture et en invitant le Christ à faire un acte de foi: « Jette-toi en bas, car il est écrit… ». Satan pousse à la surenchère et au fanatisme religieux. Il aime les excès et les abus. Il les provoque afin de pouvoir ensuite d’autant mieux faire discréditer la vraie foi. Il est aussi un bon politicien et offre les royaumes du monde et leur gloire à quiconque se livre à lui. Ses procédés n’ont guère changé.

Ses tentations s’exercent encore aujourd’hui, par excellence, sur le plan social, en matière religieuse et dans le domaine politique. Mais Jésus a su tenir ferme contre toutes ces ruses de l’adversaire en se servant des Ecritures comme de l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu (Ephésiens 6: 17).

Dans les moments les plus critiques de sa vie, Jésus s’inspire également des Ecritures pour s’adresser à son Père: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Psaume 22). « Je remets mon esprit entre tes mains » (Psaume 31). Seule une profonde connaissance des Saintes Lettres Lui permit d’y trouver la nourriture de son âme, les directives pour son ministère et un solide appui pour sortir vainqueur de toutes ses épreuves.

Christ enseigne et interprète les Ecritures

Jésus a toujours soin de baser son enseignement sur les Ecritures dont il est le divin interprète. Il combat l’ignorance scripturaire et lutte contre l’esprit d’incompréhension et d’aveuglement dont faisaient preuve les docteurs ou enseignants de la loi. Il dit aux sadducéens: « N’êtes-vous pas dans l’erreur parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu ? » (Marc 12: 24). Lui seul pouvait se permettre de déclarer: « Vous avez appris qu’il a été dit… mais moi je vous dis… » (Matthieu 5 : 21-48). Il cite parfois assez librement les Ecritures (ou utilise simplement la version grecque des Septante », plus libre que littérale) remplaçant un terme par un autre, par exemple dans ce passage: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée », où il met « pensée » à la place de « force » (Deutéronome 6 : 5). Mais nous croyons que le même Esprit inspira l’un et l’autre de ces termes, l’auteur divin restant maître de son ouvrage. Jésus interprète, modifie et complète si nécessaire, donnant ainsi au texte ancien une nouvelle dimension. Mais ses interprétations et les variantes qu’il admet ne sont pas moins Parole de Dieu.

En commentant le commandement « Tu ne tueras point », il fait comprendre que l’acte condamnable n’est que l’aboutissement d’une pensée coupable et que quiconque se met en colère contre son frère a, en quelque sorte, déjà commencé à le tuer Jésus n’enseigne donc jamais quelque chose qui soit contraire aux Ecritures, mais il donne à ces dernières une application directe, pratique, nouvelle et spirituelle à la fois.

Christ reconnaît l’autorité des Ecritures

Jésus fait toujours confiance à la Parole écrite, que ce soit en ce qui concerne le passé, le présent ou l’avenir. Il sait que la Parole de Dieu ne saurait être anéantie (Jean 10 : 35), aussi a-t-il dit formellement que : « Tant que le ciel et la terre ne passeront point il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Matthieu 5: 18). Ce qui est « écrit » est le fondement et la justification de son comportement, de ses paroles et de ses actes. Il se réfère constamment aux Ecritures et les couvre ainsi de son autorité.

Il montre de toute évidence qu’il croyait à la création de l’homme par Dieu quand il dit: « N’avez vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme ? (Matthieu 19 : 4). Donc, le premier couple humain, tout comme Abel (Matthieu 23 : 35), Abraham (Matthieu 8: 11), David (Matthieu 12: 3), Salomon (Matthieu 6: 29), Elie (Luc 4 : 25), Elisée (Luc 4 27), sont pour lui des personnages historiques dont il n’a jamais mis en doute l’existence, les paroles et les actes. Il croit en l’historicité de Noé (Matthieu 24 : 37) tout comme en celle de Jonas (Matthieu 12 : 39). Il reconnaît l’authenticité des événements et miracles relatés dans l’Ancien Testament concernant Sodome (Luc 17 : 28), la manne dans le désert (Jean 6 : 31), le serpent d’airain (Jean 3 : 14), etc.

Tout cela prouve que Jésus croyait en la véracité et en l’inerrance des Ecritures sans aucune restriction, car jamais il ne met en doute un texte quelconque comme s’il contenait une erreur à rejeter ou à corriger. On a dit que Jésus a partagé les idées de son temps (sous-entendu: les idées fausses de son temps), comme si celui qui savait toutes choses (Jean 16: 30) pouvait se tromper ou être induit en erreur.

La critique moderniste, qui ne croit pas que le prophète Esaïe ait pu annoncer la fin de l’exil et nommer le roi Cyrus 150 ans avant l’événement, a tenté de découper le livre du prophète en plusieurs parties, attribuant chacune d’elles à un autre auteur. Il y aurait ainsi au moins trois auteurs différents et seuls les chapitres 1 à 39 seraient d’Esaïe. Qu’en a pensé Jésus ? Il cite successivement dans le même passage (Jean 12: 38-41) deux déclarations du dit prophète, l’une tirée du chapitre 53, l’autre du chapitre 6, en précisant à trois reprises (v. 38, 39 et 41) que ces choses ont bien été dites par Esaïe. Jésus admettait donc l’unité du livre, lui reconnaissant un seul et même auteur.

Cela ne veut pas dire que toutes les difficultés rencontrées dans l’analyse du texte biblique aient trouvé une solution satisfaisante. On a parfois forcé le sens et laissé libre cours à la fantaisie pour essayer d’harmoniser certaines données. Plusieurs problèmes proviennent de variantes, d’erreurs de copistes, d’apparentes contradictions, ou tout simplement de notre manque de compréhension. Quelqu’un a dit fort bien à ce sujet: « Dans un manteau royal historique, deux ou trois petits trous et une insignifiante pièce ajoutée ne suffiraient pas à infirmer son origine auguste et son ancienneté ». N’oublions pas d’autre part que les Ecritures parlent souvent selon les apparences des choses en utilisant un langage courant ou populaire, et qu’elles n’ont pas la prétention de nous donner des définitions, des explications ou des descriptions scientifiques. Quand Jésus dit que Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons (Matthieu 5: 45), il parle de la même façon que Moïse (Genèse 19: 23) , quinze siècles avant lui et que les plus évolués de nos contemporains dix-neuf siècles après. Les découvertes de Copernic et de Galilée n’ont rien changé à cette façon de s’exprimer parce qu’elle est fondée sur l’observation d’un fait considéré du point de vue de la terre. Dans ce sens! il n’y a pas d’erreur bien que les faits et les choses ne soient pas présentées scientifiquement. C’est ainsi que Jésus a reçu la Parole divine dans sa simple expression humaine et qu’il l’a confirmée, lui reconnaissant une pleine autorité en tout ce qu’elle disait.

La Parole faite chair et les Ecritures

La Parole de Dieu fut d’abord pensée de Dieu, la pensée étant une parole intérieure, c’est-à-dire non exprimée. Cette pensée fut manifestée par le moyen du langage. « Dieu a parlé à nos pères par les prophètes » (Hébreux 1 : 1). Cette parole « parlée » est ensuite devenue parole « écrite » par la plume des auteurs sacrés. Mais la Parole de Dieu est aussi devenue parole « incarnée » par la venue de Jésus dans le monde, car il est écrit: « La Parole a été faite chair » (Jean 1 : 14). Comme « le Saint-Esprit a engendré l’Ecriture dans le sein de l’humanité », de même il a conçu le Christ dans le sein de Marie. Par l’inspiration Dieu nous a donné la parole écrite, par l’incarnation il nous a fait don de la Parole vivante, c’est-à-dire de Jésus-Christ. Or, malgré son incarnation dans le sein d’une pécheresse et son entrée dans le monde sous forme d’un serviteur – il a pris la condition d’un esclave – (Philippiens 2: 7), Christ est resté exempt de péchés et de défauts. De même la parole écrite, malgré l’imperfection des instruments à travers lesquels elle nous fut communiquée, et le langage humain dans lequel elle fut rédigée, est demeurée infaillible et exempte d’erreur. Mais de même que les pharisiens croyaient savoir que Jésus était un homme pécheur (Jean 9: 24), de même certains prétendent que les Ecritures contiennent des erreurs. En critiquant de la sorte la Parole écrite, ils critiquent aussi le Christ dont la confiance aux Ecritures fut toujours absolue.

Le parallèle établi entre Christ et les Ecritures ne doit toutefois pas conduire à une sorte de déification de la Bible, parce que la Parole écrite, contrairement à la Parole faite chair, n’est pas une personne. Le rapprochement ne signifie pas identification. Les Ecritures ne sont qu’une sorte de miroir dans lequel nous pouvons contempler la personne adorable du Sauveur (I Corinthiens 13: 12). «Sondez les Ecritures, car elles rendent témoignage de moi » (Jean 5 : 39). Sous l’action du Saint-Esprit, la Parole écrite fait apparaître devant nos yeux spirituels la Parole faite chair. Nous ne devons jamais séparer l’une de l’autre, car nous avons besoin de l’une pour connaître l’autre. Aussi notre attitude devant Christ sera-t-elle toujours fonction de notre attitude devant les Ecritures. Les Ecritures et le Christ sont donc tous deux Paroles de Dieu, liées l’une à l’autre par leur origine divine commune, quoique distinctes l’une de l’autre par leur forme. Si Dieu nous a parlé autrefois par les prophètes, il nous a parlé dans ces derniers temps par le Fils (Hébreux 1 : 1-2). Recevons donc cette Parole, autant sous l’une que sous l’autre de ses formes, non comme la parole des hommes, mais ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu (I Thessaloniciens 2 : 13), semence régénératrice et incorruptible qui demeure éternellement (I Pierre 1 : 23-25).

Conclusion

Puissions-nous, à l’exemple de Jésus, respecter et garder intact ce « bon dépôt » (I Timothée 6: 20), y découvrir le plan de Dieu, y soumettre notre vie, en faire notre nourriture et notre arme spirituelles et avoir le souci de le transmettre fidèlement en vue du salut des âmes, de l’édification du corps de Christ à la seule gloire de Dieu.

* * *

Écrit par