PROMESSES

« Homme de peu de foi. » Si le Seigneur Jésus m’interpellait ainsi après avoir répondu à une de mes prières, cela ne m’étonnerait pas, et je suppose que vous êtes comme moi : nous prions souvent le Seigneur sans avoir au fond du cœur l’assurance que nous allons recevoir ce que nous demandons.
Mais quand le Seigneur dit cela à un homme qui fait appel à lui alors qu’il est debout sur une mer en furie après avoir obéi à son commandement, alors là je me pose des questions sur la foi et le doute !
C’est à l’apôtre Pierre que le Seigneur fait ce reproche ; cet épisode de sa vie nous est rapporté dans l’évangile selon Matthieu au chapitre 14. Après avoir miraculeusement nourri plus de 5000 personnes, Jésus a obligé les disciples à monter dans une barque et à entreprendre la traversée du lac de Galilée, puis il s’est retiré à l’écart pour prier.
« La barque était déjà à une distance de plusieurs stades de la terre, malmenée par les vagues ; car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus se dirigea vers ses disciples en marchant sur les eaux du . À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux en marchant sur la mer.
Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés et dirent : C’est un fantôme ! Et dans leur crainte, ils poussèrent des cris. Jésus leur dit aussitôt : Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur ! Pierre lui répondit : Si c’est toi, ordonne-moi d’aller vers toi sur les eaux.
Et il dit : Viens ! Pierre sortit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais en voyant que le vent était fort, il eut peur, et, comme il commençait à enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? Ils montèrent dans la barque, et le vent tomba.
Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant Jésus et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu. » (Mat 14.24-33 – Bible à la Colombe)
Quand nous lisons ce récit confortablement assis sur les bancs de l’église ou dans notre fauteuil, nous nous étonnons que les disciples n’aient pas réalisé tout de suite que c’était Jésus qui venait à eux en marchant sur l’eau ; ils venaient tout de même d’assister à la multiplication des pains et des poissons ! Rien n’aurait dû les surprendre de la part du Seigneur !

Oui mais, les difficultés…

Mais ils étaient bien comme nous, ou plutôt nous sommes tout à fait comme eux : quand nous sommes aux prises avec des difficultés, nous oublions bien vite le Seigneur et les délivrances qu’il nous a accordées dans le passé. Si nous pensons à lui, il nous arrive même de nous demander si nous ne nous sommes pas fait des illusions, s’il n’est pas un « fantôme », alors que les difficultés, elles, sont bien réelles ! Nous pouvons même aller jusqu’à méconnaître son action en notre faveur et y voir une menace supplémentaire, un « fantôme ».
Mais le Seigneur est plein de compassion ! Il ne fait aucun reproche aux disciples effrayés (alors qu’il en fera un à Pierre !) et il les encourage aussitôt : « Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur ! » Quel soulagement cela a dû être pour les disciples d’entendre ces paroles, de reconnaître la voix de Jésus au sein de la tempête !

La foi en action

Parmi ces disciples, il y a Pierre bien sûr, Pierre le bouillant, Pierre l’impétueux, toujours prompt à réagir. Il est le seul à prendre la parole, et ce qu’il dit nous étonne. Quelle idée : demander au Seigneur de lui commander de marcher sur l’eau lui aussi ! Je pense que moi je n’aurais jamais osé, parce que ma foi est bien trop petite ! Mais lui, il a osé, il a été le seul à oser…
Pierre a une foi immense, mais une foi éclairée, lucide : il sait qu’il a besoin d’un commandement du Seigneur pour marcher sur l’eau. Il ne pourra le faire que si cela correspond à la volonté du Seigneur ; il ne dit pas : « Seigneur, je veux, moi aussi, marcher sur l’eau ! » Il en a pourtant envie, mais il ne veut pas agir suivant son désir sans le « feu vert » du Seigneur.
Ne nous méprenons pas : Pierre ne pose aucune condition au Seigneur ; l’expression « si c’est toi… » a probablement une valeur affirmative : « puisque c’est toi… »1 Pierre n’a pas besoin que Jésus lui ordonne de venir à lui pour être sûr que c’est le Seigneur, mais il a besoin de cet ordre pour mettre sa foi en action.
C’est ce que Jacques enseignera plus tard : « La prière agissante (la prière accompagnée d’un acte de foi) du juste a une grande efficacité. Élie était un homme de même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. » (Jac 5.16-17) La foi se prouve par des actes…
Pierre n’hésite pas une seconde : dès que Jésus lui dit « Viens ! », il met le pied hors de la barque, et marche sur l’eau d’une mer en furie. Il marche… « les yeux fixés sur Jésus, l’auteur de la foi et celui qui la mène à la perfection. » (Héb 12.2)

Jusqu’au moment où…

Et tout va bien… jusqu’à ce qu’il détourne les yeux du Seigneur, car alors il voit les circonstances et elles sont effrayantes : le vent soulève d’énormes vagues, et lui, il est debout sur l’eau au milieu de ces vagues !
Alors Pierre « commence à enfoncer ». Il « commence » seulement, alors qu’il aurait dû couler comme une pierre (c’est le cas de le dire !). Mais le Seigneur étend la main et le saisit : il est sauvé !
Alors vient cette parole surprenante : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Parole surprenante, mais aussi parole qui me reprend, car si la foi de Pierre était petite, alors la mienne est microscopique !
Comme nous l’avons vu plus haut, Pierre avait une foi extraordinaire, au point d’oser sortir de la sécurité (toute relative !) de la barque pour marcher sur l’eau à la rencontre du Seigneur. Et pourtant le Seigneur (qui ne peut se tromper) dit qu’il a manqué de foi, qu’il a douté au lieu d’avoir confiance.

Douter de qui ou de quoi ?

Pierre a donc douté : de qui ou de quoi a-t-il douté ? La réponse à cette question peut nous aider à comprendre ce que le Seigneur lui reproche, et ce qu’il veut nous apprendre par cet épisode de la vie de Pierre.
Pierre n’a certainement pas douté du Seigneur ! S’il n’avait pas eu confiance en lui, il n’aurait jamais mis ne serait-ce qu’un pied hors de la barque, et il ne lui aurait pas non plus demandé de le sauver lorsqu’il a commencé à enfoncer !
Mais Pierre a douté de sa capacité à faire ce que le Seigneur lui demandait : aller jusqu’à lui en marchant sur une mer déchaînée. C’est arrivé lorsqu’il a détourné ses regards du Seigneur pour regarder les circonstances, lorsque la parole du Seigneur (« Viens ! ») est devenue moins importante pour lui que ses émotions, que la peur qu’en pêcheur expérimenté il pouvait ressentir en se voyant debout sur une mer en furie.

Dieu donne ce qu’il ordonne

Ne lui jetons pas la pierre ! Combien souvent il nous arrive de douter alors que nous avons reçu une réponse positive du Seigneur ! Nous avons prié avant de nous engager dans ce qui nous apparaît comme la volonté de Dieu pour nous, mais, quand des difficultés surviennent, nous doutons, non pas du Seigneur lui-même, mais de la capacité qu’il nous donne d’aller jusqu’au bout de ce qu’il nous demande. Or, comme Saint-Augustin l’a écrit quelque part,« Ce que le Saint-Esprit ordonne, il le donne. » Cela s’applique aussi au Seigneur Jésus et à la situation de Pierre, mais Pierre a douté…
La foi n’est pas une denrée, que l’on peut avoir en plus ou moins grande quantité, mais une relation qui est plus ou moins intense. Nous pouvons nous comparer à un moteur électrique : pour qu’il fonctionne il faut qu’il soit relié à une source de courant (« les yeux fixés sur Jésus ») ; si l’on coupe l’alimentation, il continuera à tourner un moment par inertie, mais il ne tardera pas à s’arrêter; par contre, si la tension du courant augmente, il tournera plus vite.
C. S. Lewis, grand connaisseur de l’âme humaine, a écrit un livre intitulé Tactique du diable dans lequel un démon expérimenté donne des conseils à son jeune neveu apprenti. Dans sa sixième lettre, il lui dit que le doute est une arme à utiliser pour contrecarrer l’œuvre de Dieu, et il affirme que si son élève arrive à ce que le chrétien auquel il cherche à nuire soit plus occupé de ce qu’il ressent que de Dieu lui-même, il aura réussi.

Échec au doute

C’est ce qui est arrivé à Pierre et qui nous arrive souvent : si nous sommes focalisés sur ce que nous ressentons par rapport à telle ou telle circonstance, nous perdons le Seigneur de vue, et l’intensité de notre foi baisse…
Le Seigneur est toujours là ; nous avons toujours confiance (foi) en lui, mais nous doutons : vais-je arriver au bout ? Notre foi est « petite », elle n’est peut-être plus « agissante », mais le Seigneur lui ne varie pas : il nous suffit de nous « rebrancher » sur lui et nous remportons la victoire dans nos circonstances.
Je suis un homme de peu de foi et il m’arrive souvent de commencer à enfoncer à cause de mes doutes, mais je ne sombre pas car Jésus, mon Sauveur, est le Seigneur tout-puissant.
À lui la gloire, pour l’éternité, mais aussi dès à présent dans mes circonstances !

  1. C’est assez souvent le cas dans le Nouveau Testament, par exemple en Colossiens 3.1.

Le but de cet article est de présenter de façon succincte la pensée de Jacques Ellul au sujet de l’engagement politique du chrétien.
Il faudrait des centaines de pages pour rendre compte de toute la richesse de cette pensée, et j’espère que cette brève introduction vous donnera envie d’en savoir davantage.
Un bon moyen de le faire, c’est de lire les ouvrages dont le titre figure parfois entre parenthèses dans l’article.
Jacques Ellul (1912-1994) a été enseignant à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux dès sa création en 1948, et jusqu’à son départ à la retraite, en 1980. C’était aussi un chrétien engagé, à la fois dans la réflexion et dans l’action.
Au cours de sa longue carrière et au prix d’un labeur acharné, il a écrit une soixantaine de livres et plus d’un millier d’articles, sur des sujets aussi divers que la technique, la révolution, la politique, les lieux communs, mais aussi la Genèse, l’Ecclésiaste, l’Apocalypse, etc.
Spécialiste de la pensée de Karl Marx, il s’est toujours tenu à l’écart du marxisme (dans lequel il voyait une idéologie), tout en proclamant se référer à cette pensée, en même temps qu’à la Bible…
Cette double référence fait de lui un penseur original et atypique, présentant des analyses de la société d’une très grande finesse et sans concession. Son œuvre est entièrement axée sur la liberté, et fondée sur l’espérance, au sens biblique de ces termes.
Je crois que l’on ne peut pas se passer de son apport quand on réfléchit à l’engagement du chrétien dans la société, que ce soit au niveau de l’éthique ou à celui de la politique, que l’on adopte ses conclusions ou non. Par contre, on ne peut pas toujours suivre ses développements théologiques ou ses commentaires sur la Bible car il s’écarte parfois gravement de l’orthodoxie évangélique.
Dans les lignes qui suivent je n’aborderai que quelques aspects de la pensée de Jacques Ellul, ceux qui m’ont le plus marqué et inspiré et qui sont en rapport avec le thème de ce numéro.

Dans le monde, mais pas du monde

Comme tout lecteur attentif des Évangiles le sait bien, la position du chrétien ici-bas a été définie par le Seigneur Jésus dans sa prière pour les siens : « dans le monde », mais « pas du monde » (Jean 17.11-18). D’autres textes des épîtres apportent des précisions que nous verrons plus loin, mais l’idée de base est celle-là : le chrétien ne fait pas partie du monde dans lequel il vit.
Cette position n’est bien sûr pas facile (nous l’expérimentons tous les jours), car bien que n’en faisant pas partie, le chrétien vit dans le monde et partage le sort de ceux qui l’entourent. Comment doit-il se comporter pour glorifier Dieu au milieu de ses contemporains ?
Bien entendu, chacun l’a compris, le monde dont il est question ici n’est ni l’univers ni l’ensemble des personnes qui vivent sur la terre à un moment donné. Mais alors, qu’est-ce que la Bible appelle le monde ?

Le monde, et son prince

La plupart des lecteurs du Nouveau Testament seront d’accord pour dire que dans de nombreux passages, le terme «monde » désigne la société organisée dans le rejet de Dieu. C’est de ce monde-là que Satan est le prince (Jean 12.31).
Notre mot français « politique » vient du mot grec « polis » qui désignait la cité des grecs, la société grecque. Pour Jacques Ellul, « le politique est le domaine, la sphère des intérêts publics gérés et représentés par l’État. La politique est l’action relative à ce domaine, la direction du groupement politique, l’influence que l’on exerce sur cette direction. » (L’illusion politique, p. 13)
Quand nous traitons du sujet « le chrétien et la politique », c’est bien de l’action du chrétien dans ce domaine des intérêts publics gérés par l’État que nous parlons, de l’action du chrétien dans la société organisée.
Ce qui fait que si l’on accepte la définition du terme « monde » donnée au début de ce paragraphe, la politique est l’action dans l’organisation de ce monde, et l’engagement politique du chrétien est sa participation à l’organisation de la société dans laquelle il vit, société que la Bible appelle « le monde ».
La conclusion que Jacques Ellul tire à la fois de ce qui précède, de son analyse minutieuse de la société et de sa grande expérience de la politique est sans appel : « La politique est l’image actuelle du Mal absolu. Elle est satanique, diabolique, le lieu central du démoniaque. » (« La foi au prix du doute, p. 279 »).
Nombreux sont les chrétiens qui refusent l’engagement politique, mais je n’en connais aucun qui ait des paroles aussi dures pour définir la politique. Et en plus, cette définition ne découle pas du fait que d’après le Seigneur Jésus lui-même c’est Satan qui est le prince de ce monde : elle résulte de l’observation des faits, et confirme (si besoin en était) la parole du Seigneur.
Et pourtant, le Seigneur nous laisse dans le monde, et il ne fait rien sans but ! Alors, quels sont notre statut et notre fonction dans ce monde ?

Pas du monde

Le salut dont le chrétien bénéficie du fait de l’œuvre de Jésus-Christ à la croix, ce n’est pas seulement le pardon des péchés et la justification. C’est aussi la rédemption, c’est-à-dire la délivrance de l’esclavage du péché et de Satan.
Celui qui a accepté le salut offert par le Seigneur Jésus a été « racheté de la vaine manière de vivre héritée de ses pères » (1 Pierre 1.18), « pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus » (1 Thessaloniciens 1.9-10).
Bien plus, il est devenu un enfant de Dieu (1 Jean 3.1) et a été transporté dans le royaume du Fils bien-aimé de Dieu (Colossiens 1.13).
Voilà pourquoi le Seigneur Jésus lui-même affirme que ses disciples ne sont pas du monde (Jean 17.14). Quant à l’apôtre Paul, il exprime la même vérité quand il dit que « notre citoyenneté est dans les cieux » (Philippiens 3.20).
Le chrétien n’est pas du monde, parce qu’il fait partie du royaume de Dieu, et nous pourrions citer de nombreux textes des Évangiles à ce propos. «Cela veut dire qu’il a une pensée, une vie, un cœur qui ne sont pas dirigés par le monde, qui ne dépendent pas du monde, mais qui sont à un autre maître. […] Nous n’avons le droit ni de nous accoutumer à ce monde, ni de le voiler d’illusions chrétiennes. » (Présence au monde moderne, p. 15)
Et pourtant, c’est vrai aussi, le chrétien est dans le monde… mais il y « séjourne » seulement (1 Pierre 1.17) ; il y est comme « un étranger, un voyageur (forain) » (1 Pierre 2.11).
C’est son statut, mais qu’en est-il de sa fonction : pourquoi le Seigneur le laisse-t-il comme un étranger dans un pays qui n’est pas le sien ?

Ambassadeur du Royaume

Quelqu’un qui séjourne dans un pays qui n’est pas le sien peut le faire en tant que touriste, ou en tant que travailleur expatrié y remplissant une mission, pour une entreprise par exemple.
Jacques Ellul, se référant à 2 Corinthiens 5.20, définit la mission du chrétien dans le monde comme celle d’un ambassadeur. Un ambassadeur représente les intérêts de son pays dans un autre pays, auprès des autorités de ce pays qui n’est pas le sien mais dans lequel il séjourne.
On voit clairement ici le lien avec la définition de ce qu’est la politique : la fonction d’un ambassadeur est politique. Le chrétien est un ambassadeur du royaume de Dieu auprès de ce monde régi par Satan, et d’abord auprès des sujets de ce monde. Comment ? Nous allons le voir.

Brebis au milieu des loups

Dans le monde, les chrétiens sont « comme des brebis au milieu des loups » (Matthieu 10.16). « Le chrétien est signe de la réalité de l’action de Dieu. L’agneau de Dieu, c’est Jésus-Christ, et c’est lui qui ôte les péchés du monde. Mais tout chrétien est traité comme son maître, et tout chrétien reçoit de Jésus-Christ la participation à son œuvre. Il est une brebis, non parce que son action ou son sacrifice a un caractère purificateur pour le monde, mais parce qu’il est un signe vivant, réel et toujours renouvelé au milieu du monde, du sacrifice de l’agneau de Dieu. […] Il est essentiel que les chrétiens veillent à ne pas être spirituellement des loups : des dominateurs spirituels. Il faut que les chrétiens acceptent la domination des autres sur eux et le sacrifice quotidien de leur vie, qui renvoie au sacrifice de Jésus-Christ. » (Présence au monde moderne p. 18)

Lumière du monde

Dieu étant lumière (1 Jean 1.5), son royaume est un royaume de lumière et ses enfants des « enfants de lumière » (Éphésiens 5.8), qui brillent dans le monde (Philippiens 2.15-16, Matthieu 5.14).
« La lumière est ce qui chasse les ténèbres, ce qui sépare la vie de la mort, ce qui donne le critère du bien. […] Hors de cette lumière, on ne peut rigoureusement pas savoir ce qu’est une bonne œuvre, ni ce qu’est le bien.» (« Présence au monde moderne », p. 17) On ne peut donc pas savoir non plus quelles sont les exigences de Dieu pour l’homme, ni comment y satisfaire.

Sel de la terre

Les enfants de Dieu sont aussi « le sel de la terre » (Matthieu 5.13). Le sel préserve de la corruption, et il est le signe de l’alliance de Dieu (Lévitique 2.13). « Le chrétien est donc devant les hommes et dans la réalité spirituelle de notre monde, signe visible de l’alliance que Dieu a faite en Jésus-Christ avec ce monde de la nouvelle alliance. Mais il faut qu’il le soit véritablement, c’est-à-dire que dans sa vie et ses paroles, il fasse apparaître cette alliance aux yeux des hommes. » (« Présence au monde moderne », p. 17)

Serviteur de la réconciliation

Tout en mentionnant par ailleurs la prédication de la Parole de Dieu, Jacques Ellul voit la mission du chrétien essentiellement comme celle d’être un signe, le signe que la réconciliation avec Dieu est possible, par l’œuvre de Jésus-Christ.
« Nous sommes mis par Jésus-Christ en présence de la fonction particulière du chrétien et il ne peut y en avoir d’autre. Il ne peut pas être autrement, il n’a pas le choix, et s’il n’est pas ainsi, il ne remplit pas son rôle. C’est une trahison à l’égard de Jésus-Christ mais aussi à l’égard du monde. Il peut toujours s’évertuer aux bonnes œuvres et se dépenser en activités pieuses ou sociales. Cela ne signifie absolument plus rien s’il n’accomplit pas la seule mission dont il a été chargé par Jésus-Christ et qui est d’être d’abord un signe. » (« Présence au monde moderne », p. 17)
Quelque part, Jacques Ellul nous rappelle ainsi que la façon dont nous vivons dans le monde, notre comportement et nos attitudes, sont plus importants que nos paroles dans la proclamation de la bonne nouvelle du salut que Dieu propose à l’homme en Jésus-Christ.

Vous avez dit : politique ?

Dans un certain sens, tout cela est éminemment politique, puisqu’il s’agit de la vie du chrétien dans la cité, au milieu des hommes, et certains pensent que cela suffit, que l’engagement politique du chrétien ne doit pas aller au-delà.
Mais le fait d’être ambassadeur du Royaume de Dieu au milieu du royaume de ce monde, caractérisé par « le pouvoir des ténèbres » (Colossiens 1.13), suppose beaucoup plus que cela.
Jacques Ellul récuse toute action de politique politicienne, démontrant dans l’un de ses ouvrages qu’elle est basée sur une double illusion : celle de l’homme politique et celle du citoyen. En effet, l’homme politique croit maîtriser le Pouvoir et prendre des décisions efficaces, alors que la rigueur croissante des appareils d’État le réduit de plus en plus à l’impuissance. Quant au citoyen, il croit pouvoir orienter, participer, alors qu’il peut tout au plus contrôler des hommes politiques sans pouvoir réel.
De plus, pour Jacques Ellul, le ressort de toute action politique est la volonté de puissance, la recherche du pouvoir, et son arme par excellence est la propagande, qu’il qualifie de « mensonge en soi ». Quand il dit de la politique qu’elle est « diabolique », c’est dans le sens littéral du mot : la politique divise ; le fait même d’appartenir à un parti suppose la diabolisation de l’autre.
Pour le chrétien, il est clair que le mensonge nous renvoie à l’entrée du péché dans le monde, tandis que la volonté de puissance est en parfaite contradiction avec l’attitude du Seigneur (Philippiens 2.1-10), attitude que nous sommes pressés d’avoir puisque nous nous réclamons de lui.
Est-ce à dire que notre seule participation à la vie de la société dans laquelle nous vivons doit être celle que nous avons définie plus haut : être lumière du monde, sel de la terre et serviteur de la réconciliation, tout en étant des brebis au milieu des loups ?

Une politique non-politicienne

Si nous vivons ainsi, c’est déjà très bien, mais cela ne correspond pas pleinement à la fonction d’ambassadeur du Royaume de Dieu. En effet, cela définit notre façon d’être des ambassadeurs de ce Royaume de Dieu auprès des sujets du royaume de ce monde, mais pas notre mission auprès de ce monde lui-même, du système de la société organisée en ses différentes institutions.
Participer à la vie de la société en étant porteur de valeurs qui lui sont étrangères, c’est déjà un acte politique ; témoigner de ces valeurs auprès des institutions de cette société, c’en est un autre, qui correspond vraiment à la fonction d’un ambassadeur qui défend les intérêts de son pays à l’étranger.
C’est tout autre chose que de vouloir « christianiser le monde », lui imposer nos valeurs par l’action politique. Essayer cela, c’est aller à l’échec, car « la politique possède un pouvoir d’absorption, d’assimilation irrésistible. […] Même le chrétien est pris dans le dilemme tragique, ou il cherche à rester chrétien et fera une politique stupide (Carter), ou il sera un politique efficace mais cessera fondamentalement, radicalement d’être chrétien. » (« La foi au prix du doute », p. 293).
Tirant des leçons de l’Histoire, Jacques Ellul fait remarquer à juste titre que le christianisme a été subverti par sa collusion avec l’état à partir du IVe siècle sous Constantin, et va jusqu’à dire que « le christianisme est la pire trahison du Christ » (« La subversion du christianisme »).
Il ne s’agit donc pas pour le chrétien d’établir le royaume de Dieu sur terre, mais d’y proclamer ses valeurs et de vivre dans l’espérance, dans la perspective de son établissement par le Seigneur.
Alors que ses analyses auraient pu le conduire au pessimisme, Jacques Ellul a proclamé toute sa vie son espérance en cet établissement du Royaume par Jésus-Christ à la fin des temps, et s’est engagé activement dans sa fonction d’ambassadeur de ce Royaume. Comment ?
En ne perdant aucune occasion de témoigner des valeurs du Royaume, par la parole ou par la plume, en particulier par le moyen de chroniques dans les journaux.
Tout en nous invitant à l’imiter, il nous met en garde : il ne s’agit pas de signer des pétitions ou de participer à des actions collectives, car « toute prise de position politique a une signification politique, d’abord, indépendamment des interprétations individuelles que j’aimerais lui donner. » (« L’illusion politique, » p. 132) Il s’agit d’être signe du Royaume de Dieu, là où nous sommes, à chaque instant, selon que l’Esprit-Saint nous conduira.
Jacques Ellul nous invite à nous acquitter de notre fonction d’ambassadeurs du Royaume de Dieu en nous engageant dans l’action politique non-politicienne, et nous rappelle que « cette action est un combat » non contre la chair et le sang, mais contre les puissances, les trônes, les dominations. «  Et nous devons savoir que ce combat, d’abord principalement spirituel, est un combat mortel. » (« Présence au monde moderne, » p. 74)
Mais Jésus-Christ est Seigneur, et il vient établir son Royaume !

«Tenez donc ferme: ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice; mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne l’Evangile de paix; prenez, en toutes circonstances, le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin; prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu.» (Ephésiens 6.14-17)

LA FACE du monde a beaucoup changé depuis que notre Seigneur Jésus est venu nous révéler l’amour de Dieu, et nous donner une vie nouvelle par sa mort sur la croix. Notre vie matérielle est sans doute plus facile qu’au premier siècle, et nos connaissances scientifiques et techniques ont beaucoup progressé. Même la façon de faire la guerre a changé, et le soldat qui partirait au combat avec une épée et une armure de cuir et de métal n’aurait aucune chance de survivre. Mais la guerre existe toujours, et le secret de la victoire est toujours le même: tenir ferme. Tenir ferme quelles que soient les attaques, ne pas se décourager, résister. puis attaquer à bon escient et avec les armes appropriées.

Le combat spirituel dans lequel notre conversion au Seigneur Jésus-Christ nous a engagés est toujours le même qu’au premier siècle, et pour ce combat, les armes citées dans l’épître aux Ephésiens ne sont pas obsolètes ! Elles sont même indispensables car elles sont les seules à garantir la victoire !

L’ennemi de nos âmes a renouvelé une partie de son armement. La plupart des lecteurs de PROMESSES n’ont pas à subir la persécution féroce et sanglante des premiers siècles de l’histoire de l’Eglise. Les attaques du Malin sont plus subtiles et cachées, mais elles n’en sont pas moins réelles et demandent de notre part une attitude ferme et déterminée de résistance: nous avons besoin de tenir ferme, tout autant que les croyants de tous les âges, et cela nous est peut-être plus difficile qu’à eux.

Ne nous leurrons pas: il n’est pas facile de tenir ferme, et cela est complètement impossible sans l’armure complète de Dieu. La place nous manque pour étudier en détail les pièces qui composent cette armure, mais remarquons qu’aucune d’entre elles n’a été forgée par une main humaine: toutes viennent du Seigneur et de son ouvre parfaite. Remarquons aussi que la première d’entre elles est la vérité, et que la dernière, la seule qui soit une arme offensive, est aussi la vérité, car «ta Parole est la vérité» (Jean 17.17).

Et c’est bien la vérité qui peut nous aider à tenir ferme contre les attaques du Menteur, du père du mensonge. C’est bien la Parole de vérité qui nous aidera à vivre pratiquement le salut, la justice, la foi, etc. tout ce que le Seigneur donne dans sa grâce à celui qui vient repentant au pied de sa croix.

La Parole de Dieu n’a pas changé, et son message est toujours actuel pour nous; c’est ce que Bernard Cousyn nous montre en nous exhortant à connaître l’Evangile.

Si nous devons tenir ferme, c’est pour remporter la victoire, pour gagner, et Philippe Favre nous invite à méditer ce terme. La victoire finale nous est acquise, puisqu’elle a déjà été remportée par Jésus. Pour son ouvre immense et merveilleuse, il mérite toute la reconnaissance de nos cours, reconnaissance exprimée en particulier dans le culte: L’étude biblique de Jean-Raymond Couleru nous aide à mieux comprendre ce qu’est le culte selon le cour de Dieu. Nous vous invitons à la lire très soigneusement car, dans son apparente simplicité, elle met l’accent sur de nombreux aspects du culte complètement perdus de vue dans nos églises aujourd’hui.

Les idoles qui sont proposées à notre dévotion d’hommes et de femmes de l’an 2000 ne sont pas de bois et de pierre, mais elles n’en sont pas moins des idoles, et notre série «Regards sur l’Occident» s’emploie à en démasquer quelques- unes. Cette fois-ci, c’est l’idole de l’homme moral que Daniel Arnold nous dévoile.

Pour clore ce numéro de PROMESSES, nous avons à cour de vous conseiller trois ouvrages que nous trouvons particulièrement utiles pour ceux qui veulent grandir dans la foi et tenir ferme, puis nous partageons avec vous quelques-uns des sujets d’encouragement que nous ont apportés vos lettres.

Nous vous souhaitons bonne lecture, et prions le Seigneur pour qu’il trouve chacun d’entre nous «tenant ferme», lorsqu’il reviendra !


QUAND j’étais enfant (il n’y a pas si longtemps il me semble!), la perspective de l’an 2000 était si lointaine qu’elle en était même improbable: le Seigneur Jésus ayant promis de revenir, il serait sûrement revenu avant la fin du deuxième millénaire! Et maintenant, cette fin du millénaire est à nos portes, le troisième millénaire ne commençant que le 1er janvier 2001. Et encore, tout cela est à relativiser, car comme chacun le sait, Denys le Petit s’est trompé lorsqu’il a essayé de déterminer l’année de naissance de Jésus-Christ, naissance qui a eu lieu quatre ou cinq ans avant notre ère, de sorte qu’il y a déjà plusieurs années que nous sommes dans le troisième millénaire.

On peut alors se demander pourquoi tout ce tapage (médiatique et autre) autour d’un changement de date qui a lieu d’ailleurs une fois par an et qui n’est que convention.

Il me semble que l’homme contemporain ressent une sorte de fascination devant ces nombres «ronds» terminés par trois zéros: un mélange d’angoisse et d’espérance lié à la double perspective de la fin et du renouveau. Peut-être vivons-nous chaque changement de date important comme la fin inéluctable de ce qui n’appartiendra bientôt plus qu’au souvenir, mais aussi comme le renouveau possible de ce qui a marqué nos vies jusqu’à présent ?

Le passé sera encore plus le passé quand le deuxième millénaire aura fermé ses portes sur lui, et la perspective de marquer 00, puis 01, 02, etc. sur nos calendriers augure pour nous de nouveaux jours, une nouvelle espérance: tout sera meilleur, plus facile, ou alors une angoisse irraisonnée: que nous réserve cet avenir qui semble d’autant plus vaste qu’il commence plus tôt dans l’échelle des nombres?

Je ne dispose pas de moyens d’analyse suffisants pour affirmer que c’est ce double jeu de l’angoisse et de l’espérance qui modèle nos pensées et nos attitudes en cette période charnière, mais je le ressens très intuitivement et aussi très fortement.

Il est devenu presque trivial de citer la fameuse phrase d’André Malraux (souvent déformée): «Le vingt-et-unième siècle sera spirituel ou ne sera pas.» Et pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit. L’angoisse et l’espérance relèvent toutes deux du domaine spirituel, et il suffit d’observer même superficiellement le monde autour de nous pour constater que le matérialisme triomphant du début du vingtième siècle n’est plus qu’un souvenir. L’homme n’a jamais eu autant de biens matériels et technologiques, …et autant de vide à l’intérieur de lui-même. L’illusion du bonheur par la science, la technique ou le bien-être matériel s’étant dissipée, il ne reste que le trou noir d’une vie sans raison d’être.

Face à cette situation de nos contemporains, nous sommes les porteurs d’un message qui a plus de deux mille ans et qui n’a lien perdu de son actualité: Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu ‘il ait la vie éternelle (Jean 3.16).

Nous sommes appelés par le Seigneur à être des ambassadeurs pour Christ, annonçant la réconciliation du monde avec Dieu par l’œuvre de Jésus-Christ (2 Cor 5.19-21). Quel formidable remède à l’angoisse, et quel merveilleux contenu pour l’espérance! Nous sommes les porteurs d’un message unique qui répond à ce double besoin de nos contemporains. Grand privilège, mais aussi lourde responsabilité !

Nous ne pouvons assumer cette responsabilité si nous ne nous appuyons pas fermement sur la vérité de l’inspiration et l’autorité de la Parole de Dieu, ce que Frarik Horton nous rappelle dans son étude. Mais il nous faut aussi nous souvenir de ce que le Seigneur a fait pour nous, et Bernard Cousyn nous met en garde contre l’oubli et ses conséquences.

Les aspirations spirituelles de nos contemporains prennent souvent la forme d’un « retour à la nature », ce que Paul Ranc démasque dans son article sur l’idole de l’homme romantique.

Enfin, nous vous invitons à la lecture de « Calvin et la France », afin de tirer du passé des leçons pour l’avenir, et nous partageons avec vous le témoignage d’une sœur qui désire rester anonyme mais que nous connaissons bien: La vie ne prend son sens que dans la rencontre avec Dieu.

Cette année 2000 dans laquelle nous entrons ne se terminera peut-être pas sans voir le Retour du Seigneur, mais en l’attendant, tenons ferme notre espérance et soyons de bons ambassadeurs, intendants de la grâce si variée de Dieu (1 Pi 4.10).

Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi. pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit! (Romains 15.13).


La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux désirs de ce monde, et à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse. (Tite 2.11-12)

LES VERSETS cités en exergue font ressortir deux effets de la manifestation de la grâce de Dieu, deux actions de cette, grâce. Elle nous apporte le salut: c’est la grâce de Dieu manifestée en Jesus-Christ, la grâce qui a permis notre justification et notre nouvelle naissance. Mais la grâce de Dieu ne nous a pas seulement donné une nouvelle vie, elle nous enseigne comment la vivre. C’est elle qui, manifestée par la Parole de Dieu, nous nourrit et nous conduit.

Dans les numéros précédents de PROMESSES, nous avons insisté sur le statut de la Bible, Parole de Dieu. Nous vous invitons à prolonger la réflexion déjà engagée: quelles sont les implications de l’inspiration et de l’autorité de la Bible pour notre vie pratique ?

En introduction à cette présentation de la Troisième Déclaration de Chicago sur le statut de la Bible, nous vous proposons la première partie d’un exposé de Frank Hortonsur l’inspiration et l’autorité de la Bible. Ce thème n’est pas aussi rebattu qu’il le paraît: cette doctrine est battue en brèche, et vous comprendrez sans peine notre désir de bien fonder cette vérité scripturaire.

Une fois les fondations posées, il faut bâtir dessus! Si nous voulons vivre notre foi, nous devons comme nous l’avons déjà souligné, réfléchir aux implications de cette foi dans notre vie. Jean-Yves Salin nous propose quelques pistes qui ne manqueront pas d’intéresser tous nos lecteurs, ceux qui sont engagés dans une vie professionnelle et les autres.

Vous trouverez facilement le rapport des études bibliques qui suivent avec notre thème…, et surtout ne manquez pas le dernier article qui vous présente en détail un grand projet pour les numéros à venir de PROMESSES.

En vous souhaitant « bonne lecture », nous pouvons à l’instar de l’apôtre Paul, vous confier à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de donner l’héritage parmi tous ceux qui sont sanctifiés (Actes 20.32).


Dans le numéro précédent de PROMESSES, nous vous avons fait part de l’obligation dans laquelle nous nous trouvions de combattre pour la foi.

Comme tout combat, le combat de la foi se livre sur deux plans: le plan offensif auquel chacun de nous pense immédiatement, mais aussi le plan défensif.

L’équipe de PROMESSES ne voudrait surtout pas employer les pages de la revue pour pourfendre les erreurs en attaquant sans cesse l’ennemi sur son propre terrain. Si la dénonciation des erreurs est nécessaire, elle n’édifie pas le peuple de Dieu. La plus sûre sauvegarde contre les attaques des faux docteurs, et Henri Lüscher nous a rappelé que la grande bataille qui se joue aujourd’hui est la bataille pour les cours et les pensées, c’est encore la connaissance de la bonne doctrine, et celle-ci est contenue dans la Parole de Dieu.

Sola scriptura, c’était le cri de la Réforme, et c’est aussi le désir de l’équipe de PROMESSES: encourager une réflexion solide et une action courageuse et persévérante fondées sur la Parole de Dieu.

Il est urgent aujourd’hui plus que jamais de fonder notre foi, et de la fonder sur la Parole de Dieu. Nous avons dit que c’était un roc inébranlable; c’est en fait, le roc inébranlable.

De tout temps, les stratèges ont établi leurs positions fortifiées sur les hauteurs, et quoi de plus haut que la Parole de Dieu ?

Que chacun de nous puisse fonder sa foi sur le roc, le sûr fondement des apôtres et prophètes (Eph 2.20), Jésus-Christ (cf. 1 Cor 2: Il) la Parole faite chair, mais aussi la Parole inspirée de Dieu (2 Tim 3.16), ayant creusé profondément (Luc 6.48) pour atteindre le roc. C’est ainsi que nous pourrons résister, non seulement aux attaques de front, à la pluie diluvienne des critiques ouvertes contre la Bible, mais aussi aux insinuations sournoises des attaques souterraines.

Dans ce numéro 128, nous commençons la présentation d’un texte qui établit avec force l’autorité absolue de la Bible, Parole de Dieu; il s’agit d’un petit livre regroupant les trois Déclarations de Chicago. Il est important que chacun des croyants ait une pleine conviction de l’inerrance de la Bible, et trouve en elle le seul fondement sûr d’une éthique conforme à la pensée de Dieu.

Ce dossier spécial est suivi par deux études bibliques, l’une sur les psaumes 1 et 2, qui nous présentent le fondement du juste et le règne de Dieu dans un monde en crise, l’autre sur Christ, notre parfait modèle.

Enfin, comme la lecture de PROMESSES ne peut vous occuper tout un trimestre, nous avons aussi le plaisir de vous inviter à découvrir deux livres susceptibles de vous être d’un grand profit spirituel.

Que le Retour du Seigneur nous trouve veillant, ayant gardé la foi et combattu le bon combat (2 Tim 4.7) !


 » Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile

  • pour enseigner,
  • pour convaincre,
  • pour redresser,
  • pour éduquer dans la justice,

afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute ouvre bonne.  »

(2 Timothée 3.16)


Il y a plus de dix-neuf siècles, peu de temps sans doute après la prise de Jérusalem qui a sonné le glas de la longue résistance des Juifs contre les occupants romains, un vieillard pensait à ses amis. Il pensait aussi à l’homme merveilleux qui avait été son frère, mais en qui il avait aussi reconnu le Fils de Dieu, le Sauveur. Il désirait ardemment écrire à ses amis au sujet de ce Sauveur et du salut qu’il leur avait apporté, mais il a ressenti l’impérieuse nécessité de dépasser le simple partage des vérités merveilleuses du salut pour défendre la foi, cette foi qui a été « transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).

Chers amis (nous pouvons bien vous appeler ainsi, vous qui nous faites l’amitié de lire ce numéro de PROMESSES), toute l’équipe de notre petite revue de réflexion biblique se trouve elle aussi devant cette impérieuse nécessité: « combattre pour la foi qui a été transmise aux saints un fois pour toutes » (Jude 3).

Vous avez entre les mains le premier numéro de l’année 1999, avant-dernière année du deuxième millénaire, et nous espérons que vous avez ouvert en même temps votre bible, car PROMESSES n’est rien sans la Bible. Beaucoup de choses ont changé depuis que Jude, le frère du Seigneur, a écrit son épître, et en même temps rien n’a changé. L’apparence extérieure du monde a changé, mais la nature humaine, qui détermine toute la société, n’a pas changé. La Parole de Dieu est soumise à un flot incessant de critiques, mais chaque nouvelle vague se brise contre elle comme sur un roc inébranlable. Pour celui qui la lit en acceptant le témoignage de l’Histoire, et le témoignage des histoires des hommes qui l’ont crue, elle demeure la seule clé qui permette de comprendre le monde. Rien d’étonnant à cela: n’est-elle pas la révélation de celui qui a créé ce monde? Mais bien sûr, Dieu ne se révèle qu’à celui qui est assez humble pour accepter ce qu’il dit de lui-même, la Bible ne parle qu’à celui qui accepte ce qu’elle dit d’elle-même.

Accepter, que signifie ce terme quand il est question des vérités énoncées par Dieu dans sa Parole? Jacques, l’autre frère humain du Seigneur, ne nous laisse pas dans l’ignorance à cet égard: « Pratiquez la parole et ne l’écoutez pas seulement, en vous abusant par de faux raisonnements. […] Celui qui persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublier, mais en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même » (Jac 1.22-25). On ne peut pas prétendre que l’on accepte la Parole de Dieu sans la mettre en pratique, sans qu’elle change quelque chose dans notre vie.

Le danger est grand pour chacun de nous de se séduire lui-même, et il est d’autant plus important pour nous de nous prémunir contre ce danger que nous pouvons croire sincèrement que nous mettons en pratique la Parole de Dieu alors qu’en fait nous nous contentons de pratiquer ce que l’on nous a présenté comme la Parole de Dieu et qui en a l’apparence, mais pas la puissance. Les contrefaçons sont nombreuses aujourd’hui…

Depuis son premier numéro, PROMESSES est restée fidèle à son objectif qui est de présenter les vérités de la Parole de Dieu de façon claire afin d’édifier le peuple de Dieu. Pour continuer dans cette voie, il nous faut encourager les croyants à réfléchir à leur foi et à ses implications dans la réalité de la vie.

Dans ce numéro, nous vous présentons deux articles de fond que nous vous invitons à étudier très attentivement. Le premier nous fournit des pistes pour réfléchir à une vision chrétienne du monde; il est suivi du deuxième volet de l’étude de J.-H. Merle d’Aubigné sur l’autorité des Ecritures.

Le combat pour la vérité dans lequel nous sommes engagés est urgent, car le désarroi des églises et des chrétiens individuels est grand face à ces attaques qui essaient de saper les fondements de la foi chrétienne.

A tous nous voulons rappeler que la Parole de Dieu est « une lampe à nos pieds et une lumière sur notre sentier » (Ps 119.105). Quelles que soient les attaques, «lumineuse et sereine, la Croix reste debout»! La Parole de Dieu éclaire cette Croix, moment suprême de l’histoire de l’humanité, manifestation grandiose de la grâce de Dieu, et base sûre et ferme de notre espérance.

Que cette espérance nous aide à « marcher d’une manière digne de la vocation qui nous a été adressée » (Eph 4.1), en attendant le Retour glorieux du Seigneur!