PROMESSES

La Bible rapporte des centaines de «signes, prodiges et miracles» dans ses pages. Cette expression se trouve en Act 2.22 où Pierre parle des œuvres que Jésus opéra au milieu du peuple, en 2 Cor 12.12 où Paul mentionne les preuves de son apostolat, en Héb 2.4 où l’auteur souligne l’appui donné par Dieu au témoignage des disciples de Jésus, et enfin en 2 Thes 2.9 où Paul décrit les moyens par lesquels l’Antichrist séduira le monde.

La Bible nous décrit de nombreuses guérisons physiques accomplies avec ou sans moyens naturels. Personne ne peut nier ce fait. Mais une question se pose rapidement: pouvons-nous, devons-nous nous attendre à ce que Dieu fasse ces choses encore aujourd’hui?

Lorsque Jésus a dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père» (Jean 14.12), voulait-il signifier que nous serions capable de reproduire tous les signes et miracles qu’il avait accomplis, dans une plus grande mesure que la sienne? La fin du verset «parce que je m’en vais au Père», nous éclaire: ce sont les œuvres accomplies dans la puissance du Saint-Esprit par l’Eglise au travers des siècles (cf Jean 16.8).

Si notre Dieu traite encore de la même façon, et si les textes souvent répétés: «Car je suis l’Eternel, je ne change pas» (Mal 3.6) et: «Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement» (Héb 13.8), s’appliquent à ces signes, prodiges et miracles, alors nous devons nous attendre à les voir se manifester, et pas seulement les guérisons sur lesquelles on insiste tant aujourd’hui.

Pourquoi donc appuyer tellement sur les guérisons d’ordre physique? Pourquoi ne pas multiplier les pains et les poissons et nourrir les multitudes affamées d’aujourd’hui? Pourquoi ne pas imposer silence aux flots et aux vents qui sèment la terreur sur nos océans? Pour parvenir à une réponse honnête, nous devons nous tourner vers la parole de Dieu et entendre ce qu’elle nous dit sur tous les miracles qu’elle rapporte.

Tout d’abord, notons que les signes et les miracles ne sont pas une même chose. Un signe est toujours un miracle, mais tous les miracles ne sont pas des signes. Nous avons l’habitude de considérer comme miracle ce qui se produit rarement d’une part, et ce qui s’écarte de la manière habituelle d’agir de Dieu d’autre part. Dieu n’est lié par rien, ni par ses lois, ni par celles de la nature, et encore moins par celle des hommes. Seuls sa volonté et son bon plaisir comptent.

Les signes, en revanche, présupposent un arrière-plan de péché, d’incrédulité et d’opposition. Ils comportent une note d’instruction et d’avertissement, spécialement dans une atmosphère d’hostilité au plan de Dieu pour les hommes (voir Evangile de Jean).

Après la création de l’homme, nous ne trouvons pas trace d’un seul signe, sinon le jugement du déluge. N’y avait-il pas alors des croyants ou des serviteurs de Dieu? Pensons seulement à un homme comme Hénoch dont l’Ecriture dit qu’il marcha avec Dieu et qu’il fut enlevé auprès de lui (cf Gen 5.24; Héb 11.5). Pensons à Noé, appelé prédicateur de justice, qui lui aussi, marcha avec Dieu (cf Gen 6). Pensons à Abraham, le père des croyants. Y a-t-il dans l’Ancien Testament un homme plus grand et plus fidèle que lui? Mais tous ceux-ci n’ont pas fait un seul signe. Le premier grand miracle fut la naissance d’Isaac, accomplie hors des lois naturelles.

I. A quelles époques se produisaient les miracles?

Il est frappant de constater qu’ils sont apparus presque exclusivement:
a) A l’époque de Moïse et de Josué, pour confirmer la délivrance du peuple élu, la promulgation de la loi et de l’Alliance, l’établissement du culte du seul vrai Dieu et la conquête de la terre promise.
b) Lors du ministère d’Elie et Elisée, pour soutenir les croyants dans une lutte sans merci contre le paganisme triomphant.
c) Pendant l’exil, lorsque Dieu sauvegarde la foi des déportés en manifestant sa puissance et sa supériorité sur les dieux païens, par l’aide qu’il apporte à Daniel et à ses compagnons.
d) Au début du christianisme, pour accréditer la personne du fils de Dieu et son œuvre; pour confirmer la fondation de l’Eglise et la mission des apôtres; pour appuyer le passage de l’ancienne à la nouvelle Alliance, et démontrer l’excellence de l’Evangile au milieu du monde antique, idolâtre et corrompu (tiré du Dictionnaire biblique, sous l’article «miracle»).

Je reviens à Moïse. Une première analyse des signes qu’il a accomplis nous fait constater qu’ils ont été donnés:
– comme jugement sur les incrédules,
– comme preuve que celui qui accomplissait les signes avait un mandat particulier de la part de Dieu. Quel est donc l’élément qui distingue Moïse d’Abraham, de Noé, etc, pour qu’il fasse des signes et pas eux? Avait-il plus de foi que ces deux hommes? Si nous lisons Exode 4, nous voyons que ce n’était pas le cas. La foi d’Abraham et de Noé était beaucoup plus grande que celle de Moïse (cf Gen 12.1-9; 6.8-18; etc). Quel est donc le point particulier qui distingue Moïse des autres? Ce n’est pas seulement qu’il est au point de départ d’une nouvelle économie (Abraham et Noé aussi), mais Moïse a reçu de Dieu un mandat spécial pour libérer son peuple.

Mais ensuite, pendant 700 ans, il y eut peu de signes jusqu’à Elie et Elisée. Ceux-ci firent de nouveau des signes et des miracles, non pas toutefois en Juda, mais seulement en Israël qui, après s’être séparé de Juda, avait officiellement aboli le culte de l’Eternel et s’était publiquement tourné vers l’idolâtrie. Dieu donne ainsi à son peuple déchu un témoignage particulier par deux serviteurs spécialement appelés pour cela – il fera de même au dernier jour (cf Apoc 11.3-6).

Après le rejet de ces preuves divines par Israël et en laissant de côté la période de l’exil, nous devons de nouveau franchir 700 ans, jusqu’au moment où le Seigneur parcourait le pays, allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du diable (Act 10.38). Il est remarquable que Jean- Baptiste n’ait fait aucun signe (cf Jean 10.41), bien que le Seigneur dise de lui que les prophètes n’étaient pas plus grands, et que Luc souligne qu’il était rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère. Notons également que le Seigneur Jésus n’a fait aucun signe avant de commencer son ministère public (cf Mat 4.23- 24). En Matthieu 11.3-5 nous avons l’explication du but de ces signes: prouver qu’il était l’envoyé de Dieu (voir aussi Jean 2.23; 4.48; 5.36; 6.2 et 30; Act 2.22, etc). Dans les Actes, nous voyons comment les apôtres ont rempli le mandat du Seigneur. Ils prêchent l’Evangile et font des signes pour confirmer leur parole. Il est dit 7 fois des onze qu’ils ont accompli des signes, 7 fois de Paul et 3 fois d’Etienne et Philippe.

En résumé, nous pouvons dire que dans la Bible les signes n’étaient opérés que par quelques serviteurs de Dieu. A côté d’eux, vivaient à même époque des milliers d’autres croyants qui n’ont pas opéré de signes. C’est pourquoi les signes diminuèrent puis cessèrent tout à fait lorsque le témoignage fut accompli.

II. Guérison physique et morale

Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, l’idée de guérison physique est complétée par celle d’une guérison spirituelle, par conséquent plus profonde puisque le corps n’est que l’enveloppe de la personnalité (cf Jean 12.40; 1 Pi 2.24).

Dans Exode 5.26, nous avons l’expression «je suis l’Eternel qui te guérit», JEHOVAH- ROPHE, l’un des douze noms de Dieu rapportés dans l’Ancien Testament, et second nom composé de l’Eternel. Le mot ROPHE apparaît entre 60 et 70 fois dans l’Ancien Testament et signifie toujours restaurer, guérir, porter remède à, non seulement dans le sens physique, mais aussi dans le sens moral et spirituel: «Si tu écoutes attentivement… si tu fais ce qui est droit… si tu prêtes l’oreille…je ne te frapperai d’aucune des maladies», en d’autres termes l’Eternel jure d’être leur protecteur sous condition d’obéissance.

La première leçon que nous pouvons tirer, consiste dans le besoin de guérison physique et morale chez l’homme. Un cas patent est la guérison du roi Ezéchias (cf 2 Rois 20.1-11), un autre est celui de Naaman (cf 2 Rois 5.1-18). D’autres passages de l’Ecriture le soulignent plus fortement: «Pourquoi te plaindre de ta blessure, de la douleur qui cause ton mal? C’est à cause de la multitude de tes iniquités, du grand nombre de tes péchés que je t’ai fait souffrir ces choses» (Jér 30.15). Ainsi, de nombreuses Ordres à la maladie et aux plaies sont des expressions symboliques des maux moraux et spirituels, de sorte que c’est plutôt dans ce sens que Dieu est connu comme «l’Eternel qui te guérit», voir Esaïe 30.26; 61.1; Jér 3.22; 30.17.

Le seul obstacle à la guérison est l’homme lui-même: «La trente-neuvième année de son règne, Asa eut les pieds malades au point d’éprouver de grandes souffrances; même pendant sa maladie, il ne chercha pas l’Eternel, mais il consulta les médecins» (2 Chr 16.12). «Pourquoi donc la guérison de la fille de mon peuple ne s’opère-t-elle pas?» (Jér 8.22).

III. Foi et guérison

Quand nous arrivons au ministère de guérison de Jésus, nous voyons qu’il n’a jamais encouragé quelqu’un à prier et rechercher la guérison sur la base que Dieu nous donnera ce que nous désirons… On a beaucoup évoqué le texte du Psaume 103.3: «C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies», ou celui de Matthieu 12.15: «Une grande foule le suivit. Il guérit tous les malades», pour affirmer que ce n’est pas la volonté de Dieu que les chrétiens sont malades, et que, s’ils recherchent de la bonne façon la guérison de la part de Dieu, ils la recevront. Aussi, lorsqu’une personne ne guérit pas, on arrive à une seule et inévitable conclusion: elle manque de foi! Trouve-t-on ce point de vue dans la Bible? Est-ce que Jésus pose la question, à un malade: «Crois-tu que j’aie l’intention de te guérir?» Jamais de la vie! Au contraire, Jésus cherche chez les hommes la foi en sa capacité plutôt que la foi en sa volonté de guérir. Jésus pose la question: «Croyez-vous que je puisse faire cela?» (Mat 9.28), il n’a pas dit: «Croyez-vous que je veuille?» Mais: Croyez-vous que je puisse?

Un auteur moderne a classé la phrase «si c’est ta volonté» comme destructrice de la foi! Ce n’est sûrement pas ainsi que Jésus l’entendait. Lorsque le lépreux s’approcha et dit: «Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur», il s’attira cette réponse: «Je le veux, sois pur».

On peut aussi poser le problème autrement: qu’est-ce que l’incrédulité? Citons Manton: «Ce n’est pas l’incertitude quant à la volonté de Dieu, mais une fausse conception de la puissance de Dieu qui nous fait douter. L’incrédulité donc, ne consiste pas à douter de la volonté de Dieu, mais à douter de sa puissance». Ainsi Jésus n’a jamais rebuté quelqu’un pour avoir dit: «Si tu veux». L’homme qui dit à Jésus: «Si tu peux quelque chose…» a dû modifier les termes de sa demande pour recevoir la guérison de son fils (cf Marc 9.14-23). Dans ce récit, nous avons une claire indication que la foi ne guérit pas par son effet subjectif. Tournons-nous vers d’autres pages de l’Ecriture pour voir si l’énergie de la foi d’une personne a été une fois mise en question avant que la guérison ne soit reçue. La réponse est franchement négative, mais cela ne veut pas dire que Jésus approuve le peu de foi, il le blâme (cf Mat 6.30; 8.10; 8.26; 16.8), sans toutefois le rejeter, on l’a vu plus haut avec le père du garçon possédé.

IV. Guérison et expiation

Le texte cité par ceux qui affirment que l’on reçoit la guérison de son corps comme le salut de son âme se trouve en Esaïe 53.4: «Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé». Il faut savoir que la maladie, les infirmités et la mort ne sont pas des péchés; elles sont les conséquences du péché. Notre Sauveur, «après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu» (Héb 10.12). Ayant fait cela, il a la puissance d’enlever les effets du péché, et il le fera complètement à la fin, lors de la résurrection des corps (cf 1 Cor 15.54- 56). Mais nulle part il est écrit dans la Bible que la guérison physique immédiate est incluse dans l’expiation.

Poursuivant notre raisonnement, nous devrions, dès notre conversion, ne plus connaître ni maladie, ni mort. Dans le texte de Matthieu 8.16 et 17, il est distinctement dit comment et quand le passage d’Esaïe précité s’est accompli: il a été accompli dans les guérisons que notre Seigneur a faites lorsqu’il était sur la terre et non dans sa mort. Je cite J.N.Darby: «Jamais notre Seigneur n’a guéri un malade sans porter dans son esprit et sur son cœur le poids de cette maladie comme fruit de la puissance du mal». Lors de la guérison du sourd-muet, «Jésus a levé les yeux au ciel et a soupiré profondément» (cf Marc 7.34).

En conclusion, parce que le péché a été expié sur la croix, Dieu peut en toute justice en bannir les effets comme il se plaît à le faire quelquefois et comme il le fera sur une échelle universelle lors de la seconde venue de son fils (cf Rom 8.23; 1 Thes 4.16-17).

V. La gloire de Dieu, avec ou sans guérison

Nous lisons en Romains 5.3: «Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance ». Nous sommes ici en présence d’un haut niveau de vie chrétienne, qui contraste avec la recherche effrénée de douceur et de bien-être prônée dans notre monde contemporain et même dans l’Eglise! Pourquoi cela? Parce que Paul se glorifie d’abord dans l’espérance de la gloire de Dieu.

La souffrance et la gloire sont souvent mentionnées ensemble dans le Nouveau Testament, et notre pente naturelle est de soupirer après l’une et de refuser l’autre. La souffrance éduque, corrige, et adoucit. Il y a des hommes qui vivent dans de confortables illusions, jusqu’à ce que la calamité fonde sur eux avec la soudaineté du tonnerre! Cette heure d’angoisse peut clarifier des concepts faux comme «le chrétien doit obligatoirement prospérer».

Dieu donne la foi autant pour guérir que pour endurer l’absence de guérison. Pensons aux trois hommes dans la fournaise: «Notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon…», sinon nous continuerons de croire. Dieu nous discipline comme des fils, et la maladie entre certainement dans cette catégorie. Dieu juge bon que quelques-uns de ses enfants passent par l’école de la souffrance pour sa propre gloire et leur plus grand bien spirituel (voir le cas de Job).

Pour terminer, nous croyons que notre Dieu est souverain, tout-puissant et fidèle. Il contrôle toute situation totalement et parfaitement. Nous croyons qu’il peut guérir toute maladie, avec ou sans concours médical, mais jamais au détriment de sa volonté, de sa justice et de son amour. C’est pourquoi nous affirmons avec l’apôtre Paul: «Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils» (Rom 8.28-29).

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JÉSUS, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu, est entré volontairement dans la condition humaine sans s’en épargner l’aspect le plus rebutant, le plus mystérieux, le plus insoluble: celui de la souffrance. Dans ce domaine, chacun reconnaît en l’autre un être de la même espèce et se rapproche de lui pour partager, aider, supporter, alléger, sympathiser. Ceux qui vivent une expérience commune comportant des dangers, des privations, des coups, des moments d’espoir voient tomber des barrières de toutes sortes. Des liens sont tissés à jamais entre eux.

Si un témoin peut parler des souffrances réelles de Jésus-Christ, c’est bien l’apôtre Pierre qui a vécu avec lui depuis son baptême jusqu’à sa mort. Qu’a donc vu ce disciple chez cet homme unique, si profondément homme parce que réellement Dieu? Une capacité infinie à souffrir face à des adversaires déclarés, à une foule apathique, aux jugements de sa famille, à l’incompréhension de ceux qui l’entouraient. Aussi Pierre déclare-t-il trois fois dans son Epître :

Christ a souffert…(1) Pourquoi? Pour les péchés des hommes, afin de les amener à Dieu par la repentance et la foi puisqu’ils sont séparés de lui de- puis la désobéissance d’Adam et Eve. Le mot péché n’est plus à la mode, mais il exprime bien la révolte de l’homme contre son Créateur, la transgression des lois divines, l’absence de frein envers le mal. Celui qui commet ces choses est loin de Dieu, égaré et condamné. C’est pourquoi Christ, le seul juste, a enduré le jugement et la colère de Dieu pour sauver l’homme perdu et en faire un homme nouveau. Lecteur, êtes-vous conscient que le Dieu de la création, de l’histoire, de l’humanité, a souffert en son Fils pour réparer cette brisure, établir une relation solide entre lui et vous?

Christ a souffert…(2) Comment? Volontairement, sans regretter ni récriminer, en pleine possession de ses moyens pour accomplir la volonté de son Père. «Celui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude » (3) a supporté l’opposition avec une grande dignité. En cela, il est un exemple et nous sommes appelés à suivre ses traces. Si quelqu’un souffre à tort, de façon criante et scandaleuse, qu’il tourne ses regards vers Jésus et fasse comme lui.

Christ a souffert… (4) Jusqu’où? Audelà des limites que les hommes se fixent, au-delà de l’acceptable, jusqu’aux pires souffrances physiques et morales. Vous savez que les douleurs de tous genres peuvent casser un rythme, saper une carrière, isoler de la société, arracher des larmes, paralyser tout l’être. Bref, ces grands coups de vent de la vie ne nous amènent-ils pas à réfléchir sur son sens, même si nous souffrons jusqu’à la moelle? Jésus a aussi ressenti l’abandon de son Dieu sur la croix. C’est pourquoi il peut compatir aux détresses, entendre les cris du cour, consoler les affligés et fortifier les découragés. Si votre peine vous bloque et vous enferme, levez les yeux vers Jésus qui a dit : «Celui qui écoute ma Parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (5).

Ph. F.

(1) cf. 1 Pi 3.18
(2) cf. 1 Pi 2.21
(3) cf. 1 Pi 2.22
(4) cf. 1 Pi 4.1
(5) cf. Jean 5.24

 

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GAGNER ! Tel est le titre d’un ouvrage récemment paru où un patron célèbre indique les voies de sa réussite. Gagner… C’est le leitmotiv d’athlètes renommés ou de sportifs anonymes qui tentent de battre des records jugés impossibles. Gagner… C’est aussi l’espoir d’une multitude de spéculateurs, véritables loups de la finance innovant des méthodes pour déstabiliser un géant bien établi ou accélérer la fusion d’énormes capitaux.

Ce verbe évoque l’effort couronné de succès; n’est-il donc réservé qu’à une élite de ce monde ? Ouvrons l’Evangile. Une parole de Jésus heurte de plein fouet: «Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde s’il perd son âme ?» (Marc 8.36). L’Evangile est si actuel qu’il nous présente le plus grand gain qui puisse exister – régner sur le monde – en contraste avec la plus grande perte qui soit: celle de l’âme. Ainsi l’on peut se poser la question: vaut-il la peine d’investir tant de forces pour un résultat si décevant ? Pour Dieu la réponse est claire, la valeur de l’âme est inestimable en comparaison des richesses d’ici-bas. C’est ce que le Seigneur Jésus a prouvé en venant chercher la brebis perdue jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée (cf. Luc 15.4).

Consultons les épîtres. A la fin de son ministère, l’apôtre Paul se trouve en prison à Rome. Du monde, il a déjà reçu – comme son Maître – coups, injures, mépris, dédain, mais il dit aux Galates que «le monde est crucifié pour lui comme il l’est pour le monde» (6.14). Aussi, comme un champion veut décrocher un titre au prix d’une discipline de fer, de privations et de tensions de tous les instants, sa recherche incessante, son but suprême sont «l’excellence de la connaissance de Jésus- Christ son Seigneur» (Phil 3.8).

Laissons-nous inspirer par cette expression associée à une autre dans le même verset: «gagner Christ». Saisi par son Sauveur, Paul court avec une ténacité à toute épreuve pour découvrir la gloire de son Seigneur. Où en sommes- nous à ce sujet ? Nous affirmons ou nous prétendons suivre l’exemple de Paul, mais brûlons-nous comme lui par notre amour et notre obéissance ? En fait, que signifie vraiment gagner Christ ? En lisant le contexte (Phil 3.1- 14), trois pensées s’imposent:

1. Une rupture avec le passé

«Ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte pour Christ» (Phil 3.7). De quoi s’agit-il ? L’apôtre les mentionne au début du chapitre: la tradition, la race, l’appartenance à une tribu royale, le sang non mélangé, la pureté de la langue (il ne parle pas de l’araméen), le zèle pour les règles extérieures de la loi, l’adhésion passionnée à la secte la plus stricte (celle des Pharisiens). Tout est digne et rien n’est méprisable dans ce catalogue d’avantages. Mais ces choses l’ont conduit néanmoins à persécuter l’Eglise, à blasphémer le nom de Christ et à traiter sans ménagement hommes et femmes. La rencontre avec son Seigneur, sur le chemin de Damas, a bouleversé non seulement son existence mais toutes ses estimations. L’ensemble des normes a basculé pour faire place à Christ et à son royaume. Aujourd’hui encore, ces choses peuvent produire des chrétiens de nom mais elles ne suffisent pas pour établir un chrétien de fait. Ces choses auraient pu l’installer comme un grand docteur renommé pour sa science théologique, mais il les a regardées comme une perte à cause de Christ. Lecteurs, en définitive, où plaçons-nous notre confiance ? En Christ ou dans notre hérédité, notre éducation, notre appartenance à une Eglise, aussi bonne soit-elle ? En Christ, ou dans notre position sociale, nos dons, nos goûts religieux ou mondains ? Tant que ces choses représentent un gain, elles sont une source de problèmes, elles empêchent un complet épanouissement de notre joie et de notre paix dans la foi (cf. Rom 15.13).

2. Une ambition pour le présent

Paul, dans sa réflexion, ne s’arrête pas à une série d’avantages auxquels il a renoncé. Il va plus loin, il porte un regard critique et lucide sur tous les privilèges que le monde peut offrir: «Et même je regarde toutes choses comme une perte…». La connaissance de Jésus-Christ son Seigneur est d’une telle richesse que son échelle des valeurs s’en trouve bouleversée sur tous les points. Il est convaincu que tout est appelé à disparaître, à fuir, à passer. «La figure de ce monde passe», écrit-il aux Corinthiens (1 Cor 7.31).

Si nous prenons le temps d’évaluer les quelques succès ou les profits qui nous séduisent et nous paralysent, pour les comparer à la bénédiction d’une vraie communion avec Dieu, nous reconnaissons la décision de l’apôtre comme sûre et satisfaisante. Nous comprenons aussi mieux pourquoi, dans un langage qui nous paraît excessif, il déclare: «Je les regarde comme de la boue afin de gagner Christ» (Phil 3.8). Il est frappant de constater que les choses perdent de leur éclat – au point de devenir de la boue – dans la proximité de Jésus-Christ.

Aujourd’hui, nous sommes placés devant l’impérieuse nécessité d’une analyse toute nouvelle de notre position en Christ, de notre relation avec Dieu et de notre recherche de sa volonté.

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VIE CHRETIENNE

(Nombres 13.30-33 et 32.12)

Lorsque nous nous penchons sur la vie de Caleb, une phrase revient sept fois, courte, mais chargée de signification: « Il a pleinement suivi ma voie » (Nom 14.24; Nom 32.11 et 12; Deut 1.36; Jos 14.8 et 9; Jos 14.14). Si le Saint-Esprit a répété sept fois cette phrase au sujet de Caleb, c’est pour mettre l’accent sur la qualité de sa foi, comprenant l’obéissance complète à Dieu et le don total de soi. Qui était Caleb ? Un homme de Dieu dont l’énergie, la fraîcheur, l’ardeur ne se sont jamais démenties. A l’âge de quatre-vingt-cinq ans, il pouvait dire qu’il avait la même force qu’au temps de sa jeunesse. Il apparaît dans la Bible à l’âge de quarante ans, à un moment crucial de l’histoire d’Israël, et d’emblée il se montre comme quelqu’un sur qui Dieu peut compter entièrement.

Traduite ailleurs par « il m ‘a suivi constamment », « il m ‘a obéi fidèlement », ou encore « il m ‘a parfaitement obéi » cette phrase est un certificat de haute valeur. Caleb n’a été ni serviteur de Moïse ni général, comme Josué, mais il a rempli fidèlement deux missions importantes: d’abord celle d’explorer le pays de Canaan, puis plus tard, celle de le partager. C’était un homme du peuple, simple comme vous et moi, mais un modèle de vie abondante, d’élan dans le combat et de disponibilité pour le service.

Que signifie pratiquement «suivre pleinement la voie de Dieu» ? Lisons attentivement le récit et nous aurons la réponse. Nous découvrons Caleb en trois circonstances: premièrement, à Kadès-Baméa, près du pays de Canaan, prêt à y entrer. Deuxièmement, dans le désert, pendant trente-huit ans, attendant d’entrer dans le pays. Troisièmement, dans le pays de Canaan, désirant posséder le pays complètement. Nous pouvons résumer l’attitude de Caleb par les trois points suivants :

1. Avancer quand les autres reculent

A Kadès-Barnéa, tout le peuple est sur le point d’entrer dans le pays promis. Moïse a décidé d’envoyer douze espions pour se rendre compte de la configuration du terrain. Choix solennel décrit en Nom 13.1 à 16. Ces douze hommes montent dans le pays, explorent les vallées et reviennent avec des fruits et une grappe de raisin si grosse qu’ils sont deux à la porter (Nom 13.23). Dans leur rapport, dix de ces hommes font ressortir lourdement les côtés négatifs de la région visitée, alors que deux autres, Caleb et Josué, réagissent positivement. Lecteurs, comment réagissez-vous devant les côtés négatifs de vos situations ? Les bénédictions divines sont souvent accompagnées d’épreuves et il n’y a pas de vie chrétienne sans combat.

Reprenons le récit: à l’ouïe de ces nouvelles, le peuple murmure et s’emporte contre Moïse. Caleb fait taire le peuple et s’écrie: « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs » (Nom 13.30). Voilà un homme sur qui Dieu peut compter, car sa foi l’emporte et lui permet d’aller contre le courant qui est très fort. Il est à remarquer que, dans sa réplique, Caleb ne parle pas une seule fois de la puissance de Canaan, des grandes villes fortifiées et des géants. En revanche, il mentionne le pays qu’il a parcouru avec Josué. Les deux hommes, « animés d’un autre esprit » (Nom 14.24), voient le pays comme Dieu le voit. Les obstacles ne les paralysent pas, ils avancent quand les autres reculent et ils peuvent dire des Cananéens : « Ils nous serviront de pâture, ils n’ont plus d’ombrage pour les couvrir » (Nom 14.9).

Ainsi à Kadès, Caleb prend position pour Dieu au risque d’être lapidé par le peuple. Il accepte le pays tel qu’il est, avec ses fruits et ses géants, avec ses avantages et ses inconvénients. En agissant ainsi, il met Dieu au premier plan, car il connaît celui qui les a fait sortir d’Egypte et traverser la Mer Rouge. Il sait qu’il demeure le même et qu’avec son secours, les géants seront vaincus. Beaucoup de chrétiens s’arrêtent, reculent, se figent même devant des situations semblables. Où en êtes-vous personnellement ? Caleb nous donne l’exemple à suivre: avancer quand les autres reculent, à cause de leur incrédulité, devant l’impossible. Ce qui s’est passé à Kadès-Barnéa n’est pas nouveau : nous sommes assaillis par des problèmes, tous les jours, dans notre monde moderne. Y a-t-il un géant qui vous empêche d’avancer ? Y a-t-il une ville fortifiée qui vous barre le chemin ? Certains courants ou certaines influences vous paralysent-ils ? N’imitez pas les dix qui ont flanché avec leur cour partagé; ayez comme Caleb un cour entier pour Dieu. La vie de foi comprend des décisions hardies à des moments stratégiques.

2. Persévérer quand les autres tombent

Une page s’est tournée pour Israël, car Dieu est intervenu avec sévérité en décrétant que « tous ceux qui sont sortis d’Egypte ne rentreront point en Canaan, excepté Caleb et Josué » (Nom 14.29 et 30). Pendant trente-huit ans, Dieu va attendre que toute la première génération meure dans le désert et qu’une autre se lève pour entrer en Canaan. Bien que la Bible ne mentionne pas Caleb durant ce long pèlerinage, il est pourtant là! Il fait partie de la nation et il suit ses marches dans le désert. Ainsi Caleb voit son entrée dans le pays retardée de trente-huit ans à cause d’un jugement de Dieu sur une collectivité désobéissante. Y avez-vous songé ? Alors qu’il était physiquement et spirituellement prêt à s’emparer du pays, par la faute d’une race incrédule et rebelle (Deut 1.32) lui et Josué doivent tourner en rond pendant trente-huit ans.

Comment vous seriez-vous comportés dans ce cas ? Auriez-vous murmuré, tempêté, en disant: ce n’est pas juste! C’est du temps perdu! A quoi cela sert-il ?

Caleb ne s’est pas laissé aller; au contraire, pendant toutes ces années « Où les cadavres de ceux qui péchaient tombèrent dans le désert » (Héb 3.17) il a supporté encore une pareille situation avec la force de Dieu. Plus encore, en homme de foi, il a fait des expériences uniques malgré l’adversité. Quelle leçon de persévérance pour nous! Nous sommes dans des temps difficiles, où les valeurs morales sont balayées, où l’iniquité abonde, où l’Eglise elle-même est secouée et reçoit des coups violents de l’adversaire. L’attitude de Caleb est un appel à ne pas tomber avec les autres, mais à conserver toute notre vigueur dans la communion avec Dieu et dans la vision de sa gloire. C’est pourquoi Caleb a pu dire à Josué, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, à propos de ces années: « L’Eternel m’a fait vivre » (Jos 14.10). Cette énergie divine a permis à ce conquérant de tourner en rond dans le désert sans s’affaiblir et sans perdre de temps. Il a certainement saisi toutes les occasions d’aider, d’encourager, d’exhorter ses compagnons de route qui mouraient à côté de lui.

D’autre part, le souvenir de la terre de Canaan qu’il avait foulée et la promesse que Dieu avait faite à son sujet: « il verra le pays » (Deut 1.36) demeuraient dans son cour. En foulant le sable du désert, Caleb avait à la semelle la terre de Canaan! Il y était allé, il l’avait parcourue, il avait goûté ce don de Dieu et cela ne l’avait plus jamais quitté. En est-il ainsi de nous quant à la parole de Dieu ? Est-elle attachée à nos pieds ou n’est-elle qu’enfermée dans notre tête ? Si nous sommes dans le cas de Caleb, nous tiendrons le coup et nous persévèrerons lorsque nous traverserons nos déserts. Quant à la promesse de voir le pays, quel puissant réconfort pour supporter la chaleur accablante, et les événements déprimants de ces trente-huit ans ! Finalement, ces longues années ont été autant d’années miraculeuses, puisque Caleb a conservé sa force intacte pour la conquête de Canaan.

Où en sommes-nous lorsque nous rencontrons des circonstances analogues ? Vivre de foi, c’est s’appuyer sur les promesses en faisant face au présent, en acceptant les retards permis, et en se réjouissant de l’avenir.

3. Achever quand les autres fléchissent

Tout de suite, faisons un bond en avant de plusieurs années! La première génération est morte dans le désert, image des vocations qui ne s’épanouissent pas. Cette génération disparue, la nouvelle entre dans le pays de Canaan en traversant le Jourdain. Caleb n’est pas mentionné, mais il fait partie de l’armée qui a pris Jéricho et qui a vécu la journée mémorable où le soleil ne s’est pas couché pendant presque tout un jour (Jos 10.13). Josué est à la tête des troupes et dirige les combats. Sept ans plus tard, lors du partage du pays à l’occident du Jourdain, Caleb – représentant de la tribu de Juda – s’avance vers Josué pour réclamer l’héritage qui lui revient personnellement.

La scène rapportée en Jos 14.6 à 14 est unique, car personne d’autre n’a agi de cette façon. Au contraire, les combattants qui ont pris tant de villes et vaincu tant de rois (Jos 12.9 à 24) fléchissent dans leur zèle et n’achèvent point la conquête selon le plan de Dieu. Le triste refrain « ils ne chassèrent point les Cananéens » du premier chapitre de Juges explique l’état d’esprit du peuple: la lassitude gagne du terrain, le travail n’est pas fait entièrement, les combats cessent. C’est pourquoi la demande de Caleb, formulée en ces termes fermes et précis: « Donne-moi cette montagne » (Jos 14.12) témoigne qu’il est toujours « animé d’un autre esprit ». Il est bien l’homme qui va jus- qu’au bout et ne se contente pas d’un à-peu-près. Il achève la tâche.

Caleb est l’exemple d’un combattant qui ne se laisse pas arrêter par les « pour-quoi pas », les « peut-être », les « il paraît que » et les « on m’a dit ». Il s’empare de la montagne d’Hébron et en chasse les fils d’Anak, des géants qui habitaient là depuis fort longtemps, qui lui « servirent de pâture« , selon l’expression employée quarante-cinq ans plus tôt ! Mais il y a plus encore; sa fille lui fait cette requête: « Fais-moi un présent, car tu m’as donné une terre du midi; donne-moi aussi des sources d’eau », requête aussitôt accordée: «II lui donna les sources supérieures et les sources inférieures» (Jos 15.19). Grâce à cet ultime combat, Caleb a découvert des sources pour sa postérité. Quelle récompense pour ce vaillant guerrier !

Il faut tout conquérir, même ce qui est le plus difficile! S’arrêter au pied de la montagne, c’est laisser les géants en place et ignorer les sources d’eau, c’est-à-dire appauvrir sa vie spirituelle. Dieu recherche plus que jamais de vrais disciples parmi les chrétiens: des hommes et des femmes qui suivent pleinement la voie de l’Eternel, qui avancent quand les autres reculent, qui persévèrent quand les autres fléchissent.

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