PROMESSES

Article initialement publié dans le « Témoin » de l’Action Biblique

Introduction

Un texte de l’Epître de Paul aux Romains a plus d’une fois retenu mon attention et nourri ma réflexion. Le voici: Dieu, que je sers en mon esprit dans l’Evangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, le bonheur d’aller vers vous (Rom 1.9-10).

Avant de s’exprimer extérieurement, le service de l’apôtre Paul se situait dans son esprit, c’est-à-dire dans son « homme intérieur », la partie la plus intime de son être. Etant fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ (cp. Gal 3.26), Paul avait reçu dans son cour l’Esprit de son Fils (cp. Gal 4.6), Aussi servait-il Dieu dans l’Evangile du Fils, en plein accord avec ses enseignements, mais aussi dans l’Esprit du Fils, en conformité avec l’ exemple que le Fils a donné en tant que Serviteur parfait.

Ces quelques mots d’introduction suscitent quelques questions: Servons-nous Dieu? Comment le servons-nous? Ou bien: Nous servons-nous de Dieu?

L’on parle beaucoup de servir Dieu sans se douter qu’on peut se servir du service de Dieu pour atteindre des fins personnelles, et qu’un service pour Dieu n’est agréable que s’il est accompli dans l’Esprit de son Fils. Le Fils a servi dans l’esprit du sacrifice alors que beaucoup d’hommes poursuivent l’exaltation de la personnalité et des dons sous couvert du service de Dieu. Ils voient dans l’Eglise le moyen de mettre leurs personnes en valeur et en avant ils prétendent servir Dieu et s’écartent de l’exemple que Jésus a donné en servant Dieu dans l’Esprit de Dieu. Si Jésus-Christ n’a pas servi sans l’Esprit de Dieu, nous ne pouvons pas servir Dieu sans l’Esprit de son Fils. (Lire et méditer Es 42.1-3; Marc 10.45; Act 10.38; Phil 2.5-8).

La mentalité qui prévaut aujourd’hui est aux antipodes de l’Esprit du Fils, de la notion de sacrifice, de renoncement, de dépouillement, d’effacement, d’obéissance. L’on encourage plutôt tout ce qui plaît à la vie naturelle et tout ce qui peut souligner les dons, les droits et les revendications de cette vie. Reconnaissons honnêtement que le « moi » occupe plus souvent le trône que Jésus-Christ. Ce qui plaît à la chair est devenu le critère suprême alors que les exigences de l’Ecriture sont tout simplement ignorées ou méprisées. Une telle situation fait irrésistiblement penser au temps des Juges où il n’y avait plus de roi en Israël et où chacun faisait ce qui paraissait bon à ses yeux (cp Jug 17.6).

Quand le principe d’autorité est enlevé, plus rien ne fait barrage aux débordements du subjectivisme et de l’égoïsme, aux fantaisies du moi, aux caprices de la chair. L’érosion de la mentalité chrétienne a ouvert la voie à l’ anarchie jusque dans la maison de Dieu. Si les Juifs refusaient le gouvernement de Dieu du temps des Juges, il est bien des chrétiens qui refusent aujourd’hui de reconnaître l’existence des conducteurs spirituels et la légitimité de leur autorité, en dépit de textes aussi clairs que 1 Thes 5.12-13, 1 Tim 5 17 et Héb 13.17. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils relativisent la vérité et l’autorité mêmes de l’Ecriture! Car, s’ils respectaient pleinement l’Ecriture comme suprême et infaillible autorité en matière de foi et de conduite, ils se soumettraient à son enseignement et à ses exigences et ils ne discuteraient pas l’ autorité des conducteurs établis par Dieu. Seuls l’orgueil, la recherche de l’ autonomie, le désir de « se prendre en charge » soi-même, le refus de la directivité, le principe d’autogestion sont à la base de ce formidable mouvement d’émancipation qui agit comme un ferment dans le monde et dans l’Eglise. Le moment vient donc où le jugement va commencer par la maison de Dieu (cp 1 Pi 4.17), car la maison de Dieu s’est laissé entamer et corrompre par l’ esprit du monde !

La vie et l’attitude de l’apôtre Paul

Paul servait Dieu en son esprit, dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils. Si nous considérons sa vie et son attitude, en rapport avec l’église de Corinthe, nous sommes dans le contexte historique de notre thème.

En effet, quel contraste entre celui qui voulait être regardé comme serviteur de Christ (cp 1 Cor 4.1) – dans le sens le plus humble du terme – et certains membres de l’Eglise de Corinthe enflés d’orgueil et régnant dans un état d’autosatisfaction frisant l’ inconscience et constituant une sorte de provocation face aux conditions de faiblesse, de souffrance et d’ignominie qu’enduraient les apôtres du Seigneur identifiés à leur maître! Sentons profondément ce contraste choquant en méditant les versets 8 à 15 de 1 Cor.4.

La lecture de ce passage nous permet d’évaluer ce que l’apôtre a enduré au sein de l’Eglise de Corinthe, dont il était le père spiri tuel, mais aussi le serviteur à cause de Jésus (cp 2 Cor 4.5).

Cette Eglise avait mis sa gloire dans des hommes (cp 1 Cor 1.12; 3.21 et 4.6) au lieu de se laisser attirer et subjuguer par la croix. Elle contestait le ministère de Paul, apôtre, et se laissait influencer par des hommes ambitieux, de différents clans, se donnant comme super-apôtres (cp 2 Cor 10.7: 11.2-6, 13).

En plus de cela, et alors qu’elle avait été spirituellement comblée par Dieu au travers du ministère de Paul (cp 1 Cor 1.4-7), l’Eglise de Corinthe lui reprochait d’avoir voulu profiter d’elle sur le plan matériel (cp 2 Cor 7.2; 12.16-18).

Il y aurait eu de quoi décourager quelqu’un dépourvu d’un esprit désintéressé, de l’esprit de service, de l’Esprit même du Fils. Ce n’était heureusement pas le cas de l’apôtre Paul qui, tout en défendant son ministère et son apostolat (cp 1 Cor 9.1-3) et en rejetant les accusations mensongères, ne se soustrayait pas à la croix et continuait à aimer les Corinthiens et à servir Dieu en ne faisant aucun cas des préjudices moraux qu’il subissait entant que personne! Ne glorifiait-il pas son Maître en écrivant les paroles suivantes aux Corinthiens: Voici, pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous, et je ne serai point à votre charge; car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous- mêmes. Ce n ‘ est pas en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. Pour moi, je ferai très volontiers des dépenses et je me dépenserai moi-même pour vos âmes. En vous aimant davantage, serai-je moins aimé de vous? (2 Cor 12.14-15).

Ce merveilleux passage met en relief un aspect, une dimension, sans lesquels le christianisme est réduit à une forme et devient une caricature de ce que son fondateur a manifesté: l’aspect et la dimension de la croix. Pensons à Jésus-Christ qui a marché vers l’heure du sacrifice, le sachant et le voulant. A aucun moment il n’ a voulu échapper à la mort de la croix (cp Luc 12.50; Mat 16.21; Jean 10.18 et 12.27-28). Depuis le baptême dans le Jourdain, où il s’identifia au pécheur. il s’avança résolument vers Golgotha, où Dieu le fit devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (cp Mat 27 .46; Rom 8.3; 2 Cor 5.21; Gal 3.13-14).

La sagesse et l’orgueil humains s’insurgent contre la croix car l’homme animal ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu. Pour lui, la croix est une folie un scandale, une faillite (cp 1 Cor 1.18, 22-24; 2.1-2, 6-14). Le diable a toujours proposé un christianisme sans la croix, car un tel christianisme ne dérange pas ses plans puisqu’il laisse l’homme dans son autonomie par rapport à Dieu et dans son esclavage en ce qui concerne le péché.

L’ apôtre Paul ne voulait pas servir Dieu sans être identifié à Christ dans son humiliation, ce qui reviendrait à vouloir être plus grand que le Maître! (cp. Luc 22.24-27; Jean 13.16; 15.18-21). Il acceptait tout ce qu’implique le fait d’être une même plante avec Christ dans sa mort et sa résurrection.

Sans l’acceptation du sacrifice, nous buterons sans cesse sur les obstacles internes et externes que les circonstances de la vie mettent en évidence et nous remettrons constamment en cause notre marche chrétienne. Dès que surviendra une épreuve à cause de la parole (cp Mat 13.20-21), nous y trouverons une occasion de chute. La moindre contrariété, le plus petit renoncement nous surprendront loin de la croix, en flagrant délit de vouloir sauver notre vie égoïste. Acceptons donc la voie tracée par le Seigneur à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’ il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera (Mat 16.24-25).

L’apôtre Paul en était arrivé à l’oubli de lui-même. Vivante offrande, il acceptait un préjudice constant en renonçant à lui-même. Aussi pouvait-il dire: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ oui vit en moi (Gal 2.20). Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu (Act 20.24). Bien avant sa mort de martyr il servait déjà de libation pour le sacrifice (cp Phil 2.17 et 2 Tim 4.7).

Acceptons-nous cette répudiation du moi sans nous retrancher derrière le fait que les autres devraient d’abord en donner l’exemple? Le regard sur les autres peut devenir un prétexte, une excuse, un paravent. Attendre le perfectionnement de l’autre, c’est se paralyser soi-même, bloquer les relations fraternelles et empêcher l’engagement que Dieu nous destine. Combien de chrétiens regardent les autres et déterminent leur comportement à partir de ce que sont et de ce que font les autres! Il est certain que le diable a remporté ses plus grandes et ses plus nombreuses victoires à travers l’ orgueil, la susceptibilité, l’égoïsme des chrétiens et l’ activité incontrôlées de leurs langues médisantes et amères! (cp Jac 3.1-12). Tout cela est plus à craindre que les persécutions venant du monde sans Dieu. Ainsi donc, le chrétien qui résiste à la croix ne peut servir Dieu d’une manière conforme à l’Evangile, et à l’Esprit de Jésus-Christ. De plus, il fait le jeu du diable et devient un élément nuisible pour ses frères et sours dans la foi! Combien cela est triste et déshonorant!

Quelques illustrations de l’attitude sacrificielle de l’apôtre Paul

A. Paul s’étonnait de la jalousie et des disputes qui déchiraient les Corinthiens (cp 1 Cor 3.1-3). Attristé par leur esprit de clan fondé sur des préférences humaines: Moi, je suis de Paul moi d’Apollos! (cp 1 Cor 3.4), il s’écriait: Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’ est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun (1 Cor 3.5).

En ne voulant pas être estimé pour plus qu’il n’était, un serviteur, Paul ne cherchait en aucun cas les applaudissements des hommes. Il acceptait d’être regardé seulement et simplement comme un instrument de la grâce de Dieu. La croix l’empêchait de devenir un personnage important, une vedette religieuse. Ce qu’il était il le devait exclusivement à la grâce de Dieu (cp 1 Cor 15.10).

B. L’unique préoccupation de Paul, comme serviteur de Christ et dispensateur des mystères de Dieu, se résumait à ceci: être trouvé fidèle (cp 1 Cor 4.1-2). Par conséquent il lui importait fort peu d’être jugé par un tribunal humain. Il s’ en remettait au jugement souverain et objectif du Seigneur: Celui qui me juge, c’est le Seigneur (cp 1 Cor 4.4). La croix opérait sur sa sensibilité à l’opinion et au jugement d’autrui. Il remettait sa cause à Dieu qui dispose du temps pour mettre en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et pour manifester les desseins des cours. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due (1 Cor 4.5).

C. Paul se savait libre en Christ. Il n’ignorait pas ses droits: Ne suis- je pas libre?. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N ‘ avons-nous pas le droit de mener avec nous une sour qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? (1 Cor 9.1, 4-5). Pourtant il acceptait la croix sur sa liberté et sur ses droits, par amour pour les autres en rapport avec la faiblesse de leur conscience! (cp 1 Cor 6.12; 8.9; Rom 14.13; 1 Cor 10.23-24, 28-29). S’il n’usait pas nécessairement de tous ses droits de chrétien et de prédicateur, c’était pour ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ (cp 1 Cor 9.6-12). Libre à l’égard de tous il se rendait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre (cp 1 Cor 9. 19). En se faisant tout à tous il s’identifiait – sans compromis avec le mal, ni l’ erreur – à tous ceux qu’ il évangélisait. L’on ne trouvait chez lui ni duplicité, ni hypocrisie, ni rigidité formaliste.

Conclusion

Bien qu’ayant les dons, les droits, la charge et les preuves de l’apostolat, bien qu’ayant eu part à des révélations ineffables, Paul n’ a jamais voulu en tirer une satisfaction personnelle, se prévaloir de rien (cp 2 Cor 12.1-10). Il n’aspirait qu’ à une chose: que Christ, sa vie, apparaisse en lui pour que d’autres soient gagnés à Lui. Nous avons à nous poser cette question: Qui paraît en moi? Est-ce Christ ou le moi ? Il faut que ce soit Christ si je veux servir Dieu agréablement et efficacement.

Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quant Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4).

J.-J. D.


Chronique de livres

Titre:Confession de la Rochelle (Soyez toujours prêts.) (80 pages)
Auteur:    Pierre Ch. Marcel
Editeur:Editions Kerygma, 33 av. Jules-Ferry, F-13100 Aix-en-Provence

 Ce livre de 80 pages s’ouvre par une préface explicative au sujet des circonstances historiques qui ont conduit à la rédaction de la Confession de Foi de la Rochelle en 1571, Confession dont Calvin est le principal auteur.

 Le texte de la Confession de Foi obéit au développement classique de la doctrine chrétienne. Huit sujets sont exposés dans l’ordre suivant: I. Dieu et sa révélation; II. L’homme et son péché; III. Jésus-Christ; IV. L’oeuvre du salut; V. L’Eglise: sa na­ture; VI. L’Eglise: son organisation; VII. Les sacrements; VIII. Les pouvoirs publics.

 Ces chapitres théologiques sont suivis de plusieurs notes éclairant certains aspects du texte de la Confession.

 Le condensé théologique exprime en raccourci ce que l’on trouve amplement développé dans l’institution Chrétienne et tout est construit à partir des déclarations de l’Ecriture Sainte. Excepté le chapitre traitant des sacrements, qui appelle les réserves d’usage surtout en ce qui concerne le baptême des enfants et son effet, l’on peut tenir cette Confession comme entièrement fidèle à l’enseignement biblique et de nature à corriger les erreurs des sectaires de tous les siècles. La pensée réformée, parce qu’elle est fondée sur le roc de la Bible, est d’une clarté et d’une vigueur qui font beaucoup de bien à l’âme dans un temps où le domaine de l’expérience et du subjectivisme ont pris le pas sur celui de l’autorité, de l’infaillibilité et de l’inerrence des Saintes Ecritures.

 Mises à part les réserves sur la doctrine des sacrements, cette Confession de Foi est magnifique de clarté, de sobriété et de précision. Elle va toujours à l’essentiel et est solidement étayée par l’Ecriture Sainte. Calvin, qui est l’auteur principal de cette Confession, nous donne en condensé ce qu’il a longuement développé dans son Institution Chrétienne.

 Les chrétiens bibliques tireront le plus grand profit d’une telle lecture au moment ou l’Eglise de Jésus-Christ risque d’oublier ses fondements immuables.

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:Esprit révolutionnaire et foi chrétienne (88 pages)
Auteur:    Jean Brun, Pierre Courthial, Alain Prohst, J.-M. Daumas, etc.
Editeur:Editions Kerygma, 33 av. Jules-Ferry, F-13100 Aix-en-Provence

 Le but du livre est d’enlever à la Révolution son rôle de Déesse, que l’on «sancti­fie» comme si elle avait apporté au monde le secret et le moyen de l’améliorer. Les auteurs montrent que le seul chemin d’un changement de la société passe par le respect de ce que Dieu a créé et par la prise en compte de ce qu’il a fait pour recréer en Jésus-Christ l’homme tombé sous la domination du péché et du diable. Ignorer cela c’est marcher tout droit vers la «divinisation» de l’homme et préparer le règne de 1’antichrist.

 Ce livre courageux ose dénoncer les crimes de la Révolution Française dont le bi-centenaire va être célébré en 1989. Au lieu de choisir la révolution, les hommes feraient mieux de choisir la Réformation, la régénération des individus, qui seule peut assurer des changements salutaires et correspond à l’établissement du Royaume de Dieu.

 Huit sujets sont présentés par des penseurs, théologiens, historiens et philosophes qui s’interrogent sur la signification de l’événement de 1789 pour notre temps (post­face):

-Réformé ou Révolution, de Sir E Catherwood, membre du Parlement européen.
-La Déesse Révolution, de Jean Brun, professeur émérite à l’Université de Dijon.
-1789 et 1884: Les attitudes des Protestants face à la Révolution, dc l’historien Emile-G. Léonard.
-Un critique réformé de la Révolution Française: Guillaume Groen van Prinsterer (1801-1876). Etude de Pierre Courthial, doyen honoraire de la Faculté libre de Théologie réformée d’Aix-en-Provence.
-Edmund Burke, spectateur et critique de la Révolution Française. Etude de Jean-Marc Daumas, professeur d’histoire à la Faculté libre de Théologie réformée d’Aix­en-Provence.
-La violence, la liberté et les droits de l’homme, d’Alain Probst, professeur de philosophie dans la région parisienne.
-Le Royaume de Dieu et la politique révolutionnaire, du théologien biblique améri­cain Edmund Clowney.
-La vraie Révolution: l’intelligence du coeur, de Pierre Marcel, fondateur de la Revue Réformée et Pasteur de l’Eglise Réformée de France.
 Ce cahier de 88 pages intéressera surtout les intellectuels et les historiens, mais aussi ceux qui cherchent une documentation bien étoffée.

Jean-Jacques Dubois


Titre:Esprit révolutionnaire et foi chrétienne (88 pages)
Auteur:    Jean Brun, Pierre Courthial, Alain Prohst, J.-M. Daumas, etc.
Editeur:Editions Kerygma, 33 av. Jules-Ferry, F-13100 Aix-en-Provence

 Le but du livre est d’enlever à la Révolution son rôle de Déesse, que l’on «sancti­fie» comme si elle avait apporté au monde le secret et le moyen de l’améliorer. Les auteurs montrent que le seul chemin d’un changement de la société passe par le respect de ce que Dieu a créé et par la prise en compte de ce qu’il a fait pour recréer en Jésus-Christ l’homme tombé sous la domination du péché et du diable. Ignorer cela c’est marcher tout droit vers la «divinisation» de l’homme et préparer le règne de 1’antichrist.

 Ce livre courageux ose dénoncer les crimes de la Révolution Française dont le bi-centenaire va être célébré en 1989. Au lieu de choisir la révolution, les hommes feraient mieux de choisir la Réformation, la régénération des individus, qui seule peut assurer des changements salutaires et correspond à l’établissement du Royaume de Dieu.

 Huit sujets sont présentés par des penseurs, théologiens, historiens et philosophes qui s’interrogent sur la signification de l’événement de 1789 pour notre temps (post­face):

-Réformé ou Révolution, de Sir E Catherwood, membre du Parlement européen.
-La Déesse Révolution, de Jean Brun, professeur émérite à l’Université de Dijon.
-1789 et 1884: Les attitudes des Protestants face à la Révolution, dc l’historien Emile-G. Léonard.
-Un critique réformé de la Révolution Française: Guillaume Groen van Prinsterer (1801-1876). Etude de Pierre Courthial, doyen honoraire de la Faculté libre de Théologie réformée d’Aix-en-Provence.
-Edmund Burke, spectateur et critique de la Révolution Française. Etude de Jean-Marc Daumas, professeur d’histoire à la Faculté libre de Théologie réformée d’Aix­en-Provence.
-La violence, la liberté et les droits de l’homme, d’Alain Probst, professeur de philosophie dans la région parisienne.
-Le Royaume de Dieu et la politique révolutionnaire, du théologien biblique améri­cain Edmund Clowney.
-La vraie Révolution: l’intelligence du coeur, de Pierre Marcel, fondateur de la Revue Réformée et Pasteur de l’Eglise Réformée de France.
 Ce cahier de 88 pages intéressera surtout les intellectuels et les historiens, mais aussi ceux qui cherchent une documentation bien étoffée.

Jean-Jacques Dubois


Titre:Confession de la Rochelle (Soyez toujours prêts.) (80 pages)
Auteur:    Pierre Ch. Marcel
Editeur:Editions Kerygma, 33 av. Jules-Ferry, F-13100 Aix-en-Provence

 Ce livre de 80 pages s’ouvre par une préface explicative au sujet des circonstances historiques qui ont conduit à la rédaction de la Confession de Foi de la Rochelle en 1571, Confession dont Calvin est le principal auteur.

 Le texte de la Confession de Foi obéit au développement classique de la doctrine chrétienne. Huit sujets sont exposés dans l’ordre suivant: I. Dieu et sa révélation; II. L’homme et son péché; III. Jésus-Christ; IV. L’oeuvre du salut; V. L’Eglise: sa na­ture; VI. L’Eglise: son organisation; VII. Les sacrements; VIII. Les pouvoirs publics.

 Ces chapitres théologiques sont suivis de plusieurs notes éclairant certains aspects du texte de la Confession.

 Le condensé théologique exprime en raccourci ce que l’on trouve amplement développé dans l’institution Chrétienne et tout est construit à partir des déclarations de l’Ecriture Sainte. Excepté le chapitre traitant des sacrements, qui appelle les réserves d’usage surtout en ce qui concerne le baptême des enfants et son effet, l’on peut tenir cette Confession comme entièrement fidèle à l’enseignement biblique et de nature à corriger les erreurs des sectaires de tous les siècles. La pensée réformée, parce qu’elle est fondée sur le roc de la Bible, est d’une clarté et d’une vigueur qui font beaucoup de bien à l’âme dans un temps où le domaine de l’expérience et du subjectivisme ont pris le pas sur celui de l’autorité, de l’infaillibilité et de l’inerrence des Saintes Ecritures.

 Mises à part les réserves sur la doctrine des sacrements, cette Confession de Foi est magnifique de clarté, de sobriété et de précision. Elle va toujours à l’essentiel et est solidement étayée par l’Ecriture Sainte. Calvin, qui est l’auteur principal de cette Confession, nous donne en condensé ce qu’il a longuement développé dans son Institution Chrétienne.

 Les chrétiens bibliques tireront le plus grand profit d’une telle lecture au moment ou l’Eglise de Jésus-Christ risque d’oublier ses fondements immuables.

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:«Le Pardon et l’Oubli» (178 pages)
Auteur:    Jacques Buchhold
Editeur:Editions Sator, Il Rtc de Pontoise, F-95540 Méty-sur-Oise

Le livre se divise en six parties:

La 1re partie traite de l’offense en tant que péché, atteinte à la relation et blessure.

La douleur provoquée par l’offense conduit à la colère et à la haine. C’est le sujet de la 2e partie. L’auteur distingue les degrés de la haine et ce qui peut légitimer la colère. Il parle de la haine et de la colère de Dieu et en analyse la nature, puis il départage ce qui, dans les réactions de l’homme, est légitime et ce qui relève de l’arbitraire.

La 3e partie répond à la question: «Pourquoi pardonner?» Il y a des motivations non chrétiennes au pardon et les motivations chrétiennes:
a) parce que Dieu désire pardonner;
b) parce que Dieu nous a pardonné;
c) pour que Dieu nous pardonne.

Le pardon est le thème de la 4e partie: définition du pardon: l’offre du pardon; l’octroi du pardon et la procédure chrétienne (Mat 18).

Le pardon implique la réconciliation. La 5e partie du livre insiste sur le rétablisse­ment de la relation entre l’offenseur et l’offensé. L’auteur passe en revue:
a) la nature de la réconciliation;
b) les composantes de la réconciliation;
c) les limites de la réconciliation.

La 6e partie s’attarde sur la personne et les cas de l’offenseur. Elle souligne la gravité de l’offense et la nécessité de la confession de l’offenseur à l’offensé (cf Matthieu 5.23-24). Ensuite l’auteur définit quels péchés il s’agit de confesser et donne d’excellents conseils pour les cas-limites. Il conclut par un mot sur le pardon et l’oubli: «Pardonner, c’est se souvenir pour oublier!»

Ce livre est un ouvrage très sérieux, bien pensé et bien écrit. Il pose le problème du pardon de l’oubli avec une compétence certaine. L’analyse des passages bibliques est pertinente; l’auteur ne craint pas de s’inscrire en faux contre des idées com­munément reçues. Par ailleurs, il fait preuve d’une grande sagesse pastorale et montre par là qu’il possède une expérience certaine de la cure d’âme.

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:«Quelle justice, quelle paix pour la société l’aujourd’hui?» (46 pages)
Auteur:    Jerram Barrs, Paul Wells
Editeur:Editions Kerygma, 33 Av. Jules-Ferry; F43100 Aix-en-Provence

La première partie de ce livre de 46 pages est centrée sur le thème:

Dieu, la création et les engagements du chrétien.

Le professeur Wells, après avoir montré comment l’humanisme a sécularisé les fondements chrétiens de la culture occidentale, s’attache à rappeler: les fondements de l’engagement chrétien; la structure de cet engagement qui est celle de l’Alliance stipulant les devoirs de l’homme envers Dieu et envers le prochain et la pratique de l’obéissance selon l’Alliance. Comment le chrétien peut-il se situer et s’engager dans trois domaines qui sont ceux de la justice, de la paix et de la conservation de la création? Wells répond à cette interrogation en éclairant l’origine spirituelle des maux qui affligent l’humanité. La conclusion sur l’intégrité de la création est pleine d’espérance. Elle montre comment «Dieu préserve, pour sa gloire, sa création même déchue, en vue du salut et de l’obéissance de son peuple». Et Dieu fait cela «parce que Christ a subi l’enfer de la séparation avec Dieu». Ainsi «le jugement est retenu dans le monde… Et Dieu, dans sa providence, a le pouvoir de restreindre la folie de l’homme et de préserver sa création». Toutefois, cela ne dispense pas les hommes, à ortiori les chrétiens, de respecter la création et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour la préserver.

La deuxième partie, rédigée par Jerram Barrs, est résumée de la façon suivante en exergue: «De même que la paix que nous connaissons dans notre relation avec Dieu vient de ce que Christ a satisfait la justice à notre place, de même, dans la société, la paix est impossible là où règne l’injustice. Cela est vrai dans un pays: pas de paix tant que les criminels sont en liberté. Cela est vrai sur le plan international: pas de paix dans le monde tant qu’il est rempli d’injustices.»

Le texte de Barrs décrit les principes bibliques de la justice et comment ils peuvent s’appliquer à notre génération. Il le fait d’abord en louant le désir de paix, mais en montrant que cela n’implique pas la passivité devant le mal et la menace, comme le croient les pacifistes inconditionnels. Il est faux de dire que «la guerre est toujours contraire à la volonté de Dieu». Estimant que l’argumentation des pacifistes est «erronée de bout en bout», Barrs va, en restant proche de l’actualité, démolir les arguments en projetant la lumière biblique sur les questions fondamentales sui­vantes: la place et l’importance de la justice et du jugement, pour Dieu lui-même et entre les hommes; le lien entre la justice et la mort; le rapport entre les commandements de Dieu pour l’humanité, dans l’AT et le NT, en particulier sur la vengeance personnelle et la punition judiciaire; la vocation de l’Eglise dans le monde et la signification biblique de la paix. La paix sans justice n’est pas conforme à la nature de Dieu.

Ce fascicule est extrêment dense de pensée et peut intéresser un public cultivé aimant la réflexion. La première partie pose les bases théologiques; elle est plus abstraite que la seconde, qui empoigne des sujets tels que: le pacifisme, le légitimité de certaines guerres, la nécessité de l’institution du gouvernement avec le pouvoir de châtier les coupables, l’exercice de la justice à l’intérieur des Etats et au plan de «guerres justes» et, finalement, la morale chrétienne et la dissuasion nucléaire. Les fausses conceptions du pacifisme sont battues en brèche. Ce petit livre a une im­mense portée. Il est un exemple de clarté. A recommander vivement.

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:«La vision chrétienne du Monde» (256 pages) (Transforming Vision)
Auteur:    B. Walsh, R. Middleton
Editeur:Sator, Coll. Alliance, 11 Rte Pontoise, F-95540 Méry-sur-Oise

Ce livre contient quatre parties:

1. Les différentes cultures ont une influence sur la vision du monde. Ces diverses visions sont «des cadres de perception des choses, des façons de voir la réalité». Le fondement de toute vision du monde correspond à la manière dont chaque individu répond à 4 questions auxquelles les hommes doivent faire face: Qui suis-je? Où suis-je? Où est le problème? Quel est le remède?

2. La vision du monde selon l’Ecriture. Le fondement est la création, car c’est la création qui a été atteinte par le péché et que le salut concerne. Dieu crée, soutient, maintient et intervient en faveur de ce qu’il a appelé à l’existence. Pour l’homme créé à l’image de Dieu, le problème surgit lorsqu’il se laissa détourner du but pour lequel il avait été créé. Adam a choisi entre deux allégeances. Dès lors, au lieu d’adorer et de servir le Créateur, l’homme a transformé en idoles ce que Dieu avait créé! La voie était ouverte à la malédiction. Ainsi, la création, bonne à l’origine, fut asservie à la corruption.

S’il y a problème, le remède est heureusement offert dans l’oeuvre de rédemption en Jésus-Christ. A l’histoire de la chute répond celle de la rédemption dont Jésus est le centre: «Dieu vaincra Satan par la descendance de la femme.» Toute cette histoire merveilleuse s’est inscrite dans une série d’alliances: avec Noé, avec Abraham, etc., jusqu’à la manifestation en chair du Messie et l’instauration de la Nouvelle alliance. Si le pardon des péchés en est la première conséquence, il ne faut pas oublier que le but ultime est «la restauration totale de la vie des hommes…».

3. La vision du monde moderne. Alors que la vision biblique de la création, de la chute et de la rédemption «est globale et unifiée», pourquoi les chrétiens, par leur façon de vivre, créent-ils un véritable fossé entre eux et la Bible? Reflètent-ils leur culture nationale ou le Seigneur Jésus? «Leur vision du monde s’accorde-t-elle avec la foi qu’ils confessent?» Hélas, non! A quoi cela tient-il? Les auteurs répondent: «au dualisme». «Le dualisme est une vision du monde qui sépare la réalité en deux catégories fondamentalement distinctes: le sacré et le profane, le religieux et le séculier.» Cette vision rend l’homme autonome, il ne dépend plus de Dieu mais il «devient une loi pour lui-même». De gérant de la création il est devenu un dieu convaincu que rien n’arrêtera le «progrès». Dès lors trois idoles se sont imposées: le scientisme, le technicisme, l’économisme. C’est «une trinité impie», qui marque la fin d’une époque et engendre les catastrophes que l’homme orgueilleux ne peut conjurer.

4. La responsabilité des chrétiens. Ils doivent mettre en oeuvre la vision du monde biblique, faute de quoi ils deviendront du sel qui a perdu sa saveur. Si le chrétien n’a pas la vision culturelle globale, il manquera de cohérence dans son attitude à l’égard des faits de société, car «tous les problèmes sont interdépendants». Il faut chercher à reconstruire notre culture à partir des principes bibliques. Une telle démarche im­plique que nous renoncions à nos idoles. Toutes les dimensions de la vie doivent trouver leur vraie place et non une au détriment des autres. Sans le respect des normes bibliques, l’on aboutit forcément à des concepts qui font du tort à l’homme. L’Eglise chrétienne devrait infléchir les principes et les comportements, sans user de contrainte, mais par la mise en oeuvre de la solidarité à l’égard de ses membres confrontés aux exigences souvent arbitraires de la culture environnante.

Puisque l’université se trouve au coeur même de notre système culturel, les auteurs plaident pour que le message rénovateur du christianisme se fasse entendre dans cet endroit stratégique.

Ce livre est d’une grande valeur intellectuelle, d’une conception biblique équili­brée (proche des thèses de Schaeffer). Il pose bien le problème de la vision chré­tienne du monde en dénonçant les thèses philosophiques qui ont privilégié le concept dualiste: «esprit – corps, éternel – temporel, nature – grâce».
 Nos réserves portent sur le fait que «le monde nouveau» est davantage présenté comme «les cieux venant à nous» que comme les chrétiens allant au ciel (p. 136, note 23).

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:«Approche biblique de la relation d’aide» (230 pages) (Effective Biblical Counseling)
Auteur:    Lawrence J. Crabb Jr
Editeur:LLB, Guebwiller

La 1re partie de ce livre définit le but de la relation d’aide: non la recherche d’un bonheur égoïste mais la maturité en Christ, la croissance à son image. N’oublions pas que tous les justifiés sont appelés à être glorifiés (cf. Rom 8.28-30). Ce but implique donc une réorientation et une progression. Le 2e chap. de la 1re partie montre que certaines découvertes de la psychologie ne sont pas incompatibles avec l’Ecriture mais que l’Ecriture reste l’autorité infaillible et absolue à la lumière de laquelle l’on peut juger de tout.

La 2e partie répond à cette question: «Que faut-il savoir des gens pour les conseil­ler utilement?» Il faut savoir «de quoi ils ont besoin pour vivre vraiment». Ils ont besoin d’un but, c’est-à-dire d’une raison d’être et d’une sécurité (savoir que l’on est accepté inconditionnellement). Christ répond à ce double besoin. Pour conseiller valablement les gens, il faut savoir leurs motivations, c’est-à-dire pourquoi ils se comportent de telle ou telle manière. Cette question fait souvent apparaître un terrain de frustration qui peut être guéri en Christ. Donc, pour conseiller utilement il faut encore connaître la structure de la personnalité, c’est-à-dire les domaines respectifs du conscient et de l’inconscient. L’auteur, qui est dichotomiste, explique le rôle du coeur (intentions fondamentales d’une personne, choix décisifs: vivre pour soi ou vivre pour Dieu). Il aborde l’élément volitif de notre personnalité et souligne le rapport existant entre la connaissance et le fait de choisir une voie (par ex. le salut) d’une manière responsable. L’auteur pense que «la relation d’aide est un effort d’apprendre à penser juste, à choisir des comportements justes, puis à faire l’expérience de sentiments justes». La 3è partie postule que la relation d’aide, pour être efficace, doit s’appuyer sur une compréhension claire de la façon dont naissent et se développent les problèmes. L’auteur consacre deux chapitres à cette analyse. Tant que l’homme place sa raison d’être au mauvais niveau, il s’enferme dans un processus qui le conduit à l’impasse et le pousse à fuir la réalité. Dès qu’il saisit «la vérité qu’en Christ il a une raison d’être et est en sécurité et qu’il commence à mettre cette vérité en pratique par une vie raisonnable, responsable, obéissante et engagée», il vit réellement, vibre et s’épanouit. Le chap. 8 souligne le fait que l’ob­jectif de la relation d’aide est d’apprendre aux gens à dépendre plus étroitement de Dieu. La 3è partie se termine par un modèle simple de relation d’aide, très utile pour ceux qui veulent aider les âmes en cernant les causes de leurs maux.

La 4e partie esquisse un programme de relation d’aide dans la communauté chré­tienne, à trois niveaux: l’encouragement, l’exhortation, l’élucidation.

Ce livre corrige pas mal de fausses conceptions sur ce qu’est la vie chrétienne, présentée trop souvent comme la fin des luttes, des problèmes, des épreuves! L’au­teur dit à juste titre «qu’une partie de nos souffrances provient directement du fait que nous sommes chrétiens» (Rom 8.17). Il montre comment, à partir d’une bonne connaissance de ce qui motive les comportements humains, l’Eglise peut aider ceux qui se débattent dans leurs problèmes et les conduire à la maturité en Christ. L’ou­vrage de Crabb est réaliste, clair. Sans rejeter les apports de la psychologie, il pose comme principe de base que «l’Ecriture fournit la seule instruction faisant autorité quant à la relation d’aide».

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre:«Le signe du parler en langues» (265 pages)
Auteur:    Fernand Legrand
Editeur:Editions de Bérée, CH.4326 Juriens> 1990

Voici un livre clair et bibliquement bien fondé sur le phénomène du «parler en langues» qui laisse souvent perplexe faute d’une compréhension claire des textes de l’Ecriture qui le mentionnent. Point n’est besoin de présenter l’évangéliste beige Fernand Legrand, qui n’en est pas à son premier livre. Nous avons cependant une réserve à formuler quant au 2e chapitre, où l’auteur, dans son exégèse, tombe dans un extrémisme auquel nous ne pouvons souscrire.

Après une analyse du «renouveau charismatique» par D. Cormier, Fernand Le-grand définit ce que les langues qui avaient cours au temps des apôtres signifiaient: quel était le but de ce don? à qui ces langues s’adressaient-elles? Il soulève aussi le problème de l’interprétation des langues et s’étonne de la réticence pour le moins curieuse qu’il a rencontrée chez pentecôtistes et charismatiques de soumettre ces prononcements inintelligibles à une épreuve sérieuse et fiable.

Est-ce que ce qui passe pour le «don des langues» aujourd’hui correspond en fait aux langues données comme signe au temps des apôtres? Quelle est l’origine des langues actuelles? Comment peuvent-elles «édifier» ceux qui les parlent s’ils n’en comprennent pas le sens?… Ces questions sont traitées avec compétence par des réponses que donne la Bible, seule autorité invoquée par l’auteur; car toute expé­rience spirituelle, qui est forcément d’ordre subjective, doit être examinée à la lu­mière objective de la Parole vivante.

La fin du livre, qui aborde la relation de cause à effet, fait découvrir au lecteur le lien étroit qui existe entre, d’une part, les phénomènes produits par le pentecôtisme et le charismatisme et, d’autre part, les conséquences peu recommandables qui en découlent si souvent. Certains problèmes toujours à nouveau évoqués sont traités à part dans l’appendice.

La conception méthodique de ce livre en fait un ouvrage de référence facile à consulter. Nous le recommandons à tous ceux qui recherchent sincèrement les rép­onses à leurs questions dans la Bible.

J.-P. Schneider


Chronique de livres

Titre:«La Franc-Maçonnerie sous l’éclairage biblique (124 pages)
Auteur:    Paul Ranc
Editeur:Editions Contrastes, Case postale 3709, 1002 Lausanne

Dans le premier chapitre de ce livre de 113 pages, l’auteur brosse l’histoire de la Franc-Maçonnerie, «société secrète qui se définit comme une association humaniste et philanthropique». En moins de trois siècles, la Franc-Maçonnerie s’est répandue dans le monde entier sauf dans les pays communistes. Son rôle politique n’est plus à démontrer.

Le chapitre 2 nous éclaire sur les origines de la Franc-Maçonnerie, qui sont plus récentes qu’on ne le croit. L’auteur établit que la philosophie maçonnique prend ses racines dans quatre courants de pensée qui ont profondément marqué l’histoire de l’Eglise comme celle de la société: les hérésies post-apostoliques (gnosticisme, aria­nisme, manichéisme); les corporations du Moyen-Age, les traditions ésotériques et occultes, enfin la composante la plus importante de la Franc-Maçonnerie: le déisme, héritier de l’humanisme du 16e siècle.

Avec le chapitre 3, nous abordons le sujet de l’initiation maçonnique. P. Ranc en démontre l’aspect métaphysique et même «religieux», dans le sens mystique, ésoté­rique et occulte. Les différents rites maçonniques sont passés en revue, puis vient la question du «secret maçonnique», qui tient dans la signification des symboles et ne peut être divulgué par personne. L’auteur en arrive à la conclusion que la Franc-Maçonnerie est une contrefaçon du christianisme.

Le chapitre 4 pose la question: «La Franc-Maçonnerie a-t-elle une doctrine?» L’auteur répond: «Il ne s’agit pas d’une doctrine, mais de doctrines ou plutôt d’un fatras de divers courants de pensée.» Il s’attache ensuite à décrire ces divers cou­rants: déisme, humanisme, naturalisme, ésotérisme, gnosticisme. Ni Dieu personnel, ni Dieu transcendant et révélé, ni Dieu trinitaire, mais un Dieu à la convenance de l’homme, «un dieu bien arrangeant, qui ne bouscule personne et dans lequel chacun trouverait une parcelle de vérité».

Il y a donc une opposition irréductible entre la Franc-Maçonnerie et le christia­nisme: «d’une part, le salut par grâce et l’espérance de la vie éternelle; d’autre part, l’humanisme, fruit de l’effort humain et une espérance limitée et terrestre.»

Dans le dernier chapitre du livre, P. Ranc traite du problème de la liberté. A la question: «Peut-on être chrétien et maçon?» l’auteur répond par la négative, et il s’oppose en cela à des opinions de «chrétiens» qui n’ont pas vu d’impossibilité à professer la foi et à partager l’initiation maçonnique. La liberté, telle que la conçoivent les franc-maçons, est celle qui se réclame des «droits de l’homme», qui ont remplacé la Loi de Dieu et se sont érigés en «loi de l’homme». Combien cette notion humaniste est éloignée de la vraie liberté, celle que propose l’Evangile et que Jésus-Christ seul peut donner. La liberté n’est pas le fruit d’une conquête mais un pur don de Dieu, «l’affranchissement des tyrannies spirituelles et des contraintes religieuses». Ainsi la Franc-Maçonnerie a voulu ignorer que la vraie liberté réside dans l’affranchissement du péché.

Comme dans ses autres ouvrages, l’auteur s’appuie sur une solide et abondante documentation et fait preuve d’un grand courage en dénonçant cet autre évangile qu’est la Franc-Maçonnerie. La partie historique est peut-être un peu longue puis­qu’elle couvre presque la moitié du livre. L’auteur n’a rien négligé dans son souci de nous éclairer sur les origines et la nature du mouvement. Il confronte la Franc-maçonnerie au christianisme et prouve que l’esprit de ce mouvement – ou plutôt de cette société secrète – est foncièrement opposé aux fondements mêmes du christia­nisme. Le voile est déchiré et la Franc-Maçonnerie apparaît telle qu’elle est: un humanisme enrobé d’ésotérisme.

Jean-Jacques Dubois