PROMESSES
Nous publions ici le dernier des trois articles de Jacques Dubois sur L’autorité dans l’église locale. La première partie aborde les sources de l’autorité dans l’église locale (n° 142 ; oct. 2002), et la seconde partie la pratique de l’autorité dans l’église locale (n° 147 ; jan. 2004). Homme de grande expérience, il expose ce sujet si actuel, mais si impopulaire et mal vécu.
Jacques Dubois, pasteur, théologien et conférencier très connu, est également auteur d’un excellent petit catéchisme, Croire et Vivre, aux éditions Emmaüs, CH-1806 Saint-Légier (Suisse), et de nombreux articles.
« Le Père de gloire a mis en action sa force souveraine dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême à l’Eglise qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Eph 1.17-23)
En Dieu, il n’existe aucune limite, en aucun domaine, que ce soit dans le ciel, sur la terre, dans le siècle présent, dans le siècle à venir. Christ est notre chef suprême ; il est la tête, nous sommes son corps. Alors, unis à lui, nous voilà maintenant en mesure de parler de nos limites…
Contradiction ou paradoxe? Contradiction, certainement pas ; car en Christ, il n’y a pas le oui et le non en même temps. Mais, comme le Christ sur la terre a été abaissé et humilié pour un temps, ainsi le sommes-nous, en attendant de le rejoindre dans sa gloire.
Quelles sont donc nos limites ? J’en ai relevé trois groupes :
Les limites imposées par la volonté de Dieu.
Les limites dues à nos inconséquences.
Les limites consécutives aux résistances rencontrées.
1. Les limites imposées par la volonté de Dieu
Elles dépendent du programme particulier de Dieu pour chacun. Prenons 2 Cor 12 : une écharde dans la chair, trois temps de prière, une réponse : « Ma grâce te suffit ». Une acceptation : « Je me glorifierai… quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » C’est un moment spécifique dans la vie de Paul, mais cela nous parle à nous aussi.
Mais avant les incidences du plan de Dieu au cours de notre vie, il y a ce que nous avons reçu à notre naissance: la santé, la vitalité, les dons, les uns un peu plus, les autres un peu moins. Que cela ne produise ni fierté, ni jalousie ; chacun doit accepter ses limites.
Puis il y a les limites personnelles inhérentes à la collégialité. Travailler ensemble implique une adaptation des uns aux autres. Les décisions prises sont collectives, et Jésus l’a illustré en choisissant 12 apôtres, puis 70, qu’il a envoyés deux à deux. Ainsi ils ont appris à travailler en équipe.
Dans les Actes, très tôt, les apôtres eux-mêmes délèguent à l’église une responsabilité importante. Actes 6 relate les murmures des Hellénistes contre les Hébreux, dans l’église de Jérusalem. Il y a danger d’une discrimination qui conduit à l’injustice. Les douze invitent alors l’église à choisir sept hommes qui doivent veiller à une juste répartition des privilèges. Les apôtres n’ont pas agi seuls ; il y a eu partage. Or le partage est toujours une décentralisation. Elle est une limitation. Elle est une limitation en même temps qu’une multiplication bénéfique.
L’apôtre Paul respectera aussi l’autorité de l’église locale. L’église de Corinthe, où il y a tant de problèmes, en est un exemple probant. Quand cette église naît, Paul ne baptise pas lui-même. Puis il laisse certaines décisions, touchant à des désordres moraux et qui exigent une autorité, aux mains de la communauté. Plus l’autorité est importante, plus la prudence doit être grande ; c’est le contraire de ce qui se fait dans le monde…
Paul se fixe ainsi des limites dans l’exercice de son autorité. C’est d’autant plus remarquable qu’il aurait pu exercer son bon droit ! Il le dit dans 1 Cor 4.15 : « Quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez pourtant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés dans le Christ Jésus, par l’Évangile ».
Passons aux limites imposées par le renoncement à nos droits. Dans ce domaine, ne risquons-nous pas de perdre une partie de notre autorité ? Paul aborde cette question, qui lui tient particulièrement à cœur. Voici quelques textes, dont deux sont tirés de 1 Cor 9, et le troisième de 2 Thes 3.8-9 :
1. « Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu notre Seigneur ?… N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une sœur qui soit notre femme,… ou le droit de ne point travailler ?
2. Mais nous n’avons pas usé de ce droit ; au contraire, nous supportons tout, afin de ne pas créer d’obstacles à l’Évangile de Christ. Pour moi, je n’ai usé d’aucun de ces droits. Et je n’écris pas ainsi afin qu’ils me soient attribués, car j’aimerais mieux mourir. Personne ne m’enlèvera ce sujet de gloire.
3. Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais… nous avons travaillé nuit et jour pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en ayons pas le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter ».
Paul donne trois raisons précises, qui s’additionnent pour former une unité :
1. Tout supporter afin de ne pas créer d’obstacles à l’Évangile de Christ.
2. Entrer dans la joie du disciple fidèle qui suit les traces de son maître.
3. Faire en sorte qu’avec le message proclamé, l’exemple pratique soit aussi donné aux jeunes chrétiens. Car l’autorité spirituelle dépend largement de la cohérence entre les paroles et la vie de chaque jour.
Aux Philippiens, l’apôtre Paul enjoint de pratiquer ce qu’ils ont vu pratiquer lui-même. Mais attention : dans le domaine du renoncement au droit légitime, Paul n’oblige personne. C’est une affaire de conviction personnelle, liée à la direction du Seigneur. Et je ne pense pas que Paul ait obligé ses équipiers à faire comme lui. Son exemple ultime est le Seigneur lui-même : « Ayez en vous la pensée qui était dans le Christ-Jésus. De condition divine, il s’est dépouillé lui-même. Il a revêtu la condition d’esclave ; il s’est humilié sur le chemin de l’obéissance, jusqu’à la mort de la croix. Alors, Dieu l’a souverainement élevé. » (Phil 2.5,6)
C’est le chemin emprunté par le Seigneur sur la terre : un premier temps de renoncement limité, pour un second temps de revêtement éternel. Que celui qui a des oreilles comprenne ce que l’Écriture dit à ceux qui la lisent !
2. Les limites dues à nos inconséquences
Dieu est-il l’auteur des limites qui découlent de notre résistance à sa volonté ? Certainement pas. Il est toujours présent, dans nos obéissances comme dans nos désobéissances, mais il n’est jamais la cause de nos inconséquences. Nous en portons seuls la responsabilité. Je pense à ce texte de Jac 1.13,14 : « Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente ! Car Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté parce que sa propre convoitise l’attire et le séduit. »
Restons-en à des lignes générales. D’abord, personne ne peut dire que, depuis sa conversion, il n’a jamais commis de fautes personnelles. Souvent, on les cache ; il peut en résulter une vie double. Toute l’église en est touchée, surtout quand il s’agit de serviteurs de Dieu.
Ce qui est en cause dans cette affaire, ce n’est pas d’abord notre réputation, mais c’est d’abord la sainteté du Seigneur ! Vous savez ce que Jésus a pensé de ceux qui sont en scandale. Et que dire de la tristesse quand il s’agit d’un proche, d’un ami qui avait notre confiance ? Il arrive alors que certains ne veulent pas voir ni croire l’évidence, contre toute justice et toute vérité !
L’autorité spirituelle et le péché s’excluent mutuellement, et le Seigneur ne bénit jamais dans une situation d’interdit. La conquête de Canaan l’atteste. Viennent alors les égarements collectifs, comme ceux de l’église de Corinthe. Paul leur écrit dans 2 Cor 12.20-21 : « Je crains qu’il y ait de la discorde, de la jalousie, des animosités, des rivalités, des médisances, des racontars, de l’orgueil, des désordres ! Je crains qu’à mon arrivée, Dieu ne m’humilie à votre sujet, et que j’aie à pleurer sur plusieurs de ceux qui ont péché précédemment et ne se sont pas repentis de l’impureté, de l’inconduite et du dérèglement qu’ils ont pratiqués ».
Assurément, la discipline n’a probablement pas été faite comme elle aurait dû, dans cette église de Corinthe qui est en mauvaise santé spirituelle. Et les péchés de certains sont devenus comme une gangrène qui infecte tout le corps. Où est alors son autorité spirituelle et son témoignage vis-à-vis du monde qui l’entoure ? Les chrétiens restés fidèles souffrent et prient. Si l’église ne se repent pas, la ruine totale n’est pas loin. L’histoire est là pour nous le prouver.
Au 1e siècle, les églises du bassin méditerranéen ont connu une extension extraordinaire. Tertullien peut écrire que « le sang des martyrs est semence de l’Évangile… »
Puis, en l’an 313, a lieu la conversion de Constantin, grande victoire pour les uns, chute libre pour les autres. Suit une période de controverses et de relâchement spirituel et moral. Et soudain, l’effondrement au VIIe siècle, par la poussée de l’islam.
Dans son Précis de l’Histoire de l’Eglise, J.M. Nicole commente ainsi ce qui s’est passé en Afrique du Nord dans la deuxième moitié du VIIe siècle : « L’Eglise fut presque complètement balayée. Ce phénomène unique est peut-être dû à l’ignorance de la Bible. »
Aujourd’hui encore, dans les pays du Proche Orient et en Afrique du Nord, un islam pur et dur se maintient face au christianisme.
Puis, il y a les conflits entre responsables : tensions, divisions, discordes, jalousies, animosités, rivalités, peut-être médisances, orgueil, même des procès… Dans les structures fédératives, synodales ou épiscopales, un appel à l’aide peut être adressé à qui de droit ; mais dans le système congrégationaliste strict ? Paul en ressent la difficulté à Corinthe. Il est intéressant de voir ce qu’il fait. D’abord il interpelle en parlant du temps eschatologique, en rappelant que le jour vient où nous jugerons le monde et les anges. Puis il pose une question ; mais il ne va pas au delà. Il écrit donc dans 1 Cor 6.5 : « Ainsi, parmi vous, il n’y a pas un seul homme sage qui puisse prononcer un jugement entre ses frères ? » On sent les limites de Paul. Il interpelle. La question est ouverte.
J’aborde ici la question de l’autoritarisme, qui est une caricature de l’autorité. Quels sont les premiers pas qui nous font quitter le bon chemin? Rom 12.3 : « Par la grâce de Dieu qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas avoir de prétentions excessives et déraisonnables, mais d’être assez raisonnable pour avoir de la modération, selon la mesure de foi que Dieu lui a départie. » La véritable autorité est liée à une juste mesure de foi ; elle est marquée du sceau de l’humilité et de la douceur. Jésus lui-même disait qu’il était doux et humble de cœur… La véritable autorité crée un sentiment de sécurité et de bonheur.
L’autoritarisme est une démesure insensée, charnelle, coupable. Comment survient-il ? Par la force des choses, les cadres et les conducteurs conseillent, exhortent, dirigent, d’abord en tremblant. Puis, l’expérience aidant, ils prennent l’habitude de décider, d’agir sans réplique, d’asseoir leur autorité… et bientôt de mettre les âmes sous leur tutelle !
Dans sa troisième épître, l’apôtre Jean parle d’un homme qui a dépassé toute mesure : Diotrèphe veut être le premier parmi eux et ne reçoit pas Jean, contre lequel il répand des paroles mauvaises. Il empêche des frères de venir à l’église et les en chasse. Dans une telle situation, il y a deux issues possibles. Certains suivent infantilement l’usurpateur de l’autorité et cessent de grandir. Les autres refusent avec raison d’être asservis ; ils peuvent être amenés à refuser alors toute forme d’autorité, et même la vraie selon Dieu. On comprend combien l’autoritaire dans l’église est désastreux, pour tout un chacun.
Ceci dit, les leaders ne peuvent pas ne jamais être directifs, mais il faut une juste mesure. Car le but de l’autorité est de soumettre chacun au Seigneur et à sa Parole. Paul définit le profil de ce combat dans 2 Cor 10.4-5 : « Les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ. »
3. Les limites consécutives aux résistances rencontrées
Il est douloureux de subir des échecs. Alors que nous savons que Dieu est tout-puissant, il faut faire face à cette réalité…
Prenons le texte clé de 2 Cor 10. A Corinthe, l’autorité de Paul n’est pas acceptée par tous ; il y a de la résistance… Comment réagit-il ? Dans la version de la Bible dite à la Colombe, la dernière section de ce chapitre est intitulée : Paul défend son apostolat. L’apôtre définit d’abord son autorité ; puis il parle de la résistance rencontrée. Étudions la voie qu’il suit.
Au v. 1 : « Je vous exhorte, par la douceur et la bienveillance de Christ. » Cette entrée en matière va ordonner tout le reste. Au v. 4, il a reçu le mandat de combattre devant Dieu avec des armes puissantes qui renversent les forteresses. Au v. 5, son ministère est d’amener les hommes à la soumission totale à Christ ; à retenir : « amener toute pensée captive à l’obéissance de Christ ». Au v. 7, son assurance et sa gloire, c’est d’être à Christ. Au v. 8, son autorité sert à édifier, et non à abattre. Au v. 12, il ne cherche pas à se comparer aux autres. Au v. 13, il prend comme mesure de gloire la mesure de grâce que le Seigneur lui a donnée. Aux v. 15 et 16, il veille à ne pas interférer dans les travaux d’autrui. Et, pour faire bonne mesure et couronner le tout, au v. 18, il conclut en rappelant que la seule recommandation valable est celle que le Seigneur lui-même donne… Quel vaste programme !
Mais voilà, les Corinthiens résistent. Ils accusent Paul d’être charnel. La raison : quand il est présent, il est tout doux. Dès qu’il écrit, il parle haut et fort, comme pour impressionner. Cette accusation est grave, parce qu’elle neutralise l’autorité de Paul auprès des Corinthiens. Et j’en connais quelques-uns qui ont subi ce genre d’accusation non fondée, qui sont des calomnies. Méfions-nous de slogans tels que : « Il n’y a pas de fumée sans feu… » Mais il y a des fumées sans feu véritable sinon la calomnie, qui n’a aucun fondement.
La voie que Paul emprunte peut nous guider. Il est à la fois ferme et patient. Il conteste certaines accusations tout de suite, puis il attend les résultats avant d’agir. Il ne se fâche pas ni n’abandonne les Corinthiens, ni encore n’accourt-il fulminant au risque d’écraser non seulement les méchants, mais aussi les bons !
Non, Paul commence par rectifier un point, aux versets 10 et 11 ; il dit, en fait : « Je n’ai pas deux visages. Tel je suis absent, tel je suis présent. » Et sur ce point précis, Paul écarte toute ambiguïté et toute accusation, non à cause de sa personne, mais à cause de son message. Il ne faut qu’aucun doute ne plane ni sur le messager, ni sur le message. Car ce qui est finalement en cause, c’est l’autorité de la Parole de Dieu.
Puis, il attend avant de rectifier un autre point, qui se trouve au verset 6 : il punira toute désobéissance, mais seulement lorsque l’obéissance du plus grand nombre sera complète. Il ne veut pas agir contre l’église, mais le faire avec l’église ! Cela, c’est une règle d’or : ne pas intervenir contre l’église, mais avec l’église.
Dans l’exercice de son autorité, Paul a bien compris les priorités ; elles sont dans cet ordre-là :
– le Seigneur et sa Parole ;
– l’église ;
– lui-même, dans son apparente faiblesse.
Prenons donc soin de ne pas nous vexer quand notre autorité est mise en cause. Rappelons-nous ces paroles de Jésus-Christ, notre modèle suprême : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés ; combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Mat 23.37-39) Luc rapporte : « Jésus, en la voyant (Jérusalem), pleura sur elle et dit : Si tu connaissais, toi aussi, en ce jour, ce qui te donnerait la paix ! » (Luc 19.41-42)
Ce texte s’inscrit tout à la fin de la vie de Jésus, juste avant la croix ; il récapitule toutes les oppositions qu’il a rencontrées depuis le début de son ministère, par les chefs religieux et beaucoup d’autres. Deux volontés s’opposent : « Combien de fois ai-je voulu… et vous n’avez pas voulu ! » Comment comprendre que l’autorité de Jésus n’ait pas suffi dans tous les cas ? Aurait-elle manqué de force ? Certainement pas, car la volonté du Seigneur s’accomplira toujours. Si ce n’est pas celle de son désir en vue du salut, ce sera celle de ses décrets en vue du jugement. Le verset qui suit Jean 3.17 dit : « En effet, Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »
Et c’est ainsi que Jésus récapitule toute sa tristesse d’avoir connu, comme Fils de Dieu, ces limites-là… Mais en même temps, il récapitule toutes nos limites sur ce même plan, toutes les limites des prophètes de l’ancienne alliance, qui souvent n’ont pas été écoutés ni suivis, mais ont fini par y laisser leur vie !
Étienne dit, devant ses persécuteurs, juste avant d’être lapidé : « Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit, vous comme vos pères. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont mis à mort ceux qui annonçaient à l’avance la venue du Juste, dont vous êtes devenus maintenant les meurtriers, après l’avoir livré, vous qui avez reçu la loi sur l’ordre des anges, et qui ne l’avez pas gardée !… » (Actes 7.51-52) Et le discours s’arrête là. Dieu lui donne une vision céleste, et Étienne dit ce qu’il voit… Ses persécuteurs courent chercher des pierres et le lapident.
Je crois que la démonstration est suffisante, car nous sommes en bonne compagnie, avec Paul, mais surtout avec le Seigneur Jésus. Le serviteur ou la servante que nous sommes n’est pas plus grand que le maître !
Ma conclusion :
L’Écriture n’a pas de place pour une autorité triomphaliste. Ceux qui l’affichent ne sont pas de vrais serviteurs de Dieu. L’autorité que le Seigneur nous a donnée n’est pas encore celle du trône, mais celle de la croix. Nous sommes dans la ligne de l’autorité du trône, mais que la croix précède, pour nous, dans le cheminement…
Pourquoi ceci ? « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui. » (Rom 8.16-17)
Acceptons cette parole de Dieu ; soyons heureux de pouvoir, dans nos églises locales et dans le monde, servir le Seigneur avec les moyens qu’il nous donne. Et qu’importe notre faiblesse si, par elle, le Seigneur peut encore se glorifier dans sa force toute-puissante.
2. La pratique
La première partie du thème "L’autorité dans l’église locale" a été traitée dans le no 142 (octobre – décembre 2002) et touche "ses sources" qui sont en Dieu et en sa Parole. A différents niveaux, Dieu a délégué son autorité.
L’autorité a été donnée aux hommes pour être exercée en tous les domaines de l’existence. Le principe de l’autorité est bon en lui-même, mais la chute en a perverti la pratique. Dans la vie chrétienne, nous sommes parfois singulièrement marqués par des relents de la chute. Pour que le principe soit bienfaisant, il faut un esprit qui commande la pratique.
Quand les fils de Zébédée demandent à Jésus de partager son autorité, Jésus répond: "Les chefs des nations les tyrannisent, et les grands abusent de leur pouvoir sur elles; il n’en est pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur; et quiconque veut être le premier sera l’esclave de tous. Puis il ajoute: Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup" (Marc 10.37,42-45). Voilà la règle de l’esprit qui commande une vraie pratique d’autorité dans l’Église!
1. Comment reconnaître le vrai service ?
Par certains éléments de base, qui sont indispensables. Ils sont au nombre de trois: l’appel, les qualifications et l’amour.
a) L’appel
Remettons-nous en mémoire ces trois étapes obligatoires: Toi, suis-moi!, à quoi nous répondons: Me voici, Seigneur pour faire ta volonté. L’appel de Dieu est personnel. Il ne se présente pas à chacun de la même manière. Soyons prudents quand nous donnons notre témoignage, pour ne pas nous présenter comme modèles. Et n’essayons pas d’imiter le témoignage des autres, car l’appel découle d’une rencontre personnelle, vivante et décisive avec le Seigneur.
Cet appel doit être également reconnu par l’église locale, car nous ne sommes pas appelés à travailler en francs-tireurs. L’église doit pouvoir reconnaître l’appel.
Prenons le cas de Saul de Tarse. Son appel est dramatique, mais authentique. Cela pourtant ne suffit pas pour l’Église. A Damas, Dieu rassure Ananias quant à la véracité de l’appel reçu. Alors Ananias l’accueille en disant: Mon frère Saul! Plus tard, à Jérusalem, on se méfie du persécuteur devenu disciple. Il faudra l’intervention de Barnabas pour que la situation se décrispe…
Plus tard, à Jérusalem encore, il faudra que Jacques, Céphas et Jean donnent la main d’association et confirment que l’appel de Paul d’apporter l’Évangile aux païens est authentique. Il y avait les preuves: l’engagement, la persévérance et le bon témoignage.
Écoutons l’avis qu’un pasteur chevronné émit des décennies en arrière: "Ce ne sont pas cinq mille kilomètres qui vont vous transformer en un missionnaire efficace! Si vous ne l’êtes pas sur place, vous ne le serez pas au loin. Tel vous êtes ici, tel vous serez là-bas."
b) Les qualifications
En plus de la reconnaissance de notre ministère, il faut en avoir les aptitudes.
Il y a d’abord des qualifications naturelles, qui dépendent de la naissance, de l’éducation et de l’exemple reçu. Timothée en est un modèle frappant: il avait appris les Écrits sacrés par sa mère et sa grand-mère, qui étaient chrétiennes, alors que son père grec était païen.
Puis il faut des qualifications acquises par la formation et l’étude. L’apôtre Paul avait été instruit aux pieds de Gamaliel. Devenu chrétien, il sonda les Écritures en profondeur.
Enfin, il y a des qualifications charismatiques. Je n’entends pas ici le mouvement que le nom évoque, mais les dons de grâce (nommés "charismes") pleinement en accord avec le message biblique. En tant que chrétiens, nous participons forcément aux dons de l’Esprit. Ils sont nécessaires pour exercer un ministère que l’Ennemi attaque sans cesse.
Il est intéressant de voir comment le Seigneur dirige les uns et les autres. Au début de mon ministère, je pensais aller plutôt dans la direction de l’évangélisation. Mais après quelques mois, je me suis rendu compte que ce n’était pas la voie dans laquelle je devais m’engager. Le Seigneur conduit les siens.
c) L’amour
Sans lui, point de ministère durable et béni. Rappelons-nous 1 Cor 13 qui énumère une série d’exploits allant jusqu’au martyre, pour aboutir à la constatation que sans l’amour, tout cela n’est rien. Pour glorifier le Seigneur, il faut son amour.
Pierre a renié Jésus, qui lui demande trois fois: "M’aimes-tu?" Et Pierre répond: "Seigneur, tu sais que je t’aime". Pour Jésus, cela suffit. Il charge Pierre de prendre soin de son Église.
Paul, quant à lui, dévoile le secret du succès de ses voyages missionnaires dans 2 Cor 5.14: "L’amour de Christ nous presse". Le « nous » implique ses coéquipiers. Il fait écho aux paroles du Seigneur: "Demeurez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père… Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite" (Jean 15.9-11). Trois mots ressortent de ce texte: l’amour, le commandement et la joie. L’autorité dans le ministère repose sur ces éléments!
Et c’est ainsi que nous recevons l’autorité du Seigneur, de sa Parole et de son Esprit, pour accomplir la volonté du Père.
2. Comment mettre en œuvre l’autorité ?
a) Veiller sur nous-mêmes et persévérer
Ici apparaît une importante priorité. Même si ce n’est pas le lieu de la développer, j’aimerais néanmoins la citer. Au début du siècle passé, un petit fascicule avait été édité par la Convention de Keswick portant le titre: “L’ouvrier, plus que l’œuvre”. Voilà une priorité: "Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis" (Act 20.28)… "Veille sur toi-même, et sur ton enseignement. Persévère dans ces choses, car en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent" (1 Tim 4.16). Cette priorité de soi-même n’est pas égocentrique. Il s’agit simplement du souci d’être cohérent et vrai.
Nous ne pouvons apporter aux autres que ce que nous avons reçu nous-mêmes. Et nous ne pouvons parler avec autorité aux autres de ce que le Seigneur demande, que si nous le vivons vraiment pour nous-mêmes.
b) La collégialité des anciens
Notons que le mot ancien est pratiquement toujours au pluriel. La collégialité est de rigueur! Dans l’Ancien Testament, il englobait les principaux responsables en Israël, à l’intérieur des familles, des clans, des tribus, comme à l’armée, ainsi qu’à l’intérieur des structures établies par Moïse sur le conseil de Jéthro. Il y avait donc un principe collégial bien structuré. Mais il y avait aussi des fonctions d’autorité qui s’exerçaient en solitaire: Moïse était le conducteur du peuple et législateur; le souverain sacrificateur, le juge, le prophète, le roi, tous ces ministères étant dans l’ancienne alliance.
Dans le Nouveau Testament, le principe collégial est présenté comme une norme. Jésus commence son ministère avec douze apôtres. Dans Act 15, l’église décide en commun de problèmes importants concernant l’avenir des chrétiens d’origine païenne: doivent-ils être circoncis ou non? A la fin des débats, nous lisons: "Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu’à l’église toute entière, de…" (v. 22). Et lorsqu’ils envoient la lettre, il est dit: “Car il apparut bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autres choses que ce qui est indispensable" (verset 28). Dans la liste des apôtres, des anciens et de l’église entière, le Saint-Esprit est mis au début.
c) Les responsabilités partagées des anciens
Dans l’église locale, des anciens sont nommés. Ils partagent les responsabilités. Il n’est pas toujours facile de se respecter et de lutter ensemble. Les divergences doivent se résoudre, car nous devons apprendre à vivre et à travailler ensemble. Cela comporte certains risques. Il existe un jeu subtil de personnalités. Il faut à tout prix éviter un rapport de force par lequel un des anciens chercherait à imposer sa volonté, ouvertement ou plus discrètement. Il en résulterait une hiérarchie à laquelle il deviendrait difficile de résister. Cela est vrai non seulement dans les conseils d’église, mais également dans les commissions synodales et les pastorales. Cette situation peut entraîner des églises dans une direction nouvelle pas toujours très heureuse.
La véritable autorité spirituelle ne se prouve pas par le succès ou la réussite, mais dépend de l’humilité, de l’écoute de chacun, de l’honnêteté, de l’amour pour le Seigneur, sa Parole et son Église.
3. Les grands axes
Je voudrais rappeler les grands axes qui doivent se traduire dans la pratique de chacune de nos vies.
a) La prédication enseignement
D’abord, la prédication enseignement: elle est la fonction première de l’Église de faire entendre, avec autorité, la parole de Dieu! Rom 10.17: "La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ". Elle sauve, elle engendre, fait croître, sanctifie, prépare le chrétien à rencontrer son Dieu; elle doit demeurer au cœur de la vie de l’église locale.
Dans les églises de la Réforme, la chaire était au centre, ce qui signifiait la priorité donnée à la parole de Dieu. De nos jours, les prédications se rétrécissent comme une peau de chagrin, au soulagement des prédicateurs autant que de l’audience – cela demande moins d’efforts! Quant aux études bibliques hebdomadaires, les églises les ont trop souvent abandonnées…
Quelle en est la raison? Les aînés n’aiment plus sortir le soir. Les gens actifs n’ont pas le temps, et les jeunes ne s’y intéressent guère. A la place, on a mis des témoignages, des partages, des études à thèmes sociologiques et beaucoup de musique. Comme cela a été dit: “La louange est devenue parfois l’enzyme glouton de nos cultes!”
Tous ces éléments doivent pourtant rester à leur place. Nous ne devons pas les écarter, mais notre responsabilité est de veiller à garder le sens des proportions, en intervenant avec tact quand il le faut, tout en nous demandant aussi si nous ne sommes pas un peu responsables. Savons-nous toujours rendre vivant et pratique le texte des Écritures? Comment enseignons-nous? Nos exhortations ne sont-elles pas parfois un peu trop moralisantes?
Dans les Évangiles, combien de fois est-il dit que Jésus enseignait? Les quatre Évangiles comprennent environ une cinquantaine de textes. Qu’en est-il dans le livre des Actes? Le livre s’ouvre par ce premier verset: "…tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner". Le dernier verset présente Paul: "…il prêchait le royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute assurance et sans empêchement". Et entre ce début et cette fin, constamment référence est faite à l’enseignement … sans parler des épîtres qui sont essentiellement didactiques.
Immédiatement après la Pentecôte, le profil de l’Eglise se dessine ainsi: "Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres…" Il en découle ce qui suit: communion fraternelle, fraction du pain, prières, etc… (Act 2.42-47).
Le Baptême et la Cène sont à placer dans le prolongement de cette annonce, comme proclamation de la mort du Seigneur et de sa résurrection. A propos de la Sainte Cène, les responsables veilleront à ne pas mettre des personnes en position d’autorité si elles n’ont pas la maturité. L’ordre, la bienséance et le respect sont de mise, sans tomber toutefois dans le formalisme.
b) L’herméneutique
Puis vient l’herméneutique, qui tend vers l’application de la Parole, conformément à l’analogie de la foi. Car à quoi servirait une prédication qui renierait l’inspiration divine de la Bible, pour annoncer un autre évangile qui ne produirait aucun fruit?
L’herméneutique oblige à appliquer correctement les leçons pratiques du message divin. L’autorité, quand elle est responsable, oblige à voir les différentes situations, à encourager ce qui aide le peuple de Dieu à rester fidèle, et à dénoncer les dangers qui menacent la fermeté et la persévérance à suivre le Christ.
c) La discipline
Elle appelle l’autorité des anciens. Certains membres se mettent alors facilement sur la défensive. N’associons pas prioritairement autorité et discipline, car l’autorité déborde la discipline. Celle-ci n’est pas d’abord punitive, mais éducative. Lorsqu’il faut se résoudre à une autorité disciplinaire, la situation devient délicate. Le serviteur de Dieu redoute de devoir exercer une telle autorité qui, dans certains cas, est pourtant inévitable.
d) Le domaine relationnel
Nos églises locales représentent une famille dont les membres sont unis par l’Esprit. Mais certains d’entre eux sont aussi liés par les liens du sang. Cela peut être une force et une bénédiction. Mais quand intervient dans ce contexte une décision disciplinaire, le réflexe du clan familial joue soudain un rôle affligeant. Il arrive qu’on rencontre une résistance farouche quand un membre de sa famille doit être discipliné.
Les situations de ce genre fragilisent la foi et affectent le témoignage. Des personnes quittent une église dans laquelle ils sont depuis des années, simplement parce que l’on a osé toucher à des membres de leur famille… Il faut que l’autorité soit fondée sur le Seigneur et sa Parole, pour résister à ce genre d’épreuve. La fidélité est à ce prix.
e) Le domaine des mœurs
Une autre situation douloureuse touche au domaine des moeurs. L’Église vit dans le monde. Dieu le veut pour le témoignage. Il faut savoir si l’Église influence le monde ou si c’est le monde qui influence l’église! Toutes les dénominations de nos églises évangéliques sont impliquées. L’amour libre, le mariage à l’essai, le concubinage, l’homosexualité, sont-ils tolérés comme une variante de l’amour? Avons-nous l’autorité pour résister au nom de la Parole de Dieu, et d’annoncer le Christ? Dans les camps de jeunes, acceptons-nous la cigarette, l’alcool, la drogue? Sommes-nous à ce point tenaillés par la crainte de passer pour des "légalistes" que nous n’osons plus recommander l’observation des commandements de Dieu (1 Jean 2.3-6)?
Avons-nous réfléchi à ce que pourrait nous réserver l’avenir proche? Quand les homosexuels et les lesbiennes auront obtenu le statut légal, avec tous les droits normalement réservés aux couples hétérogènes, qu’arrivera-t-il lorsque de tels "couples" demanderont à être baptisés, accueillis à la Cène, puis engagés dans toutes sortes d’activités? Serons-nous assez fermes et courageux, au risque d’être accusés de ne plus respecter la loi du pays ? C’est nous qui risquons d’être pris en défaut par le non-respect des textes légaux! Ce sera alors le moment de nous rappeler cette parole: Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Car il faudra bien que la Parole de Dieu continue à primer sur celle des hommes.
4. La pratique des apôtres
Chez les Galates, le fondement était menacé. L’apôtre leur adresse un avertissement sévère: "Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés, par la grâce de Dieu, pour passer à un autre évangile! Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème! Nous l’avons dit précédemment et je le répète maintenant… Est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ" (Gal 1.6-10).
Paul aborde ce problème parce qu’il l’estime fondamental. Il a commencé par dire: Je m’étonne… Surprise douloureuse, comme un cri du cœur en même temps qu’il contient beaucoup de tendresse et d’amour blessé.
Cette autorité, le monde ne la comprend pas. Elle est pourtant la marque distinctive de l’autorité spirituelle. Elle correspond à la pensée de Dieu. Paul ne cède pas un pouce de terrain dans l’accommodement éventuel d’un évangile qui serait “légèrement autrement”! Et il va même plus loin. Parlant par hypothèse, il dit: “Quand un évangile différent porterait la marque apostolique ou même angélique, et quand cet apostat serait moi, ne le recevez pas!”
L’apôtre ne se place pas au même niveau que la Parole reçue, encore moins au-dessus d’elle! Il est simplement le serviteur de cette Parole. Combien plus nous! Inspirons-nous de son attitude. D’autant plus que l’apôtre avait reçu la grâce de transmettre des révélations nouvelles (Eph 3.3-13). Aucun homme ne peut le faire aujourd’hui. La Révélation écrite interdit qu’on puisse ajouter ou enlever quoi que ce soit (Apoc 22.18-19).
Que Dieu nous donne de rester fidèles à sa Parole donnée une fois pour toutes. Nous n’avons pas d’autre autorité que celle-là. Mais exerçons-la avec amour et discernement pour tous ceux que le Seigneur place sur notre chemin.
L’EGLISE
1. Les sources
Jacques Dubois, pasteur, théologien et conférencier très connu, nous gratifie d’une série de trois articles sur l’autorité dans l’église locale vue sous l’angle des sources, de la pratique, et de ses limites. Il est également auteur d’un excellent petit catéchisme: Croire et Vivre, aux éditions Emmaüs, CH-1806 Saint-Légier (Suisse) et de nombreux articles. Homme de grande expérience, il expose ce sujet si actuel et pourtant si impopulaire et mal vécu. Vu l’importance du thème, nous signalons à nos lecteurs qu’il a déjà été traité par l’auteur sous les mêmes titres dans la Revue bimestrielle des CAEF Servir en L’attendant (nos 2, 3, et 4, mars – août 1998), 40, chemin de Lautagne, FR-26000 Valence). La première partie aborde les Sources de l’autorité dans l’église locale.
Pour qu’une église puisse prospérer, la question de l’autorité doit être réglée. Disons-le d’emblée: tout prestige personnel doit être écarté. Le Seigneur a dit: «Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit le dernier de tous, et le serviteur de tous!» (Marc 9.35) Il y va de la gloire du Seigneur lui-même, car les églises lui appartiennent! Le Christ est la tête, l’Église est son corps. Dieu veut voir prospérer ces églises locales, et être saintes en vue de son avènement.
1. Une autorité fondée
Toute autorité repose sur Dieu luimême. Il en est la source unique. L’autorité est l’expression de sa souveraineté absolue, divine et éternelle.
En Gen 1, Dieu se présente comme «Elohim». Un nom au pluriel désignant trois personnes: le Père, le Fils et le Saint- Esprit.
En Gen 2 apparaît un second nom, le fameux tétragramme, les 4 lettres YHWH qui se disent «Yahvé» et signifient «Je suis». Ce nom exprime aussi la personne de Dieu dans sa plénitude, son autorité ainsi que sa présence permanente.
Ces textes révèlent l’origine de la source première. Il n’y a rien au delà, ni dans le temps, ni dans l’espace, ni dans l’éternité d’une autre autorité qui serait concurrentielle. En Elohim/Yahvé sont fondés et subsistent éternellement tous les attributs de la nature du Dieu unique.
Le Fils s’appelle Jésus-Christ. Il occupe une place centrale, car il est Dieu et Seigneur dans le sens absolu et divin du terme. Il a autorité comme le Père, de toute éternité. Cette autorité, il ne l’a pas acquise à la suite de son incarnation, mais il la possède de droit divin. Il l’a puissamment manifestée à la création. Lorsque nous lisons «Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut,» la Parole a donc existé bien avant qu’elle ne soit faite chair! Chaque fois que nous lisons «Dieu dit…» c’est lui qui opère, le Fils de Dieu, Jésus-Christ. Col 1.17 l’atteste: «Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.» Il règne sur la vie et la mort. Il a tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. «Dieu a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père» (Jean 5.21).
A la même source se trouve aussi le Saint-Esprit, qui occupe une place essentielle. Nous devons lui donner la place que lui attribue la Bible. Les excès et les dérapages qui ont lieu en certains milieux ne doivent pas avoir pour effet de minimiser la place du Saint-Esprit. Jésus a promis d’envoyer le Saint-Esprit sur la terre après son ascension au ciel et dit qu’il habitera en chaque chrétien. Il a accompli sa promesse à la Pentecôte. Dans la Bible, le Saint-Esprit est présent du début à la fin. Gen 1.2 déclare: «L’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux…» Apoc 22.17 présente: «l’Esprit et l’épouse disent: Viens!» Et le Seigneur répond: «Oui, je viens bientôt.» Et entre ce début et cette fin, combien de fois n’apparaît-il pas?
Dieu est trinitaire, voilà qui fait trois sources concomitantes. Elles sont ensemble dans une unité fondamentale, une unité sans confusion; c’est là qu’est le fondement. Ce sont les sources supérieures!
Parlons maintenant de la source inférieure, qui vient d’en haut, qui est entre nos mains. C’est dans ce sens-là que je la nomme «source inférieure», et seulement dans ce sens-là. Pour nous, l’autorité divine se trouve en un lieu accessible, ne varietur, c.-à-d. qui ne change pas: la Bible, authentique parole de Dieu! Il faudra quinze siècles, de Moïse à Jésus, pour que soit achevée la révélation biblique, source parfaite d’autorité normative et fonctionnelle. En l’Écriture et par elle, Dieu parle aux hommes, et à tous les hommes, pas seulement aux chrétiens. Voilà donc les sources d’autorité qui sont le fondement premier et immuable: Dieu et sa Parole. Elle est révélation, elle s’est incarnée en Jésus-Christ, et elle est illumination.
La révélation est à la fois «Loi et Évangile ». L’Évangile déjà dans l’ancienne alliance. Et la loi est encore, d’une certaine manière, dans la nouvelle alliance. Il nous faut lire p.ex. Mat 5.17-48. Parole écrite, la Bible se différencie de la parole des hommes (1 Thes 2.13).
L’incarnation: le temps du Christ sur terre, Parole faite chair, Dieu parmi nous, Emmanuel, avec toute son autorité. Et quelle autorité! Rien ne lui a résisté, pas même la mort! Il peut dire: «Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre» (Mat 28.18).
Quant à l’illumination, c’est l’Esprit de vie. Il a inspiré la Bible. Il se tient au service du Christ, il nous fait naître de nouveau. Il nous conduit, nous éclaire, nous équipe, nous prépare pour le grand rendez-vous. Il participe, en nous, à l’autorité que nous avons reçue du Père et du Fils.
Je voudrais donner ici trois mises en garde. La première relative à l’Esprit, la seconde au Christ, la troisième aux Écritures.
Par rapport à l’Esprit, il s’agit de ne pas le mettre au tout premier plan pour ne pas tomber dans l’illuminisme ou le mysticisme. Les révélations des pseudoprophètes actuels font souvent soit abandonner la Parole de Dieu, soit y ajouter ou en retrancher. L’avertissement est des plus sévères: «A celui qui ajoute, j’ajouterai les plaies… A celui qui retranche, je retrancherai son nom de l’arbre de vie» (Apoc 22.18,19).
Relative au Christ, la mise en garde est de ne pas détacher le Christ des Écritures. Sinon, nous substituons au Christ vivant une idole à la mesure des hommes, un christ humain, fait par les hommes: un christ social, moral, exemplaire, révolutionnaire, panthéiste, cosmique… Le sermon sur la montagne est une prédication dont la portée sublime n’a jamais été égalée. Mais est-il vécu dans le christianisme, par les chrétiens? Ces paroles vont droit au coeur pour qui les reçoit telles quelles.
Malheureusement, le christianisme n’est généralement pas compris dans ce sens! Bien que nous chantions: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre», il n’y a aujourd’hui ni gloire à Dieu, ni paix sur la terre…
Passons aux Écritures, pour lesquelles la mise en garde est de ne pas nous y attacher sans reconnaître aussitôt le Christ en leur centre. Sinon, nous allons vers une orthodoxie morte, comme les chefs religieux du temps de Jésus.
L’autorité exercée par Dieu nous oblige à une écoute fidèle et soumise, qui produit une action spontanée et persévérante. On ne fait pas une action pour écouter ensuite. On écoute d’abord, puis on agit après avoir bien écouté et bien compris.
Je mentionne ici, sans approfondir, la révolte des hommes contre Dieu et son autorité. Je cite 2 Tim 4.3-5: «Il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère. »
2. Une autorité contestée
Nous vivons dans un monde post-chrétien. L’apôtre Paul, dans la deuxième épître à Timothée, parle du temps de l’apostasie. On peut parler de post-modernité. Le sentiment est là que la modernité a implosé après la seconde guerre mondiale. Les causes de cette situation conduisent à la contestation de toute autorité, avec la conséquence d’une marche vers le chaos.
Il y a refus de toute autorité, un refus de soumission, de n’importe qui pour n’importe quoi. Paul écrit à Timothée: «Dans les derniers temps, les hommes seront rebelles à leurs parents.» Ceci est révélateur d’un état d’esprit qui se généralise, tant il est vrai que les parents sont le symbole même de l’autorité. Et c’est par là que tout commence! Encore que, parfois, les enfants n’aient pas besoin de se révolter contre les parents, parce que tant de parents sont totalement inexistants…
La Bible est une cible de choix de la rébellion, car c’est une cible accessible! Dieu, en quelque sorte, serait la première cible; mais lui reste complètement en dehors des limites d’atteinte des hommes. Ce que les hommes peuvent dire, écrire, faire, ne le touche absolument pas dans sa sainteté, dans sa gloire, dans sa puissance, dans son autorité. Par contre, cela le touche sûrement dans son amour, parce qu’il aime les hommes…
Quel est l’effet des plaies terribles décrites dans Apoc 16 dont Dieu punit le monde révolté contre lui? «Les hommes blasphémèrent le nom de Dieu qui a autorité sur ces fléaux.» L’homme impuissant ne peut rien faire d’autre que de blasphémer.
Alors, puisque Dieu est inaccessible, reste la Bible, la Parole de Dieu. C’est contre elle que se dirigent les assauts des hommes. Cette contestation n’est ni d’hier, ni d’avant-hier. Elle existe depuis les origines. Le serpent demande à la femme: «Dieu a-t-il réellement dit?…» (Gen 3.1). Théologie du soupçon, qui en Éden, a atteint la cible.
Aujourd’hui s’est installée une atmosphère de relativisme quasi totale. Il n’y a plus de vérité absolue. Le récit biblique lui-même est découpé en petits fragments de tradition locale. On n’imagine plus que notre religion soit universelle, puisque tout est relativisé! On n’a même plus le droit de prononcer un jugement, car le faire serait oser faire preuve d’autorité! Personne n’a le droit d’exercer une discipline! Alors du relativisme, on passe au pluralisme, où tous les systèmes sont valables, tous les credos sont vrais. La tolérance est reine! Le vrai et le faux sont conciliables et conduisent au scepticisme, qui finit par produire le cynisme.
Logiquement, on arrive à la dévaluation des hiérarchies. J’entends par là les niveaux de qualité. A l’école comme ailleurs, on ne peut plus donner des évaluations réelles. C’est là le plus court chemin vers la médiocrité. Tout est rapporté à soi-même. La personne devient le centre de l’univers. Et l’individu n’a plus de devoirs, seulement des droits.
Et ce que je dis là se trouve dilué dans nos églises locales, parfois, à un moindre degré, même à dose homéopathique. C’est pourquoi nous avons à rétablir les normes bibliques, car le Seigneur nous a mandatés par son salut. Il nous a mandatés dans le service de son champ et de sa vigne, et pour ce faire, il nous a donné – et c’est la troisième partie de l’exposé – une autorité déléguée.
3. Une autorité déléguée
Dès la création de l’homme dans Gen 1 et 2, Dieu lui confie la gérance sur toute vie végétale et animale, et il en aura à en rendre compte.
N’oublions pas la femme, l’alter ego de l’homme. Par sa féminité, elle accompagne et complète la masculinité d’Adam, créé le premier, il ne faut pas l’oublier. Je vous confesse qu’il y a un texte que je n’ai jamais compris. C’est celui de l’épisode de Gen 2, qui raconte comment Dieu a fait venir les animaux auprès de l’homme pour qu’il leur donne des noms, avec ce prolongement mystérieux: «Et il ne trouva pas d’aide semblable à lui.» Alors Dieu plonge l’homme dans un profond sommeil de type narcotique afin que naisse la femme! De l’ich (homme) surgit l’icha (femme). Et quand l’homme se réveille, c’est l’émerveillement.
Le fait que l’homme ait été créé le premier est plusieurs fois rappelé par l’apôtre Paul, qui va jusqu’à écrire: «Et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme» (1 Cor 11.9). Aussitôt l’apôtre inspiré par l’Esprit présente le complément en disant: «de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu» (1 Cor 11.12). La femme s’inscrit dans une indispensable complémentarité. Que le mari soit responsable de l’autorité dans le couple et la famille… la femme n’en sera pas malheureuse si le mari se comporte à l’image de Christ, en l’aimant jusqu’à être prêt à donner sa vie pour elle (Eph 5.25).
Mais revenons à Genèse 3, le chapitre de la chute. Nous y lisons ce terrible verset: «Tes désirs se porteront vers ton mari, mais lui dominera sur toi.» Jésus expliquera dans Mat 20.26 ce qui s’est passé. Il évoque alors les nations qui abusent de leur pouvoir et ajoute: «Il n’en sera pas de même parmi vous. Quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur.»
Jésus replace l’autorité dans son axe véritable. Dieu maintient la hiérarchie d’autorité. Mais il veut la voir être au service du bien des autres dans l’amour et le respect. Abram appelé par Dieu en Mésopotamie suit son vieux père Térah à Aram. Il y attend la mort de son père pour se remettre en marche. La structure patriarcale est ici respectée. Par la suite elle subsistera, modifiée il est vrai, par le respect dû aux parents: «Honore ton père et ta mère.»
Par extension, parlons maintenant des anciens. La première mention biblique en Gen 50.7 évoque ceux d’Égypte, pays païen. Plus tard, en Ex 3.16, sont mentionnés les anciens d’Israël.
Ils apparaissent comme ceux qui ont autorité sur le peuple. Plus tard encore, ils seront responsables de la ville, de la région, du pays. Ils dirigent, assument, tranchent dans les litiges. Booz en sait quelque chose: il ne peut pas prendre Ruth pour femme sans respecter la loi du rachat à l’égard d’un personnage dont le nom ne nous est pas donné dans le récit biblique. Booz se soumet à cette loi parce qu’elle vient de Dieu. Les anciens veillent à ce qu’il en soit ainsi.
Nous arrivons à l’église locale dans le Nouveau Testament. Les anciens ont une position clé. En Act 20.17,28, une certaine équivalence apparaît dans le discours de Paul adressé aux anciens (presbuteroi) qui sont évêques (episcopoi) et pasteurs paissant le troupeau (poimeroi). Leur profil est complété en Tite 1 et 1 Tim 3, concernant leur vie spirituelle, familiale, personnelle et communautaire. On ne peut pas accepter l’idée qu’un ancien soit nommé dans une église, s’il n’est pas un modèle dans sa famille, s’il n’est pas un bon époux pour sa femme, s’il n’est pas un bon père pour ses enfants. Ils doivent être des hommes de confiance et de responsabilité. Leur autorité en dépend. Dans Act 14.23, Paul et Barnabas font nommer des anciens dans chaque église. Après avoir prié et jeûné, ils les recommandent au Seigneur, en qui ils ont cru.
Je termine par les autorités civiles de ce monde. C’est un aspect important. Nous lisons dans Rom 13.1,2,5: «Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité résiste à l’ordre de Dieu…». Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement à cause de la colère du châtiment, mais par motif de conscience». Ce principe est voulu par Dieu pour le droit, la justice, le bien-être et la protection de chacun. Le chrétien s’oblige à la soumission, à l’honnêteté, non par crainte des hommes, mais par motif de conscience!
Mais il faut ajouter que les autorités civiles n’ont pas le droit de faire n’importe quoi de cette autorité dont le principe vient de Dieu. Lorsqu’il y a empiétement des autorités sur l’obéissance due à Dieu, la résistance s’impose, au besoin jusqu’au martyre… Et il se pourrait bien que dans les temps qui viennent, nous nous retrouvions du côté de Pierre et Jean, qui répondirent: «Est-il juste devant Dieu de vous obéir à vous plutôt qu’à Dieu?» Notons que Jésus lui-même a respecté les autorités civiles. S’il a respecté l’autorité de Pilate, il ne l’a pas fait d’Hérode. Devant Pilate, Jésus a parlé; il l’a aidé à voir clair; d’ailleurs, la conscience de Pilate lui a bien fait comprendre que cet homme nommé Jésus était un juste…
Mais devant Hérode, Jésus n’a pas reconnu son autorité. A quoi pouvons-nous l’affirmer? Au silence obstiné de Jésus. Lui, Parole faite chair, n’a pas ouvert la bouche! Et Hérode, ne sachant pas comment faire, l’a raillé, signe d’impuissance exaspérée.
Nous devons nous souvenir que l’autorité que nous pouvons exercer n’est que déléguée. Nous n’avons pas le droit de nous l’approprier. Un gestionnaire n’est pas un propriétaire. Un serviteur n’est pas un seigneur. User et gérer ne veut pas dire abuser ou exploiter à son profit. Comprendre cela nous permet d’être prêts à exercer la pratique de l’autorité pour le bien des autres… et la gloire de Dieu.
C’est au mois d’avril 2000 que le terrible diagnostic m’a été révélé. J’étais effondrée et pensais que ce n’était qu’un horrible cauchemar, le déroulement d’un film après lequel j’allais me réveiller. Malheureusement, la réalité était là, et c’était bien le médecin qui se trouvait en face de moi ! Je me suis ressaisie. J’ai eu la force de regarder ce spécialiste en cancérologie du sein. Et je lui ai dit qu’avec mon mari, nous étions un couple uni et que notre foi en Dieu allait beaucoup nous soutenir.
Après plusieurs jours d’angoisse et de questionnements au sujet de la durée du traitement et son déroulement, j’ai réalisé que la paix de Dieu devait venir habiter pleinement mon cœur : tout m’apparaissait comme une montagne.
Un soir, alors que mon mari était absent, j’étais couchée mais ne trouvais pas le sommeil, étant particulièrement angoissée. Je suis allée dans la chambre de notre petite fille de huit ans qui dormait paisiblement, me suis jetée à genoux au pied de son lit, et j’ai crié à Dieu de tout mon être, Lui demandant de me remplir de Sa paix, et de me donner la force et la santé pour élever cette enfant, ainsi que la joie de la voir grandir…
J’ai pu aller me recoucher en ayant la conviction que ce soir-là, Dieu avait entendu mon cri et m’avait touchée.
Dès lors, cette paix et cette confiance ont habité pleinement mon cœur et m’ont permis de supporter toutes les étapes de mon traitement : chimiothérapie, opération, puis radiothérapie.
J’avais reçu des promesses du Seigneur. D’abord, qu’Il ne m’éprouverait pas au-delà de mes forces. Puis, Il m’avait donné cette image que je devrais traverser un lac profond et dangereux, mais avec l’assurance que Sa main puissante et sûre maintiendrait ma tête hors de l’eau, et qu’Il m’amènerait sur l’autre rive calmement et indemne.
Après la première séance de chimiothérapie, le médecin qui m’a examinée a prononcé trois fois le mot : «Stupéfiant !». La tumeur de quatre centimètres se résorbait plus rapidement que prévu. Je rends grâces à Dieu pour les soins que j’ai reçus dans cet hôpital, tant sur le plan technique qu’humain. J’ai pu témoigner de ma foi en Christ à tout le personnel soignant. Avec la grâce de Dieu, tout mon traitement s’est parfaitement bien déroulé.
Je bénis Dieu, car durant toute cette période, j’ai pu mener une vie normale, et ma petite fille ainsi que mon entourage ont eu l’image d’une maman sereine et dynamique grâce à Dieu.
Les médecins considèrent aujourd’hui que je suis guérie.
L’épreuve ne doit pas nous effrayer, mais doit au contraire nous inciter à nous rapprocher de Dieu. Cette dépendance de Dieu nous permet de vivre nos moments de joie et de peines dans Son intimité et de cheminer avec Lui vers des horizons nouveaux, riches et bénis. Dieu est un tendre Père pour moi, un ami sur lequel je peux compter à tout moment. Il m’a aidée à accepter Sa souveraineté.
S’Il permet l’épreuve pour le chrétien, Il connaît aussi nos limites. Par la foi en Lui, il est bon de pouvoir vivre ces moments avec l’assurance que rien ne peut Lui échapper, et qu’à aucun instant Il n’est pris au dépourvu. A nous d’apprendre seulement à nous reposer entièrement sur Lui !
Je peux dire aujourd’hui avec reconnaissance,comme le psalmiste: «Comment rendrai-je à l’Eternel tous ses bienfaits envers moi ?». Je suis à présent guérie et pleine d’énergie. Au début de cette nouvelle année, je pense maintenant aux paroles de ce cantique : «Je ne sais pas tout sur demain, bien des choses me sont cachées, mais Jésus connaît l’avenir et je sais qu’Il tient ma main».
Vie et Santé
au Groupe de Réflexion Biblique de Villeneuve et rédigée d’après ses notes)
Semblables mais distincts
Le récit biblique de la création nous montre clairement (cf Gen 2.18,20) que la femme, créée après l’homme, l’a été pour être une aide semblable à lui, le vis-à-vis de l’homme. Emerveillé, l’homme déclare qu’elle est os de ses os et chair de sa chair. Dans le mariage, ces deux êtres distincts deviennent une seule chair.
La femme donc, tout en se distinguant de l’homme, est pour l’homme, d’une certaine manière, un autre lui-même. Il n’y a donc pas supériorité d’un côté et infériorité de l’autre, mais au contraire complémentarité dans cette identité d’être humain.
Pour l’apôtre Paul aussi (Eph 5.28- 33), l’épouse est un autre soi-même, et aimer sa femme c’est s’aimer soi-même: les maris doivent aimer. comme leur propre corps.
Comme le fait remarquer Henri Blocher (Révélation des origines, p. 89 à 105), le récit de la création ne comporte qu’une seule appréciation négative de Dieu sur son ouvre: Il n’est pas bon que l’homme soit seul. La vie humaine atteint sa plénitude communautairement. Le mariage est l’expression sublimée de cette réalisation, mais heureusement pour les célibataires, ce n’est pas la seule.
La femme (comme épouse) est le prochain le plus proche de l’homme (son mari). En tant que prochain, elle est distincte et indépendante de l’homme. Et pourtant, la femme dépend de l’homme, et l’homme dépend de la femme. D’ailleurs, suivant un curieux mais merveilleux paradoxe, l’homme, qui a été créé le premier, était un être solitaire, et c’est la femme, qui est venue après, qui engendre et crée la vie communautaire.
Les remarques de Saint-Augustin à ce sujet sont toujours pertinentes: si l’homme est la force de la femme (solidité de la côte), la femme est la douceur de l’homme (chair refermée, cicatrisée). Et Saint-Augustin n’a pas peur de pousser plus loin l’allégorie et dit aussi: La blessure du côté de l’homme a fait naître la femme. Par le Christ percé au flanc est née l’Epouse.
Privilèges et responsabilités
L’apôtre Paul n’aurait certainement pas contredit l’idée que l’on peut être un excellent pasteur célibataire, mais il ressort de ses épîtres que la plupart des pasteurs étaient mariés (1 Tim 3.2,12).
Le célibat a ses avantages, par exemple dans un ministère itinérant. Le pasteur est plutôt un résident. Et pour lui, le mariage est un cadre privilégié créé par le Seigneur. Ainsi, le pasteur n’est pas à la charge de ses paroissien(ne)s, mais surtout, son foyer devient un lieu d’accueil pour beaucoup. Le couple peut exercer l’hospitalité recommandée dans l’Ecriture (I Tim 3.2).
Le foyer constitue aussi un test valable et redoutable (I Tim 3.4-5). Si l’église est une famille élargie, la famille nucléaire est, d’une certaine manière, une église en miniature (Eph 5.22). Qui veut le plus, doit le moins!
Avoir une vocation à part entière
La femme qui accepte d’épouser un serviteur de Dieu doit savoir à quoi elle s’engage: elle s’engage à servir Dieu avec son mari. Ainsi, elle ne sera pas seulement l’épouse de son mari, mais la femme du pasteur. Ce fait aura de nombreuses incidences dans sa vie et dans son foyer.
Elle doit donc avoir aussi la vocation de servir Dieu, afin d’être prête à collaborer selon ses charismes, mais attention à ne pas lui en demander plus!
Cette collaboration revêtira diverses formes qui vont de l’accueil et de l’hospitalité, qui sont des constantes du ministère pastoral, à une foule d’activités spécifiques: travail de bureau, secrétariat, visites, école du dimanche, accompagnement des jeunes, musique, soins aux malades, chauffeur de taxi, fleuriste, cuisinière, jardinière, couturière, animatrice, etc.
Note à propos de l’hospitalité: Bien entendu, ce ministère déborde du cadre du seul foyer pastoral et concerne tous les chrétiens qui en ont la possibilité. Lire à ce sujet Rom 12.13; 1 Tim 3.2; 5.10; Tite 1.8; Hbr 13.2; 1 Pi 4.9; 3 Jean 5, textes à mettre en parallèle avec Mat 25.34-40.
Pour réussir son mariage: amour et confiance
Qu’est-ce qu’un mariage réussi?
C’est celui d’un couple dont les conjoints s’intéressent l’un à l’autre dans tous les domaines les concernant… s’aidant mutuellement dans toute la mesure du possible.
Faut-il tout dire à l’ autre?
Cela dépend du couple, de l’intérêt, de la capacité nerveuse, morale, spirituelle du conjoint à apprendre certaines choses. Cela est vrai dans les deux sens: une femme n’a pas plus que son mari l’obligation de tout lui dire. Quelquefois, la promesse du secret est la condition qui permet un partage authentique. N’oublions pas que l’amour véritable ne force jamais les confidences et accepte sans crainte la partie cachée des confidences reçues par l’autre.
Aimer vraiment, c’est être prêt à donner à l’autre ce que l’autre est prêt à recevoir.
Qu’est-ce qu’un mariage réussi?
C’est une union dans laquelle les conjoints se réservent des moments, des journées pour se retrouver seuls. Pour vivre heureux, vivons cachés, dit une certaine forme de sagesse populaire. Une seule solution pour cela: partir à l’aventure, quitter l’environnement habituel, avec son téléphone, la sonnette de la porte d’entrée, et même parfois les enfants exigeants et un peu tyranniques.
C’est difficile à faire, en particulier quand on a des enfants en bas âge, mais il faut néanmoins prendre son jour de congé.
Le pasteur, pour sa femme, est d’abord un mari. Elle a droit à un traitement de faveur. Elle est sa Jérusalem, il n’a pas le droit d’être toujours à Samarie, et encore moins aux extrémités du monde (Act 1.8), sauf momentanément; et d’un commun accord (1 Cor 7.5).
Quelques difficultés
-Le pasteur a l’habitude de donner des conseils, plus que d’en recevoir! Acceptera-t-il les conseils de sa femme? C’est un baromètre de vraie spiritualité! Mais attention cependant: il ne faut pas que la femme se mette à « porter les pantalons », et que son mari devienne totalement dépendant d’elle.
-Le pasteur rentre souvent chez lui épuisé. Il n’a pas envie d’écouter, ni même de parler. Or sa femme, débordée par les enfants en bas âge et le travail domestique ingrat et routinier, voit en lui quand il rentre le premier adulte intelligent de la journée. L’épouse doit laisser à son mari le temps de décompresser. Ensuite le mari, comprenant son épouse, l’écoutera et partagera.
-Dehors, le pasteur soigne son image de marque. Il y va de sa « réputation »! A la maison… il redevient lui- même: il est peut-être impatient, voire indifférent. Triste situation, et contre-témoignage pour les siens. La femme en souffrira très vite, et les enfants se révolteront contre cette caricature hypocrite.
-Le pasteur conseille d’autres femmes. Certaines d’entre elles sont fragiles affectivement et peuvent effectuer un transfert sur lui (cela s’est déjà vu). Si ce qui précède n’est pas réglé, le danger est d’autant plus grand.
-Le mari est le pasteur. Il est au centre de la vie de la communauté. Sa femme n’est que sa femme. Elle court le danger de se déprécier elle-même, de ne vivre que par rapport à son mari, d’être à son ombre. Elle peut finir par ne plus être elle-même, ne plus avoir ses propres réactions, son propre jugement sur les êtres et sur les choses. Et c’est pire encore lorsque le mari encourage cette situation en infantilisant sa femme.
-Souvent les pasteurs épousent des femmes de valeur, cultivées, instruites, à la personnalité riche et attachante. Vont-elles s’épanouir et donner leur pleine mesure, ou s’étioler en végétant? La réponse dépend du mari, chef de sa femme!
Quelques bons conseils
Réfléchissons à la communion avec notre femme:
-en réservant du temps pour elle dans la programmation de notre temps;
-en priant l’un pour l’autre, l’un avec l’autre;
-en comprenant les besoins spécifiques de l’autre, et en l’acceptant, le respectant, l’aidant, l’aimant;
-en échangeant et en discutant aussi sur des domaines qui ne sont pas spécifiquement chrétiens (livres, spectacles, concerts, sports, etc.);
-en nous laissant critiquer dans notre caractère, notre comportement, au dehors comme au dedans, et pour ceux d’entre nous qui prêchent, dans nos sermons (prions pour ne pas avoir une femme trop admirative, elle ferait notre malheur homilétique!) .
Demandons-nous à quand remonte la dernière fois où nous avons dit: « je t’aime, je t’apprécie ».
Nous avons choisi notre femme. Personne d’autre ne peut la remplacer. Nous ne pouvons pas avoir de meilleure collaboratrice. Nous lui devons beaucoup plus que nous ne l’imaginons. Si nous voulons une preuve de cela, regardons ailleurs, dans les foyers où la femme refuse d’être l’aide de son mari: quel drame! Quelle amputation pour le mari!
Alors, ne nous contentons pas de dire notre appréciation et notre amour, mais prouvons-les: par un petit cadeau (« disons-le avec des fleurs », même si ce sont des fleurs des champs!). Et si nous sommes éloignés pour un temps… un coup de fil, c’est si facile!
Nous devons travailler activement au succès de notre mariage. Notre effort doit être quotidien. Faisons attention à ne point négliger l’autre, mais aussi à ne point nous négliger, à cause de l’autre.
Sachons que, dans le domaine du mariage, tout est possible, même que notre conjoint nous quitte, parce que l’esprit du siècle le veut ainsi et y travaille constamment.
Notre vie de couple doit être un modèle
pour Dieu — qui nous aime en Christ
pour nous — qui y trouvons notre réalisation
pour nos enfants — qui y ont droit
pour l’église — qui se sent bien dirigée
pour le prochain — qui s’arrêtera chez nous le temps d’une visite
pour le monde — qui recevra le témoignage de l’amour divin.
Si Dieu est, si Dieu est Esprit, si Dieu est toujours le même, il est aussi sage.
Nous osons l’affirmer moins par une déduction logique que par la révélation que Dieu lui-même nous donne dans les Saintes Ecritures. C’est dans la Bible que Dieu nous révèle sa sagesse infinie et parfaite.
Regardons ensemble cinq tableaux:
Le premier tableau:
La sagesse de Dieu dans la création.
Considérons la beauté de sa création. Tout ce qui existe a été fait par lui, par sa Parole. L’apôtre Paul dira que la création entière révèle ainsi la divinité et la puissance de Dieu. Mais les hommes se croyant plus sages ont écarté cette révélation. En ne voulant pas entrer dans la sagesse de Dieu, ils sont devenus stupides et fous.
1. La sagesse de Dieu éclate d’abord dans l’ordonnance des actes créateurs(Genèse 1):
– Première de ses oeuvres, l’énergie fondamentale: Que la lumière soit et la lumière fut.
– Puis l’espace nécessaire: Qu’il y ait une étendue.
– Puis le rassemblement sélectif des mers et des terres.
– Puis le surgissement de la vie végétale: la verdure, l’herbe porteuse de semence, les arbres fruitiers. Le garde-manger était rempli. Il fallait encore, au rythme de la vie animale…
– Les deux grands astres, le soleil et la lune, qui régulent le temps, en jours et en années. Maintenant tout est en place.
– Alors surgit la vie animale, dans les eaux première nommée, puis sur terre et sous le ciel.
– Puis les animaux terrestres à la dimension de l’homme: bétail, reptiles, animaux de toutes sortes.
– Enfin, distingué de tout ce qui précède, mais dans la continuité: l’homme créé à la ressemblance de Dieu, formé de la poussière de la terre, recevant en ses narines un souffle vital de Dieu. Il est créé homme et femme. Voilà pour l’ordonnance.
2. La sagesse de Dieu éclate aussi en ce qu’il distingue, sépare, marque les frontières infranchissables. Dieu dans sa sagesse se révèle être dans ses oeuvres un Dieu d’ordre et de beauté. Il ne veut pas les confusions. Il ne veut pas les mélanges impossibles. C’est ainsi qu’il sépare les ténèbres de la lumière, sépare le haut du bas, sépare les eaux de la terre ferme, distingue le jour de la nuit. C’est ainsi qu’il inscrit chaque être vivant à l’intérieur de son espèce spécifique. Dans sa sagesse il questionnera plus tard: Un figuier produit-il des olives ou une vigne des figues? Une source salée ne peut pas non plus donner de l’eau douce(Jacques 3.12)… Nul ne peut servir deux maîtres(Matthieu 6.24).
C’est la fin du premier tableau.
Le deuxième tableau:
La sagesse de Dieu dans la chute.
L’homme créé à l’image de Dieu est promu à une destinée unique. Il est fait pour vivre éternellement avec Dieu.
Dans sa sagesse, Dieu place l’homme devant l’épreuve d’un choix. Car il n’a pas créé un robot, ni un animal supérieur doué d’un instinct seulement. Il a créé un être à sa ressemblance qui peut connaître Dieu, lui parler. Il est élevé au privilège suprême de la communion avec lui.
Mais il faut une épreuve. Dans sa sagesse, Dieu n’a pas placé la barre trop haut. Il ne coupe pas le jardin d’Eden en deux parties égales, interdisant l’une des deux. Au contraire, il ouvre toutes grandes les portes de la liberté. Tout le jardin est à l’homme, tous les arbres lui appartiennent sauf un, un seul. Sagesse de Dieu qui mesure l’épreuve en la permettant.
Mais l’homme écoute la voix du tentateur qui susurre la théologie du soupçon: Dieu a-t-il réellement dit?(Genèse 3.1) Et il succombe bientôt à la seule épreuve placée devant lui.
Dieu dans sa sagesse se présente à l’homme déchu pour l’interpeller. Il veut le préparer à dire sa faute, mais quelle difficulté pour amener l’homme à confesser son péché. Il s’excuse, accuse sa femme, qui elle-même accusera le serpent tentateur.
Alors Dieu dans son amour révèle un plan de salut infiniment sage. Oui, il l’a déjà conçu dans son coeur de Père éterne1:
La postérité de la femme (comprenons un enfant, un fils) écrasera la tête du serpent (comprenons: détruira les oeuvres du diable) mais sera lui-même blessé au talon (comprenons: mourra sur la croix).(Genèse 3.15)
Et sans attendre, comme en une première leçon pédagogique, Dieu immole des animaux pour en donner la peau au premier couple humain. Il couvre ainsi ce qui fait désormais leur honte.
C’est la fin du deuxième tableau.
Le troisième tableau:
La sagesse de Dieu dans la longue préparation pédagogique.
Il s’agit du temps qui sépare la chute de la venue de Jésus-Christ, un temps qui se chiffre par des milliers d’années.
Nous devons nous faire bref, là où Dieu a pris son temps.
Dans sa sagesse infinie, Dieu choisit un homme, pour lui donner une famille, qui deviendra un peuple et par qui toutes les familles de la terre seront bénies. Cet homme c’est Abraham, ce peuple c’est Israël.(Genèse 12)
– A ce peuple, Dieu donne Moïse, et par lui ses lois. Dieu pose souverainement les conditions par lesquelles l’homme pourra s’approcher de lui.
– Au coeur de cette Loi divine se trouve le culte par lequel l’homme peut servir Dieu en allant à sa rencontre.
– Et au coeur du culte se trouve l’autel des sacrifices. Dans sa sagesse Dieu apprend ainsi à l’homme que sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon.(Hébreux 9.22) Il lui enseigne la gravité du péché, la séparation infinie qui l’éloigne à tout jamais de Dieu, sauf lorsque le sang agréé par lui jette un pont entre les deux.
Puis Dieu donne David comme roi, il règnera sur Israël et ses fils après lui… jusque dans l’éternité. Mystère de la sagesse de Dieu, vous n’allez pas tarder à comprendre le mystère de ce règne éternel.
Puis il donne les prophètes qui rappellent sans cesse au peuple qui s’égare le sens des lois, le sens du culte, le sens des promesses faites. Ils appellent à revenir à ce Dieu si mal servi, si mal compris.
Une question se pose:
Est-ce bien sage de mettre en place une pédagogie qui dure des milliers d’années? N’y a-t-il pas un risque de décourager ceux qui attendent sans voir d’accomplissement’? Une telle question, elle est bien de l’homme qui ne comprend rien à la sagesse de Dieu. Car dans ce temps de formation, qui est celui de l’attente et de l’espérance, déjà Dieu donne sa grâce, son pardon, et sa communion.
La première alliance est celle de la Loi. Nous le rappelons souvent. La seconde alliance, par Jésus-Christ, sera celle de la grâce(Jean 1.17). Stupidement, nous cloisonnons, la Loi d’un côté, la grâce de l’autre. C’est oublier la sagesse infiniment variée de Dieu qui, dans sa pédagogie, donne déjà les prémices de l’Evangile à Israël.
C’est pourquoi Abraham déjà peut être justifié par la foi(Genèse 15.6) en la promesse qui lui est faite. David peut se réjouir de son salut en disant: Heureux l’homme à qui lEternel enlève la transgression, à qui le péché est pardonné(Psaume 32). Les psaumes attestent combien les croyants de l’ancienne alliance se sont pleinement réjouis en espérance, sans avoir un sentiment de frustration. C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais il les ont vues et saluées de loin en confessant qu ‘ils étaient sur terre étrangers et voyageurs… Ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C ‘est pourquoi Dieu n ‘a pas honte d’être appelé leur Dieu. car il leur a préparé une cité. (Hébreux 11.13-16)
Dans sa sagesse, Dieu a mis en place une admirable pédagogie qui prépare la venue du Christ.
C’est la fin du troisième tableau.
Le quatrième tableau:
La sagesse de Dieu manifestée en Jésus-Christ.
Enfin, le voici. Il est celui qui incarne parfaitement la sagesse éternelle de Dieu. Il est sacrificateur et va s’offrir lui-même en sacrifice parfait comme l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1.29). Il est roi, fils de David et s’assiéra éternellement sur le trône divin. C’est en lui que s’éclaire le mystère de tout à l’heure. Il est prophète et nous apporte la Parole parfaite de Dieu. Il l’accomplit en sa venue. Il la complète. Il est lui-même la Parole faite chair qui a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité (Jean 1.14).
A douze ans, il monte au temple à Jérusalem pour la première fois. Il s’assied au milieu des docteurs, les écoute et les questionne. Tous ceux qui l’entendaient étaient surpris de son intelligence et de ses réponses (Luc 2.46-47).
A trente ans, il commence son ministère public. Il n’a jamais étudié selon la filière reconnue. Mais dès qu’il parle, il étonne, il surprend, il ravit ou il irrite, Il ne parle pas comme les scribes et les pharisiens, ni comme les théologiens docteurs de la loi. Il parle avec autorité, assurance et surtout, vérité. Il parle de la terre et des hommes et jamais ne se trompe. Il parle du ciel et de son Père qu’il a vu et enseigne les certitudes éternelles qui transcendent le temps et l’espace. Jamais homme n ‘a parlé comme cet homme(Jean 7.46)
On essaie de le faire taire, de l’embarrasser, de le mettre en contradiction avec les autorités romaines, ou juives. On essaie de le discréditer auprès du peuple. C’est en vain. Salomon avait de la sagesse. Il y a maintenant ici plus que Salomon (Matthieu 12.42).
– Faut-il payer le tribut à César? Redoutable question. Comment pourra-t-il s’en sortir? S’il dit oui, il sera accusé d’être un collaborateur à la solde des Romains. S’il dit non, il sera accusé d’être un résistant qui soulève le peuple à la révolte. Ses ennemis ont bien calculé leur coup, il ne pourra pas leur échapper. C’est mal connaître l’infinie sagesse de Dieu:
– Apportez-moi une pièce avec laquelle vous payez l’impôt à César… De qui sont cette effigie et cette inscription? – De César!
– Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Matthieu 22.15-22).
Admirable sagesse qui renvoie, dos à dos, les pharisiens sectateurs et les hérodiens collaborateurs.
Mais quand lui-même se met à poser des questions, il embarrasse ses ennemis et les réduit au silence.
A son procès, pour le faire condamner par des témoins, il faudra soudoyer de faux témoins. Et encore, devant celui qui est la vérité, seront-ils lamentablement confondus. Jésus donnera lui-même le motif de sa condamnation en se proclamant Dieu. Ce qu’il est vraiment de toute éternité.
Il aurait encore fallu parler de sa connaissance des hommes, de la manière dont il sonde leurs pensées les plus profondes. Il aurait fallu parler des mystères révélés dans ses entretiens comme avec Nicodème, ou de ses merveilleuses paraboles qui soulèvent le voile de mystères inconnus jusqu’alors.
Il nous faut quitter, bien à regret ce quatrième tableau.
Le cinquième tableau:
La sagesse de Dieu dans la mort expiatoire de Jésus-Christ sur la croix.
Comprenons-nous bien, ce n’est pas la croix qui nous sauve, mais le Christ crucifié. La croix, trop souvent devenue fétiche, ne sauve pas.
Etrange paradoxe: alors que Dieu a mis des millénaires pour préparer son salut, il l’accomplit en six heures par l’agonie de Jésus-Christ sur la croix, en trois jours si l’on inclut la résurrection inséparable de sa mort. Le Christ crucifié et ressuscité est au centre de l’Histoire.
Nous avions appris que sans effusion de sang il n a pas de pardon (Hébreux 9.22). Mais qui offrira enfin un sacrifice suffisant pour ôter, une fois pour toutes, le péché du monde ?
La dette infinie exigeait un sacrifice infini. Qui, parmi les hommes pouvait l’offrir? Personne, sauf Dieu lui-meme. Alors Christ entrant dans le monde dit: Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m ‘as formé un corps. Alors j’ai dit: Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté (Hébreux 10.5-9).
Il est l’agneau de Dieu sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde (1 Pierre 1.19-20).
Il est devenu homme pour s’identifier à nous et prendre notre place. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris (Esaïe 53.5).
A la fois Dieu et homme, il satisfait la justice de Dieu et couvre la dette contractée. Il prend ainsi sur lui non seulement le péché de quelques hommes, mais de tous les hommes. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle (Jean 3.16).
La voilà, la sagesse insondable de Dieu.
Le cinquième tableau est-il fini?
Pas tout à fait. Pas pour toi si tu n’as pas encore reconnu en Jésus celui qui est mort pour toi et qui t’offre, par son sang, le pardon de tes péchés et la vie éternelle.
Dieu est sage. Mais toi, l’es-tu?
Tu ne peux l’être que si tu soumets ta vie entière au gouvernement du Seigneur. Dis-lui tes fautes et confesse-lui ta foi, aujourd’hui encore, sans attendre. Car il t’attend puisqu’il t’aime.
Dieu est la source de la vie et de la sagesse. L’homme ne peut trouver ailleurs le chemin de la sagesse et de la vie. Aujourd’hui beaucoup, comme les Juifs du temps de l’apôtre Paul, demandent des miracles, d’autres comme les Grecs cherchent la philosophie. L’apôtre Paul répond: nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour tous ceux qui sont appelés.
Tu es appelé. Que réponds-tu?
Jacques Dubois
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