PROMESSES
La musique a une place de choix parmi les sujets à controverses, voire même de tension, parmi les chrétiens et en particulier dans la vie des églises locales.
Beaucoup de diversité existe au niveau de la musique dans les églises :
- Certaines pratiquent uniquement le chant a cappella, alors que d’autres ont l’habitude d’accompagner leurs chants au piano, à la guitare, ou avec un groupe musical plus important — et plus sonore.
- Certaines pratiquent le chant à quatre voix, alors que d’autres chantent à une seule voix.
- Certaines utilisent un répertoire de chants datant de plusieurs siècles, alors que d’autres préfèrent les chants ayant été composés durant la dernière décennie.
- Certaines chantent en frappant des mains, en levant les mains, voire en ajoutant des danses ou d’autres formes d’expression artistique, alors que d’autres s’abstiennent de ce genre d’expression.
L’intention de cet article est de fournir quelques repères bibliques pour guider notre réflexion dans ce domaine.
Diversité musicale dans la Bible
Remarquons, pour commencer, que la diversité des formes musicales est présente dans la Bible.
Par exemple, diverses formes sont mentionnées dans certains passages bibliques parlant du chant dans l’église : « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur. »(Éph 5.19)
Pour ce qui est de l’accompagnement instrumental, nous trouvons également divers exemples bibliques :
– un grand groupe instrumental, au fort niveau sonore (Ps 150 ; 1 Chr 16.5-6) ;
– des chants accompagnés avec un seul instrument, plus discret (Ps 43.4).
Ainsi, si la Bible ne donne pas d’instruction stricte quant aux formes de nos chants, ne menons pas de « faux combats » en essayant d’imposer notre préférence là où la Parole de Dieu ne l’impose pas.
Aussi précieuses que puissent être nos habitudes à nos yeux (qu’elles soient celle du chant à quatre voix, de l’accompagnement avec un important groupe instrumental, ou d’autres encore), ne leur mettons pas l’étiquette « biblique » si la Parole de Dieu ne les commande pas.
Respect et soumission mutuels
Dans les domaines de « liberté chrétienne » comme celui qui nous occupe, la Bible nous exhorte au respect et à la soumission mutuels :« … vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. » (Éph 5.21, dont le contexte immédiat mentionne le chant dans l’Église, voir v. 19.)
« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ… »(Phil 2.3-5 ; voir aussi Rom 14)
C’est un point qu’il est bon de garder en tête lorsque nous réfléchissons aux nombreux aspects des formes de nos chants.
De plus, quand nous parlons de louange et d’adoration, sujets très souvent liés au chant, souvenons-nous que celles-ci ne sont pas uniquement exprimées par le chant, mais aussi par notre attitude — par exemple par notre soumission les uns aux autres !
Ce point est confirmé par les versets suivants :« … afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. »(Phil 1.10-11)
Notre société actuelle tend à créer des fossés entre les générations, alors que ce passage biblique nous encourage plutôt à abandonner nos préférences personnelles par amour pour nos frères et sœurs dans l’Église et à être prêts à chanter dans le style que ceux-ci préfèrent.
D’ailleurs, Dieu cherche davantage une certaine sorte d’adorateurs qu’un certain style de louange :« Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (Jean 4.23)
Dieu ne cherche donc pas des adorateurs qui adoreront en chantant à quatre voix, ou avec un piano plutôt qu’une batterie, mais plutôt avec une attitude de cœur appropriée.
L’âge du répertoire de chants
Dans ce domaine se rejoue souvent l’ancienne « querelle des anciens et des modernes » que de nombreuses époques ont connue face à plusieurs formes d’art ou d’expression.
Dans ce domaine, il nous semble que l’équilibre est de mise.
En effet, d’une part :
- Seule la Bible est inspirée de Dieu. Et celle-ci nous commande à de nombreuses reprises de ne rien lui ajouter (Prov 30.5-6 ; Deut 4.2 ; Apoc 22.18-19).
- Éphésiens 5.19 (cité plus haut) et Colossiens 3.16 nous encouragent à utiliser différents types de chants.
- Plusieurs passages bibliques nous encouragent à « chanter un cantique nouveau »1 (Ps 96.1 ;És 42.10 ;Apoc 5.9).
Mentionnons également que le langage musical, tout comme le langage parlé, change avec le temps. Il suffit de lire un texte en vieux français, voire les paroles de certains chants anciens, pour nous rendre compte que certaines formes de langage ne sont plus utilisées aujourd’hui.
Ainsi, résistons à la tentation de « canoniser » un répertoire de chants (qu’il soit ancien, comme certains recueils de cantiques, ou plus récent, comme par exemple les recueils de Jeunesse en Mission). Acceptons de faire évoluer régulièrement la liste des chants que nous chantons en Église.
Sachons également encourager ceux qui, dans nos églises, ont des dons de parolier ou de musicien, afin de les amener à composer de nouveaux chants, aux paroles bibliques, donnant un enseignement solide (allant au-delà du simple « Je te loue, Seigneur ») et dont la musique corresponde à notre temps.
Cela dit, évitons de « sur-corriger » un déséquilibre par un autre déséquilibre. Plusieurs églises ont connu, après des générations de « blocage » sur un répertoire de cantiques anciens, une « révolution du répertoire », opérée parfois sans discernement. S’il est positif d’enrichir régulièrement notre répertoire par quelques nouveaux chants, il n’est pas sage de rejeter tout ce qui est ancien pour autant. Nous vivons une époque où le terme « nouveau » est commercialement désirable et où les choses anciennes sont rapidement considérées comme secondaires, voire obsolètes. Or, il y a des richesses dans les anciens cantiques, en particulier au niveau du contenu des paroles et de la richesse de leur enseignement. Ne tombons pas dans un esprit de consommation, où l’important serait plus la nouveauté d’un chant que son contenu. Sachons aussi respecter les personnes qui, dans notre église locale, chantent plus volontiers des chants plus anciens (sans toutefois nous limiter à de tels chants).
Si notre culture tend à créer des divisions entre les générations, la Bible présente des rencontres de croyants toutes générations mélangées (Jér 31.13 ; Joël 2.16 ; 1 Tim 5.1-2 ; 1 Pi 5.5).Dans l’Église, différents styles de chants devraient donccoexister, alliant styles plus anciens et plus modernes.
La place des instruments de musique
La Bible fait mention des instruments de musique à de nombreuses reprises.
Citons, par exemple :
- le livre des Psaumes et en particulier le Psaume 150,
- le texte d’Éphésiens 5.19, cité plus haut, où le terme grec psallo, traduit par « célébrer » signifie littéralement « pincer les cordes d’un instrument »,
- Apocalypse 5.8 et 14.2, où les chants dans le ciel sont accompagnés de harpes,
- Psaumes 9.17 qui semble même mentionner un passage de musique instrumentale.
Il est donc légitime d’utiliser des instruments pour accompagner nos chants.
Cela dit, nous ne pouvons pas pour autant en conclure que les instruments sont obligatoires. Des passages comme Matthieu 26.30 – où Jésus chante avec ses disciples – ou encore Psaumes 57.1 – où David compose un chant alors qu’il est caché dans une caverne, fuyant devant le roi Saül – évoquent des chants sans mentionner d’instruments, voire induisant une grande discrétion. Nous pensons également aux nombreux chrétiens qui, dans notre monde, doivent se cacher de leurs autorités pour rendre culte à Dieu, ce qui exclut le plus souvent des chants trop sonores.
Enfin, le Nouveau Testament lie fortement la musique dans l’Église à la parole :
- Dans Éphésiens 5.19 et Colossiens 3.16, on se parle mutuellement par les chants.
- Dans Apocalypse 5.9 et 15.3, les croyants chantent et disent des louanges rapportées dans le texte.
Cela nous mène à un principe : dans l’Église, la musique devrait servir les paroles. L’accompagnement instrumental ne devrait pas couvrir les paroles et le chant de la communauté réunie – un temps en église n’est pas un temps de concert.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’il ne puisse pas y avoir d’interventions musicales plus sonores (souvenons-nous du Psaume 150), ni qu’il n’y ait aucune place pour la musique instrumentale2.
Pour conclure cette partie :
- La Bible donne la liberté d’utiliser des instruments de musique pour accompagner les chants dans l’Église.
- Mais l’accompagnement instrumental devrait rester au service des textes exprimés par le chant de la communauté.
Autres expressions artistiques
Que penser de la pratique de ceux qui frappent dans leurs mains en chantant, lèvent les mains, dansent ou utilisent des bannières ?
Nous trouvons certains exemples bibliques, par exemple :
– le fait de se prosterner (Ps 95.6 ; Phil 2.9-11),
– le fait de lever les mains (Ps 63.4 ; 1 Tim 2.8)3,
– le fait de frapper des mains (Ps 47.1).
Voici quelques éléments bibliques pour nous guider dans cette réflexion :
- « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. »(Mat 4.10)
Ce passage exclut tout vedettariat ou mise en avant de l’homme. Les rencontres de l’Église doivent mettre Dieu en avant, pas moi. Je devrais donc régulièrement examiner mes motivations. Est-ce que je fais tel ou tel geste dans un esprit de louange ? Ou pour ma satisfaction personnelle ? Pour attirer l’attention sur moi ? Pour montrer ma « spiritualité » ? - « Que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. »(1 Cor 14.40)
Même si les termes « bienséance » et « ordre » sont sujets à interprétation4, cela nous donne un bon principe pour jauger nos formes musicales et artistiques. - Rappelons-nous l’objectif essentiel des rencontres de l’Église : regarder à Dieu et écouter sa Parole (Act 2.42,47). Ne passons pas l’entier de nos rencontres à nous focaliser sur des activités qui, finalement, ne devraient rester que de simples « outils » (musique, danse ou autres). Trop souvent, ces activités « annexes » finissent par prendre une place exagérée dans les rencontres.
- Enfin, le contenu des paroles de nos chants est plus important que la forme de ceux-ci. Ce contenu, qui doit être objectivement biblique, devrait davantage faire l’objet de notre attention et de nos réflexions, que les questions de formes qui, nous l’avons vu, peuvent être diverses, d’un point de vue biblique.
* * *
En conclusion, donnons la parole à Alex Sarran, qui a déclaré, dans une présentation sur La musique dans le culte :
« Je pense que vous serez d’accord sur l’importance qu’il y a dans nos églises au moins à réfléchir à la question de la musique dans le culte. Y réfléchir, quelles que soient les conclusions auxquelles on va parvenir, est déjà mieux que de se laisser porter indifféremment par le diktat de la tradition ou de la mode ou du « show-biz chrétien » sans éprouver nos pratiques à la lumière de la Parole de Dieu.
Je finis sur un avertissement : la musique dans le culte étant un sujet relativement controversé qui a fait couler beaucoup d’encre, qui a suscité bien des passions, faisons attention à ne pas laisser ce sujet prendre une place disproportionnée dans nos relations avec d’autres chrétiens et avec d’autres églises.
Surtout ne devenons pas des « pharisiens de la musique ». Considérer un idéal, y réfléchir ensemble, c’est bien. Mais puisse cet idéal nous faire remarquer plutôt la poutre qui est dans notre œil ou dans notre église que la paille qui est dans celle du voisin. Soyons vigilants pour nous-mêmes, pas pour les autres. »
- Même si le sens de cette expression vise sans doute d’abord « une nouvelle vision théologique », il est aussi possible de l’appliquer dans le sens d’un chant « récemment composé ».
- Alex Sarran, dans une présentation donnée en 2014 sur « La musique dans le culte », déclare très justement que, selon le lieu où notre église est située, un intermède de musique instrumental sera parfois meilleur pour la méditation et la concentration que le silence, surtout si celui-ci nous fait entendre les bruits extérieurs.
- Notons toutefois que, dans la Bible, cette pratique est plus souvent associée à la prière qu’au chant.
- Par exemple, est-ce que le fait de battre des mains est un signe de désordre ? Apparemment pas, selon Ps 47.1.
UN SUJET IMPORTANT
« La langue est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. La langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. » (Jac 3.6, 8-10)
Pourquoi l’apôtre Jacques est-il si dur avec notre langue ? Parce que nos paroles peuvent avoir beaucoup de conséquences, autant négatives que positives. En effet, avec notre langue, nous pouvons injurier, médire, tromper, nous plaindre, nous vanter, blesser, mais aussi honorer, aider, encourager, enseigner, prévenir, louer, édifier, défendre, consoler, etc.
« Tel, qui parle légèrement, blesse comme un glaive ; mais la langue des sages apporte la guérison. » (Prov 12.18). Cet article donnera quelques repères bibliques qui nous aideront à mesurer la portée de nos paroles. Beaucoup seront tirés du livre des Proverbes, mais aussi d’autres portions des Ecritures.
INSTRUCTIONS GENERALES
« Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. » (Eph 4.29)
Nous sommes donc encouragés à examiner nos paroles :
– Quels en sont les buts ?
– Quels sont mes sujets de conversation favoris ? Sont-ils centrés sur les défauts de personnes de mon entourage ? sur ceux de mon église ? sur des choses terrestres (travail, vacances, projets, contrariétés) ?
– Est-ce que je parle tout autant de sujets spirituels, de ma marche avec Dieu, de questions et de découvertes bibliques, etc. ? Est-ce que je ne fais pas parfois preuve d’une certaine « timidité spirituelle » dans mes discussions ?
DOUCEUR
En tant que chrétiens, nous devrions être caractérisés par de la douceur : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes. » (Phil 4.5)
Paul — présenté parfois comme une personne autoritaire et dure — n’usait pas volontiers de hardiesse (2 Cor 10.1-2) et nous parle de tristesse et de larmes lorsqu’il devait reprendre les autres (2 Cor 2.4).
PLAISANTERIES ?
« Qu’on n’entende ni paroles grossières, ni propos insensés, ni plaisanteries, choses qui sont contraires à la bienséance ; qu’on entende plutôt des actions de grâces. » (Eph 5.4)
En tant que chrétiens, nous devons donc éviter certains types de discussion ou d’humour (ex : plaisanteries grossières). Cependant, je ne pense pas que ce passage interdise toute forme de plaisanterie, puisque le contexte ne dénonce ici qu’un humour malséant.
Mais restons tout de même prudents dans ce domaine : trop de plaisanteries peuvent blesser, ou rendre une relation superficielle et vide, lorsqu’il devient impossible de parler sérieusement.
PLAINTES ? RECONNAISSANCE ?
N’avons-nous pas souvent tendance à nous plaindre des sujets les plus divers (le temps qu’il fait, une mauvaise journée, une panne informatique, une contrariété quelconque, etc.) … et à ne rien dire quand tout va bien ?
La Bible, quant à elle, nous encourage à la reconnaissance :
– « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations. » (Phil 2.14)
– « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » (1 Thes 5.18)
En effet, avons-nous vraiment le droit d’être béni par Dieu… ou est-ce que tout n’est que grâce de sa part ? Sachons fixer nos pensées sur toutes les bénédictions que Dieu nous donne, plutôt que sur nos sujets de plaintes (même s’il est vrai que Dieu est aussi prêt à écouter nos détresses, nos plaintes, voire nos incompréhensions).
« Quand on tourne vers Dieu les regards, on est rayonnant de joie, et le visage ne se couvre pas de honte. » (Ps 34.6)
Soyons aussi prudents dans nos remarques à nos supérieurs, aux responsables de notre église ou de diverses activités auxquelles nous participons. Relever sans cesse ce qui ne va pas (à notre avis !) peut finir par décourager. Sachons donc retenir nos plaintes, ou en tout cas bien choisir le moment et la manière d’exprimer nos désaccords, si nécessaire.
MEDISANCE
La Bible défend la médisance :
« Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ? » (Jac 4.11-12)
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » (Matt 7.1)
Cependant, nous trouvons aussi des passages bibliques comme celui-ci : « J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C’est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu’il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l’Église. » (3 Jean 9-10)
Il y a donc un autre genre de médisance qui est défendu : celle qui se fait par plaisir, sans amour, voire pour nuire à autrui. Une telle médisance ne produit que mépris, esprit de jugement, moquerie, voire calomnie à force de colporter une rumeur sans la vérifier (Prov 24.28 ; Eph 4.31). Attention en particulier à la médisance sur nos autorités, fréquente de nos jours, mais néanmoins défendue par la Bible (Rom 13.1-7 ; Act 23.5).
Cela dit, il y a aussi des situations négatives dans lesquelles un avertissement, une exhortation, un encouragement auront leur place :
– pour rendre d’autres personnes vigilantes face au mal (Eph 5.11 ; 2 Tim 4.14-16 ; 2 Cor 11.13),
– pour pousser à la prière (Act 4.23-24),
– pour soutenir une personne offensée (1 Sam 19.18).
Lorsque nous sommes tentés de médire, demandons-nous quelles sont nos motivations :
– remplir des vides de conversation (Prov 18.8) ?
– nuire à la personne dont on parle ? entacher sa réputation ? attirer une sanction sur elle ? l’isoler des autres ?
– servir l’autre (mon interlocuteur et la personne dont je parle) ? protéger ? prévenir ?
– glorifier Dieu ? demander justice (cf. la veuve de Luc 18.1-7) ?
Et posons-nous la question : si on me faisait la même chose, comment est-ce que je réagirais ?
Enfin, quant à l’appréciation que nous portons sur les autres, sachons différencier ce qui tient de la vérité biblique de ce qui fait partie de la liberté chrétienne :
– Dans les domaines où la Bible donne des instructions précises, une certaine fermeté est de rigueur, allant parfois jusqu’à exercer la discipline ou la censure (2 Thes 3.14-15 ; Tite 1.10-11).
– En dehors de ces domaines, nous sommes encouragés au respect mutuel (Rom 14), par exemple face à des différences de culture, d’éducation, de tempérament ou de goûts personnels (ex : manière d’organiser une activité, couleur d’une voiture, prénom donné à un enfant, etc.).
OSER REPRENDRE
La Bible nous encourage souvent à parler directement à la personne concernée plutôt que de médire derrière son dos. Cela n’est pas du tout opposé à l’amour, contrairement à ce que l’on croit souvent :
« Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité, mais les baisers d’un ennemi sont trompeurs. » (Prov 27.6)
Reprendre permet de montrer à l’autre le mal dont il n’a peut-être pas conscience, afin de le protéger de son péché et de l’amener à se corriger et à progresser. Cela protège aussi son entourage, en évitant que d’autres soient entraînés dans le même genre de péchés.
De quelle manière reprendre ? Paul nous donne plusieurs conseils en Gal 6.1 :
– avoir un esprit de douceur,
– reconnaître notre propre faiblesse et ne pas éprouver d’orgueil.
J’ajouterai qu’il vaut mieux parler clairement, plutôt qu’utiliser des plaisanteries, voire des actes de vengeance, en imaginant que la personne va finalement comprendre ce qu’on veut lui dire par là…
Cela dit, attention à la critique qui décourage ! Encore une fois, sachons bien choisir la manière et le moment d’adresser nos remarques.
ENCOURAGER, MAIS NE PAS FLATTER
Si nous avons vu la nécessité de reprendre, il est aussi juste de savoir relever ce qui est positif chez l’autre, comme l’a souvent fait Paul dans ses lettres (1 Cor 11.2 ; 1 Thes 1.2-10 ; 2 Thes 1.3-5 ; 2 Tim 1.5, etc.). Mais soyons sincères et vrais dans nos encouragements, en évitant la flatterie.
« Un homme qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas. » (Prov 29.5)
MESURER SES PAROLES
« Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, Mais celui qui retient ses lèvres est un homme prudent. » (Prov 10.19)
La Bible dit qu’il est sage de peu parler (Jac 1.19). Il est en effet plus facile de contrôler sa langue quand nos paroles sont peu nombreuses ! Ainsi, nous pouvons mettre notre silence à profit pour écouter les autres, être attentifs à leurs besoins… et à leurs conseils !
« Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion. » (Prov 18.13)
« La voie de l’insensé est droite à ses yeux, mais celui qui écoute les conseils est sage. » (Prov 12.15)
Je terminerai avec une prière du psalmistes :
« Éternel, mets une garde à ma bouche,
Veille sur la porte de mes lèvres ! » (Ps 141.3)1
1N.D.L.R. : Pour ceux qui aimeraient creuser ce sujet important de la parole humaine dans le livre des Proverbes qui contient un large éventail d’avertissements et de conseils pour notre instruction personnelle, nous suggérons la lecture de l’excellent ouvrage conçu d’Alfred Kuen, L’Art de vivre selon Dieu – Concordance thématique du livre des Proverbes, éditions Emmaüs, Saint-Légier, p. 111–122. Les textes cités sur ce thème sont les suivants :
– De bonnes paroles : Prov 10.6.11,13,20-21,31,32 ; 13.2 ; 15.1,2¸7,23,26 ; 16.21,23,24 ; 18.4 ; 20.15 ; 25.11,15,25.
– Surveille tes paroles : Prov 10.14,19 ; 11.9,13 ; 12.6,18 ; 13.3 ; 14.3 ; 15.4,28 ; 17.28 ; 18.2,6,7,13,20,21 ; 20.19 ; 21.23 ; 25.9,10 ; 29.20.
– Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise : Prov 10.18 ; 12.13,19,22 ; 13.5,17 ; 16.13,27,29 ; 17.4,7,20 ; 18.8 ; 19.5 ; 22.12 ; 25.23 ; 26.18,19,22,23,28.
Marc Dirlewanger est marié et père de trois enfants. Pianiste professionnel, il enseigne la musique à des écoliers de 10 à 16 ans. Il enseigne aussi le piano dans une école professionnelle et une école de musique. Parallèlement, il est aussi directeur de louange, directeur de chorale chrétienne, accompagnateur et arrangeur. Il a également composé plusieurs chants.
Qu’est-ce que la louange ? Quelle place donner à la musique dans l’église ? Que penser des diverses controverses musicales ? Le présent article propose quelques réflexions bibliques sur ces différents sujets.
LE TERME ‘LOUANGE’
Par ce terme, on désigne souvent un moment de chant. Cet usage n’est pas faux, mais il est réducteur. En effet :
– Premièrement, la musique peut avoir d’autres usages que la louange : par exemple, celui de nous instruire et de nous encourager mutuellement (Eph 5.19 ; Col 3.16 ; Ps 37).
– Deuxièmement, on peut aussi louer Dieu par d’autres moyens que le chant (la prière, par exemple).
Lorsqu’on loue Dieu, on proclame la grandeur de sa personne, on parle de son caractère, des choses qu’il a faites (la création, notre salut, ses promesses, etc.). Comme le dit le dictionnaire, on le déclare digne d’admiration, de très grande estime, on l’honore de cette manière.
Notre définition de la louange s’élargit encore quand on considère que celle-ci n’est qu’un sacrifice parmi d’autres. En effet, la Bible nous commande d’offrir en sacrifice à Dieu :
– la louange de nos lèvres (Héb 13.15),
– des prières (Apoc 8.3-4),
– notre argent (Héb 13.16 ; Phil 4.18),
– notre repentance (Ps 51.18-19),
– des personnes qui se convertissent à Dieu (Rom 15.16),
– nos corps, nos vies toutes entières ! (Rom 12.1-2).
QUELLE PLACE DONNER A LA LOUANGE DANS L’EGLISE ?
Pour certains, la louange par le chant et la prière doit être le centre du culte. Pour d’autres, c’est la prédication qui a ce rôle central. Dans ce dernier cas, le chant n’a souvent plus qu’un rôle de “liant” entre les différentes parties du culte.
Signalons au passage que ce dernier n’est pas seulement la rencontre d’église que nous avons le dimanche matin. En grec, les mots latreia (nom) et latreuo (verbe) désignent en même temps le service des sacrificateurs (Héb 9.1,6), le don de nos corps en sacrifice (Rom 12.1) et les œuvres que nous pouvons faire pour Dieu (Jean 16.2).
Pour revenir à l’église, l’enseignement biblique est important. Si d’autres activités prennent sa place, comment l’église pourra-t-elle croître spirituellement (Eph 4.11-16) ? Par exemple, si la majorité des membres participe à la louange, mais qu’une minorité seulement reçoit des enseignements, il y a un danger. En effet, c’est par la prédication que nous apprenons à connaître Dieu. Comment louer Dieu sans savoir qui il est et ce qu’il a fait pour nous ?
De plus, Dieu ne conçoit pas la louange sans une vie d’obéissance (Amos 5.23-24). Il est même dit que "l’obéissance vaut mieux que le sacrifice" (1 Sam 13.12) ! La louange, tout comme l’obéissance, se nourrissent donc de la prédication, laquelle doit procurer un enseignement solide et fondé bibliquement.
Cela dit, ne laisser au chant et à la louange des lèvres que le seul rôle de “liant”, c’est négliger le place que la Parole elle-même leur donne. Bien des passages bibliques montrent la place de la louange et de la musique :
– dans l’Ancien Testament, les Psaumes sont un livre biblique entier composé de … chants ! ;
– 1 Chroniques 16 insiste sur la place et l’importance des chantres, dans le service du temple ;
– Dieu cherche des adorateurs (Jean 4.23), y compris par le chant ;
– l’Apocalypse donne de nombreux exemples de louange céleste (ch. 4, 5, 7, 14, 19) ;
– Actes 2.47 note la présence de la louange chez les premiers chrétiens ;
– Hébreux 13.15, déjà cité, nous demande d’offrir sans cesse à Dieu la louange de nos lèvres ;
– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16, déjà cités, commandent de chanter, pour louer Dieu et pour nous instruire mutuellement ;
– 1 Cor 14.26 est clair sur la présence de cantiques dans les réunions.
Enfin, la louange durera éternellement, alors que nous n’aurons plus besoin d’enseignement au ciel !
Il est donc important d’équilibrer temps de louange et temps de prédication dans l’église.
QUELLE FORME MUSICALE ?
Actuellement, on trouve beaucoup de diversité dans ce domaine : chant a cappella, chant à quatre voix, accompagnement au piano, par un groupe musical plus important, danses, bannières et d’autres choses encore.
La diversité musicale et formelle est également présente dans la Bible :
– diverses sortes de chants : psaumes, hymnes et cantiques spirituels (Eph 5.19),
– diverses sortes d’accompagnements : grand groupe instrumental (Ps 150 ; 1 Chr 16.5-6), chant avec un seul instrument (Ps 43.4).
Il est donc malvenu d’établir de strictes normes formelles. Ne menons pas un faux combat en dépensant de l’énergie pour une cause que la Bible ne défend pas.
Par contre, maintenons quelques principes généraux :
– nos réunions doivent se faire avec ordre (1 Cor 14.40).
– Dieu seul doit être adoré (Mat 4.10). Cela s’oppose à tout vedettariat, ou désir d’être mis en avant.
– notre louange doit être vraie (Jean 4.24). Examinons donc les motivations de nos chants, de notre musique, etc. Sont-ils faits dans un esprit de louange ? Ou par orgueil personnel ? Par désir de divertissement ?
– ne nous détournons pas de l’essentiel : louer Dieu, regarder à lui, écouter sa Parole. Les autres activités ne devraient être, finalement, que des "outils".
QUELLE PLACE DONNER AUX INSTRUMENTS DE MUSIQUE ?
La Bible mentionne les instruments à plusieurs reprises. Citons par exemple :
– le livre des Psaumes ; le Psaume 150 dit même qu’on peut louer Dieu par les instruments.
– Ephésiens 5.19, où le mot grec psallo (psalmodier, célébrer) signifie aussi “pincer les cordes d’un instrument.”
– Apocalypse 5.8 et 14.2, où la louange céleste est accompagnée de harpes.
Il est donc tout à fait légitime d’en utiliser pour accompagner nos chants et notre louange.
Cela dit, le Nouveau Testament lie nettement la musique à la parole :
– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16 : on se parle par des chants.
– Apocalypse 5.9 et 15.3 : les fidèles chantent et disent des louanges rapportées dans le texte.
Les paroles doivent donc avoir la prééminence sur la musique. Evitons donc que la musique couvre les paroles et le chant de la communauté. Non seulement il est désagréable de ne plus s’entendre chanter, mais, à long terme, l’assemblée peut devenir passive et ne plus chanter du tout.
QUI CHANTE DANS L’EGLISE ?
Dans l’histoire de l’Eglise, on a oscillé entre le chant d’une élite musicienne et celui de l’assemblée toute entière.
Le Nouveau Testament donne une plus grande place au chant de l’ensemble de la communauté. Par exemple :
– Ephésiens 5.19 et Colossiens 3.16 : pour s’enseigner et s’exhorter l’un l’autre par le chant, il faut que chacun y participe !
– Matthieu 26.30 : Jésus n’a pas chanté seul devant ses disciples, mais tous ont chanté ensemble.
Prenons donc garde à ne pas imposer à l’église des chants trop difficiles techniquement. Tous les membres ne sont pas forcément musiciens professionnels ! D’autre part, veillons à ce que les nouveaux venus dans l’église puissent participer au chant sans trop de difficulté. Mais attention : un chant inconnu est forcément difficile au départ, puisqu’il nécessite un effort d’apprentissage !
CHANTS TRADITIONNELS ? CHANTS NOUVEAUX ?
Dans ce domaine également, l’équilibre est de mise. D’une part, évitons la “canonisation” d’un certain répertoire de chants. Seule la Bible est inspirée et aucun répertoire, aussi spirituel soit-il, n’est indispensable.
De plus, la Bible nous encourage plusieurs fois à chanter un chant nouveau (Ps 96.1 ; Es 42.10). A l’image de David, les musiciens chrétiens contemporains peuvent s’encourager à composer des chants à la louange de Dieu et pour l’instruction spirituelle de l’Eglise. C’est un moyen puissant d’encourager, de stimuler la foi … et de louer Dieu ! Enfin, le langage musical et le langage parlé changent avec le temps. En étant trop conservateurs dans ce domaine, nous courons le risque de créer des tensions dans l’église. Cela peut même mener à un “retour de balancier” : l’ancien répertoire sera brusquement écarté au profit de chants les plus neufs possibles.
D’autre part, ne chanter que les chants les plus récents comporte les dangers de tomber dans un esprit de consommation et de créer des tensions entre les différentes générations. S’il est bon d’apprendre des chants nouveaux, ne rejetons pas le passé et tout ce qu’il a à nous apprendre. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil !
Dans l’église devraient donc coexister plusieurs styles de chants, anciens et nouveaux.
L’IMPORTANCE DES PAROLES
Pour terminer, j’aimerais insister sur l’importance du contenu des chants, de leurs paroles. Combien de chants aux paroles contestables sont chantés soit par tradition, soit par amour de la nouveauté ou d’une musique qui plaît ! Faisons donc preuve de discernement dans ce domaine, au-delà des querelles formelles, musicales et poétiques.
Que les paroles de nos chants puissent glorifier notre Dieu, nous instruire, nous fortifier et nous encourager, dans la ligne de ce que la Bible nous révèle.
“ L’Eternel est ma force et mon bouclier;
En lui mon cœur se confie, et je suis secouru;
J’ai de l’allégresse dans le cœur,
Et je le loue par mes chants.”
Psaume 28.7
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