PROMESSES
La foi chrétienne est-elle un amalgame d’éléments contenus dans d’autres religions qui n’aurait rien d’authentiquement singulier ? Si tel était le cas, une décision exclusive en sa faveur ne paraîtrait pas appropriée.
La méthode comparative est l’une de celles qui prévaut dans les milieux académiques et dans les produits de vulgarisation sur l’histoire des religions. Elle adopte comme présupposé que le judéo-christianisme n’est autre qu’un amalgame d’apports qu’il est possible de distinguer les uns des autres en remontant jusqu’à leur source. La foi en la résurrection existe dans le christianisme, mais elle vient de Perse ; l’idée d’un rédempteur qui vient du ciel est une idée gnostique, associée par l’apôtre Paul à des éléments du judaïsme palestinien ; quant aux sacrements, ils sont un emprunt aux religions à mystères des Grecs, etc.
Une grande partie de l’énergie des spécialistes biblistes de la tradition libérale critique ou universitaire non croyante se dépense à chercher où tel auteur biblique a pris ce qu’il nous dit.
1. Quelques remarques de principe et de méthode
En guise de remarque préliminaire, je voudrais mettre en garde contre une réaction qui consisterait à foncer tête baissée vers le discours opposé. Il nous faut savoir discerner le piège.
Totalement dissemblable ?
Pour certains, pour que le christianisme ait le droit de réclamer une adhésion entière et exclusive, il faut qu’il soit spectaculairement original. Mais est-ce nécessaire ? Rappelons-nous que le faux imite le vrai. L’opposition fondamentale du vrai et du faux n’est pas forcément apparente au premier regard. Il se pourrait donc que le christianisme ressemble beaucoup aux autres religions ou à telle religion et qu’il y ait pourtant tout l’abîme qualitatif qui sépare la vérité unique de mensonges habiles.
Une apologétique qui se développe dans le sens de la ressemblance n’est pas dépourvue de fondements bibliques. Elle présente le christianisme comme le couronnement, l’accomplissement des aspirations humaines : avec lui, enfin, le tâtonnement des différentes religions aboutit ! Dans cette perspective, il est normal qu’il y ait des ressemblances. Dans toutes les religions, on peut voir des ébauches, ou des nostalgies — si l’on pense que l’état premier était un état de vérité — que le christianisme reprend et fait parvenir au plein resplendissement de la vérité.
Cette apologétique a été développée, dans l’Antiquité, par l’École d’Alexandrie, avec Clément d’Alexandrie et Origène et garde une place de choix dans le catholicisme. Deutéronome 4 développe cette pensée : les nations païennes diront, en prenant connaissance de la Loi que Dieu donne à Israël : « Cette nation est un peuple absolument sage et intelligent ! » (Deut 4.6) En Actes 17, l’apôtre Paul mise sur ce même type de relation : il emploie l’image du tâtonnement pour parler des religions humaines, qui avaient conduit les Athéniens à ériger un autel à un dieu inconnu. L’apôtre cite, à propos de cette proximité, des paroles de poètes et de philosophes du stoïcisme grec et présente le message chrétien comme l’accomplissement de cette recherche : « Ce que vous vénérez sans le connaître, je vous l’annonce ! » (Act 17.23) Les ressemblances ne doivent pas nous embarrasser et ne cherchons pas à les escamoter.
L’affirmation biblique de la différence
Cependant, la Bible elle-même semble plus souvent opposer la foi biblique et la religion des nations. En Deutéronome 4, Moïse souligne qu’aucune autre nation n’a un dieu qui a fait pour elle ce que Dieu a fait pour Israël, intervenant de manière aussi grandiose, aussi efficace, en se rendant si proche (Deut 4.7).
Il est aussi un Dieu qui s’est fait connaître par sa Parole, en plus de ses actes (Deut 4.8), car sans parole, il reviendrait aux hommes d’interpréter les actes de Dieu comme ils le pourraient. Le N.T. réitère la même affirmation : toute la sagesse du monde est passée à côté du « mystère » de Dieu, du secret de son plan accompli en Jésus-Christ. Ce mystère est révélé par l’Esprit à ceux qui aiment Dieu et reçoivent le fruit de l’œuvre de Jésus-Christ (1 Cor 2.6-16). Ces textes mettent incontestablement en avant le contraste.
Les motifs de la différence
Pourquoi l’apologétique de l’accomplissement, pratiquée par l’École d’Alexandrie, n’est-elle pas dominante dans l’Écriture ? La première raison est la gravité du péché. Les religions expriment bien les tâtonnements et les aspirations des humains qui ont été faits pour connaître Dieu comme la destination de leur humanité ; mais si les hommes sont aussi loin de ce qu’ils cherchent, c’est à cause du péché. Ils tâtonnent, mais en même temps ils ne cherchent pas loyalement au fond d’eux-mêmes, inconscients de ce refus, simultané avec leur recherche, du vrai Dieu.
Du coup, ils déforment, ils reportent leur besoin de Dieu sur la créature, ils se fabriquent des idoles.
Cette gravité du péché est sous-estimée par les tenants d’une apologétique de l’accomplissement ; c’est pourquoi les religions ne sont pas dénoncées comme les aberrations qu’elles sont effectivement devenues par la faute du péché.
La deuxième raison est que le péché est subtil, capable d’habileté et d’imitation, mais jusqu’à un certain point seulement. Le diable est un faussaire suprêmement habile et intelligent, mais seulement jusqu’à un certain point. Il n’a pas été capable de faire quelque chose de totalement ressemblant. Lorsque les hommes sont les instruments de ce faussaire, ils perdent quelque chose de l’agilité, de la finesse, de la capacité à faire « beau ». Ajoutons que nous allons vers l’imitation suprêmement ressemblante : en profitant de l’apport du christianisme dans l’Histoire, le diable va réussir à susciter une « singerie » plus séduisante que toutes les autres : l’Antichrist. Mais lors de ce paroxysme, le Seigneur Jésus interviendra pour faire lui-même directement échec à l’Impie, et le détruire par l’éclat de son avènement (2 Th 2.8).
En attendant, dans la grande épreuve qui précédera ce moment final, il fera en sorte que l’Antichrist ne séduise pas ses élus (Mat 24.24). Armons-nous de vigilance et de discernement pour n’être pas séduits.
L’articulation des traits communs et des différences
Comment alors articuler les deux aspects d’analogie et de différence ? Grosso modo, on peut dire que les traits communs sont du côté de la « langue » et les traits différenciateurs du côté de la « parole ». La distinction entre « langue » et « parole » est fondamentale dans la linguistique moderne : la langue est le système d’expression de la pensée ; la parole est l’usage de la langue pour dire quelque chose de particulier. La Bible est écrite dans une langue commune, mais elle nous adresse une Parole, unique. L’opposition entre la vérité et le mensonge ne réside pas dans la langue, mais dans la parole, qui se sert de la langue.
À titre d’illustration, constatons que toutes les religions offrent un riche déploiement de symboles, car le symbole n’est pas simplement linguistique, il est aussi esthétique, rituel. Les symboles utilisés sont du ressort de la langue et la Bible peut bien avoir les mêmes que ceux que l’on trouve ailleurs.
Les différences apparaissent dans l’usage qui en est fait, dans la « parole » qui est dite par ce moyen.
Quelques remarques complémentaires
• Des éléments ressemblants peuvent avoir des sens très différents, selon les ensembles où on les trouve. Dans la comparaison entre le christianisme et les autres religions, par faute de méthode, c’est souvent ici que l’on se trompe : on ne voit pas qu’un élément repris change de sens dans son contexte biblique.
• L’A.T. n’est pas la révélation achevée. D’après l’enseignement biblique lui-même, Dieu a fait des compromis provisoires avec la religion ordinaire des hommes. Paul utilise la même expression, « l’asservissement aux principes élémentaires du monde », pour parler du danger de la philosophie païenne (Col 2.8) et du retour au judaïsme (Gal 4.9). Ne tirons donc pas trop rapidement des conclusions à partir de l’A.T. comme s’il était un aboutissement. L’A.T. est entièrement Parole de Dieu, mais il exprime une pédagogie divine où des éléments analogues à ceux du paganisme sont utilisés comme des images, à titre provisoire, qui annoncent la venue de Jésus-Christ.
• Ne confondons pas le christianisme biblique, dont nous voulons être témoins, avec le christianisme de dix-neuf siècles d’histoire après le temps des apôtres. On peut concéder qu’il y a eu une paganisation du christianisme historique majoritaire, dans le temps des pères de l’Église.
Ce christianisme ressemble par certains traits aux religions païennes, mais ce n’est pas lui que nous défendons.
2. Les principales singularités de la foi chrétienne
L’historicité
La première singularité de la foi chrétienne, qui frappe d’emblée, est son historicité. Aucune autre religion ne présente un salut opéré une fois pour toutes, au centre de l’histoire — et de l’histoire datée.
L’Évangile se présente comme une « nouvelle », une annonce : « C’est accompli, le salut est offert à tous parce qu’il a déjà été réalisé ! » L’A.T. rappelle maintes fois l’intervention de Dieu dans l’histoire lors de l’exode. Puis, après cette préparation dans le judaïsme, l’Évangile proclame la plénitude de son intervention.
La gratuité du salut
Le salut s’obtient par la foi seule, et non par un système d’œuvres rituelles, morales, ou mystiques. Parce que le salut est déjà pleinement opéré dans l’histoire, il est offert gratuitement. La tradition catholique l’avait oublié, à cause de la repaganisation du christianisme, mais la Réforme l’a remis en lumière. La gratuité du salut, grâce au prix payé par Dieu lui-même, est unique au christianisme.
Le mal est une réalité éthique et non métaphysique
S’il peut y avoir un salut accompli, c’est que le mal est une réalité historique. Il correspond à un usage de sa liberté par l’homme et n’est pas une donnée première dans la création, comme la corporalité.
Si le mal était consubstantiel à la création, ce n’est pas un événement qui permettrait de résoudre la question. La solution ne pourrait pas être accomplie une fois pour toute mais devrait conduire l’homme à se dépouiller de son corps.
Ce caractère éthique et non métaphysique du mal a pour conséquence que l’éthique et la religion ne peuvent pas être séparées, contrairement à la plupart des religions. Le Dieu biblique ne veut rien d’autre que le bien, et le bien est la volonté du Dieu biblique.
Dans l’A.T., Dieu avait rajouté, à titre provisoire, des purifications rituelles qui n’avaient rien à faire avec la morale, qui sont abrogées dans le N.T., où « tout est pur pour ceux qui sont purs ». L’Évangile opère une coïncidence parfaite de l’éthique et de la piété, du bien et de la volonté de Dieu.
L’indépendance de Dieu par rapport au monde
Si le mal était dans la constitution même des choses, il serait un mal métaphysique, et le monde serait partagé entre un côté négatif et un côté divin.
Dieu lui-même serait en quelque sorte le summum du monde, mais il ne serait pas indépendant du monde, lié par l’opposition dualiste elle-même. Cela correspond à l’idolâtrie, où le sens du divin se porte sur un élément ou un aspect du monde, qui est idolâtré, absolutisé. Le seul Dieu qui soit distinct du monde, et sans dualisme, donc vraiment indépendant et Seigneur du monde, est le Dieu biblique. On peut également montrer qu’il ne peut l’être que parce qu’il est Trinité. La Trinité, telle
qu’enseignée dans la Bible, est encore originalité radicale qui ne se retrouve nulle part ailleurs.
Le double accent sur l’universel et l’individuel
Un autre point, moins intimement lié aux précédents, est la capacité de la foi chrétienne à accentuer à la fois l’universel et l’individuel. On trouve ailleurs la volonté de maintenir à la fois l’universalité et l’individualité, mais sans y arriver : l’un des deux côtés est toujours privilégié. La « réussite » de l’Écriture dans ce domaine est absolument remarquable. Pensons en particulier à Jésus, second Adam.
* * *
On pourrait chercher d’autres traits spécifiques.
Mais ceux que nous avons relevés, et qui sont si étroitement associés, montrent que le christianisme est ce qu’aucun humain, même au plus habile de ses capacités d’invention, n’a réussi à imaginer. Il transcende absolument toute capacité et toute intelligence de la créature. Il peut donc à bon droit réclamer notre adhésion entière et notre engagement total.
Nous avons tous été — ou nous serons tous — confrontés à la situation suivante : un ami athée vient de perdre un de ses proches dont tout laisse à penser qu’il n’était pas croyant lui-même. Comment témoigner à cet ami ? Il est difficile de donner une réponse universelle à cette question délicate car beaucoup d’éléments dépendent de la situation particulière.
Quelle attitude avoir ?
Ne pas se mettre un fardeau excessif
La nouvelle naissance est toujours un miracle, indépendante du mérite et de la circonstance. Les humains sont spirituellement morts, et à moins que le Saint-Esprit ne vienne les réveiller pour les convaincre de péché, de justice et de jugement (Jean 16.8-11), ils ne croiront pas, en sorte que l’on peut et doit prêcher l’Évangile sans imaginer que nos seuls arguments gagneront les cœurs. Ou pire, que nous serions responsables de leur perdition si nous ne nous exprimons pas correctement. Dieu a prévu de sauver par la prédication mais ni la justesse ni la pertinence de nos paroles ne sont à ce point décisives. Le salut reste toujours une œuvre de Dieu et il n’existe pas de recette magique pour convaincre quelqu’un de notre foi et lui donner le désir de se convertir. En tant que serviteurs de Dieu, faisons de notre mieux, mais laissons le résultat entre les mains de Dieu.
Montrer un amour concret
Face à une personne accablée par un deuil, le plus important est d’être présent et de lui montrer de l’amour. Pour témoigner de l’Évangile, mieux vaut souvent commencer par un silence actif, par une présence pleine d’attention et d’affection. Un coup de fil régulier, des encouragements, des services rendus, c’est certainement le témoignage d’un amour vrai qui reflète en cela l’amour bienveillant et généreux du Sauveur.
Prier et être disponible
Dans ces circonstances, je ne forcerais pas une discussion sur l’Évangile, mais je prierais dans le secret de ma chambre avec insistance pour qu’elle soit possible. Si je devais sentir que le moment est opportun pour parler de l’Évangile, je le ferais en posant des questions pour tester à la fois de l’intérêt de la personne et pour voir quelles sont ses propres questions afin de répondre à ses préoccupations premières. Il est toujours tentant de dérouler un schéma préétabli, mais les conversations recensées dans les Évangiles sont beaucoup plus ciblées.
Comment répondre sur le fond ?
Voici quelques objections ou questions qui peuvent surgir dans ce contexte, avec quelques éléments de réponse.
« Comment pouvez-vous dire qu’il est perdu ? »
Personne ne peut savoir avec une totale certitude qui est sauvé ou qui est perdu, Dieu seul le sait. Dieu est capable de se révéler au dernier soupir. Nous ne savons pas ce qui se passe lors des derniers moments de vie. Certains peuvent confesser une confiance en Jésus-Christ dans leur dernier souffle, comme le brigand sur la croix qui a été le premier converti.
« Que penserait-il si je me tournais vers un Dieu qu’il rejetait ? »
Un collègue pasteur avait été sollicité pour les obsèques d’une personne qui avait ouvertement rejeté la foi. Tous les assistants le savaient et se demandaient ce que le pasteur allait bien pouvoir dire à son sujet. Il a commencé humblement, comme je viens de l’évoquer : « Très sincèrement je ne peux pas vous dire s’il est en enfer ou s’il est au paradis, cela appartient à Dieu, et on ne sait pas ce qui se passe dans les cœurs au dernier moment. »
Puis il a ajouté : « Quoi qu’il en soit, quel que soit l’endroit où il se trouve maintenant, il aimerait que je vous dise ceci… » Cette approche était pertinente et courageuse. En effet, Jésus, au travers du récit du riche et de Lazare, montre une personne séparée de Dieu, aujourd’hui dans le séjour des morts, qui souhaite que ses proches vivants et incrédules ne le rejoignent pas dans sa souffrance (cf. Luc 16.27-28).
« Puisqu’il est en enfer, je voudrais l’y retrouver. »
Hélas, l’enfer n’est pas un lieu de fraternité ni de communion. Les liens qui unissent aujourd’hui les personnes seront très différents après la mort. Il ne faut pas anticiper une sorte d’amitié pendant le séjour éternel dans l’enfer. L’égoïsme des cœurs humains sera amplifié en l’absence de toute grâce commune de Dieu qui permet aujourd’hui aux humains de vivre de belles relations, même sans la foi. Le regret de n’avoir pas saisi l’Évangile demeurera probablement source de la plus grande tristesse, de la plus grande souffrance.
Aucun compagnon d’infortune ne pourra apporter le moindre réconfort de cette tragédie d’opportunités perdues.
« Je ne veux pas faire partie de ceux que Dieu inclurait si d’autres en étaient exclus. »
La personne qui tient ces propos se présente faussement en humaniste, revendique de vivre avec ceux qui seront rejetés comme si c’était une sorte de lettre de noblesse. Mais cette prétention est au fond orgueilleuse et arrogante : elle cherche à mettre en avant une bonté naturelle qui n’est pas réelle (cf. Jean 3.17-19). Elle se voit ainsi que les autres comme dignes du Seigneur, lui attribuant une terrible injustice. De fait, cette personne révèle sa vraie conception de Dieu, un Dieu dur et méchant qu’il vaut mieux fuir et loin duquel on se trouve mieux (cf. Mat 25.24-25).
Dieu dit en substance : « Qu’il te soit fait selon la compréhension que tu as de moi. »
« C’était un bon gars, il a fait beaucoup de bien. »
Les mérites du défunt qui va en enfer sont dérisoires aux yeux du jugement du Dieu pur, sage et parfait. Pour ceux qui restent, le réaliser permet d’être apaisé par rapport au jugement à venir. Au paradis, nous n’aurons ni tristesse ni amertume face au sort de nos bien-aimés qui seront en enfer. Parce qu’à ce moment-là, nous aurons une juste vue du péché dans toute son horreur, une juste vue du jugement de Dieu dans sa parfaite justice, et une juste vue de l’amour de Dieu qui a tant fait pour sauver. Nous serons pleinement en accord avec Dieu. Le Saint-Esprit peut donner à une personne la sagesse de comprendre que la destinée de tout homme est entre les mains du Dieu créateur, totalement juste, totalement bon.
« Il n’a pas eu l’occasion d’entendre l’Évangile. »
Qui peut savoir comment telle personne aurait réagi à la présentation de l’Évangile ? Quand l’Évangile est prêché, nombreux sont ceux qui répondent : « Je n’en veux pas. Je ne souhaite pas cette grâce imméritée de Dieu. » On ignore aussi les occasions que cette personne a pu avoir dans son passé de lire un Évangile qu’elle aurait consciemment rejeté. Il y a une invitation permanente à chercher Dieu dans le spectacle de la nature et dans les méandres de notre conscience. Dieu sera juste pour révéler ce que les uns et les autres ont vu sans vouloir croire…
« S’il avait connu l’Évangile, je suis sûr qu’il l’aurait accepté. »
Malheureusement, j’ai eu le triste honneur de parcourir l’Évangile avec plusieurs non croyants qui n’ont jamais répondu par la foi. Ils n’ont pas placé leur confiance en Jésus malgré leur compréhension des données de l’Évangile. Tenir de tels propos est téméraire et sans fondement. Je remarque que mes pronostics sur qui répondrait positivement et qui rejetterait Christ ont reflété des perspectives que Dieu a souvent démenties !
Conclusion
Le sujet est terriblement triste. Ce qui me console, parfois, c’est de réaliser qu’une personne qui rejette Dieu serait triste au paradis, parce qu’en réalité, Christ en est le personnage central. Les gens qui ont rejeté Dieu, alors que la gloire de Dieu est manifeste, ne serait-ce que dans la création (cf. Rom 1.18-20) seraient en colère d’être forcés à admirer celui qu’ils ont rejeté toute leur vie. Le salut de Dieu est un sauvetage extraordinaire, donné par une grâce imméritée, selon une foi qui se démontre dans une adoration et un amour de Dieu.
Ceux qui ne l’ont pas exprimée sont totalement et légitimement éloignés de Dieu. Cela reflète en fait le profond désir intérieur du cœur humain depuis la chute : l’indépendance. Adam a voulu choisir pour lui-même ce qui est bien et ce qui est mal.
Imposer à ses fils et à ses filles de venir dans un lieu où tout, au contraire, reflète une profonde confiance, dépendance et obéissance à Dieu, serait la pire des tortures.
L’Esprit saint est capable de conduire celui ou celle qui a perdu dans la mort un être cher. L’excuse de ne pas croire à cause de son sort lui paraîtra, à un moment ou à un autre, comme une forme d’usurpation de l’autorité de Dieu qui seul est juge — et sauveur.
La justice de Dieu régnera-t-elle enfin durant le millénium ? Ou bien faudra-t-il attendre l’état éternel avec ses nouveaux cieux et sa nouvelle terre ? Quelles seront les caractéristiques de ces temps de restauration future ? Cet article tentera de répondre à ces questions.
Les conditions à la mise en place du royaume
Peu avant l’Ascension du Christ, les disciples avaient interrogé Jésus : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » (Act 1.6) Ils attendaient impatiemment ce moment et voulaient se préparer à l’établissement du royaume. Ils imaginaient que cet établissement était imminent.
Mais pour que le royaume puisse être établi, certaines conditions doivent être remplies comme :
• La première résurrection : les croyants doivent être ressuscités pour régner avec Christ (Apoc 20.6). Justin Martyr le soulignait ainsi : « Il y aura une résurrection des morts et une période de mille ans où Jérusalem sera édifiée, décorée, et agrandie conformément aux prophéties d’Ézéchiel, d’Ésaïe et d’autres 2 . »
• La nation d’Israël rassemblée dans son territoire, prête à recevoir son roi (Éz 37.21-22, Amos 9.15).
Les caractéristiques du royaume
Les textes les plus nombreux décrivant le millénium ou le règne messianique se situent dans l’AT qui en pose le fondement. C’est pourquoi, nous aurons essentiellement recours à l’AT pour en tirer les caractéristiques principales.
La justice
Aujourd’hui, l’injustice règne sur la terre : de nombreux gouvernements nationaux ou régionaux sont corrompus. Dans les entreprises, certains contrats sont obtenus au mépris de la justice. L’égalité de traitement entre employés n’est pas toujours une réalité. Certains croyants accusés faussement sont condamnés et jetés en prison, parfois même exécutés. Certains parents ne traitent pas leurs enfants avec équité. Et même dans l’Église, certains croyants peuvent vivre l’injustice ! Tous, à notre échelle et dans des mesures différentes, nous vivons des injustices.
Quel encouragement pour le croyant de savoir que le roi du royaume à venir sera juste et que ses princes domineront avec droiture (És 32.1). Cette justice ainsi vécue aura des conséquences profondes sur l’ensemble de la société : plus de dévastation, plus de ruine, la violence ne sera plus (És 60.17-18) et l’ensemble du peuple sera juste (És 60.21). Christ lui-même exercera le jugement et la justice dans le pays (Jér 33.15) : il est remarquable que cette promesse a été donnée à Jérémie qui, avec ses contemporains, a vu toute la décrépitude d’Israël, la ruine de Jérusalem, les conséquences de l’abandon de Dieu, l’impiété du roi et la déportation à Babylone.
« Ton trône, ô Dieu, est à toujours ; le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. Tu aimes la justice, et tu hais la méchanceté. » (Ps 45.7-8)
Ce à quoi les hommes ont aspiré sera enfin réalisé par Christ le seul Juste.
La paix
Ce que les multiples conférences sur la paix, les traités de désarmement, la Société des Nations puis l’ONU n’ont jamais réussi à produire de manière durable, une fois l’injustice réprimée, sera produit par le Prince de paix (És 9.6) : « Et lui sera la paix » (Mich 5.4, DBY). Le juste prospérera et la paix sera présente en abondance : « En ses jours le juste fleurira, et la paix sera grande jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lune, » (Ps 72.7)
De manière concrète, les nations ne se feront plus la guerre. Même, la guerre ne sera plus enseignée (És 2.4) ! Chacun pourra vivre en sécurité, il n’y aura plus de trouble (Mich 4.4). Ésaïe prophétise qu’il n’y aura alors pas de fin à la paix (És 9.6).
Cette paix existe déjà entre le Seigneur et ses enfants (Éph 2.14), entre Dieu et ceux qui ont été réconciliés avec lui. Cette paix sera un jour glorieusement manifestée ici-bas ! La paix universelle touchera également le royaume animal : « Le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte ; et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. » (És 11.6-8)
Le bonheur
Le deuil, des situations de famille difficiles, des échecs professionnels, des déceptions sont parfois des « voleurs de joie » pour le croyant. Mais Ésaïe prophétise que la noirceur et les angoisses ne seront pas toujours le propre de la condition humaine sur la terre : « Les ténèbres ne régneront pas toujours sur la terre, où il y a maintenant des angoisses… » (És 9.1, LSG). La joie caractérisera même le peuple de Dieu en ce temps de rafraîchissement : « Tu as multiplié la nation, tu lui as accru la joie ; ils se réjouissent devant toi, comme la joie à la moisson, comme on est transporté de joie quand on partage le butin. » (És 9.3, DBY) Le Seigneur lui-même prendra soin d’essuyer les larmes sur chaque visage (És 25.8) : quel geste magnifique de notre Sauveur !
La longévité et la santé
La mort est entrée dans le monde suite à la chute (Gen 3.19), c’est une conséquence du péché (Rom 5.12). Mais Dieu a remédié à cette malédiction ! Suivant les pays, la durée de la vie de l’homme peut atteindre de 70 à 80 ans (voir Ps 90.10).
Le millénium verra à nouveau la longévité augmenter, comme le déclare Ésaïe : « Celui qui mourra à cent ans sera jeune […] car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres. » (És 65.20,22)
De plus, soumis au péché, le corps de l’homme vieillit et peut être marqué par des handicaps. Ésaïe annonce également qu’« alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » (És 35.5-6)
Comme au temps de Jésus où « les muets parlaient, les estropiés étaient guéris, les boiteux marchaient, les aveugles voyaient » (Mat 15.31), beaucoup seront guéris. Ce sera probablement une part du « rétablissement de toutes choses » dont parle Pierre en Actes 3.21.
La terre produira un fruit abondant
Dieu poursuivra le rétablissement de ce qui a été ruiné par la chute (Gen 3.17-19). Suite à la chute, le sol a été maudit par Dieu ; les épines et les ronces ont fait leur apparition. Mais en ce temps-là, « les blés abonderont dans le pays […] et leurs épis s’agiteront comme les arbres du Liban » (Ps 72.16).
L’activité de l’homme est en train de ruiner notre planète, par des incendies ravageurs, une pollution démente, la disparition d’espèces, etc. La création elle-même attend l’avènement des fils de Dieu pour être libérée de la corruption que l’homme lui inflige, étant aujourd’hui assujettie à la vanité de l’homme (Rom 8.20-21). Dieu accordera à la terre un temps de rafraîchissement où les récoltes seront abondantes et rapides : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où le laboureur suivra de près le moissonneur, et celui qui foule le raisin, celui qui répand la semence, où le moût ruissellera des montagnes et coulera de toutes les collines. Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël ; […] ils planteront des vignes et en boiront le vin, ils établiront des jardins et en mangeront les fruits. » (Amos 9.13-14)
La terre redeviendra un paradis, non par l’action de l’homme et une agriculture super-bio, mais par la présence de Christ. Ainsi les malédictions prononcées contre la terre seront atténuées : « Au lieu de l’épine s’élèvera le cyprès, au lieu de l’ortie croîtra le myrte ; et ce sera pour l’Éternel une gloire, un monument perpétuel, impérissable. » (És 55.13)
Les caractéristiques de la nouvelle Jérusalem
Une fois le jugement final prononcé, ceux qui n’auront pas cru sont jetés dans l’étang de feu pour la perdition éternelle, avec la mort et le séjour des morts. Les justes entrent dans la gloire éternelle (Apoc 20.11-15). Les nouveaux cieux et la nouvelle terre peuvent être introduits (Apoc 21.1).
La nouvelle Jérusalem descend alors sur la terre, préparée comme une épouse ornée pour son mari, et venant directement de Dieu (Apoc 21.2). Personne n’aurait pu entrer dans la nouvelle Jérusalem sans avoir été d’abord pardonné par la foi en Christ, car Dieu, dans toute sa sainteté, ne pouvait tolérer la présence du péché. Ainsi, les justes, revêtus d’un corps nouveau, pourront se tenir éternellement en sa présence.
Quelques caractéristiques sont données au sujet de ce nouveau lieu d’habitation. Mentionnons-en quelques-unes sans être exhaustifs :
La présence de Dieu (Apoc 21.3,22)
Dieu habitera parmi les siens ; chose impensable puisque l’homme n’est pas censé voir Dieu et vivre (Ex 33.20). Mais une fois que les croyants seront revêtus de corps nouveaux et que le péché sera aboli, Dieu pourra habiter parmi son peuple : « Ceux qui ont le cœur pur […] verront Dieu » (Mat 5.8). Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville (22.3). Le temple ne sera dès lors plus nécessaire car « le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple » (21.22).
Jésus avait demandé à son Père que ceux qu’il lui avait donnés soient avec lui (Jean 17.24) : ils seront éternellement dans sa présence.
La disparition de la mort (Apoc 21.4)
Satan et la mort elle-même auront été jetés dans l’étang de feu (20.10,14). Alors, la mort n’existera plus.
Celle qui, depuis la chute, cause tant de souffrance et de tristesse, fait pleurer des familles et des pays entiers, sera engloutie (1 Cor 15.54).
La disparition de la douleur (Apoc 21.4)
Puisque les croyants seront revêtus de corps nouveaux et que le péché sera aboli, la douleur n’existera plus. Ce sera une réalisation complète de la promesse « afin que s’accomplisse ce qui a été annoncé par Ésaïe, le prophète : il a pris nos infirmités, et il s’est chargé de nos maladies. » (Mat 8.17) La guérison spirituelle a été obtenue à la conversion, la guérison physique ne sera pleine et entière que dans l’état éternel, le millénium n’en étant qu’un avant-goût.
La justice (2 Pi 3.13)
Les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront vraiment différents du premier ciel et de la première terre (Apoc 21.1). En effet, la justice caractérisera ce monde nouveau et elle y habitera de manière permanente. D’une part, le péché ne sera plus. D’autre part tous ceux qui le commettent de manière caractérisée comme les êtres abominables, les meurtriers, les adorateurs d’idoles, les magiciens, les menteurs, les infidèles et les lâches seront dans le lac de soufre enflammé (Apoc 21.8) et n’auront pas d’accès à la nouvelle terre. Rien d’impur ne pourra entrer dans cette nouvelle cité (Apoc 21.27).
Le chrétien a donc raison d’espérer ; il peut attendre avec joie et confiance la seconde venue du Seigneur pour vivre durant le millénium un avant-goût de l’état éternel. Il peut également attendre avec joie et confiance l’état éternel où il vivra dans la présence de Dieu pour toujours, dans une justice parfaite, débarrassé du péché et de sa cohorte de malheurs. « C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irréprochables dans la paix. […] croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. » (2 Pi 3.14,18)
- Dialogue avec Tryphon, cité dans Le millénium : image ou réalité ?, Charles Ryrie et Homer Payne, La Maison de la Bible, page 27.[/notr]1 … »,
• L’appréciation des croyants : le tribunal de Christ permettra de récompenser chaque croyant selon ses œuvres (2 Cor 5.10) et il recevra des responsabilités dans le royaume en conséquence (Apoc 20.4-6),
• Satan doit être lié et empêché de séduire les nations (Apoc 20.1-3), ce qui permettra de diminuer fortement son influence dans ce temps de renouvellement (mentionné par Jésus en Mat 19.28) ou de rafraîchissement (mentionné par Pierre en Act 3.20-21). Lactance le mentionne ainsi : « À la même époque (au retour du Christ), le prince des démons, l’inventeur de tous les maux, sera lié avec des chaînes et emprisonné pendant les mille ans du règne céleste où la justice régnera sur la terre, de manière qu’il ne puisse faire aucun mal au peuple de Dieu 1Ibid, page 29.
« C’est pas juste ! » Cette réflexion amère ne se trouve pas dans de savants ouvrages ; mais dans la bouche d’un enfant frustré en recevant un cadeau moins désirable que celui d’un autre enfant, d’un employé qui ne sent pas traité comme son collègue, d’un supporter d’une équipe de football pour qui l’arbitre est « manifestement » favorable à l’équipe adverse, d’une personne qui a tout perdu dans une catastrophe soudaine…
« C’est pas juste ! » Cette réflexion spontanée n’est pas nécessairement fondée sur le non-respect d’une loi ou règlement, mais plutôt sur le sentiment que quelque chose n’est pas « normal ». Elle est donc intuitive, imprécise.
« C’est pas juste ! » C’est l’avis de celui qui se considère comme victime — très rarement de celui qui serait l’auteur du préjudice ou le gagnant dans le litige. Notre perception de l’injustice est donc très variable selon les cas.
« C’est pas juste ! » revient beaucoup plus souvent que « C’est juste ! » Serions-nous plus sensibles à l’injustice qu’intéressés par la justice ? La justice serait-elle seulement une non-injustice ?
Ce numéro de Promesses vous propose des éléments de réflexion pour approfondir la notion de justice. Que valent les fondements d’une justice humaine ? Que dit la Bible sur la justice divine ? Comment vivre individuellement de façon juste ? Pourquoi tant d’injustices dans notre monde ? Comment y faire face quand nous en subissons ?
Un ministre de la reine d’Éthiopie est venu à Jérusalem pour adorer Dieu. Il repart avec une partie de la révélation de Dieu et se met à la lire attentivement et même à haute voix dès le début du long trajet de retour : il craint Dieu, il le recherche avec soin. Pourtant le texte lui paraît incompréhensible, hermétique.
Un ange envoie Philippe dans la direction de l’Éthiopien, l’Esprit lui dit de s’approcher de son char. Philippe observe cet homme absorbé dans sa lecture laborieuse et comprend sa mission : être l’instrument de Dieu pour rendre le texte compréhensible, grâce à un peu… d’herméneutique.
« Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ?
Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui […]. Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. » (Act 8.30,31,35)
La Parole de Dieu est à la fois claire et obscure :
• « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier » (Ps 119.105) : La Parole est assez claire pour me faire comprendre où sont mes pieds, c’est-à-dire ma situation personnelle actuelle ; elle éclaire aussi mon sentier en me montrant la direction à suivre, les personnes avec qui je voyage, les dangers à éviter et les belles choses à voir. La lecture personnelle de la Bible permet de comprendre l’essentiel : qui est Dieu, comment il nous voit, ses attentes et ses offres, ses encouragements et ses avertissements.
• « Il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens » (2 Pi 3.16) : Dieu est infiniment grand ! Cette grandeur dépasse souvent nos capacités de compréhension (1 Cor 13.12). C’est pourquoi nous avons besoin de l’étudier, de bien appliquer des règles d’interprétation (l’herméneutique) et d’accepter de recevoir l’aide de personnes douées par Dieu pour nous aider… comme Philippe pour l’Éthiopien.
Voici une question souvent posée au sein des églises locales ou entre chrétiens : tous les points de « doctrine » [Nous prenons ici le mot « doctrine » au sens le plus large de « point d’enseignement biblique », qui couvre, au-delà des thèmes proprement doctrinaux, les sujets d’éthique et de comportement.] de la Bible sont-ils également importants pour les chrétiens ? Et si la réponse est négative, comment, alors, déterminer quelles sont les doctrines les plus importantes ? Sur quel(s) critère(s) baser cette hiérarchisation ? Y aurait-il des principes herméneutiques pour nous guider ?
1. Tous les points de doctrine de la Bible sont-ils également importants ?
Des textes bibliques en faveur du « oui »
Un certain nombre de textes semblent conduire à penser que toute la Bible revêt une égale importance :
• La Bible affirme sa propre inspiration dans sa totalité et ses parties : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile… » (2 Tim 3.16).
• Jésus insiste sur l’accomplissement total de toute l’Écriture, à la lettre près : « Je vous le dis en vérité : tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Mat 5.18 ; cf. 24.35)
• Les raisonnements des auteurs bibliques s’appuient parfois sur des détails « infimes » du texte : par exemple, Paul base son argumentation concernant la réalisation en Christ de la promesse faite à Abraham sur un mot au singulier (Gal 3.16).
• Plusieurs textes insistent sur l’unité des chrétiens qui partagent « une seule foi » (Éph 4.5), ou nous exhortent à avoir « une même pensée » (Phil 2.2).
Des arguments en faveur du « oui »
D’autres arguments peuvent être avancés pour considérer toutes les doctrines au même niveau : • « Sélectionner » les doctrines importantes est difficile.
• On peut facilement craindre des dérives qui conduiraient à trier dans la Bible ce qui nous convient.
• Cela risque de remettre en cause l’inspiration plénière de la Bible.
Des textes bibliques en faveur du « non »
D’autres textes bibliques orientent vers une différenciation entre les textes :
• Jésus lui-même, dans sa controverse avec les pharisiens qui lui demandaient quel est le plus grand commandement de la loi, ne se défausse pas en répondant que tous sont également importants, mais il donne les deux premiers selon lui (Mat 22.35-40).
• Paul exhorte à accueillir les personnes d’opinions différentes sur certains points, comme les prescriptions alimentaires, sans discuter leurs opinions (Rom 14.1) — même si lui-même ne s’estime pas lié par des interdits alimentaires.
• Nous trouvons des marqueurs explicites dans les textes bibliques comme : « premièrement », « avant tout », « d’abord »…
Des arguments en faveur du « non »
• La Bible reconnaît que des péchés sont plus importants que d’autres. Par analogie, les textes qui condamnent les plus sérieux ont forcément plus de poids que ceux qui relèvent les moins graves.
• Selon Jean Calvin, « tous les articles de la doctrine de Dieu n’ont pas la même valeur. Certains sont tellement nécessaires à connaître que personne ne doit en douter. D’autres sont en débat parmi les Églises, sans rompre, cependant, leur unité. » (Institution de la religion chrétienne, IV.1.12)
• Selon Henri Blocher, « lorsque des hommes de Dieu scientifiquement compétents, et qui se veulent tout à fait dociles devant l’Écriture, se trouvent en grand nombre dans les deux camps d’une controverse, nous pouvons présumer que l’objet du débat n’appartient pas au cœur absolument vital du christianisme. » (« L’unité chrétienne selon la Bible », Théologie évangélique, 9)
Conclusion
Un « non » nuancé nous semble s’imposer. S’il est fondamental de tenir ferme à l’inspiration totale et entière de toute l’Écriture, il est nécessaire de prendre en compte la hiérarchisation présente dans les textes eux-mêmes.
2. Quels principes herméneutiques permettent de hiérarchiser les doctrines ?
Des expressions explicites
Comme indiqué, les auteurs bibliques (ou Jésus qu’ils citent) n’hésitent pas à préciser les points les plus importants à leurs yeux par des formules explicites.
Relevons quelques exemples :
• « Avant tout » : « Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures… » (1 Cor 15.3) « Jésus se mit à dire à ses disciples : Avant tout, gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. » (Luc 12.1) « Avant tout, ayez les uns pour les autres un ardent amour. » (1 Pi 4.8)
• « Premièrement » : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu. » (Mat 6.33) « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite… » (Jac 3.17)• « Plus important » : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité. » (Mat 23.23)
• « Mieux » : « L’obéissance vaut mieux que les sacrifices. » (1 Sam 15.22) « Il vaut mieux se marier que de brûler. » (1 Cor 7.9)
• « Meilleur » : « [Christ] a obtenu un ministère d’autant supérieur qu’il est le médiateur d’une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses. » (Héb 8.6)
Les fréquences
Un mot qui revient à une grande fréquence dans un livre biblique donné — et plus encore dans toute la Bible — a toutes les chances de concerner un sujet majeur pour notre foi. Par exemple, Dieu (ou l’Éternel) et Jésus (ou Christ) sont, de très loin, les mots les plus fréquents de chaque Testament ; or l’Écriture révèle avant tout qui est Dieu et qui est Jésus.
De même, une idée répétée dans plusieurs textes, plus encore sous la plume de différents auteurs, présente vraisemblablement une importance plus grande qu’un point traité par un seul verset. Par exemple, le « baptême pour les morts » (1 Cor 15.29), quel que soit le sens qu’on lui donne, n’aura jamais la même importance que le baptême chrétien que les Évangiles, les Actes et les Épîtres mentionnent à de multiples reprises. Soyons donc particulièrement prudents sur les doctrines évoquées dans un seul texte et qui sont parfois source inutile de tensions, voire de divisions (il suffirait de citer la couverture des femmes en 1 Cor 11 pour faire saisir l’acuité du sujet !).
Le fait que la mort de Jésus soit décrite quatre fois et que chaque évangéliste y consacre une part disproportionnée de sa biographie inspirée suffit à en indiquer l’importance cruciale. De même pour sa résurrection.
La reprise presque mot pour mot des « Dix commandements » au début de la loi de Sinaï (Ex 20) et en tête du développement des lois du Deutéronome (Deut 5) justifie l’intérêt accordé à ce texte.
Le placement des textes
Les auteurs bibliques, sous la conduite de l’Esprit, ont agencé leurs textes avec grand soin, en particulier en utilisant la forme hébraïque importante du chiasme [ Un chiasme est une figure littéraire qui consiste à reprendre des idées de façon concentrique : A B C D C’ B’ A’. A’ correspond à A, B’ à B, etc. En général, lorsque la symétrie est impaire, la section centrale est la plus importante (D dans cet exemple), suivie des sections A et A’.] . Un texte placé au centre d’un chiasme revêtira ainsi un poids plus important.
Par exemple, 1 Timothée peut être structuré sous forme d’un chiasme qui fait ressortir comme centre les v. 14 à 16 du ch. 3. On peut donc penser que ces versets sont au cœur du message de Paul à Timothée.
D’autres structures sont également éclairantes : entre ses salutations et le début de son développement, Paul résume le message de sa lettre aux Romains dans les v. 16 et 17 du ch. 1. Les points évoqués par ces deux courts versets sont donc fondamentaux à ses yeux.
Les résumés
Les auteurs bibliques donnent parfois des « résumés » de leur doctrine. Par exemple, Paul aborde le sujet de la résurrection en indiquant : « Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures… » En quelques versets, il va donner aux Corinthiens une synthèse de l’Évangile (1 Cor 15.1-11). Toute doctrine y figurant aura donc un poids majeur.
Les thèmes transversaux
Certains thèmes bibliques sont comme des trames qui courent du début à la fin de la révélation divine.
Ils ont comme particularité de ne pas être circonscrits à un livre ou un auteur particulier. Le développement de ces thèmes est cohérent avec l’orientation historico-rédemptrice de l’Écriture et ils trouvent leur résolution et leur finalité en Jésus-Christ.
En voici quelques exemples : les alliances, la gloire, l’expiation, le temple, l’amour, etc.
Le contenu même des textes
Certains textes contiennent dans leur formulation même l’accent de leur importance. C’est particulièrement le cas des versets qui avertissent que, si nous n’y obéissons pas, nous ne pourrons pas être sauvés. Citons, entre autres :
• Confesser Jésus Christ, Fils de Dieu venu comme homme (1 Jean 4.1-3)
• Croire en la résurrection personnelle corporelle de Jésus Christ (1 Cor 15.12-19)
• Croire en la suffisance de l’œuvre de Christ pour le salut (Col 2.4-21)
• Accepter le salut par la foi, sans les œuvres (Act 15.8-11 ; Gal 1.6-9)
• Pardonner aux autres (Mat 18.35)
• S’engager résolument à la suite de Jésus (Mat 10.38-39)
• Renoncer aux œuvres de la chair (Gal 5.19-21)
• Etc. !
Les prédications des apôtres dans le livre des Actes sont aussi un guide intéressant : elles nous indiquent ce qui était, à leurs yeux, essentiel à la foi — en premier lieu la résurrection de Jésus, la repentance ou l’accomplissement en Christ des prophéties de l’A.T.
Conclusion
Sur les points importants, la Bible est claire : nous disposons de plusieurs textes sur le même sujet, sous la plume de différents auteurs ; le sens du texte original n’offre pas d’ambiguïté d’interprétation ; les marqueurs littéraires convergent pour souligner leur entralité.
Sur d’autres points, la Bible semble « volontairement » moins claire. Nous serons donc plus prudents et moins affirmatifs les concernant et nous éviterons d’en faire des sujets de division.
Enfin, n’oublions pas que de nombreux chrétiens ont réfléchi à ce sujet de la hiérarchisation des doctrines au cours des siècles, ont cherché à appliquer soigneusement les meilleurs principes herméneutiques pour discerner les points fondamentaux et ont rédigé des confessions de foi. Quelque imparfaites que restent ces œuvres humaines, elles peuvent aussi nous aider à clarifier les points les plus importants de la doctrine chrétienne.
Que de mots compliqués pour le titre d’un éditorial ! Ce numéro a pourtant pour objectif de présenter de façon simple quelques enjeux de l’interprétation de la Bible. Interpréter les Écritures implique, de façon implicite ou explicite, de mettre en œuvre des « principes d’interprétation » et ces principes sont précisément ce qu’on appelle « l’herméneutique ».
Parmi les nombreux systèmes herméneutiques, nous proposons de retenir une « herméneutique grammatico-historico-littéraire » :
• grammaticale, parce que la Bible se présente comme un texte faisant sens, qui suit les règles du langage écrit de ses originaux hébreu et grec ;
• historique, parce que chaque livre de la Bible a été rédigé à un moment précis de l’histoire et en relation avec des faits et un contexte historiques qu’il convient de comprendre pour interpréter correctement ;
• littéraire, parce que la Bible est un ouvrage littéraire aux styles variés — Dieu nous ayant parlé « de bien des manières » (Héb 1.1) — styles qu’il convient de soigneusement distinguer pour ne pas se tromper dans son interprétation.
Mais ne nous arrêtons pas à ces trois adjectifs fondamentaux, car une herméneutique fidèle se doit d’être aussi :
• christocentrique, car Christ est le point central de la Bible dont la révélation progressive conduit vers lui ;
• pratique, car la finalité de toute interprétation doit être d’orienter nos pensées et nos actions pour glorifier le Seigneur.
Que ce numéro contribue à nous faire mieux aimer et comprendre la Bible, la lettre d’amour de notre Dieu !
Les EMI : le tunnel obscur et la lumière au bout
Quand j’étais jeune, dans les années 80, j’ai dévoré les livres du psychologue et médecin américain Raymond Moody, premier auteur à succès s’étant penché sur ces Expériences de Mort Imminente (EMI ou NDE, Near Death Experience en anglais 3 ). Voici une description de ce type d’expérience :
« Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. […]
Il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscur et long tunnel. Après quoi il se retrouve soudain hors de son corps physique, sans quitter toutefois son environnement immédiat ; il aperçoit son propre corps à distance, comme en spectateur. […] Bientôt, d’autres événements se produisent : d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide ; il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui. Et soudain, une entité spirituelle, d’une espèce inconnue, un esprit de chaude tendresse, tout vibrant d’amour, un être de lumière se montre à lui. Cet être fait surgir en lui une interrogation, qui n’est pas verbalement prononcée, et qui le porte à effectuer le bilan de sa vie passée. L’entité le seconde dans cette tâche en lui procurant une vision panoramique, instantanée, de tous les événements qui ont marqué son destin. Le moment vient ensuite où le défunt semble rencontrer une sorte de barrière, ou de frontière, symbolisant l’ultime limite entre sa vie terrestre et la vie à venir.
Mais il constate alors qu’il lui faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. À cet instant, il résiste, car il est désormais subjugué par le flux des événements de l’après-vie et ne souhaite pas ce retour. » 4.
Depuis la publication de ces ouvrages, des études scientifiques plus fines ont été menées pour décrire avec précision ce phénomène. Adrien Peyrache est neuroscientifique à l’université McGill, au Canada, où il dirige un laboratoire de recherche. Il note les constantes que l’on retrouve dans ce type d’expériences :
« Ces travaux conduits par Helena Cassol, neuropsychologue et doctorante en sciences biomédicales, mettent en évidence 11 composantes : vision d’une lumière, rencontre avec des défunts ou avec un être mystique, hyperlucidité, narration de scènes, sensation d’être dans l’obscurité, expérience de décorporation (Out-of-Body Experience, ou OBE), impression d’être mort, souvenir d’événements de vie passés ou de prémonitions, sensation d’entrer dans l’expérience de mort imminente, retour de l’expérience de mort imminente, perception altérée du temps. » 5
Les EMI : des expériences fiables ?
Ces expériences ne sont pas fiables dans le sens où elles ne décrivent pas ce qui se passe à la mort. Voilà pourquoi.
• Des expériences similaires sont vécues dans d’autres circonstances. Une personne sous anesthésie décrit un état analogue : « Après avoir été endormi – ce à l’éther ou au protoxyde d’azote, je ne sais plus – le garçon s’était retrouvé comme flottant près du plafond de la chambre ; au-dessous de lui, il se voyait lui-même, immobile, pendant que le praticien, aperçu de dos, se penchait sur son travail. » 6
• Il existe d’autres conditions où l’état de la conscience est altéré : « Certaines expériences furent tentées, qui consistaient à provoquer une expérience métaphysique par une ingestion de LSD, afin d’aider les malades terminaux à transcender leur peur de la mort. Ainsi par exemple, Kast fit une première expérimentation contrôlée en 1966.
Du LSD fut administré à 80 patients souffrant de tumeurs malignes. 90 % des patients en retirèrent une conscience accrue du sens de leur existence, et changèrent radicalement leur approche de la mort.
[…] Étonnamment, [les chercheurs] observèrent aussi que la condition physique des patients qui avaient vécu ainsi une expérience transcendante s’était améliorée de façon spectaculaire. » 7
Il est vrai qu’à l’approche de la mort, et spécialement en cas de mort violente, des mécanismes physiologiques sont activés, donnant lieu à des sensations semblables à celles décrites plus haut. Les explications psychologiques sont également intéressantes, mais ne semblent pas convaincantes.
Un autre phénomène troublant est la « couleur religieuse » de l’expérience. La mère d’un ami, de famille chrétienne, a vécu cet événement de la mort imminente selon une grille de références chrétiennes. Est-ce à dire que chacun voit la mort selon sa compréhension ?
Un auteur adepte de la réincarnation prétend : « Le mort qui reste lucide, qui ouvre ses yeux et ses oreilles, celui-là verra après quelque temps cette lumière devenir une divinité. Et là, il se passe une chose peu compréhensible mais qui prouve que tous les hommes, malgré leurs différences, sont les fils de la nature. En effet, un chrétien verra Jésus-Christ, un Juif apercevra Moïse, un musulman contemplera Mohamed, un Indien découvrira Bouddha, un athée verra Socrate, etc. […]
L’important est d’atteindre la lumière qui se trouve sur la montagne secrète, […] peu importe la pente que l’on gravit. » 8
Cette belle « macédoine » religieuse incite à pencher vers l’hypothèse d’une projection. Les visions de nature spirituelle sont nombreuses et variées. Une femme de mineur d’une soixantaine d’années se mourait d’un cancer excessivement douloureux. En extase, semblant très heureuse, elle dit à l’infirmière dans un état de parfaite lucidité : « La Vierge Marie ! Comme elle est belle ! » 9 Si chacun voit ce à quoi il croit, comment peut-on penser être devant le véritable récit de la mort ? Et si tous sont revenus, c’est qu’aucun n’était vraiment mort !
Une étude scientifique invalide cette thèse des EMI
Peyrache note déjà que contrairement aux affirmations de la littérature (Moody en tête), il y a près de 20 % d’expériences négatives. Il ne faut donc pas déduire que la mort, telle que représentée par ces livres à succès, donne une image globale constante de ceux qui s’en seraient approchés. Il note aussi que pour plusieurs, ces expériences « constituent la preuve de l’existence d’une vie après la mort. Ce raisonnement ne repose sur rien de sérieux. Par définition, aucun de ceux qui ont rapporté un vécu d’expériences de mort imminente n’a connu la mort. “Tout vient d’une confusion entre les concepts de mort cérébrale, où le cerveau est devenu totalement inactif, et de mort clinique, laquelle se limite à la cessation de la respiration et de la circulation sanguine, laissant ainsi encore une chance de récupération”, explique Charlotte Martial. Ainsi, les EMI ne nous permettent-elles pas de tirer la moindre conclusion scientifique au sujet d’un au-delà. » 10
Et la Bible ?
La Bible rapporte plusieurs cas de « ressuscitation » 11 , sans que ne soient décrits le ressenti ou l’expérience des individus concernés. Cette sobriété du récit biblique est à mon sens un argument qui plaide en faveur de l’historicité des événements relatés. Nous aurions posé mille questions au sujet de ce qu’il y avait de l’autre côté, nous aurions rapporté la réponse à grand renfort de publicité et d’exagération ! Mais rien de cela. Seul le rapport du fait nous est laissé.
Voici quelques-unes des ressuscitations miraculeuses, spectaculaires, que rapporte la Bible :
• trois dans l’A.T. : le fils de la veuve de Sarepta (1 Rois 17.17-22) ; le fils de la Sunamite (2 Rois 4.18 -37) ; et l’homme dont le corps touche les os d’Élisée (2 Rois 13.20-21) ;
• trois dans les Évangiles : la fille de Jaïrus (Marc 5.35 -42) ; le fils de la veuve de Naïn (Luc 7.12 -15) ; Lazare (Jean 1.38-44) ;
• une dans le livre des Actes : Tabitha (Act 9.36-41).
Absolument rien ne transparaît de leur expérience.
L’accent est tout entier placé sur la vie accordée, sur le réconfort des proches, sur la puissance de Dieu, sur la foi en Christ, auteur d’une restauration complète par l’Évangile.
Nous sommes tellement curieux sur l’au-delà ! Mais la Bible ne joue pas sur notre imagination et concentre l’essentiel de notre attention sur « ici et maintenant », avec seulement quelques brèves descriptions ou anticipations de la vie au-delà du voile (cf. 1 Cor 15 ; 2 Cor 4-5 ; 12 ; Apoc 6…).
Cela doit nous inviter à la plus extrême prudence devant ceux et celles qui mettent en avant des voyages extraordinaires dans l’au-delà. Le monde spirituel n’est pas neutre (2 Cor 11.14). La fraude est fréquente, même parmi ceux qui se réclament d’une spiritualité « chrétienne ».
Il serait tragique de compter sur les EMI pour affronter la mort, quand elles ne sont que le fruit de l’imagination ou de conditions physiologiques non identifiées par la médecine. Mieux vaut considérer la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ – résurrection qui est un événement historique attesté ! À la sœur de Lazare, mort et enterré et qu’il ressuscitera peu de temps après, Jésus dit, pour notre réconfort et notre assurance : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11.25-26).
- Le titre est pudique : puisque tous sont revenus, il est difficile de parler de mort. Mais les livres de Raymond Moody en parlent comme si c’était réellement la mort : La vie après la vie, Lumières nouvelles sur la vie après la vie. Voir également les ouvrages de Kübler-Ross, Osis et Haraldsson etc.
- Citation de R. Moody, La vie après la vie, p. 36-37. On remarque la similitude avec le mythe d’Er que Platon relate dans le dixième livre de La République. Un soldat meurt, visite le pays des morts et revient. Tous les détails observés par Moody sont présents : décorporation, vue d’en haut, vision panoramique et rencontre avec des êtres surnaturels. Cette citation est reprise de mon livre sur la réincarnation(Florent Varak, La réincarnation, Éditions CLÉ).
- Adrien Peyrache, « Expériences de mort imminente : le quête d’une explication rationnelle », La Recherche, n° 540, octobre 2018, p. 60-64.
- Préface de P. Misraki dans l’ouvrage de R. Moody, La vie après la vie, p.10.
- C. Hardy, L’après-vie à l’épreuve de la science, Éditions du Rocher, 1986, p. 48-49.
- P. Vigne, La réincarnation, sur les traces des vies antérieures : les preuves de leurs existences, Éditions de Vecchi, 1988, p. 112.
- Adrien Peyrache,
op. cit.
, p. 63 - Adrien Peyrache, op. cit., p. 64.
- À distinguer de la « résurrection » puisque ces individus sont repassés par la mort. La résurrection, selon la Bible, touchera croyants et non-croyants (Act 24.15), donnant un corps impérissable dans la présence de Dieu ou dans l’absence de Dieu.
Au milieu d’une discussion longue et détaillée sur la résurrection dans 1 Corinthiens 15, Paul lance une phrase déroutante :
« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » (1 Cor. 15.29)
Dans un chapitre remarquable pour son argumentation claire et soignée, ce verset se démarque. L’église de Corinthe a certainement eu sa part de pratiques douteuses, mais baptiser au nom des morts semble étrange, même pour eux. Paul y fait juste allusion, sans expliquer ce qui se passait à Corinthe. Est-ce une pratique que l’Église devrait mettre en œuvre aujourd’hui ? Paul ne la condamne pas. Que devrions-nous alors penser ?
Il est difficile de dire exactement ce que faisaient les chrétiens de Corinthe.
La mention rapide du baptême pour les morts par Paul ne fournit pas beaucoup d’informations. Il n’est pas étonnant que les spécialistes estiment que plus de 200 théories différentes ont été proposées.
Les quatre interprétations les plus largement acceptées
1. Théorie du remplacement
Les personnes baptisées au nom des morts remplaceraient les saints de la congrégation qui sont décédés. Pour utiliser l’imagerie militaire : lorsqu’un soldat tombe, un autre se lève pour prendre sa place.
2. Théorie de l’évangélisation
Ils seraient baptisés en l’honneur de quelqu’un dont les prières ou l’évangélisation les ont amenés à la foi. Par exemple, peut-être que votre grand-mère a prié pour votre salut pendant toute votre jeunesse, et que vous êtes devenu chrétien après sa mort. Selon cette théorie, le baptême pour les morts signifierait simplement que vous honorez le rôle de votre grand-mère dans votre salut.
3. Théorie du baptême par procuration
Si une personne était en train de devenir membre de l’église et qu’elle est décédée avant de pouvoir être baptisée, quelqu’un pourrait se porter volontaire pour être baptisé en son nom. Pourquoi ? Probablement à cause d’une idée erronée selon laquelle le baptême est un rite mystique nécessaire à la vie éternelle.
Peut-être croyaient-ils que le salut ne serait pas possible pour une personne qui mourrait sans être baptisée, sauf si une personne vivante était baptisée à sa place.
En faveur de ce point de vue, l’expression « pour » les morts semble indiquer un type de baptême par procuration ou par substitution. Mais ce point de vue se heurte à des questions difficiles :
• Pourquoi les chrétiens de Corinthe auraient-ils une pratique particulière du baptême, qui ne serait mentionnée nulle part ailleurs dans la Bible ?
• Pourquoi Paul ne condamne-t-il pas cette pratique si elle n’est pas théologiquement correcte ?
• Pourquoi Paul ne recommande-t-il pas ou n’explique-t-il pas cette pratique si elle est bonne ?
4. Théorie du baptême à la hâte
Jean Calvin a avancé un argument solide contre la théorie du baptême par procuration, en affirmant que Paul n’aurait pas manqué de réfuter une vision aussi erronée du baptême. Après avoir reproché aux Corinthiens tant de péchés et d’erreurs, Paul ne passerait pas sous silence cette étrange pratique.
Calvin pensait que Paul faisait référence à un baptême normal et trinitaire. Pourquoi employait-il alors l’expression « baptisé pour un mort » ?
Calvin soutenait que si un nouveau converti se préparait à devenir membre de l’église et tombait malade au point que la mort semblait imminente, il pouvait demander à être baptisé sans avoir terminé sa préparation.
Devrions-nous baptiser pour les morts ?
Quel que soit le point de vue que nous trouvions le plus convaincant, ce qui nous laisse le plus perplexe à propos du baptême pour les morts, c’est que Paul ne le condamne ni ne l’approuve. Cela n’implique pas pour autant que nous ne puissions pas comprendre ce que Paul enseigne. Le silence de Paul nous laisse perplexes, mais il est aussi instructif. Ce qu’il dit ne concerne pas vraiment le baptême pour les morts.
Paul reconnaît simplement l’existence de la pratique, quelle qu’elle soit, et l’utilise pour construire une argumentation.
Nous devons considérer tout le chapitre pour comprendre cette argumentation.
Paul commence par défendre l’historicité de la résurrection de Jésus. Ensuite, il répond à ceux qui nient la résurrection, en leur demandant comment ils peuvent le faire si le Christ est ressuscité. Il énumère ensuite les résultats de la résurrection du Christ : les morts seront ressuscités, et le Christ reviendra pour établir son royaume et vaincre la mort une fois pour toutes. Paul présente des arguments supplémentaires en faveur de la résurrection, puis il mentionne le baptême des morts au verset 29.
Quand on arrive à ce verset, c’est comme si Paul disait : « Si les arguments précédents ne suffisent pas, voici encore une raison de plus de croire en la résurrection des morts ! » Le but de Paul n’est pas de condamner ou de louer cette pratique. Il veut simplement souligner que sans la résurrection, la pratique est absurde. Encore une fois, c’est comme s’il disait : « Si vous ne croyez pas en la résurrection, pourquoi baptiser au nom des morts ? Votre pratique est en contradiction avec votre croyance ! » Paul veut que nous reliions constamment notre foi et notre pratique.
S’il n’y avait pas de résurrection, alors la vie devrait être vécue à la poursuite de plaisirs passagers, et non au service du Christ. Pourtant, comme Paul l’a déjà affirmé, Christ est ressuscité – et les croyants peuvent être sûrs qu’ils le seront aussi. Si nous doutons de la résurrection, si nous vivons en contradiction avec la résurrection, si nous vivons comme si cette vie était tout ce que nous avions, alors Paul exhorte les Corinthiens, et nous, à ne pas nous laisser tromper (1 Cor 15.33).
Il est clair que non
Les églises devraient-elles donc baptiser pour les morts ? Non. Paul ne recommande pas implicitement cette pratique (et nous ne savons pas avec certitude ce que faisaient les Corinthiens, donc nous ne pourrions pas les imiter même si nous le voulions).
La remarque de Paul n’a rien à voir avec la justesse ou la fausseté de ce que faisaient les Corinthiens. Son enseignement porte plutôt sur l’espérance de la vie éternelle, qui nous appartient par la foi, car Jésus a vaincu la mort.
Source : Les chrétiens devraient-ils baptiser pour les morts ?
https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/les-chretiens-devraient-ils-baptiser-pour-les-morts/
Cet article est déjà paru sur le périodique Le Lien Fraternel de mars 2018. Il est reproduit avec l’aimable autorisation de l’Association évangélique d’Églises baptistes de langue française et de son auteur.
La traduction de la Bible utilisée dans cet article est la Segond 21.
Le chapitre 2 de l’Exode nous parle d’une attente, une très longue attente.
Dieu, qui a adressé des promesses saisissantes à son peuple, Israël, semble prendre son temps pour les accomplir. Comment Dieu révèle-t-il son caractère et ses projets dans nos temps d’attente ?
Dieu délivre
Le contexte de notre chapitre est terrifiant : un pharaon cruel ordonne de supprimer tous les enfants mâles des Hébreux (cf. ch. 1). Or une mère, qui reste anonyme ici, va faire un geste qui, à coup sûr, lui a terriblement coûté. Qui peut imaginer laisser son enfant dans une « caisse de joncs » (2.3) sur un fleuve ? Mais l’histoire se termine bien — en tout cas, aussi bien que possible vu les circonstances. La maman devra renoncer à ses prérogatives de mère, mais elle aura le réconfort de voir son garçon grandir, et de le savoir protégé. Son bébé va non seulement être sauvé du massacre, mais encore être accueilli et élevé dans la famille du pharaon.
C’est un retournement de plus dans une histoire qui en compte beaucoup. Dieu préserve l’enfant, Moïse. Mais c’est une délivrance discrète, à petite échelle. Dieu utilise une fois de plus des gens modestes. Une maman anonyme dont l’amour déborde au point d’avoir recours
à une solution presque inimaginable. Une grande sœur pleine de courage qui va oser, elle fille d’esclaves, s’adresser à rien moins que la fille du pharaon, et lui proposer une nourrice (2.7).
Dieu aime utiliser des gens ordinaires pour accomplir ses projets. On ne cesse de le voir dans les Écritures. C’est un rappel pour nous, gens ordinaires à qui Dieu confie une mission extraordinaire, unique : être les porteurs de son message de réconciliation avec le monde.
Le texte évoque ensuite une deuxième délivrance. Moïse, qui se découvre une nouvelle solidarité avec le peuple hébreu, tue un Égyptien qui maltraitait un Hébreu, et doit se cacher pendant des années dans un pays étranger (2.15). Une fois de plus, sa vie est menacée par le pharaon qui, pourtant, est en quelque sorte son grand-père adoptif. On peut imaginer le déchirement pour celui qui a été élevé à la cour. Pourtant, si cette fuite peut paraître honteuse, elle sera en réalité salutaire. Dieu va à nouveau protéger Moïse des attaques du pharaon, le « cacher », comme il avait été caché par sa mère après sa naissance.
Mais Israël continue de souffrir. La fin du chapitre le confirme d’ailleurs explicitement : « Les Israélites gémissaient du fond de l’esclavage, ils poussaient des cris » (2.23). L’attente d’une délivrance à grande échelle perdure. Mais à petite échelle, dans la vie de Moïse, Dieu montre qu’il est un libérateur. Et s’il libère Moïse par deux fois, c’est parce qu’il veut utiliser Moïse pour libérer tout son peuple.
Dieu n’a pas changé. Aujourd’hui encore, il est le Dieu libérateur. Nous qui sommes chrétiens, nous affirmons que nous avons été « sauvés », délivrés par Dieu du pire esclavage qui soit : celui du péché et de la mort, celui d’une vie vécue loin de Dieu. Ainsi parle Paul (Gal 4.7) : « Tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier de Dieu par Christ. » Peut-on imaginer meilleur destin que celui-ci ? Y croyons-nous vraiment ? Pouvons- nous proclamer avec force que Dieu nous a délivrés, quelles que soient nos circonstances
aujourd’hui ?
Dans notre quotidien également, nous assistons plus souvent que nous ne voulons le reconnaître à des délivrances à petite échelle qui nous rappellent le caractère de Dieu. Combien de fois Dieu nous a-t-il délivrés d’une situation difficile ? Combien de fois nous a-t-il relevés alors que nous étions abattus, voire effondrés ?
Dieu est le Dieu qui délivre. Et lorsqu’il nous fait attendre, cela ne l’empêche pas de se manifester dans nos vies comme le Dieu qui délivre.
Dieu prépare
Le chapitre 2 de l’Exode nous présente pour la première fois Moïse qui va devenir, après Dieu, le personnage-clé de tout le livre. Le chapitre 3 décrira son appel. Mais ici se dessine plutôt sa formation, sa longue formation. Dieu l’a préparé d’abord, bien sûr, en permettant qu’il soit sauvé des eaux. Ensuite, même si le texte ne s’y attarde pas ici, le Nouveau Testament confirmera que Moïse a été formé au sein de l’élite égyptienne : « Moïse a été formé avec toute la sagesse des Égyptiens » (Act 7.22, cf. aussi Héb 11.26). Fils de la fille de Pharaon, Moïse a indubitablement reçu ce qu’il y avait de meilleur en Égypte. Mais Dieu a aussi fait un travail dans son cœur : « Une fois devenu grand, Moïse sortit vers ses frères et vit leurs pénibles travaux » (2.11). Moïse considère les Hébreux comme « ses frères ». Il s’identifie au peuple hébreu. Cette évolution de son « identité » va prendre un tournant dramatique lorsqu’il assassine l’Égyptien (2.12). Le texte ne se prononce pas sur le geste de Moïse. Mais ce meurtre confirme définitivement le basculement d’identité de Moïse. En prenant parti pour un Israélite contre un Égyptien, il a choisi son camp, même si ce camp se méfie encore de lui (2.14). Et Dieu continue à préparer Moïse à devenir le libérateur de son peuple. La dernière étape de cette préparation se fera dans la fuite au pays de Madian, sans doute quelque part sur la péninsule arabique.
Moïse a définitivement renoncé à la gloire de l’Égypte. Il vit en immigré (2.15), serviteur d’un prêtre, Réouel. Moïse va passer près de quarante ans (cf. 2.21 ; Act 7.23) dans cette situation entièrement nouvelle, très loin des palais égyptiens. Le début du chapitre 3 nous indique qu’il travaille tout simplement comme berger, lui qui était promis à un avenir dans la noblesse égyptienne. On peut supposer que Moïse a mûri pendant ce temps. Il a appris l’humilité, la simplicité, et s’est sans doute débarrassé des réflexes de privilégié qu’il avait pu acquérir en Égypte.
Chacun d’entre nous est certainement « en attente » de quelque chose: une meilleure situation professionnelle, la fin d’un conflit, une guérison, la rencontre d’un futur conjoint. En tant que chrétiens nous attendons en particulier que notre amour pour Dieu grandisse, que notre foi soit plus ferme, que nos hésitations laissent place à une plus grande confiance en lui. Moïse attendra quarante années. Mais tout au long de cette attente, Dieu l’a formé. Vous me direz : « Oui, mais je n’ai pas la même vocation que Moïse. » C’est vrai. Mais la nôtre n’est pas moins glorieuse. Elle l’est même plus, si j’en crois le Nouveau Testament. Nous chrétiens sommes invités à être porteurs d’une parole qui libère les hommes et les femmes de l’oppression d’une vie vécue sans Dieu, du péché, du mal, de la futilité et de la mort. Dieu nous appelle tous à être au service de la plus grande des causes. Peut-être devons- nous, nous aussi, laisser Dieu nous libérer douloureusement ? Nous libérer des espérances qui nous animent aujourd’hui et qui sont peut-être de fausses espérances ou des choses qui détournent notre attention de l’essentiel ? Les épreuves et les attentes que nous vivons pourraient-elles être des temps de formation personnalisée que Dieu nous réserve afin de nous amener à une vraie liberté, une vraie joie, une vraie paix que nous n’imaginons pas ?
Dieu a préparé Moïse. Cela a duré très longtemps. Mais ce n’était pas en vain. Dieu met à part. Dieu prépare. Et enfin, Dieu entend.
Dieu entend
Ce qui rend l’attente difficile, c’est de ne pas savoir « jusqu’à quand ». Nous avons tous à l’esprit des sujets de prière que nous portons depuis longtemps. Au-delà de nos sujets personnels, notre maturité dans la foi nous pousse à prier plus largement pour que Dieu intervienne non seulement dans nos vies, mais dans le monde entier : qu’il essuie les larmes, qu’il mette fin à l’oppression et au mal, qu’il balaye la mort pour toujours.
L’une des premières exclamations des chrétiens était une expression araméenne, « Maranatha ! », « Viens, Seigneur ! ». Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel ! Délivre-nous du mal ! Et face à une attente qui dure, qui dure, la Bible elle-même nous invite à crier vers Dieu : « Jusqu’à quand, Seigneur ? ». Ce n’est pas un cri amer ou rebelle, mais un cri de dépendance et de foi : « Seigneur, tu as les clés de cette situation. Tu as les clés de l’Histoire. Je sais que tu vas intervenir.
Jusqu’à quand me feras-tu attendre ? » Dans l’histoire de Moïse, l’attente a été très longue : « Longtemps après, le roi d’Égypte mourut » (2.23). Or, cette mort a-t-elle apporté la délivrance tant espérée ? Eh bien non. Après le pharaon cruel, il y a un autre pharaon cruel.
Depuis la mort de Joseph, un long temps s’est écoulé (12.40-41) ! C’est interminable ! Mais au moment décidé, Dieu a entendu la prière de son peuple. « Dieu entendit leurs gémissements et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites, il comprit leur situation » (2.24-25). L’attente faisait partie de ses projets. Et au moment choisi, il a agi en fonction de l’engagement qu’il avait pris de faire des descendants d’Abraham son peuple, de les bénir, de leur donner une terre, de les sauver. « Dieu […] se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. »
Tout au long de l’Ancien Testament, même dans les périodes les plus sombres, cet engagement solennel de Dieu refait surface régulièrement. Ce n’est pas pour rien qu’il a affirmé qu’il sauverait son peuple, et qu’en définitive il sauverait tous les peuples. Les périodes d’attente ont du sens. Elles sont l’occasion pour Dieu d’écrire une histoire beaucoup plus riche et profonde.
Quand Jésus est venu, beaucoup ne l’attendaient même plus vraiment. Beaucoup avaient oublié la promesse d’un Sauveur, d’une délivrance pour toutes les nations, d’une réconciliation avec Dieu. Mais Dieu a tenu sa promesse. Et il a fait beaucoup plus et mieux que personne n’aurait imaginé. Dieu n’oublie pas ses promesses. Et il répond, parfois quand on ne s’y attend même plus.
Or si nous avons confié notre vie à Jésus-Christ, nous avons reçu cette promesse : « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan » (Rom 8.28). Même les attentes que nous ne comprenons pas sont utilisées par Dieu pour notre bien. De même que Dieu n’a pas oublié la promesse faite à Abraham, il n’oubliera pas ses promesses faites en Jésus-Christ.
En Jésus-Christ, Dieu nous a promis une nouvelle identité, le pardon de toutes nos fautes, son Esprit qui change notre cœur, une nouvelle famille, l’Église, la puissance de résurrection par laquelle il a ressuscité Jésus et par laquelle il nous fera, nous aussi, sortir un jour du tombeau.
Prenons conscience de la force saisissante de tout cela et nous comprendrons que les attentes que Dieu nous fait subir ne sont pas vaines ! L’histoire qu’il écrit est parfaite. Il a fait attendre Abraham. Il a fait attendre Moïse. Il a fait attendre Israël. Il nous fait attendre aujourd’hui. Mais dans cette attente, il nous délivre déjà. Il nous prépare chaque jour. Il entend nos cris. Et il agira, parce que rien ni personne ne pourra nous ôter son amour (Rom 8.38-39).
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