Vocation et revenu

Lorsque Dieu nous appelle1 à lui, il désire nous accompagner dans tous les domaines de notre vie. Cela inclut, d’une part, notre relation au travail (quel travail ? combien travailler ?) et, d’autre part, notre relation au revenu ou salaire (de combien d’argent ai-je besoin ? comment gérer mes revenus ?). Ces deux éléments représentent deux aspects distincts de notre relation à Dieu : le premier reflète notre obéissance à Dieu, alors que le second est lié à notre confiance en lui. Ils s’influencent néanmoins fortement l’un l’autre : notre conception de ce qu’est un « revenu correct » peut, par exemple, nous empêcher d’entrer dans certains appels spécifiques de Dieu. Dans cet article, nous nous intéressons aux interactions entre ces deux aspects de notre vie spirituelle.

La Bible, la vocation et le revenu

Alors que la littérature chrétienne sur l’argent et la fortune abonde, la question du revenu est souvent abordée uniquement comme conséquence d’une vocation particulière. On attend du pasteur ou du missionnaire qu’il renonce à un haut revenu pour s’adonner à sa vocation et qu’il n’abuse pas des dons reçus.

Pour les autres personnes, la question du revenu est souvent implicite. Il va de soi, pour beaucoup, que notre vocation est de trouver un travail qui paie suffisamment bien pour subvenir aux besoins de notre ménage.

Cette vision de la vocation a généralement deux conséquences.

Premièrement, la « vocation » est réduite à l’enjeu de trouver, à tout prix, un emploi pour gagner notre vie. Notre contribution au royaume de Dieu au travers de nos dons et talents doit alors se faire dans des activités secondaires et bénévoles.

Deuxièmement, cette approche est souvent utilisée pour légitimer nos hauts revenus, nos décisions éthiquement discutables, ainsi que la poursuite de nos ambitions et envies personnelles au détriment d’une recherche sincère de la volonté de Dieu pour notre vie.

Il en résulte que, ni la vocation, ni le revenu ne sont intégrés explicitement à notre vie de foi, mais sont subordonnés au souci de notre bien-être. Or bibliquement, il semble que notre relation au travail et notre relation au revenu représentent deux fondements distincts de la spiritualité de tout chrétien – la première nous défiant au niveau de notre obéissance à Dieu et la seconde au niveau de notre confiance en lui.

Dans le jardin d’Éden, les bénédictions matérielles ne sont pas la conséquence de l’appel adressé à Adam et Ève de prendre soin de la création, mais découlent de la richesse abondante du jardin. Et si la chute conditionne la riche providence de la terre à un dur labeur (Gen 3), la terre promise restaure, dans une certaine mesure, l’abondance gratuite du jardin d’Éden. Canaan est « un pays où coulent le lait et le miel » (Ex 3.17). Aussi bien en Éden qu’en Canaan, la bénédiction ne dépend donc pas de notre vocation professionnelle, mais d’un appel bien plus large. Elle dépend de notre réponse obéissante à l’appel de Dieu à devenir son peuple. Le travail est maudit suite à la rupture de la relation avec Dieu, et non à cause d’une faute professionnelle. De même, Dieu bénit le pays promis avant même que les Israélites ne prouvent par leur labeur qu’ils méritent une telle bénédiction. Il ordonne d’ailleurs l’aberration économique de respecter un jour de repos sur sept et une année de repos sur sept (Ex 20 ; Lév 25) – ceci pour nous rappeler que c’est lui, et non notre propre force, qui assure notre revenu (Deut 8.17). Dieu nous demande certes de travailler (Pr 6.6-11 ; 10.4 ; 13.4 ; 2 Thes 3.10), mais c’est lui qui assure l’abondance du lait et du miel.

Bien que le N.T. ne promette plus lait et miel en abondance, l’obéissance à l’appel du Christ et la confiance en Dieu restent des thèmes centraux. D’une part, tout comme Israël (Deut 30.19), nous sommes forcés à faire un choix fondamental quant à la confiance. Nous ne pouvons servir deux maîtres. Nous devons donc choisir entre mettre notre confiance en celui qui prend soin de nous ou nous soucier de ce que nous mangerons (Luc 12.15-31 ; Jac 5). Ce choix concerne tout le monde, autant celui qui travaille dans l’église que celui qui œuvre dans le monde séculier. Dans la mesure où le grec ne fait pas de différence entre « croire en » et « faire confiance », notre manière de « faire confiance » à Dieu pour la nourriture est un témoignage visible de ce que nous croyons au sujet du Christ. Dans ce sens, bien qu’une perte de revenu représente une bonne occasion de réfléchir à notre vocation, elle peut, dans certains cas, être simplement un moyen pour développer notre confiance en Dieu. Loin d’être une pure question matérielle, la question du revenu est donc une composante centrale de notre relation avec Dieu.

D’autre part, l’obéissance est au centre du N.T.2 C’est en répondant à son appel que nous recevons une nouvelle identité, celle de citoyens du royaume de Dieu (És 43.1 ; 1 Tim 6.12). Cette nouvelle identité va radicalement transformer nos priorités. Ici aussi, aucune différence ne peut être faite entre celui qui travaille comme missionnaire ou pasteur et celui qui travaille dans le monde séculier. Nous sommes tous appelés à reconnaître Dieu comme le seul Seigneur et à discerner sa volonté concernant notre vie quotidienne. Dans tous nos choix de vie, y compris le travail et les loisirs, nous sommes appelés à chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice (Mat 6.33 ; cf. Jér 29.7 ; Éph 2.16). Ces choix sont un témoignage concret de notre volonté ou de notre résistance à suivre Dieu de manière obéissante et libre – tout comme le sacrifice du Christ était un acte d’obéissance librement choisie.

L’influence réciproque des conceptions de vocation et de revenu

Bien que distinctes, les questions de vocation et de revenu s’influencent néanmoins réciproquement. Une compréhension saine de la vocation comme un appel adressé à l’ensemble de la vie de chaque chrétien permet d’envisager des combinaisons créatives d’activités payées et non-payées. Celles-ci intègrent tous les aspects de nos vies, y compris le travail, la famille et l’engagement dans l’église et la société. Dieu peut, par exemple, appeler une personne à travailler à temps partiel dans un emploi bien rémunéré afin d’avoir beaucoup de temps non-payé pour s’investir dans l’église ou prendre soin de ses parents âgés. De même, au sein d’un couple, une personne peut avoir un emploi rémunéré afin que l’autre puisse développer un ministère parmi les jeunes du quartier. De telles « carrières » sont un défi dans la culture environnante. Dès lors, elles représentent un témoignage fort de notre vision différente du monde et de notre dépendance de ce Dieu qui promet de pourvoir à nos besoins.

De même, une compréhension saine de la manière dont Dieu désire prendre soin de ses enfants nous permet de répondre en toute liberté à l’appel de Dieu dans tous les domaines de notre vie. Elle nous offre la sérénité nécessaire pour accepter les implications de notre appel en lien avec le choix de notre travail et de notre temps libre ainsi qu’avec le type et la taille de notre revenu. À l’inverse, une fausse théologie du revenu peut nous empêcher de découvrir pleinement notre appel. Par exemple, une mauvaise compréhension de notre responsabilité personnelle à subvenir à nos besoins peut nous conduire à travailler dur pour faire carrière et ne pas être licenciés, nous empêchant ainsi de répondre à l’appel que Dieu réserve à l’ensemble de notre vie. Dans d’autres cas, une compréhension simpliste de Matthieu 6.24-32 peut conduire à la paresse ou nous faire manquer la pleine richesse des bénédictions que Dieu a pour nous dans les parties moins attrayantes ou plus exigeantes de notre appel.

En résumé, une compréhension saine et complète de la vocation et du revenu nous rapproche concrètement de ce Dieu qui nous appelle à une relation d’obéissance et de confiance dans tous les aspects de notre vie. De plus, vocation et revenu, respectivement obéissance et confiance, forment un cercle soit vertueux soit vicieux. Une bonne compréhension de notre appel nous détourne des tracas matériels et nous rend libres d’entrer encore davantage dans celui-ci. Inversement, une mauvaise compréhension de l’appel nous pousse à nous soucier davantage de nos revenus, nous empêchant ainsi de discerner pleinement l’appel de Dieu pour notre vie3.

En pratique

La distinction entre vocation et revenu implique premièrement que nous n’avons pas à trouver un revenu avant de discerner l’appel de Dieu pour notre vie. Au contraire, la question du revenu fait partie de notre vocation. Dieu étant bon et cohérent, son appel pour notre vie inclut, d’une manière ou d’une autre, de quoi subvenir à nos besoins. Le plus souvent, ce sera au travers d’une certaine quantité de travail rémunéré ; pour une minorité d’entre nous, pour un temps donné, ce pourrait être par des corbeaux… (1 Rois 17). Dans tous les cas, ces activités, rémunérées ou non, font partie de l’appel bienveillant et cohérent de Dieu pour l’ensemble de notre vie – un appel, premièrement, à être en relation avec lui, le servir et le glorifier 24 heures sur 24, aussi par notre travail et notre repos. Cela implique, pour ceux parmi nous qui sont appelés à une activité dont ils ne peuvent vivre, de découvrir les autres facettes de l’appel de Dieu. Cela implique également que considérer le travail salarié comme le seul moyen de pourvoir à nos besoins est un manque de foi en la bienveillance et la créativité de Dieu.

Deuxièmement, la séparation entre vocation et revenu supprime toute différence entre ceux qui travaillent dans le monde séculier et les pasteurs ou missionnaires. Nous devons tous entrer dans l’appel de Dieu pour l’ensemble de notre vie. Cet appel requiert l’obéissance complète au Christ et la confiance que Dieu pourvoit à nos besoins – parfois de manière surnaturelle et parfois d’une manière qui exige davantage d’efforts de notre part. Notre responsabilité est de cheminer avec Dieu et de régulièrement se mettre à l’écoute des directives de Dieu pour la suite de notre vie – une marche qui combinera probablement nos talents, notre contribution au royaume de Dieu et une manière spécifique de pourvoir à nos besoins à chaque étape. Dieu peut, en effet, nous appeler à tout âge à une nouvelle orientation qui peut impliquer la perte de l’apparente sécurité de notre travail et nous faire entrer dans de nouveaux bons projets.

Finalement, une saine théologie des relations à la vocation et au revenu nous interpelle quant aux différences de revenu entre ceux qui travaillent pour Christ dans le monde séculier et ceux qui travaillent directement pour l’église. Elle implique que ceux d’entre nous qui profitent de revenus réguliers (et souvent croissants) revoient leur « droit à gagner et à garder » le surplus de ce revenu pour eux-mêmes. Elle nous demande une discipline toute particulière pour développer notre confiance en Dieu et pour définir ce qu’est un style de vie juste dans un monde où nos prochains manquent souvent de l’essentiel. Dans sa cohérence, la vocation inclut également un appel à un certain style de vie – et pour la grande majorité d’entre nous, cela sera une vie sobre qui trouve son plaisir complet en Christ. La vocation concerne donc autant notre consommation, notre épargne et notre générosité que notre travail et notre revenu. Elle devrait permettre une redistribution abondante afin que chacun au sein de la communauté des croyants – et, dans une certaine mesure, au-delà de celle-ci – puisse vivre pleinement sa vocation et traverser les épreuves de la vie.

1 Vocation vient de la racine latine pour appeler.
2 Mat 4.19 ; 10.38 ; Marc 10.21 ; Jean 10.27 ; Rom 9.24-26 ; 1 Cor 1.2,9 ; Gal 5.13 ; 1 Thes 2.12 ; 1 Pi 2.21
3 Cette influence réciproque se retrouve dans Matthieu 6.19-34 : les versets 19-21 parlent de confiance, le verset 24 d’obéissance, les versets 25-32 de confiance, et le verset 33 termine avec l’obéissance confiante, préférable aux soucis du verset 34.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

Écrit par