Victoires et misères des héros

Pourquoi certains chrétiens ont-ils une vie en apparence facile, sans épreuves, alors que d’autres accumulent les contretemps, les « coups du sort », les difficultés ? Cette question lancinante ne manque pas de surgir lorsque nous apprenons la nouvelle « tuile » qui arrive à tel de nos frères dans la foi, déjà largement éprouvé.

A cette interrogation, les trois premiers amis de Job avaient une réponse simpliste : si Job, autrefois si béni, subissait catastrophe sur catastrophe, c’est tout simplement parce qu’il y avait un péché caché dans sa vie. Job lui-même s’interrogeait sur les raisons de sa situation. C’est d’une logique imparable : si l’on est fidèle, on aura une vie facile, sans épreuve ; si l’on se détourne de Dieu, on connaîtra des circonstances douloureuses. Il est même relativement facile de trouver des textes bibliques à l’appui d’un tel raisonnement, comme celui-ci : « Tout ira bien pour ceux qui craignent Dieu » (Ecc 8.12)1.

Le psalmiste Asaph s’était heurté à la même difficulté. Il s’étonnait de la prospérité des méchants, alors que lui-même était éprouvé (Ps 73.3,12,13,16). Plus tard, il a compris qu’il ne fallait pas juger de la situation sur le court terme, mais en prenant en compte la destinée éternelle de chacun.

On peut aussi se poser la question inverse : pourquoi certains chrétiens sont-ils durement persécutés, alors que d’autres jouissent d’une grande tranquillité, protégés par des lois favorables ? Paul ne dit-il pourtant pas que « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Tim 3.12) ? Cela signifie-t-il, par exemple, que nous, chrétiens occidentaux, ne sommes pas fidèles ?

Un des textes les plus éclairants sur ce sujet difficile se trouve à la fin du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux. Après avoir analysé rapidement cette portion, nous prendrons deux illustrations dans l’A.T. et deux dans le N.T. avant de livrer quelques pistes de réflexion.

Deux catégories de héros

L’auteur de l’épître aux Hébreux brosse au ch. 11 un panorama grandiose de la vie de la foi, à travers des héros de Dieu, afin d’encourager ses destinataires. Mais, après avoir évoqué des grands hommes (et femmes) de foi du Pentateuque et du livre de Josué (Abel, Hénoc, Noé, Abraham, Sara, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Rahab, v. 4-31), la place lui manque pour développer son sujet. Aussi se contente-t-il de donner une liste rapide de six personnages fameux des Juges et du livre de Samuel ; puis, après avoir mentionné globalement les prophètes, il dresse une liste d’actions d’éclat : vaincre des rois, fermer la gueule des lions, guérir de graves maladies, gagner des batailles (v. 33-35a)… Quels héros ! Quels exploits ! Et, immédiatement, plusieurs récits de grands hommes de l’A.T. nous reviennent en mémoire : les trois jeunes hébreux dans la fournaise, Daniel dans la fosse aux lions, Elie échappant à l’épée de Jézabel, Ezéchias guéri de sa maladie, Elisée ressuscitant le fils de la Sunamite…

Mais l’auteur continue en donnant une seconde liste, beaucoup plus surprenante (v. 35b-38) : des hommes et des femmes torturés, errants, égorgés, lapidés, emprisonnés… Que viennent faire dans ce contexte, ceux qu’on appellerait volontiers aujourd’hui des « loosers » ?

Pourtant, selon Dieu, ces derniers sont, tout autant que les premiers, des héros de la foi. Le terme grec utilisé pour « d’autres » est précis : ce sont des personnes de la même nature, sans différence qualitative avec les premières2 . Vainqueurs et vaincus, ils ont tous « reçu un témoignage par le moyen de la foi » (v. 39). Un Esaïe, mort scié en deux dans un tronc d’arbre, selon la tradition juive, un Michée souffleté pour être resté fidèle (1 Rois 22), un Zacharie lapidé sous Joas (2 Chr 24), de nombreux Juifs fidèles sous Antiochus Epiphane dont les épreuves sont rapportées dans les livres apocryphes des Maccabées, sont tout aussi dignes de figurer dans ce panthéon de la foi. La foi ne se caractérise ni par le fait d’échapper au tranchant de l’épée (v. 34), ni par le fait de mourir sous une épée (v. 37) : elle est avant tout l’attitude du cœur qui se confie en Dieu, dans les jours de succès comme de défaite apparente.

Deux exemples de l’A.T.

Pour préciser ce paradoxe, prenons deux hommes fidèles de l’A.T., en partie contemporains, Daniel et Jérémie :

Daniel a été un homme particulièrement béni. Déporté dans le premier groupe amené par Nebucadnetsar en Babylonie, il y prospère jusqu’à devenir une sorte de Premier ministre. Il est d’une santé étonnante ; il reçoit de la part de Dieu une sagesse extraordinaire ; il est capable d’interpréter des songes et des messages difficiles ; ses interprétations, pourtant parfois dures, sont bien acceptées des monarques qu’il sert ; il va même jusqu’à « fermer la gueule des lions ». Assurément, il a une place de premier choix dans la liste des héros.
Jérémie, au contraire, accumule les épreuves. Son message n’est pas reçu ; il est l’objet de complots ; il fait plusieurs séjours en prison ; à peine achevé, le manuscrit de ses oracles est détruit. Pour lui, point de palais somptueux, point de mets raffinés, mais la boue infâme de la citerne de la cour de la prison (Jér 38.6).

Cela voudrait-il dire que Daniel était plus fidèle à son Dieu que Jérémie ? Rien dans l’Ecriture ne permet d’étayer semblable supposition. Ces deux serviteurs, chacun à sa place, là où Dieu avait jugé bon de les mettre, sont restés fidèles, pieux et consacrés. Que ce soit dans l’opulence de la cour du plus grand monarque de l’époque ou dans l’humiliation de la prison d’une ville assiégée, ils ont servi Dieu, conformément à ce qu’il demandait d’eux. Persécuté et rejeté comme Jérémie ou préservé et honoré comme Daniel, ils sont tous les deux des héros de la foi que la Parole de Dieu se plaît à honorer.

Deux exemples du N.T.

Un récit du livre des Actes ne manque pas de nous intriguer : « Vers le même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l’église, et il fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean. Voyant que cela était agréable aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre. » (Act 12.1-3) Mais, miraculeusement, Pierre est délivré de prison par un ange et échappe au sort de son co-disciple Jacques.

Etrange différence, alors que le parcours des deux hommes avait été jusque-là très parallèle : tous deux faisaient partie des disciples de la première heure, ayant été appelés alors qu’ils pêchaient en mer de Galilée. Tous deux avaient partagé des moments uniques avec le Seigneur Jésus, dans la chambre de la fille de Jaïrus, sur la montagne de la transfiguration ou au jardin de Gethsémané3 . Alors pourquoi Jacques doit-il mourir si jeune ? Ses expériences particulières avec Jésus n’auraient-elles pas été utiles à l’Eglise ? A quoi bon ce martyre ?

L’un d’eux était-il plus fidèle que l’autre ? Si c’était le cas, le choix se porterait plutôt sur Jacques. Si le Seigneur a dû parfois le reprendre (Luc 9.55 ; Marc 10.38), c’est en tout cas moins souvent que Pierre. De plus, Jacques a abandonné Jésus à Gethsémané, comme tous les autres disciples, mais il n’a pas renié ouvertement son Seigneur comme Pierre l’a fait à trois reprises. Sachons-nous incliner devant la souveraineté de Dieu.

Des applications pour nous

1. Ne pas juger nos frères selon leur succès apparent : Nous sommes souvent prompts à jauger la qualité de la vie chrétienne (la nôtre ou celle de nos frères et sœurs) à l’aune du succès : tel croyant a été guéri d’un cancer a priori incurable ; tel autre a été le moyen de dizaines de conversions ; un autre voit ses affaires prospérer… C’est normal : n’est-il pas écrit : « Le juste prospérera » (Es 3.10) ? Et pour nous, que nous le reconnaissions ou pas, le « bien » se mesure d’abord dans cette vie.

Dieu, dans sa providence, n’a pas promis de garantir les siens contre les malheurs que connaissent tous les hommes ; bien au contraire, il annonce plutôt des souffrances particulières pour ses fidèles (Act 14.22). La Bible annonce davantage pour aujourd’hui l’échec que la réussite. Perdre avec Dieu (du moins à l’estimation de l’homme) est un succès bien plus éclatant de la foi que de gagner, même avec lui. En effet, le vainqueur d’aujourd’hui n’a-t-il pas déjà une partie de sa récompense ici-bas ?

2. Rechercher une « meilleure résurrection » : Parmi les « héros malheureux » d’Hébreux 11, certains n’ont pas accepté la délivrance « afin d’obtenir une meilleure résurrection » (v. 35b). Il est parfois possible d’atténuer, voire de changer, des circonstances adverses en acceptant des compromis. C’est ce que les inquisiteurs proposaient autrefois aux croyants fidèles. Mais ceux qui ont refusé d’être délivrés du bûcher ou des galères auront une part spéciale dans la résurrection : les portes du « royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » leur seront plus largement ouvertes (2 Pi 1.11). Dans ce sens, leur résurrection sera « meilleure »4 que celle qu’ils auraient connue s’ils avaient cédé.

Nous aussi, même si nous ne sommes pas placés devant des choix aussi radicaux, refusons le chemin de la facilité et ayons devant nous la récompense éternelle que le Seigneur promet aux vainqueurs qui persévèrent jusqu’au bout, malgré les difficultés.

3. Penser à la joie commune qui est devant : L’auteur de l’épître aux Hébreux termine son développement en affirmant que tous, héros vainqueurs ou héros vaincus, n’ont pas « obtenu ce qui était promis » (v. 39b) et ne sont pas parvenus à la perfection. Jésus, celui qui nous trace le chemin vers la gloire, lui, y est arrivé (12.1-3).

Aussi, quand parfois nous avons l’impression d’aller de revers en déconvenues, ne perdons pas courage : la perfection est devant nous et le Seigneur sera glorifié un jour dans la vie de tels « héros ».

1L’examen précis du contexte de ces versets permet souvent d’en préciser la portée et limite l’apparente contradiction avec d’autres textes. Par exemple, pour ce verset-ci, le début du verset indique bien qu’un pécheur peut faire le mal cent fois tout en prolongeant ses jours.
2Le grec dispose en effet de deux termes traduits indistinctement en français par « autres » : allos indique une distinction numérique d’objets de même caractère, tandis que heteros indique généralement une distinction générique, de nature (cf. W.E. Vine, Complete expository dictionary of Old and New Testament words, p. 451). On peut illustrer ce distinguo par l’exemple suivant : si à la question : « Voulez-vous encore une boisson ? », je réponds : « J’en voudrais bien une autre (allos) », cela signifie que je veux un deuxième verre de la même boisson ; sinon, « J’en voudrais bien une autre (heteros) », cela signifie que je veux changer de boisson.
3Il existe peut-être une quatrième situation qui a rapproché ces deux disciples. Paul mentionne en 1 Cor 15 deux apparitions particulières de Christ ressuscité à Céphas (i.e. Pierre) et à Jacques. L’identification de ce dernier n’est pas sûre, mais il n’est pas impossible qu’il s’agisse du frère de Jean. Jésus l’aurait rencontré spécifiquement, peut-être pour le préparer à son martyre.
4« Meilleur » est un terme caractéristique de l’épître aux Hébreux. D’un point de vue dispensationaliste, la période chrétienne introduit dans un nouvel ordre, meilleur que celui de la loi. Plus généralement, cette lettre indique que le « meilleur » n’est pas encore pleinement arrivé et reste devant nous. C’est ce côté que présente particulièrement la dernière

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

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(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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