Une rencontre avec le Maître – Marc 10 13-27

Olivier Favre a fait ses études de théologie à l’Institut Biblique Européen de Lamorlaye ainsi qu’à la Faculté Libre de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence. Il a été pasteur de l’Église Réformée Baptiste de Lausanne pendant 14 ans. Depuis juillet 2005, il partage son ministère entre deux petites églises réformées baptistes à Payerne et Neuchâtel. Il est marié et père de trois fils.

Introduction

Les chrétiens évangéliques du début du XXIe siècle cherchent à toucher leurs contemporains. Un bon exemple d’évangélisation nous est fourni par la rencontre entre le Seigneur Jésus-Christ – notre divin modèle – et le jeune homme riche.1

Dans la rencontre qui précède (Marc 10.13-16), Jésus nous indique quelles sont les qualifications requises pour entrer dans le royaume de Dieu. Et c’est par là qu’il nous faut commencer.

I. Les qualifications requises pour entrer dans le royaume de Dieu (v.13-16)

Des gens cherchent à apporter leurs enfants à Jésus afin qu’il les bénisse, mais les disciples leur font obstacle, pensant que Jésus a mieux à faire qu’à s’occuper de nourrissons – négligés par les hommes de l’époque au profit des réalités spirituelles.

Lorsque Jésus voit cela, il est indigné et blâme ses disciples (v.14a). Puis il accueille ces enfants, les embrasse et les bénit en leur imposant les mains (v.16) et enfin il saisit l’occasion pour indiquer quelles sont les qualifications requises pour entrer dans le royaume de Dieu. Il déclare : « Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point. » (v.15)

Essayez d’imaginer la scène ! Jésus, qui tient peut-être un nouveau-né dans ses bras, dit : « Regardez ce nouveau-né. Il est l’exemple même des qualifications qui doivent caractériser ceux qui entrent dans mon royaume. » Cela surprend les disciples. Pour eux, seuls les gens respectables sont qualifiés pour accéder au royaume de Dieu. Mais notre Seigneur bouleverse leur entendement et le nôtre : ses critères ne sont pas les nôtres.

Que voulait enseigner Jésus au moyen de ce nourrisson ?

– Ce n’est pas la pureté et l’innocence, car les Juifs n’ont jamais eu une notion naïve et idéaliste de l’enfant comme nous l’avons aujourd’hui, suite aux ravages accomplis dans les milieux éducatifs par Rousseau et Piaget. Lisez les Proverbes et vous constaterez tout de suite qu’ils savaient que, dès sa naissance, l’enfant est sur la voie de la mort et qu’il doit être corrigé pour qu’il s’en détourne (Pr 22.15 ; 29.15).

– C’est l’incapacité personnelle et l’humble confiance de l’enfant qui retiennent l’attention de notre Seigneur. Un nouveau-né est un être extrêmement vulnérable et dépendant. Il suffit qu’il soit abandonné pour qu’il meure. Par contre il s’abandonne sans difficulté, avec confiance et sans réserve aux bras qui l’accueillent. Et, comme la rencontre avec le jeune homme riche va le confirmer, ce sont là les qualifications requises pour entrer dans le royaume de Dieu. Car aussi longtemps que nous pensons trouver en nous-mêmes les capacités nécessaires pour y accéder, nous en sommes encore loin.

Après cet épisode quelque peu déconcertant pour les disciples, Jésus se trouve en face de quelqu’un qui reçoit enfin leur respect – le jeune homme riche. C’est par cette rencontre que nous allons découvrir l’évangélisation selon le Maître.

II. Les atouts du jeune homme riche (v.17-22)

Cet homme était un « chef » nous dit Luc 18.18 ; peut-être un pharisien ou en tout cas un homme de la classe supérieure. Il avait une bonne moralité puisqu’il s’était efforcé de garder tous les commandements de Dieu depuis sa jeunesse (v.20). En plus de cela, il avait des aspirations religieuses puisqu’il appelle Jésus « bon maître » et qu’il se préoccupe de la façon d’obtenir la vie éternelle (v.17b). Pour couronner le tout, il était très riche car il avait de grands biens (v.22).

À vue humaine, cet homme était un candidat idéal pour l’évangélisation actuelle. C’était la situation rêvée ! Imaginons-nous au coin de la rue en train de distribuer des invitations ou des traités et voilà qu’un homme arrive et nous dise : « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? »

Que lui répondrions-nous ? N’aurions-nous pas vite fait de lui un « chrétien », un « bon » membre d’église en l’espace de quelques phrases, de quatre lois spirituelles et d’une prière de consécration ? Mais l’échange avec notre Seigneur produit un tout autre effet, puisque cet homme si prometteur à vue humaine « s’assombrit… et s’en alla tout triste » (v.22). Cette rencontre nous bouscule ; c’est la raison pour laquelle elle est particulièrement adaptée pour nous mettre en garde contre une propension à vouloir obtenir des résultats rapides chez des personnes apparemment bien disposées.

Alors laissons-nous remettre en question par la façon dont notre divin Maître proclama l’Évangile à ce jeune homme.

III. La proclamation de l’Évangile par Jésus (v.17-21)

A) Son attitude

On pourrait penser que la tristesse du jeune homme riche procède d’un manque d’amour du Seigneur à son égard, mais il n’en est rien puisque le v.21 nous dit : « Jésus l’ayant regardé, l’aima ». Comment est-ce que Pierre – qui a probablement dicté cet Évangile à Marc – a pu affirmer une telle chose ? C’est parce que l’amour et la compassion du Seigneur pour ce jeune homme étaient évidents.

Cette observation est capitale : si Jésus adresse un message dur à entendre à cet homme, un message qui l’amène à partir tout triste, ce n’est pas par manque d’amour. C’est justement parce qu’il l’aime qu’il lui parle si clairement. Car l’amour vrai consiste à dire la vérité à son frère (Éph 4.15), même si elle est dure à entendre.

Un exemple : vos enfants descendent en luge sur une pente enneigée et vous savez qu’elle se termine par un précipice. Allez-vous renoncer à les avertir du danger afin de ne pas gâcher leur plaisir ? Non, par amour vous allez les avertir du danger, au risque de gâcher leur plaisir.

De même, notre amour pour les perdus doit nous inciter à leur annoncer l’Évangile dans toute sa clarté, sans masquer les vérités qui peuvent nous paraître les plus sévères comme : la nature pécheresse de l’homme, son état de culpabilité et de perdition éternelle devant Dieu. Ils doivent comprendre dans quelle situation désespérée ils se trouvent devant Dieu.

B) Son message

Afin de bien mesurer le poids des paroles du Seigneur, essayez de vous replacer dans le contexte de cette rencontre. À vue humaine, ce jeune homme possède de nombreux atouts. Il est religieux, riche, moral, respectable et il arrive avec une question précise et pertinente quant à sa destinée éternelle : « Bon maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (v.17)

Que lui auriez-vous répondu ? « Repens-toi de tes péchés et crois au Seigneur Jésus. » C’est ce qu’on aurait tendance à dire aujourd’hui.

Pourtant, ce n’est pas ainsi que lui répond notre Seigneur. Pourquoi ? Parce qu’en général une telle phrase ne suffit pas pour qu’un homme prenne conscience de sa nature profondément pécheresse. Avant de l’appeler à la repentance et à la foi, Jésus veut le mettre précisément face à sa culpabilité. Pour ce faire, il le confronte au caractère de Dieu et à sa loi.

1. Le caractère de Dieu (v.18)

Comme le jeune homme l’avait appelé « Bon Maître », Jésus se sert de cette expression pour le faire réfléchir. Il faut savoir qu’à l’époque les Juifs réservaient le qualificatif « bon » exclusivement à Dieu. Ainsi, lorsqu’il répond : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon si ce n’est Dieu seul », Jésus veut faire prendre conscience à son interlocuteur de la distance infinie qui existe entre Dieu et l’homme pécheur. Dieu seul est parfaitement bon et aucun homme, serait-il moral et religieux, ne peut atteindre une bonté satisfaisante à ses yeux.

Ainsi, par cette première phrase, Jésus se sert d’un attribut de Dieu, en l’occurrence sa bonté, non pour inciter l’homme à s’approcher de Dieu, mais pour lui montrer sa culpabilité et sa misère. Malgré tout ce qu’il a fait, ce jeune homme riche, n’est pas assez bon pour satisfaire les exigences de Dieu.

C’est là une leçon pour nous. Dans l’évangélisation, apprenons à faire usage des attributs de Dieu afin d’amener le pécheur à voir la distance infinie qui le sépare de son créateur. Notre évangélisation doit commencer par Dieu et son caractère, c’est ainsi que l’homme est remis à sa juste place et convaincu de péché.

Paul agit de même à Athènes en confrontant ses auditeurs païens avec le Dieu tout-puissant, tout autre et autosuffisant (Act 17.24-28).

2. La loi de Dieu (v.19)

Ensuite Jésus place le jeune homme face à la loi de Dieu. Pourquoi ? Comme le dit l’apôtre Paul, elle est l’instrument établi par Dieu pour amener l’homme à reconnaître son péché et sa culpabilité (Rom 3.20). C’est ainsi qu’en une seule phrase, notre Seigneur cite les six derniers commandements du Décalogue – ceux qui concernent les devoirs de l’homme envers son prochain.

Et quelle est la réponse du jeune homme à cette liste ? « Maître, j’ai gardé tout cela dès ma jeunesse » (v.20). En fait, face à ces commandements énoncés d’une façon générale, il n’éprouve encore aucune conviction de péché. C’est pourquoi Jésus ne s’arrête pas là, mais il applique un des commandements au problème spécifique de cet homme, celui de l’avarice. En lui disant : « Va, vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres », Jésus met en lumière son péché et sa culpabilité. Le jeune homme est attaché à ses richesses, il est matérialiste.

Et ce n’est qu’à partir de ce moment-là que Jésus adresse au jeune homme riche un appel à la conversion. Car une réelle conviction de péché précède toujours une conversion authentique.

Nous comprenons ainsi l’importance capitale de l’utilisation de la loi de Dieu dans l’évangélisation. Si notre Seigneur l’a employée, c’est parce qu’elle est l’instrument parfaitement adapté pour conduire à Christ, comme l’atteste l’apôtre : « Ainsi la loi a été un précepteur pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi » (Gal 3.24). N’essayons pas d’être plus sages que le Seigneur ! Employer la loi de Dieu à sa juste place n’est ni moralisateur, ni légaliste, c’est tout simplement biblique et capital si nous voulons voir de vraies conversions. Certes, cette façon de faire repoussera peut-être certains, entraînera sans doute aussi des conversions moins rapides – nécessitant parfois de longs entretiens avant qu’une conviction de péché précise naisse – mais elle produira des fruits durables. Car la Bonne Nouvelle ne consiste pas à déclarer qu’avec Jésus tout ira bien, mais qu’en Christ se trouve la réconciliation avec Dieu et le pardon pour de pauvres pécheurs perdus.

Donc, dans notre évangélisation, ayons le courage de mettre le doigt sur des péchés spécifiques au moyen de la loi de Dieu. Certes, nous ne lisons pas dans les cœurs comme le Seigneur, alors restons tout de même prudents afin de ne pas mettre de fausse pression sur le pécheur, mais n’escamotons pas cette étape.

3. L’appel (v.21b)

Une fois que le jeune homme est convaincu de culpabilité, Jésus l’appelle à entreprendre deux actions qui forment les deux aspects de toute conversion authentique.

a) Il lui demande de vendre tout ce qu’il a afin de le distribuer aux pauvres. Pour un homme riche attaché à ses biens, c’est à la repentance que Jésus l’appelle par cet acte. C’est reconnaître que son affection mal placée est un péché et s’en détourner avec horreur.

Ce que Jésus exige de cet homme n’est pas simplement une repentance verbale, mais un changement radical de comportement dans les domaines où le péché est reconnu. D’avare qu’il était, Jésus appelle cet homme à devenir généreux. Quelle transformation !

Jésus nous montre par là qu’il est impossible de devenir chrétien et de continuer à vivre comme auparavant. La repentance authentique implique toujours un changement de comportement et un rejet délibéré du péché. Les théories selon lesquelles il est possible d’accepter Jésus comme Sauveur dans un premier temps, puis comme Seigneur beaucoup plus tard, sont contredites par ce passage, car la repentance authentique implique toujours une soumission à la seigneurie du Christ.

b) Ensuite Jésus lui dit : « Viens et suis-moi. » C’est un appel à la foi. Jésus lui demande de se confier en lui et non plus en ses richesses. Il l’appelle à se placer sous son autorité dès cette vie présente. C’est un appel exigeant qui ne consiste pas à « laisser entrer Jésus dans son cœur », mais à se soumettre et à le suivre en tant que disciple. À reconnaître qu’il est le seul à donner un sens à la vie.

Quelle leçon ! Jésus ne présente pas la vie chrétienne comme un chemin facile, mais plutôt comme une vie de renoncement, d’incompréhension et de persécution à sa suite (Jean 15.18-21).

IV. La réponse de l’homme (v.22)

Un tel message n’est pas attirant pour l’homme irrégénéré, puisqu’il nous est dit que le jeune homme « s’assombrit à ces paroles et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. »

Nous ne savons pas ce qu’il advint de lui par la suite. Est-il revenu vers le Seigneur plus tard ? Nous l’ignorons. À première vue nous aurions tendance à dire que cette rencontre avec Jésus ne lui a fait aucun bien, puisqu’il semble être en plus mauvais état à son départ qu’à son arrivée. Il était enthousiaste et le voilà abattu.

Pourtant, si nous considérons la chose avec un regard spirituel, nous pouvons dire qu’il est plus proche du royaume de Dieu maintenant qu’il ne l’était auparavant. Car il est conscient de sa culpabilité devant Dieu. Et lorsqu’un homme est conscient de son péché, il est plus proche du royaume de Dieu que lorsqu’il se croit juste.

Et notez bien que notre Seigneur, qui est si prompt à soulager la douleur des hommes en général, ne court pas après ce jeune homme pour tenter de le consoler ou pour négocier avec lui une entrée facilitée dans le royaume. Il ne nuance pas ses propos après avoir constaté leur effet sur son interlocuteur. Mais il se contente de tirer une leçon générale pour ses disciples à partir de ce cas particulier.

V. La leçon divine (v.23-27)

Jésus, qui prépare ses disciples à leur futur ministère, leur montre qu’ils auront des déceptions s’ils prêchent fidèlement l’Evangile. Ils verront des gens prometteurs et enthousiastes s’en aller tout tristes, préférant leur péché à l’amour de Dieu. D’autres s’éloigneront sous une conviction de péché, car ils auront besoin de temps avant d’accepter l’Evangile.

Au moyen d’une illustration surprenante – celle du chameau et du trou d’aiguille – Jésus veut graver dans notre esprit une leçon importante par rapport à l’évangélisation. C’est que le salut est une œuvre impossible aux hommes. Ce qu’il dit du riche ici est valable pour tous les hommes. Il aurait tout aussi bien pu dire : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un orgueilleux, un colérique, un vicieux, un voleur, un médisant… d’entrer dans le royaume de Dieu. »

IMPOSSIBLE, telle est la leçon divine que Jésus veut nous transmettre. Comme il était impossible au jeune homme qui nous paraissait si prometteur de se sauver, de même il est impossible à tout homme de se sauver par lui-même.

Si nous ne voulons pas avoir une mauvaise perspective dans notre évangélisation, nous devons constamment nous rappeler cette vérité. Nous sommes appelés à une mission IMPOSSIBLE à vue humaine. Il est IMPOSSIBLE au prédicateur de sauver ceux qui l’écoutent. Il est IMPOSSIBLE à ses auditeurs de répondre à son appel, parce qu’ils sont morts dans leurs péchés. Et s’il y a de l’espoir dans cette mission impossible, c’est parce que notre confiance ne repose pas sur nous, mais sur Dieu auquel tout est possible (v.27).

Toutefois, notez bien que Jésus n’interdit pas à cet homme de venir au salut. Son message est simple, direct et engageant. Il ne cherche pas à lui voiler la vérité, bien au contraire. Il lui montre son péché avec compassion. Il l’invite avec amour et insistance. Ainsi, si cet homme ne vient pas au salut, ce n’est pas par une cause extérieure qui le maintient loin de Dieu, mais en raison de la méchanceté et de l’avarice de son cœur qui l’empêchent de répondre à cet appel. Son intelligence est pervertie, ses sentiments sont faussés et sa volonté est asservie à sa nature pécheresse. Dans cet état, il est incapable de voir la gloire de l’Evangile qui lui est présenté.

Pour venir au salut, entrer dans le royaume de Dieu, il a besoin que Dieu lui accorde la foi véritable et une nature nouvelle, une nature qui lui permette ensuite de voir la réalité spirituelle telle que Dieu la voit. Et cela nul homme ne peut le fabriquer (Jean 3.3-8). C’est pourquoi, nous dépendons totalement de Dieu pour les résultats de notre évangélisation.

Conclusion

Cet enseignement du Seigneur doit avoir des conséquences pratiques sur notre évangélisation.

– Il nous rappelle que nous devons aimer les incroyants. Les aimer à un tel point que nous serons prêts à leur dire la vérité sur leur état spirituel aux yeux de Dieu. À nous servir des attributs de Dieu, de sa loi, afin de les amener à une conviction de péché authentique.

– Il nous conduit à nous méfier des « méthodes » qui présentent un Évangile facile et dont les résultats reposent sur les capacités humaines. Un tel Évangile n’est pas l’Évangile biblique qui est exigeant et réclame un engagement définitif de l’être tout entier au service du Seigneur.

– Il nous incite à accompagner notre proclamation de l’Evangile d’abondantes prières, car c’est sur Dieu que nous comptons pour voir des fruits à notre travail. Car lui seul est capable de ramener des morts spirituels à la vie. À lui seul soit toute la gloire.

Notes
1 Pour ceux qui voudraient prolonger la réflexion, vous pouvez vous référer au livre de Walter Chantry, Le Maître à l’ouvre, Europresse, Chalon-sur-Saône, 1991.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)