Une écharde dans la chair – «Ma grâce te suffit»

Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras (Ps 50.15).
Déchargez-vous sur Lui de tous vos soucis, car Lui-même prend soin de vous (1 Pi 5.7).
Il m’a été mis une écharde dans la chair. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et Il m’a dit: «Ma grâce te suffit». Car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse (2 Cor 12.7-9).

Nous sommes souvent désemparés par le paradoxe qui apparaît dans certaines déclarations de la Parole de Dieu. Celles-ci nous exhortent à nous décharger sur le Seigneur de tous nos soucis, avec ces promesses: Lui-même prend soin de nous – ou Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras, alors que tant de prières restent inexaucées. L’on découvre alors, au fil des ans, que le Seigneur avait quelque chose de meilleur en réserve pour nous : Sa grâce pleinement suffisante, grâce qui nous aide à accepter notre faiblesse, notre incapacité totale, bien souvent sans en comprendre la raison, mais comme une circonstance que Lui permet, et au travers de laquelle Il veut manifester Sa puissance et nous apprendre à dépendre de Lui pour tout.

Il me faudra vivre des miracles de Sa grâce. Le plus grand de tous fut, tout d’abord, celui vécu le 31 janvier 1937, où le Seigneur fit irruption dans ma vie et répondit à ma détresse.

C’était un dimanche. Faisant partie d’une famille chrétienne très pauvre de sept enfants, je me trouve absolument seul dans la vieille ferme vétuste à O., car tous sont invités ailleurs pour la journée. Privilège rarissime, car en temps ordinaire le vacarme rendait difficile un recueillement personnel dans la maison. Cette journée sera mémorable. Le Saint-Esprit me travaille dès le matin. Je suis convaincu de péché et me sens perdu. Je lis la Bible à plusieurs reprises et prie à tout moment, jusqu’aux limites du désespoir. J’implore le pardon, et la délivrance du péché. Mais Dieu ne répond pas. Je suis effrayé à la pensée d’être rejeté pour toujours et d’aller à la perdition éternelle.

Le soir, à 20 heures, je vais me coucher, totalement désespéré, certain qu’il me sera impossible de dormir cette nuit-là. Tout à coup, en une fraction de seconde, le Saint-Esprit descend dans mon cour et m’inonde d’une joie inimaginable, avec la certitude absolue du pardon de Jésus. Je réalise en un instant la nouvelle naissance et le baptême du Saint-Esprit.

C’est si extraordinaire que je ne peux m’endormir de suite. Il me semble que je suis suspendu entre ciel et terre ! Et pourtant, je ne bouge pas dans mon lit, je ne crie ni ne parle en langues. Cette contemplation de la Grâce fantastique qui m’inonde et me porte me donne déjà l’assurance que la perspective d’être un jour au ciel dans la présence du Seigneur sera un bonheur absolument sublime. Ce ne sera qu’aux environs de vingt-trois heures que je m’endors. Le lendemain, je me réveille et retrouve aussitôt la même joie. J’avais quinze ans et demi.

L’exhortation de ce verset du psaume 50, et la délivrance vécue, ont marqué un tournant décisif de ma destinée. Cette parole: Tu me glorifieras, va me pousser au témoignage du salut en Jésus-Christ et à l’évangélisation, ainsi qu’à l’étude de la Bible et à la prière, car je sais que mon Rédempteur est vivant et qu’Il entend nos supplications.

Que d’événements dans les quatre ans qui suivirent! Me voici maintenant en 1941. J’entre à l’école de recrues à Bière. Je suis en pleine forme. A deux semaines de la fin du service nous parvient un ordre urgent du commandement général de l’armée: toutes les écoles de recrues de la Suisse sont transformées en un commando dit «le régiment de recrues», de sinistre mémoire. J’y suis intégré. Les manouvres sont extrêmement dures. Je tiens le coup pendant sept jours, mais à la suite de l’imprudence d’un caporal, je tombe gravement malade. Ce sera alors le transfert pour trois mois dans un hôpital militaire à Wengen (BE).

J’ai vingt ans. Mon cas est déclaré difficilement guérissable, et je ne suis plus apte au service actif. Un cercle d’amis chrétiens pentecôtistes prie avec ferveur pour ma guérison, avec la conviction que Jésus a pris sur la croix nos maladies comme nos péchés, car, selon eux, la rédemption touche nos corps comme nos cours et notre esprit.

Mais je ne serai pas guéri.

Ce sont alors des périodes de découragement, de luttes et d’inquiétude face à mon avenir.

Finalement, le texte de 2 Cor 12.7- 10 me revient souvent à la pensée: Il m’a été mis une écharde dans la chair. J’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi et Il m’a dit : MA GRACE TE SUFFIT, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.

Ce fut l’expérience de l’apôtre Paul. serait-ce aussi celle que le Seigneur me demandait de vivre désormais ? C’est alors la victoire : Va avec cette force que tu as. En cinquantehuit ans, je serai hospitalisé trentedeux fois, pour une durée totale de trente-six mois, et je subirai plusieurs opérations.

Le 11 juillet 1955, je termine un traitement chez un dentiste à Lausanne. L’asepsie des installations et des instruments me paraît plutôt douteuse. Et, bien que n’étant pas chirurgien, je suis étonné que ce praticien termine ses travaux par une sérieuse opération du palais, perçant le plancher des sinus pour extraire des granulomes. Tout est recousu, sans aucune précaution d’hygiène, à mains nues et sans désinfection !

Ce dentiste, partant en vacances pour un mois, me laisse rentrer chez moi en me déclarant: «A mon retour, vous serez totalement guéri et vous reviendrez pour le dernier contrôle».

Dès le lendemain, douleurs et infection. Les souffrances deviennent intolérables. Lorsque je bois du liquide, il en ressort une partie par le nez. Je mange avec peine et il m’est difficile de parler.

La seule solution sera de trouver l’adresse d’un chirurgien oto-rhino. A Lausanne, je consulte l’annuaire téléphonique et, sans le connaître, j’entre en contact avec le docteur T., lequel me prie de venir de suite.

Son diagnostic est terrible: «Quel est le salaud qui vous a fait cela? C’est foutu, foutu, foutu.»

«Vous êtes marié?» me demande-t-il. A ma réponse positive, il crie avec le même vocabulaire que précédemment, mais avec des décibels en plus. «Avez-vous des enfants?» «Oui, j’ai quatre jeunes enfants, l’aîné a sept ans.» Le docteur T. hurle encore les mêmes mots, ne pouvant contenir sa rage.

C’est que ce médecin réalise à quel point mon cas est gravissime. La gangrène du palais est déjà avancée: il y a une pourriture généralisée. Seule solution immédiate: ablation totale du palais. Il me dira plus tard que, dans sa longue pratique, il a eu deux cas semblables au mien. Ces deux malades sont décédés, suite à cette opération au palais, et dans de grandes souffrances. Donc, pour le docteur T., c’est une situation humainement perdue. Toutefois, pour me soulager rapidement, il téléphone à la clinique Cécil pour retenir un médecin anesthésiste. Malheureusement, tout est fermé pour une semaine de vacances. Le docteur instaure un traitement afin d’arrêter l’évolution du mal, et veut tenter une première opération du côté gauche, le 27 juillet 1955, à la clinique Cécil. Je dois alors y rester une semaine.

Le 2 août, je peux rentrer chez moi pour quelques jours; néanmoins le mal s’est encore étendu, et dans quelles souffrances!

Le 3 août 1955, j’ai la visite de l’un des anciens, membre du conseil de l’Eglise libre de Morges dont je fais partie. Me voyant dans une telle extrémité, sans aucune force, il décide immédiatement de convoquer cinq frères du conseil, dont le pasteur Roger Glardon, pour le lendemain soir à 20 heures. Ils prieront et pratiqueront l’onction d’huile, selon l’épître de Jacques, au chapitre 5.

Ils viendront, ces bien-aimés frères, et prieront avec une ferveur et une foi extraordinaires pendant près de deux heures. A 22 heures, nous nous séparons. Lorsque le dernier a franchi le seuil du logement, et au moment où je tourne la clé pour refermer la porte, une joie foudroyante m’envahit avec la certitude que le Seigneur a répondu. Mon épouse étant à deux mètres de moi, je lui dis alors : «Je suis guéri, Maria, je suis guéri!» Or, j’ai encore des douleurs. Humblement, je confesse alors, comme cet homme dans l’évangile de Luc (5.20), que c’est la foi des cinq frères qui m’a porté devant le Seigneur.

Jésus, voyant leur foi, .

Quelques jours après, je suis de nouveau chez le docteur T. Il m’attend avec grande inquiétude, car il sait ce qui m’attend. Avant de m’installer dans le fauteuil, il me fait ouvrir la bouche et examine attentivement. Puis il me prend dans ses bras et m’embrasse en criant : «Vous êtes guéri! Il y a eu un miracle. Je veux savoir ce que vous avez fait, et qui a opéré ce miracle!».

Il m’est alors facile de lui raconter la visite des cinq frères de l’église par le détail. «Je crois que seul Dieu a pu faire ce miracle. Expliquez-moi tout, maintenant. Je veux en savoir plus sur l’ouvre de Dieu et sur la Bible», me dit-il. Pendant près d’une heure, je parlerai et répondrai aux multiples questions de ce médecin sur l’évangile et l’ouvre de Dieu.

Le 29 août 1955, le docteur T. me revoit une dernière fois, et me déclare totalement guéri. Cet événement s’est passé il y a quarante-cinq ans. Je n’ai plus jamais ressenti de douleurs au palais.

Invoque-moi au jour de la détresse; je te délivrerai et tu me glorifieras, Ps 50.15.

Souviens-toi du chemin dans lequel l’Eternel t’a fait marcher pendant ces quarante ans dans le désert,… Deut 8.2.

«Se souvenir, mais refuser d’enjoliver la mémoire, car elle est trompeuse, elle trie et garde ce qui nous arrange. Pas question de s’attarder en chemin. On supporte mal la lourdeur du quotidien. Il n’offre souvent rien d’exaltant. Quand cette évidence devient trop décapante, on enfourche tout naturellement la machine à remonter le temps. Là, tout est sérénité, heures claires. Le passé se reconstruit à loisir, se remodèle et se transforme à notre gré, infatigable kaléidoscope des jours heureux où nous étions superbes, où l’on s’invente des répliques, où l’on se refait soi, inlassablement, sous le meilleur éclairage. » (Denise Sergy, «Des coquillages plein les poches»)

Onze janvier 2000. Depuis dix-huit ans, suite à un décollement de la rétine, mon oil gauche a perdu sa capacité visuelle de façon progressive. Consulté à ce sujet, le docteur R. de Vevey craint que d’ici quelques années cet oil soit totalement perdu. Il faut tenter une opération pour le sauver. J’accepte volontiers cette intervention, qui est programmée pour le deux février à l’hôpital Providence. Dans une situation normale, une demi-heure suffit pour traiter la cataracte et greffer le cristallin artificiel. Or, une mauvaise surprise nous attend: l’enveloppe de cet élément de l’oil est tellement abîmée qu’il est quasiment impossible de faire l’implantation de cette lentille artificielle.

Trois quarts d’heure supplémentaires seront nécessaires pour enfin réussir une si délicate manouvre de la chirurgie oculaire. L’anesthésie étant locale, j’ai pu estimer la difficulté de cette opération et ainsi entendre cette parole du docteur R. au terme de son intervention: «Je suis reconnaissant. C’est un miracle.» Il le dit spontanément et tout naturellement, sans crainte d’être entendu par ses assistants. Cela me fait tellement plaisir ! C’est un miracle de la grâce que je vis une fois de plus, et je glorifie le Seigneur dans mon cour.

L’occasion m’est donnée, lors d’une consultation au cabinet médical de ce médecin, de lui raconter l’intervention miraculeuse ayant agi sur mon palais, et de quelle manière, en réponse à la prière de cinq hommes de foi, je fus guéri en cette soirée du 3 août 1955. C’est alors que le docteur R. me confesse humblement, tout réjoui: «Savezvous que moi aussi, j’avais prié Dieu de faire un miracle dans cette opération de la cataracte, car je savais que ce serait difficile d’y arriver ? Je Lui suis vraiment reconnaissant.»

Revient alors avec force une parole du pasteur Hunziker: «Le meilleur est devant! Après la page tournée, la page blanche où va s’inscrire le miracle quotidien et se dessiner les surprises à venir. L’inimaginable aujourd’hui, l’incroyable avenir, tout ce que le Seigneur tient en réserve pour ceux qui lui font totalement confiance, jusqu’au jour irréversible où sera tournée la dernière page et refermé le livre de notre vie. Puissions-nous alors être inscrits pour l’éternité dans le Livre de l’Agneau dont parle l’Apocalypse! » (Denise Sergy, «Des coquillages plein les poches»).

P.B.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)