Une communauté explosive

Une communauté explosive

L’Eglise locale: une communauté explosive

(2 Rois 6.1-2)

Après le temps de la nourriture, voici celui de l’exercice physique. Pour le maintien d’une bonne santé spirituelle, l’action doit être étroitement associée à l’enseignement dans la vie du membre d’église. Dans notre «texte illustration» nous voyons les fils des prophètes passer à l’action, confrontés qu’ils sont avec une «crise du logement.» ils connaissent les problèmes bénis de la croissance. La maison qui les abrite est trop petite. il faut construire plus grand. Cette situation suggère une seconde caractéristique d’une église locale en marche: elle est explosive (et non implosive!), c’est-à-dire dynamique, contagieuse, envahissante…

Elle vise la multiplication

Actes 6.7; 8.4-5,25,40; 9.31,35; 11, 19-24; etc.)

L’Eglise locale n’est pas un club de gens sélects, encore moins un ghetto ou une société secrète. Ses locaux ne sont pas à confondre avec des bocaux. Elle fait partie d’un organisme vivant, le corps de Christ, dont les cellules doivent se multiplier.

Dans un de ses livres1, Ralph Shallis signale qu’une cellule biologique en bonne santé peut se reproduire en moins d’un an, cent-vingt milliards de fois, de manière à créer un être humain, un bébé.

Vers l’âge de 15-17 ans, il y a quatre-cents milliards de cellules qui sont toutes issues de cette cellule originelle.

L’église locale vise donc continuellement sa reproduction par la multiplication de chaque cellule vivante qu’est le disciple de Christ. Ce processus fantastique a commencé à Pentecôte: Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés (Actes 2.47).

Décrivant la vie quotidienne des premiers chrétiens, de l’an 95 à l’an 197, A. Hamman écrit: «La rapide expansion du christianisme, en contraste avec la décadence des religions païennes, a surpris, parfois attérré les païens. ..Moins de deux siècles après la mort du Christ, les chrétiens occupent dans l’empire, une position indéracinable. A la veille de la paix constantinienne, leur nombre est estimé à 5% et même 10 % de la population de l’Empire.»2.

Il est intéressant de constater que ce passage est tiré d’un chapitre que l’auteur a intitulé «La contamination de la foi». J’ai lu ailleurs que l’Empire Romain comptait deux à trois millions de chrétiens en l’an 150 et cinq à six millions vers l’an 300.

La lecture de l’échange de correspondance entre Pline le Jeune, proconsul de Bithynie (dans le nord-ouest de l’actuelle Turquie) et l’empereur Trajan, vers 112, est hautement suggestive: «…l’affaire m’a paru mériter que je prenne ton avis, surtout à cause du nombre des accusés. Il y a une foule de personnes de tout âge, de toute condition, des deux sexes aussi, qui sont ou seront mises en péril. Ce n’est pas seulement à travers les villes, mais aussi à travers les villages et les campagnes que s’est répandue la contagion de cette superstition…»

Pline évoque plus loin la crise économique provoquée par cette «contagion» :temples païens presque abandonnés, cérémonies rituelles longtemps interrompues, très rares acheteurs d’animaux pour les sacrifices…

Une église locale en marche respire donc l’évangélisation, c’est-à-dire la communication tous azimuts de la Bonne Nouvelle (le verbe évangéliser se trouve 54 fois dans le N.T). Toutefois, en dehors de l’ordre de faire des disciples, dans Matthieu 28.19-20, il n’est jamais directement ordonné d’évangéliser dans le N.T. car cela va de soi… c’est aussi indispensable que de respirer pour vivre. L’évangélisation est «inscrite dans les chromosomes» de l’homme nouveau (Phi1 2.14-16). Chaque membre a compris que sa vie doit se multiplier. Nous sommes loin de cette définition caricaturale de l’expérience chrétienne: «une secousse initiale suivie d’une inertie chronique.»

Il ne faut pas oublier de noter le lien étroit entre évangélisation et église locale dans le N.T. (Act 13.1,3; 14.26, 28; 15. 30-35, 40, etc.). Toute oeuvre travaillant à l’évangélisation se doit de ne pas dissocier ce que le Seigneur a uni si elle veut être approuvée de Lui et porter du fruit qui demeure.

Elle est extravertie

C’est-à-dire tournée vers le monde extérieur et non en position foetale, repliée sur elle-même. Son action s’effectue du dedans vers le dehors.
(2 Rois 6.2 Allons jusqu’au Jourdain!)

Elle va là où se trouvent les gens (dans les rues et les maisons, sur les places…) Act 5.42,8.25, 10.24, 16.13, 17.17,20, etc.

Elle pénètre la vie de la cité par le témoignage de chacun de ses membres là où il vit habituellement d’abord: dans son quartier, sur son lieu de travail…

En 1980, une enquête intéressante sur la croissance de l’église, a été effectuée en France: 4 à 6% des membres actuels des églises ont été admis après s’être convertis suite à des visites à froid (par exemple: effort de colportage, enquête…), 6 à 8 %,suite au travail pastoral, 2 à 4 % dans le cadre du programme de l’église, moins de 1% grâce aux efforts spéciaux de campagnes d’évangélisation, 70 à 90% par suite de l’influence des chrétiens sur la famille et les amis.

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et soulignent avec force l’importance du témoignage personnel de chaque membre dans son cadre de vie quotidien.

Elle vise toutes les couches de la société: couches d’âge, couches sociales, culturelles, de l’enfant au vieillard, de l’écolier à l’universitaire, etc…

Son évangélisation est multicolore. Infiniment variée dans son style et dans sa forme, elle permet à chaque disciple de Christ d’épanouir sa personnalité et de trouver le contact de la manière qui lui convient le mieux. Le Saint-Esprit est créateur et merveilleusement ingénieux, prêt à communiquer de nouvelles idées pour une meilleure approche de notre prochain.

Elle vise l’accès aux médias: journaux locaux et régionaux, radios locales, télévision régionale, brochures des syndicats d’initiative, etc…

Elle évite soigneusement la «réunionite» , cette maladie qui isole les nouveaux membres de leur famille, donnant l’impression à tel mari non converti de ne plus avoir d’épouse, puisqu’elle est toujours fourrée à l’église. Couper le jeune converti de sa vie de famille est une des ruses dans lesquelles l’ennemi excelle.

L’église locale veillera au contraire, à montrer comment rendre le meilleur témoignage chez soi et sur le lieu de travail. Toutes les réunions ne sont pas immuables dans le programme d’activités de l’église locale. Il faut qu’elles puissent disparaître sans entraîner de remous, lorsqu’elles ne correspondent plus à un besoin précis.

L’église en marche est donc une communauté conquérante. Michaël Green a fait à cet égard une réflexion qui vaut la peine d’être méditée: «L’Eglise d’aujourd’hui attire par succion, invitation ou rabattage. L’Eglise primitive se manifestait par l’explosion, l’invasion, la conquête.»

Son label de garantie: Jésus-Christ

(2 Rois 6.3-4). Les fils des prophètes ont invité Elisée à les accompagner. Le feu vert de sa part ne leur suffisait pas. La suite du récit démontre qu’ils ont eu raison de procéder ainsi.

L’église locale veille à la qualité de son évangélisation. Elle n’évangélise pas sans Jésus-Christ. Le témoignage de l’Eglise.primitiveest centré sur la personne et l’oeuvre du Christ. Partout on reconnaît les disciples comme des «partisans du Christ» (Act 4.13, 11.26), ceux qui suivent «la Voie» ou comme nous le dirions aujourd’hui, «le chemin de Jésus» (Act 9.2; 19.9,23;22.4;24.4, 22). C’est ce qui conduit un auteur à écrire: «… une chose demeurait constante: leur message était de part en part, christo-centrique. Le contenu de leur prédication n’était rien d’autre que la personne du Christ. Ils faisaient usage de tous les moyens culturels et intellectuels propres à faciliter la réception du message. Intensément sensibles aux besoins de leurs auditeurs, à la pensée du monde dans lequel ils se mouvaient, au langage le plus propre à éclairer leur esprit, ils gardaient néanmoins un objectif simple et direct: conduire leurs auditeurs à Jésus-Christ»3.

L’église locale ne présente pas d’abord son clocher, son étiquette, son union d’églises, ses théories particulières… Elle présente le Christ vivant et agissant dans la personne de chaque disciple engagé! Ce qui rend son témoignage transcendant, miraculeux et efficace, c’est Jésus-Christ reconnu, vécu et annoncé comme Sauveur et Seigneur par les siens. Avant de présenter le croyant comme ambassadeur pour Christ chargé de transmettre un message absolument vital pour l’humanité (2 Cor 5.20), l’apôtre Paul indique sa triple vocation de parfum, de lettre et de miroir du Christ (2 Cor 2.15; 3.3; 18). Le message parlé est le prolongement du message vécu !

Ne pas vouloir évangéliser sans Jésus-Christ va beaucoup influencer notre manière de partager la Bonne Nouvelle.

Camus a dit qu’il y a deux sortes d’efficacité: l’efficacité du typhon et l’efficacité de la sève. Ceci est vrai en ce qui concerne l’évangélisation! il y a celle de la chair et celle de l’Esprit, celle du moi naturel et celle du Christ en moi, celle qui engendre des Ismaélites, fils de l’effort propre, source de bien des problèmes dans l’église locale, et celle qui engendre des Isaac, fils de la promesse et de la grâce. il ne suffit pas d’être zélé pour l’évangélisation, On peut être toujours en première ligne et pourtant desservir la cause pour laquelle on se bat vaillamment… avec un mauvais caractère, une énergie brutale, une passion sans compassion.

Ceci n’est pas sans me rappeler une petite expérience qui sous des dehors assez comiques souligne ce que nous affirmons ici. Au soir d’une rencontre régionale d’églises, on m’avait gentiment installé dans la voiture d’amis inconnus pour faire avec eux une centaine de kilomètres. Tout jeune serviteur, je venais de débarquer dans la région. Alors que nous roulions, ces chers frère et soeur, soucieux du salut de mon âme, se firent un devoir de m’évangéliser. Comme je ne pipais mot, ils renchérissaient tour à tour…le message était hélas très négatif; ce fut une leçon pour moi!

C’est Spurgeon, le prince des prédicateurs, qui a fait remarquer ceci: «Si vous vous tenez à cinq cents mètres d’un homme et lui jetez l’Evangile à la tête, vous le manquerez sûrement, mais si vous allez près de lui, si vous lui saisissez la main avec chaleur et lui montrez que vous avez pour lui de l’affection, alors, par la bénédiction de Dieu, vous pourrez diriger ses pas sur le bon chemin.»

La valeur d’une passion, comme celle d’un feu, se juge à la quantité de lumière et de chaleur qu ‘elle donne. Les fanatiques, comme les incendies de forêts, lancent de grandes flammes, mais détruisent tout ce qui est vert et tendre. .. La passion est inséparable de la compassion. Combien cette pensée d’un auteur anonyme est vraie! Notre Sauveur n’est-il pas celui qui ne brise pas le roseau froissé et qui n’éteint pas la mèche qui fume? (Mat 12.20).

Tout en ayant une saine ambition de croissance et sans négliger les questions de méthodes et de stratégie, l’église locale doit veiller à ne pas être centrée sur le rendement, les statistiques, la stratégie… Elle est centrée sur Christ et sensible à Ses directives. Elle associe harmonieusement l’être et le faire, se souvenant qu’on peut être tellement affairé au service de Jésus-Christ, qu’on en oublie de l’aimer, donc par ricochet, d’évangéliser avec amour et sainteté.

Pour clore ce chapitre, je ne puis m’empêcher de citer une réflexion de cet homme de Dieu remarquable que fut A.W .Tozer: «La notion populaire que la première obligation de l’Eglise est de répandre l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre, est fausse. Sa première obligation est d’être digne spirituellement de le répandre.» Et notre dignité consiste à vivre Christ de plus en plus.

NOTES :
1«Explosion de vie» R. Shallis -page 164, éditions Farel.
2 «La vie quotidienne des premiers chrétiens (95/197)» A. Hamman -page 71, éditions Hachette.
3 «L’évangélisation dans l’église primitive» Michaël Green -page 335 éditions Groupes Missionnaires et Emmaüs.


M.D.

Les fils des prophètes dirent à Elisée: Voici, le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous. Allons jusqu’au Jourdain; nous prendrons, chacun une poutre, et nous nous y ferons un lieu d’habitation.
2 Rois 6.1-2


les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)