Une approche du prologue de l’Évangile selon Jean

Christophe Argaud travaille en région parisienne dans un groupe international, tout en s’impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église et dans diverses rencontres, en particulier pour les jeunes. Il est marié et père de trois enfants.

La structure symétrique du prologue

L’Évangile selon Jean ne débute pas, comme les évangiles synoptiques, par les scènes de la nativité ou par le commencement du ministère de Jésus, comme les Évangiles synoptiques, mais par une introduction magistrale qui, telle une ouverture musicale, décline les uns après les autres les grands thèmes de l’évangile.

On peut voir dans ce prologue (1.1-18) une construction particulière appelée « chiasme » où chaque thème, placé de manière symétrique, pointe vers le thème central, clef de voûte de l’édifice.

Le schéma suivant visualise cette construction : (A) Dieu avec Dieu : Cher Lecteur,……………………..(A’) Dieu avec Dieu
Le logos avec Dieu (v. 1-2)…………………….. Le Fils avec le Père (v. 18) (B) Dons aux hommes ………………….. (B’) Dons aux hommes (v. 3-5)……………………………………………..(v. 16-17) (C) Témoignage de………………. (C’) Témoignage de
Jean-Baptiste (v. 6-8) ………….Jean-Baptiste (v. 15)

(D) Venue de la Parole….. (D’) La Parole
dans le monde (v. 9-10)…..incarnée(v. 14) (E) Rejet ou acceptation de la Parole (v. 11-13)

Cette structure n’est pas anodine, car le thème central du prologue est aussi celui de l’Évangile (20.31).
Et, en même temps, le rejet ou l’acceptation de la Parole (E) sont basés sur ce qui précède, à savoir : (A) ce que la Parole est,
(B) ce qu’elle a donné aux hommes,
(C) le témoignage des hommes,
(D) sa vie parmi les hommes. Tout comme l’Évangile selon Jean dans son ensemble, ce prologue surprend par le contraste entre la simplicité des mots utilisés et la profondeur de son contenu. La suite de l’Évangile en sera le développement.

(A) et (A’) : Dieu avec Dieu

(A) : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » (v. 1-2)
– Les arrière-plans grecs et juifs sont importants pour comprendre le terme grec « logos » (traduit par « parole » ou « verbe » en français). Pour les Grecs, le logos est la raison divine ou cosmique qui donne la cohésion au monde. Pour les Juifs, le logos renvoie à la sagesse qui a créé le monde et le soutient (Prov 8.23-26). Le fait que Jésus soit identifié au logos est donc un message fort pour ces deux cultures.
– La « Parole » était : l’imparfait suggère l’éternité, et s’oppose au passé simple employé dans les v. 3 et 14, quand la parole entre dans l’histoire par la création et l’incarnation.
– « Au commencement » renvoie à Genèse 1 et souligne qu’au moment de la création, la Parole existait déjà.
– Elle « était avec Dieu » et elle « était Dieu ». Le logos est distinct de Dieu et il est en même temps Dieu, dans une intimité unique et éternelle avec lui.
(A’) : « Personne n’a jamais vu Dieu. Dieu le Fils unique, qui vit dans le sein du Père, nous l’a fait connaître. » (v. 18)
– Ce verset distingue le Fils de toute création et exprime la relation étroite du Fils avec le Père. Et c’est ce logos-Fils qui a « fait l’exégèse de Dieu ». Il a expliqué, interprété, raconté la nature profonde de Dieu, ainsi rendu visible et accessible : « Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et celui à qui le Fils voudra le révéler. » (Matt 11.27)

(B) et (B’) : Dons aux hommes

(B) : « Toutes choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise. » (v. 3-5)
– La Parole entre dans l’histoire par la création. Créatrice au même titre que Dieu, elle donne aux hommes vie et lumière. La vie physique (« en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » dira Paul en Actes 17.28), temporelle, préfigure la vie éternelle, thème majeur de l’Évangile. La lumière, première création de Dieu, représente dans l’A.T. la révélation de Dieu qui guide l’homme dans sa destinée et lui apporte la vie : « En toi est la source de la vie, en ta lumière nous verrons la lumière. » (Ps 36.9) Jésus s’identifie à cette lumière, en lui donnant une portée universelle : il est la « lumière du monde » (Jean 8.12).
– La lumière est supérieure aux ténèbres : les ténèbres n’ont pas enveloppé, circonscrit, vaincu la lumière. La lumière l’a emporté sur toutes les forces du mal, présentes dans le monde visité par le logos. Jean anticipe la fin de l’Évangile, avec le Calvaire et la résurrection.
(B’) : « Car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce. Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ. » (v. 16-17)
– Jésus-Christ comble l’homme de richesses que la loi ne pouvait donner. Étant plénitude, il ne donne pas avec mesure : nous avons en effet reçu « une grâce après l’autre ». Ce ministère de la grâce, incarné par Jésus-Christ, dépasse celui de la loi, incarné par Moïse. Augustin a commenté le rapport entre loi et grâce dans cette formule célèbre : « La loi a été donnée pour que la grâce soit recherchée ; la grâce est venue pour que la loi soit accomplie. » La grâce qui accompagne la vérité n’est pas du laxisme — et la vérité nous est supportable car elle est alliée avec la grâce.

(C) et (C’) : Témoignage de Jean-Baptiste

(C) : « Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous croient par lui. Lui n’était pas la lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière. » (v. 6-8)
(C’) : « Jean rend témoignage de lui, et a crié, disant : C’était celui duquel je disais : Celui qui vient après moi prend place avant moi ; car il était avant moi. » (v. 15)
– Le témoignage de Jean-Baptiste est un point essentiel de l’Évangile (1.19,32,34 ; 3.26 ; 5.33). Il était là pour que tous croient en Jésus-Christ, et un beau témoignage est rendu a posteriori à sa mission : « Plusieurs vinrent à Jésus et disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies. Et plusieurs crurent là en lui. » (10.41-42) Jean n’était pas la lumière, mais seulement un témoin de la lumière ; de même nous ne sommes pas non plus des modèles à imiter ou des références, mais nous montrons simplement Celui qui seul est lumière. Quand Jean-Baptiste a continué à baptiser alors que Jésus avait lui aussi commencé à le faire (3.22), leurs deux ministères se « télescopent », et Jean se rend compte qu’il pourrait retenir ses disciples d’aller à Jésus-Christ. C’est à ce moment qu’il constate « qu’il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (3.30).

(D) et (D’) : La Parole incarnée

(D) : « La vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme. Il (le logos) était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. » (v. 9-10)
(D’) : « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité. » (v. 14)
– « La lumière venant dans le monde », « la Parole devint chair » : on ne peut guère trouver de formulations plus concises de l’incarnation. Jésus n’est pas simplement apparu comme un homme : il est devenu homme. Jean choisit à dessein le terme le plus explicite qui soit (« chair »), pour démontrer l’humanité de Christ.
– La Parole « planta sa tente » (litt.) parmi nous, de la même manière que Dieu habitait au milieu de son peuple (Ex 25.8-9), mais avec la différence que Jésus était accessible par tous et en tout temps. Le rêve que Salomon osait à peine caresser (« Mais Dieu habitera-t-il vraiment sur la terre ? ») est réalisé.
– Cependant, l’accessibilité de Jésus ne lui ôte pas sa gloire, gloire liée à celle de Dieu (Jésus était « en forme de Dieu »). Cette gloire est plénitude de « grâce et de vérité », deux notions qui ne peuvent être comprises dans leur pleine dimension en dehors de la vie de Jésus-Christ. Chaque scène de l’Évangile montre à quel point Jésus les a incarnées : ses rencontres avec la femme samaritaine (la grâce : « Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, moi qui suis une femme samaritaine ? » et la vérité : « celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ») et avec la femme adultère (la grâce : « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre sur elle » et la vérité : « Va, dorénavant ne pèche plus ») en sont deux exemples.

(E) Rejet ou acceptation de la Parole

(E) : « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (v. 11-13)
– Le point central du texte porte sur le rejet ou l’acceptation de Jésus-Christ. On ne peut adopter d’attitude neutre : soit nous croyons en lui, soit nous le rejetons. Ceux qui croient deviennent « enfants de Dieu ». Ce n’est pas parce que nos parents ou ancêtres sont chrétiens que nous le devenons : Dieu n’a pas de petits-enfants !
– Être « enfants de Dieu » est la réponse de Dieu à notre foi en Jésus-Christ, et non le résultat d’une décision humaine, comme le choix de vouloir un enfant.
– « Croire » en Jésus-Christ n’est pas simplement une démarche intellectuelle ou un élan de confiance inspiré par les paroles et la personne de Jésus. Il s’agit d’une démarche essentiellement volontaire, qui est l’aboutissement des pas de foi intellectuel et affectif qui la préparent. Or nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes pour prendre cette décision : le prologue nous rappelle que Jésus est Dieu, qu’il nous a comblés de bienfaits que nul autre ne pouvait apporter, et qu’il a partagé notre condition d’homme pour nous expliquer Dieu. Jean-Baptiste, mais également Nathanaël, Pierre, l’aveugle-né, Marthe et Thomas ont reconnu Jésus comme Messie et l’ont annoncé aux hommes, et Jean a consigné leur témoignage. Une foule de témoins s’est ajoutée à travers les âges, certains d’entre eux ont profondément souffert ou sont même morts martyrs.

Tout cela rend la décision de recevoir Jésus-Christ capitale — et sensée. Mais si la décision est négative, aucun lecteur de l’Évangile ne pourra honnêtement prétexter que l’identité de Christ ne lui a pas été clairement dévoilée.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)