Un trésor dans le ciel ou sur la terre ? (Matthieu 6.19-24)

Il y a quelque temps, j’ai assisté à l’enterrement d’un missionnaire de 42 ans, décédé subitement. Le moment le plus touchant de cette émouvante cérémonie fut le témoignage des hommes et des femmes que Dieu avait touchés par le biais de son ministère et qui seront au ciel avec lui un jour. Matériellement, il ne laisse pas grand chose mais spirituellement il a accumulé l’une des fortunes les plus précieuses qui attendent les hommes et les femmes ayant eu le sens de leur responsabilité.
L’intensité de notre consécration se démontre par ce que nous aimons, désirons ou servons. Quel est notre trésor ? Jésus nous pose la question dans ces versets du Sermon sur la montagne.

Quel est ton trésor ?

19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent.
« Amasser » a donné en français « thésauriser ». C’est comme si Jésus disait : « Ce que vous êtes en train de faire révèle un sens erroné des priorités. »
Le problème que Christ relève est de retenir des richesses à des fins égoïstes, ou de voir dans l’accumulation de richesses un but en soi, un moyen d’afficher sa valeur personnelle.
A cette époque, les trésors étaient difficiles à préserver. Beaucoup de riches investissaient leur argent dans des vêtements de qualité. Malheureusement, les mites les dévoraient et pouvaient facilement ruiner une toilette coûteuse. Les maisons étaient construites avec une sorte de pisé qu’il était facile de percer. Un voleur pouvait facilement creuser le mur et retirer un coffret contenant de l’argent ou des bijoux.
Ce passage ne condamne pas la constitution d’une épargne légitime. Les fourmis ont raison d’amasser l’été ce dont elles auront besoin l’hiver (Prov 6.6-8). Il est sage de se préparer, quand c’est possible, un coussin financier pour les « saisons de la vie ».
Mais, comme le dit le proverbe populaire, « l’argent est un bon serviteur et un mauvais maître ». Les richesses sont, comme notre temps et nos compétences, une ressource formidable. Le problème des trésors c’est que parfois, on y prend goût et qu’on se laisse dominer par eux. Le problème c’est d’aimer les richesses de ce siècle et de vivre pour elles, par elles (cf. 1 Tim. 6.9-10).
L’amour des richesses conduit certains à ne pas prendre soin des leurs, ce qui est pire que le comportement des infidèles (1 Tim. 5.8). Il conduit même des soi-disant leaders d’église à exploiter financièrement les personnes crédules qui suivront leurs enseignements corrompus (2 Pi 2.3). Méfiez-vous de ceux qui appellent vos dons sans votre réflexion et votre consentement. L’amour de l’argent touche aussi les pasteurs et autres responsables religieux…
Le jeune homme riche était remarquable dans ses relations à autrui. Il respectait à merveille la seconde partie des 10 commandements. Mais Jésus le conduit avec tact à réaliser combien il avait piétiné les premiers : son amour de l’argent était une idolâtrie qui le condamnait tout autant à l’enfer (Mat 19.16- 26). Quelle folie !
L’interpellation de Jésus doit nous conduire à examiner nos « trésors » : sensualité, richesse, désir d’influence – les options sont hélas fort nombreuses.
 » 20 Mais amassez des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. « 
Les richesses terrestres sont très volatiles (cf. Prov 23.4-5). Christ nous propose de ne pas miser sur cette terre comme si nous allions y rester, mais d’investir différemment, sur le long terme. Le rendement est généreux il n’apparaît qu’au seuil de l’éternité. Au tribunal du Christ, nous ne ferons que récupérer ce que nous avons placé. 2 Cor 5.10 affirme qu’il nous sera « rendu », une notion bancaire, selon ce que nous avons déposé par notre consécration.
Tous les réveils authentiques que l’Écriture nous relate, ont eu un effet spectaculaire sur les offrandes (Ex 35.21 ; 1 Chr 29.2-9 ; Néh 8.5-8). Comme si une vision spirituelle claire montrait la futilité de nos poursuites terrestres. Lorsque je donne à un frère en difficulté, lorsque je participe à l’offrande de l’Église et pour la mission, j’épargne en fait dans les caisses célestes.
Dieu veut que nous nous servions des richesses, pas que nous les aimions pour elles-mêmes. Que nous les utilisions pour jouir de la vie (1 Tim. 6.17), pour contribuer à l’œuvre de Dieu (Éph 4.18), pour être généreux (Luc 6.38).
Il y a eu des moments dans l’histoire où certains sont allés jusqu’à tout sacrifier pour Dieu (cf. Marc 14.5 ou le début des Actes). Il ne me semble pas toutefois que cela soit forcément à imiter. À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Il se peut qu’en cas de réveil spirituel, en cas de guerre et d’énormes besoins de solidarité, certains se sentent conduits à voler au secours d’autrui par de tels sacrifices. Mais cela n’est pas sans conséquences terrestres. Quelques années plus tard, la famine a frappé la région de Jérusalem. Paul demande aux autres régions, qui avaient tant bénéficié de l’aide des chrétiens de Jérusalem, d’aider ceux qui vraisemblablement, n’avaient alors plus de champs…
21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
Finalement, la véritable question est le contrôle qu’exerce un trésor. Qu’est-ce qui vous passionne, vous fait vibrer, vous fait choisir comment vous passez votre temps, votre énergie ? Nos passions révèlent ce que nous sommes — la couleur de notre cœur. Elles orientent nos vies.
Quand on fait du deltaplane, le seul moyen de contrôler la direction, c’est de faire basculer son corps dans un sens ou dans un autre. Le centre de gravité se déplace et l’aile volante s’oriente dans la direction voulue. Il en va de même de nos trésors. Par une décision consciente, nous devons déplacer nos centres d’intérêts, pour que nos trésors ne mobilisent pas toute notre énergie.
Un objet (aussi petit qu’un ordinateur ou aussi grand qu’une maison), ou un plaisir (aussi légitime qu’un plat de lasagnes ou aussi indigeste qu’un excès de table) peuvent ôter à Dieu la place du maître.
Ces mêmes idées sont ensuite rappelées par deux fois d’une manière différente.

Quel est ton désir ?

22 L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; 23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres !
Le corps ne perçoit les obstacles devant lui que grâce à l’œil. Si l’œil ne fonctionne pas bien, il est difficile de retrouver un chemin ou de bouger son corps comme il le faudrait. L’œil c’est aussi l’appréhension des désirs et des éléments qui nous entourent. Beaucoup des informations qui orientent ma vie passent par les yeux.
Dans le jardin d’Éden, Ève « vit » que « l’arbre était bon à manger et agréable à la vue » (Gen 3.6) et elle en prit. Acan « vit » un manteau d’une rare beauté et un gros lingot d’or parmi les objets interdits du butin (Jos 7.1,21). David « vit » Bath-Schéba avant de réaliser son plan (2 Sam 11.2).
L’apôtre Jean avertit : « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » (1 Jean 2.16) C’est comme si la chair était dans un état de manque continuel et cherchait l’appui des yeux pour la nourrir, et pour susciter « l’orgueil de la vie ».
Jésus parle d’un œil en « bon état ». Le terme grec évoque la simplicité, la franchise, le caractère sans détour, la sincérité, l’honnêteté. Il peut se traduire par « non artificiel », « non mélangé », mais « direct ».
Notre œil va entraîner notre corps, et si notre œil n’est pas honnête, il va générer des désirs, orienter le corps, conduire notre vie, contrôler notre être.
Un œil intègre, franc, centré sur Dieu fera des merveilles dans une vie. Et pour ceci nous avons besoin que Dieu éclaire nos yeux (Ps 13.4 ; Éph 1.18).
L’œil peut aussi être en « mauvais état ». Ce qui désigne ici un état moralement mauvais, des yeux avides de trouver de quoi nourrir sa passion, son cœur.
Chacun d’entre nous, je suppose, avons parfois des aspirations moralement mauvaises. Nos yeux se portent fort naturellement sur ce qui alimente ces aspirations. Celui qui laisse ses yeux désirer et chercher la satisfaction, la satiété, ne trouvera qu’un puits sans fond. Il se retrouvera de plus en plus lié.

Qui est ton maître ?

24 Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
En personnifiant la richesse par Mammon, Jésus pense à ce qui nous contrôle, qui nous motive, qui nous satisfait, qui nous rassure, qui nous donne le sens des valeurs. Bref, le dieu que nous servons !
Les directives de deux maîtres feront en sorte qu’un jour où l’autre, ils s’opposeront. L’écartèlement n’est jamais très agréable. Le choix devient alors obligatoire. Qui est votre maître ?
Lorsqu’on cherche à placer ses yeux sur deux objets à la fois, on louche bizarrement et on ne voit plus rien clairement. Tout devient confus et on n’arrive plus à prendre de bonnes décisions.
Jésus appelle à une consécration absolue — volontaire, aimante, confiante — à sa personne. Dès lors, vous ne pourrez plus placer vos trésors uniquement sur cette terre, car vous n’emporterez rien. Dès lors, vous ne pourrez plus désirer n’importe quoi, car en chemin vers Dieu vous visez la sanctification, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie, au moment de son retour. Dès lors, vous resterez détaché de tout ce qui pourrait vous dominer, pour mieux être disponible pour le Dieu qui vous a racheté !

Conclusion

Le respect de la seigneurie du Christ est un mouvement perpétuel de mort à soi-même — et de résurrection en lui. En fait, comme le dit l’apôtre Pierre, « chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui » (2 Pi 2.19).
Qui est notre maître ? Qui nous domine ? Comme le souligne Timothy Keller, « Nous savons tous qu’il est possible de faire de l’argent un dieu. Nous savons aussi qu’il est possible de faire des relations sexuelles un dieu. En fait, tout peut devenir une idole, une alternative au vrai Dieu, une contrefaçon […] Un faux dieu est tout ce qui devient tellement central et essentiel à votre cœur que sa perte vous ferait perdre le goût de la vie. Une idole contrôle votre cœur d’une façon telle que vous pouvez lui consacrer la plus grande part de votre passion et votre énergie, de vos ressources financières et émotionnelles, sans y réfléchir à deux fois. »[note]Timothy Keller, Les idoles du cœur, Éditions CLE, 2008. [/note]
Comment ôter ces idoles de nos cœurs ? En faisant de Jésus-Christ l’objet de notre admiration, de notre satisfaction, de notre dévouement. On ne peut brûler ses idoles sans les substituer à un amour plus grand. L’apôtre Jean termine sa première lettre sur ces mots :
« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable; et nous sommes dans le Véritable en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle. Petits enfants, gardez-vous des idoles. » (1 Jean 5.19-21)
Amassons un capital dans le ciel. Faisons-le par toutes les œuvres bonnes, par tous les investissements financiers pour le royaume de Dieu, par tous les actes discrets de piété, par le pardon que nous offrons, par l’amour que nous vivons — en un mot, par le règne de Christ en nous.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)