Un Psaume messianique, Psaume 40

Les Psaumes messianiques

Que comprenons-nous derrière l’expression « Psaumes messianiques » ?

Au soir de sa résurrection, le Seigneur Jésus explique à ses disciples qu’il fallait que soit accompli tout ce qui était écrit de lui dans la loi de Moise, dans les prophètes et dans les Psaumes (Luc 24.44).

Par cette référence, Jésus confirme le fait que certains Psaumes portent un caractère particulier de Psaumes « messianiques », en ce qu’ils parlent de façon directe du Messie promis au peuple d’Israël.

Parallèlement, on pourrait étendre le concept aux « textes messianiques tirés du Pentateuque » ou aux « prophéties messianiques tirées des prophètes ». En général, le caractère messianique d’un texte de l’Ancien Testament est avéré, quand un ou plusieurs auteurs du Nouveau Testament citent ce texte en relation avec le Messie. Par extension, d’autres parties de la Bible portent ce caractère, sans être spécifiquement « accréditées comme telles » par le Nouveau Testament. Il nous faut ici beaucoup de discernement et de sagesse dans l’interprétation des Écritures, car on risque, dans une recherche trop poussée de typologie, de vouloir rendre messianique un passage qui ne le serait pas. Au-delà d’une lecture directe, historique des Psaumes, nous pouvons en relire certains en cherchant à y trouver ce qui annonce par avance Jésus.

Au cours de son enseignement, Jésus a souvent cité lui-même des Psaumes, afin d’illustrer ou d’établir une vérité

– Mat 21.16 : « Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle. » (Ps 8.2)
– Mat 5.5 : « Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre ! » (Ps 37.11)
– Jean 6.31 : « Il leur donna le pain du ciel à manger. » (Ps 78.24)

Jésus nous montre ainsi que la lecture des Psaumes constitue une très riche nourriture spirituelle.
Mais il va plus loin, quand il reconnaît le caractère messianique de certains Psaumes :
– Marc 12.36 : Il cite un psaume qui annonce la gloire du Messie : « David lui-même, animé par l’Esprit-Saint, a dit : “Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.’” » (Ps 110.1)
– Jean 15.25 : Il évoque la souffrance du Messie : « Mais cela est arrivé afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : “Ils m’ont haï sans cause.” » (Ps 35.19)
– Jean 13.18 : Il annonce la trahison de Judas : « Il faut que l’Écriture s’accomplisse : “Celui qui mange avec moi le pain a levé son talon contre moi.” » (Ps 41.9)
– Luc 20.17 : Il démasque le rejet des chefs religieux à son égard : « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. » (Ps 118.22)
N’est-ce pas touchant d’entendre Jésus parler de lui-même, à travers ces citations de Psaumes ?

Cette introduction — que l’on pourrait compléter par de nombreuses citations des Actes et des Épîtres — nous conduit à parcourir ensemble un de ces Psaumes messianiques, cité dans le Nouveau Testament en Hébreux 10. 5-7 : le Psaume 40.

Psaume 40

« J’avais mis en l’Éternel mon espérance ; Et il s’est incliné vers moi, il a écouté mes cris. » (v.1)
Comme souvent dans les Psaumes, le premier verset peut être lu comme un résumé ou une introduction à ce qui suit. L’humanité parfaite du Seigneur marchant sur la terre, sa dépendance et sa patience, sa souffrance, sont évoquées là et se retrouvent dans les versets qui suivent.

« Il m’a retiré de la fosse de destruction, du fond de la boue ; Et il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu. » (v. 2-3a)
Le Psaume commence par la résurrection et la louange. Nous pensons à Jésus victorieux. Après l’abîme de la mort, évoquée dans des expressions qui rappellent celles qu’utilisait Jonas dans le ventre du grand poisson, la stabilité d’une vie qui demeure à toujours s’appuie sur le roc.
Et si nous sommes nous-mêmes au fond d’un puits ou dans un bourbier, nous pouvons penser à celui qui en est sorti victorieux.

« Beaucoup l’ont vu, et ont eu de la crainte, et ils se sont confiés en l’Éternel. » (v. 3b)
De nombreux témoins oculaires de sa résurrection ont vu et ont cru. C’est le cas de Jean, « l’autre disciple », entrant dans le tombeau vide (Jean 20.8) ou de Thomas face aux marques des clous et de la lance (Jean 20.28).

« Heureux l’homme qui place en l’Éternel sa confiance, Et qui ne se tourne pas vers les hautains et les menteurs ! » (v. 4)
Nous entrevoyons la confiance de Christ comme homme. Il n’était pas tourné vers les orgueilleux, lui qui était « doux et humble de cœur » (Mat 11.29).

« Tu as multiplié, Éternel, mon Dieu ! Tes merveilles et tes desseins en notre faveur ; Nul n’est comparable à toi ; Je voudrais les publier et les proclamer, Mais leur nombre est trop grand pour que je les raconte. » (v. 5)
Ses œuvres et ses pensées sont merveilleuses. L’apôtre s’écriera dans une doxologie : « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.38) Jean dira aussi des œuvres du Seigneur : « Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait. » (Jean 21.25) Jésus dira aussi : « Le Père aime le Fils et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci afin que vous soyez dans l’admiration. » (Jean 5.20, Darby) Partageons-nous cette admiration ?

« Tu ne désires ni sacrifice ni offrande, Tu m’as ouvert les oreilles ; Tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. » (v. 6)
Jésus était le « plaisir de Dieu » sur la terre, au-dessus des quatre formes de sacrifice qui nous sont décrites dans le début du livre du Lévitique et qui sont rappelées ici. À deux reprises, lors de son baptême et sur la montagne de la transfiguration, Dieu fait entendre sa voix : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. »
L’humanité de Christ est soulignée dans l’expression : « Tu m’as ouvert les oreilles », traduite par : « Tu m’as formé un corps » dans la traduction des Septante citée en Hébreux 10.5. Outre le fait que les Septante aient probablement choisi ici un mode de traduction dit « par équivalence dynamique » et non pas mot à mot, il est touchant d’entrevoir que toute l’humanité du Seigneur Jésus — « Tu m’as formé un corps » — se caractérisait par son écoute, son obéissance, sa soumission à son Père — « Tu m’as ouvert des oreilles ».
Son corps d’homme parfait est présenté comme sacrifice, ultime ressource quand le sacrifice de prospérité, l’offrande de gâteau, l’holocauste et le sacrifice pour le péché ne nous sont plus « demandés ».

« Alors je dis : “Voici je viens” » (v. 7a)
Joseph dit : « Me voici » quand son père veut l’envoyer vers ses frères (Gen 37.13). Ésaie dit : « Me voici, envoie moi » quand Dieu demande : « Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? » (És 6.8)
David « se leva de bon matin, […] prit sa charge, et partit » quand Isaï son père lui demanda d’aller voir ses frères (1 Sam 17.17,20).
Joseph et David, par divers traits de leur caractère et par les expériences de leur vie (par exemple leur rejet par leurs frères), annoncent par avance celui qui, encore mieux qu’eux, dira : « Voici je viens. »

« Il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, Et ta loi est au fond de mon cœur. » (v. 7b-8)
Quand Jésus dit à ses disciples étonnés, devant le puits de Sichar : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4.34), c’est un peu comme s’il citait ce texte du Psaume 40 pour lui-même. Et voilà que ce même verset fait référence à un autre rouleau, un autre livre, celui de la loi. C’est comme une chaîne qui commence dans le Pentateuque, passe par le Psaume 40 et se termine dans les Évangiles et l’Épitre aux Hébreux. Jésus dira : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit à mon sujet. » (Jean 5.46)

« J’annonce la justice dans la grande assemblée ; Voici, je ne ferme pas mes lèvres, Éternel, tu le sais ! Je ne retiens pas dans mon cœur ta justice, Je publie ta vérité et ton salut ; Je ne cache pas ta bonté et ta fidélité dans la grande assemblée. » (v. 9-10)
Jésus est le vrai témoin fidèle. Sa vie se caractérise par la perfection.
Au cours de son ministère il ne se lassait pas : « Selon sa coutume, il se mit encore à enseigner [la foule]. » (Marc 10.1) Dans les tout derniers jours avant la croix, « tout le peuple, dès le matin, se rendait vers lui dans le temple pour l’écouter. » (Luc 21.38)
Jésus a fait une « belle confession devant Ponce Pilate » (1 Tim 6.13). Il n’a pas hésité non plus devant le souverain sacrificateur, alors qu’il savait quel déchaînement de violence ses paroles allaient provoquer : « Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » (Mat 26.64) Jésus unifie admirablement dans cette seule phrase deux textes messianiques complémentaires : le Psaume 110.1 (« assis à la droite de la puissance ») et Daniel 7.13 (« Sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme »). La situation s’est retournée : Jésus devient le juge et l’assistance, l’accusée. C’est comme si Jésus donnait, à la dernière heure de son ministère, la clef de l’expression qu’il aimait tant utiliser pour se désigner lui-même : « le fils de l’homme » (79 fois dans sa bouche).

«  Toi, Éternel ! tu ne me refuseras pas tes compassions ; Ta bonté et ta fidélité me garderont toujours. Car des maux sans nombre m’environnent ; Les châtiments de mes iniquités m’atteignent, Et je ne puis en supporter la vue ; Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, Et mon courage m’abandonne. » (v. 11-12)
Ce Psaume, qui a introduit Christ comme un sacrifice, le présente maintenant comme celui qui a porté nos péchés sur lui, les prenant à son compte. Il est semblable au bouc azazel (le bouc qui s’en va, ou le bouc-émissaire), qui recevait l’imposition des mains du sacrificateur sur sa tête. Ce dernier y confessait toutes les iniquités et toutes les transgressions du peuple que le bouc portait au désert (Lév 16. 20-23).

« Veuille me délivrer, ô Éternel ! Éternel, viens en hâte à mon secours ! Que tous ensemble ils soient honteux et confus, Ceux qui en veulent à ma vie pour l’enlever! Qu’ils reculent et rougissent, Ceux qui désirent ma perte ! Qu’ils soient dans la stupeur par l’effet de leur honte, Ceux qui me disent : Ah ! ah ! » (v. 13-15)
Le Seigneur est passé par la souffrance de la moquerie, du ridicule, d’être différent. Un autre Psaume messianique dit : « L’opprobre me brise le cœur. » (Ps 69.20) Quelqu’un d’endurci peut se moquer de l’avis des autres, mais le Seigneur était sensible à la violence des mots et des regards. Il nous comprend, si nous ressentons parfois des attaques de cette nature.
Il semble que ce Psaume se termine par la croix, alors qu’il avait commencé par la résurrection. Quand nous nous préparons et participons à un culte d’adoration, ne tombons pas sous la tyrannie de la chronologie ou de la liturgie. N’hésitons pas à commencer un culte par la résurrection et la victoire et à reparler de la croix après la célébration de la cène. Il en est de même dans notre adoration privée, pour laquelle un Psaume comme celui-ci peut nous servir de base ou d’aide.

« Que tous ceux qui te cherchent Soient dans l’allégresse et se réjouissent en toi ! Que ceux qui aiment ton salut Disent sans cesse : Exalté soit l’Éternel ! » (v. 16)
Au cœur même de la souffrance, le Messie entrevoit les fruits de son œuvre. Des hommes et des femmes rechercheront Dieu, se réjouiront en lui et seront l’objet « d’un si grand salut ». Ils seront un peuple d’adorateurs.
Hébreux 12.2 nous dit : « Jésus, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte. » C’est un peu le résumé des trois derniers versets de notre psaume : la honte (v. 15), la joie (v. 16) et la croix (v. 17).

« Moi, je suis pauvre et indigent ; Mais le Seigneur pense à moi. Tu es mon aide et mon libérateur : Mon Dieu, ne tarde pas ! » (v. 17)
Sur la croix, le Seigneur Jésus était le pauvre par excellence. On venait de le dépouiller du peu qui lui restait, ses vêtements, dont la tunique tissée d’une seule pièce. Il sait que la délivrance viendra de son Dieu, qui ne l’oublie pas. Mais la souffrance est là et le temps est long : « Mon Dieu, ne tarde pas ! »

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)