Un plan pour le livre de Job, une réponse de Dieu à Job

Le plan général du livre

Le livre de Job a un plan simple à établir. Un épilogue en prose (42.7-17) répond à un prologue en prose également (1.1-2.13), encadrant une longue partie centrale en vers (3.1-42.6).
Trois cycles de dialogues entre Job et ses trois amis couvrent la majorité de la partie centrale (3-26)[note]Le 3e cycle ne comprend pas de discours de Tsophar. Certains ont cru devoir l’introduire avant 27.13, mais il s’agit d’une pure conjecture.[/note] . Job prend d’abord la parole[note]« Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. » (3.1)[/note]  pour prononcer une lamentation, avant que ses « amis » entament leurs cycles de reproches auxquels Job répond pied à pied.
Suivent deux discours de Job introduits par la formule : « Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit : … » (27.1 ; 29.1) jusqu’à ce qu’on trouve la mention : « Fin des paroles de Job. » (31.40b)
Un quatrième ami, Elihu, prend alors la parole et prononce un long discours ponctué par trois adresses à Job (33.1, 31 ; 37.14) et une pause (36.1), délimitant ainsi cinq sections.
Enfin Dieu prend la parole à deux reprises, : « L’Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit : » (38.1 ; 40.1) ; chaque discours divin est suivi par une courte réponse de Job.

Le livre peut ainsi se répartir ainsi en 7 parties :
A. Prologue : les épreuves de Job…………………………….. 1.1-2.13
B. Lamentation de Job……………………………………………. 3
C. 3 cycles de dialogues entre Job et ses 3 amis ………….4-26
D. Monologue de Job ……………………………………………….27-31
C’. Discours d’Elihu …………………………………………………32-37
B’. Réponse de Dieu du milieu de la tempête ……………..38-42.6
A’. Épilogue …………………………………………………………….42.7-17

Une structure en chiasme apparaît ainsi naturellement, avec l’épilogue (A’) qui répond au prologue (A) et le discours d’Élihu (C’) qui répond aux dialogues entre Job et ses amis (C). Nous reviendrons après sur la correspondance entre la lamentation initiale de Job (B) et la réponse de l’Éternel (B’). Le monologue final de Job occupe ainsi la partie centrale (D) : c’est dans ces chapitres que Job reprend et résume (si l’on peut dire, car la partie est longue !) ses griefs contre Dieu et la justification de sa bonne conduite en face des accusations de ses amis.

La correspondance entre le prologue et l’épilogue

Ces deux parties se répondent non seulement par leur style (en prose), mais de façon extraordinairement précise dans leur déroulé :

Prologue

.a. Introduction : la vie juste de Job (1.1)
..b. Les enfants de Job : 7 fils et 3 filles (1.2)
…c. Les troupeaux de Job : 7 000 brebis, 3 000 chameaux, 500 paires de bœufs, 500 ânesses (1.3)
….d. Le festin : les enfants (frères et sœurs) de Job font un festin (1.4-5)
…..e. Les afflictions de Job commencent (1.6-2.10)
……f. Les 3 amis de Job, dont le nom est donné, viennent vers Job pour le consoler (2.11)
…….g. Les 3 amis sont silencieux 7 jours et 7 nuits (2.12-13)

Épilogue

…….g. Les 3 amis sont repris par Dieu et doivent offrir 7 taureaux et 7 béliers (42.7-8)
……f. Les 3 amis, dont le nom est donné, viennent vers Job pour qu’il intercède pour eux (42.9)
…..e. Les afflictions de Job sont finies (42.10)
….d. Le festin : les frères et sœurs de Job font un repas avec lui (42.11)
…c. Les troupeaux de Job : 14 000 brebis, 6 000 chameaux, 1 000 paires de bœufs, 1 000 ânesses (42.12)
..b. Les enfants de Job : 7 fils et 3 filles (42.13-15)
.a. Conclusion : la vie longue de Job (42.16-17)

Le livre de Job s’achève donc par une espèce de « retour à la case départ » — en mieux même puisque le Seigneur accorde à Job de retrouver sa richesse initiale (mais multipliée exactement par deux) et exactement le même nombre d’enfants (mais avec des filles encore plus jolies). C’est presque trop beau pour être vrai. Si la vie de tous les malheureux qui se retrouvent si bien dans les propos parfois désespérés de Job finissait en « happy end », on le saurait !Pourtant la symétrie entre la conclusion et l’introduction montre de façon prophétique à chacun de ceux qui souffrent aujourd’hui que la souffrance et le mal ne se perpétueront pas à toujours. Ce que Job a connu à la fin de sa vie de façon matérielle, tous les croyants qui passent par l’épreuve le connaîtront de façon certaine quand, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, il n’y aura plus « ni deuil, ni cri, ni peine » (Apoc 21.4). L’aboutissement ne sera pas seulement une longue vie bien remplie, mais la vie éternelle. Le nombre d’années de vie supplémentaires de Job le suggère peut-être : 140 se décompose en 2 x 7 x 10 : une double (2) plénitude (7) pour l’homme (10). Alors, pour reprendre le propos de Paul, « nos légères afflictions du moment présent produiront pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire » (2 Cor 4.17).

La correspondance entre la lamentation de Job et la réponse de Dieu

Loin d’être un artifice pour arriver à un plan intellectuellement satisfaisant, la correspondance entre le chapitre 3 et les chapitres 38 à 41 est frappante.
Le chapitre 3 comprend deux parties : tout d’abord, Job formule une suite de souhaits — de malédictions plutôt — sur le jour de sa naissance introduits par « que » (3.2-10). Il enchaîne ensuite sur des « pourquoi » (3.11-23) sur la raison de sa naissance et, plus généralement, de celle des souffrants, avant une brève conclusion sur sa situation présente (3.24-26).
C’est presque point par point, en reprenant les mots même utilisés par Job, que l’Éternel va répondre à son fidèle. « Les paroles de Dieu préparent le terrain au rétablissement de Job en le forçant à retirer la malédiction qui pèse sur les débats depuis le chapitre 3. Job a prononcé une malédiction sur son “jour” et il a invoqué ceux qui savent réveiller le léviathan. Dieu somme Job d’assumer le rôle de dieu et de voir quelle autorité il serait capable d’exercer au cours d’une journée — ou sur tout autre aspect du cosmos (38.12 et suiv.). Job avoue son impuissance (40.3-5). Ensuite, Dieu réveille le léviathan et demande à Job s’il est prêt à l’affronter (41.1 et suiv.). Encore une fois, Job admet son impuissance (42.1-6). » [note] A.Cooper, « Narrative Theory and the Book of Job”, Studies in Religion 11 (1982), p. 39-43, cité par D.A. Dorsey, The Literary Structure of the Old Testament: A Commentary on Genesis–Malachi, p. 170). Le présent article doit largement à ce dernier ouvrage.[/note]
Un commentateur a calculé que plus de 60 mots différents employés par Job dans le ch. 3 se retrouvent dans le discours divin des ch. 38 à 41, souvent à plusieurs reprises. Au total, les correspondances seraient supérieures à 140.
En voici trois, parmi les plus caractéristiques — outre le léviathan :
 Job souhaite « que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, que [la nuit] attende en vain la lumière, et qu’elle ne voie point les paupières de l’aurore ! » (3.9). Dieu évoque la création où « les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse » (38.8), puis il va nommer plusieurs constellations d’étoiles (38.31-32).
 Job se sent sans force (3.17) et Dieu lui parle de la force qu’il a mise dans sa création, que ce soit pour le buffle (39.14), le cheval (39.24) ou le béhémoth (40.11).
 Job se recroqueville dans ses peurs : « Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint » (3.25), tandis que Dieu lui oppose l’audace du cheval : « Il se rit de la crainte, il n’a pas peur. » (39.25)
Oui, Dieu a vraiment répondu à Job en lui apparaissant et en lui ouvrant une autre perspective, ô combien plus grande, celle de ses desseins glorieux (38.2). Job l’a bien compris et conclut : « Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s’oppose à tes pensées. — Quel est celui qui a la folie d’obscurcir mes desseins ? — Oui, j’ai parlé, sans les comprendre. » (42.2-3).

Le cœur du livre : le discours sur la sagesse (ch. 28)

Le plan général du livre donné ci-dessus place au centre le monologue de Job des chapitres 27 à 31, avec ses deux parties, 27-28 et 29-31. Or de nombreux commentateurs ont relevé la singularité du chapitre 28, magnifique discours sur la sagesse. Il est donc possible de l’isoler du chapitre 27 et de diviser le monologue en trois sections, dont le chapitre 28 serait le centre — et, de facto, le centre de tout le livre. Le sommet qu’est le chapitre 28 qualifie le livre de Job comme faisant partie des « écrits de sagesse ». Plus qu’une narration historique[note]Même si nous retenons pour notre part l’historicité du personnage de Job.[/note] , il s’agit d’une réflexion de sagesse, à l’instar des Proverbes ou de l’Ecclésiaste. Et le livre de Job doit être lu et interprété à cette lumière. La sagesse « doit être comprise comme ce qui donne ordre et cohérence »[note]John H. Walton, Job, NIVAC, p. 294. Nous recommandons tout le développement de cet auteur sur le ch. 28 qui est très pénétrante.[/note]  à la création de Dieu ; aussi n’est-il pas étonnant que ce soit en dépeignant quelques traits de sa création que Dieu s’adresse finalement à Job.
Un indice corrobore la mise en évidence du chapitre 28 comme centre du livre. Ce chapitre se termine par ce propos que Job met dans la bouche de Dieu : « Voici, la crainte du Seigneur, c’est la sagesse ; s’éloigner du mal, c’est l’intelligence. » Cette maxime fait directement écho au premier verset du livre : Job « craignait Dieu, et se détournait du mal » (1.1b). Mais il a fallu que Job passe par des expériences ô combien douloureuses pour percevoir vraiment ce qu’est la sagesse divine et faire complètement confiance à un Dieu dont la sagesse dépasse totalement sa compréhension limitée — « des merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas » (42.3b), conclut Job.

Plan détaillé
A. Prologue : les épreuves de Job 1.1-2.13
   B. Lamentation de Job
C. 3
 cycles de dialogues entre Job et ses 3 amis 4-26
              Cycle 1                                                                                        4-14

Éliphaz                                                                                    4-5
Réponse de Job                                                                      6-7
Bildad                                                                                     8
Réponse de Job                                                                      9-10
Tsophar                                                                                  11
Réponse de Job                                                                      12-14

              Cycle 2                                                                                        15-21

Éliphaz                                                                                    15
Réponse de Job                                                                      16-17
Bildad                                                                                     18
Réponse de Job                                                                      19
Tsophar                                                                                  20
Réponse de Job                                                                      21

              Cycle 3                                                                                        22-26

Éliphaz                                                                                    22
Réponse de Job                                                                      23-24
Bildad                                                                                     25
Réponse de Job                                                                      26

            D. Monologues de Job 27-31

1er monologue                                                                         27
Discours sur la sagesse                                                      28
2nd monologue                                                                         29-31

         C’. Discours d’Élihu                                                       32-37

      B’. Réponse de Dieu du milieu de la tempête                    38-42.6

1re réponse de Dieu                                                                           38-39.35
1re réponse de Job                                                                       39.36-38
2nde réponse de Dieu                                                                         40-41
2nde réponse de Job                                                                      42.1-6

A’. Épilogue : les bénédictions de Job                                  42.7-17

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)