Un exemple de crainte de Dieu (Exode 1.15-22)

15 Le roi d’Égypte dit aux sages-femmes des Hébreux, dont l’une s’appelait Chifra et l’autre Poua :
16 « Quand vous aiderez les femmes des Hébreux à accoucher, regardez bien l’enfant qui naît : si c’est un garçon, tuez-le, si c’est une fille, laissez-la vivre. »
17 Mais les sages-femmes respectaient Dieu ; elles n’obéirent pas au roi d’Égypte et laissèrent vivre les garçons.
18 Le roi les convoqua et leur dit : « Pourquoi agissez-vous ainsi ? Pourquoi laissez-vous vivre les garçons ? »
19 Les sages-femmes dirent au pharaon : « Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes. Elles sont vigoureuses et mettent leurs enfants au monde avant l’arrivée de la sage-femme. »
20 Dieu fit que les sages-femmes soient habiles. Ainsi les Israélites devinrent de plus en plus nombreux et vraiment puissants.
21 Et parce que les sages-femmes avaient reconnu l’autorité de Dieu, il leur donna une descendance.
22 Alors le pharaon ordonna à tout son peuple : « Jetez dans le Nil tout garçon hébreu nouveau-né ! Ne laissez en vie que les filles ! »

L’édit de Pharaon

Le verset 15 présente une étrange juxtaposition: d’une part, le roi d’Égypte, dont le nom n’est même pas mentionné ; d’autre part, deux sages-femmes modestes dont les noms sont conservés pour toujours : Schiphra et Pua. Tout au long de l’épreuve du peuple d’Israël en Égypte, Pharaon n’est jamais nommé ; il n’est qu’un instrument dans la main du Seigneur pour sa gloire. Mais ces deux femmes sont nommées afin que nous puissions nous souvenir d’elles pour toujours.
Schiphra et Pua n’étaient probablement pas les seules sages-femmes de tout le peuple d’Israël. La tâche aurait été trop lourde face à toutes les naissances ; elles étaient sans doute deux des sages-femmes en chef. Elles ont reçu un ordre de Pharaon lui-même : « Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c’est un garçon, faites-le mourir; si c’est une fille, laissez-la vivre » (1.16).  Pourquoi tuer les bébés mâles qui fourniraient la main d’œuvre pour construire des villes et des pyramides ? Un contrôle des naissances efficace aurait plutôt conduit à tuer les filles. Mais Pharaon voulait avant tout éliminer des soldats potentiels (cf. 1.10).

Il est probable que plusieurs années se soient écoulées entre l’ordre du verset 16 et la comparution des sages- femmes devant Pharaon (1.18). Son plan d’élimination souterrain des garçons israélites avait
tourné court : beaucoup de garçons israélites étaient vivants.

Un mensonge acceptable ?

Pharaon fit donc revenir Schiphra et Pua et leur adressa la question qu’elles avaient peut-être longtemps craint qu’on leur pose : « Pourquoi avez-vous laissé vivre les garçons ? »
L’hébreu de leur réponse est difficile à traduire. Elles semblaient dire que les femmes israélites étaient plus vigoureuses que les femmes égyptiennes, qu’elles étaient trop actives, de sorte que les sages-femmes n’arrivaient pas avant l’accouchement.
C’était peut-être partiellement vrai. Mais c’était aussi certainement une dissimulation trompeuse, une sorte de mensonge à Pharaon. Cela soulève la question : ont-elles eu tort de mentir ? L’exemple classique est celui des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale qui demandaient : « Cachez- vous des Juifs ? » Quelle était la bonne réponse à donner? Préserver leur vie en mentant? Était-il obligatoire de dire la vérité à l’officier nazi ? Schiphra et Pua étaient-elles obligées de dire la vérité ? En répondant une demi-vérité (au mieux), ont-elles commis un péché ?
Calvin, comme beaucoup d’autres commentateurs, pensait que Schiphra et Pua avaient péché : « Dans la réponse des sages-femmes, deux vices sont à observer, puisqu’elles n’ont pas confessé leur piété avec franchise, et, ce qui est pire, s’en sont tirées par le mensonge. » Calvin poursuit en disant que ce n’est qu’à cause de l’indulgence paternelle de Dieu qu’il est passé par- dessus leur iniquité et les a néanmoins récompensées pour leur foi.
Mais je ne trouve dans le texte aucune indication qu’elles aient fait quoi que ce soit de blâmable. De fait, ce qui ressort de ce texte est qu’elles doivent être loués pour leurs actions :

  • Leur nom est donné, afin qu’on se souvienne d’elles comme des héroïnes de l’histoire d’Israël (1.15).
  • Il est noté qu’elles craignaient Dieu (1.17).
  • « Dieu leur fit du bien» (1.20)
  • Dieu leur donna des familles (1.21).

Ces quatre versets déclarent explicitement que Dieu était satisfait.
Les théologiens distinguent trois types de mensonges :

  1. Le mensonge malveillant sert à son propre intérêt et à nuire à son Il est toujours mauvais.
  2. Le mensonge humoristique consiste à plaisanter ou à Il peut être bon ou mauvais, selon le contexte. Par exemple, ce n’est pas un péché d’organiser une fête d’anniversaire surprise. D’un autre côté, il peut y avoir des blagues ou des plaisanteries qui, même si elles ne visent qu’à s’amuser, sont néanmoins nuisibles. Proverbes 26.18- 19 avertit : « Comme un furieux qui lance des flammes, des flèches et la mort, ainsi est un homme qui trompe son prochain, et qui dit : N’était-ce pas pour plaisanter ? » L’image est claire : une blague peut blesser profondément.
  3. Le troisième type est celui qui prête à controverse : le mensonge de nécessité. Est-il parfois approprié de mentir pour servir et protéger son prochain ?
    Je ne parle pas ici d’un mensonge qui ne fait qu’arranger les choses, comme celui d’Abraham et d’Isaac dans la Genèse. L’un et l’autre ont peur qu’Abimélec les tue s’il sait que les très belles femmes qui sont avec eux sont leurs épouses. Alors ils les font passer pour leurs sœurs afin qu’on les laisse tranquilles. C’est un mauvais mensonge, qui vise simplement à rendre les choses plus faciles pour eux. Pire, il met leurs femmes en grand danger, par leur lâcheté. Je soutiens cependant (avec beaucoup d’autres) que, dans des circonstances extrêmes, il est approprié de mentir, comme l’ont fait les sages-femmes[note]NDLR : Pour un autre avis que celui de l’auteur concernant le droit de mentir dans le cadre d’une situation extrême, nous renvoyons le lecteur au livre du Dr. Daniel Arnold, Vivre l’éthique de Dieu. L’amour et la justice au quotidien, La Maison de la Bible, 2020, chapitre Est-il parfois juste de mentir ?, p. 321-329.[/note].

Le neuvième commandement dit explicitement : « Tu ne porteras pas de faux témoignage » (20.16). Le contexte implicite est celui d’un tribunal, où, à cause de votre calomnie et de votre intention malveillante, vous infligez à quelqu’un d’autre une punition qu’il ne mérite peut- être pas entièrement.

Les sages-femmes sont louées dans ce passage — tout comme Rahab, plus tard, est louée comme une femme de foi, lorsqu’elle a caché les espions à Jéricho (Héb 11.31). Tout dans ces versets nous amène à la conclusion que l’action des sages-femmes était juste parce qu’elles craignaient le Seigneur.

La bénédiction de Dieu et les circonstances difficiles

Dieu bénit Israël : « Le peuple multiplia et devint très nombreux » (1.20b). Pharaon ne comprend pas :

● Tout d’abord, il a voulu faire travailler très dur les Israélites pour les éliminer. Mais ils ont continué à se multiplier.
● Il a ensuite demandé aux sages- femmes de l’aider à les éliminer. Mais ils se sont toujours multipliés. Dieu les a bénis malgré les plans de Pharaon, car il avait promis : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront » (Gen 12.3).

Pharaon va découvrir à ses dépens que Dieu tient ses promesses.
La bénédiction ne se multiplie pas seulement pour Israël. Elle se multiplie également pour les sages-femmes. La plupart étaient des femmes âgées qui n’avaient jamais eu de famille. Maintenant, elles ont leur propre descendance.
Les bénédictions augmentent, mais les circonstances difficiles aussi. Pharaon passe à la troisième phase de son plan: « Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra » (1.22).
Ce n’est sûrement pas une coïncidence si la première plaie qui s’est abattue sur l’Égypte a été de transformer le Nil en sang : « Vous voulez un fleuve de sang ? », demande le Seigneur. « Je vous le donnerai. » Dieu a une façon de donner à ses ennemis ce qu’ils veulent d’une manière qu’ils ne veulent pas.

Qui craignez-vous ?

Des deux côtés, il y a de la crainte : les sages-femmes craignent Dieu. Pharaon craint le peuple.
Nos vies sont marquées par la crainte : d’être malade, de rester seul, de perdre un être cher, de décevoir… Vous pouvez craindre les étrangers, la foule, l’inconnu, la mort… Or la Bible dit que la façon la plus intelligente de mener sa vie est de craindre Dieu. C’est le commencement de la sagesse (Prov 9.10).
Que signifie craindre Dieu ? Voici quelques exemples :

● Juste avant de porter la main sur Isaac, l’ange de l’Éternel dit à Abraham : « Je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Gen 22.12). En d’autres termes, Dieu lui dit : « Tu as considéré que l’obéissance à Dieu était plus importante que ton propre sentiment de sécurité et de bien-être. »
● Lorsque Joseph a voulu convaincre ses frères qu’il disait la vérité et qu’ils devaient laisser un de leurs frères derrière eux, il les a rassurés en disant : « Faites ceci, et vous vivrez. Je crains Dieu ! » (Gen 42.18). En d’autres termes : « Vous pouvez me faire confiance, car je sais que je devrai rendre des comptes à Dieu. »
● Jéthro (le beau-père de Moïse) lui conseillera plus tard : « Choisis parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité » (Ex 21).

Craindre Dieu, c’est être honnête et intègre, parce que vous savez que Dieu vous regarde, même s’il n’y a personne d’autre. C’est croire qu’il y a un Dieu, et qu’il est très intéressé par ce que vous faites. Lorsque nous craignons Dieu, la présence et les plans de Dieu ont plus de poids pour nous que le monde, la chair et le diable.
La crainte de Dieu n’est pas une peur servile, comme si Dieu pouvait nous détester et nous condamner, même si nous sommes ses enfants et que nous avons mis notre foi en Christ. Ce genre de peur ne peut être chassé que par la foi en Jésus (1 Jean 4.18). Mais pour ceux qui suivent le Christ, il existe une saine crainte d’un Dieu saint. Beaucoup de soi-disant chrétiens vivent dans la pratique comme des athées, vaquant à leurs occupations comme si Dieu n’existait pas, comme s’il ne leur avait fait aucune promesse, et comme s’ils n’avaient rien à craindre de son jugement ou de sa discipline.
Vivez-vous votre vie comme si Dieu existait vraiment ? Les sages-femmes l’ont fait. Elles auraient pu craindre la majorité, car même si les Israélites se multipliaient, ils étaient toujours un peuple étranger dans un pays étranger — un peuple isolé au sein de la culture égyptienne majoritaire. En tant que croyants, nous appartenons à une minorité. Parce que nous croyons en la Bible, que nous aimons Jésus et que nous sommes ses disciples, nous allons croire certaines choses que le reste du monde trouve absolument folles.
Ces femmes auraient pu craindre pour leur vie et leurs moyens de subsistance. Elles avaient beaucoup à perdre : leur travail, leur famille, leur sécurité — jusqu’à leur tête ! Dans le monde antique, seul le peuple juif a interdit l’avortement et l’infanticide. L’infanticide n’a été définitivement proscrit que lorsque le christianisme a pris une place dominante dans l’Empire romain, 1 500 à 2 000 ans plus tard. Les chrétiens et les personnes de tradition judéo-chrétienne se sont toujours opposés au meurtre des enfants, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de l’utérus. La constitution de l’Église du 1er siècle disait : « Tu ne tueras pas d’enfants par avortement ou après la naissance. »[note]NDLR : La Didachè, Enseignement des douze apôtres, Second commandement de l’enseignement, http://www.patristique.org/ sites/patristique.org/IMG/pdf/Didache.pdf, consulté le 04.2022. La rédaction de ce document semble être datée, pour les couches rédactionnelles les plus anciennes, de la fin du 1er ou du début du 2e siècle.[/note]

Laissons le verset 17 pénétrer dans nos cœurs : « Mais les sages-femmes craignirent Dieu. » D’un côté, il y avait leur travail, la sécurité, le prestige et la vie même. De l’autre côté, il y avait l’incertitude, la souffrance probable et la mort potentielle. Qu’auriez-vous choisi ? Une saine crainte a fait pencher la balance.
Qu’est-ce qui a de l’influence sur vous ? La couverture d’un magazine ? Ce que tout le monde autour de vous semble dire ? Pour Schiphra et Pua, c’était la crainte de Dieu et la révérence envers son saint nom. Pour amener les gens à le craindre, Dieu doit parfois employer la manière forte.
Dans l’un des livres les plus marquants que j’ai lu, David Wells écrit : « Le problème fondamental du monde évangélique d’aujourd’hui est que la présence de Dieu dans l’Église n’a pas de conséquence. Sa vérité est trop lointaine, sa grâce est trop ordinaire, son jugement est trop bienveillant, son évangile est trop facile et son Christ est trop commun. »[note]David Wells, God in the Wasteland: The Reality of Truth in a World of Fading Dreams [Dieu au Désert : La Réalité de la Vérité dans un Monde de Rêves Évanescents], Grand Rapids : Eerdmans, 1994, p. 30.[/note]

Comment est votre Dieu ? Toute personne qui a eu un père vraiment bon et pieux le comprend. L’autorité du père n’était pas prise à la légère. Si vous aviez mal agi, vous aviez peur qu’il rentre à la maison parce qu’il y avait une discipline à venir. Pourtant, en même temps, vous saviez que vous pouviez courir dans ses bras, parce qu’il était votre père et qu’il vous aimait. Ces deux côtés — l’amour de Dieu et la crainte de Dieu — doivent être au premier plan dans nos cœurs, nos têtes et nos affections, sinon nous aurons un Dieu dont la présence dans l’Église n’a pas de conséquence.
Devons-nous craindre Dieu? Ou bien avons-nous recréé un dieu à notre image — un dieu de l’approbation inconditionnelle, qui se contente de donner une tape dans le dos en disant : « C’est bien, bravo ! » ? Ce dieu ne ressemble pas au Dieu que Pharaon va rencontrer dans toute sa puissance souveraine. Ce Dieu a conduit Schiphra et Pua à dire non à l’homme le plus puissant du monde. Ce que vous croyez et la façon dont vous vivez sont largement façonnés par ceux que vous craignez.
Dieu est un bien meilleur maître que Pharaon. Son service est bien meilleur que l’esclavage que le monde peut offrir. Vous n’êtes pas obligé d’épouser l’esprit du temps. Vous pouvez arrêter d’être centré sur vous-même. Vous pouvez adopter un code moral qui repose sur l’autorité divine au lieu de vous vouloir simplement authentique. La bonne nouvelle est que le Dieu que nous craignons est le Dieu qui chassera la peur. Le Dieu d’une présence sainte est aussi le Dieu que nous voulons à nos côtés. Le Dieu qui est assez fort pour juger est aussi assez doux pour pardonner si vous venez, vous inclinez, vous soumettez et craignez. L’histoire de l’Exode est l’histoire de votre vie : il n’y a pas de liberté durable sans la crainte de Dieu.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)