Un Christ et une expérience spirituelle selon la dimension biblique

Cet article est la transcription d’une conférence donnée à Pâques, en 1981, à l’Ecole Biblique de Genève

L’exposé qui va suivre est un appel à la réflexion. Il s’inspire de Col. 2.6,7 et, plus généralement, de l’ensemble de l’épître, qui est d’une brûlante actualité.

Introduction

Le plus grand danger d’aujourd’hui, c’est de se réclamer d’un Christ et d’une spiritualité qui ne correspondent pas aux données bibliques:

-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité bien en-deçà de la dimension complète fournie par l’Ecriture (dans l’épître aux Colossiens les mots remplis, plénitude, pleinement sont très fréquents).
-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité qui constituent une déviation, une déformation, par rapport aux points de repère donnés par la Bible.

Il est plus dangereux d’avoir « un faux Christ » – qui ne correspond pas à la définition et à la dimension bibliques – que de n’avoir pas de Christ du tout. Le chemin vers la vérité sera plus long, car il faudra se dégager d’une illusion, abandonner un mirage.

Il est plus dangereux d’avoir « une fausse spiritualité » (ou une fausse religion, si vous préférez) que de n’avoir pas de spiritualité du tout.

De Luther, le réformateur, l’on rapporte cette réflexion: « La véritable croyance n’implique pas seulement le fait de croire en Christ, mais également de croire ce que Christ est » (cité par Jean-Paul II en Allemagne).

Cette pensée semble avoir été formulée pour nos temps. N’y a-t-il pas des milliers de personnes qui disent « croire en Christ »? Combien d’entre elles sont-elles en mesure de définir qui est ce Christ en qui elles croient? Il y a tant de notions vagues, indéfinies, de nos jours, dans ce domaine.

Dans un reportage sur Taizé (FEMINA no8, 15.4.1981, p. 102) j’ai trouvé cette phrase: « la recherche de la foi se fraie parfois un chemin à travers les fumées du haschich », mais il y a d’autres fumées que celles du H!!

Et si ces personnes définissaient le Christ en qui elles croient, leur définition recouvrirait-elle ce que Christ est selon la Bible, la seule norme de foi?

Mon but, dans cet exposé, est de dissiper les fumées dont on a enveloppé Jésus-Christ et l’expérience spirituelle au cours de ces dernières décennies.

Il y a dans cet auditoire une grande diversité humaine et probablement diverses situations par rapport à Jésus-Christ, le Seigneur que nous prêchons. Je désire être utile à chacun.

-Si quelqu’un ne connaît pas encore Jésus-Christ, j’aimerais lui dire: « Attention! N’acceptez pas un produit falsifié! ».
-Si quelqu’un vient de le connaître, fait ses premiers pas dans la vie chrétienne: « Attention! Ne l’échangez pas contre un produit de remplacement! » (Les Colossiens couraient ce danger: le culte des anges.)
-Si quelqu’un le connaît depuis plusieurs années: « Attention! Ne vous arrêtez pas! Dieu vous appelle à une croissance, une maturité dans la connaissance de Jésus-Christ. Il veut aussi vous employer pour aider ceux qui sont en danger ».

I. Un Christ selon la dimension biblique

Celui qui lit l’épître aux Colossiens se rend immédiatement compte que la figure de Jésus-Christ a une dimension telle qu’elle éclipse, et de loin, les plus hauts dignitaires de ce monde et les plus grands personnages de l’Histoire. A lui s’appliquent ces paroles d’Esaïe: « A qui me comparerez- vous, pour le faire mon égal? A qui me ferez-vous ressembler, pour que nous soyons semblables? » (46.5).

En traitant de la dimension biblique de Jésus-Christ, je veux me référer à:
-Son être
-Sa mission
-Son rang
-Son exemple

A. Son être

1. DIEU, UN AVEC LE PÈRE

L’apôtre nous présente Jésus-Christ comme parfaitement un avec Dieu: « Il est l’image du Dieu invisible » (1,15), c’est-à-dire qu’Il exprime exactement dans son être tout ce que Dieu est. Celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14.9).

Je pense que Jean veut dire la même chose quand il écrit: Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (1.1).

Christ est parfaitement un avec le Père dans la divinité: tout ce que le Père est, Il l’est également. C’est pourquoi, dans la même épître, Paul peut écrire en se référant à Christ dans son incarnation et dans sa condition présente dans la gloire: En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2.9). Autrement dit, Il est, avec le Père, Dieu, au plein sens du terme.

Cette dimension biblique de Jésus-Christ doit être fortement rappelée et mise en valeur aujourd’hui, car, sous l’influence de théories occultes, on cherche à le réduire à une simple « émanation du divin », ou encore, dans la théologie récente, à « un homme en qui le divin a affleuré, a fait surface », si je puis dire. Ces conceptions, très répandues, dépouillent tout simplement Jésus-Christ de son égalité avec Dieu. Il n’est plus, dans cette représentation, consubstantiel au Père.

2. DEUXIÈME PERSONNE DE LA TRINITÉ

Bien que Jésus-Christ soit un avec le Père dans son essence, un seul et même Dieu, Il est cependant distinct du Père. Dans la prière sacerdotale, Il pouvait dire: Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi (Jean 17.24). Quand quelqu’un peut dire « je » c’est qu’il est une personne distincte, qu’il est doué d’individualité. C’est pourquoi nous disons que Jésus-Christ est la 2ème personne de la Trinité.

L’apôtre Paul reconnaît cette distinction: Rendez grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ (Col 1.3). Il distingue entre le Père et le Fils, dans la déité. (L’Esprit, la 3e personne de la Trinité, est nommé au verset 8 de ce même chapitre).

Cette dimension – Christ est une personne – est fort importante vu la forte tendance dans certains cercles de dépersonnaliser Jésus-Christ, de nous présenter un Christ sans visage, impersonnel, anonyme, presque incognito, qui s’identifierait avec les pauvres, les déshérités, les opprimés, les marginaux de notre société.

Cette vue de Jésus-Christ est très répandue dans l’ocuménisme. Elle repose en partie sur une fausse interprétation de cette déclaration du Seigneur en Matthieu 25: Toutes les fois que vous avez fait ces choses (donner à manger, à boire, recueillir, vêtir, visiter un malade, un prisonnier) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites, v. 40. Mais le Seigneur parlait de Ses frères, des siens, – ceux qui écoutent et reçoivent la Parole de Dieu – et non des hommes en général. Et ce qu’Il soulignait, c’était son unité avec ses disciples.

3. CRÉATEUR

La culture moderne, même en Occident, incline de plus en plus vers le panthéisme. Pour cette philosophie, Dieu et le monde ne sont pas distincts. Au lieu que Dieu soit personnel et transcendant, il est immanent. C’est pourquoi l’on parle aujourd’hui d’un «Christ cosmique», qui se confond avec l’univers (affiche d’une conférence: Le Christ cosmique!).

Mais la dimension biblique est aux antipodes, si l’on me passe l’expression, et l’épître au Colossiens nous apporte l’antidote: Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.

Ce texte pose avec toute la netteté voulue un Créateur et une création. Il établit une transcendance. De plus, il présente Christ sous 4 aspects:

-Créateur et but de la création (tout a été créé par lui et pour lui)
-Conservateur de la création (toutes choses subsistent en lui), celui qui en maintient l’ existence
-Souverain sur la création (le premier-né sur toute la création), le premier né avait des droits spéciaux.
-Pré-existant à la création (Il est avant toutes choses). Ce texte s’oppose absolument à l’idée d’un Christ immanent.

B. Sa mission

Notre époque ne s’est pas fait faute d’utiliser la figure de Jésus-Christ à des fins politiques et on l’a largement transformé, dans l’aile la plus radicale de la théologie oecuménique, en un protagoniste de la révolution.

Bien sûr, la présence du Seigneur au milieu des hommes corrompus, et son enseignement, remettaient en cause bien des choses et bien des gens. Mais de là à en faire un apôtre de l’action révolutionnaire, et même de la violence- alors que pour d’autres il est l’apôtre de la non-violence systématique (Gandhi) -il y a loin!

En tout cas, ce n’est pas ainsi que ses disciples les plus proches;les apôtres, ont compris sa mission et son action, et pourtant ils avaient .la pensée de Christ»!

Même si l’Evangile, de par ses implications, a des répercussions sociales et politiques, on ne voit jamais les apôtres présenter le Christ comme le protagoniste de la Révolution, mais comme celui de la Rédemption.

La mission du Christ a, avant tout, une dimension verticale et éternelle; réconcilier l’homme rebelle avec Dieu et le sauver à tout jamais du jugement (Col 1.19, 20).

L’action révolutionnaire laisse complètement de côté la dimension verticale et éternelle. Elle prétend changer la société sans Dieu et sans le salut.

C. Son rang

L’enseignement de l’épître aux Colossiens nous empêche de prendre la moindre familiarité avec Jésus-Christ, car elle insiste beaucoup sur le rang qu’Il occupe dans le plan de Dieu.

Par démagogie, certains prédicateurs, surtout quand ils ont affaire à des auditoires de jeunes, tombent dans le travers de présenter Jésus-Christ comme un -camarade- ou même comme un .copain-. Et on lit des écrits, ou l’on entend des disques, où Jésus- Christ est traité avec une familiarité déconcertante.

Mais, même si pour nous sauver Christ s’est abaissé, s’il s’est fait pour un peu de temps inférieur aux anges, s’il n’a pas honte de nous appeler .frères-, s’il nous qualifie d’amis-, ce n’est pas une raison pour le traiter familièrement.
Ce que Paul nous enseigne, c’est que Dieu lui a conféré en tout la prééminence, que Christ a en tout le premier rang:

-prééminence sur la Création (v. 17)
-prééminence sur l’Eglise, le peuple des rachetés, la nouvelle création (v.18 a)
-prééminence dans l’ordre de la résurrection (v. 18 b)
-afin d’être en tout le premier (v.18c)

Application: Est-ce que nous le considérons et le traitons selon son rang? Est-ce que nous nous rappelons qu’Il est la tête du corps de l’Eglise? (le chef, l’autorité suprême, celle dont nous relevons, si nous sommes membres de ce corps?) Est-ce que nous le traitons comme notre Seigneur, à qui toute obéissance et toute déférence sont dues, ou comme notre valet? (Pour beaucoup de chrétiens, le Seigneur est censé faire leurs volontés).

Selon la dimension biblique, Il est Seigneur (Col 3.17,23 et 24).

D. Son exemple

A côté du Christ révolutionnaire, il y a eu le Christ hippie, non conformiste, marginal. Cela correspond à une mode. Dans le reportage sur Taizé auquel j’ai déjà fait allusion, une jeune fille de 18 ans, catholique non pratiquante, en séjour à Taizé, confiait ceci: «Surtout, on discute de tout et de rien, mais à en perdre haleine. On est généralement contre la violence, contre le nucléaire, contre la société bourgeoise et les valeurs établies» (p. 102).

Ce n’est que d’une façon abusive et simpliste que l’on peut ramener Jésus-Christ à la figure d’un marginal ou d’un non-conformiste. Il faudrait en tout cas définir ce non-conformisme.

S’il y a eu en lui (je parle de sa vie terrestre) du non-conformisme, c’était du non-conformisme au mal, sous toutes ses formes.

S’il a été marginal, c’était assurément dans sa perfection morale et sa sainteté unique, qui le mettaient à part de tout le reste des hommes. Il a été tellement marginal dans ce domaine que les hommes méchants et pervers s’en sont débarrassés (ôte! ôte! crucifie!).

Mais, en ce qui concerne la fidélité aux Ecritures et l’obéissance à la volonté de Dieu, Il a certainement été l’Homme le plus conformiste qui puisse être.

Paul nous rappelle dans Col 1.13, qu’Il est le Fils de Son amour, l’élu en qui Dieu prend plaisir, le bien-aimé en qui Il a mis toute son affection. Voilà la dimension biblique en ce qui concerne l’exemple que Christ nous a laissé (cf. Col 3.9 à 13).

N.B.: Attitude de Jésus-Christ à l’égard des «marginaux» de son temps: publicains, etc. S’Il ne les a pas repoussés, traités comme des parias, cela ne voulait pas dire qu’Il approuvait leur marginalité, qu’Il se faisait marginal avec eux. Il agissait selon l’amour de Dieu, qui ne repousse personne, surtout pas ceux que la société repousse et stigmatise.

Il voulait montrer aux pharisiens que le salut n’est pas pour les bien-portants, mais pour les malades, les pécheurs (Marc 2.15-17).

Enfin, il réagissait contre l’hypocrisie d’une société qui pratique en quelque sorte une sélection des péchés, qui choisit hypocritement de s’attaquer à certaines formes du mal, et qui tolère les autres. Aux yeux du Seigneur, face à la sainteté de Dieu, le pharisien était aussi marginal que le publicain ou la prostituée, et même davantage, à cause de son maudit orgueil.

II. Une expérience spirituelle selon la dimension biblique

Comme je l’ai dit, la spiritualité qui se manifeste aujourd’hui est fort douteuse, elle comporte un curieux mélange et nous ne devons pas l’accueillir sans examen.

Je me suis référé à cette jeune fille interviewée à Taizé. Ce que le journaliste relève de sa spiritualité est assez typique du courant religieux moderne: « Avec ses amis, elle participe régulièrement à des « célébrations » dans un local appartenant au Centre Catholique Universitaire. A ces réunions on récite des poèmes, on lit des pages de l’Evangile, on médite et prie. Une fois par mois, on se réunit pour une « bouffe », qui se termine par des chants et de la danse. Surtout, on discute… » (p. 102).

Je vais maintenant aborder sous quatre angles l’expérience spirituelle telle que la Bible la définit:

-l’objet de l’expérience
-la porte de l’ expérience
-le vif de l’expérience
-le développement de l’expérience

A. L’objet de l’expérience

On peut chercher à rencontrer (à entrer en contact avec) quelque chose, sans s’occuper de savoir ce que l’on rencontre au juste. Pourvu que l’on rencontre une réalité plus grande que soi-même, quelque chose qui nous serve d’absolu, on ne pousse pas pus loin l’identification.

Sur cette pente, beaucoup de personnes, dans leur quête d’une expérience spirituelle, s’exposent à entrer en contact avec les démons, les puissances des ténèbres, mais déguisées sous de beaux atours.

Il y a des adorateurs volontaires du diable et des démons (le satanisme se développe d’une façon extraordinaire. A Genève même: on célèbre des messes noires). Mais une foule de gens entrent en contact avec les démons sans le savoir.

Selon la Bible, l’objet ou le contenu de l’expérience, ne doit pas être n’importe quoi, n’importe qui. Il doit être Christ Lui-même, Jésus le Seigneur, Celui vers qui tout converge dans la Bible et dans les plans de Dieu. C’est Lui qu’il faut rencontrer, et pas un autre à sa place.

Mais, aujourd’hui, sous le couvert d’une « rencontre avec Dieu », il arrive souvent que ce soit tout autre chose que les gens rencontrent, parce que, au départ, ils ont une idée très vague de Christ et de Dieu.

B. La porte de l’expérience

Si l’on passe à côté de l’objet de l’expérience et que l’on communie avec une tout autre réalité (tout en croyant avoir atteint l’authentique), c’est aussi parce que l’on passe à côté de la porte de l’expérience, de la voie d’accès tracée par la Bible.

Pour un nombre de personnes toujours plus grand, la porte d’entrée de l’expérience spirituelle, de la rencontre avec Dieu, c’est un certain état psychologique, des sensations, des émotions, éventuellement des visions et des voix.

Je reviens à la jeune fille en pèlerinage à Taizé. Elle fait partie d’un groupe de silence, dont l’occupation principale est la méditation. Voici ce que rapporte le journaliste: « Dans l’église de la Réconciliation, étendue la face contre terre, elle « prie avec son corps ». Et puis « les chants sont sublimes ». Sous le coup de l’émotion, il lui est arrivé d’y rester six heures d’affilée » (p, 102).

Mais si quelqu’un n’a que des émotions et des sensations (même très fortes), il reste bien en deçà de la dimension biblique de l’expérience spirituelle. Il n’est pas encore passé par la porte d’entrée.

Et c’est le grand danger aujourd’hui. Beaucoup restent au stade de l’émotion, ou de la commotion. (Cela risque d’autant plus d’arriver si la forme du culte fait largement appel à l’émotivité, aux sentiments, plus qu’à l’intelligence et à la volonté, et si l’on conditionne l’auditoire en vue d’un effet psychologique. Livre: « Des conversions: psychologiques ou spirituelles? »

Même dans les cas où l’émotion est produite par l’action de Dieu et même si elle atteint le centre de l’être (en contraste avec une émotion superficielle au niveau du psychisme et de la sensibilité), il ne faut pas rester au stade de l’émotion. Il faut le dépasser.

Ex.: Quand les auditeurs du message de Pierre, à la Pentecôte eurent le cour vivement touché (par Dieu), ils comprirent eux-mêmes qu’ils ne pouvaient en rester là: Hommes frères, que ferons-nous? (Act 2.3 7) .

Oui, la porte de l’expérience spirituelle est plus qu’une émotion ou même une forte conviction produite par le Saint-Esprit, c’est un ACTE.

Ecoutons Paul: Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui (Col. 2.6). Il s’agit de rien moins que de recevoir Christ en personne, sur la base de la révélation claire et précise qu’en donne l’Evangile (cf. Col 1.5,6).

N.B.: La vérité qui sauve n’est pas un rébus à déchiffrer, un secret que seuls quelques-uns découvrent au terme de longs efforts, d’une laborieuse initiation, d’exercices spirituels raffinés, d’une savante technique de méditation.

Non! La vérité qui sauve est déjà là, à découvert, dans l’Evangile, qui est « la Parole de la vérité », la révélation de Dieu. Elle est là, offerte, pour tous ceux qui veulent la saisir et se l’approprier.

La porte d’entrée de l’expérience spirituelle est donc un acte. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être des admirateurs ou des sympathisants de Jésus-Christ.

Non! Il faut le recevoir – Jean 1.12 – en sa qualité de Messie-Sauveur (mort sur la croix pour notre péché, notre état de rébellion contre Dieu, et pour rendre possible notre réconciliation avec Dieu), en sa qualité de Seigneur (celui qui a le droit de régner, et qui entend régner sur nos vies).

La porte de l’expérience spirituelle, son point de départ, c’est une reddition inconditionnelle à celui qui a été crucifié pour nous, mais qui est maintenant vivant et glorifié à la droite de Dieu (cf. Col 1.21, 22).

S’il n’y a pas eu ce point de départ, il ne peut pas y avoir de «cheminement». Remarquez-le bien! Paul parle d’abord de « recevoir » (le Seigneur, en toute réalité, comme il l’a lui-même fait sur le chemin de Damas, par une capitulation), et seulement après de «marcher».

Certains se croient déjà en chemin avec Dieu, alors qu’ils n’ont pas encore franchi la porte de toute expérience spirituelle authentique: la reddition au Seigneur.
Il faut savoir si l’on marche, si l’on chemine réellement avec Dieu ou si l’on marche avec une illusion et dans une illusion.

C. Le vif de l’expérience

Cette porte franchie, l’on entre dans le vif de l’expérience spirituelle, c’est-à-dire que la vie, la puissance et la présence de Dieu se manifestent dans la sphère de notre existence personnelle.

1. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne avec lui ce que la Bible appelle la nouvelle naissance, par laquelle nous devenons enfants de Dieu, entrons dans la famille de Dieu. (Jean 1.12,13; Col 1.1,2. Nous avons des frères en Christ, et Dieu est devenu notre Père.)

L’expérience spirituelle, selon la dimension biblique représente plus qu’une connaissance. Elle englobe une naissance: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu, Jean 3.3.

Recevoir le Seigneur Jésus-Christ est le seul moyen pour devenir un homme nouveau, une nouvelle créature.

Ainsi, l’on est bien au-delà de simples sensations mystiques. Il s’agit d’un point tournant, d’une réorientation complète de notre être et de notre existence.

2. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne une délivrance dont la portée est immense (Col 1.12-14).

On lit des récits laissant entendre que des gens auraient été délivrés de la drogue, du vice, de la puissance de Satan, par le parler en langues. C’est absolument impossible! Les dons spirituels (les charismes) ne nous délivrent ni de la puissance de Satan, ni de la colère de Dieu. Ils n’ont pas été donnés pour cela. Ils n’ont pas cette fonction. Ils servent à l’édification de l’Eglise, pour autant, toutefois, que ce soient d’authentiques charismes et qu’ils soient bien employés. Des gens qui croient avoir été délivrés de la puissance de Satan par le parler en langues, ou par toute autre manifestation extraordinaire, sont encore sous la puissance de Satan et peut-être plus qu’auparavant.

La délivrance de la mainmise de Satan sur nous, de son pouvoir d’asservissement, ne peut venir qu’à travers celui qui a expié nos péchés par son sang (nous délivrant ainsi de la colère de Dieu), qui nous a rachetés pour son Père au prix de sa propre vie, et qui a permis que nous soyons ainsi transférés du royaume de Satan dans le sien (transfert de l’esclavage à la liberté).

Je suis sûr que Paul avait, en toile de fond, le souvenir de la délivrance du jugement de Dieu par le sang de l’Agneau pascal et la sortie de l’esclavage de l’Egypte pour le passage dans la Terre Promise.

L’expérience spirituelle selon la dimension biblique inclut ce glorieux transfert. C’est un miracle de la grâce de Dieu et non le résultat d’un effort humain (cf. Col 1.12). Nous ne nous sommes pas délivrés nous-mêmes, et nous ne nous sommes pas transportés nous-mêmes. C’est la plus miraculeuse délivrance qui soit. La connaissez-vous?

Il fait beau être dans le Royaume, ou sous le Règne du « Fils de son amour ». Là nous ne sommes plus écrasés, piétinés, exploités, trompés, mais rendus à la liberté, restaurés, comblés.

3. Quand l’on reçoit le Seigneur Jésus-Christ, cela nous mène à une communion la plus haute qui soit.

N.B. L’homme moderne, déshumanisé et dépersonnalisé, mourant de soif dans le désert de la science et de la technologie, ressent très fortement le besoin d’une communion, d’une présence, d’une communication. Mais il les recherche sur un faux niveau et au mauvais endroit. Il les cherche «dans le groupe» humain – « la dynamique de groupe » – où il se dépersonnalise encore davantage.

Remarquez, dans Col. 2.6, le « en lui ». Ce « en lui » indique un lien de communion, une proximité, une intimité.

Celui qui a reçu le Seigneur est uni au Seigneur. Il est « en lui », dès ce moment-là, jamais auparavant! Il n’est plus isolé, seul. Christ est devenu sa demeure. D’autre part, lui-même est devenu la demeure de Christ: Christ en vous, l’espérance de la gloire…, Col. 1.27. (Il ne l’avait été à aucun moment avant sa reddition à Christ. Contre l’idée actuelle de «la lumière intérieure», Dieu au fond de moi, le divin en moi, être par nature un avec le divin. Au marché: jeune homme crasseux, débraillé et évidemment amoral: «Pas besoin de recevoir Christ. Il est avec moi». Pour eux, Dieu est toute la réalité, toute la réalité est Dieu. Ni bien, ni mal.

D. Le développement de l’expérience

Dans cette communion, l’expérience doit se poursuivre. C’est ce qu’indique le «marchez». Il y a suite, continuité.

Alors que le monde d’aujourd’hui foisonne d’expériences religieuses éphémères, sans vrai caractère biblique, qui n’ont pas de lendemain (sinon des lendemains d’amertume, de déception, de durcissement à l’égard du christianisme biblique), l’expérience spirituelle vraie est promue à un lendemain, à un développement.

1. Une chose capitale à souligner: dans ce développement, Christ et sa Parole restent toujours au centre: «marchez…» vers des expériences sensationnelles, extraordinaires, spectaculaires vers des visions, des phénomènes miraculeux?

Non, pas du tout! Marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui ont été données (v. 6 et 7) (cf. Col 1.6, 7). Christ et sa Parole occupent toujours le centre.

Le développement de l’expérience ne consiste pas dans la culture d’une spiritualité «super», à côté de Christ ou hors de Christ (cela peut arriver à de vrais chrétiens qui, trompés par une fausse spiritualité, s’égarent loin du centre, Gal 3.3: Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair?)

Le développement de l’expérience spirituelle nous ramène toujours à l’essentiel: la Personne et la Parole de Christ.

«Du Baptême à la plénitude», citation de Stott: « Il ne suffit pas d’honorer des lèvres ces affirmations touchant à la suprématie et à la pleine suffisance de Christ; nous devons tous, en outre, aller jusqu’au bout des conséquences. Certains chrétiens donnent l’impression d’avoir une doctrine comportant Jésus plus autre chose. Ils seraient prêts à dire: « Vous avez trouvé Jésus; c’est bien; mais il vous faut encore autre chose pour compléter votre initiation ». D’autres, il est vrai, soulignent si fortement la pleine suffisance de Jésus qu’ils semblent avoir une conception statique de la vie chrétienne, qui ne laisse aucune place pour la maturation de la foi ou pour des expériences plus pleines et plus profondes de la réalité de Jésus-Christ ». (p. 11).

2. Il s’agit de «marcher» en lui, c’est-à-dire, par notre union constante avec lui (sur laquelle nous avons à veiller, dont nous sommes responsables), de manifester sa vie dans notre existence journalière.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par l’amour, l’amour des frères d’abord (Col 1.4, 8). Gal 5.6: La foi qui est agissante par l’amour.

N.B. Le fait de vivre « en marge » des églises locales, en cellules individualistes autonomes, n’est pas selon le modèle biblique.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par une conduite de plus en plus conforme à la volonté de Dieu, en contraste avec la religiosité amorale de notre temps, (cf Jac 2.17), Et par la persévérance et la victoire dans l’épreuve, Col 1.10, 11. (Contraste avec Luc 8.13).

3. Il s’agit d’être enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi…

Alors que les fausses expériences spirituelles se soldent par des naufrages, des catastrophes, de terribles dégâts, l’expérience selon la dimension biblique comporte un enracinement, un approfondissement et un affermissement dans la connaissance de Christ par l’Ecriture.

Non seulement dans la connaissance des vérités relatives à Christ, mais dans la connaissance personnelle de ce Sauveur et Seigneur, qui doit nous devenir un compagnon (pas un copain) toujours plus cher, plus précieux, plus indispensable.

Conclusion

La Bible contraste souvent la paille (le méchant) et l’arbre (le juste) (cf. Ps 1.3, 4).

La paille est improductive, légère, sans consistance, sans racines. Le moindre vent la balaie, l’emporte. Ainsi en est-il de multiples expériences dites « spirituelles ».

L’arbre est productif. Il donne son fruit en sa saison. De plus il est solide, planté dans le terrain, tenu par ses racines qui plongent profondément dans le sol. Ainsi en est-il de l’expérience spirituelle selon la dimension biblique.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)