« Tu ne feras point d’image taillée »

Tandis que le premier commandement interdit principalement l’adoration de faux dieux (Ex 20.1-3), le deuxième commandement interdit également la création d’images ou de représentations
du seul vrai Dieu et de celles de faux dieux.
L’explication de cette interdiction est apportée par le verset 23 :« Vous ne ferez point des dieux d’argent et des dieux d’or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point. »
Dieu connaissait le cœur de l’homme et sa tendance à l’idolâtrie (cf. Ex 32 et le triste épisode
du veau d’or).

1. Qu’est-ce que l’idolâtrie ?

Le mot « idole » a pour signification : image représentant une divinité que l’on adore comme si elle était la divinité elle-même. L’idolâtrie est le culte rendu à un dieu, elle s’appuie sur la fabrication d’un objet ou d’une image que l’on adore comme si cet objet ou cette image était en fait Dieu.

Que dit la Bible sur les idoles ?

Les idoles ne sont pas des dieux mais des ouvrages fabriqués par des hommes (1 Cor 8.4 ; És 37.18-19). Les adeptes du culte païen leur associent une divinité, mais l’idole ne représente pas de vrai dieu. Ce sont des forces occultes et sataniques, bien réelles, qui jouent le rôle de la divinité. Satan et les démons se chargent de se faire passer pour ces dieux (2 Thes 2.9-11 ; Apoc 13.11-15). L’A.T. donne plusieurs exemples d’idolâtries :
● le peuple d’Israël et le veau d’or (Ex 32) ;
● les royaumes divisés sous l’influence des rois Jéroboam et Roboam (1 Rois 14.15,22-23) ;
● les Philistins et le dieu Dagon (1 Sam 5.1-7).

2. L’interdiction de l’idolâtrie

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre (Ex 20.4).
Les hommes aiment fabriquer des objets. Des maisons, des voitures, des avions, des bateaux, des tables, des chaises, des cafetières, etc. Et une fois qu’on les a fabriqués, nous avons du plaisir à les utiliser. Nous aimons les créer, et nous pouvons en devenir tellement amoureux qu’ils peuvent devenir nos dieux. Ils prennent notre temps, notre argent, notre énergie, et on y sacrifie parfois même notre propre santé, nos mariages, nos familles, au nom des choses que nous fabriquons ! L’un des grands problèmes des hommes est que nous sommes des « homo idolatricum ».

Mais pourquoi sommes-nous par nature des « homo idolatricum » ?

Nous avons été créés par Dieu pour adorer (Ecc 3.11). Par nature, nous adorons, et nous devons nous interroger sur « qui » ou « quoi » nous adorons. À cause de notre péché qui nous éloigne de Dieu, nous sommes par nature des hommes nés idolâtres ! (Act 17.16-31).
L’expression « image taillée » est utilisée de deux manières dans l’A.T. :
● une représentation de l’Éternel sculptée en bois ou en pierre (Jug 17.3),
● une représentation sculptée d’un dieu païen (2 Rois 21.7).
Les deux cas de représentations sont formellement interdits par ce commandement, la représentation étant un objet fabriqué. Ce commandement interdit aussi la représentation d’objets issus de la création, qui sont dans les cieux (les oiseaux et les astres), sur la terre (les animaux et les plantes) ou dans les eaux (les poissons). Ces choses représentaient entre autres des divinités païennes égyptiennes. Dieu rappelle cet interdit parce que, contrairement à ce que les Hébreux ont vu en Égypte, lui ne s’est pas laissé voir à eux à Horeb, lorsqu’il leur parla du milieu du feu (Deut 4.14-20,23-24).
Le N.T. n’est pas en reste sur la nature idolâtre des hommes et les représentations qu’ils se fabriquent : au lieu de glorifier Dieu, ils vont jusqu’à le remplacer par un homme mortel, alors que
le bon sens permet de connaître Dieu par la création (Rom 1.18-23).

Avertissement contre l’idolâtrie

La Bible nous avertit aussi à plusieurs reprises des conséquences de l’idolâtrie, en raison de la gravité de ce péché (Lév 19.4 ; 26.1). Elle qualifie cet acte d’abomination (Deut 27.15). Dans le N.T.,
l’apôtre Jean rappelle cela en terminant sa première Épître par ces paroles : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21.

Qu’en est-il de l’art ?

Le deuxième commandement n’interdit pas l’art. Il interdit l’idolâtrie. Ce sont deux choses très différentes. L’art, la sculpture ou la peinture peuvent être des moyens pour exprimer notre foi. Par exemple, le même jour, où Dieu a donné les 10 commandements, il a également instruit Moïse de façon précise sur les détails de la construction du tabernacle, et l’art y fut exprimé de manière majestueuse (Exode 25.17-22). Non seulement des chérubins furent sculptés, mais aussi des pommes et de fleurs servirent de décoration. Il en fut de même pour la construction du temple de Salomon avec des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies (1 Rois 6.23-26,29- 30,33-34). Il y a donc une place légitime pour l’art religieux, dans le but d’illustrer certaines choses.
L’art a trois fonctions :
● La décoration : Il n’y a rien de mal à peindre la création de Dieu : paysages, montagnes,
fleurs, arbres, plantes, animaux, les océans, lacs et couchés de soleil. Dieu donne du talent, et il n’y
a rien de mal de l’utiliser ainsi.
● L’instruction : Il n’y a rien de mal à faire une représentation de l’arche de Noé pour un
but d’instruction, ou de faire une représentation du tabernacle, de Moïse qui fend la mer Rouge,
de David qui tue Goliath, d’Élie qui lance un défi aux prophètes de Baal, ou d’autres histoires bibliques.
● L’adoration : Contrairement à la décoration et l’instruction, la Bible interdit l’utilisation de l’art pour nous aider à adorer Dieu. Un danger pourrait être lié aux représentations de Jésus : premièrement nul ne sait quelle était son apparence physique, et deuxièmement, du fait que Jésus
est digne de notre adoration et qu’il est le Fils de Dieu, il pourrait y avoir confusion : une représentation de Jésus pourrait vite devenir un objet de dévotion.
L’interdiction des images est donc directement liée à l’acte d’adoration. Lorsque l’art devient la représentation d’un dieu, et que cet objet est adoré, alors nous outrepassons notre droit à l’art et violons le second commandement.

Les idoles aujourd’hui

Le N.T. perçoit l’idolâtrie comme allant bien plus loin que le simple acte de se prosterner devant des statues de bois. L’ennemi est bien plus subtil que cela. En fait, l’idolâtrie est tout ce qui
nous éloigne de Dieu et qui prend plus d’importance dans ma vie que lui.
La débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, la cupidité (c.-à-d. l’argent), etc., sont autant d’idoles qui peuvent prendre la place de Dieu (Col 3.5). Ce à quoi nous nous abandonnons, devient notre dieu. La plupart des gens dans le monde n’adorent pas Bacchus, le dieu romain du vin, mais beaucoup de gens adorent la bouteille ! La plupart des gens dans le monde ne se
prosternent pas devant Aphrodite, la déesse du sexe, ni devant Artémis, la déesse de la fertilité couverte de mamelles, mais beaucoup de gens se prosternent devant le sexe et en font leur dieu.

3. Le piège de l’idolâtrie

Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point (Ex 20.5a).
En se prosternant et en servant, on exprime notre adoration. Même en voulant vénérer des objets, on glisse rapidement vers l’adoration de l’objet et on le substitue au seul vrai Dieu. On ira aussi les servir. L’interdit de ce verset est donc précis et utile, car il évite à l’œil d’être attiré, et à l’âme d’être séduite et capturée. Le verbe « se prosterner » renvoie à l’idée de soumission, tel un vassal à son suzerain, tandis que le verbe « servir » renvoie à l’idée d’un maître. Dès lors, on se soumet à l’idole et celle-ci devient maître de la personne qui l’adore.
Déjà dans le contexte du premier commandement, l’adoration d’un dieu de fabrication humaine était interdite.
« Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux, et tu ne les serviras point ; tu n’imiteras point ces
peuples dans leur conduite, mais tu les détruiras, et tu briseras leurs statues » (Ex 2 3.24).
« L’Éternel avait fait alliance avec eux, et leur avait donné cet ordre : Vous ne craindrez point d’autres dieux ; vous ne vous prosternerez point devant eux, vous ne les servirez point, et vous
ne leur offrirez point de sacrifices » (2 Rois 17.35).

4. Le drame de l’idolâtrie

Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… (Ex 20.5b).
La vérité est la suivante : il n’y a qu’un seul Dieu, l’Éternel, le Dieu qui est jaloux. Être idolâtre équivaut à le haïr (Ex 20.3 ; Deut 6.4-5). Parce que Dieu est jaloux, l’adoration n’est due qu’à lui seul. Le mot « jaloux » peut avoir deux sens. Le premier sens exprime la suspicion, l’aguet, le manque de confiance et l’envie. Le second sens exprime la demande d’une dévotion exclusive, et c’est ainsi que Dieu se présente dès le premier commandement. Il se met en colère contre ceux qui s’opposent à lui.
Comme il est souverain et le seul Dieu, il ne permettra à personne d’usurper sa place. Dieu refuse de partager sa gloire et sa majesté avec une idole en bois ou en pierre  (És 42.8 ; 48.11).
Dieu promet fidélité comme un mari à son épouse. Si l’épouse se détourne de son mari pour un amant, elle commet l’adultère. Dieu compare cet adultère à l’idolâtrie (Jér 3.9 ; Éz 23.37 ; Osée
3.1). Son jugement tombera sur les idolâtres (Deut 32.21).

5. L’absurdité de l’idolâtrie

On se rend vite compte que l’idolâtrie n’a aucun sens. Ceux qui les fabriquent, seront dans la confusion car les idoles ne voient pas, n’ont pas d’intelligence (És 44.9) et sont incapables de sauver (És 44.20, 45.20). On leur apporte de la nourriture et des cadeaux, on leur offre de l’encens, on
les revêt d’habits, on les loge dans des pagodes, des temples, des habitations, on les dépoussière, on les nettoie, on leur allume des bougies. Les idoles ne mâchent, n’avalent et ne digèrent pas
la nourriture qui leur est offerte. Elles ne parlent, ne bougent, ne chantent, et n’aident pas ; elles ne font rien. Ceux qui les fabriquent sont aveugles, ils ne discernent plus, ne s’interrogent et ne constatent pas qu’elles leur mentent (És. 44.18-20). Pourquoi alors les adorer ?
En revanche, le vrai Dieu nous parle et il a parlé de manière audible aux Hébreux dans le désert du milieu du feu (Deut 4.11-12).

Pourquoi Dieu se manifesta-t-il ainsi aux Hébreux, au travers de sa voix ?

Les enfants d’Israël ont entendu Dieu, mais ne l’ont point vu. Comment est-il donc possible de fabriquer une représentation physique de Dieu, alors que personne ne l’a vu ? En effet, « Dieu est
Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24). Il est donc absurde de vouloir représenter Dieu par une sculpture ou une image. Avec Dieu, la question n’est
pas de le voir ; au contraire, c’est une question de foi en quelqu’un qui n’est pas visible : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20.29 ; cf. Héb 11.1)
Dieu s’est révélé par le biais de sa voix, justement pour que nous ne nous fixions pas sur une image qui va d’office réduire notre perspective. On va mettre Dieu dans une boîte à notre image. C’est pour cela que nous devons mettre dans nos églises l’accent sur la Parole de Dieu.

6. La conséquence de l’idolâtrie (v.5c)

… qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent (Ex 20.5c).
Comment comprendre ce verset ?
Nous sommes en présence d’une  phrase typiquement sémitique, qui ne doit pas être prise de manière mathématique, mais comme un principe vrai.
Moïse dit clairement que les enfants ne seraient pas punis pour les péchés de leurs parents (Deut 24.16 ; cf. Éz 18.19-32).
Mais il est également vrai que les enfants subissent l’influence des parents, lorsque ceux-ci enfreignent la loi divine, comme une conséquence naturelle à leur désobéissance et leur haine
de Dieu. Les enfants éduqués dans un milieu idolâtre s’en imprègnent et reproduisent ensuite
l’exemple des parents, développant eux-mêmes une haine envers Dieu. L’influence d’une génération désobéissante, dont la méchanceté est implantée de manière profonde, peut nécessiter plusieurs générations pour changer du tout au tout, mais rappelons aussi que la grâce rédemptrice de Dieu a le pouvoir de casser ce déterminisme et de libérer ceux qui sont sous ce type d’influence.
Il convient de faire une distinction entre les résultats naturels d’actions mauvaises liés à notre péché, et la punition directe infligée de la part de Dieu en réponse à cette action.
Le péché qui est puni ici, est la haine envers Dieu. En effet, toute personne idolâtre hait Dieu, et par conséquent, elle est punie par Dieu. Il est évident que la violation de la loi de Dieu par une génération va avoir des effets néfastes sur la génération suivante.
Mais le pécheur est puni pour son péché de haine, pas pour le péché de son père.
J’hérite de mes parents une nature pécheresse. Je peux également apprendre des comportements mauvais à cause d’eux. Mais je ne suis pas puni pour leur péché, je suis puni pour mon péché.
Si je décide de rejeter le seul vrai Dieu et d’adorer des faux dieux, devenant ainsi idolâtre, cela
pourra avoir un effet dramatique sur mes enfants. La sentence ultime des idolâtres sera leur exclusion du ciel (Apoc 21.8 ; 22.15).

7. L’antidote de l’idolâtrie

… et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements (Ex 20.6).
De nouveau, ce verset use d’une phraséologie typiquement sémitique.
L’idée de « mille générations » est une phrase vague, un peu comme les « myriades d’anges » (Héb 12.22 ; Apoc 5.11).
Tandis que la méchanceté d’une génération influence la suivante, et que Dieu punit ceux qu’ils le haïssent, une génération qui aime Dieu, aura un effet positif sur les suivantes ; le contraire est donc également vrai. La décision d’adorer le seul vrai Dieu en esprit et en vérité, de l’aimer, de garder ses commandements, aura un effet positif sur les enfants.
L’accent devrait être mis sur ce verset, et l’enseignement à en retenir est la largesse infinie de la
bonté de Dieu pour ceux qui l’aiment et qui gardent ces commandements.
Certes Dieu punit ceux qui le haïssent, mais en contrepartie il bénit surabondamment ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements ! Par notre attachement à ses commandements, nous
prouvons notre amour pour lui.
Recevoir un héritage divin de la part de ses parents va clairement être une bénédiction pour les enfants, une sanctification particulière (1 Cor 7.14).
Néanmoins, chacun est redevable devant Dieu pour lui-même. Les parents ne peuvent pas croire pour leurs enfants, mais ceux-ci, en ayant des parents chrétiens, auront des facilités dans leur chemin de foi. La récompense de ceux qui adorent justement le seul vrai Dieu sera la félicité éternelle (Apoc 22.14,17). ■

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)