Tel Père, tel Fils (Jean 5.18-30)

« Tout ce que fait le Père, le Fils le fait également. » (Jean 5.19)

Par le moyen de la recommandation faite au « guéri » de Béthesda (l’homme à la natte), Jésus met laquestion du sabbat sur le tapis ! Elle suscite une réaction immédiate des autorités religieuses. Seulement, Jésus n’a pas amené la discussion sur ce terrain pour « pinailler » avec les pharisiens au sujet des règles. Ilne participera pas au débat, qui faisait les délices de certains rabbins, au sujet de ce qui était autorisé le jourdu sabbat et ce qui ne l’était pas. On passe très rapidement à autre chose, à une révélation qui a dû être« époustouflante » pour ceux qui l’ont reçue. On dépasse très vite le problème de la natte et même celui de la guérison opérée pendant le sabbat1pour aborder le domaine infiniment plus mystérieux et, pour les autorités,détonant, de la relation unique qui unit Jésus au Père.

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »

« Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. […] Tout a été créé par lui ;rien de ce qui aété créé n’a été créé sans lui. »

« Et Dieu dit alors : Que la lumière soit !Et la lumière fut. »

À l’heure même où Jésus a dit au fonctionnaire :« Ton fils est bien portant », la fièvre a quitté celui-ci. 2

« Mon Père n’a jamais cessé de travailler jusqu’aujourd’hui et je suis moi-même constamment au travail. » (Jean 5.17) 3

[…] Jean répond à la question la plus importante qu’un homme ou unefemme puisse se poser : Qui est Jésus de Nazareth ? Il apporte une série de témoignages : le témoignageprophétique de Jean-Baptiste, le témoignage émerveillé des premiers disciples (André, Philippe, Nathanaël),le témoignage hésitant de Nicodème, le témoignage prudent de la Samaritaine et le témoignage affirmédes villageois samaritains. Maintenant, il est temps d’écouter ce que Jésus dit de lui-même. Si ce texteest le résumé d’un dialogue, ce qui est fort possible, Jean ne retient que les paroles de Jésus. Vous pouvezéventuellement vous amuser à deviner à quels moments ses interlocuteurs sont intervenus — ou ont faitmine d’intervenir… Jésus n’avait pas besoin que leurs objections soient exprimées à haute voix, « il connaissaitle fond de leur cœur. » 4

Dans le v.18 qui rapporte la transition de la question du sabbat à celle de la « filiation », Jean jouepeut-être sur les mots. Le verbe traduit ici par violer5a plusieurs nuances. À la base, il veut dire délier et,par extension, libérer, relâcher, annuler ou abolir. Quand le Seigneur dit, en parlant de son corps :« Démolissez ce Temple », c’est le même mot. On le retrouve également pour exprimer l’ordre de Jésus au sujet de Lazareressuscité :« Déliez-le ! » Pour les pharisiens, Jésus démolit le règlement, c’est sûr. Mais nous pouvonsaussi comprendre leur plainte dans le sens où Jésus libérait le sabbat du carcan où les scribes l’avaient enfermé.Pour Jean et les premiers chrétiens, c’est sans doute cette vision des choses qui primait. Car au départla loi du sabbat était une bonne nouvelle !« Vous n’avez pas besoin de travailler sept jours sur sept.Vous pouvez, vous devez, faire relâche un jour par semaine. Et, ce jour-là, vous pouvez prendre du tempspour vous réjouir de la bonté de Dieu. » Mais maintenant les pharisiens disaient :« Si tu lèves le petit doigtle jour du sabbat, tu pèches ! » Ils avaient changé la bonne nouvelle du repos de Dieu en mauvaise nouvelle.Dans ce domaine aussi, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » Le Fils vient rétablir la vérité etrévéler la grâce.

Les Juifs ne contesteront pas le fait que Dieu ne cesse de travailler. Leurs propres rabbins enseignaientque si Dieu s’est reposé le septième jour de son œuvre de création, il n’a jamais cessé de s’occuperdu monde et de ses habitants. On passe donc très vite à une nouvelle accusation : Jésus se faisait ainsil’égal de Dieu. Le Seigneur saisit la perche tendue et en profite pour lever un coin du voile, pour révélercertains aspects de la relation entre le Père et le Fils.

La parabole du fils apprenti

À l’époque où Jean écrivait, on n’utilisait pas de lettres minuscules. Puisque tout était écrit en majuscules,ce n’est que bien plus tard qu’on a distingué entre Père et père, entre Fils et fils. De plus, il n’y aqu’ici dans tout le livre qu’on trouve le verbe « avoir de l’affection pour »appliqué à la relation entre Père et Fils.6 Cela suggère qu’il faut plutôt lire : le père aime bien le fils… Il est donc possible de comprendreles versets 19 et 20, sans les majuscules, comme une image ou une parabole. Si nous avons là effectivementune illustration tirée de la vie courante, elle a un côté émouvant par le fait que Jésus puiserait dansson expérience humaine et temporelle auprès de Joseph pour éclairer le fonctionnement de sa relation divineet éternelle avec le Père. Dans l’Évangile selon Jean, la vie — toute la vie — de Jésus est une « histoire illustrée ».7

Cette petite illustration sert à décrire non une relation maître-esclave, ni une relation employeur-employémais une relation maître-apprenti. Marc nous raconte qu’on a pu dire de Jésus :« N’est-ce pas le charpentier …? » (Marc 6.3) Nous avons donc de bonnes raisons de croire que Jésus a appris le métier de Joseph. À l’époqueet pendant bien des siècles, le premier apprenti du père artisan était tout naturellement son fils aîné. La parabolede l’apprenti nous fait comprendre tout d’abord que le père et le fils sont de même nature. Elle souligneaussi que le maître et l’apprenti ont les mêmes objectifs. S’il y a effectivement ce qu’on appelle un« lien de subordination », celui-ci est librement et joyeusement accepté pour le bien de l’entreprise commune— et familiale ! Comme toute illustration, celle-ci a ses limites. Appliquée à Jésus, nous ne pouvons paslui faire dire que l’apprenti se prépare à remplacer le maître-artisan ! Le rôle du Fils est de travailler éternellementmain dans la main avec le Père. Mais l’image de l’apprentissage souligne le fait que les œuvres de Jésus, ses signes, suivent un programme. Il y une sorte de gradation, mais celle-ci ne correspond pas àune « montée en puissance » progressive de Jésus. Elle est plutôt au service d’une révélation progressivedu Fils. Ses œuvres iront crescendo, de l’eau changée en vin jusqu’à la résurrection de Lazare — et au-delàjusqu’à la croix, à la propre résurrection de Jésus et au jugement dernier. Sous la conduite experte du père,le fils produira son chef-d’œuvre. Et dans la vie de Jésus, ce chef-d’œuvre, c’est notre salut !

Déjà vers la fin du v.20, nous glissons de l’illustration à l’application quand Jésus dit :« Vous en serezstupéfaits ». Ensuite, le Seigneur souligne deux aspects de sa « collaboration »avec le Père. D’abord l’imitation, au v.21 : le Fils fait comme le Père. Puis la délégation, au v.22 : le Fils fait quelque chose que le Pèrene fera pas, mais il le fait « comme le Père le lui indique » (5.30). Dans les deux cas, la collaboration est harmonieuseet étroite. Père et Fils font vivre, mais c’est le Fils qui fait le tri. Nous reviendrons dans un instant àce jugement et à ses aspects présent et futur. D’abord, nous devons nous poser la question de commentl’exemple de Jésus éclaire notre expérience de « fils de Dieu ».

On ne peut qu’être frappé par le rapprochement entre ce texte de Jean où Jésus explique sa vie et sonaction en termes de ce que le Père lui montre et l’enseignement de Paul dans l’Épître aux Éphésiens :« Ceque nous sommes, nous le devons à Dieu ; car par notre union avec le Christ, Jésus, Dieu nous a crééspour une vie riche d’œuvres bonnes qu’il a préparées à l’avance afin que nous les accomplissions. » 8Certains chrétiens sont agacés par cet enseignement qui, à leurs yeux, porte atteinte à leur liberté. Mais pouvons-nous raisonnablement revendiquer une « liberté » différente de celle du Fils de l’homme qui appliquait joyeusement la volonté du Père ? Ce que nous sommes, nous le devons à Dieu.Recréés pour vivreunis à Jésus, nous devons nous réjouir tous les jours du fait que notre petite vie est prise en compte dans legrand dessein de Dieu, que dans sa grâce notre Père nous donne une place et un rôle dans la réalisation desa volonté. En contrepartie, nous sommes incités à vivre, comme Jésus, à l’écoute du Père.

Jamais sans mon Fils

La déclaration de Jésus selon laquelle il est le chemin, la vérité et la vie, et que personne ne va auPère sans passer par lui, a fait couler beaucoup d’encre. D’aucuns sont offusqués par ces paroles qu’ils accusentde faire le lit de l’intolérance. Nous trouvons dans Jean 5 une autre affirmation de la même eau :« Nepas honorer le Fils, c’est ne pas honorer le Père qui l’a envoyé ». Voilà qui n’arrange rien ! Mais c’est icique Jésus commence à faire le tri. « Je crois en Dieu, mais je ne crois pas en Jésus » disent certains. La réponsedu Fils : Vous croyez en un « dieu » qui n’existe pas ! Vous ne pouvez pas avoir l’un sans l’autre, lePère sans le Fils ou le Fils sans le Père. Si vous n’honorez pas le Fils comme l’envoyé du Père, vous déshonorezle Père lui-même.La foi telle qu’elle est définie dans l’Évangile selon Jean n’est pas le simple fait de croire… n’importequoi, n’importe qui. Jean ne dirait pas que le plus important, c’est d’être sincère ! Tous les chemins ne mènentpas à Dieu. Aucune religion ne peut se substituer au Fils pour nous faire connaître le Père. C’est surce point précis que les religieux de l’époque ont achoppé. Le chemin est étroit. Pour s’y engager il faut passerpar la porte dont les deux montants pourraient s’appeler :« écouter ce que dit le Fils » et « placer saconfiance dans le Père qui l’a envoyé ». Si quelqu’un croit en un Dieu qui n’a pas parlé en envoyant sonFils dans le monde, sa « foi » est vaine. Chaque être humain se trouve jugé par sa propre attitude à l’égardde Jésus-Christ.

La grande traversée

« …Celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès àprésent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. » (5.24)Pour celui quivient au Père par le Fils, la mort physique prend des allures de petite transition à côté de la grande traverséequi est déjà accomplie. Laforme verbale « est… passé »est au passé composé ; elle indique que la traversée est achevée et définitive. On a changé de bord, de destinée, de destination finale. Le même verbe revient au ch. 7 quand les frèresde Jésus lui disent :« Tu devrais quitter cette région… » Celui qui croit est « parti », il est sorti de la mortpour entrer dans la vie, il est passé de la zone du jugement à la zone de la vie — pour toujours ! Nous trouvonsencore le même mot dans Jean 13.1 :« …l’heure était venue pour lui de quitter ce monde pour s’en allerauprès de son Père. » Celui qui croit vit un changement aussi radical que le passage de ce monde à la présencedu Père. Le parallélisme entre les versets 24 et 25 de notre texte indique même que cette traverséepeut être comprise comme une première « résurrection ». 9

Le jugement confié au Fils de l’homme s’exerce dès maintenant. Ceux qui entendent (dans le sensd’accueillir, de prêter attention à) la parole de Jésus et qui croient au Père « envoyeur » entrent déjà dans lavie, ils possèdent, dès à présent, la vie éternelle et échappent au jugement. La deuxième phase du jugementest encore future. Le jour viendra où tous, sans exception, entendront la voix du Fils. Mais à ce moment-là, il sera trop tard pour traverser. Les uns se relèveront pour la suite et la plénitude de la vie déjà reçue.Les autres se réactiveront pour être condamnés, pour la confirmation de leur mort10, de leur préférencepour les ténèbres, de l’abîme qui les sépare du Dieu qui est, et qui est la vie.

Qui est Jésus-Christ ? Voici une question qui nous donne du mal. Nous sommes toujours sur le fil durasoir, cherchant à concilier Jésus, pleinement homme, et le Fils, pleinement Dieu. Nous penchons tantôtd’un côté, tantôt de l’autre, et nous sommes parfois secrètement ennuyés de nous trouver là en présenced’un mystère qui nous échappera toujours. Il n’y a pourtant rien d’étonnant dans le fait que nous ne comprenons pas la nature profonde de Dieu !

Jean rapporte des paroles de Jésus qui nous aident, qui nous informent, qui nous éclairent… mais quin’expliquent pas tout. En l’espace de trois versets (26, 27, 28), Jésus se dit Fils de Dieu, équipé pour donnerla vie, et Fils de l’homme, qualifié pour faire le tri. L’esprit religieux ne reçoit pas cette réalité et se faitdes nœuds. Il y a en effet un nouveau quiproquo dans l’accusation selon laquelle Jésus se fait lui-mêmel’égal de Dieu. Dans le jargon des rabbins, cette expression veut dire « revendiquer l’indépendance àl’égard de Dieu » (comme Adam dans le jardin d’Éden). Jésus ne réfute pas l’accusation mais redéfinit laformule. Si Jésus se fait l’égal de Dieu, c’est pour revendiquer une identité de nature et de projet avec le

Père et une soumission exemplaire au Père dans la réalisation de ce projet.

Réjouissons-nous de ce que le Père et le Fils ont fait équipe pour nous offrir la vie. Et vivons,comme le Fils, à l’écoute du Père, cherchant chaque jour sa volonté qui donne un sens à ce qui nous arriveet à ces « œuvres » que nous arrivons parfois à accomplir.

1 Jésus y reviendra plus tard : voir Jean 7.21-25.
2 Voir aussi Jean 5 .8-9. (NDLR)
3 La version Second 1978 traduit : « Mon Père travaille jusqu’à présent. Moi aussi, je travaille. » Le verbe grec ergazomai, rendu ici par « travailler », signifie aussi « être actif, agir, faire ou accomplir (quelque chose) ». (NDLR)
4 Jean 2.25
5 luô
6 phileô et non agapaô.
7 Même les périodes de cette vie que Jean passe sous silence par ailleurs. (Voir 1 Jean 1.1-4 ; NDLR)
8 Éph 2.10
9 Ces termes sont à prendre au sens spirituel, dans la ligne des paroles de Paul en Col 1.12-14. La résurrection de nos corps n’a pas encore eu lieu (cf. 2 Tim 2.18) et la Bible emploie l’expression « première résurrection » pour parler de la résurrection des corps des croyants décédés, avant le début du règne millénaire (Apoc 20.5). (NDLR)
10 Comparez avec Jean 3.18-19.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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