Suivre, marcher et demeurer

Une des activités principales du Seigneur Jésus sur la Terre était la formation de ses disciples pour la mission qu’il allait leur confier. Quelles sont les étapes essentielles de ce processus ? Si autant de pages des Evangiles sont consacrées à cet enseignement, cela signifie qu’il est particulièrement important pour nous encore aujourd’hui.
Nous décrirons dans cet article trois phases essentielles du processus de formation, basées sur Marc 1.14-20 (l’appel), Matthieu 11.28-30 (la marche aux côtés du Christ), et Jean 15.1-17 (être en Christ), en nous inspirant largement des réflexions de Daniel Bourguet[note]Daniel Bourguet Devenir Disciple, , Ed. Olivétan, 2006.[/note].
Suivre Christ, un pas d’obéissance (Marc 1.14-20).
Au début du magnifique récit de Marc, le baptême de Jésus par Jean marque le lancement de son ministère, lorsque Dieu son Père déclare publiquement : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection.  ». Ainsi sa légitimité a été établie par Dieu lui-même. Il est donc naturel que Jésus soit ensuite le centre de l’histoire des disciples. C’est lui qui appelle ses disciples et non l’inverse.
Quel regard pose Jésus sur ces jeunes hommes pour qu’ils se sentent en confiance et le suivent ? Citons Bourguet : « Obéir à l’appel du Christ, c’est laisser son regard d’amour percer notre cœur. »
Dans quelles situations est-ce que j’arrive, ou n’arrive pas, à me laisser toucher par le regard du Seigneur ? Je peux avoir de la peine à aimer mon véritable visage. Est-ce que mon regard ou celui des autres prend le dessus sur celui de Dieu ? Si je commets un impair au travail, j’ai souvent du mal à me le pardonner, je peux le ruminer longtemps. Revenir au regard du Seigneur, c’est découvrir ce que son regard pur voit en moi.
Jésus appelle Simon et André, auparavant disciples de Jean (Jean 1.40) à devenir pêcheurs d’hommes, autrement dit devenir ce que Jésus est, pas moins !
L’obéissance des disciples est remarquable. Le verset 22 relève l’autorité de Jésus : « Ils étaient frappés de sa doctrine ; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. »
Les douze disciples ne sont pas des hommes de premier plan de la capitale Jérusalem – il n’y a ni Lévite ni Pharisien, ni membre du sanhédrin
– mais des gens de professions très diverses (pêcheurs, taxateur, etc). Jésus demande d’abord l’obéissance et la volonté de se mettre en marche, pas un certain niveau social ou intellectuel. Il n’appelle pas ceux qui se croient compétents, mais il équipera ceux qu’il appelle.
Il appelle au minimum deux disciples à la fois, le minimum ecclésial, sans doute pour s’entraider, mais aussi pour apprendre à collaborer et affiner leurs caractères mutuellement.
Les disciples laissent aussitôt les filets, c’est-à-dire leur source de revenu, leur pain, l’entreprise familiale. Ils sortent de la barque et quittent leurs acquis, ainsi que leur père et patron. Ils veulent suivre Christ, donc ils laissent même ce qui leur est cher.
Ils apprennent à renoncer (idem en Mat 16.24). Le renoncement, c’est enlever certaines choses de nos vies pour se consacrer à des choses plus importantes. Ce n’est pas une fin en soi, mais une conséquence d’un choix plus excellent. Thomas Merton l’a formulé ainsi : « Le bonheur consiste à trouver ce qui est essentiel dans ma vie, et à renoncer avec joie à tout le reste. »
L’abandon à Christ, pour le laisser régner, est une étape ultérieure. On peut le définir comme le fait de descendre du trône de sa vie, et de laisser Christ régner sur ses rêves, ses passions[note]Nathan Bramsen, What if Jesus meant what he said, Ed. Emmaüs International, 2017[/note].
En plusieurs situations, Jésus montrera la nécessité de cet abandon à ses disciples. Par exemple, Pierre doit abandonner ses filets lors de son appel. Plus tard, il doit sortir du bateau et marcher sur l’eau pour constater lui-même son impuissance et la puissance de Christ.
S’il n’était pas sorti, il n’aurait pas appris à croire. Bonhoeffer dit que celui qui a reçu l’appel doit sortir de sa situation au sein de laquelle il ne peut pas croire, pour se mettre dans la situation qui seule permet la foi[note]Dietrich Bonhoeffer, Vivre en disciple, Ed. Labor et Fides, 2009[/note].

En résumé, c’est Jésus qui appelle, et ma réponse consiste en un pas d’obéissance et un pas de foi. Ma réponse doit être sans condition, et mon engagement doit être de laisser Jésus prendre la direction de ma vie.

Marcher au rythme de Christ (Matthieu 11.28-30)

Daniel Bourguet propose de voir l’image du joug comme une offre faite aux disciples, à ceux qui le suivent déjà. Elle contient quatre injonctions :

  • Venez : approche de Christ, c’est lui qui donne le repos (v. 28)
  • Prenez : il te confie une charge qu’il tire avec toi (v. 29)
  • Apprenez : marche à côté de lui, apprends à l’écouter et à vivre son humilité et sa douceur (v. 29)
  • Recevez : la charge que te confie le Christ est bonne et légère, elle procuré le repos de l’âme. (v. 30)

Jésus nous invite : « Venez à moi », venez auprès de moi. Par rapport à l’appel des disciples (Marc 1), il y a une progression : il ne s’agit plus simplement de suivre le Seigneur, mais d’être auprès de lui. C’est une progression dans l’intimité. L’étape suivante nous est révélée par Jean 15, dans la parabole du cep et des sarments, où Jésus nous appelle à être en lui.
Où en suis-je dans mon intimité avec le Seigneur ? Ai-je le désir de passer à l’étape suivante ?
La fatigue et la charge sont des obstacles à identifier et nommer. Les possibilités sont nombreuses : trop plein d’activités, trop plein d’émotions (p. ex. Marthe en Luc 10.38-42), l’impression de porter seul une lourde charge comme Élie en 1 Rois 19, etc.
Après une journée harassante, le Seigneur invite ses disciples : « venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6.31). Le Seigneur n’a pas promis une vie paisible et sans difficulté, mais si la charge est écrasante, je dois alors me demander si je vise la bonne cible.
Comment parvenir au repos de l’âme ? L’âme est le siège des désirs où prennent parfois place la jalousie, la culpabilité et bien d’autres sentiments qui nous tourmentent. Marcher sciemment hors du chemin prévu par Dieu active la mauvaise conscience et l’agitation intérieure (Jér 6.16). Mais celui qui se sait en route sur la bonne voie, portant la charge que Dieu lui confie, a cette assurance de combattre le bon combat, comme écrivait Paul en 2 Tim 4.7. Certes, il peut parfois être fatigué physiquement. Le Seigneur s’adresse à des gens fatigués et chargés, et leur demande de prendre une charge de plus ! Mais qui tire le joug avec moi ?
Le Christ ! Savoir que le Seigneur tire à mes côtés est bel et bien source de repos pour mon âme.
Les bœufs, ou les chevaux, portent des œillères lorsqu’ils sont en attelage. De la même manière, je ne vois pas physiquement le Christ à côté de moi, mais je sens sa présence.
Lorsqu’un jeune cheval doit apprendre à tirer un attelage, on le met aux côtés d’un ancien, qui donne le rythme. Le jeune fougueux apprend à avancer de manière constante, dans la bonne direction. Quel cadeau de pouvoir apprendre aux côtés du Seigneur ! Pour tirer la charge efficacement avec le Christ, il faut marcher dans la même direction, tirer à la même force, et avancer au même rythme. Mon rôle est d’aligner mes objectifs sur ceux du Christ, me mettre à son diapason, à l’écoute de son Esprit.
La douceur et l’humilité sont ce qui manque le plus dans nos relations humaines, car elles sont peu valorisées dans notre société. Dans un attelage, si l’un manque de douceur et fait des à-coups, se cabre, ou part au galop, cela blesse l’autre, car le joug repose aussi sur l’autre. Prions pour vivre ce fruit de l’Esprit dans notre couple, dans notre église, au travail.
L’humilité du cœur, la véritable humilité, demande une profonde conversion du regard, telle qu’elle permet d’estimer l’autre supérieur à moi-même, sans me faire tomber dans l’auto-dévalorisation.
Si ma charge vient du Christ et que je la porte avec lui, elle ne sera pas écrasante. Si je marche au rythme et à côté du Christ, j’apprends aussi à renoncer aux charges qu’il ne m’a pas assignées. Et je vis le repos de l’âme.

Être en Christ et porter du fruit éternel (Jean 15.1-17)

Le rôle du vigneron est tenu par Dieu. Jésus parle du vigneron comme étant Dieu son Père, son Papa. Il taille ce qui produit déjà du fruit pour augmenter la quantité. Il canalise l’énergie (émon-der) et évite les pertes (purifier) pour qu’un maximum de sève arrive aux fruits. Cette image nous enseigne que la sanctification ne se fait pas sans douleur pour le chrétien.

Le rôle du cep est tenu par Jésus. Il distribue la sève, les nutriments aux sarments. Il y a plusieurs sarments sur un cep. La récolte ne provient pas d’un seul sarment, de même la récolte ne provient pas que de moi. Le cep ne porte pas lui-même des fruits : Jésus me fait la grâce de participer à sa gloire ! Il en a fait de même avec ses disciples, qui ont non seulement baptisé, mais aussi chassé les démons, guéri les malades, distribué les 5 pains et 2 poissons.
Le fruit rend la gloire de Dieu visible auprès des hommes. Il est écrit « porter du fruit », et non « produire du fruit ». C’est un rappel à l’humilité. C’est une grâce de Dieu qu’il m’utilise tel que je suis pour sa gloire, mais je ne peux me prévaloir de fabriquer ce fruit tout seul, sans lui.
Le fruit est pour le vigneron. Tout fruit que je porte est pour Dieu le Père ! De lui, par lui et pour lui sont toutes choses (Rom 11.36).
Il n’y a pas de chrétien sans fruit, et c’est rassurant ! Qu’on le veuille ou non, Dieu fait de bonnes œuvres à travers nous. Jean invite à ne pas se contenter de peu, car il montre une gradation dans la fécondité : tu peux porter du fruit (v. 2b), encore plus de fruit (v. 2c), beaucoup de fruit (v. 5b), du fruit éternel (v. 16). Aspire à beaucoup de fruit, à du fruit éternel !
Jésus t’aime autant que son Père l’aime ! Jésus décrit un flux d’amour qui part du Père, passe par lui puis par nous, et qui rejaillit dans nos relations. Il faut d’abord se laisser aimer par le Christ, avant de se mettre à aimer. Mais je suis souvent le coude du tuyau. Pourquoi puis-je éprouver de la peine à me laisser aimer par Dieu ? Je veux mériter son amour, je suis obnubilé par le « faire », et je n’arrive pas à « être ». La voix de mon entourage est plus importante que celle de Dieu,  j’ai été tellement déçu en voyant les comportements autour de moi, etc. Le pardon permet d’être libre des attentes non comblées. Dieu peut te révéler tes blocages, refus et craintes pour t’en libérer. Il offre un amour parfait, bien plus grand que celui d’un proche.
« Demeurer » est une expression typique de Jean qui a trois significations :
a) s’attarder, rester, s’arrêter ;
b) habiter, avoir son domicile ;
c) persister, subsister.
Jean parle de demeurer en Christ (v. 4) et de demeurer dans son amour (v. 9b) : il y a une notion de durée et une notion de proximité. Jean décrit une relation intime et constante avec Jésus. Avant l’obéissance, il y a l’amour de Dieu. On obéit au Seigneur parce qu’il nous aime et non pour qu’il nous aime. Ensuite, il n’est pas demandé d’être en Christ, mais d’y demeurer, de persévérer. En effet, dès la conversion je suis en Christ, une création nouvelle.
Comment demeurer en Dieu ? « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour » (v. 10) Je ne peux pas prétendre demeurer en Dieu si je pèche délibérément, sans confesser mon péché.
Comment Jésus est-il demeuré en Dieu ? Il nous a montré l’exemple : par l’obéissance à Dieu, par ses temps privilégiés avec Dieu son Père à l’écart de la foule, en aimant ses prochains, guérissant, enseignant, etc.
Dans les Évangiles, Jésus utilise plusieurs images pour parler de l’intimité avec lui. On est tour à tour enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, disciples, brebis. Parfois, il nous appelle amis par opposition à serviteurs, c’est dire que notre relation ne se limite pas à une simple obéissance, à une exécution d’ordres.
La source pour porter du fruit éternel, c’est une relation personnelle et intime avec Jésus. Et ainsi j’apprends à recevoir son amour et à aimer les autres. Je me rappelle aussi que je suis choisi pour aller et porter du fruit pour l’éternité (v. 16).

Multiplier comme Christ

Les évangiles enseignent au moins trois positions du disciple relativement à Christ. L’intimité avec le Christ va crescendo : suivre Christ, marcher à son côté, et demeurer en lui. Selon la situation, on est appelé tantôt à l’une ou l’autre position.
La finalité (porter du fruit pour l’éternité) est directement liée à l’intimité de ma relation avec Jésus. Cette finalité est mise en évidence par les dernières paroles du Christ avant de monter vers son Père : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, […] et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mat 28.19-20). Le cycle est complet lorsque le disciple fait lui-même des disciples.
Alors, allons-y !

Suivre Christ Marcher à côté du Christ Être en Christ
Passage Marc 1.14-20 Mat 11.28-30 Jean 15.1-17
Objectif Pécheurs d’hommes Repos en Dieu Porter des fruits éternels
Demandé Suivre Christ (obéissance) Apprendre de Christ, partager sa charge avec le Christ, marcher aux côtés? du Christ Être émondé, demeurer en Christ, observer ses commandements, s’aimer les uns les autres
Cadeau Regard du Christ Douceur et humilité du Christ Amour du Christ (sève), joie et plénitude
À laisser Revenu, famille Mon fardeau Des branches non fructueuses !

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)