Servir le Seigneur en l’attendant

Dans l’Ecriture, la notion de « service » est dominante, et cela contraste avec l’idée de l’homme, loin de Dieu et autonome, qui veut dominer plutôt que servir. Dieu a créé l’homme dans le but que celui-ci le glorifie en Le servant de tout son cour. L’Ancien Testament emploie principalement deux familles de mots, celle d’abad (servir, être soumis), avec abodah (service) et ebed (esclave, serviteur), et celle de sharath (servir, servir librement). Le Nouveau Testament utilise principalement la famille de diakonein (servir), avec diakonia (service, ministère) et diakonos (serviteur), puis celle de douleuô (servir comme esclave) avec doulos (esclave, serviteur), celle de latreuô (servir, adorer, rendre un culte) avec latreia (service, culte), et celle de leiturguéô (servir) avec leitourgia (service, ministère). La première mention du service dans la Bible se trouve dans Gen 2.5: Il n y avait point d’homme pour « cultiver » (travailler) le sol. Dieu avait confié à l’homme la gestion de la terre. Il devait la dominer, mais en la « travaillant », en la « cultivant ». Non pas qu’il « serve » la terre, mais son Créateur. Ce travail, ce « ministère », il devait l’accomplir librement et dans la soumission à Dieu, en Le glorifiant ainsi (1 Cor 10.31). Le concept du « service » dans la Bible est donc très important. On ne sert pas Dieu à « mi-temps » ou à « plein-temps », mais en permanence et de tout son cour.

L’événement historique de la Chute dans le jardin d’Eden a totalement changé ces données, et l’homme, devenu pécheur dès lors, est incapable de servir Dieu correctement, parce qu’il se veut autonome, étant aveuglé dans ses pensées (2 Cor 4. 3-4). Egocentrique, il ne sert que lui-même en dominant son prochain. Ce faisant, il opprime et écrase le plus faible. La notion de service est quasiment inexistante de nos jours, car en travaillant, l’homme veut d’abord se réaliser lui-même, quels que soient les moyens qu’il emploie. Dans la mesure où l’homme s’est éloigné de Dieu en refusant de le servir, il est devenu esclave ou serviteur du péché qui le domine. Tout en se croyant dominateur, il est, en fait, dominé par le péché et par Satan, prince de ce monde. Sa prétendue liberté aujourd’hui dans le monde occidental n’est qu’un « service » cruel, un esclavage terrible sous la domination du péché et de Satan.

Le service, c’est le grand thème de toute l’histoire de la Rédemption. Dieu s’est choisi des hommes pour en faire un peuple, afin qu’ils soient ses serviteurs. Tous les patriarches l’avaient fidèlement servi. En Ex 7.16, l’objectif de la délivrance du peuple d’Israël opprimé par Pharaon et les Egyptiens était qu’il le (L’Eternel) serve dans le désert. Ainsi, le long périple de ce peuple dans le désert avait comme but de lui apprendre à se soumettre à Dieu et à observer ses commandements en le servant fidèlement. Plus loin, Israël est appelé Jacob, mon serviteur (Es 41.8-9; 44.1-2; 45.4; 48.20). A travers son service, il devait glorifier Dieu. C’était un long chemin de formation et de souffrance pour le peuple d’Israël, et il ne sera achevé qu’au retour de Christ, le Messie. Une promesse fabuleuse attend celui qui craint le nom de l’Eternel, ce sera la levée du soleil de justice qui portera la guérison sous ses ailes (Mal 3.16-21). Le serviteur fidèle, celui qui craint l’Eternel, marche en conséquence dans la soumission au Seigneur et dans l’attente de son retour.

Les Evangiles nous présentent Jésus-Christ comme le serviteur par excellence. Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (Mat 20.28). Toujours soumis au Père, Jésus a parfaitement accompli sa tâche de serviteur fidèle. Il a pleinement glorifié Dieu sur la terre, s’étant dépouillé lui-même en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui même en devenant obéissant jusqu’à la mort sur la Croix (Phil 2.6-11). Et c’est encore lui qui, à travers son service de souverain sacrificateur dans les jours de sa chair, offrit à grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu’il fût le Fils, l’obéissance par ce qu’il a souffert. Après avoir été élevé, il est devenu pour ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel. (Héb 5.7-10). Quelle beauté de pouvoir méditer sur ce modèle de serviteur unique qui nous a délivrés de l’esclavage du pharaon cruel de ce monde, Satan! Oui, il est devenu notre souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu pour faire l’expiation des péchés du peuple (Héb 2.17).

Par la Nouvelle Alliance, Dieu a formé un nouveau peuple, l’Eglise qui, par analogie à Israël, est devenu son serviteur. Le ministère de l’Eglise est d’être le sel de la terre et la lumière du monde (Mat 5.13-16). Tout chrétien authentique – celui qui est régénéré par le Saint-Esprit – est serviteur de Christ (Jean 12.26) et serviteur de tous (Mt 20.26), L’objectif du chrétien est de faire tout pour la gloire de Dieu (l Cor 10.31). Ce ministère de l’Eglise se manifestait concrètement par l’attitude et les actes dictés par la saine doctrine biblique. Nous avons un magnifique témoignage écrit par Aristide, rhéteur grec qui s’adressait à l’empereur Hadrien quant à la vie des chrétiens au deuxième siècle: « Ils s’aiment les uns les autres; ils ne faillissent jamais d’aider les autres; ils délivrent les orphelins de ceux qui voudraient les frapper. S’ils donnent quelque chose, ils le donnent librement à celui qui n’a rien. S’ils voient un étranger, ils le prennent dans leur foyer et sont heureux comme s’il était un frère réel. Ils ne se considèrent pas eux-mêmes comme frères dans le sens usuel, mais comme frères par l’Esprit en Dieu »1. Comprenons donc que l’engagement total de chaque membre du corps de Christ dans le service de Dieu est un facteur primaire de la vie de l’Eglise. Le Seigneur nous invite à le servir d’un cour non partagé: Si quelqu’un me sert qu’il me suive. Le Père honorera notre service (Jean 12.26). Dans la mesure où chacun s’engage pleinement dans le ministère que le Seigneur lui a départi dans l’Eglise, celle-ci est édifiée, revigorée et croît qualitativement et en nombre (Eph 4.9-16; 1 Cor 12; Rom 12; 1 Pi 4; Act 2.46-47). Il est dans le plan de Dieu que chacun mette son don au service de l’Eglise: Puisque chacun a reçu un don, mettez-le au service des autres en bons intendants de la grâce si diverse de Dieu (1 Pi 4.10). Dieu désire que le corps de Christ fonctionne harmonieusement dans la pluralité (Rom 12:4-5), dans la diversité (1 Cor 12.4-6), dans la complémentarité (1 Cor 12.12-13), dans l’interdépendance (1 Cor 12.26) et dans l’unité des divers services sous sa divine souveraineté (1 Cor 12.28). C’est une exhortation solennelle à ne pas rester oisif, mais à mettre son don au service du Seigneur. Nous aurons à rendre compte si nous avons négligé d’honorer le Seigneur par le ou les dons qu’il nous a confiés. Il ne nous demande jamais l’impossible. Au contraire, si quelqu’un sert, que ce soit par la force que Dieu lui donne (1 Pi 4.11). Va avec la force que tu as, disait l’Eternel à Gédéon (Jug 6.14). Le problème de nos jours est que dans beaucoup d’églises le pasteur et les responsables doivent « faire tourner » leur communauté et que les autres assistent simplement comme « spectateurs » ou « consommateurs » aux réunions. Notre société déçue du modernisme est en train de déstructurer la vérité, le rationnel, le langage pour créer une culture postmoderniste, où le concept de globalisation gagne tous les domaines. Ce n’est plus l’individu qui compte, mais la collectivité. On parle d’une « conscience collective », d’une « responsabilité collective », d’une « pluriculture », d’une religion « syncrétiste », etc. Tout est relativisé et n’a de valeur que par rapport au sujet et non plus par rapport à l’objet. Donc, c’est ce que je perçois et ressens qui est vrai et non plus ce que Dieu a révélé dans sa Parole. De cette façon, l’irrationalisme et le mysticisme ont aussi pénétré dans l’église. Il y a d’autre part une sorte de nouvelle désespérance proche du nihilisme. Dorothy Sayers, contemporaine de C.S. Lewis, disait que le péché de nos jours est « le péché qui ne croit en rien, ne se soucie de rien, cherche à ne rien savoir, ne touche à rien, ne prend plaisir en rien, ne déteste rien, ne trouve d’objectif en rien, ne vit pour rien et reste en vie parce qu’il n’y a aucune chose pour laquelle il veut mourir »2. Mais ce péché, c’est l’ego consumériste se manifestant dans le domaine spirituel comme dans les choses matérielles.

Sortons donc de notre égocentrisme et de notre confort. Soyons des disciples du Seigneur à part entière et offrons nos vies à Christ (Gal 2.20) en le servant de tout notre cour. Nous en appelons à notre belle jeunesse: engagez-vous selon 1 Tim 4.15-16: Applique-toi et sois tout entier à cette tâche, afin que tes progrès soient évidents pour tous. Veille sur toi-même et sur ton enseignement avec persévérance, car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent. Mettez vos dons au service de votre église, tout en continuant à servir Dieu dans vos différentes professions. Dieu a besoin de chrétiens engagés dans l’église locale. Michel Bohrer, dans son article, nous exhorte à maintenir et à développer l’aspect tridimensionnel des ministères dans l’église: l’adoration, l’édification et l’évangélisation. La Parole de Dieu doit occuper la principale place dans cela, suivie de la communion, de la prière et de la formation continue. Une église qui développe ces trois points simultanément croîtra en maturité et en nombre. En développant une philosophie des ministères, nous devons nous inspirer du modèle de l’église néo-testamentaire. Nous y trouvons des absolus permanents et transculturels: l’organisme qu’est le corps de Christ, les fonctions et les principes des ministères, la vérité et le message (son contenu). En revanche, la mise en l’ouvre de ces absolus, soit: l’organisation de l’église, les formes et les modèles, la tradition et les méthodes, sont autant d’expériences non normatives, sujettes à variations selon les temps et les cultures. L’histoire de l’église nous est très utile pour comprendre cela. Si notre culture change, nous devons tenir ferme dans les absolus, les fondements de notre foi, la vérité, le contenu du message, tandis que dans les méthodes et les formes d’approche, nous pouvons opérer des changements pour atteindre nos contemporains. Les fondements de la foi ne se négocient pas, parce que la Parole de Dieu reste immuable. La formation dans l’église est déterminante. Si nous formons systématiquement les chrétiens dans les Ecritures, nous serons alors équipés pour adorer Dieu et pour édifier l’Eglise. L’évangélisation devrait être permanente et poursuivie à différents niveaux. Chacun est un témoin du Seigneur par la puissance du Saint-Esprit pour attester que Jésus-Christ est notre Sauveur et Seigneur (Act 1.8). Nous le ferons par notre attitude et nos paroles, aussi simples soient-elles. Face à ce monde postmoderniste, l’apologétique chrétienne devrait être systématiquement enseignée. Si nos églises avaient une vision biblique correcte du monde, elles pourraient ainsi mieux résister aux divers courants philosophiques. Nous assistons actuellement à une marée d’attaques subtiles contre la doctrine du salut en Jésus-Christ seul. En Suisse romande, par exemple, le pasteur Shafique Keshavjee vient de publier un roman philosophique intitulé « Le roi, le sage et le bouffon », où « dans une contrée lointaine, un roi organise de surprenants jeux olympiques: le premier Grand Tournoi de la Vérité qui oppose des représentants des grandes religions du monde, le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam, le judaïsme, le christianisme. L’athéisme même est invité à participer… De ces grands courants de pensée qui ont marqué l’histoire du monde, quel est le meilleur, le plus juste?. Le jugement final ne désigne aucun vainqueur, on s’en doute ». Et le journal cite le verdict du roi: « La religion qui me paraît la plus adaptée, c’est la religion… que je choisirais pour ma vie personnelle ».. et il décide d’accorder dans quatre ans, une médaille d’argent « à la tradition qui aura fait le plus d’efforts pour réellement comprendre et servir les fidèles »3. Malheur à moi, si je n’évangélise pas, s’écriait Paul. Ce langage est diamétralement opposé à celui d’un évangile tronqué. Ne perdons jamais de vue notre responsabilité d’apporter la Bonne Nouvelle à tous ceux qui sont perdus, au près et au loin. Ce qui compte n’est pas que les hommes soient bien dans leur peau et heureux, mais qu’ils soient sauvés. Et ce message clair du salut doit être proclamé avec passion. N’est-ce pas un ordre du Seigneur dans Mat 28.18-20: Allez, faites de toutes les nations des disciples.

Nous concluons avec le témoignage des Thessaloniciens relevé par Paul: Vous vous êtes convertis à Dieu, en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir (l Thes 1.9-10). Servir Dieu dans l’attente du retour de Christ, voilà qui nous donne un nouveau courage et qui nous remplit d’espérance et de passion pour Celui qui vient bientôt nous introduire dans la gloire.

1« Presenting Belief in an Age of Unbelief » (How to evangelize our Self-centred Culture par Charles Colson (p.35-36) éd. Victor Books, Wheaton (USA)
2 idem. p. 12
3La Presse Riviera/Chablais du 10.02.1998, p. 7. On y trouve une courte chronique du roman de Shafique Keshavjee « Le roi, le sage et le bouffon », éditions Seuil 1998. Une excellente analyse de la théologie de Shafique Keshavjee nous est présentée dans « Résister et Construire » no 39-40, octobre-décembre 1997, p. 2- 37, sous la plume de M. et Mme R.-M. et J.-M. Berthoud. éd. C.P. 468, CH-1001 Lausanne. Nous recommandons vivement à nos lecteurs cette importante analyse. Nous percevons là une montée rapide du pluralisme – et de l’inclusivisme encore plus subtil – à travers un ocuménisme syncrétiste globaliste, où « la revendication du Christ à être la Révélation définitive de la Vérité » (p.9) est carrément rejetée. On parle beaucoup de « tolérance, de paix, de justice », mais ces termes n’ont plus la même connotation que ceux de la Bible. On estimera bientôt qu’il ne sera plus nécessaire « d’évangéliser » le monde, vu que toutes les religions mènent à Dieu. Cette crise dans l’église est très sérieuse, car elle touche le cour du problème: Christ est-Il le seul Sauveur du monde? La mission a-t-elle encore un sens? Nous recommandons aussi les ouvrages en anglais qui traitent ces thèmes:
« Is Jesus the only Saviour? » par R. H. Nash, Zondervan Publ. House, Grand Rapids
« Christ among other gods » par E. W. Lutzer, Moody Press, Chicago
« Postmodern Times » par G.E. Veith, Jr., Crossway Books, Wheaton
« The coming Evangelical Crisis », éd. général: J.H. Armstrong, Moody Press, Chicago

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)