Sept aspects du règne de Dieu

Qu’est-ce que le royaume de Dieu ?

La notion de « royaume de Dieu » paraît bien floue à certains chrétiens. Face à des interprétations parfois contradictoires, les questions affluent : Est-il actuel ou futur ? Est-il seulement pour Israël ou aussi pour nous ? Peut-on dire que Jésus est notre roi ? Qu’est-ce que « l’évangile du royaume » ? Le royaume de Dieu est-il différent du royaume des cieux ?

Cet article ne prétend pas répondre à toutes ces questions (d’autres articles de ce numéro s’y essayeront), mais il vise à clarifier le sens du royaume et à décrire son développement.

Qu’est-ce qu’un roi ?

Selon le dictionnaire, un roi est : – soit un chef d’état qui accède au pouvoir souverain par voie héréditaire, – soit une personne qui domine un champ particulier (le roi du pétrole), – soit un représentant éminent d’une espèce donnée (le roi des animaux).

Le Nouveau Testament utilise le terme « roi » (basileus) pour désigner l’empereur romain, comme c’était le cas dans la koinè, la langue grecque populaire du 1er siècle (cf. 1 Pi 2.17). Ce terme peut aussi désigner un roi plus local comme Hérode le tétrarque (cf. Mat 14.9), mais aussi Dieu lui-même ou Christ (cf. Apoc 15.3).

Qu’est-ce qu’un royaume ?

Qui dit roi, dit royaume. Selon le dictionnaire, un royaume désigne soit un pays gouverné par un roi, soit les sujets d’un roi.

Et là, le sens biblique prend des acceptions plus larges. Le sens premier de « royaume » (basileia) est abstrait ou conceptuel, plutôt que géographique ; il désigne avant tout la souveraineté, le pouvoir royal, la domination, le pouvoir de gouverner. Ce n’est que dans un sens second, par métonymie, qu’il prend une signification concrète pour désigner le territoire ou le peuple sur lequel règne une personne appelée « roi ». C’est pourquoi plusieurs versions rendent justement le terme par « règne » plutôt que par « royaume », trop connoté en français.

Le parallélisme du Psaume 145 aide à saisir le sens biblique fondamental du « règne » ou « royaume » : « Ils diront la gloire de ton règne et ils proclameront ta puissance, pour faire connaître aux fils de l’homme ta puissance et la splendeur glorieuse de ton règne. Ton règne est un règne de tous les siècles et ta domination subsiste dans tous les âges. » (Ps 145.11-13) Le « règne » répond à la « puissance », à la « domination ».

Cela étant, comme on l’a dit, le « royaume est une des notions les plus complexes de l’Écriture »…

1. Dieu, le roi créateur

La souveraineté absolue de Dieu

L’Écriture affirme que Dieu est roi, en raison de sa nature même de Dieu grand et éternel (Ps 93.1-2 ; 95.3 ; 103.19). La première doxologie de 1 Timothée proclame : « Au roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, soient honneur et gloire, aux siècles des siècles ! Amen ! » (1 Tim 1.17)

Il est aussi roi parce qu’il est le créateur (Ps 47 ; 29.10) : il domine sur les œuvres de ses mains.

N’ayons donc aucune crainte à appeler Dieu notre roi : c’est reconnaître sa grandeur intrinsèque et ses droits de Créateur.

Dieu et les rois de la terre

En créant l’homme, Dieu lui a délégué une part de son autorité (Gen 1.28). Mais l’homme, par son péché, s’est volontairement assujetti au diable. Satan est devenu le prince du monde, sans être qualifié de roi (Luc 4.6).

Après le déluge, l’homme se voit confier une responsabilité de gouvernement. Le premier roi mentionné est Nimrod (Gen 10.10). Mais si les rois de la terre exercent une autorité déléguée (Rom 13.1-7), Dieu est pourtant toujours au-dessus des rois ; il est « le Dieu des dieux et le Seigneur des rois » (Dan 2.47). Il est aussi le « faiseur » des rois : « C’est lui qui renverse et qui établit les rois. » (Dan 2.21) « Le Très-haut domine sur le royaume des hommes et il le donne à qui il veut. » (Dan 4.32)

2. La royauté de Dieu sur Israël

L’origine de la royauté

Babel et l’histoire humaine subséquente conduisirent Dieu à choisir un peuple particulier, Israël, issu d’Abraham, par lequel la royauté sur le monde serait établie (Gen 12.3). Israël devait être une lumière pour toutes les autres nations : « Si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi ; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. » (Ex 19.5-6)

La théocratie en Israël

Pendant plusieurs siècles, de Moïse à Samuel, le peuple fut sous la domination directe de Dieu : c’est l’Éternel qui dominait sur le peuple (Jug 8.22-23) et ses conducteurs puis ses juges n’étaient là que pour le conduire et le ramener à Dieu.

Mais, lassé de la théocratie directe, le peuple réclama un roi humain (1 Sam 8.4-6). La réponse de l’Éternel indiquait clairement qu’il s’agissait d’un refus déguisé de son autorité : « C’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. » (1 Sam 8.7) Désormais la royauté divine deviendrait indirecte, avec la médiation d’un homme comme roi.

3. L’annonce de la venue du Roi

En même temps qu’une royauté humaine se met en place sur Israël, Dieu commence à annoncer la venue d’un roi, de son roi, le Roi parfait et définitif. Cette annonce se fait :

Par les rois d’Israël : Après Saül (qui représente l’homme incapable de remplir le plan de Dieu), David (le roi selon le cœur de Dieu, qui délivre le peuple de Dieu de ses ennemis) reçoit la promesse d’un descendant dont le « trône sera pour toujours affermi » (1 Chr 17.11-14). Salomon, le fils direct de David, même si son règne fut brillant, ne faisait qu’annoncer un « plus grand » que lui, le Roi glorieux qui règne en justice.

Par les prophètes : Au fur et à mesure de la déliquescence de la royauté en Israël et en Juda, les annonces prophétiques du royaume se font plus précises. Emmanuel, le fils donné (És 9.7) sera le Roi qui règnera selon la justice (És 32.1), le « germe juste qui règnera en roi » (Jér 23.5), celui qui unira les deux fonctions rigoureusement distinctes sous l’ancienne alliance de la royauté et de la sacrificature (Zach 6.13).

4. La première venue du Roi et son rejet

La naissance du Roi

Les premiers mots de l’Évangile établissent le droit juridique de Jésus-Christ au trône : il est avant tout le « fils de David » promis, enfin là (Mat 1.1). Dès avant sa conception, l’ange annonce à Marie que l’enfant qui va naître est bien le Roi promis : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin. » (Luc 1.32-33)

Les mages qui viennent peu après le reconnaissent comme « le roi des Juifs qui vient de naître » (Mat 2.1-2). À travers eux, la royauté de Jésus dépasse dès sa naissance le cercle du seul peuple d’Israël.

Le royaume prêché

Si le Roi est né, c’est que le royaume s’est approché. Dieu n’est plus seulement le créateur absolu, dominant sur ses œuvres ; le Roi est entré dans sa création pour visiter sa créature. Ce « rapprochement » du royaume de Dieu est le thème de la prédication :

– de Jean-Baptiste, en précurseur : « En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » (Mat 3.1-2) ;

– de Jésus, dès le début de son ministère : « Après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l’Évangile de Dieu. Il disait : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. » (Marc 1.14-15) ;

– des disciples, envoyés par le Roi : « Jésus envoya [les douze], après leur avoir donné les instructions suivantes […] : Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche. » (Mat 10.5-7)

Les caractères du Roi et du royaume

Et pourtant ce royaume qui s’approchait dans la personne du Roi lui-même ne laissait pas de surprendre beaucoup ceux qui attendaient une manifestation bien plus politique et visible. Ce royaume paradoxal était marqué par :

la discrétion : Quand « les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu, il leur répondit : Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17.20-21)

l’humilité : Montant à Jérusalem, Jésus accomplit la prophétie de Zacharie : le « roi qui vient » à Sion ne chevauche pas un cheval, l’attribut des rois du monde, mais « il est humble et monté sur un âne » (Zach 9.9).

Le Roi partiellement reconnu

À trois reprises, au moins, Jésus fut reconnu comme roi :

– au début de son service, par Nathanaël : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël » (Jean 1.49) ;

après la multiplication des pains, lorsque les gens rassasiés vinrent l’enlever pour le faire roi — ce que Jésus refusa, car il ne souhaitait pas prendre un rôle politique : le royaume qu’il annonçait était d’un autre ordre ;

lors de l’entrée à Jérusalem, quand la foule s’écria : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! » (Jean 12.13)

Le Roi rejeté

L’annonce de la venue du royaume n’a pas été reçue et le Roi a été rejeté :

– Au cours de son ministère, on attribua la puissance spirituelle indéniable qui se manifestait par des guérisons et des exorcismes à celle du diable (Mat 12). À partir de ce moment, la proclamation du royaume par Jésus prit une forme plus cachée, mystérieuse, au travers de paraboles destinées à révéler et à cacher (Mat 13.34-35).

– Le rejet alla s’amplifiant au cours des mois et fut scellé par le conseil des principaux des Juifs lors de la semaine pascale. Lors de son procès, Jésus indiqua à Pilate, effrayé d’avoir à juger un roi, que son royaume était d’un autre monde (Jean 18.33-37). Mais le procurateur n’hésita pourtant pas à suivre l’avis des Juifs et à condamner leur Roi.

– Le rejet aboutit finalement à la crucifixion du Roi ! Mais sur la croix, Dieu permit qu’un témoignage public multilingue annonce à tous ceux qui passaient que le crucifié était le « roi des Juifs » (Jean 19.19-22), pendu par la volonté délibérée d’un peuple qu’il était venu sauver mais qui le faisait mourir.

Le Roi glorifié

Jésus n’est pas resté dans le tombeau et le Ressuscité peut annoncer qu’il a désormais tout pouvoir dès aujourd’hui. L’Évangile du Roi se termine par cette proclamation : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Mat 28.18) Paul confirme aux Éphésiens que « le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire a fait asseoir le Christ à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir et qu’il a tout mis sous ses pieds. » (Éph 1.20-22)

Pour autant, ce pouvoir n’est pas encore visible et ne s’impose pas pour le moment : « Dieu n’a rien laissé qui ne lui soit soumis. Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. » (Héb 2.8) Selon les plans de Dieu, la manifestation glorieuse et publique de la souveraineté de son Fils ne suit pas immédiatement la croix et sa glorification.

5. Le royaume en l’absence du Roi

Depuis le départ de Jésus, le royaume de Dieu prend une forme mystérieuse, paradoxale, temporaire : celle que nous vivons actuellement. Il est déjà là, mais pas encore pleinement établi.

Le royaume prêché

La prédication du royaume de Dieu continue dans la période actuelle. Sa proclamation est au cœur du livre des Actes, où il est mentionné à 7 reprises :

– prêché par le Seigneur ressuscité aux apôtres à qui il parla « des choses qui concernent le royaume de Dieu » (Act 1.3) ;

– prêché par Philippe en Samarie, qui « annonçait la bonne nouvelle1 du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ » (Act 8.12) : les Samaritains crurent Philippe qui leur annonçait les bonnes nouvelles touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ.

– prêché par Paul, en particulier à Éphèse et à Rome (Act 19.8 ; 20.25 ; 28.31).

Chaque fois que le pur Évangile est annoncé, on proclame Jésus comme Sauveur et Seigneur — exactement le message du royaume de Dieu !

Les sujets du royaume

Le règne de Dieu s’étend aujourd’hui à tous ceux qui sont nés de nouveau (Jean 3.3-7). Avant de régner un jour, plus tard, les croyants sont actuellement « un royaume » (Apoc 1.5-6). Chaque fois qu’ils montrent dans leur vie les caractères du royaume — des caractères liés à ceux du Roi et à ce qu’il a montré sur terre — les chrétiens rendent visibles le règne de Dieu sur leur cœur : justice, paix et joie (Rom 14.17), puissance spirituelle (1 Cor 4.20), amour (Col 1.15)…

En l’absence du Roi, les sujets sont invités à « faire valoir » les dons qu’il leur a laissés (Luc 19.12-27), à être des ambassadeurs zélés de leur Seigneur (2 Cor 5.20). C’est aussi sur terre qu’ils préparent leur entrée dans le royaume visible futur : elle sera d’autant plus « largement accordée » (2 Pi 1.11) qu’ils auront été fidèles maintenant (2 Tim 4.1,18), même au travers des persécutions (Act 14.22 ; 2 Tim 2.12).

6. L’établissement du règne du Roi

L’établissement du royaume sur la terre

L’Apocalypse dépeint une scène où les vieillards adorent Dieu en disant : « Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu Tout-Puissant, qui es, et qui étais, car tu as saisi ta grande puissance et pris possession de ton règne. Les nations se sont irritées; ta colère est venue, et le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et d’exterminer ceux qui détruisent la terre. » (Apoc 11.17-18) L’introduction du royaume sera donc précédé d’une phase de jugements. Elle est liée à la victoire sur la coalition maléfique de l’Antichrist et du faux prophète sous l’instigation de Satan, et à la mise hors d’état de nuire de ce dernier (Apoc 12.10 ; 19.11-20.3).

Les caractères du règne

Les trois mêmes caractères moraux que nous sommes appelés à montrer aujourd’hui (Rom 14.17) seront alors visibles et partagés par une humanité apaisée : la justice (És 32.1-8 ; Ps 45.6 ; 89.14), la paix (Mich 4.3 ; 5.5), la joie (Ps 47.1-2).

La place centrale sera occupée par le Roi des rois qui règnera depuis Jérusalem sur la terre entière (Ps 2.6-7). L’épouse de l’Agneau partagera le règne de son royal époux (Col 3.4). Les apôtres auront une place privilégiée (Luc 22.28-30). Si Israël a une place centrale (És 60 ; Jér 3.17), toutes les nations seront bénies à travers lui (Zach 8.13,23 ; 14.16) — réalisation de la bénédiction faite autrefois à Abraham.

Jésus concentrera en sa personne tous les pouvoirs : selon És 33.22, il sera à la fois juge (pouvoir judiciaire), législateur (pouvoir législatif) et roi (pouvoir exécutif) : plus besoin de constitutions imparfaites pour garantir l’équilibre des pouvoirs : le Roi parfait les concentra tous pour la bénédiction de tous. Les trois fonctions autrefois séparées de roi, de prêtre (Zach 6.13) et de prophète (Apoc 19.13b,15a) seront réunies en lui.

7. Le royaume éternel

La fin du royaume terrestre

Le royaume terrestre est, selon nous, une nécessité théologique : « Il faut qu’il règne. » (1 Cor 15.25) Sur la terre où il a été rejeté, il faut qu’il soit reconnu et qu’il règne. Pour autant, le millénium n’est pas encore l’état final parfait : le péché et la mort seront toujours présents (És 11.4) et la révolte continuera à gronder dans certains cœurs, même de façon cachée (Zach 14.17-19). Aussi ce règne aura-t-il un aspect coercitif : l’autorité de Christ sera exercée avec une verge de fer (Ps 2.9-12 ; Apoc 2.26-27).

La vaste perspective tracée par Paul en 1 Cor 15.20-28 montre qu’au royaume médiatorial du Fils de l’homme succède « la fin », où Christ « remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance », jusqu’à la dernière, à savoir la mort. L’Apocalypse décrit le diable délié pour un bref laps de temps, la dernière révolte, le jugement final et la fin de la mort (Apoc 20).

Dieu, roi éternel

Alors est introduit finalement le règne éternel de Dieu. L’état éternel est une forme bien mystérieuse du royaume, peu explicite pour nous. « Dieu sera tout en tous. » (1 Cor 15.28) Il habitera avec les hommes « et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu » (Apoc 21.1-3). Ces mots doivent nous suffire pour aspirer à ce « royaume éternel » d’où toute opposition sera définitivement bannie, dans un bonheur, une paix et une harmonie que plus rien ni personne ne troubleront jamais.

Conclusion

Nous avons donc vu que l’essence du « royaume », cette domination souveraine de Dieu, est la même au cours de ces 7 phases ; mais son expression et sa manifestation varient dans l’histoire de la rédemption. Continuité et ruptures marquent l’histoire du règne de Dieu.

Nous vivons aujourd’hui dans une phase paradoxale, magistralement résumée dans l’expression « déjà… et pas encore » : le « siècle à venir » est « déjà » introduit depuis la première venue de Christ, mais il n’est « pas encore » réalisé. Les changements politiques ne sont « pas encore » là, mais les révolutions spirituelles dans les cœurs sont « déjà » en route. La puissance du royaume est « déjà » réelle, mais elle est « encore » résistible. Nous qui « aimons son apparition », qui prions « Que ton règne vienne », cherchons donc, en attendant que notre Roi vienne dans sa splendeur, à faire déjà sa volonté en démontrant dès aujourd’hui les qualités du Roi au travers de nos vies.

1 Litt. « évangélisait le royaume de Dieu », remarquable rapprochement entre le royaume et l’évangile.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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