Saül: une foi mal exercée

1 Samuel 13.1-14

Au début du règne de Saül, Israël semble vivre en bon voisinage avec les Philistins puisque Saül ne garde que trois mille hommes et renvoie le reste du peuple chez lui (13.1-2).

Jonathan le trouble fête (13.3-7)

Jonathan ne respecte pas cette trêve puisqu’il attaque une garnison philistine (13.3). Espère-t-il battre secrètement quelques Philistins pour en retirer un maigre avantage territorial? 1 Dans ce cas, l’action de Jonathan est stupide, car pour un gain insignifiant, le fils de Saül entreprend une opération des plus risquées. Si jamais l’action commando est découverte (et on voit mal comment, tôt ou tard, elle ne pourrait pas l’être), la guerre avec les Philistins reprendra, et Israël est militairement mal préparé pour un tel combat. En effet, le gros de l’armée vient d’être démobilisé et les armes sont pratiquement inexistantes en Israël (13.19-22).

Mais Jonathan est un homme aux qualités multiples comme le montre sa deuxième attaque d’une garnison philistine (14.6-15). Le signe demandé à Dieu reflète un discernement militaire affiné 2 et les paroles adressées à son écuyer témoignent d’une grande foi: «Rien n’empêche l’Éternel de sauver au moyen d’un petit nombre comme d’un grand nombre » (14.6). Homme de foi et homme de vision, Jonathan attaque la première garnison philistine dans le dessein de stimuler Israël au combat. Comme Samson l’avait fait dans le passé, Jonathan essaie de rompre la paix pourrie avec les Philistins. Le littoral, occupé par ce peuple païen, fait partie de la terre promise. Israël ne doit pas coopérer avec ses voisins occidentaux, ni même les tolérer, mais il doit les déposséder de leur territoire. Pour déclencher les hostilités, Jonathan provoque un incident frontalier sans rien cacher («Les Philistins l’apprirent »).

A ces remarques, il convient d’ajouter que les Philistins semblent avoir étendu, depuis peu, leur domination territoriale, puisque la garnison philistine attaquée par Jonathan est positionnée à Guéba, c’est-à-dire en plein centre des collines de Judée, territoire traditionnellement occupé par Israël. Guéba est même située entre Mikmach, où se trouvent les deux mille hommes de Saül, et Guibea, où sont stationnés les mille hommes de Jonathan. Cet emplacement stratégique du camp philistin fait penser que les Philistins contrôlent le pays. Si Saül renvoie le gros de ses troupes, c’est parce qu’il n’a aucune intention de les utiliser contre les Philistins. Elles servaient sans doute à contenir les Ammonites à l’est du Jourdain et comme la paix semble rétablie dans cette région (cf. 11.1-11), Saül libère ses soldats.

L’avancée philistine en territoire israélite n’est pas commentée, mais on peut supposer que ce peuple a profité des efforts israélites à repousser l’agression bestiale des Ammonites à l’Est, qui voulaient mutiler tous les habitants de Yabéch (11.2), pour étendre imperceptiblement leur contrôle «amical» des plateaux judéens. Saül accepte cette situation, alors que Jonathan la conteste. Celui-ci attaque la garnison philistine chargée de contrôler les allées et venues des deux corps d’armée israélites (13.3). Tout en infligeant un camouflet aux Philistins, il renforce la position israélite puisque les trois mille hommes peuvent à nouveau être réunis en cas de besoin. Le coup d’éclat du fils oblige le père à rappeler rapidement ses troupes («Saül fit sonner de la trompette dans tout le pays» 13.3). Au son du cor, les Israélites comprennent que la paix est rompue («Israël s’est rendu odieux aux Philistins» 13.4). Dans l’absence de détails, la responsabilité en est attribuée à Saül («Tout Israël entendit que l’on disait : Saül a battu le poste des Philistins» 13.4).

Saül se retire d’une vingtaine de kilomètres à l’Est pour convoquer ses troupes à Guilgal dans la vallée du Jourdain (13.5). Ce mouvement de repli lui donne un peu de répit. Peutêtre espère-t-il aussi que le lieu où Dieu l’a publiquement oint roi deux ans auparavant (11.14-15) soit à nouveau un lieu de bénédiction pour lui.

La réaction des Philistins est rapide et musclée: trente mille chars et six mille cavaliers sont mobilisés (13.5). L’action de Jonathan est ressentie comme un coup de poignard dans le dos. La vivacité de leur réaction montre que ces voisins en apparence amicaux étaient fondamentalement très durs. Aucune démarche diplomatique pour s’assurer que l’attaque du commando était planifiée par le gouvernement et non par un groupe extrémiste. Le nombre des soldats mobilisés laisse présager d’un combat sans quartier. Beaucoup d’Israélites paniquent et désertent l’armée pour se réfugier dans le maquis («dans les cavernes, dans les buissons, dans les rochers, dans les tours et dans les citernes » 13.6) ou à l’étranger («de l’autre côté du Jourdain»). Les six cents vaillants qui restent avec Saül tremblent.

Le «discernement» de Saül (13.8-14)

Saül est dans une situation délicate. Ses chances de succès paraissent minimes et diminuent d’heure en heure. Le temps joue contre lui, car plus il attend, plus ses soldats le désertent et ceux qui restent tremblent, car l’inaction est toujours difficile à gérer pour une armée menacée. D’autre part, l’ennemi profite certainement de ce délai pour renforcer ses positions.

Saül devait agir rapidement s’il voulait se tirer de ce guêpier et pourtant, contre toute logique militaire, il repousse l’affrontement de plusieurs jours. Saül veut à tout prix offrir un holocauste à l’Éternel avant d’engager le combat, et comme le seul à pouvoir offrir ce sacrifice est absent (Samuel), mais a promis de passer dans la semaine, Saül attend sept jours.

Manifestement, Saül a certaines convictions. Dans un passé récent (10.1- 12), il a vu l’intervention de Dieu dans sa propre vie et il désire maintenant que Dieu l’assiste dans sa détresse, réalisant que seul un miracle peut lui permettre de remporter la victoire. La patience de Saül à attendre le retour de Samuel souligne à quel point Saül voulait offrir ce sacrifice.

La patience de Saül est remarquable, mais, pour un rien, est insuffisante. Lorsque le septième jour arrive, Saül perd patience et, au moment où il offre lui-même le sacrifice, Samuel arrive. Le prophète traite le roi d’insensé et lui annonce qu’en raison de son infidélité son règne ne sera pas affermi (14.13-14). La royauté passera à une autre famille. La condamnation est sans appel et semble très dure.

Pour comprendre la sévérité du jugement divin, il faut saisir deux choses. Premièrement, Samuel n’a jamais reproché à Saül son impatience. Le péché du roi n’est pas de n’avoir pas assez attendu le prophète, mais d’avoir lui-même offert le sacrifice. Deuxièmement, Saül n’avait aucune obligation d’offrir un holocauste avant d’engager le combat. Aucune stipulation dans la loi mosaïque n’oblige un tel sacrifice. Lorsque Saül patiente jusqu’à l’arrivée de Samuel («Il attendit sept jours, selon le terme fixé par Samuel » 13.8), il ne faut pas comprendre que Samuel avait interdit à Saül de se battre avant son arrivée, mais qu’il lui avait simplement indiqué la date de son prochain passage: «Je serai de passage dans la semaine».3 Saül aurait pu (et aurait dû) attaquer les Philistins sans offrir de sacrifice puisque aucun sacrificateur n’était présent.

Le problème de Saül est d’avoir voulu aller au-delà de la loi, pour ensuite ne pas respecter la loi. Si Saül a fini par offrir l’holocauste (et ainsi, transgresser la loi), ce n’est pas parce que Dieu l’a poussé dans des limites surhumaines de patience, mais parce que Saül, sous sa propre initiative, s’est placé dans une situation des plus inconfortables en décidant de ne pas se battre sans avoir offert préalablement un sacrifice.

Saül estimait-il qu’un sacrifice obligerait davantage l’Éternel? Ou pensaitil à la dernière bataille entre les armées israélite et philistine (7.7-14) lorsque Samuel avait offert un holocauste juste avant une victoire éclatante et miraculeuse? Si c’est le souvenir de ce sacrifice qui nourrissait son esprit, alors il a oublié l’essentiel, c’est-à-dire le réveil spirituel qui avait précédé le sacrifice et la victoire (7.2-6).

L’épreuve de Saül était difficile, mais pas surhumaine. L’épreuve est difficile parce que l’ennemi est fort. Mais Dieu ne rajoute pas à l’épreuve en faisant patienter Saül pour que ses troupes diminuent. Nous ne sommes pas dans la situation d’un Gédéon à qui Dieu a demandé de diminuer ses troupes. Ici Saül aurait pu agir, mais une mauvaise compréhension des choses divines le paralyse, puis le fait transgresser ouvertement l’alliance. Cette situation se retrouvera au chapitre suivant. Pour respecter son vou, Saül sera prêt à tuer un innocent (son propre fils: 1 Sam 14.44).

Saül n’est pas un homme qui doute de l’intervention divine. Son problème est de croire au signe plus qu’au sens, à la forme plus qu’au fond, à la lettre plus qu’à l’esprit derrière la lettre. Ce n’est pas le doute qui est reproché à Saül, mais une foi mal placée.

Tout comme les fils d’Eli avait une foi superstitieuse et stérile dans l’arche (cf. 4.1-11), ainsi Saül croit plus à la valeur des sacrifices qu’à l’obéissance au Seigneur. Il est intéressant à noter que la défaite d’Eben-Ezer lorsque l’arche a été prise (14.1, 10-11) est suivie d’une victoire à Eben-Ezer en l’absence de l’arche (7.2-13). De même, la victoire de Samuel contre les Philistins lors d’un combat précédé par un sacrifice (7.2-13) est suivie d’une victoire de Jonathan contre les Philistins, alors que ce dernier n’avait offert aucun sacrifice (14.1-15).

Dans notre récit, l’échec de Saül n’est pas celui d’un coureur de cent mètres qui lutte jusqu’aux derniers mètres avant de se faire battre sur le fil. Saül ressemble plutôt à un coureur insensé qui, à la surprise générale, s’élancerait dans la mauvaise direction. L’échec de Saül n’est pas partiel, mais total.

D.A.

1 Le lecteur ne connaît rien de Jonathan et peut tout imaginer sur cet homme, car c’est la première fois que son nom est mentionné.
2 Voir prochain article: L’exploit de Jonathan, 1 Sam 14.1-15.
3 Plusieurs commentateurs estiment que Samuel avait demandé à Saül d’attendre sept jours, sur la base de 1 Sam 10.8: «Puis tu descendras avant moi à Guilgal; et voici, je descendrai vers toi, pour offrir des holocaustes et des sacrifices d’actions de grâces. Tu attendras sept jours, jusqu’à ce que j’arrive auprès de toi et que je te dise ce que tu dois faire». Le contexte est pourtant tout autre, car cette parole à été donnée avant l’accession au trône de Saül et se situe deux ans avant notre texte (cf. 1 Sam 13.1).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)