Samson: Visites à deux femmes

(Juges 16)

Le parcours sans faute de Samson touche à sa fin. Ce héros dont nous avons pu admirer la consécration dans nos études précédentes (Promesses 1993/4, 1994/1,1994/2) finit par tomber dans la défaite. Son péché avec Dalila est indéniable puisqu’il perd sa force et que l’Eternel se retire de lui (16.20). Les critiques pleuvent sur notre héros, mais sont-elles bien ciblées? Quelle est la nature réelle de sa faute?

Le récit de son engagement avec Dalila est précédé d’un autre engagement avec une femme. Dans les deux cas, Samson a (ou semble avoir eu) une relation sexuelle. Les traits communs des deux textes ont conduit de nombreux commentateurs à discerner des leçons identiques dans les deux textes. Une seule et même faute de Samson serait soulignée par l’auteur .Cet te lecture ignore les nombreux contrastes qui, loin d’aligner ces récits sur un même plan, situent le comportement de Samson aux antipodes d’une évaluation divine. La similitude entre les deux visites n’est qu’une apparence, et une lecture attentive peut relever de nombreux et profonds contrastes.

Contraste entre deux visites

En premier, on peut noter la longueur inégale des deux récits. Le premier est résumé en trois versets (16.1- 3), alors que le second s’étend sur 18 versets (16.4-21), soit un rapport de 1 à 6.

Plus important est le contraste entre l’issue des engagements. Samson sort victorieux de sa première aventure. En fait, sa force ne paraît jamais aussi imposante que lorsqu’il arrache les portes de Gaza (avec les poteaux !) pour les transporter du bord de la mer au sommet d’une montagne. Distance à vol d’oiseau entre Gaza et Hébron: 60 kilomètres; dénivellation: 1000 mètres. Prodigieux. Samson est victorieux et alerte. En pleine nuit, il se lève pour sortir de la ville. Le sommeil ne l’a pas retenu.

Lors de sa seconde aventure, Samson est vaincu, totalement et misérablement, par une femme qui a su lui tirer les vers du nez. L’Eternel, si présent jusque-là, s’est retiré (16.19). Samson perd force, vue et liberté. Abaissé au rang d’un animal (16.21), astreint aux travaux forcés, aveugle, Samson est pitoyable. Tout au long du contact avec Dalila, notre juge paraît lourd, lent à comprendre, endormi. A plusieurs reprises, le texte relève le sommeil du juge (16.14,19,20), contrairement à la section précédente.

Ainsi, si la première expédition culmine dans la gloire de la victoire, la seconde sombre dans les misères de la défaite. Le premier récit conclut avec les portes de Gaza largement ouvertes (elles sont même arrachées et ne peuvent plus se fermer) et invitent les armées juives à envahir le territoire ennemi. La victoire de Samson est manifeste pour tous puisque les portes de la ville sont placées au point culminant du pays, tel un trophée qui se dresse vers le ciel de Juda. Le second récit se termine avec des portes de prison verrouillées et gardées pour empêcher et décourager toute fuite du juge juif. Le prisonnier est enterré dans la prison, à l’abri de tout regard. A l’image d’un Samson aveugle qui tourne en rond, l’avenir est noir et bouché.

Concernant les femmes, on notera que toutes deux travaillent pour de l’argent, de l’argent qui leur est payé par des hommes. Mais la manière de l’obtenir est différente: l’une donne en cachette son corps (la prostituée), l’autre extirpe par tromperie un secret (Dalila). La première est payée par son client, l’autre par les ennemis de son client. Les deux femmes monnaient leur service, mais leur travail touche deux domaines différents : la première s’exprime dans le domaine sexuel, la seconde dans le domaine affectif.

La nationalité des deux femmes est différente aussi. La prostituée de Gaza est une Philistine; Dalila est probablement une Juive. En effet, la somme démesurée offerte par chaque prince philistin (16.5) ne peut s’expliquer que dans le cas d’une trahison. Si Dalila était philistine, les princes du pays auraient fait pression sur elle à l’image des menaces de mort proférées par les habitants de Timna à l’épouse de Samson (14.15). Si Dalila est juive, les mille cent sicles d’argent de chaque chef s’expliquent par le prix exorbitant d’une trahison.

La relation de Samson avec les deux femmes est contrastée, elle aussi. Avec la première, aucun échange. Le juge se contente d’entrer chez la prostituée. Avec Dalila, les paroles sont abondantes, les dialogues riches, intenses et étendus dans le temps. Les sentiments de Samson sont relatés: il aime Dalila (16.4) et devant l’insistance de la femme, il finit par lui ouvrir son coeur (16.17).

Sur le plan géographique, un mouvement ascendant ouest-est et contrasté par un mouvement descendant nord-sud. Le premier récit commence au bord de la mer en territoire philistin et se termine à 1000 mètres d’altitude en territoire juif: plus précisément, il commence dans la ville côtière de Gaza au sud-ouest du territoire philistin et se termine dans les hauteurs d’Hébron situé à l’est de la frontière philistine. Le second récit suit le mouvement inverse: il commence dans les collines juives situées au nord-ouest du pays des Philistins pour se terminer à l’autre extrémité du territoire philistin à Gaza, dans les profondeurs d’une prison. Le premier récit commence dans une ville (Gaza) et se termine à la campagne (les montagnes d’Hébron), alors que le second commence à la campagne (dans la vallée du Soreq) et se termine dans la ville où le premier récit a commencé (Gaza).

Les contrastes abondent et soulignent des leçons distinctes. Dans le premier texte, le courage, la sagesse et le zèle de Samson sont relevés; dans le second, le lecteur découvre les fautes du juge.

Les leçons d’une visite à Gaza

Samson part à Gaza pour enseigner Israël. Comme lors de ses engagements décrits aux chapitres 14 et 15 (Promesses 1994/1, 1994/2), Samson illustre ses leçons par des actes symboliques.

L’objectif prioritaire de sa visite à Gaza est d’en arracher les portes, car il veut encourager Israël à attaquer cette ville. Sans portes, toute localité devient une proie facile pour une armée ennemie. Rappelons que Samson n’est pas appelé à chasser l’ennemi, mais seulement à commencer à le faire (13.5). Il prépare, ainsi, le terrain pour Israël. Dans le combat contre Gaza, il fait le gros du travail : il enfonce les défenses ennemies. Israël devrait suivre sans difficulté.

Samson choisit comme ville Gaza. Cette localité se trouve à l’extrémité sud du territoire philistin, ce qui oblige notre juge à traverser dans le sens de sa longueur tout le pays ennemi. Pourquoi arracher les portes de la ville la plus éloignée de Juda ? Tout simplement pour ouvrir à Israël une voie royale pour conquérir tout le pays. En prenant la ville la mieux protégée d’une agression israélienne, Samson encourage ses compatriotes et décourage l’ennemi. d’une part, les Juifs voient que tout est possible à celui qui fait confiance à Dieu, et d’ autre part, les Philistins réalisent qu’ils seront impuissants devant une armée dotée d’une telle force et d’un tel courage.

Samson pénètre chez une prostituée. Aucune immoralité chez notre juge sur lequel repose toute l’onction divine. Cherchait-il à se cacher chez une femme de mauvaise vie comme les deux espions envoyés par Josué pour explorer Jéricho ? Il ne semble pas, puisque l’auteur rapporte dans un même souffle l’arrivée du juge à Gaza et la diffusion de la nouvelle. Samson, fidèle à lui même, enseigne Israël symboliquement: la prostituée représente les Philistins, car ces hommes sont comme des prostituées. Ainsi, une association avec ces gens ne peut être que malheureuse. Avec une prostituée aucun avenir n’ est possible.

La facilité avec laquelle Samson entre dans Gaza et en ressort est à l’image de l’aisance avec laquelle un étranger peut pénétrer chez une prostituée. Elle annonce la facilité avec laquelle Israël pourrait pénétrer dans cette ville. La voie royale préparée par les portes arrachées invite les envahisseurs juifs à prendre possession du territoire, tout comme l’attitude provocante d’une prostituée invite tout étranger à venir prendre possession de son corps. Comme une prostituée dénudée, Gaza, privée de portes, s’offre au premier venu. Tout au long de ce premier récit, Samson est maître de chaque élément.

Coupable oui, mais de quoi?

Avec Dalila les choses changent. Samson, si parfait jusque-là, tombe dans le péché. Pour comprendre sa faute, il faut commencer par rectifier certaines accusations infondées. Pour certains, Samson aurait rompu son voeu de naziréen ! Certes, ses cheveux ont été coupés, mais ils l’ont été à son insu. Samson ne les a ni coupés ni fait couper par un autre.

D’autres critiquent le juge pour son rapport sexuel avec Dalila. On l’accuse d’avoir couché avec une prostituée philistine. Mais le texte ne précise pour cette femme ni son statut matrimonial (célibataire, fiancée, mariée, veuve), ni son engagement moral en général (prostitution ou non), ni sa nationalité (bien qu’ on puisse supposer qu’elle soit juive comme nous l’avons déjà indiqué). Le texte ne mentionne pas non plus de rapport sexuel. Si Samson est entré dans la maison de Dalila, il ne semble pas qu’il soit entré dans sa chambre, puisque c’est là qu’elle cachait les soldats philistins {16.9,12). Rusée comme un serpent et sûre de la droiture de Samson, Dalila cache les Philistins dans l’endroit de l’intimité, à l’endroit où elle sait qu’un homme intègre comme Samson ne voudra jamais aller.

Certes, Samson a aimé cette femme (16.4), mais cela n’implique pas qu’il l’a connue. La référence qui pourrait le mieux indiquer un acte sexuel est l’expression : elle l’ endormit sur ses genoux (16.19). Cette expression est généralement utilisée pour parler d’une mère qui veille sur son enfant. Elle souligne la proximité sur le plan affectif, rien de plus.

L’hypothèse d’une faute sexuelle écartée, l’attention peut se concentrer sur ce que le texte souligne. La confiance accordée à Dalila est le noeud du problème. Pourquoi Samson a-t-il dévoilé son secret à cette femme ? A la décharge du juge, on peut avancer que si Dalila était juive, Samson n’avait pas de raison particulière de s’en méfier. Mais la nationalité n’est pas tout. Dalila avait montré qu’elle était indigne de confiance. A trois reprises, elle avait cherché à tromper Samson (16.6,10,13). L’erreur du juge est de n’en n’ avoir pas tenu compte et d’ avoir accordé sa confiance à quelqu’un qui visiblement ne la méritait pas.

C’est tout le thème du ministère de Samson qui est rappelé, mais avec un renversement total. Samson le fils de la lumière est aveugle. Celui qui devait éclairer Israël sur la nature des Philistins est incapable de discerner la vraie nature de Dalila. Celui qui devait dénoncer toute alliance imprudente, se confie à celle qui veut le perdre.

Samson n’a pas péché ouvertement contre l’Eternel, et pourtant il a commis une erreur: une faute dont il porte l’entière responsabilité, une faute aux conséquences terribles. Samson appelé à éclairer Israël poursuit son ministère d’enseignement, mais cette fois à son insu. Comme il l’avait déjà annoncé, une confiance placée en des gens indignes de confiance ne peut aboutir qu’au désastre.

La plus grande victoire

Les Philistins pensent avoir maté leur ennemi. Par mesure de précaution, ils lui crèvent les yeux: même si sa force lui revient, il restera inoffensif. C’est méconnaître le caractère, et de Samson, et de Dieu. Samson est humble; il sait reconnaître son erreur; il sait s’humilier et implorer son Dieu en qui il a toujours placé sa confiance. Comme Dieu est compatissant, il répond sans tarder à sa prière et redonne à son oint toute sa force.

Une dernière fois, Samson exerce son ministère de juge. La punition correspond à l’offense, et cela sur trois plans: la nature du péché, l’identité des coupables, le lieu du délit. Commençons par la nature du péché. Puisque l’offense était des plus graves, la punition est des plus sévères. Un non-respect de la vie aussi total que celui manifesté par la mutilation grave d’un innocent ne peut être punie que par la peine capitale. Deuxièmement, l’identité des coupables est manifeste. Comme les responsables de l’injustice sont les représentants du peuple, les princes et leurs associés meurent (3000 hommes en tout). Pour terminer un mot sur le lieu du délit. Puisque les Philistins ont piégé Samson chez la personne en qui il s’était confié, Samson surprendra les Philistins dans le temple de leur idole, à l’endroit où ils se sentent le plus en sécurité.

Samson, un exemple pour aujourd’hui

Samson meurt dans son dernier acte de justice. Excepté son erreur de jugement, Samson laisse un des témoignages les plus lumineux de la Bible. Sa place dans le panthéoades hommes de foi (Héb 11.32) est entièrement justifiée. Aujourd’hui à une époque où l’attrait de mauvaises alliances semble fasciner toujours plus de gens, le peuple de Dieu a un besoin urgent de serviteurs qui emboîtent le pas à notre héros. Cependant, il leur faudra beaucoup de courage, de persévérance et de prudence, car comme l’ histoire de Samson l’a montré, la crainte, l’abandon et la trahison des frères sont au rendez-vous.
D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

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(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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