Samson: Un mariage stratégique

(Juges 14)

Samson descendit à Timna et il y vit une femme parmi les filles des Philistins. Lorsqu’il fut remonté, il le déclara à son père et à sa mère et dit: J’ai vu à Timna une femme parmi les filles des Philistins: prenez-la maintenant pour ma femme. (Jug 14.1-2)

Samson veut épouser une Philistine. La première action du dernier juge ne manque pas d’étonner. Pourquoi vouloir épouser une femme d’une nation occupant la Palestine alors que l’Eternel avait interdit ce genre d’alliance (Ex 34.15-16)? La majorité des commentaires y voit la marque d’un homme charnel mû par l’ unique souci de satisfaire ses désirs personnels. Comment pourrait-il en être autrement? L’interdiction d’Exode 34 est absolue.

Cette interprétation négative de l’action de Samson est largement répandue et les critiques à l’égard de ce juge ne s’arrêtent pas à sa première action, mais s’étendent en général à tout son ministère. Comme nous avons essayé de le montrer dans l’étude précédente (Samson, l’homme de tous les espoirs, Promesses 1993/ 4), cette lecture de Samson est erronée. Notre juge est profondément consacré à l’Eternel, et le seul reproche que l’auteur inspiré relève dans tout son ministère concerne son rapport avec Dalila. (La nature exacte de sa faute sera expliquée dans un prochain article). Le mariage avec une Philistine (chapitre 14) et les actions punitives entreprises contre les Philistins (chapitre 15) entrent entièrement dans la volonté divine. Avant d’expliquer et de justifier ce mariage particulier, nous devons cependant relever un aspect qui devrait inciter l’interprète à la prudence.

Des énigmes pour faire réfléchir

Le cycle de Samson est plein d’énigmes. Des énigmes sous les formes les plus diverses. (1) L’ange de l’Eternel refuse de révéler son identité à la femme de Manoah (13.6), et lorsque Manoah insiste pour connaître son nom (13.17), l’ange lui répond de manière énigmatique: c’est un mystère (13.18). (2) Au chapitre 14, le récit de la cérémonie de mariage tourne autour d’une énigme proposée par Samson. (3) Au chapitre 16, Dalila s’ingénie à surprendre le secret de Samson. (4) Si la source de la force intrigue les Philistins, la force elle-même étonne le lecteur: (a) déchirer un lion à mains nues, (b) tuer 1000 hommes avec une simple mâchoire d’âne, (c) transporter de lourdes portes sur les épaules du bord de mer au sommet d’une montagne. (5) Le lecteur attentif notera aussi certains jeux de mots dans le cycle de Samson (en particulier dans 15.16-17).(6) Finalement, les actes de Samson sont toujours déroutants: pourquoi dévaster le pays en attachant 300 renards par la queue? Pourquoi venger sa femme qui l’avait trahi et qu’il avait lui-même punie? Pourquoi traverser tout le territoire philistin pour aller trouver une prostituée? Pourquoi emmener les portes de Gaza jusqu’au sommet d’une montagne?

Les énigmes font partie intégrante du cycle de Samson. C’est même une caractéristique fondamentale de ces textes. Pour comprendre ces récits, le lecteur devra donc redoubler d’attention sous peine de rejoindre tous les naïfs qui campent sur leur impression première. L’auteur présente (volontairement) son message sous forme énigmatique. Une réflexion approfondie est demandée au lecteur. Pourquoi? Peut-être pour mieux graver la leçon dans la mémoire. Une vérité découverte suite à un effort semble souvent plus précieuse.

Des indices pour guider la réflexion

L’auteur veut faire réfléchir son lecteur, mais il veut aussi l’enseigner. En fait, c’est pour mieux enseigner que l’écrivain fait réfléchir. Ainsi, l’auteur, tout en passant par le biais d’énigmes, veut aussi être clair; Il veut que son message soit compris. Pour ce faire, plusieurs indices sont fournis à l’interprète pour le guider dans son effort.

En premier lieu, l’auteur indique que Samson est oint de l’Esprit de l’Eternel juste avant de partir pour Timna(13.24b).Comme nous l’avons indiqué dans des études précédentes ( en particulier dans Promesses 1992/ 1), les sept références à l’Esprit de l’Eternel sont fondamentales pour l’interprétation du livre des Juges. Les références à l’onction de l’Esprit de l’Eternel sont comme des phares placés pour éclairer certaines actions des juges qui pourraient, autrement, être mal comprises. Ainsi, si Samson descend à Timna pour y trouver une femme philistine, c’est parce que l’Eternelle lui demande.

Cette interprétation est confirmée par un deuxième indice. Sous forme de commentaire, l’auteur conclut et approuve la démarche de Samson: son père et sa mère ne reconnaissaient pas que cela venait de l’Eternel, car il cherchait une occasion (de dispute) de la part des Philistins (14.4). Les parents qui s’opposent au mariage de Samson sont comme les commentateurs qui critiquent l’action du juge. Les uns comme les autres n’ont rien compris à la démarche de l’oint de l’Eternel. Cornment faut-il alors comprendre l’action du juge? Samson le fils de la lumière doit enseigner son peuple. Comme ce dernier est endurci et rebelle, Samson s’adressera à lui sous forme imagée, un peu comme Nathan s’adressera à David par une parabole pour reprendre le roi pécheur (2 Sam 12.1- 7). Seulement, Samson ne se contente pas de raconter une histoire, il la joue en chair et en os.

Une alliance impossible

Ce mariage avec une Philistine servira d’enseignement à Israël: un enseignement chargé de montrer la folie d’une alliance avec les Philistins. Ces derniers ne cherchent qu’à écraser et dominer. Leur parole n’a aucune valeur et il n’est jamais possible de leur faire confiance. S’allier avec eux est une folie.

En épousant une Philistine, Samson veut montrer qu’une alliance avec ce peuple ne pourra se solder que par un échec. Pour illustrer ce fait, notre juge choisit l’alliance la plus profonde, celle où l’engagement est total: le mariage. Masochisme pur répliqueront certains. Pas avec Samson. Notre homme est des plus intelligents. Sachant que la débâcle est au rendez-vous, Samson la précipite. Il l’active d’une telle manière que l’échec vienne avant la consommation du mariage. Ainsi, Samson, tout en proposant un mariage avec une étrangère, n’aura jamais à vivre une telle alliance.

Le défi jeté par l’énigme servira de catalyseur. Il permettra de montrer la vraie nature du peuple philistin. Il est utile de relever, ici, que le défi est vraiment le thème central de ce texte sur le mariage. Les noces ne sont qu’un prétexte pour lancer le défi. Dans la narration, la cérémonie du mariage passe (en toute logique) à l’arrière-plan. Le développement littéraire est remarquable.

Pour que le test fonctionne, pour qu’il révèle la vraie nature des Philistins, il faut que ces hommes perdent la partie, car Samson veut montrer que ces gens ne savent ni perdre ni tenir parole. L’épreuve est des plus révélatrices. Les Philistins non seulement ne tiennent pas parole (puisqu’ils trichent), mais ils se montrent prêts à tuer des membres de leur peuple pour obtenir gain de cause. Les menaces adressées à la Philistine sont terribles: Séduis ton mari, et qu’il nous explique l’énigme: sinon, nous te brûlerons, toi et la maison de ton père (14.15). Tuer leurs frères pour gagner quelques manteaux. Toute l’horreur des Philistins est dévoilée. Israël ferait bien d’être sur ses gardes. La résistance à toute tentation d’alliance avec ce peuple est impérative. Si les Philistins traitent les membres de leur propre peuple avec si peu de respect, qu’en sera-t-il des étrangers? L’oppression et l’esclavage seront inévitables.

Pas un seul juste

Le test dévoile aussi le vrai caractère de la femme de Samson. N’ira- t-elle pas jusqu’à le tromper et le trahir? Samson l’avait pourtant soigneusement choisie. En l’entendant dire à son père que cette femme lui convient (14.3), le lecteur pensera tout d’abord que la femme a gagné son coeur. Mais une fois de plus, un examen approfondi nous conduit dans une autre direction. L’attachement de Samson pour cette Philistine n’est pas du même ordre que celui qu’il aura avec Dalila. De cette dernière, il est dit que Samson l’aima (16.4,15). L’hébreu áhêb exprime un attachement sentimental. Pour la Philistine le mot yâshâr (traduit par convenable) est utilisé. Ce mot relève la perfection morale. Samson choisit cette femme non par amour, mais parce qu’elle semble être la plus fiable des Philistines. Or, comme l’épreuve de Samson le révèle, même la meilleure est indigne de confiance.

Certains répliqueront que la femme était menacée de mort, et que dans de telles circonstances sa tromperie est moins grave. Le texte confirme-t-il une telle opinion? Il ne semble pas; Les hommes ne menacent la femme qu’à l’issue du délai imparti (14.15). En effet pendant les six premiers jours, les Philistins avaient essayé par eux-mêmes de résoudre l’énigme. Or, il s’avère que la femme a cherché à obtenir la solution dès le premier jour (elle pleura tout contre lui pendant les sept jours que dura leur festin: 14.17). La tentative de tromper Samson est présente dès le début. On peut relever aussi que Samson, en veillant à garder le secret entièrement pour lui (puisque même ses parents ne connaissaient pas la réponse: 14.16), expose la culpabilité de la femme. La fuite ne pouvait provenir que d’elle.

La stratégie du maître

Lancer le défi est une chose facile. Samson connaît l’orgueil des Philistins et leur appât de gains matériels. Dès que le défi est lancé, il est accepté. Les Philistins se croient supérieurs à un étranger. De plus, ne sont-ils pas trente à se lancer sur la piste de l’énigme? Samson réussit donc aisément à les convaincre d’entrer dans cette compétition. Mais Samson veut plus. Il doit gagner le défi pour faire perdre les Philistins.

Notre juge choisit une devinette qu’il sait insoluble par les Philistins. Certains taxeront Samson de malhonnêteté, mais c’est faire un faux procès à notre juge. Les termes du défi étaient clairs. Les Philistins savaient au devant de quoi ils allaient. Pas un instant, ils ne doutaient que Samson ferait tout son possible pour voiler la solution. Leur erreur a été de sous-estimer son intelligence.

Avant de nous pencher directement sur la charade, il est utile de relever que l’issue du défi ne se limitait vraisemblablement pas à une question matérielle. En proposant le don de manteaux, Samson choisit comme récompense pour le vainqueur un signe de royauté. En effet dans la culture du Proche-Orient, le manteau était le signe traditionnel de l’investiture d’une autorité, comme la couronne royale le sera plus tard dans les monarchies européennes. L’histoire du manteau royal demandé par Haman à Assuérus est bien connue (Est 6.6-11). Elie utilise son manteau comme signe de son autorité pour fendre les eaux du Jourdain (2 Rois 2.8); manteau qui reviendra à Elisée le digne héritier de son maître (2 Rois 2.13-14). Quant à Joseph, il avait été honoré d’un manteau multicolore par son père, ce qui avait suscité la jalousie de ses frères (Gen 37.3-4).

En proposant le don d’un manteau, Samson indique un signe de soumission du vaincu au vainqueur. Puisque deux peuples habiteront ensemble suite au mariage contracté, le maître des deux peuples sera celui qui se révélera le plus intelligent. Le défi lancé par Samson est accepté par les Philistins: le plus intelligent régnera sur les autres.

La nature de l’énigme

La devinette est mystérieuse pour les Philistins. Le lecteur sourit devant la stérilité de leurs efforts à décoder le message. Mais lui-même, en a-t-il saisi toute la portée? N’oublions pas que l’auteur veut faire réfléchir le lecteur, et s’il semble lui donner par avance la solution de l’énigme, il ne lui dévoile peut-être pas toute la solution!

En fait, l’énigme véhicule un double message. Le sens premier est manifeste: la devinette se rapporte à la carcasse du lion remplie de miel. Le second sens est moins apparent. Pour le comprendre, il faut relever que le lion a attaqué Samson à l’entrée du pays des Philistins, dans les vignes de Timna (14.5).Comme les Philistins, ce lion empêche les Juifs de jouir du pays promis. Ce lion représente d’une certaine manière les Philistins. Ce rapprochement entre le lion et les Philistins est encore plus intéressant lorsqu’on sait que pour les Egyptiens (ancêtres lointains des Philistins selon Gen 10.14), le sphinx (monstre mythique à corps de lion et tête humaine) était le gardien du territoire.

Le lion comme les Philistins empêche l’accès à une partie de la terre promise. Le fruit de la vigne ne peut être cueilli. Par contre lorsque l’ennemi est mort, le Juif retrouve la jouissance du pays, de ce pays où coulent le lait et le miel. Le miel dans la carcasse du lion vaincu symbolise la bénédiction retrouvée. Samson mange du miel et en donne à ses parents (14.9) comme pour montrer à toute la nation juive que l’ennemi Philistin ne doit pas être amadoué, mais dépossédé et tué comme Dieu le leur avait demandé.

Samson est vraiment rusé. Il sort comme grand vainqueur de la confrontation. D’une part, son défi a pleinement porté les fruits escomptés, puisque la nature de ce peuple voisin a été dévoilée. D’autre part, les Philistins ont été incapables de découvrir l’énigme. Même en trichant, ils n’ont pu obtenir que la part du mystère que Samson a bien voulu leur révéler. Le sens profond leur échappe toujours. De plus, en trichant, les Philistins se sont tout simplemept disqualifiés.

Les coupables punis

Si Samson est vainqueur, pourquoi paie-t-il le prix de la victoire aux Philistins? Mais quel prix leur remet-il? En apparence, il leur offre le prix du vainqueur (les 30 manteaux), mais en réalité, c’est le salaire de leur péché qu’ils reçoivent.

Ayant démontré la vraie nature de ce peuple, et ayant remporté le pari (les Philistins ont dû tricher pour obtenir la réponse ), Samson descend à Askalon. Revêtu de l’Esprit divin (14.19) (le lecteur prendra garde d’interpréter favorablement l’action du juge!), notre héros y descend en vainqueur et non en vaincu. Comme Samson s’est montré le plus intelligent lors de l’épreuve, il a gagné le droit de devenir le chef des Philistins. Ces derniers, ayant triché, doivent être punis par l’autorité, qui n’est autre que Samson, leur nouveau maître.

La justice sera équitable, elle suivra la loi du talion: (1) les Philistins ont volé la réponse de l’énigme, Samson volera les habits; (2) ils ont cherché à tromper Samson, ce dernier les trompera en leur faisant croire qu’ils reçoivent la récompense qu’ils recherchaient; (3) 30 hommes se sont comportés en meurtriers pour avoir menacé de mort sa belle famille, Samson tuera 30 de leurs compatriotes. Samson est-il injuste en tuant d’autres Philistins? Nullement, puisque tous les Philistins sont du même acabit (la preuve vient d’être fournie), et que Dieu avait demandé à son peuple de tuer tous les habitants de la terre promise (Deut 20.16).

Revêtu de l’Esprit de l’Eternel, Samson a mené le jeu du début à la fin. Il domine tous les développements: même sa confidence à la Philistine au dernier jour de la fête, même le salaire versé aux Philistins suite à leurs iniquités. Son jugement final est équitable; son éthique est parfaite. L’oint de l’Eternel règne par Sa force et Sa sagesse, et Israël devrait en tirer exemple. S’il était consacré à l’Eternel comme Samson, il serait lui aussi revêtu de force et d’intelligence. Dieu n’avait-il pas promis à son peuple le succès dans tous les domaines en récompense à la fidélité (Deut 28.1-14)? La faiblesse actuelle d’Israël témoigne de son état de péché. Plutôt que de se reposer en l’Eternel, Israël a cherché sa sécurité dans des alliances étrangères, où l’oppression et l’esclavage l’attendaient.

Les leçons de Samson restent d’une grande actualité dans un temps où la mode est au compromis. Le chrétien ferait bien de se rappeler que, hier comme aujourd’hui, les mauvaises alliances restent mauvaises.

D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)