Samson: l’homme de tous les espoirs

(Juges 13)

Si Samson vivait aujourd’hui, les équipes sportives s’arracheraient ses services à coups de millions de dollars. Arrière en rugby, personne ne passerait; attaquant, les meilleures défenses seraient enfoncées. En lutte, boxe, judo, les titres olympiques ne seraient que pure formalité. De leur côté, gouvernements et armées feraient tout pour l’embaucher comme garde de corps présidentiel ou comme membre d’une troupe de choc chargée de pénétrer les premières lignes ennemies.

Samson est unique. Jamais un homme n’a été aussi fort que lui. Déchirer un lion rugissant à mains nues; tuer mille hommes avec la mâchoire d’un âne; arracher, puis transporter sur ses épaules les portes massives d’une ville côtière au sommet d’une montagne située à plus de 60 kilomètres; briser les liens les plus solides comme du fil brûlé au feu; voilà de quoi nous laisser songeurs. A tort, beaucoup voudraient le ranger parmi les personnages mythologiques: qu’un monsieur Superman ait existé leur paraît impossible. Pour la Bible aucun doute n’est permis : Samson fut un homme en chair et en os doté par Dieu d’une force exceptionnelle.

Mais Samson est plus qu’un paquet de muscles. il est aussi une intelligence des plus lucides. Comme un champion d’échecs qui livre simultanément plusieurs parties les yeux fermés, Samson est prêt à relever tous les défis. Sa supériorité l’assure d’avance de la victoire. Ses énigmes sont fermées à toutes les perspicacités réunies.

La particularité de Samson se manifeste aussi par sa naissance. Comme pour les plus grands hommes de Dieu, un ange annonce sa conception miraculeuse et sa consécration au ministère dès le sein maternel. Gabriel a été envoyé pour Jean-Baptiste le plus grand prophète de l’ancienne alliance (Mat 11.11 ) et pour Jésus le Fils de Dieu (Luc 1.19, 26); l’ange de l’Eternel est présent pour Samson.

Quant au ministère de Samson, il est lui aussi exceptionnel. Contrairement à l’opinion répandue, notre juge n’est pas un homme charnel. Comme nous le montrerons dans trois prochaines études: aucune immoralité sexuelle, aucun égoïsme ou appât du gain, pas de mesquinerie, mais un sens profond du ministère, et un esprit sensible à la justice divine. Sa spiritualité est relevée à quatre reprises dans le livre des Juges (13.24; 14.6,19; 15.14), plus que celle de tous les autres juges réunis. Le Nouveau Testament le place, lui aussi, parmi les héros de la foi (Héb 11.32).

Si Samson est exceptionnel, il est aussi énigmatique. Ses paroles et gestes portent toujours plusieurs niveaux de compréhension. Ses actes symbolisent, jusque dans les moindres détails, une leçon spirituelle. Ni ses parents (14.4), ni ses contemporains de la tribu leader de Juda (15.11-13), ni les commentateurs modernes n’ont compris le sens de son ministère. Reproches et moqueries n’ont fait que pleuvoir sur cet homme. Autrefois comme aujourd’hui, Samson est un des personnages bibliques les plus mal compris.

Si le lecteur veut être éclairé sur cet enfant du soleil (c’est le sens de son nom), il devra laisser de côté certains clichés et préjugés. Le texte inspiré devra être le seul guide. Une étude du contexte servira de point de départ à notre réhabilitation de Samson.

Un peuple élu à l’agonie

Depuis quarante ans, le peuple élu vit sous la domination des Philistins (13.1), soit une durée deux fois plus étendue que toute autre oppression du temps des juges (20 ans du temps de Débora: 4.3). Contrairement aux situations antérieures, le châtiment infligé par l’Eternel ne produit aucun repentir. Même après quarante ans, le peuple continue, sans sourciller, à marcher dans la rébellion.

Le jugement de Dieu ne semble plus produire ses effets. L’humiliation par les ennemis est acceptée. Vingt ans, quarante ans. Israël ne réagit plus. Le peuple élu semble résigné à son sort. Il faut dire à la décharge de cette génération que la domination des Philistins est différente des autres. Ce peuple ne dévaste pas systématiquement le pays à la madianite, mais il se contente d’une cohabitation plus ou moins paisible avec Israël. Il ne s’oppose pas à des mariages interethniques si les autres peuples s’intègrent à ses coutumes et obéissent à ses autorités. Israël accepte cette soumission (15.9-13). Les compromis de la cohabitation paraissent préférables à la guerre. Pour Israël, la vie n’a pas de prix.

Les Juifs tiennent à la vie, mais sont-ils encore en vie? Physiquement peut-être, mais pour combien de temps ? Spirituellement, il ne reste rien. Comme l’électrocardiogramme qui a cessé d’osciller, l’apathie du peuple est révélatrice de la situation. La flamme de la spiritualité est éteinte. Dieu doit intervenir de façon radicale pour redonner vie à ce qui est moribond.

Vers une nouvelle création

L’Eternel va susciter une vie nouvelle. Pour cela, il va prendre une femme stérile, et à cette femme symbolisant la mort (puisque privée de descendance ), Dieu donnera la possibilité d’engendrer. Son enfant ne sera pas comme les autres. Porteur de toutes les promesses tant sur les plans physique, intellectuel que spirituel, Samson est le signe d’une nouvelle humanité.

Il faut noter ici que l’engendrement par une femme stérile apparaît dans l’Ecriture chaque fois que Dieu veut marquer du fer rouge une étape importante de son oeuvre rédemptrice. Isaac est le fils de la promesse; Samuel est un prêtre divinement mandaté pour oindre les deux premiers rois en Israël; Jean-Baptiste annonce le Messie. Le Christ lui-même est né d’une vierge. Dans son cas, le miracle symbolisant la nouvelle création est encore plus manifeste. Jésus est vraiment le nouvel Adam (Rom 5.12- 21). Ainsi, le miracle marque la rupture avec l’ordre (corrompu) du passé.

Samson annonce une nouvelle étape. Les hommes traditionnels ayant échoué, Dieu fait du neuf. Avec Samson, il préfigure la pleine rédemption liée au Messie.

La caractéristique première de ce nouvel être n’est pas sa force, mais sa consécration. Le récit de la naissance de Samson (le chapitre 13) s’étend à trois reprises sur le thème de la consécration (13.4-5,7, 14), alors qu’il se contente de signaler une fois seulement la force du juge: il commencera à sauver Israël de la main des Philistins (13.5). La consécration est fondamentale, la force secondaire. En fait, la première engendre la seconde. La consécration conduit à la force. Celui qui est attaché à Dieu est invincible, car Dieu est avec lui. Si Samson est fort, c’est parce qu’ il est consacré. Comme autrefois Israël était invincible dans ses jours de fidélité, Samson est invincible. La force du juge rappelle celle du peuple élu dans le passé.

Les signes de la consécration

La consécration de Samson sera marquée par deux éléments: l’un se rapporte à ce qui entre dans le corps (boisson et nourriture), l’autre à ce qui sort du corps (les cheveux qui poussent). Aucun vin ou liqueur ne seront bus, ni rien d’impur mangé; les cheveux ne seront jamais coupés. Ces prescriptions sont conformes aux lois sur le naziréat (Nomb 6). Comme Samson est consacré dès sa conception, l’ interdiction relative aux aliments est aussi imposée à sa mère pour le temps de la grossesse.

Comment comprendre ces deux symboles de la consécration ? Penchons nous pour commencer sur les aliments. Les nourritures impures ne posent pas de problème particulier puisqu’elles étaient interdites à tous les Juifs. Le cas du vin et des liqueurs est différent. Les Israélites en consommaient librement. En particulier lors de certaines fêtes, une partie de la dîme était dépensée devant la maison de l’Eternel. Vin, liqueurs et diverses nourritures de choix étaient servis à la famille élargie (Deut 14.26- 27). Pour le peuple, la seule interdiction attachée au vin et à tous les fruits de la vigne (comme à toute autre culture) était liée à l’année sabbatique. Le Juif devait faire relâche de tout travail; la vigne était laissée en friche et la récolte abandonnée à Dieu. Seuls les pauvres et les animaux pouvaient en disposer (Ex 23.11).

Pour les naziréens, la situation était différente. La loi du naziréat interdisait non seulement le breuvage alcoolisé (comme l’indique le livre des Juges), mais tout le fruit de la vigne (y compris pépins et peau: Nom 6.4). Ainsi, l’impossibilité de cueillir, et donc de consommer les fruits de la vigne, n’était plus limitée à la septième année. Certaines exigences de l’année sabbatique étaient étendues à toute la période consacrée au Seigneur. La remise d’ un septième à l’Eternel était insuffisante. La consécration totale exigeait un don total. L’engagement du naziréen le privait des fêtes où vin et liqueurs coulaient avec largesse. Sa vie ne lui appartenait plus. Détente, repos et festivités étaient repoussés à l’expiration de son engagement.

L’interdiction liée aux cheveux rejoint le symbolisme de l’année sabbatique. Ne pas couper les cheveux rappelle le repos de la terre. Vigne non taillée et cheveux non coupés se ressemblent, surtout lorsque ces derniers sont laissés libres au vent. De plus, comme la croissance des plantes, la croissance des cheveux est signe de fertilité. Si le produit de la terre (les récoltes) doit être abandonné au Seigneur, ainsi en sera-t- il du produit de la tête (les cheveux).

En offrant au Seigneur ses cheveux, le naziréen exprime symboliquement son désir de lui consacrer ses pensées (car l’activité principale de la tête est de type cérébral). Apporter ses cheveux au Seigneur, c’est s’engager à lui consacrer tout le produit de sa réflexion. Le Nouveau Testament exhorte, lui aussi, le fidèle à rejeter toute pensée impure et à être renouvelé dans son intelligence (Rom 12. 1-2; Eph 4.20-24).

Ainsi, si la consécration est liée à la force (comme nous l’avons vu plus haut), elle est aussi attachée à l’intelligence. Si elle produit la première, elle engendre aussi la seconde. Celui qui est consacré se remplira 1’esprit des pensées du Seigneur. Ce faisant, il ne pourra que dépasser en sagesse l’intelligence voilée des pécheurs.

A la lumière de ce qui précède, on peut ajouter une remarque sur l’interdiction liée au vin et aux liqueurs. Si le serviteur consacré doit s’abstenir de tout alcool, c’est aussi pour garder un esprit clair. Comme un gendarme en exercice doit s’abstenir de tout alcool, ainsi en est-il du naziréen pendant son temps de service. Certes, l’interdiction s’étend à tout le fruit de la vigne (y compris pépins, peau et raisins secs: Nom 6.3-4), mais n’est-ce pas pour mieux marquer l’absolu de cette loi? Aujourd’hui, des personnes sont parfois exhortées à s’abstenir de toute goutte d’alcool.

Un ministère d’éclaireur

Samson est totalement consacré au service du Seigneur. Mais pour quel ministère ? L’ange avait annoncé que le fils de Manoah commencerait à sauver Israël (13.5). Le peuple ne s’étant pas repenti comme les générations précédentes, le ministère de Samson ne consiste pas à délivrer Israël, mais seulement à commencer à le faire. La tâche prioritaire de Samson n’est pas de soulager ses frères de la main des Philistins, mais de les affranchir d’eux-mêmes, c’est à dire de leur péché.

Appelé fils du soleil, Samson doit chercher à éclairer ses contemporains sur leur situation, sur leur péché, sur leur incrédulité, sur les dangers du compromis et du syncrétisme religieux, mais aussi sur la force des fidèles et la certitude de leur victoire. Comment enseigner ce peuple endurci ? Par un discours? Mieux, par des exemples et des leçons de choses. Les chapitres 14 à 16 en sont remplis; ils seront l’objet de nos prochaines études.

Le symbolisme de l’ange et des parents

Samson est le personnage clé de notre texte, mais il n’est pas le seul acteur. Le chapitre 13 mentionne trois autres créatures: l’ange de l’Eternel, la mère de: Samson et Manoah son père. Leurs rôles ne sont pas négligeables.

La présence du messager céleste marque l’intérêt divin: l’Eternel s’engage directement en faveur de ce juge. Seul Gédéon avait été honoré par une telle présence, et suite à son appel miraculeux, la puissance divine s’était particulièrement manifestée durant son ministère: double prodige de la toison, puis surtout déroute de cent vingt mille hommes par une poignée de fidèles non armés (8. 10). Les autres juges n’avaient bénéficié ni d’une présence angélique ni de miracles aussi tangibles.

Si Dieu envoie un ange pour Gédéon et pour Samson, la présence divine pour Samson est encore plus manifeste. (1 )L’ange se révèle avant la conception (13.3), et pas seulement lors de l’appel (6.11). (2)ll apparaît à deux reprises et à deux personnes (la mère et le père) ; alors que Gédéon était le seul témoin d’une apparition unique. (3) Le miracle de l’offrande consumée est plus étonnant dans le cycle de Samson, car l’ange ne disparaît pas simplement (6.21), mais il monte dans la flamme (13.20). (4) Lors du deuxième prodige, des révélations supplémentaires sont apportées: l’offrande est appelée holocauste (13.16, 19) et l’ange sans dévoiler son nom précise quand même qu’il est un mystère (littéralement: merveilleux) (13.18).

Les actes de Samson seront à la hauteur de l’intervention de l’ange. Si Gédéon a dû limiter son armée à trois cents soldats, Samson est seul. Ses victoires sont encore plus éclatantes que celle du fils de Joas, car la présence de l’ange de l’Eternel dès la conception préfigure un ministère extraordinaire.

Si l’on passe aux parents, on peut noter que leur vie annonce le même message que la vie de leur fils: dans un monde sclérosé, l’espoir est possible si les incrédules laissent une petite place aux fidèles. Comme Samson, sa mère est sensible à l’Eternel, alors que Manoah est endurci à l’image d’Israël.

Dans la rencontre avec l’ange, la mère tient la première place. Le messager céleste vient vers elle, plutôt que vers le chef de famille. Même lorsque ce dernier implore Dieu, l’ange retourne vers la femme, et choisit de la rencontrer lorsque elle est seule. Par ailleurs, des deux conjoints, c’est l’épouse qui discerne rapidement la particularité de ce messager (il avait l’ aspect d’un ange de Dieu: 13.6); c’est encore elle qui avec bon sens rassure son mari sur l’ issue positive de l’entrevue avec l’ange(13.23).

L’homme, de son côté, cumule les imperfections. il doute des propos de sa femme puisqu’il veut lui-même entendre l’ange sur les directives à suivre (13.8). La simple répétition des instructions angéliques (13.14) témoigne de l’inutilité de la requête. Le mari doute de sa femme une deuxième fois, lors du retour de l’ange (Est-ce toi qui a parlé à cette femme?: 13.11).Manoah tarde à discerner la nature particulière de l’ ange (13.16), et quand enfin il la reconnaît, il en tire une mauvaise conclusion (13.22). Terrifié, l’homme semble avoir la mauvaise conscience de l’ incrédule et de l’endurci à qui la bonté du Seigneur est cachée.

Toute une génération est illustrée parce couple. Quand les chefs endurcis font obstacle à l’oeuvre divine, Dieu doit utiliser pour son oeuvre des gens placés, par nature, au second rang: une épouse plutôt qu’un mari; un inconnu de Dan plutôt qu’un magistrat de Juda. Le dépassement des structures hiérarchiques témoigne de la cécité des leaders qui ne peuvent manifestement plus servir de guide.

Le ministère du fils du soleil aura pour but de redonner du discernement au peuple. Dans nos prochaines études, nous nous efforcerons de comprendre le message de Samson, cet homme de tous les espoirs.

D.A.

     Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.

Rom 12.2

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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