Repères pour l’étude d’Ésaïe

Cet article voudrait servir de guide pour se « retrouver » historiquement et prophétiquement dans chaque chapitre de ce livre, tout en cherchant des leçons pratiques pour notre vie quotidienne.

Le livre du prophète Ésaïe fait partie des livres les plus aimés de la Bible. Qui ne connaît le chapitre 53, par exemple ?

Ce livre est parfois appelé « l’Évangile de l’Ancien Testament » et Ésaïe « le prophète évangélique » — bien qu’il ait vécu 700 ans avant la naissance du Sauveur !

Même si plusieurs passages sont bien connus, il existe une certaine réticence à naviguer dans les eaux moins connues (comme les ch. 13 à 34, par exemple). Pourtant que de richesses dans ces pages : des annonces christologiques, des révélations sur Dieu, des espérances prophétiques… Ces richesses sont communiquées sous une forme un peu chaotique au premier abord (un mélange de personnes, d’actes, de proclamations, de prophéties), mais familière au peuple d’Israël tout comme aux nations environnantes.

Vue d’ensemble

• Les chapitres 1 à 39 correspondent à la première partie du ministère d’Ésaïe. Ils traitent généralement de la période assyrienne1, pendant laquelle la Samarie (connue sous le terme « les 10 tribus du Nord ») fut laminée par l’Assyrie : sa population fut déportée et dispersée à travers tout l’Empire. Cette période affreuse court du règne de Tiglath-Piléser (–745) jusqu’à Esarhaddon (–681 environ). L’ordre des chapitres n’est pas toujours chronologique1. De plus le prophète commence par son époque avant d’anticiper la destruction de l’Empire assyrien et de se projeter au temps de l’établissement du règne glorieux de l’Éternel (ch. 10 à 12) !

Ces chapitres parlent généralement du jugement mais sont parsemés de « lumières » de délivrance, de victoires, de bénédictions (cherchons ces trésors !). Les chapitres 1 à 35 sont surtout didactiques, exhortatifs et prédisent le jugement futur des peuples païens, mais aussi celui des royaumes d’Israël et de Juda, s’ils ne se repentent pas. Les chapitres 36 à 39 sont historiques, centrés sur la vie du roi Ézéchias (–715 à –686).

• Les chapitres 40 à 66 traitent de la période dite babylonienne (de Nebucadnetsar en –605 jusqu’à la défaite de Babylone par les Médo-perses en –539). Cette section est la plus riche dans sa description du règne messianique sur la terre. Pendant les moments les plus noirs, l’Éternel encourage les siens avec de bonnes nouvelles pour le futur.

Ces chapitres mettent généralement en avant la consolation liée aux promesses messianiques de la rédemption, de la délivrance et de la gloire, même s’il s’y trouve aussi une dénonciation parfois dure du péché.

Ésaïe a prophétisé sur le royaume de Juda pendant les règnes d’Ozias, de Jotham, d’Achaz, d’Ézéchias, et de Manassé (de –739 à –681). Il a aussi prophétisé sur le royaume du Nord avant l’exil pendant les règnes de Menahem, Pekachia, Pékach, et Osée (entre –739 et –722). Les prophètes contemporains d’Ésaïe furent : – en Juda : Osée (homonyme du roi d’Israël) et Amos, – en Israël : Michée et Nahum.

Dans son livre, Ésaïe évoque quatre crises majeures :

– la guerre entre la Syrie et Israël, le royaume du Nord2, en –734,

– la chute de Samarie en –722,

– l’invasion de Juda par Sanchérib en –701,

– les invasions de Nebucadnetsar en –605, en –597, en –586 (qu’Ésaïe n’a pas connues personnellement, mais qu’il anticipe : n’était-il pas prophète de l’Éternel, après tout ?).

Ésaïe n’a pas été un prophète assis dans sa tour d’ivoire en train de méditer tranquillement sur le sort du monde autour de lui. L’histoire nous dit qu’il aurait été assassiné sur l’ordre du roi Manassé ! Lisons ce livre en découvrant le zèle, l’angoisse, l’espérance, la fidélité, l’indignation de ce fidèle représentant de l’Éternel.

Résumé de la première partie du livre (ch. 1 à 39)

1. Le livre d’Emmanuel (ch. 1 à 12)

1re partie (ch. 1 à 5) : Cette partie peut se diviser en trois « sermons » :

– Le 1er (ch. 1) souligne que la nation est « malade », chargée de toutes sortes de péchés. Elle a oublié l’Éternel, est immergée dans l’immoralité, coupable de pratiques religieuses creuses, marquée par une injustice sociale rampante. L’acte d’accusation est accompagné d’un appel à la repentance.

– Le 2e (ch. 2 à 4) commence par décrire les bénédictions millénaires et se poursuit par des condamnations justifiées, entraînant de dures punitions.

– Le 3e (ch. 5) rappelle l’espérance et l’amour de Dieu en faveur de son peuple (sa « vigne »), puis le jugement futur sur celui-ci pour six péchés précis.

Le ch. 6 constitue une transition en révélant la gloire de Dieu et l’appel d’Ésaïe comme prophète.

2e partie (ch. 7 à 12) : Emmanuel apportera la consolation malgré l’agression assyrienne. Cette partie peut se diviser en 5 sections :

– Au ch. 7, l’Éternel tente d’encourager le roi Achaz à chercher une victoire sûre. En dépit des menaces du temps présent, Dieu évoque diverses délivrances à venir.

– Les ch. 8.1 à 9.6 traitent le sujet du péché présent (8.6,19) et du désastre causé par les Assyriens (8.7-9). Mais la victoire est promise pour le présent (8.10) et la gloire messianique est prédite (8.14-16,23-9.6).

– Les ch. 9.7 à 10.4 citent les raisons (orgueil, 9.7-11 ; égarement religieux, 9.12-16 ; méchanceté générale, 9.17-20 ; injustice sociale, 10.1-4) qui amènent un jugement très sévère sur le royaume du Nord par les Assyriens, instruments de la colère de l’Éternel.

– Le ch. 10.5-34 dépeint le caractère des Assyriens, qui va causer leur jugement définitif.

– Les ch. 11 et 12 ouvrent à la méditation et à l’adoration par une description du règne millénaire du Messie-Roi, le Sauveur parfait !

2. Les oracles sur les nations (ch. 13 à 23)

Dans ces chapitres, l’Éternel énumère les raisons pour lesquelles il va juger dans l’avenir toutes les nations entourant son peuple (qu’il considère ici comme une seule entité). Il est inutile ici d’entrer dans les détails de la description des caractères, des péchés et des raisons de la colère de l’Éternel contre tous ces peuples païens qui sont coupables de ne pas avoir apprécié l’existence du peuple de Dieu.

Le lecteur peut tirer un grand profit de la lecture de ces chapitres (2 Tim 3.16-17) : – en saisissant davantage qui est l’Éternel dans sa nature sainte, – en voyant la nécessité de toujours prendre au sérieux sa Parole écrite et ses exigences pour une vie de disciple fidèle au Maître, – en comprenant le caractère totalement dépravé de la nature que nous avons héritée d’Adam, – en réalisant que, au-delà des conséquences personnelles et communautaires du péché, il offense en premier lieu le Créateur, – en entrevoyant le plan présent et surtout futur du Dieu souverain pour toutes les nations.

3. L’apocalypse d’Ésaïe (ch. 24 à 27)

Le thème fondamental de cette section est le jugement divin sur le monde. En partant du contexte immédiat du prophète (probablement causé par la crise assyrienne du viiie s. av. J.-C.), ces chapitres entremêlent :

– la prophétie à court et moyen terme : un regard sur le futur en utilisant des termes historiques comme des noms et des lieux en rapport avec Israël et avec Juda pour annoncer la déportation et la venue du Messie ;

– l’eschatologe3: un regard général sur la fin des temps, avec moins de détails, pour mieux mettre en relief l’intervention directe de Dieu dans les affaires humaines ; d’où des parallèles si frappants avec l’Apocalypse que ces chapitres ont été appelés « l’apocalypse d’Ésaïe ».

Au-delà de ces thèmes, la section est riche de leçons spirituelles pour le chrétien désireux d’avancer avec Dieu. Le lecteur va se régaler de ses découvertes !

4. Des malheurs à la bénédiction messianique (ch. 28 à 35)

Cet ensemble de chapitres par l’énumération de six malheurs. Ce mot « malheur » (28.1 ; 29.1,15 ; 30.1 ; 31.1 ; 33.1) indique les épreuves infligées aux deux royaumes4à cause de leur orgueil. Toutefois, il y a dans ces chapitres des promesses de délivrance et de bénédictions liées à la nécessité de la repentance. Des leçons pour nous aussi !

Les chapitres 34 et 35 closent cette section :

– Le ch. 34 décrit un jugement planétaire préfiguré par le sort réservé à Édom. Ce chapitre trouve son écho en Apocalypse 6 à 19, dans la tribulation finale (Mat 24.21) avant le règne millénaire.

– Heureusement le ch. 35 conclut avec huit promesses glorieuses pour l’avenir, pour encourager le peuple à faire confiance à l’Éternel.

5. Le livre d’Ézéchias (ch. 36 à 39)

Cette section constitue une parenthèse historique, appelée « le livre d’Ézéchias » car son nom y apparaît 35 fois ! Ces quatre chapitres véhiculent un mélange d’histoire, de prophéties et de chants, qui jouent un double rôle : appendice aux chapitres 1 à 35 puis introduction aux chapitres 40 à 66.

Résumé de la seconde partie du livre (ch. 40 à 66)

Des critiques trop nombreux pensent que « notre » Ésaïe n’est pas le véritable et unique auteur de ces chapitres, mais qu’il y en aurait eu 2, voire 3 (!). Ces critiques cherchent à détruire l’unité et l’intégrité du livre. Pourtant les preuves à l’appui de l’unité du livre sont irréfutables — à commencer par les auteurs inspirés du N.T. qui attribuent sans hésiter à Ésaïe des textes des ch. 1 à 39 et des textes des ch. 40 à 66 : cf. l’évangéliste Jean (Jean 12.37-41) et Paul (Rom 10.20-21 et 15.12).

Cette partie gravite autour de trois thèmes successifs : la personne de l’Éternel (ch. 40 à 48) ; le salut (ch. 49 à 57) ; l’eschatologie juive (ch. 58 à 66).

Les trois phrases de 40.2 pourraient résumer le thème de chaque section :

– « Sa servitude est finie » : le point central des ch. 40 à 48 est la délivrance de l’idolâtrie du peuple de l’Éternel en même temps que sa sortie de Babylone.

– « Son iniquité est expiée » : le point central des ch. 49 à 57 est l’expiation de la culpabilité d’Israël, accomplie par le sacrifice du « Serviteur de l’Éternel » et garantie par sa gloire future.

– « Elle a reçu de la main de l’Éternel le double de ses péchés » : le point central des ch. 58 à 66 est l’assurance de la gloire magnifique qui suivra les souffrances causées par les hypocrites et les rebelles.

1. Le Dieu incomparable (ch. 40 à 48)

Les chapitres 40 à 48 peuvent se répartir ainsi :

– Le ch. 40 est un appel à la consolation et un appel à la foi dans le consolateur.

– Le ch. 41 présente trois preuves de la souveraineté de l’Éternel.

– Le ch. 42 introduit le « Serviteur de l’Éternel » (le Messie) par un premier chant qui évoque ses qualifications et ses méthodes, puis il continue par les louanges dues à l’Éternel en raison du ministère du Serviteur, et finit par le double rôle du Serviteur de l’Éternel : juger les idolâtres (42.13-15,17), user de miséricorde envers les repentants (42.16).

– Dans les ch. 43.1 à 44.5, Ésaïe emploie grammaticalement le « passé prophétique » : il parle d’une situation future, liée au Messie, avec des verbes au passé5. Il insiste sur le fait que la délivrance dépend uniquement de l’Éternel.

Des critiques trop nombreux pensent que « notre » Ésaïe n’est pas le véritable et unique auteur de ces chapitres, mais qu’il y en aurait eu 2, voire 3 ( !). Ces critiques cherchent détruire l’unité et l’intégrité du livre. Pourtant les preuves à l’appui de l’unité du livre sont irréfutables  à commencer par les auteurs inspirés du N.T. qui attribuent sans hésiter à Ésaïe des textes des ch. 1 à 39 et des textes des ch. 40 à 66 : cf. l’évangéliste Jean (Jean 12.37-41) et Paul (Rom 10.20-21 et 15.12).

– La fin du ch. 44 (v. 6-23) met en accusation l’idolâtrie, en montrant que l’Éternel possède 9 qualités bien supérieures à celles des faux dieux.

– De 44.24 à 45.25, la délivrance de Jérusalem en deux temps est annoncée : une, future, « prophético-historique », sous Cyrus (44.24–45.13), et une autre, « eschatologique », pour la fin des temps (45.14-25).

– Les ch. 46 et 47 décrivent la défaite de Babylone : religieuse (46) et politico-militaire (47).

– Le ch. 48 offre un encouragement prophétique à Israël, malgré la condamnation de son hypocrisie actuelle et sa captivité babylonienne future. Notez les 9 caractéristiques et activités de l’Éternel (v. 12-22) et les 2 appels (v. 17-21).

2. Le Serviteur (ch. 49 à 57)

Les chapitres 49 à 57 traitent de l’instrument spirituel de la délivrance d’Israël : le Serviteur unique qui, en dépit de ses souffrances, est victorieux. Ces chapitres décrivent le ministère du Serviteur-Messie qui rétablira le peuple sur la terre promise juste avant le millénium. Les nations auront leur part aux bénédictions millénaires parce qu’elles seront soumises au Serviteur ! Nous proposons de distinguer 8 prophéties ou sujets :

– au ch. 49, les 4 apports du Serviteur au peuple ;

– au ch. 50, les deux serviteurs, l’idéal et le mauvais, mis en contraste ;

– de 51.1 à 52.12, la description du retour d’Israël à l’Éternel ;

– de 52.13 à 53.12, l’œuvre victorieuse complète du Serviteur de l’Éternel : même si ces versets sont très connus, considérons le Messie Jésus5, dans son exaltation, ses succès, son traitement par les hommes, les raisons de son intervention, sa conduite6;

– au ch. 54, la joie future d’Israël dans la paix millénaire ;

– au ch. 55, l’appel à tous les peuples de la terre de venir faire alliance avec l’Éternel par la repentance ;

– en 56.1-8, une superposition du présent d’Ésaïe (cf. la mention du sabbat, v.4a) avec l’ère de la restauration millénaire à venir ;

– de 56.9 à 57.21, une description détaillée des résultats de la négligence des « gardiens spirituels » de la nation d’Israël, avec 8 caractéristiques condamnables de ces chefs, puis 13 ingrédients de l’idolâtrie. Il y a donc un choix à faire : l’Éternel ou l’idolâtrie.

3. La gloire à venir (ch. 58 à 66)

Les chapitres 58 à 66 dépeignent la fin en détaillant le jugement, le salut et la restauration d’Israël réuni par l’Éternel. Cette section finale de 9 chapitres oppose le présent de l’époque d’Ésaïe à l’avenir que l’Éternel prépare.

– Le ch. 58 met en contraste le mauvais et le bon jeûne (qui, lui, est source de bénédictions).

– Le ch. 59 explique la nécessité de l’intervention directe du « bras de l’Éternel » pour guérir Israël du péché. La recette est nécessairement la même au xxie s., tant pour les chrétiens que pour les perdus.

– Les ch. 60 et 61, à la suite de la rédemption du ch. 59, précisent quels sont les détails de la restauration future de la nation.

– Les ch. 62.1 à 63.6 déclarent que Jérusalem même sera réhabilitée dans le millénium.

– La section 63.7 à 64.11 amène le lecteur à la prière de louange.

– Le ch. 65 enregistre la réponse de l’Éternel à la prière précédente.

– Enfin le ch. 66 est une grande apothéose, un résumé très condensé de la part de l’Éternel d’au moins 8 thèmes qui parcourent tout ce livre prophétique : l’affirmation de sa souveraineté totale, l’affirmation de l’efficacité de son intervention, l’affirmation de son juste jugement futur, l’affirmation de la renaissance d’Israël, l’affirmation de la consolation, l’affirmation de la réalité de sa colère, l’affirmation de sa grâce révélée aux païens, l’affirmation de l’éternité de son œuvre.

* * *

Ce livre extraordinaire se termine comme il avait commencé, par une condamnation du péché et de la rébellion de la nation et par une offre de bénédiction si la nation se repent. Il nous semble possible d’affirmer qu’il y a une évolution du début à la fin du livre dans la révélation du sens des oracles. (Chaque lecteur sérieux et humble de la Bible en fait l’expérience : la connaissance de la vérité, quelle qu’elle soit, est progressive et elle ne sera complète que lorsque nous serons introduits en présence de Dieu.)

Lisons ce livre avec amour, avec humilité, avec reconnaissance, avec le désir de nous approcher de plus en plus près de notre précieux Père, de notre Sauveur tout suffisant, dans la soumission à l’Esprit saint. Ce faisant, chacun grandira et mûrira dans sa vie de disciple. Bonne route !

 

  1. Par exemple, il est fort probable que les événements des versets 1 à 14 du chapitre 17 concernant Damas aient eu lieu avant 735, car cette période est proche de celle racontée dans le ch. 7.
  2. Souvent désigné, par métonymie du nom de sa tribu principale, Éphraïm, ou du nom de sa capitale, Samarie
  3. Partie de la vérité biblique qui traite de la fin des temps.
  4. Dans ces chapitres, par métonymie, le royaume d’Israël est souvent désigné par Samarie (sa capitale) ou Éphraïm (sa tribu principale) et celui de Juda par Jérusalem (sa capitale).
  5. L’aspect prophétique est prouvé par le fait qu’Ésaïe est mort autour de –681, alors que Juda n’est sorti d’exil qu’en –539
  6. Notez les trois réponses qui nous sont demandées aux vérités développées dans cette portion : respect et repentance (52.15b) ; compréhension de la nature de l’Éternel et de ses actes (52.15d) ; foi aux vérités révélées le concernant (53.1a-b).(

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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