Repères éthiques pour le témoignage chrétien (2 Corinthiens 4.1-7)

La fin justifie-t-elle les moyens ? L’essentiel est-il d’annoncer le message de l’Évangile, même si les méthodes sont discutables, puisque l’enjeu est éternel ?
Peut-on ainsi profiter d’un auditoire captif dans une rame de métro pour l’obliger à entendre, même contre son gré, notre prédication de l’Évangile ?
Quelles limites mettre aux méthodes employées pour annoncer l’Évangile ?

Dans sa seconde Épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul, sans doute accusé par ses adversaires, doit défendre, non seulement son ministère apostolique, mais aussi sa manière de témoigner de l’Évangile. Après avoir montré le caractère spécifique de son ministère d’apôtre, il donne quelques repères pour une juste éthique du témoignage chrétien.
Cet article ne cherche pas à entrer dans le détail des controverses opposant Paul et ses détracteurs, mais plutôt à souligner les fondements du ministère de Paul afin de les appliquer à notre propre vie. Nous nous limiterons aux premiers versets du quatrième chapitre.

1. L’encouragement de la grâce (4.1)

Au sein de ses difficultés et malgré les accusations des Corinthiens, Paul se laisse encourager par la grâce de Dieu qui a fait de lui son témoin.
Il sait qu’il ne mérite rien. Il rappelle plusieurs fois dans ses lettres son indignité devant Dieu, lui, l’ancien persécuteur des chrétiens [note] 1 Cor 15.9 ; Gal 1.13 ; Phil 3.6 ; 1 Tim 1.13[/note] .
Paul sait que l’Esprit qui agit en lui (3.18) est aussi à l’œuvre dans le cœur de ses auditeurs. Il est donc doublement encouragé. Malgré son passé et ses limites, Dieu a fait de lui son instrument pour annoncer l’Évangile. De plus, Paul peut avoir confiance dans la puissance du Saint-Esprit pour transformer des vies.
Aujourd’hui encore, Dieu continue de se faire connaître par le témoignage de personnes imparfaites. La mission de faire des disciples, premièrement confiée aux apôtres (Mat 28.18-20), est toujours d’actualité. Dieu accorde le privilège à tous ses enfants d’être des moyens pour que des personnes passent de la mort à la vie.
Tous les enfants de Dieu peuvent aussi se laisser encourager par les mêmes promesses divines, même lorsque le témoignage est difficile. Comme Paul, ils doivent parfois affronter une opposition forte et des accusations injustes. Ils peuvent compter sur la grâce du Dieu qui les envoie et sur l’action puissante de son Esprit pour que le message atteigne son but.

2. L’intégrité du messager (4.2a)

Paul refuse toute « fourberie », tout ce qui cacherait ses véritables intentions. Il se justifiera encore dans la troisième partie de la lettre (12.16), probablement en réponse à de nouvelles accusations.
Dans le livre des Actes, nous voyons Paul changer la manière d’aborder les personnes, selon leur origine – juive (Act 13.16-41) ou païenne (Act 17.22-31). Mais le message reste le même. Paul proclame l’Évangile de Christ.
Paul refuse donc d’utiliser des moyens qui ne font pas honneur au Dieu de vérité. Il refuse de compter sur des procédés purement humains pour accomplir sa mission.
Cette attitude est exemplaire pour le témoignage chrétien. Il est parfois nécessaire d’être prudent (Mat 10.16), en refusant par exemple de se laisser entraîner dans des discussions sans fin sur des sujets annexes et controversés. Comme Paul, il est souvent utile de soigner la manière d’annoncer le message en adaptant notre approche au public.
Nous devons cependant éviter que le témoignage soit trompeur. Si la prudence est nécessaire dans les pays qui interdisent le christianisme, il n’est pas légitime de cacher notre foi dans les autres pays. Organiser un faux sondage dans le but de tromper pour attirer des personnes ne reflète pas le caractère du Dieu de vérité. De même la mise en place d’un soutien scolaire dans le but de manifester l’amour de Christ autour de nous est excellent mais si ce n’est qu’un prétexte pour garnir les rangs de notre assemblée, nous nous écartons des justes motivations du témoin de l’Évangile.
Le témoin de l’Évangile soigne la présentation de son message. Mais il ne peut en aucun cas être un vendeur qui utilise des techniques trompeuses pour « placer son produit ». Paul encourage ainsi un témoignage intègre et invite les enfants de Dieu à examiner premièrement leurs motivations pour des pratiques honnêtes. De plus, il est probable que des personnes piégées une fois seront beaucoup moins réceptives à l’annonce de l’Évangile.

3. L’intégrité du message (4.2b-4)

Paul cherche à « manifester la vérité ». Il est le témoin de celui qui se présente comme « la vérité » (Jean 14.6). Il présente donc l’Évangile de la manière la plus exacte possible, sans ajouts ou omissions pour une meilleure acceptation du message.
L’Évangile est parfois refusé mais ce n’est pas à cause de sa complexité. Paul montre bien la responsabilité des auditeurs lorsqu’il les déclare incrédules, c’est-à-dire qu’ils refusent de faire confiance à Dieu.
Il rappelle aussi l’action du diable qui pousse à refuser la bonne nouvelle du salut. Comme dans la parabole du semeur (Marc 4.14-20), le diable et l’endurcissement des auditeurs sont responsables du refus de l’Évangile. Le message lui-même n’est pas en cause.
Paul manifeste ainsi toute confiance dans la clarté et la simplicité du message de l’Évangile. Il sait que la vérité n’est pas toujours bien accueillie mais il ne cherche pas à adapter le cœur de sa prédication pour éviter de heurter ses auditeurs. Il reste fidèle au sens des Écritures et ne change pas le contenu de l’Évangile. L’Évangile est glorieux, il n’est pas possible de l’améliorer !
Aujourd’hui encore, les questions de jugement, de péché, de justice de Dieu, d’enfer et même de bien et de mal peuvent heurter nos contemporains. Sans aller jusqu’aux excès de l’Évangile de la prospérité, il est possible, en Occident, de prêcher un Évangile du bien-être qui place l’être humain au centre. Paul met donc en garde contre la tentation d’adapter certains éléments de l’Évangile pour le rendre culturellement acceptable.
Jésus a appelé à prendre sa croix (Luc 9.23).
L’Évangile ne vient pas calmer la peur de la mort ou la peur de l’enfer. Il demande de renoncer à sa propre vie pour se laisser transformer par Dieu et renoncer aux désirs naturels contraires à sa volonté (Rom 8.12-14).
L’Évangile est aussi la proclamation de la grâce de Dieu qui commence par une mauvaise nouvelle, mais qui continue par l’amour et la grâce du Dieu qui s’est fait homme. Il annonce la gloire à venir, la victoire de Dieu et la défaite du mal. Ce message doit être fidèlement annoncé ; il est glorieux !

4. Christ au centre (4.5-6)

La fidélité dans la proclamation de l’Évangile revient à annoncer Christ mort et ressuscité. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul avait déjà rappelé cette vérité fondamentale :
« Nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens. » (1 Cor 1.23)« Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2.2)
Dans sa définition de l’Évangile, Paul rappelle aussi la place centrale de l’incarnation, de la mort et de la résurrection du Fils (1 Cor 15.1-4).
Paul ne cherche pas à se mettre lui-même en avant. Il ne promeut aucune philosophie particulière ni une éthique de vie déconnectée de Jésus. Il rappelle le cœur de l’Évangile, le cœur de la prédication chrétienne et celui qui est annoncé dans toutes les Écritures (Luc 24.27).
Il annonce Jésus comme Messie, oint de Dieu, spécialement choisi pour sa mission de salut. Il prêche Christ Seigneur, maître de la création et qui doit être reconnu comme tel. Christ est enfin celui qui révèle la gloire du Père. Le Dieu qui s’est incarné est la révélation particulière de Dieu donnée aux hommes (Jean 1.14,18).
L’exemple de Paul est précieux pour les témoins de tous les temps. Il rappelle l’essentiel de ce qui doit être transmis et montre que l’attitude du messager doit aussi refléter le message.
Il n’y a pas de témoignage chrétien sans Christ, sans sa mort sur la croix, sans résurrection et sans une juste compréhension du sens de ces éléments. La nécessité d’un sacrifice parfait pour le pardon des péchés et la résurrection qui montre que l’expiation a bien été réalisée et que Christ est vainqueur sont des éléments constitutifs de l’Évangile.
Paul ne décrit pas Jésus comme un simple sauveur : il est le Seigneur, celui qui doit être reconnu comme Maître par tous ceux qui veulent le suivre (Rom 10.9). Le salut est gratuit car Jésus a tout accompli, tout payé. La grâce est une réalité qui conduit à ce que des pécheurs soient déclarés justes. Le salut implique aussi un changement radical de vie : la confiance (foi) totale accordée à Jésus-Christ conduit à désirer lui obéir en tout point.
Paul est donc un modèle dans son enseignement en rappelant le contenu de l’Évangile. Il est également prêt à servir son Maître. Son attitude est donc au service du message puisqu’elle reflète la position de Jésus, seul Maître et Sauveur.
Il rappelle la nécessité d’un message centré sur la personne de Jésus-Christ et d’un comportement en adéquation avec l’enseignement. La vraie lumière, la véritable richesse et la joie authentique et profonde de l’enfant de Dieu proviennent de Jésus-Christ, le Seigneur.

5. Gloire de Christ et humilité du messager (4.6-7)

Alors que le dieu de ce siècle aveugle les pensées des incrédules (v. 4), Christ brille au sein même des ténèbres. La lumière a vaincu les ténèbres. Tout le mérite en revient donc à Dieu et non aux hommes.
Paul utilise ainsi l’image du vase de terre qui porte un trésor pour que l’attention se porte, non sur le messager, mais bien sur le contenu du message, le glorieux Évangile de Jésus-Christ.
Le vase de terre ne doit pas être interprété comme un rejet du corps considéré comme mauvais. Paul cite une image de l’Ancien Testament qui distingue le créateur de la créature [note] És 45.9 ; Jér 18.6. L’image est reprise en Rom 9.20-21[/note] .
Paul nous donne encore un enseignement essentiel concernant le témoignage de l’Évangile. Le témoin est appelé à s’effacer derrière le message. Il est parfois utile de raconter son propre témoignage de conversion, de donner les éléments qui nous ont conduits à reconnaître Jésus comme Sauveur et Seigneur. Il est alors nécessaire que Christ soit au centre, que son œuvre soit magnifiée et que nous ne cherchions pas à raconter une histoire dont nous serions le personnage principal.
Le vase de terre est façonné par le potier. Il n’est pas sans valeur, surtout si le potier est doué. Mais le mérite en revient entièrement au potier. Le vase qui transporte un trésor a une utilité réelle. Mais la vraie richesse réside dans le trésor transporté.
Paul ne nous invite pas à nous dévaloriser. Mais il rappelle la grandeur de Dieu, l’excellence du message de l’Évangile, la puissance du Saint-Esprit qui transforme des vies. Les messagers sont imparfaits, limités. Mais l’Évangile de grâce est glorieux ; c’est pourquoi il doit être mis en valeur.
Le témoin attire donc l’attention sur le véritable trésor. Les chrétiens de tous les temps ont montré des limites, des faiblesses, et ils ont commis des erreurs. Mais Dieu est venu chercher des pécheurs imparfaits et il leur accorde un plein pardon, les reconnaît justes, les appelle ses enfants et les destine à la gloire éternelle dans sa présence. Tout l’honneur revient donc au Dieu éternel et souverain.

Conclusion

Paul souligne donc à la fois la grandeur de l’Évangile et l’attitude humble du messager. Il appelle à rester fidèle à l’Évangile et à faire confiance à la puissance divine et à la beauté de l’Évangile.
Le témoin de l’Évangile est ainsi appelé à l’humilité et à la fidélité. Il est un serviteur qui désire communiquer le plus fidèlement possible le message, dans une attitude humble, droite et confiante.
Paul savait s’adapter à son public, citant les Écritures aux Juifs (Act 13.22) et un poète grec à Athènes (Act 17.28). Mais il insiste particulièrement sur l’attitude du messager et la fidélité à l’Évangile.
Il encourage ainsi à privilégier une attitude de service et un message fidèle en contraste avec des approches qui tiennent davantage du marketing que de l’Évangile. Certaines actions de témoignage ou d’évangélisation cherchent tellement à adapter le contenu de la proclamation que l’on peut se demander si nous considérons encore l’Évangile, tel qu’il a été transmis, comme un trésor… ou s’il ne doit pas être adapté aux attentes de la société pour plaire à l’auditoire.
Ce texte incite non seulement à prier pour que l’Évangile continue d’être reçu et que Christ continue d’être reconnu comme Seigneur dans toutes les nations, mais il conduit aussi le chrétien à demander à Dieu de le transformer afin qu’il devienne un témoin fidèle, dans ses paroles, son attitude, son amour et sa dépendance de Dieu.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)