Réformés et se réformant toujours (Reformata semper reformanda)

On date le début du mouvement dit de la réforme protestante de ce jour de 1517, il y a 500 ans, où Martin Luther placarda ses 95 thèses sur l’église de Wittenberg. Rapidement, le mouvement de la Réforme s’est développé, marqué par sa diversité. Dès le XVIe siècle, luthériens (plutôt en Allemagne) et calvinistes (plutôt en pays francophones) ont marqué leur unité sur l’essentiel et leur diversité sur le secondaire.

Dans les siècles qui ont suivi, le mouvement de la Réforme s’est assoupi et le besoin d’un renouveau — d’une nouvelle réforme — s’est fait sentir ici ou là. C’est pourquoi les siècles suivants ont été marqués par des phases successives de réveils. Chacun de ces réveils a généralement donné lieu à l’établissement d’un nouveau mouvement d’églises, qui porte la plupart du temps un nom qui rappelle le point clef sur lequel ce mouvement met l’accent[1].

Ces différentes dénominations s’inscrivent dans la filiation de la réforme protestante et souscrivent généralement aux cinq points fondamentaux sur lesquels la Réforme du XVIe siècle s’était basée, qu’on appelle les 5 « solas »[2].

Mais, dans l’esprit des pionniers de la Réforme et de tous ceux qui, après eux, ont œuvré dans le même esprit, la Réforme est avant tout un processus dynamique, à revivre constamment. C’est pourquoi, parmi les Protestants, l’Église est dite « reformata semper reformanda », c’est-à-dire : « l’Église réformée qui se réforme toujours »[3].

Que ce soit dans notre vie personnelle de chrétien qui fait partie de l’Église, ou dans la vie collective de nos églises locales, nous avons encore et toujours besoin d’être « re-formés » selon la pensée et l’action du Dieu vivant. Déclinons le sens de cette formule en relation avec chacun de ces 5 solas pour essayer de voir comment vivre cette réforme continue à laquelle nous sommes appelés[4].

1. Sola scriptura

Notre seule référence, en matière de doctrine et de pratique, est la Bible, la Parole de Dieu. C’est là que nous trouvons les principes qui doivent présider à notre vie de foi personnelle et aussi à notre fonctionnement collectif. Même si sa rédaction remonte entre 3500 et 2000 ans de distance, la Bible garde sa pleine pertinence, en 2017 comme en 1517. Nous croyons que Dieu a donné une révélation écrite intangible et finie, contenue dans les 66 livres canoniques.

Mais le danger demeure de rajouter à la Bible ou d’en supprimer ce qui nous y gêne. Jésus reprochait aux pharisiens de son temps d’avoir entouré la Parole du Dieu vivant d’une gangue de traditions qui faisait négliger « ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité » au profit de règles strictes sur des points de détail (Mat 23.23).

À titre personnel, combien vite nous surprenons-nous, quand un texte biblique nous dérange, ne rentre pas dans nos schémas intellectuels ou théologiques, semble contrevenir à nos habitudes, à le mettre de côté. Le si courant « à mon avis » remplace ainsi le « que dit l’Écriture ? ».

Collectivement aussi, il est indispensable de revisiter régulièrement nos façons de faire à la lumière des principes de l’immuable Parole de Dieu, de façon à distinguer entre la substance non négociable de nos convictions d’une part et les traditions plus ou moins nécessaires que nous y ajoutons forcément. Faire ce tri régulier permet d’avoir la liberté d’abandonner des habitudes pour revenir à l’Écriture et à son actualité dans un contexte qui change de plus en plus vite. C’est ainsi qu’on est appelé à se réformer.

2. Solus Christ

Nous nous basons sur la Bible, mais avant tout parce qu’elle nous révèle Dieu et Jésus Christ. Le terme « christianisme »est souvent associé dans le langage courant à une religion ; or c’est avant tout une relation, une relation avec une personne vivante, le Christ ressuscité. Même si nous ne le voyons pas physiquement, nous le savons par la foi à nos côtés tous les jours (Mat 28.20) et au centre de notre rassemblement quand nous venons en église. C’est lui, le Seigneur, qui a l’autorité sur chacun de nous et sur son Église.

Nous souhaitons que Christ grandisse et soit toujours davantage vu dans nos vies individuelles et dans notre vie collective. Si nous nous disons « chrétiens », c’est-à-dire « petits christs », cela doit se voir, dans une imitation toujours plus fidèle du Maître.

Que voient ceux qui nous entourent ? Des moralistes, prêts à enfourcher des combats pour telle ou telle valeur ? Des gens tout à fait comme les autres, hormis une pratique devenue rare de se lever le dimanche matin alors que les autres dorment ? Ou bien des hommes et des femmes qui montrent une passion pour leur Seigneur et en reflètent quelques traits.

3. Sola gratia

Nous croyons que, si nous sommes sauvés, cela n’a rien à voir avec nos mérites personnels, avec nos prétendues bonnes œuvres, mais c’est uniquement en raison de la pure grâce de Dieu, qui nous a donné de façon surabondante ce que nous ne méritions aucunement.

Cette grâce, nous sommes invités à en être, pour reprendre les termes de l’apôtre Pierre, de « bons dispensateurs » (1 Pi 4.10).

Mais combien vite peuvent monter dans notre cœur des prétentions qui nous éloignent de la grâce : parce que nous nous pensons plus fidèles que d’autres, parce que nous sommes plus dynamiques que d’autres, parce que nous croyons avoir mieux compris telle vérité, etc. Constamment, nous avons besoin d’un sentiment, plus que cela, d’une conviction, renouvelée — réformée ! — de la vraie grâce de Dieu dans laquelle nous sommes.

4. Sola fide

Dieu nous a offert son salut par pure grâce et la seule réponse qu’il demande de l’homme, c’est la foi qui saisit la grâce proposée. Cette foi est formée d’une compréhension du salut, de sentiments appropriés devant le prix payé par le Sauveur et d’un élan volontaire vers lui. Cette foi qui ouvre les portes du royaume de Dieu se continue tout au cours de la vie chrétienne, au travers des joies et des peines dont elle est empreinte. Elle est mise en œuvre dans la vie de chaque croyant mais aussi dans la vie collective de chaque église.

Et là aussi chaque église locale a besoin de se réformer continuellement : la vie d’un groupe n’est pas un long fleuve tranquille et toute église a connu, connaît et connaîtra des secousses qui conduisent à devoir mettre en œuvre cette foi. Que cette foi en l’action puissante de Dieu dans nos vies continue, pour soutenir ceux qui parmi nous traversent des épreuves, pour nous inciter à aller plus loin dans notre témoignage, pour nous stimuler à creuser davantage les trésors de la foi ouverts dans la Bible.

5. Soli Deo gloria !

Rendre gloire à Dieu est au cœur de l’adoration chrétienne. Nous sommes invités à la pratiquer individuellement tous les jours (« sans cesse », Héb 13.15) et de façon particulière ensemble lors de nos moments de partage fraternel. Par nos chants, nos prières, nos lectures et notre participation à la cène du Seigneur, nous rendons à notre Dieu la gloire qui lui revient pour son si grand salut, pour sa personne infinie.

Rendre gloire à Dieu, c’est aussi lui consacrer nos vies comme un sacrifice vivant, un « culte raisonnable » (Rom 12.1).

Mais combien vite nous pouvons être centrés sur nous-mêmes et non plus sur Dieu. Que la réforme nous atteigne également dans cette dimension :

– pour renouveler notre louange, sincère et vraie,

– pour ne pas nous attribuer des mérites indus alors que « c’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Phil 2.13),

– pour faire grandir toujours plus notre amour fraternel dans le souci du bien de notre frère et de notre sœur,

– pour chercher avant tout le royaume de Dieu et non pas notre propre intérêt (Mat 6.33).

* * *

Plusieurs parmi nous gardent le souvenir de ce jour de « réveil » personnel où ils se sont tournés vers le Dieu vivant et vrai. Si nous avons grandi dans un mouvement d’églises, peut-être nous a-t-on transmis la mémoire des temps où l’Esprit de Dieu a agi avec puissance pour susciter un réveil collectif qui a donné lieu à la création de cette dénomination. Et la nostalgie de ces moments peut nous envahir. Nous aspirons, nous demandons — presque, nous exigeons de Dieu — un réveil puissant. Il peut l’accorder ; son Esprit demeure aussi puissant aujourd’hui qu’aux débuts de l’Église.

Mais Dieu œuvre, aussi et surtout, « en continu ». « La recherche constante du réveil pourrait éloigner de ce qui est le plus important : la fidélité ici et maintenant, dans un contexte qui bien souvent n’a rien d’extraordinaire ni de spectaculaire, mais qui est notre contexte. […] Soyons donc de ceux qui savent discerner, de ceux qui cherchent à être fidèles, à vivre l’Évangile ici et maintenant dans notre contexte, dans la durée, en étant attentifs à ceux qui nous ont précédés. Ainsi, l’Église pourrait être l’ecclesia semper reformanda. »[5]

[1]Par exemple, les baptistes réservent le baptême aux seules personnes qui font profession d’une foi personnelle ; les pentecôtistes mettront l’accent sur les dons de l’Esprit qui est descendu sur l’Église primitive le jour de la Pentecôte, etc.

[2]Bien qu’ils aient été formalisés au XVIe siècle, ces cinq mêmes points figuraient déjà au XIIe siècle dans le Traité de l’Antichrist, écrit polémique rédigé par les Vaudois (cf. https://www.info-bible.org/livres/annexes.vaudois/3.traite-antichrist.htm). Le réveil puise toujours à la même source !

[3]Cette citation est malheureusement utilisée parfois pour justifier des réinterprétations qui vont à l’encontre du Texte révélé pour s’adapter à la mentalité contemporaine. Or le processus de changement, en lui-même, ne garantit ni le salut ni la fidélité pratique à l’Évangile.

[4]Pour des développements plus complets sur les cinq solas, nous renvoyons à la série d’articles rédigés par Frank Horton dans Promesses n° 137 à 141 (voir sur le site www.promesses.org).

[5]Neil Blough, « Réveil ou ecclesia semper reformanda ? », Théologie évangélique, 7-1, 2008.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)