Qui est Dieu ? Promenade dans 1 Timothée

QUI EST DIEU ?

PROMENADE DANS 1 TIMOTHÉE

Dieu est souverain dans la manière dont il choisit de se révéler. La nature nous dévoile sa grandeur et sa sagesse ; notre conscience nous indique, plus ou moins confusément, quelles sont ses attentes morales ; les circonstances permettent de discerner son action. Mais, avant tout, c’est par la révélation écrite, la Bible, que Dieu se révèle souverainement, librement, à l’homme. Et il ne faut pas moins de 66 livres, à la fois divers et complémentaires, pour nous faire (un peu) comprendre, par l’action du Saint Esprit, qui est Dieu.

La Première Épître à Timothée se singularise parmi ces 66 livres canoniques par une proportion particulièrement élevée de versets sur Dieu lui-même. En la parcourant, nous allons découvrir comment Dieu se dévoile dans l’absolu de son être, comment il agit dans sa création, comment il souhaite faire connaître son salut et comment il s’est révélé en Christ.

Que ce soit dans cette Épître que Dieu se révèle avec une clarté spéciale est significatif :

– Son thème majeur est défini en 3.15 : « …tu sauras ainsi comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant ». Or nous ne pouvons valablement vivre comme église locale que dans la mesure où notre « théologie » — c’est-à-dire notre vision de Dieu, de ce qu’il est, de ce qu’il fait — est juste. Nos petites querelles intestines, les préoccupations sur tel ou tel détail de notre façon de fonctionner en église, prennent trop souvent le pas sur l’essentiel, l’origine, le « premier » : Dieu. Paul ne s’y trompe pas et rapporte presque tous les sujets qu’il aborde à Dieu lui-même. Plutôt que d’épiloguer sans fin sur des détails, cherchons ensemble, en église, à « voir Dieu » davantage.

– Cette Épître est adressée à Timothée, que Paul avait laissé à Éphèse pour mettre bon ordre dans l’église et pour récuser les fausses doctrines qui s’y étaient insinuées (1.5-6). Comment mieux l’encourager que de diriger les regards de ce frère encore jeune vers le Dieu d’éternité ? Si la tâche dans notre église nous paraît ardue, souvenons-nous que Dieu est là et qu’il agit.

1. DIEU DANS L’ABSOLU DE SON ÊTRE

Parmi les 15 « doxologies »[note]Une doxologie est littéralement un « discours de gloire ». Il s’agit d’une expression de louange à Dieu ou à Jésus-Christ, en général terminée par « Amen ! » Les apôtres sont parfois amenés à interrompre ou conclure leur développement pas un chant de louange, spontanément jailli de leur cœur,saisis par la grandeur de Dieu. Leur dénombrement et leur définition peuvent varier ; nous avons retenu sous cette définition les textes suivants (hors Apocalypse) : Rom 1.25 ; 11.36 ; 16.27 ; Gal 1.5 ; Éph 3.21 ; Phil 4.20 ; 1 Tim 1.17 ; 6.16 ; 2 Tim 4.18 ; Héb 13.21 ; 1 Pi 4.11 ; 5.10 ; 2 Pi 3.18 ; Jude 25. On peut noter que les Épîtres importantes et longues, comme 1 ou 2 Corinthiens n’en comportent pas une seule, alors que 1 Timothée en a 2 pour 113 versets.[/note] des Épitres, deux se trouvent dans 1 Timothée et exaltent Dieu dans ce qu’il est :

« Au roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, soient honneur et gloire, aux siècles des siècles ! Amen ! » (1.17)

« Le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l’honneur et la puissance éternelle. Amen ! » (6.15-16)

Trois caractéristiques se dégagent de ces louanges :

– Dieu est invisible : De retour du premier vol habité dans l’espace, Youri Gagarine a déclaré : « Dieu n’existe pas ; je ne l’ai pas vu. » L’expression courante de « Dieu qui est au ciel » ne doit pas nous tromper : les « cieux des cieux » ne peuvent le contenir (2 Chr 2.6 ; 6.18). Il est si radicalement différent de nous que nul ne peut le voir et vivre (Ex 33.20). Il est « esprit » (Jean 4.24), sans corps matériel tangible. Cette invisibilité de Dieu va au-delà de notre impossibilité de le voir de nos yeux physiques ; elle tient aussi à l’aveuglement moral dans lequel nous sommes pour discerner ce qu’il est (2 Cor 3.7-4.6). Si Dieu ne se révèle pas à nous, nous ne pourrons jamais le voir tel qu’il est vraiment.

– Dieu est immortel : La même Épître va dire de Dieu qu’il est « le Dieu vivant » (3.15). Dire que Dieu est immortel implique à la fois qu’il est saint, pur, sans péché (car la mort est la conséquence du péché), qu’il reste le même dans son être (la mort étant le changement le plus évident d’un être) et qu’il est le seul à communiquer la vie : la vie corporelle d’abord (« en lui nous avons la vie », Act 17.28), puis la vie éternelle. L’immortalité glorieuse de ceux qui ont reçu l’Évangile (2 Tim 1.10 ; 1 Cor 15.54) ne sera qu’une conséquence de la sienne propre.

– Dieu est bienheureux : Outre la seconde doxologie de l’Épître, ce qualificatif se retrouve ailleurs : « … l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, Évangile qui m’a été confié » (1.11). Dieu, dans la perfection de son être trinitaire, n’a besoin de rien ni de personne pour être « heureux ». Dans un sens, son bonheur ne dépend en rien de nous, pas plus de notre réponse à l’Évangile que de notre fidélité dans notre marche chrétienne.

Conséquences

La première est l’adoration. Un Dieu si glorieux suscite immédiatement la louange de la part de ceux auxquels il a daigné se révéler. Paul l’a bien compris et ne peut faire autrement que d’exulter en doxologie. Même si notre expression est souvent bien plus pauvre que la sienne, chantons, louons, magnifions les gloires de la personne de Dieu.

La seconde est l’évangélisation. Ce Dieu bienheureux souhaite se faire connaître et c’est pourquoi il est important de proclamer, de « confesser » (6.12,13) la grandeur de son Être éternel. Paul était heureux qu’un tel message lui ait été confié (1.11) ; c’est à nous aujourd’hui de prendre sa relève.

2. DIEU DANS SA CRÉATION

Le grand Dieu que Paul loue s’est également révélé dans sa création. Il est « celui qui donne la vie à toutes choses » (6.13). Non seulement, il a agi par un acte initial, mais c’est lui aussi qui soutient cette vie qu’il a créée par ses soins au quotidien. C’est sans doute ainsi qu’il convient de comprendre l’expression du ch. 4 : « le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (4.10). Loin de prôner un universalisme qui serait en contradiction directe avec tant de textes du même apôtre, le sens premier de ce verset concerne le « salut » quotidien apporté par Dieu dans ses soins providentiels pour tous les hommes. C’est lui qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Matt 5.45), qui n’a « cessé de rendre témoignage de ce qu’il est, par ses bienfaits, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous donnant la nourriture avec abondance et en remplissant vos cœurs de joie. » (Act 14.17)

Ces soins divins s’étendent ainsi à tous les hommes, qu’ils le reconnaissent ou non. Mais le privilège des croyants est de recevoir ces bienfaits comme venant d’un Dieu dont ils connaissent l’amour. Dans ce sens, ces dons sont reçus comme des réponses spéciales venant d’un Père qui prodigue généreusement le « pain quotidien » à ses enfants. Et ces derniers peuvent remercier pour la nourriture reçue : « Dieu a créé [les aliments] pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. » (4.3-5)[note]Ces versets mettent de côtés les interdits alimentaires qui prévalaient sous l’ancienne alliance. Le chrétien est invité tranquillement à « manger tout ce qui se vend au marché » (1 Cor 10.25)[/note]

Le Dieu créateur est aussi celui qui dirige l’histoire humaine. Il est le maître du temps :
– en son temps (il y a 2000 ans), Jésus est venu pour se donner en rançon (1.15 ; 2.6),
– en son temps (c’est le nôtre !), l’Évangile de la grâce est prêché (2.6),
– en son temps (bientôt, demain ?), Jésus-Christ va apparaître pour régner (6.15).

C’est aussi parce que Dieu a la haute main sur les autorités (Dan 4.32 ; Prov 21.1) que le chrétien est invité à prier pour elles (2.1-2).

Conséquences

La première est de ne pas nous mettre en souci pour notre quotidien. À nous qui sommes riches, le Dieu « qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions » (6.17) confie le privilège de l’imiter en faisant part généreusement de nos biens terrestres temporaires. À ceux qui ont moins, ce « fidèle Créateur » (1 Pi 4.19) rappelle qu’avoir le vêtement et la nourriture suffit, pourvu qu’il y ait le contentement (6.8).

La seconde conséquence, valable pour tous, est de donner la priorité à la « piété », terme typique des Épîtres pastorales. La piété, c’est cet élan du cœur vers Dieu, marqué par la confiance en lui et le respect qui lui est dû, entretenu par la méditation de la Bible, la prière et la communion chrétienne. Puisque Dieu prend soin de nos besoins matériels, nous donnerons à Dieu la première place dans nos vies et nos pensées, car la piété est « utile à tout » (4.8). Ainsi nous saisirons « la vie véritable » (6.19).

3. DIEU COMME SAUVEUR

Le salut de Dieu est un des thèmes majeurs de cette Épître : dès le premier verset, Paul parle de « Dieu notre Sauveur » (1.1). Plus loin, il précise : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (2.3-4) Dieu offre librement ce salut à tous les hommes — non plus à un peuple spécifique, pas davantage à une classe particulière d’élus ni à une certaine caste d’initiés. Son dessein de miséricorde n’exclut personne a priori. Pour autant, cette volonté divine[note]« Vouloir » traduit le verbe grec « thelô », qui a plutôt le sens de « souhaiter », en contraste avec un autre verbe, « boulomai », lui aussi souvent traduit par « vouloir » (par ex. en 2.8), qui a plutôt le sens d’ordonner, de commander. Toutefois, l’utilisation de « boulomai » en 2 Pi 3.9 conduit à ne pas forcer la distinction entre ces deux termes outre mesure.[/note]ne s’impose pas de force : chaque homme reste libre d’accepter ou de refuser ce salut librement offert. La souveraineté de Dieu dans l’élection et le salut n’est en rien atteinte, même si la magnifique affirmation de ce verset contient un paradoxe. Ainsi Dieu ne prend pas plaisir à la mort du pécheur (voir Éz 18.23), mais à son salut pour la vie éternelle. Quelle belle vision d’un Dieu qui appelle, d’un Père (1.2) qui attend le retour des fils égarés, dont le désir d’amour s’émeut du sort du pécheur !

Ce salut ne s’acquiert toutefois que par un seul moyen : la foi en un seul Dieu et en son unique Médiateur. Jésus-Christ est parfaitement Dieu et parfaitement homme ; c’est pourquoi il est le seul à pouvoir être une rançon acceptable à Dieu. Pour ainsi dire, c’est la version paulinienne de l’affirmation de Jésus : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne vient au Père que par moi. » (cf. 1 Tim 2.5,6)

Parmi tous ceux qui ont répondu à la volonté salvatrice de Dieu, Paul se propose comme exemple : il se qualifie de « premier des pécheurs » (1.15). Son opposition initiale à l’Évangile fait de lui un spécimen signalé de la miséricorde divine. Et nombreux sont ceux qui ont cru à partir du récit de la conversion de Saul de Tarse !

Conséquences

La prière : Paul incite à prier pour les autorités afin que la propagation de l’Évangile ne soit pas contrariée (et non pas pour que nous puissions mener une « petite vie pépère » !) (2.1-2). À titre personnel ou en église, prions sans relâche pour le salut des âmes et pour la liberté d’évangéliser.

L’évangélisation : À l’intercession doit se joindre le « témoignage » (2.6). La prédication du salut, que Paul portait avec puissance, passe désormais par nous. L’unicité du moyen de salut (2.5), dans un monde empreint de relativisme et qui érige la tolérance religieuse en vertu suprême, risque fort de ne pas être populaire, pas plus que l’affirmation que l’homme est pécheur (1.15)… Mais le message reste immuable et sa puissance agit encore aujourd’hui !

4. DIEU EN CHRIST

Au cœur de cette Épître, Paul indique le secret de la vie chrétienne, le « mystère de la piété » : « Dieu [note]Les meilleurs manuscrits ont « os » (« celui qui ») au lieu de « theos » (« Dieu ». Le sens n’étant pas vraiment changé pour autant, car seul Dieu peut se : « manifester » en chair : tout homme qui n’est pas d’origine divine est en chair dès sa conception ![/note]a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit, vu des anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire. » (3.16) En Christ seul, Dieu s’est montré dans la plénitude de son être moral. C’est lui qui est « venu dans le monde » (1.15) pour s’approcher de nous. Nous ne pouvons pas connaître le Dieu infini, éternel, invisible sans passer par celui qui « révèle le Père », notre Seigneur incarné, mort, ressuscité et glorifié. C’est cette vérité, la plus fondamentale de toutes, que l’Église du Dieu vivant est appelée à porter haut, dans un monde qui en a tant besoin mais qui méconnaît tant la gloire de Jésus de Nazareth.

Conséquence

Quel Dieu magnifique cette Épitre nous présente-t-elle ! Le Dieu vivant qui se révèle dans l’infini de son être, le Dieu bienfaiteur qui prend soin de sa créature, le Dieu miséricordieux qui veut le salut des hommes pécheurs, le Dieu proche qui s’est incarné en Christ. Qu’il grandisse à nos yeux au fur et à mesure que nous le connaîtrons mieux, pour l’aimer davantage et mieux le servir ! Et nous deviendrons à notre tour des « hommes de Dieu » (6.11).

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)