Questions exégétiques dans l’évangile selon Marc

Dans l’étude de l’Évangile selon Marc et afin d’en comprendre le sens, plusieurs questions cruciales doivent être abordées.1

L’importance de Marc 1.1 dans la compréhension de l’Évangile selon Marc

La première question à se poser concernant Marc 1.1 est celle de sa provenance. Lorsque nous nous posons la même question à propos d’un passage comme la guérison du paralytique (2.1-12), la paraboles des mauvais vignerons (12.1-11), ou la purification du temple (11.15-19), la réponse est assez simple. Ces passages sont parvenus à Marc par les traditions sur Jésus qui circulaient dans l’église primitive, et qu’il a, sous l’inspiration de l’Esprit, incorporées à son évangile. Cependant, Marc 1.1 n’est pas une tradition qui circulait au sein de l’église primitive. Cette phrase n’a jamais existé avant que Marc n’écrive son Évangile. Elle a été créée par Marc comme introduction à son évangile, tout comme Matthieu 1.1 (« Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. ») et Luc 1.1-4 (« Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement en ont été les témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la parole, il m’a semblé bon à moi aussi, après avoir tout recherché exactement depuis les origines, de te l’exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. ») ont été créés par Matthieu et Luc pour servir d’introduction à leurs Évangiles. Le fait que Marc ait choisi d’introduire son évangile de la sorte et que les premiers mots que son auditoire ait entendus de son évangile soient ceux de Marc 1.1 signifie que ce verset est extrêmement important dans la compréhension de son évangile. Pour Marc, la première chose qu’il veut que ses lecteurs et auditeurs sachent à propos de son Évangile c’est qu’il concerne la bonne nouvelle de « Jésus-Christ, Fils de Dieu. »

L’indice le plus important que Marc nous donne à nous lecteurs est que depuis Marc 1.2 le reste de son évangile concerne « Jésus-Christ, Fils de Dieu. » Ceci indique que le récit qui suit, en Marc1:2-8, n’est pas à propos de Jean le Baptiste. Au contraire, il concerne Jésus Christ, le Fils de Dieu ! La seule raison pour laquelle Marc nous parle de Jean le Baptiste est que ce récit nous aide à comprendre d’une manière ou d’une autre qui est Jésus. Ainsi, les mots importants en 1.2 ne sont pas « mon messager » et « qui » mais « toi » et « ton chemin ». En 1.3 ce n’est pas « la voix de celui qui crie dans le désert » mais « Seigneur » et « ses ». Donc, en lisant ces versets, nous devrions souligner ces mots :

« Selon ce qui est écrit dans le prophète Esaïe : Voici, j’envoie devant toi mon messager pour frayer ton chemin ; c’est la voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Par conséquent, quand nous enseignons ou prêchons Marc 1.2-8, l’évangéliste ne veut pas que nous nous concentrions sur Jean Baptiste mais sur Jésus Christ, le Fils de Dieu, et en quoi le ministère de Jean Baptiste nous aide à comprendre qui est Jésus. De même, Marc 4.35-41 n’est pas à propos des disciples et de leur peur durant la terrible tempête sur la mer de Galilée mais à propos de Jésus Christ, le Fils de Dieu, et l’accent porte sur les mots de la conclusion en 4.41 – « Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent ? » Marc 1.1 nous révèle que le sens de 4.35-41 est que Jésus Christ, le Fils de Dieu est « Seigneur de la nature », que ouragans et tempêtes sont soumis à sa grande puissance et à sa parole.

De même, Marc 5.1-20 n’est pas à propos d’un démoniaque ou des gens de Guédara, mais à propos de Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui est plus fort que Belzébuth et ses démons. Marc 5.21-43 n’est pas à propos d’une femme malade d’une perte de sang ou de Jaïrus et de sa jeune fille morte, mais à propos de Jésus, Seigneur sur la maladie et la mort. Marc 16.1-8, n’est pas à propos de femmes qui étaient effrayées et ne rapportèrent pas la nouvelle de la résurrection de Jésus aux autres, mais plutôt à propos de Jésus et de sa résurrection, et l’accent porte sur 16.6-7 : « Il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici l’endroit où on l’avait déposé. » L’accent est mis sur le fait que Jésus Christ, le Fils de Dieu, était ressuscité des morts et allait rencontrer les disciples en Galilée, comme il l’avait dit. Bien qu’il y ait parfois des thèmes et des accents secondaires dans les récits de Marc, le point essentiel que Marc cherche à souligner dans son évangile, d’après Marc 1.1, est de nature christologique. C’est que Jésus de Nazareth est le Christ, le Fils de Dieu.

L’importance des confessions christologiques des démons dans Marc

Dans l’évangile selon Marc, les démons confessent à trois reprises que Jésus est le Fils de Dieu. En 1.24 le démon appelle Jésus « le Saint de Dieu » et en 5.7 le « Fils du Très-Haut ». Dans le résumé que fait Marc en 3.7-12, il commente en 3.11 que les démons désignaient constamment Jésus comme le « Fils de Dieu ». Dans les années 1970 et 1980, différents spécialistes ont allégué que Marc voulait que ses lecteurs comprennent que de telles confessions donnent une mauvaise image de l’identité de Jésus et qu’une telle opinion est d’origine démoniaque. On avançait que pour Marc, cet accent sur Jésus en tant qu’exorciste et guérisseur, faiseur de merveilles et de miracles, était satanique. Le fait que ces confessions proviennent de démons montrait, soi-disant, qu’elles devaient être rejetées. Pourtant un tel raisonnement s’écroule du fait que le premier verset de l’Évangile selon Marc indique que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. De manière plus significative encore, ce raisonnement est réfuté par le fait que dans le résumé que fait Marc en 1.34, il affirme « mais il ne laissait pas les démons parler, parce qu’ils le connaissaient » ! Marc donne ce commentaire éditorial pour aider ses lecteurs à reconnaître que, même si les autorités juives et romaines ne reconnaissent pas Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu, les démons, de par leur connaissance surnaturelle, reconnaissent effectivement qui est Jésus. Ils sont donc des porte-paroles fiables de la christologie de Marc ! Il en résulte que si nous essayons de compléter la phrase « Moi, Marc, je vous ai relaté l’histoire de Jésus guérissant le démoniaque dans la synagogue de Capernaüm en 1.21-28 et la guérison du démoniaque de Guédara en 5.1-20, parce que . » nous devrions dire « . parce que je veux que vous sachiez que les démons, qui, comme je vous l’ai dit en 1.34 connaissent réellement l’identité de Jésus, confessent qu’il est le Fils de Dieu, tout comme je vous l’ai dit en 1.1 ». Les démons reçoivent l’ordre en 3.12a de cesser de confesser que Jésus est le Fils de Dieu parce que, comme l’indique 3.12b, Jésus ne veut pas qu’ils le fassent connaître. Cela suppose que leur confession est correcte.

L’importance des déclarations récapitulatives dans Marc

Dans Marc nous trouvons de nombreux commentaires éditoriaux de l’évangéliste qui sont de nature récapitulative. Comme ils résument souvent ce qui précède et préparent le lecteur à ce qui va avoir lieu dans les chapitres suivants, il est évident qu’ils sont le résultat du travail de rédaction de Marc. Le vocabulaire, le style grammatical et l’accent théologique, typiques de Marc, indiquent également que ces commentaires sont de la main de l’évangéliste. Cela ne veut pas dire que ce qui y est rapporté a été créé de toute pièce par l’évangéliste. Ce sont, au contraire, une condensation des différentes traditions en sa connaissance. Certains de ces résumés sont relativement brefs, d’autres longs. Parmi les plus apparents, notons 1.14-15, 21-22, 28, 33-34, 39, 45 ; 3.7-12 ; 4.1, 33-34 ; 6.6b, 53-56 ; 9.30-32 ; 10.32-34 ; 12.12 ; 14.1-2. Puisque ce ne sont pas simplement des traditions que Marc reproduit telles quelles, ils contiennent beaucoup plus de son travail de rédaction que sa reproduction des traditions et enseignements qu’il a trouvé dans le matériel transmis par les témoins oculaires et les serviteurs de la parole (Luc 1:2). Par conséquent, en les lisant l’un à la suite de l’autre, on obtient un bon aperçu des intérêts de l’évangéliste et des points sur lesquels il insiste. Il devient alors apparent que Marc cherche à souligner la popularité de Jésus auprès du peuple, son ministère puissant de guérison et d’exorcisme, la nécessité divine de sa mort, et le rôle des autorités juives dans cette mort.

L’importance des répétitions dans Marc

Le bon sens veut que ce qui est important pour un auteur tende à être répété dans ses écrits, tandis que ce qui l’est moins ne le soit pas. Même si les théologiens et les exégètes ont parfois été critiqués avec raison de se spécialiser dans les questions de détail, les auteurs bibliques insistent et répètent généralement ce qui leur semble important et minimisent ce qui ne l’est pas. Un aspect que Marc souligne dans son évangile est la présentation de la mort de Jésus comme une nécessité divine. Martin Kähler, à la fin du dix-neuvième siècle, désignait Marc comme essentiellement « un récit de la passion avec une longue introduction ». Quoiqu’un peu exagérée, cette remarque est pertinente. Marc souligne l’importance et la nécessité divine de la passion. Des allusions à la mort à venir de Jésus se trouvent déjà en 2.20 où Jésus se présente comme l’époux qui « leur sera enlevé ». Bien que le passif puisse indiquer le rôle des ennemis de Jésus dans sa mort, il peut aussi être interprété comme un passif divin : « Il leur sera enlevé par Dieu ». Dans la première prédiction de sa passion en 8.31, Jésus parle de sa mort comme « nécessaire », et il est clair que sa mort est décrite ici comme une nécessité divine. Sa mort n’est pas une question de destin ou de tragédie nébuleux mais l’accomplissement du plan et du but divins.

En 9.31 et 10.33-34, Jésus prédit sa passion pour la deuxième et la troisième fois. Dans la deuxième, Jésus se décrit comme « livré entre les mains des hommes », et ceci doit vraisemblablement être compris comme un passif divin, Dieu livrant Jésus à la mort. Dans la troisième annonce de la passion, Jésus est décrit comme « livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes », et il est également préférable de l’interpréter comme un passif divin. En 10.45, Jésus dit qu’il est venu (le « de Dieu » est implicite) pour donner sa vie en rançon pour beaucoup. En 14.8, Jésus montre qu’il est conscient de sa mort prochaine. Lorsque nous arrivons au chapitre 14, la nécessité divine de la mort de Jésus est fortement soulignée :  v. 21 (« le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui »), v. 24 (« Ceci est mon sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup »), v. 36 (« éloigne de moi cette coupe. Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux »), et v. 49 (« mais c’est afin que les Écritures soient accomplies »). La description de la mort de Jésus comme nécessité divine et sa connaissance à l’avance par Jésus est clairement mise en avant dans Marc, et il devrait en être de même dans notre prédication et notre enseignement sur cet évangile.

Conclusion

Alors qu’aujourd’hui, le lecteur et sa lecture du texte prennent le dessus sur la signification voulue par l’auteur, il est important pour les évangéliques d’affirmer que le but de notre étude est de comprendre ce que les auteurs inspirés de l’Écriture voulaient dire par les textes qu’ils nous ont légués. Dans l’étude de Marc, cela implique de chercher à comprendre ce que Marc voulait dire par les mots et les traditions sur Jésus qu’il nous a transmis. L’affirmation de l’inspiration divine de Marc devrait avoir comme corollaire une détermination à comprendre le sens que l’auteur biblique a donné à ses mots.

1L’article original abordait six questions. [note du traducteur]

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)