Qu’est-ce que l’interprétation ?

Le livre des Actes raconte la rencontre surprenante entre l’évangéliste Philippe et un eunuque éthiopien (Act 8.26-40). Celui-ci est assis sur son char, en train de lire le prophète Ésaïe. Philippe l’interpelle alors par cette question : « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Act 8.30) L’eunuque éthiopien lui répond par la négative.
Pourquoi ne comprenait-il pas le texte biblique ? Peut-être à cause de la barrière de la langue, de la distance culturelle, ou simplement de la difficulté du texte d’Ésaïe 53 ? Ou peut-être était-ce parce qu’il lui manquait l’éclairage du Saint-Esprit ?
Quelles qu’en soient les raisons, l’eunuque éthiopien ne comprenait pas le texte biblique. Il avait besoin d’explications. Philippe va alors lui expliquer ce passage d’Ésaïe 53 en l’interprétant à la lumière de « la bonne nouvelle de Jésus ».
Ce petit exemple — il y en aurait bien d’autres — montre que le texte biblique a besoin d’être compris, autrement dit « interprété ». La question de l’interprétation — ou de l’herméneutique — se pose à quiconque souhaite comprendre le texte biblique.
Cet article propose une petite introduction à cette question importante : pourquoi faut-il interpréter le texte biblique ? Et surtout : comment faut-il l’interpréter ?

1. La difficulté de l’interprétation

Toute communication humaine implique une interprétation : alors même que vous êtes en train de me lire, vous êtes en train d’interpréter ce que j’ai écrit.
Bien entendu, une bonne partie de ce travail se fait inconsciemment : notre cerveau est une véritable machine à interpréter ! Mais ce travail d’interprétation est semé d’embûches.
Votre cerveau doit d’abord décoder les signes qui sont imprimés et les interpréter comme des lettres, puis des mots et des phrases. En général, cela ne pose pas de problème. Mais, si je s’aime des photes d’or t’au graphe, ou que je laisssssee quelques fautes fautes de de frappe, l’interprétation se corse.
L’interprétation de mon discours peut être également un peu plus compliquée si mon langage est soutenu, et que j’emploie des mèmes [NDLR : Un « mème » (du grec mimesis, imitation) est un concept (texte, image, vidéo) massivement repris, décliné et détourné sur Internet de manière souvent parodique, qui se répand très vite, créant ainsi le buzz.] à la syntaxe sophistiquée.
Certains mots ou certaines phrases peuvent également avoir divers sens et porter à confusion.
Si j’écris : « j’en ai marre de ce cadre ! », vous ne pouvez pas savoir si je ne supporte plus le tableau affiché dans mon séjour ; si, en grand amateur de vélo (c’est un exemple imaginaire !), je suis agacé par mon cadre de vélo qui est trop lourd ; si je suis fâché après le supérieur (le cadre) de mon entreprise ; ou encore si je ne supporte pas les limites (le cadre) qu’on m’impose. Bien entendu, le contexte de mon discours aidera à comprendre ce que je veux dire.
Autre difficulté, si le français n’est pas votre langue maternelle, l’interprétation des mots que j’écris pourra être plus complexe.
Et si je me mettais à écrire en « vieux françois » comme Calvin, cela compliquerait encore la chose.
Une difficulté supplémentaire serait que je vienne d’une culture totalement différente de la vôtre et que je m’exprime en présupposant que vous connaissez les éléments de ma culture. Prenons l’exemple de la phrase suivante : « le retournement des morts n’a jamais lieu le mardi, car c’est “fady“ de creuser la terre ce jour-là ». Les Malgaches comprendront ce que j’ai écrit (du moins, j’espère !), mais probablement pas ceux qui n’ont aucune connaissance de la culture malgache [Dans les croyances populaires malgaches, le terme « fady » se réfère à un certain nombre d’interdits ou de « tabous ». Le « retournement des morts » est une grande fête de la religion traditionnelle en l’honneur d’un ancêtre décédé dont les restes du cadavre sont sortis de la tombe, entourés d’un nouveau linceul et portés à travers le village avant d’être replacés dans la tombe] .
Le texte biblique combine à peu près toutes ces difficultés : il a été écrit il y a deux ou trois mille ans, dans des langues qui ne sont pas les nôtres, dans une culture bien différente de la nôtre, par divers auteurs humains qui ont chacun leur propre style et niveau de langage.

L’interprétation est donc un aspect essentiel pour l’étude de la Bible. Comment bien interpréter le texte biblique pour ne pas lui faire dire ce qu’il ne dit pas ?
Cette question est d’autant plus importante qu’elle porte non pas sur n’importe quel texte, mais sur la Bible, c’est-à-dire la Parole de Dieu qui fait autorité pour la foi et la vie du chrétien.

2. Le cercle herméneutique

Depuis l’Antiquité, la question de l’interprétation d’un discours a préoccupé les penseurs. Le philosophe grec Aristote lui-même nous a laissé un traité intitulé Peri hermeneias (Au sujet de l’interprétation). Toutefois, la réflexion philosophique sur l’interprétation a connu un fort renouveau dans la seconde moitié du XX e s. avec des philosophes comme l’allemand Hans Georg Gadamer ou le protestant français Paul Ricoeur, têtes de file d’un courant désigné comme celui de « la philosophie herméneutique ».
Ces philosophes ont montré comment l’interprétation est au cœur même de notre vécu. C’est en interprétant que nous construisons notre compréhension du monde et que nous développons notre réflexion.
Je ne vais pas entrer plus dans les détails sur cette réflexion, d’autant plus que la philosophie est loin d’être ma spécialité !
Toutefois, j’aimerais m’arrêter sur un des aspects importants mis en évidence par la réflexion sur l’herméneutique, ce qu’on appelle le cercle herméneutique[ Sur le sujet, voir Valérie Duval-Poujol, 10 clés pour comprendre la Bible, Empreinte temps présent, 2011, p. 11].

La réflexion moderne (ou postmoderne) sur l’herméneutique a mis en lumière l’importance de nos présupposés ou de notre vision du monde sur l’interprétation d’un texte. Nous n’arrivons jamais « neutre » face à un passage biblique : nous l’abordons avec un certain nombre de connaissances, avec certaines facultés pour la lecture, avec aussi un vécu propre ou un arrière-plan ecclésial particulier. Tous ces éléments vont influencer notre interprétation du texte : nous allons les « projeter » sur le texte. II est donc important d’en être conscient.
Par exemple, si j’ai un vécu marqué par de nombreux problèmes de santé, je vais avoir un regard différent sur les textes qui parlent de la maladie ou la guérison que si j’ai toujours vécu en bonne santé.
Autre exemple : si je viens d’un milieu pentecôtiste, je ne lirai pas de la même manière les textes sur la Pentecôte que si je viens d’un milieu non-charismatique.
Prendre conscience de nos présupposés nous permet d’être plus lucides dans notre compréhension ou notre interprétation du texte biblique. [ NDLR : Voir à ce sujet l’article de Jean Lacombe dans le même numéro sur nos biais cognitifs.] Nous aurons ainsi plus de facilités à laisser le texte nous interpeller et nous bousculer. Car si nos présupposés influencent notre interprétation du texte, cette interprétation du texte va aussi influencer notre « perception » de la réalité. Lorsque je lis la Bible en la laissant me remettre en question, je ne vois plus les choses de la même manière : j’évolue dans ma conception du monde, dans ma compréhension de mes relations, et surtout dans ma relation à Dieu.
Mais le processus ne s’arrête pas là : il s’agit d’un « cercle herméneutique », c’est-à-dire d’un processus cyclique, d’un aller-retour constant. En effet, si le texte modifie ma vision du monde, lorsque je retourne vers le texte biblique, mes présupposés ont évolué, et cela influence ma compréhension du texte. Cette nouvelle compréhension me permet d’évoluer dans ma vision du monde, et de re-re-lire à nouveau le texte différemment… Et ainsi de suite ! C’est peut-être pour cela que l’on peut passer sa vie à lire et relire la Bible en faisant toujours de nouvelles découvertes et en étant sans cesse interpellés par de nouveaux éléments. Cela est d’autant plus vrai que la Bible n’est pas un livre comme les autres : il s’agit de la Parole de Dieu !
Tout en étant conscient de la valeur du cercle herméneutique, il ne faudrait toutefois pas en conclure que toute lecture du texte biblique est subjective et que chacun, selon son vécu, peut y trouver son propre sens. Certaines approches actuelles ont cette tendance à dire qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise interprétation : à chacun sa lecture ! Lorsque Moïse, David, Paul ou Pierre ont écrit, ils avaient bien un sens particulier en tête. Ils n’ont pas juste aligné des mots au hasard pour que chacun puisse y mettre le sens qu’il veut, sous l’inspiration du Saint-Esprit.
L’intérêt de l’approche herméneutique moderne est qu’elle attire l’attention sur l’importance de nos présupposés dans notre interprétation. L’objectif n’est pas de laisser ces présupposés influencer librement notre interprétation. C’est plutôt l’inverse : si nous arrivons à prendre conscience de nos présupposés, nous devrions pouvoir mieux les mettre de côté pour discerner le sens « objectif » de la Parole de Dieu.

3. Trois étapes pour interpréter un texte biblique

Le processus d’interprétation du texte biblique est généralement divisé en deux étapes : l’exégèse et l’actualisation du texte. J’y ajouterai une étape intermédiaire.

L’exégèse consiste en une étude minutieuse du texte biblique pour essayer d’en comprendre le sens original. Au cours de cette première étape, je ne me préoccupe pas de ce que le texte me dit « à moi », mais de ce qu’il disait à ses premiers destinataires.
Je vais donc m’intéresser aux mots du texte original, à son contexte historique ou culturel, etc.
Une fois le texte compris, l’objectif est de pouvoir repérer un ou plusieurs principes universels et atemporels que l’on peut déduire du texte biblique.
Si je comprends bien le texte dans son contexte d’origine, je pourrai repérer ce qui est valable au-delà de ce contexte : le principe du texte.

Une fois ce principe mis en lumière, je pourrai ensuite réfléchir à l’application de ce texte dans mon contexte actuel. C’est là l’objectif de l’interprétation biblique ! Le but de l’étude de la Bible n’est pas de devenir un expert du Proche-Orient ancien ou du grec biblique ; l’objectif est de pouvoir appliquer la Parole de Dieu de manière juste et pertinente dans notre contexte et dans ma vie.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)