Quels chants choisir dans l’église locale ?

Qui n’a pas été touché, une fois ou l’autre, lors d’un culte ou d’un temps de louange, par un chant qu’il avait pourtant chanté à maintes reprises sans émotion particulière ?

À quoi cela est-il dû ? Uniquement à l’état intérieur de la personne à un moment donné ? À la qualité de la mélodie ou de son harmonisation ? À la qualité de l’interprétation ou de l’instrumentation qui accompagne le chant ? Au contexte dans lequel le chant a été amené ?

L’inverse peut d’ailleurs se produire : j’ai parfois ressenti un chant comme inapproprié soit parce qu’il coupait un élan ou me paraissait inadapté par sa musique ou son message…

Ces quelques questions surgissent souvent à mon esprit et certainement à celui de ceux qui sont amenés à proposer des chants pour constituer un recueil, pour un temps de louange préparé ou lors d’un culte où la liberté est donnée de proposer des chants.

Le bon recueil existe-t-il ?

Le recueil dans lequel le choix va être opéré n’est en effet pas sans importance. Qu’est-ce qui va donc guider le choix d’un recueil et d’un chant à l’intérieur d’un recueil ?

Il faut d’abord observer d’une part que le chant forme une partie substantielle d’un culte dans les différentes variantes d’assemblées ou d’églises évangéliques ; la proportion entre chant, prière, lecture biblique (sans parler de la prédication ou d’autres contenus) est, la plupart du temps, largement en faveur du chant. Cette constatation — il n’appartient pas ici d’en discuter le bien-fondé — nous pousse à donner un soin particulier à la sélection des chants et, par ordre de priorité, à celui d’un recueil.

Des textes théologiquement fondés

Vu le temps que nous passons à chanter, il est de la plus haute importance de s’assurer que les chants utilisés soient édifiants, respectueux de la pensée divine et biblique, bons pour l’âme — et pas seulement « fun, cool, up to date » !

Il faut reconnaître ici qu’il y a une grande variété d’écoles théologiques, de conceptions de l’Église… et qu’il n’est pas toujours facile de juger de la justesse du texte d’un chant et pas toujours aisé d’entrer en discussion sur ce point. On peut être conduit à renoncer à un chant par désaccord avec le message véhiculé ou à en accepter un autre« au bénéfice du doute » si les divergences de compréhension nous paraissent ne pas toucher à des points fondamentaux.

Des textes de qualité au point de vue de la poésie et de la prosodie

La qualité poétique d’un texte ou sa bien-facture d’un point de vue grammatical ou prosodique entre aussi en considération. Le bon usage de la grammaire et de l’orthographe va de soi lorsqu’il s’agit de publier un chant. Il y a parfois des expressions osées qu’il faut rejeter à cause d’une trop grande ambiguïté, mais sortir des sentiers battus apporte souvent une touche créatrice bienvenue ! La question de la prosodie (bon accord entre les accents musicaux et ceux du texte) est nettement plus délicate, en particulier dans certaines traductions ; on y prête trop peu d’attention, même chez des auteurs-compositeurs francophones et c’est dommage, car une prosodie défectueuse altère la qualité d’un chant. Il faut bien sûr rester raisonnable dans notre quête de « perfection » ; on peut trouver des chants comportant plusieurs défauts prosodiques qui ont pourtant passé l’épreuve du temps et sont devenus des classiques, souvent grâce à un message particulièrement riche[note]Par exemple, « Quel repos céleste », où l’appui du 1er temps se trouve sur la 1resyllabe du chant, alors que l’appui naturel du mot « repos » va sur la 2e syllabe, comme dans le refrain. Mais le chant, je dois l’admettre, fait partie des classiques dans ce thème, peut-être parce qu’il n’a pas d’équivalent ![/note].

Revenons à la qualité poétique. Nous entrons ici dans un domaine hautement subjectif ; certains apprécieront une poésie très classique, faite de rimes, d’un vocabulaire dit poétique[note]Par exemple, le comité de sélection du recueil Reflets a repris tel quel le cantique « Dieu tout-puissant » avec ses mots d’origine ; par contre, il a retenu une version de « L’amour de Dieu » largement plus édifiante et belle que la version au vocabulaire suranné du JEM.[/note], d’une métrique régulière et d’inversions poétiques — au détriment parfois d’une certaine accessibilité et souvent de la prosodie. En ce qui me concerne, et en particulier dans le travail de traduction, j’estime les contraintes pour rendre le sens et l’esprit d’un texte sur une musique donnée suffisamment grandes pour se sentir autorisé d’abandonner la contrainte de la rime. De même, je prends souvent le parti d’utiliser un vocabulaire compris par tous et j’évite autant que possible les inversions.

Les différents critères évoqués ci-dessus sont des questions liées surtout à la constitution d’un recueil ; ils concernent donc directement ceux qui ont la responsabilité de choisir des chants, par exemple pour réaliser une compilation propre à une église locale à partir de plusieurs recueils édités, comme c’est de plus en plus souvent le cas.

Qui choisit les chants dans l’église ?

Dans les assemblées chrétiennes où la pratique est de laisser le libre choix des chants dans le déroulement de tout ou partie du culte, la question du choix est attribuée à l’Esprit que chaque frère et sœur s’efforce d’écouter pour discerner le chant suivant.

Comment reconnaître la direction de l’Esprit ?  Il faut d’abord admettre que le choix est conditionné par un certain nombre de critères non spirituels : par l’âge des participants, par leurs habitudes, par leurs goûts musicaux, par leur connaissance du ou des recueil(s) utilisé(s), etc. Ensuite, cette pratique implique un instant de silence entre les chants pour permettre cette « liberté de l’Esprit ». Et une condition pratique pour que chacun(e) puisse, au cours d’un culte, proposer le chant adéquat est d’avoir avec soi le(s) recueil(s) utilisé(s) !

Si l’Esprit peut effectivement donner une impulsion, une « révélation »pour répondre à des besoins que nous ne connaissons pas—au travers d’un chant, d’une lecture biblique ou d’une parole dite à propos—, nous savons que l’Esprit a comme objectif de glorifier Jésus, de nous conduire dans la vérité, de « rendre témoignage » de lui (Jean 16.13-15). À ce titre, tout chant qui glorifie Jésus a sa place, et il ne faut pas placer la barre trop haut, ni détourner le sens de la « dépendance de l’Esprit ».C’est souvent notre intelligence, notre mémoire ou nos habitudes qui nous conduisent à proposer des chants dans une thématique suivie (par exemple une série de chants accompagnée de lectures bibliques et de prières sur le thème de la liberté en Christ, ou celui de la victoire ou celui des souffrances de Jésus en croix), ce qui est très bien ; mais si« rester dans le thème »devient une condition pour que le chant proposé soit accepté, cela devient stérile et, au lieu de laisser l’Esprit nous guider dans une nouvelle direction, chacun voudra« placer son chant » — une idée exprimée en appelle une autre — et on finit par tourner en rond. Il s’agit donc davantage d’être en bonne santé spirituelle que de faire l’effort de discerner un chant que l’Esprit nous indiquerait à tel moment.

La problématique, au fond, est la même pour les églises qui fonctionnent avec un programme de chants prédéfini. Tout porte à admettre que le groupe de louange qui entraîne la plupart des églises évangéliques

discerne aussi par l’Esprit les chants qui feront partie du programme du culte ; et ceci avec peut-être plus de temps passé dans la prière ! Mais le risque de « tourner en rond » n’est pas inexistant non plus ; un groupe de louange peut tomber dans la « monoculture », ne proposer que des chants d’un style donné.

L’évolution récente des chants d’assemblée

L’intérêt de recueils physiques

Je reviens à la question d’un recueil physique, condition essentielle pour permettre de proposer un chant connu par l’assemblée et qui édifie. La grande majorité des recueils contiennent la musique des chants, ce qui permet à celui ou celle qui a son recueil de chanter la mélodie ou une voix d’accompagnement — pour autant que le recueil en ait. L’usage du projecteur, qui se généralise dans la plupart des églises évangéliques, présente de multiples avantages, mais un de ses inconvénients est l’abandon progressif des recueils tenus en mains — et, par voie de conséquence, de la possibilité de proposer un chant ; cela conduit aussi à délaisser le chant polyphonique[note]Un effet collatéral de l’abandon du chant à plusieurs voix est la composition de chants qui ont une faible amplitude, chantables par tous… et peu intéressants musicalement parlant. Il y a bien sûr toujours des exceptions, mais la tendance est là.[/note] (qui permet aux voix aiguës comme aux voix graves de chanter leur partie), la projection ne permettant pas bien l’affichage de la musique.

Quelques réflexions plus générales sur la musique de nos chants d’église

Le sujet est vaste, la question très sensible et subjective, les avis souvent très contrastés. Les recueils de toutes les églises jusque vers les années 1960 ont été constitués de musiques tirées d’œuvres « classiques » (par exemple de chorals de Bach), de musiques composées spécialement pour le chant d’église et en français par des compositeurs « classiques » reconnus (par exemple les psaumes de Goudimel ou de Claude Lejeune) ; ces musiques sont de bonne qualité mais sont perçues maintenant comme trop difficiles ou vieillottes. Les réveils du XIXe siècle et du début du XXe siècle ont livré une part importante des chants des églises évangéliques, amenant des musiques de qualité très diverses, souvent médiocres et répétitives —moyennant un certain nombre de belles exceptions.

Le chant d’église est resté en général assez stable — figé, même, oserais-je dire — jusqu’à l’arrivée des Beatles ! Non qu’ils aient directement influencé le chant d’église, bien sûr, mais ils ont bousculé la pratique musicale d’une large part de la population et mis en route chez plusieurs chrétiens le désir légitime d’une évolution : être plus accessible, par des musiques qui soient culturellement acceptables, autant pour l’évangélisation que pour les rencontres d’église.

Le mouvement de Jeunesse en Mission, né à cette période, a encouragé la composition dans un style nouveau, visant la simplicité des textes et de la musique. Un bel apport du mouvement a été la création de nombreux chants sur des versets bibliques, permettant de les mémoriser. Le recueil JEM n° 1 est apparu dès les années 1970, suivi par deux autres, constamment enrichis. Ils ont rapidement pris place à côté de recueils traditionnels encore en vigueur, mais en déclin (comme Les Ailes de la foi), pour finalement les remplacer et devenir presque hégémoniques.

La qualité très hétérogène des paroles (souvent traduites rapidement de l’anglais) et des musiques, de même que les options théologiques sous-jacentes très diverses de ces chants, sensibles aux mouvements successifs du monde évangélique, invite au discernement ceux qui utilisent ces trois célèbres recueils.

Une tendance récente, entamée dès le début du JEM et qui va en s’accentuant, est d’introduire dans les recueils des chants d’auteurs-compositeurs-interprètes tirés de CD ou de mp3, certes beaux, mais dont les difficultés rythmiques rendent souvent impossible l’exécution correcte par une assemblée[note]Cela m’a frappé plusieurs fois récemment — notamment à l’occasion de mariages, où la sélection des chants avait été faite par des jeunes « branchés », pour des jeunes, et où une bonne partie de l’assistance — dont moi ! — étaient « largués », car les chants faisaient partie des suppléments de JEM non encore publiés, mais déjà disponibles en ligne ![/note]. Cette dépendance vis-à-vis de l’effet de mode a d’ailleurs aussi[note]Je dis « aussi » car j’aime ce qui est nouveau ; le problème n’est pas là.[/note] un effet malsain : la durée de vie d’un chant devient très courte, remplacé qu’il est par une production abondante de chants diffusés par les medias électroniques ; l’effet constructeur d’un chant intégré, mémorisé, digéré (selon Col 3.16) devient moins évident.

Les remarques critiques que je viens de formuler ne doivent nous faire oublier ni la richesse de la créativité dans le monde évangélique, ni le risque de sclérose des églises qui se contenteraient de leur propre production ; nous avons besoin les uns des autres.

* * *

Pour conclure : à quoi celui qui choisit un chant — qu’il soit responsable de louange ou simple participant à un culte « ouvert »—doit-il penser, concrètement ?

  • Il s’attachera avant tout à proposer un message spirituel sain, apporté par le texte du chant, en cohérence avec les autres actions et en particulier les lectures bibliques ou la prédication.
  • Il proposera un chant qui soit connu par une proportion suffisamment grande de l’assistance, de façon à ce que l’assemblée entière puisse participer avec profit.
  • Il tiendra compte des personnes qui composent l’assemblée (s’il y a par exemple des personnes d’arrière-plan réformé ou catholique, j’aime proposer un chant tiré de leur culture musicale, ce qui les mettra à l’aise).
  • Il veillera à la diversité des thèmes et des styles musicaux (chants classiques ou avec des rythmes plus modernes, lents ou rapides, pour enfants ou pour toutes générations, méditatifs ou joyeux), de manière à rejoindre les diverses sensibilités.

Cette exhortation de Paul convient aussi pour notre sujet :« Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes. » (Col 3.23)

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)