Quelques ouvrages récents rétablissant une interprétation chrétienne de l’histoire de l’Europe

QUELQUES OUVRAGES RECENTS
RETABLISSANT UNE INTERPRETATION
CHRETIENNE DE L’HISTOIRE DE
L’EUROPE

Il nous paraît utile de signaler quelques ouvrages historiques récents nous permettant enfin de percevoir clairement l’orientation foncièrement anti-chrétienne du développement et de l’interprétation courante de l’histoire européenne depuis la Renaissance des XVe et XVIe siècles. La plupart de ces ouvrages sont dus à la plume d’auteurs catholiques, car il n’existe guère d’ouvrages protestants ou évangéliques en français sur ces questions si importantes. Le lecteur fera les rectifications nécessaires.

Il nous faudrait d’abord avoir une juste perception de ce que fut l’histoire chrétienne de l’Europe. Toute l’oeuvre extraordinairement riche de l’historienne française, Régine PERNOUD (que certains considèrent comme l’un des premiers historiens de notre époque), depuis son premier ouvrage de synthèse, « Lumière du Moyen Age », datant de 1944 (Grasset, 1981), jusqu’à son admirable « La femme au temps des cathédrales » (Stock, 1980) et « Les Saints au Moyen Age » (PIon, 1984), nous a appris à revoir l’interprétation humaniste courante de l’histoire médiévale. Les institutions, la culture et toute l’histoire de la période que nous appelons, depuis la Renaissance, « Le Moyen Age », sont de manière absolument évidente marquées par l’influence profonde et durable du christianisme. Pour les historiens de la Renaissance, le « Moyen Age » représente une période de régression de la civilisation entre ces deux périodes « bienheureuses » qu’auraient été l’Antiquité romaine et grecque, païenne, et le renouveau païen de la Renaissance. Le Moyen Age, entre la chute de l’Empire romain et la Renaissance aux XVe et XVIe siècles, d’inspiration païenne de l’Antiquité, était considéré comme une période de ténèbres, d’obscurantisme, d’inculture et de barbarie. Pour ces historiens, qui nous ont tous marqués de leur interprétation de l’histoire, le retour aux valeurs antiques du paganisme représentait la « renaissance » de la vraie civilisation. Ainsi calomniait-on mille ans de civilisation chrétienne en Europe. En prolongeant dans le domaine culturel leur anti-catholicisme doctrinal, spirituel et ecclésiastique parfaitement justifié, les historiens réformés et évangéliques ont malheureusement trop souvent tout simplement adopté cette interprétation païenne et anti-chrétienne de l’histoire. C’est pour de telles raisons que le XVIIIe siècle, siècle anti-chrétien s’il en fut, avec son idolâtrie de la raison de l’homme libérée des contraintes de la Parole de Dieu, siècle révolté contre Dieu, est par tous nommé le siècle des « lumières ». De la même manière, le journal du parti communiste de l’Union Soviétique est appelé « Pravda », ce qui signifie « vérité » en russe. Cette interprétation de l’histoire est devenue l’interprétation officielle de notre passé. Elle valorise systématiquement toutes les conquêtes d’un humanisme anti-chrétien aux dépens du christianisme. L’aboutissement catastrophique en est aujourd’hui le nihilisme destructeur et suicidaire que nous voyons partout. La meilleure introduction à cette révision chrétienne de l’histoire médiévale est le petit livre de Régine PERNOUD, « Pour en finir avec le Moyen Age » (Points-Histoire, 1979), qui dégonfle admirablement toutes les baudruches éculées de l’historiographie humaniste. C’est un ouvrage à lire et à faire lire.

Le petit livre de Henri CHARLIER, « Création de la France » (Dominique Martin Morin, 1982), nous fait comprendre de façon admirable à quel point le christianisme imprégnait tous les aspects de la vie sociale, politique et culturelle de l’Europe chrétienne au Moyen Age. Si la Réforme fut une « réformation » des déformations doctrinales, spirituelles et ecclésiastiques de ‘Eglise de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance, sur le plan culturel elle marque une forte continuité avec le christianisme médiéval.

Jeanne d’Arc, avec son « Dieu premier servi », fut typiquement une figure médiévale les réformateurs avec leur « Soli Deo gloria » appartiennent à une même famille. En fait des Luther, des Calvin, des Viret, des Knox sont par bien des aspects des figures anachroniques dans un siècle marqué par la renaissance d’un humanisme orgueilleux. Des hommes comme Agrippa d’Aubigné et Gaspard de Coligny, et même un Henri IV, sont des preux qui ont survécu à l’âge de la féodalité, à l’honneur seigneurial. Tous avaient cette vision de la souveraineté de Dieu sur toutes choses qui marquait si fortement la vie de l’Europe médiévale jusqu’au début des temps modernes. Les catholiques de la Renaissance, par contre, s’étaient alliés de mille manières avec l’esprit moderne du nouvel humanisme paganisant. Par exemple, la Pléiade avait allié sans peine un catholicisme farouchement anti-réformé avec un attachement foncier aux valeurs impies de l’antiquité païenne. Par contre, la grande poésie réformée française du XVIe siècle allant de Clément Marot (1495-1544) et Théodore de Bèze (1519-1605) jusqu’à l’oeuvre immense et terrible d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), est beaucoup plus proche de la poésie religieuse et morale du Moyen Age telle qu’on la trouve chez un Rutebeuf (Xllle siècle), un Eustache Des-champs (XIVe siècle) ou même un François VilIon (XVe siècle), que de la tradition esthétisante de la Renaissance et d’une partie de la poésie des époques baroques et classiques (1). Il en est de même pour la musique du Psautier huguenot, si proche de la musique grégorienne. Cette continuité entre la civilisation chrétienne du Moyen Age et celle de la Réforme pourrait être démontrée de maintes manières.

Dans son dernier ouvrage, « Lettre ouverte à ceux qui ont mal à la France » (Albin Michel, 1985), le père R.-L. BRUCKBERGER, connu pour ses livres d’inspiration profondément biblique tels « La Révélation de Jésus-Christ » (Grasset, 1983), « Lettre ouverte à Jésus-Christ » (Livre de Poche, 1973) et son admirable traduction des Evangiles, « L’Evangile » (Albin Michel, 1976), pour n’en nommer que quelques-uns, nous livre aujourd’hui une révision déchirante de l’interprétation officielle de l’histoire de l’Europe depuis le XIVe siècle. Il voit en effet que le mal dont nous souffrons a commencé, non à la Réforme ou à la Renaissance, ou encore plus récemment à la Révolution française, mais déjà aux Xllle et XIVe siècles avec la réapparition dans les universités de l’enseignement du droit romain. A partir de cette époque, le droit romain a été utilisé, comme au temps de l’empire des Césars, à savoir pour justifier le droit d’user et d’abuser, non seulement de ses propres biens, mais aussi du pouvoir politique, ce qui est parfaitement contraire à l’enseignement de la Bible, qui affirme que, tout appartenant à Dieu, tout doit être géré par nous selon la loi divine. Bruckberger voit dans cette révolution légale commencée au XIVe siècle l’origine d’un capitalisme dénaturé, car libéré de la loi de Dieu, totalement égocentrique et ainsi en opposition au véritable capitalisme biblique de gestion des biens de ce monde pour Dieu et dans le but de faire fructifier la création pour le bien des hommes (voyez « Le capitalisme: mais c’est la vie! », PIon, 1983). Mais Bruckberger y voit également l’origine de l’Etat totalitaire moderne. Celui-ci, en passant en France par les légistes de Philippe le Bel, la monarchie de droit divin à la Louis XIV – inconnue au Moyen Age en dehors de la papauté -, a abouti à l’absolutisme des majorités démocratiques sans Dieu ni loi. La souveraineté, qui en fin de compte n’appartient qu’à Dieu, a ainsi été usurpée par les hommes. Son ouvrage, qui est la synthèse de nombreuses recherches historiques récentes sur ces questions, doit beaucoup à l’ouvrage monumental et indispensable de Régine PERNOUD, « Histoire de la bourgeoisie en France » (2 vols. Points-Histoire, 1981). Pour notre part, il nous semble qu’il faudrait chercher à pousser l’analyse plus loin encore, car le mal remonte, comme l’indique Francis SCHAEFFER dans son livre « Démission de la raison » (La Maison de la Bible, 1965), à l’introduction par Thomas d’Aquin (1225-1274) de la pensée d’Aristote dans la théologie de l’Occident. Il aurait également pu citer l’ouvrage magistral de Bertrand de JOUVENEL, « Du Pouvoir. Histoire naturelle de sa croissance » (PlurielPoche), qui retrace l’histoire du développement en Occident de la puissance absolue de l’Etat Moloch, sans Dieu ni loi, dont l’Apocalypse nous parle de manière impressionnante sous la figure d’une bête terrifiante.

Cette bête a fait sa première apparition spectaculaire sur la scène de l’histoire avec la Révolution française, prototype de tout le mouvement moderne contre le Christ et contre son influence dans notre monde. C’est ce caractère foncièrement et primordialement anti-chrétien de la Révolution française que décrit l’historien français Jean DUMONT dans son livre fortement documenté, « La révolution française, ou les prodiges du sacrilège » (Critérion, 1984). Il y démontre de façon convaincante que le coeur de la Révolution se trouvait dans son anti-christianisme. Face à d’autres manifestations de ce même esprit révolutionnaire, le grand théologien luthérien berlinois, converti du judaïsme au Christ, J-J. STAHL (1802-1861), écrivait en 1 852 ces paroles saisissantes:

« La Révolution est le rationalisme extérieur; le rationalisme est la révolution intérieure. L’un et l’autre sont la maladie mortelle de notre siècle. On dit que le rationalisme est de l’incrédulité: c’est faux, il croit en l’homme. On dit que la Révolution est le renversement de l’autorité: c’est faux, elle entend seulement que l’homme soit l’unique source du pouvoir et l’unique but de la société. L’un et l’autre affranchissent de Dieu l’homme ; l’un aboutit nécessairement à l’émancipation de la chair et au communisme ; l’autre à l’apothéose de la raison humaine tous deux à l’homme de péché prédit par St. Paul ». F.-J. Stahl: Was ist die Revolution ? (1852)

C’est cet immense danger que cherche à éclairer le père R.-Th. CALMEL dans son ouvrage « Théologie de l’histoire » (Dominique Martin Morin, 1984). Nous y trouvons un remarquable effort pour rejoindre la vision biblique de l’histoire telle qu’elle fut développée par Saint-Augustin dans la « Cité de Dieu ». C’est un ouvrage qui nous ouvre les yeux sur la présence si active et si puissante dans le monde moderne de l’esprit de l’anti-christ. Nous ne saurions trop recommander la lecture de ce livre, ceci malgré quelques aspects plus spécifiquement catholiques dont il faudra faire abstraction.

Pour terminer, nous vous signalons un ouvrage universitaire d’inspiration biblique et évangélique qui traite également des progrès inquiétants d’un esprit antichrétien dans notre civilisation. Il s’agit de la thèse remarquable de Jean-Pierre GRABER, « Les périls totalitaires en Occident » (La pensée universelle, 1983). J.-P. Graber cherche à identifier et à analyser les causes et les processus qui sont en train de conduire nos sociétés occidentales au totalitarisme. Le problème est analysé dans une perspective systématiquement chrétienne, ce qui est étonnant pour un ouvrage universitaire. Les causes de cet immense danger sont étudiées dans l’ordre suivant: l’évacuation de Dieu; la désagrégation des normes éthiques et des institutions traditionnelles ; le développement d’un droit purement sociologique ; la tension inévitable entre les tendances diverses d’une société pluraliste sans vrai consensus ; la régression de la liberté économique et de la propriété individuelle ; les virtualités totalitaires d’une société technicienne ; l’influence de la subversion ; finalement, la croissance constante de la puissance de l’Etat.

Comme Bruckberger, nous ne voyons pas la désintégration d’une civilisation qui a voulu se construire hors du dessein de Dieu, sans lui et en opposition ouverte à sa bonne Loi, comme une catastrophe irrémédiable. Un tel monde doit disparaître, car il a renié la source même de la vie et tous les fondements d’une véritable civilisation.

Ceux qui se tournent vers Dieu et qui gardent ses Paroles, c’est-à-dire sa Loi, par la force du Saint-Esprit qui leur a été donné, sont fondés sur un roc immuable, et sur ce roc peuvent construire pour l’avenir de manière durable. Mais, comme le dit Bruckberger dans son dernier ouvrage, pour sortir de l’impasse universelle actuelle:

« Il faut revenir à la religion, à la famille, à la propriété garantie de la liberté individuelle, à l’honneur du travail et de l’invention et à leur juste récompense, source fatale, mais tout à fait honorable, d’inégalités puisque tous n’ont pas le même génie et qu’il est juste que le laborieux réussisse mieux que le paresseux. »

Et il ajoute:

« Mais la confusion des esprits est telle, les résultats du socialisme et du communisme sont si désastreux pour la liberté et la dignité de l’homme, le Goulag est devenu une menace tellement proche pour le monde entier, qu’il nous faut commencer par le commencement, c’est-à-dire le retournement de l’homme vers Dieu. Soljénitsyne écrivait dans « Le Point » du 13 mai 1983: « Il est en vain de chercher une issue à la situation du monde, sans tourner notre conscience repentante vers le Créateur de toutes choses. Aucune autre issue ne s’éclairera, nous n’en trouverons pas, hors la quête opiniâtre de la douce main de Dieu que, dans notre inconscience, nous avons rejetée ». » (p. 124-125).

Jean-Marc BERTHOUD


(1) Sur la poésie réformée des XVIe et XVlle siècles, si méconnue aujourd’hui, il est utile de signaler les ouvrages suivants:
Albert-Marie SCHMIDT: Etudes sur le xvle siècle (Albin Michel, 1967)
Michel JEANNERET: Poésie et tradition biblique au X/le siècle (corti, 1969).
Jacques PINEAUX: La poésie des protestants de langue française de 1559 à 1598 (KlincKsieck, 1971)


les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)