Quel évangile pour aujourd’hui?

Je vis un autre ange qui volait au milieu du ciel; il avait un Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple. Il disait d’une voix forte: Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue; et prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eaux (Apocalypse 14.6,7).

Quel évangile pour aujourd’hui? La question peut paraître inappropriée aux yeux du lecteur averti, car Paul n’avait-il pas dit qu’il n’y a pas d’autre évangile que celui qu’il avait prêché (Galates 1.6), mais qu’il existait des perversions de la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu? Si, par conséquent, nous posons la question, ce n’est pas pour mettre en doute le message qui nous a été confié une fois pour toutes par Jésus-Christ et ses apôtres: c’est plutôt parce que le terme Evangile désigne divers aspects de la révélation divine, et qu’il nous est facile de privilégier un de ces aspects au dépens des autres. En voici trois:

1) l’Evangile de la grâce (Jésus-Christ mort à la croix pour les péchés du monde, ressuscité des morts et justifiant quiconque se repent et croit en lui – Romains 4.25- 5.1);

2) l’Evangile du royaume à venir, annoncé par le Seigneur au début de son ministère public (1’établissement sur la terre du royaume du Christ – Matthieu 5.3; 9.35);

3) l’Evangile éternel, selon le texte cité ci-dessus, qui appelle tous les hommes partout, en tout temps, à craindre et à glorifier celui qui est à la fois Créateur et Juge.

Avons-nous annoncé fidèlement ces trois dimensions d’une seule et même Bonne Nouvelle? L’Evangile de la grâce, qui annonce le pardon de Dieu pour quiconque se repent et croit.. en même temps que sa colère contre le péché et le jugement réservé aux impénitents, tend actuellement à céder la place à un «évangile» anthropocentrique conçu pour satisfaire aux besoins et aux aspirations des auditeurs tels que ceux-ci les ressentent et s’en préoccupent. Le désir, louable, de rencontrer l’interlocuteur «sur son terrain», peut avoir pour résultat d’escamoter l’essentiel du message qui nous a été confié.

L’Evangile du royaume nous gêne, car nous ne savons pas trop comment l’articuler avec l’Evangile de la grâce, surtout dans le temps présent. Une solution de facilité proposée par tel commentaire ou telle note en bas de la page est de lui réserver un accomplissement futur, selon l’exemple suivant: «Quelle est cette bonne nouvelle? Dieu se propose d’établir sur la terre le royaume de Christ, Fils de David, accomplissant ainsi l’alliance faite avec David (2 Samuel 7 .16).» Cela est vrai, mais est-ce suffisant? Dans son enseignement Jésus a souvent évoqué le royaume, lui donnant une réalisation actuelle…

Et que dire au sujet de l’Evangile éternel? Faut-il le projeter lui aussi dans l’avenir en disant, par exemple, qu’il «se réfère à la proclamation des jugements divins sur les méchants pendant la grande tribulation à venir. Il sera une bonne nouvelle pour les croyants dans leurs souffrances, puisqu’il leur annoncera délivrance et récompense. Devant les jugements, les habitants de la terre sont exhortés à craindre Dieu et à Lui donner gloire» ?

Le contexte de cet Evangile éternel, dans un chapitre «eschatologique» de l’Apocalypse, justifie cette interprétation. Mais devons-nous limiter son accomplissement à la fin des temps? Nous pensons que non, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son label «Evangile éternel» indique, non seulement que son message est toujours vrai – que Dieu a toujours été et sera toujours Créateur et Juge – mais qu’il peut et doit être annoncé à toute époque. En deuxième lieu, ce message doit être annoncé «aux habitants de la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple» et tous les peuples sont appelés à craindre Dieu, à le glorifier et à se prosterner devant lui (v.6). Quoi de plus clair pour nous faire comprendre qu’il concerne l’humanité tout entière? Troisièmement, cet Evangile saisit le temps par les deux bouts: par le début, où Dieu est le Créateur, et par la fin, où il sera Juge. Il fournit donc le contexte dans lequel s’inscrit l’Evangile de la grâce, à la manière d’une monture dans laquelle est enchâssé un diamant. Nous y reviendrons. Enfin, Paul nous donne un exemple magnifique de l’annonce de l’Evangile éternel dans son discours à l’Aréopage, devant un auditoire de choix: les «europaïens» d’Athènes. Si ce message était approprié à ce moment-là devant cette société-là, à combien plus forte raison s’applique-t-il à notre monde d’aujourd’hui! Nous proposons donc d’examiner ce texte de plus près.

Evangile pour les païens athéniens

22 Athéniens, je vois que vous êtes à tous égards extrêmement religieux. 23 Car, en passant, j’ ai observé tout ce qui est l’objet de votre culte, et j’ai même trouvé un autel avec cette inscription: A un dieu inconnu! Ce que vous vénérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce. 24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits par la main des hommes; 25 il n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. 26 Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul ( homme) habitent sur toute la face de la terre; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure, 27 afin qu’ils cherchent Dieu pour le trouver si possible, en tâtonnant. Or il n’est pas loin de chacun de nous, 28 car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes: Nous sommes aussi de sa race… 29 Ainsi donc, étant de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’imagination des hommes. 30 Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, 31 parce qu’il a fixé un jour où il va juger le monde selon la justice, par un homme qu’il a désigné, et il en a donné à tous (une preuve digne de) foi en le ressuscitant d’entre les morts… (Actes 17.22-31).

Paul adapte la présentation de l’Evangile -sa forme et le choix des aspects appropriés – à son auditoire. Dans la synagogue d’Antioche en Pisidie il avait dit aux Juifs que les prophéties messianiques de l’Ancien Testament, qu’ils connaissaient, avaient leur accomplissement en Jésus crucifié et ressuscité (Actes 13.16- 41 ). Il a pu construire son message sur un fondement de connaissance préalable. A Athènes, par contre, il a dû tenir compte de l’ ignorance totale en matière biblique de ses auditeurs, et leur donner le b-a-ba de la révélation divine. Et ce b-a-ba, ce n’est rien moins q’une initiation magistrale en théologie: la doctrine de Dieu!

Qui étaient ces stoïciens et ces épicuriens? Les premiers, nous dit le Nouveau Dictionnaire Biblique, avaient hérité du fondateur du stoïcisme (Zénon de Citium) une philosophie essentiellement panthéiste: la matière et la force seraient des principes fondamentaux de l’univers. «Les stoïciens donnent les noms de raison, providence, Dieu, à une force agissant partout, consciemment et avec intelligence; cette force, en même temps dépendante et impersonnelle, est un souffle ou un feu subtil, formant, pénétrant et vivifiant tout. Cet élément crée constamment et inexorablement des êtres et des mondes, puis les détruit. A la fin d’une période cosmique, l’univers est ramené à l’état de feu, puis reprend forme de monde. Le cycle se reproduit éternellement» (N.D.B. révisé et augmenté, p. 1239).

Le philosophe Epicure, quant à lui, «attribue la nature à des transformations parmi les atomes, et enseigne que ces atomes sont éternels. Epicure ne reconnaît pas l’existence d’un Créateur; mais par un étrange illogisme, il admet dans son système une multitude de divinités qui, jouissant d’un bonheur suprême, ne s’occupent pas des hommes» (N.D.B., p. 418). Dans une ville qui avait subi un long déclin depuis l’âge d’or de Périclès, la réflexion philosophique avait dégénéré en dilettantisme intellectuel: l’austérité stoïcienne, qui avait prôné la maîtrise de soi, produisait en fin de compte le désespoir; l’absence de souffrance recherchée par les épicuriens aboutissait à la luxure et à l’ impudicité. Ayant observé (et peut-être écouté) ces hommes, lu leurs auteurs, compris leur pensée et sondé leur superficialité et ignorance spirituelle, Paul accepte dans un esprit courtois et conciliant leur invitation de les rejoindre pour un dialogue à l’Aréopage (la colline du dieu de la guerre), à un jet de pierre de la célèbre Acropole avec ses monuments magnifiques. Inutile de sauter à pied joint dans l’Evangile de la grâce pour lequel ils sont loin d’être préparés: il va d’abord fournir le contexte, faire de la «pré-évangélisation» en leur présentant ce qu’ils ignorent totalement: un résumé de la doctrine de Dieu! Car il faut savoir qui il est, quels sont ses attributs et ses exigences avant de pouvoir apprécier le pourquoi de la repentance…

Il ne nous est pas possible, dans les confins de cet article, de faire une étude détaillée de l’ ensemble du discours. Mais le lecteur attentif aura remarqué que Paul commence par la doctrine du Dieu Créateur et finit par celle du Dieu Juge: bref, il annonce l’Evangile éternel! Avant d’examiner ces «deux bouts» de plus près, puis leur portée pratique, faisons un simple plan analytique du discours. Paul présente l’autorité et l’activité du seul vrai Dieu dans trois domaines:
 1) le domaine matériel de l’univers créé (24, 25),
 2) le domaine moral des nations (26-29),
 3) le domaine spirituel de la rédemption (30,31).

Dieu Créateur

Pour commencer, donc, Dieu est le Créateur de toutes choses: le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve.. (24a). Sachons apprécier la clarté, la profonde simplicité de cette affirmation en contraste avec les spéculations nébuleuses des philosophes athéniens! Mais revenons à notre époque, soumise comme elle l’est au panthéisme des religions orientales ou à l’évolutionnisme érigé en «science établie» qui ne tolère pas de mise en question. Quelles sont les conséquences de ce néo-paganisme qui évacue Dieu et le remplace par une force évolutionniste impersonnelle? L’origine et le développement de l’ homme sont expliqués par le «hasard et la nécessité»; l’histoire est vue comme un passage lent mais inévitable de l’inférieur au supérieur; l’homme est libéré de toute responsabilité vis-à-vis d’un Dieu personnel… en même temps qu’il perd sa dignité et sa valeur d’ avoir été créé à l’image de Dieu.

Où cela nous conduit-il? Si Dieu n’existe pas, ou si la question de son existence est réduite à une considération non-scientifique et sans importance, alors l’homme est un accident du hasard, et ses lois et sa compréhension morale sont relativisées pour devenir, elles aussi, des accidents de l’époque et du lieu où l’homme se trouve. Sans un Dieu absolu, Créateur tout-puissant à qui l’homme, la créature, doit rendre compte, la loi et la morale perdent leur substance et leur autorité contraignante, et l’homme lui-même, sans parler de la culture et des nations, est en danger de disparaître à son tour. Comment expliquer autrement le désordre, la violence, le terrorisme, les meurtres et les massacres qui envahissent notre monde de plus en plus?

Prenons le problème du SIDA comme exemple. Lors d’un programme télévisé récent, consacré à la prévention de cette maladie redoutable, un croyant a proposé la fidélité conjugale comme protection plus efficace que l’utilisation du préservatif. La réaction ne s’est pas fait attendre: moqueries de la part des animateurs du programme, un tollé de sifflements des nombreux assistants devant des dizaines de millions de téléspectateurs! Parce que, voyez-vous, si Dieu est le grand Absent, l’homme ne veut admettre un frein quelconque à son comportement. Mais si Dieu existe, et s’il est le Créateur, entre autre de notre sexualité, alors il a certainement des conseils à nous donner quant à la meilleure utilisation de ce don, et c’est dans notre intérêt de nous «conformer aux instructions du fabricant» ! Le monde d’aujourd’hui a désespérément besoin de ré-entendre l’Evangile éternel de Dieu Créateur.

Résumons les points essentiels de la suite du cours de théologie que donne Paul aux Athéniens:
 -Dieu est suprême (24b )
 -Il est transcendant (24c )
 -Il suffit à lui-même (25a)
 -Il pourvoit aux besoins des hommes (25b )
 -Il est souverain (26)
 -Il est accessible (27a)
 -Il est immanent (27b )
 -Il soutient toute vie (28)
 -Il est esprit (29)
 -Il est patient (30a)
 -Il exerce une autorité légitime (30b)
 -Il a fixé le jour du jugement (31a)
 -Il est le Juge (31a)
 -Il est le Dieu de Jésus-Christ (31b)
 -A qui il a délégué le jugement
 -qu’il a ressuscité d’entre les morts.

Dieu Juge

Après avoir évoqué la «grâce commune» de Dieu dans ses oeuvres de Créateur et ses rapports avec les nations, et avant de pouvoir aborder le thème de la grâce «spéciale» de Dieu dans la Rédemption (a-t-il été interrompu?), Paul annonce le jugement futur comme une certitude. C’est Dieu lui-même qui a fixé le jour du jugement et délégué son exercice à l’ homme qu’ il a ressuscité d’entre les morts. Au sujet de «Dieu: le Juge suprême», le Nouveau Dictionnaire Biblique donne ce résumé dense: «La première mention d’un juge dans la Bible s’applique à Dieu, le juge de toute la terre (Gn 18.25). Il est le Juge des individus comme des peuples (Gn 3.14s; 15.14; 16.5; 20.3; 31.53). Toute autorité judiciaire découle de lui (cf. Mt.22.15-22; Rom. 13.1-7; 1 Tim. 2.2.; 1 Pi. 2.13s). Dieu reprendra ses fonctions de Juge suprême lors du Jugement dernier (Dt. 32.35s; Mt. 5.21-26; Rom. 3.6; Hbr. 10.30; 12.23; Jq. 4.12; 5.9), mais dévoluera le jugement à son Fils Jésus-Christ (Mt. 25.31-46; Jn. 5.22s; 8.16; Ac. 10.42; 17.31; 1 Cor. 15.24-28; 2 Tim. 4.1; 1 Pi. 4.5»> (N.D.B. p. 714).

Elément indispensable dans l’annonce de l’Evangile éternel, pour préparer, à l’annonce de l’Evangile de la grâce, des auditeurs qui ne savent rien au sujet du Dieu de la Bible: le Dieu Créateur au début des temps et pendant tous les temps, à qui nous devons notre existence même, nous donne à tous, sans exception, rendez-vous à la fin des temps pour le jugement. Nous aurons à comparaître devant son Fils, établi Juge, pour lui répondre de notre écoute ou refus d’écoute, de notre foi ou incrédulité, de notre obéissance ou rébellion. Voilà le contexte indispensable de l’Evangile de la grâce, la monture, comme nous l’avons déjà dit, dans laquelle doit être enchâssée comme un diamant précieux la Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour, de miséricorde et de grâce qui nous a visités en son Fils pour notre rachat. Passer sous silence ces vérités fondamentales -que Dieu est Créateur et Juge – c’est négliger une étape indispensable de «pré-évangélisation» sans laquelle nos contemporains ne s’intéresseraient pas à l’annonce que «Jésus les aime ou qu’il est la réponse à leurs problèmes»; c’est, en somme, prêcher un message à l’eau de rose… D’où, sans doute, la stérilité de tant d’activités qui passent pour de l’évangélisation!

La repentance

Quand Paul dit aux Athéniens que Dieu annonce (litt. ordonne ) maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir (30), qu’entend-il par la repentance? Le verbe metanoeô, changer d’avis, a d’abord une résonance intellectuelle avant de trouver des expressions affectives et volontaires. Pour les hommes du premier siècle (comme pour nous), il s’agissait d’abord de corriger leur façon de penser, de les amener à admettre humblement qu’ils s’étaient trompés dans leurs spéculations philosophiques et religieuses, qu’ils avaient besoin de revenir au point de départ et se laisser instruire au sujet du seul vrai Dieu. Cela ne devait pas être facile pour des hommes orgueilleux, enclins à mépriser ce «picoreur de graines philosophiques» qu’était Paul à leurs yeux. «L’appel à la repentance devait déplaire tant au stoïcien qu’ à l’épicurien; à celui-ci parce qu’il contredirait son refus de l’immortalité et sa conception des dieux; à celui-là parce que le stoïcien croyait que l’homme sage suffisait à lui-même, n’avait pas besoin de rédemption et aucune raison de craindre un jugement à venir» (commentaire d’E. M. Blaicklock, Eerdmans, p. 142).

Il en est de même aujourd’hui. Nous annonçons l’Evangile éternel pour corriger les fausses notions de nos contemporains, et nous les appelons à changer d’avis, à reconnaître la réalité de ce Dieu unique et redoutable, Créateur et Juge, à qui ils doivent leur existence et devant qui ils doivent comparaître un jour. Cela devrait les préparer ensuite à regretter leurs fautes, à les confesser et les abandonner au pied de la Croix, Il n’y a pas de chemin de raccourci qui permette de contourner cette étape, indispensable préambule à l’Evangile de la grâce. Toutefois, ne nous laissons pas surprendre pas les réactions défavorables, voire violentes, que ce message ne manquera pas de susciter.

Paul a-t-il regretté, comme certains le pensent, son sermon à l’Aréopage? A quelques rares exceptions près, ses auditeurs l’ont rejeté. Adversaires farouches de l’ idée de la résurrection, les épicuriens se sont moqués de lui. D’autres, sans doute stoïciens, ont dit plus poliment: Nous t’entendrons là-dessus une autre fois (32). Désillusionné par son «échec» à Athènes, dit un commentateur, il aurait eu le sentiment que sa tentative d’adapter la forme de présentation au climat philosophique avait produit peu ou pas de résultat. C’est pourquoi, dit-on, arrivé à Corinthe, il décide d’abandonner le style philosophique et de prêcher simplement «Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié» (1 Corinthiens 2.2).

Nous ne sommes pas de cet avis, pour plusieurs raisons. D’abord, la rencontre avec les philosophes athéniens a porté du fruit (quoique modeste ), car quelques-uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent (34), dont un homme influent. Les historiens de l’Eglise primitive ajoutent que l’église d’Athènes, dont nous voyons les modestes débuts ici, a été l’une des plus belles communautés chrétiennes du premier siècle. Ensuite, rien n’aurait empêché Paul, avant son départ d’Athènes – celui-ci n’ayant apparemment rien de précipité – de conduire ses nouveaux disciples plus loin en les instruisant dans l’Evangile de la grâce. De même enfin, nous semble-t-il, arrivé à Corinthe et adaptant son approche à une nouvelle catégorie d’auditeurs, composés essentiellement de commerçants et autres classes moyennes, Paul n’aurait pas négligé de préparer l’annonce de la grâce de Dieu par des éléments appropriés de «pré-évangélisation» inspirés par l’Evangile éternel. A notre tour nous devons nous attendre à ce que nos affirmations concernant Dieu Créateur et Juge ne plaisent pas à la majorité de nos interlocuteurs. Qu’importe, pourvu que nous annoncions fidèlement tout le dessein de Dieu (Actes 20.27), et qu’ainsi le Seigneur atteigne par son Esprit ceux qui sont destinés au salut. Soli Deo gloria!

Frank Horton

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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