Quatre empires pour résumer l’histoire du monde

L’article qui suit a été publié dans les «Nouvelles d’Emmaüs » en mai 1991, c’est-à-dire au moment de la guerre du Golfe. Les circonstances ont changé, mais son intérêt reste le même. Nous remercions l’Institut Emmaüs de nous accorder l’autorisation de publier ces lignes !

Le monde vit à l’heure des changements: chute des régimes communistes en Europe de l’Est, guerre du Golfe, mise en place d’un nouvel ordre international. Comment faut-il interpréter ces bouleversement ? Peut-on y discerner des signes de la fin des temps ? La concentration démesurée des armes les plus sophistiquées au Proche-Orient ou l’appel lancé par Saddam Hussein une guerre sainte contre Israël étaient-ils des prémices de la bataille d’Armaguédon?

Une vision divine donnée il y a plus de 2500 ans à Nébucadnetsar, roi de Babylone (et héros de Saddam Hussein!), jette une lumière intéressante sur l’actualité. Ce rêve est l’objet de notre étude. Pour ne pas décevoir le lecteur, précisons cependant que la vision concerne, non pas des événements particuliers, mais des tendances générales: les lignes de forces de l’histoire mondiale.

En 604 avant ]ésus-Christ, Dieu troubla le sommeil de l’empereur Nébucadnetsar par la vision d’une statue immense et d’une splendeur extraordinaire (Daniel 2). Le prophète Daniel, chargé d’interpréter le message divin, indique que le rêve concerne l’avenir de l’humanité (Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver dans la suite 2.45). Une succession de royaumes terrestres précèdera l’établissement définitif du royaume divin. Les empires humains sont symbolisés par la statue splendide qui finit par être réduite en poussière, le royaume divin par une pierre qui après avoir anéanti la statue devient une montagne remplissant toute la terre. La leçon principale est à la portée de tout lecteur: le règne de Dieu succédera au règne des hommes.

Un deuxième enseignement manifeste porte sur les éléments constituant l’objet. Quatre métaux divisent la statue en quatre parties: tête d’or, poitrine et bras d’argent, ventre et cuisses de bronze, jambes et pieds de fer. Comme chaque partie représente un royaume, l’ensemble symbolise quatre royaumes. De plus, le premier empire est identifié: Nébucadnetsar est la tête d’or (2.38).

Une triple progression

Pour saisir d’autres aspects de la vision, une étude détaillée est nécessaire. A la base de l’étrangeté de la statue, se trouvent les divers matériaux qui la morcellent. Les métaux et les différentes parties de la statue ainsi formée suivent un ordre précis. Cet ordre est d’un intérêt capital: il consiste en une progression à trois niveaux.

En premier lieu on peut observer une diminution de la valeur. De l’or, on passe à l’argent, puis au bronze et enfin au fer. A la valeur décroissante des métaux, s’ajoute la valeur décroissante des membres du corps. Le premier empire est représenté par la partie la plus noble du corps (la tête), et le dernier royaume par les membres les plus vils (les pieds). Cette double évolution est représentative de la valeur décroissante des royaumes. Ainsi, Daniel qualifie le deuxième empire de moindre que le premier (2.39).

En deuxième lieu, la statue est affectée par un morcellement croissant. De la tête formant un bloc monolithique, on passe à des empires représentés par plusieurs parties (poitrine et bras; ventre et cuisses; jambes et pieds). Pour le dernier empire, plusieurs détails soulignent un morcellement supérieur aux précédents:
a) il est symbolisé par deux termes au pluriel (jambes et pieds);
b) il se termine avec les orteils, soient dix parties;
c) son morcellement est souligné (ce royaume sera divisé 2.41);
d) son manque d’unité est illustré par la composition peu stable du fer et de l’argile. Ainsi les alliances humaines qui chercheront à préserver son unité, seront fragiles à l’extrême (ils ne s’attacheront pas l’un à l’autre, de même que le fer ne se mélange pas avec l’argile 2.43). La décomposition de l’empire est aussi croissante puisque la description se termine avec les orteils. Finalement, la fragmentation atteint son point extrême avec la pulvérisation de la statue. Réduite en poussière, ses fragments sont dispersés au vent, ce qui souligne bien leur légèreté, et donc leur dimension microscopique.

La troisième progression se situe sur le plan d’une dureté croissante, Du plus tendre des quatre métaux (or), on pas- se progressivement au plus dur (argent, bronze, fer). La dureté du dernier métal est même soulignée (solide comme du fer 2.40). Cette progression de la nature des métaux symbolise une dureté croissante des différents royaumes. Ainsi pour le troisième royaume, la mention du métal précède immédiatement la mention de la puissance du royaume (le troisième royaume, qui sera de bronze et qui dominera sur toute la terre v.39). Quant à la dureté du dernier royaume, elle est directement associée à la dureté du métal (de même que le fer pulvérise et brise tout, il [le quatrième royaume] pulvérisera et brisera tout, comme le fer brise tout 2.40).

De Babylone à Rome

A l’analyse de la statue, il convient maintenant de relier l’histoire des hommes. Puisque Daniel nous informe que le premier royaume est Babylone, il est naturel d’identifier les trois autres avec les empires perse, grec et romain respectivement. Ces puissances (tous les historiens le reconnaissent) ont dominé successivement le monde antique, et Israël en particulier. Ainsi pour l’histoire de Babylone à Rome, la triple progression annoncée par Dieu peut s’expliquer de la manière suivante.

La diminution de la valeur représente non pas une diminution de la puissance de ces royaumes – l’histoire nous enseigne que les empires perse, grec et romain étaient plus étendus que l’empire babylonien -, mais une diminution de la puissance du roi. Daniel n’identifie-t-il pas la tête d’or au roi Nébucadnetsar lui- même (« Tu es le roi des rois… c’est toi la tête d’or» v.38) ? Nébucadnetsar est un roi qui possède tous les pouvoirs. Du jour au lendemain, il peut condamner à mort toute l’élite intellectuelle de l’empire (2.5, 12). Plus tard, les rois perses, bien que très puissants, n’étaient plus tout-puissants. Ils étaient sous la loi. Des courtisans exigent de Darius un respect de son propre édit royal (6.13-14), et malgré tous ses efforts, ce dernier ne peut y soustraire Daniel (6.15). L’auteur du livre d’Esther relève deux fois l’immuabilité des lois des Mèdes et des Perses (1.19; 8.8). Ainsi, le roi Assuérus se trouve lui aussi lié par sa propre loi (Est 8.8). Si l’on passe au royaume grec berceau de la démocratie, on constate que le pouvoir du chef s’est encore affaibli. Ce n’est plus un homme qui dirige le pays, mais toute une couche de la population: les citoyens. Ce mouvement de décentralisation franchit une étape supplémentaire avec l’empire romain où la citoyenneté n’était même plus nécessairement liée au sang. A prix d’argent ou par différents services rendus à l’empire (en particulier en s’enrôlant dans les légions romaines), ce droit pouvait être acquis. Ainsi un Espagnol a même pu accéder au titre d’empereur romain.

Si la diminution de la valeur des métaux annonce un mouvement général de prise de pouvoir par le peuple, cette fragmentation du pouvoir politique est aussi annoncée et illustrée par le morcellement de la statue.
La troisième progression dans la statue préfigure la dureté croissante de ces empires. Historiquement les quatre empires ont opprimé le peuple Juif, mais la pointe de la persécution semble s’accroître sous chaque empire. Nébucadnetsar a déporté et décimé un peuple infidèle. L’empire perse voit Haman, premier ministre d’Assuérus, chercher à exterminer la totalité du peuple élu (Est. 3). Sous la domination grecque, Antiochus Epiphane après avoir profané le temple et proclamé l’abolition du judaïsme, fit massacrer des populations entières en Judée lorsque celles-ci refusaient de Se plier à son programme d’hellénisation intensive (1 Macc. 1). Pilate, enfin, procurateur romain, après avoir harassé les Juifs pendant plusieurs années, mit un comble à ses péchés en condamnant à mort le Fils de Dieu.

Jusque là tout semble confirmer l’identification des trois derniers royaumes avec la Perse, la Grèce et Rome. Com- me d’autre part le Messie s’est incarné lors de la domination romaine, et que suite à sa victoire sur la mort, il s’est assis à la droite du Père, plus d’un commentateur identifie la pierre qui s’est détachée sans l’aide d’aucune main (2.34) avec la première venue de Christ. Le royaume divin représenterait alors le règne spirituel du Messie, ou son règne terrestre exercé par l’intermédiaire de l’ensemble des vrais chrétiens. Cette explication ne rend cependant pas justice à la vision qui traite de la domination terrestre et politique du monde. L’établissement du royaume éternel n’est pas encore réalisé. Et s’il est devant nous, la fin du dernier empire humain l’est aussi. L’identification faite ci-dessus des différents royaumes est-elle alors injustifiée ? Certainement pas. Seule une remarque supplémentaire doit être apportée au sujet du dernier empire.

Le royaume de l’ Antichrist

Plusieurs indices suggèrent que le quatrième royaume représente, et l’empire romain, et l’empire de l’Antichrist. Premièrement, la description du quatrième empire est en deux parties: les jambes sont de fer, et les pieds de fer et d’argile (2.33). Cette séparation horizontale entre des parties du corps (jambes et pieds) et les matériaux de composition (fer d’un côté, fer et argile de l’autre) est caractéristique des « frontières » entre les différents royaumes de la statue. Notons aussi que la pierre ne frappe que les pieds de la statue, c’est à dire que la deuxième partie de ce quatrième royaume.

Deuxièmement, la première venue de Christ est un événement clé dans l ‘histoire des hommes. Le sacrifice du Fils de Dieu ouvre un temps de grâce sans précédent, puisque le salut divin est offert à tous les peuples. Cette ère de grâce n’est cependant pas mentionnée dans une vision qui annonce à un roi orgueilleux (cf. Dan 4) la disparition des empires humains pécheurs. Comme un chronomètre peut être interrompu dans certains jeux d’équipe (basket, hockey sur glace) le temps d’organiser la réparation d’une faute, ainsi la croix du Christ suspend-elle un instant le compte à rebours du jugement final; et comme l’histoire du jugement de l’humanité est arrêtée, l’image symbolisant le jugement des royaumes terrestres marque, elle aussi, une pause. Lorsque le temps de grâce sera passé, lorsque ce qui retient « le mystère de l’iniquité » aura disparu (2 Thess 2.7-8), alors viendra le royaume de l’Antichrist, alors reprendra la vision. Ainsi le temps de la grâce sépare les jambes de fer de la statue (l’empire romain) de ses pieds de fer et d’argile (le règne de l’Antichrist).

Troisièmement, la mention d’un ensemble par une partie est chose courante. D’autre part, les chiffres ont joué un rôle important dans l’Antiquité, et dans la pensée hébraïque, le chiffre quatre est souvent associé à la terre. Il suffit de penser aux quatre vents des cieux (Dan 7.2), aux 40 jours du déluge, aux 400 ans en Egypte, aux 40 ans d’Israël dans le désert, aux 40 ans d’une génération (Jug 43.11; 5.31; 8.28), aux 40 jours de tentation de jésus, aux 40 jours du ressuscité sur terre. Dans notre vision, les quatre royaumes représentent tous les royaumes du monde.

Il faut savoir aussi que dans la pensée biblique la totalité est souvent exprimée par les extrêmes. Celui qui voyage dans toute la Palestine affirmera qu’il a parcouru le pays « de Dan à Beer-Schéba », c’est à dire de la ville située à l’extrême Nord à celle construite à l’extrême Sud. Quand l’Eternel règne sur toute la terre, on utilise l’expression « du lever du soleil (à l’Est) à son coucher (à l’Ouest) ». Daniel utilise souvent cette « technique littéraire » pour exprimer la totalité. De ses actes de fidélité, il ne donne que deux exemples: l’un situé dans sa jeunesse (refus de consommer des aliments impurs: chap. 1), l’autre dans sa vieillesse soixante-dix ans plus tard (refus de ne pas prier Dieu trois fois par jour: chap. 6); du royaume babylonien, notre prophète ne mentionne que deux rois: le premier (Nébucadnetsar) et le dernier (Belchatsar). Cette technique des « bornes » est utilisée pour les cinq visions eschatologiques: la statue (chap. 2), les quatre bêtes (chap. 7), le bélier et le bouc (chap. 8), les soixante-dix semaines (chap. 9), la vision finale (chap. 11-12). A chaque fois, la vision prend son envol dans une période historique proche (en général) du prophète, suspend ensuite la narration pendant une période importante, la reprend enfin juste avant le retour de Christ et l’établissement du royaume éternel. Comme les moteurs d’une fusée lunaire sont allumés pour quitter la terre, arrêtés lorsque le bolide a reçu une impulsion suffisante, réactivés enfin une deuxième fois juste avant l’alunissage, ainsi en est-il de ces prophéties. Début et fin sont seuls mentionnés.

Pour clore, un quatrième indice de la nature particulière du dernier royaume nous vient du chapitre 7. Sans entrer dans les détails, relevons que la vision des quatre bêtes est parallèle à nôtre vision du chapitre 2:
a) les deux révélations mentionnent quatre royaumes terrestres,
b) les deux sont situées aux deux extrêmes (ou « bornes ») de la section en araméen organisée en forme de chiasme
(cf. A. Kuen, .66 en 1., p.121). Si les trois premières bêtes peuvent être assez facilement identifiées avec Babylone, la Perse et la Grèce respectivement (7.4-6), la quatrième bête est « différente de toutes les bêtes précédentes » (7.7), et aucun nom d’un animal connu ne lui est donné.

Actualisation

Le quatrième royaume représente donc le royaume romain et l’empire de l’ Antichrist. Le lien étroit entre ces deux empires (ils sont rassemblés en un seul royaume) permet de penser que le deuxième sera l’héritier et le successeur du premier. Si la réalité de la relation est manifeste, la nature de ce lien est plus difficile à définir. Les deux royaumes partageront-ils la même capitale (Rome), ou le même territoire (l’Europe occidentale et le bassin méditerranéen), ou bien le lien se limitera-t-il à l’idéologie? Un monde uni sous une autorité mondiale (Nations-Unies) fortement influencée par les nations occidentales (Europe et USA) et « occidentalisées » (Japon) pourrait alors correspondre à l’héritier légitime de l’empire romain. La prudence doit nous garder d’une identification trop rapide, car plus d’une « solution » peut être envisagée.

Si le royaume de ‘Antichrist échappe (pour l’instant) à une identification trop précise, l’évolution de l’histoire mondiale est mieux tracée. Comme le royaume de l’Antichrist et l’empire romain sont unis sous le quatrième empire, l’évolution amorcée dans la période précédant la venue de Christ, reprendra et poursuivra son cours à la fin des temps. C’est ici qu’un rapprochement avec l’actualité est des plus révélateurs, car bien des événements donnent à penser que la mise en place des conditions favorables à l’avènement du royaume de l’Antichrist avance à grands pas.

Fragmentation du pouvoir. De la révolution française (avec son slogan ni Dieu ni roi), à Mai 68 en passant par l’avènement du communisme, l’autorité du peuple est de plus en plus revendiquée, et à n’importe quel prix. Même la libéralisation de l’Europe communiste suit ce cours. La guerre du Golfe a mis en évidence l’influence grandissante des mass médias et de l’opinion du peuple que chaque dirigeant occidental cherche à amadouer quand il ne peut les contrôler.

Multiplication d’alliances fragiles. Les efforts d’alliances mondiales se multiplient. Récemment des rapprochements aussi spectaculaires qu’étonnants ont eu lieu: USA-URSS, USA-Syrie pour n’en mentionner que deux. Sur le plan idéologique et religieux, le mot d’ordre est à une tolérance indifférenciée. Que ce soient les rencontres interreligions comme celle organisée par ]ean-Paul II à Assise ou les efforts tentaculaires du conseil oecuménique d’absorber toutes les églises, les signes ne trompent pas. Le vent du compromis menace de tout balayer sur son passage.

Opposition croissante à Dieu. Les libertés promises par des pouvoirs « populaires » ont souvent abouti à des mas- sacres généralisés. Révolutions française et communiste ont laissé derrière elles des rivières de sang innocent, en général celui de martyrs chrétiens. L’indifférence à Dieu est une des marques de notre société contemporaine, et la nouvelle spiritualité qui pointe à l’horizon du Nouvel Age n’a rien de rassurant.

Aux événements décrits ci-dessus, il faudrait ajouter des faits relatifs à Israël. Comme la vision donnée à Nébucadnetsar concerne l’évolution mondiale, l’avenir particulier du peuple juif n’y est pas mentionné. Par contre lorsque Daniel passera de l’araméen, langue internationale de l’époque (chapitres 2-7) à l’hébreu, langue du peuple élu (chapitres 8-12), les prophéties concerneront en priorité Israël. Les persécutions du peuple juif dans son pays à la fin des temps sont nombreuses et explicites (Dan 8.11-14; 9.24-27; 11.16,28, 31,41). L’agression verbale, puis militaire de Saddam Hussein qui se vante d’être le Nébucadnetsar des temps modernes, est significative. Même si l’agression est restée mineure sur le plan militaire, verbalement elle était des plus inquiétantes: les projets du despote de Bagdad n’étaient-ils pas de faire périr tous les Juifs? De plus, l’oppression des Juifs s’est déplacée de l’Europe nazie vers la Terre Sainte, lieu de l’Armaguédon finale.

En guise de conclusion, recevons l’enseignement du figuier: «Dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche» a dit le Christ (Mat 24.32). Les signes récents ne nous indiquent-ils pas que l’avènement du Christ est proche? A quand son retour, personne ne peut le dire avec exactitude, mais il est certainement très proche. A nous de savoir mettre à profit le temps de grâce qu’il reste au monde pour lui annoncer l’Evangile et l’exhorter à se tourner vers le Sauveur du monde avant l’heure du jugement final.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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