Quand Dieu prend son temps

Cet article est déjà paru sur le périodique Le Lien Fraternel de mars 2018. Il est reproduit avec l’aimable autorisation de l’Association évangélique d’Églises baptistes de langue française et de son auteur.
La traduction de la Bible utilisée dans cet article est la Segond 21.

Le chapitre 2 de l’Exode nous parle d’une attente, une très longue attente.
Dieu, qui a adressé des promesses saisissantes à son peuple, Israël, semble prendre son temps pour les accomplir. Comment Dieu révèle-t-il son caractère et ses projets dans nos temps d’attente ?

Dieu délivre

Le contexte de notre chapitre est terrifiant : un pharaon cruel ordonne de supprimer tous les enfants mâles des Hébreux (cf. ch. 1). Or une mère, qui reste anonyme ici, va faire un geste qui, à coup sûr, lui a terriblement coûté. Qui peut imaginer laisser son enfant dans une « caisse de joncs » (2.3) sur un fleuve ? Mais l’histoire se termine bien — en tout cas, aussi bien que possible vu les circonstances. La maman devra renoncer à ses prérogatives de mère, mais elle aura le réconfort de voir son garçon grandir, et de le savoir protégé. Son bébé va non seulement être sauvé du massacre, mais encore être accueilli et élevé dans la famille du pharaon.

C’est un retournement de plus dans une histoire qui en compte beaucoup. Dieu préserve l’enfant, Moïse. Mais c’est une délivrance discrète, à petite échelle. Dieu utilise une fois de plus des gens modestes. Une maman anonyme dont l’amour déborde au point d’avoir recours
à une solution presque inimaginable. Une grande sœur pleine de courage qui va oser, elle fille d’esclaves, s’adresser à rien moins que la fille du pharaon, et lui proposer une nourrice (2.7).

Dieu aime utiliser des gens ordinaires pour accomplir ses projets. On ne cesse de le voir dans les Écritures. C’est un rappel pour nous, gens ordinaires à qui Dieu confie une mission extraordinaire, unique : être les porteurs de son message de réconciliation avec le monde.

Le texte évoque ensuite une deuxième délivrance. Moïse, qui se découvre une nouvelle solidarité avec le peuple hébreu, tue un Égyptien qui maltraitait un Hébreu, et doit se cacher pendant des années dans un pays étranger (2.15). Une fois de plus, sa vie est menacée par le pharaon qui, pourtant, est en quelque sorte son grand-père adoptif. On peut imaginer le déchirement pour celui qui a été élevé à la cour. Pourtant, si cette fuite peut paraître honteuse, elle sera en réalité salutaire. Dieu va à nouveau protéger Moïse des attaques du pharaon, le « cacher », comme il avait été caché par sa mère après sa naissance.

Mais Israël continue de souffrir. La fin du chapitre le confirme d’ailleurs explicitement : « Les Israélites gémissaient du fond de l’esclavage, ils poussaient des cris » (2.23). L’attente d’une délivrance à grande échelle perdure. Mais à petite échelle, dans la vie de Moïse, Dieu montre qu’il est un libérateur. Et s’il libère Moïse par deux fois, c’est parce qu’il veut utiliser Moïse pour libérer tout son peuple.

Dieu n’a pas changé. Aujourd’hui encore, il est le Dieu libérateur. Nous qui sommes chrétiens, nous affirmons que nous avons été « sauvés », délivrés par Dieu du pire esclavage qui soit : celui du péché et de la mort, celui d’une vie vécue loin de Dieu. Ainsi parle Paul (Gal 4.7) : « Tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier de Dieu par Christ. » Peut-on imaginer meilleur destin que celui-ci ? Y croyons-nous vraiment ? Pouvons- nous proclamer avec force que Dieu nous a délivrés, quelles que soient nos circonstances
aujourd’hui ?
Dans notre quotidien également, nous assistons plus souvent que nous ne voulons le reconnaître à des délivrances à petite échelle qui nous rappellent le caractère de Dieu. Combien de fois Dieu nous a-t-il délivrés d’une situation difficile ? Combien de fois nous a-t-il relevés alors que nous étions abattus, voire effondrés ?
Dieu est le Dieu qui délivre. Et lorsqu’il nous fait attendre, cela ne l’empêche pas de se manifester dans nos vies comme le Dieu qui délivre.

Dieu prépare

Le chapitre 2 de l’Exode nous présente pour la première fois Moïse qui va devenir, après Dieu, le personnage-clé de tout le livre. Le chapitre 3 décrira son appel. Mais ici se dessine plutôt sa formation, sa longue formation. Dieu l’a préparé d’abord, bien sûr, en permettant qu’il soit sauvé des eaux. Ensuite, même si le texte ne s’y attarde pas ici, le Nouveau Testament confirmera que Moïse a été formé au sein de l’élite égyptienne : « Moïse a été formé avec toute la sagesse des Égyptiens » (Act 7.22, cf. aussi Héb 11.26). Fils de la fille de Pharaon, Moïse a indubitablement reçu ce qu’il y avait de meilleur en Égypte. Mais Dieu a aussi fait un travail dans son cœur : « Une fois devenu grand, Moïse sortit vers ses frères et vit leurs pénibles travaux » (2.11). Moïse considère les Hébreux comme « ses frères ». Il s’identifie au peuple hébreu. Cette évolution de son « identité » va prendre un tournant dramatique lorsqu’il assassine l’Égyptien (2.12). Le texte ne se prononce pas sur le geste de Moïse. Mais ce meurtre confirme définitivement le basculement d’identité de Moïse. En prenant parti pour un Israélite contre un Égyptien, il a choisi son camp, même si ce camp se méfie encore de lui (2.14). Et Dieu continue à préparer Moïse à devenir le libérateur de son peuple. La dernière étape de cette préparation se fera dans la fuite au pays de Madian, sans doute quelque part sur la péninsule arabique.
Moïse a définitivement renoncé à la gloire de l’Égypte. Il vit en immigré (2.15), serviteur d’un prêtre, Réouel. Moïse va passer près de quarante ans (cf. 2.21 ; Act 7.23) dans cette situation entièrement nouvelle, très loin des palais égyptiens. Le début du chapitre 3 nous indique qu’il travaille tout simplement comme berger, lui qui était promis à un avenir dans la noblesse égyptienne. On peut supposer que Moïse a mûri pendant ce temps. Il a appris l’humilité, la simplicité, et s’est sans doute débarrassé des réflexes de privilégié qu’il avait pu acquérir en Égypte.
Chacun d’entre nous est certainement « en attente » de quelque chose: une meilleure situation professionnelle, la fin d’un conflit, une guérison, la rencontre d’un futur conjoint. En tant que chrétiens nous attendons en particulier que notre amour pour Dieu grandisse, que notre foi soit plus ferme, que nos hésitations laissent place à une plus grande confiance en lui. Moïse attendra quarante années. Mais tout au long de cette attente, Dieu l’a formé. Vous me direz : « Oui, mais je n’ai pas la même vocation que Moïse. » C’est vrai. Mais la nôtre n’est pas moins glorieuse. Elle l’est même plus, si j’en crois le Nouveau Testament. Nous chrétiens sommes invités à être porteurs d’une parole qui libère les hommes et les femmes de l’oppression d’une vie vécue sans Dieu, du péché, du mal, de la futilité et de la mort. Dieu nous appelle tous à être au service de la plus grande des causes. Peut-être devons- nous, nous aussi, laisser Dieu nous libérer douloureusement ? Nous libérer des espérances qui nous animent aujourd’hui et qui sont peut-être de fausses espérances ou des choses qui détournent notre attention de l’essentiel ? Les épreuves et les attentes que nous vivons pourraient-elles être des temps de formation personnalisée que Dieu nous réserve afin de nous amener à une vraie liberté, une vraie joie, une vraie paix que nous n’imaginons pas ?
Dieu a préparé Moïse. Cela a duré très longtemps. Mais ce n’était pas en vain. Dieu met à part. Dieu prépare. Et enfin, Dieu entend.

Dieu entend

Ce qui rend l’attente difficile, c’est de ne pas savoir « jusqu’à quand ». Nous avons tous à l’esprit des sujets de prière que nous portons depuis longtemps. Au-delà de nos sujets personnels, notre maturité dans la foi nous pousse à prier plus largement pour que Dieu intervienne non seulement dans nos vies, mais dans le monde entier : qu’il essuie les larmes, qu’il mette fin à l’oppression et au mal, qu’il balaye la mort pour toujours.
L’une des premières exclamations des chrétiens était une expression araméenne, « Maranatha ! », « Viens, Seigneur ! ». Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel ! Délivre-nous du mal ! Et face à une attente qui dure, qui dure, la Bible elle-même nous invite à crier vers Dieu : « Jusqu’à quand, Seigneur ? ». Ce n’est pas un cri amer ou rebelle, mais un cri de dépendance et de foi : « Seigneur, tu as les clés de cette situation. Tu as les clés de l’Histoire. Je sais que tu vas intervenir.
Jusqu’à quand me feras-tu attendre ? » Dans l’histoire de Moïse, l’attente a été très longue : « Longtemps après, le roi d’Égypte mourut » (2.23). Or, cette mort a-t-elle apporté la délivrance tant espérée ? Eh bien non. Après le pharaon cruel, il y a un autre pharaon cruel.
Depuis la mort de Joseph, un long temps s’est écoulé (12.40-41) ! C’est interminable ! Mais au moment décidé, Dieu a entendu la prière de son peuple. « Dieu entendit leurs gémissements et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites, il comprit leur situation » (2.24-25). L’attente faisait partie de ses projets. Et au moment choisi, il a agi en fonction de l’engagement qu’il avait pris de faire des descendants d’Abraham son peuple, de les bénir, de leur donner une terre, de les sauver. « Dieu […] se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. »
Tout au long de l’Ancien Testament, même dans les périodes les plus sombres, cet engagement solennel de Dieu refait surface régulièrement. Ce n’est pas pour rien qu’il a affirmé qu’il sauverait son peuple, et qu’en définitive il sauverait tous les peuples. Les périodes d’attente ont du sens. Elles sont l’occasion pour Dieu d’écrire une histoire beaucoup plus riche et profonde.
Quand Jésus est venu, beaucoup ne l’attendaient même plus vraiment. Beaucoup avaient oublié la promesse d’un Sauveur, d’une délivrance pour toutes les nations, d’une réconciliation avec Dieu. Mais Dieu a tenu sa promesse. Et il a fait beaucoup plus et mieux que personne n’aurait imaginé. Dieu n’oublie pas ses promesses. Et il répond, parfois quand on ne s’y attend même plus.
Or si nous avons confié notre vie à Jésus-Christ, nous avons reçu cette promesse : « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan » (Rom 8.28). Même les attentes que nous ne comprenons pas sont utilisées par Dieu pour notre bien. De même que Dieu n’a pas oublié la promesse faite à Abraham, il n’oubliera pas ses promesses faites en Jésus-Christ.
En Jésus-Christ, Dieu nous a promis une nouvelle identité, le pardon de toutes nos fautes, son Esprit qui change notre cœur, une nouvelle famille, l’Église, la puissance de résurrection par laquelle il a ressuscité Jésus et par laquelle il nous fera, nous aussi, sortir un jour du tombeau.
Prenons conscience de la force saisissante de tout cela et nous comprendrons que les attentes que Dieu nous fait subir ne sont pas vaines ! L’histoire qu’il écrit est parfaite. Il a fait attendre Abraham. Il a fait attendre Moïse. Il a fait attendre Israël. Il nous fait attendre aujourd’hui. Mais dans cette attente, il nous délivre déjà. Il nous prépare chaque jour. Il entend nos cris. Et il agira, parce que rien ni personne ne pourra nous ôter son amour (Rom 8.38-39).

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)