Psaumes 1 et 2

Introduction

Les poèmes et prières sont nombreux dans l’ensemble de l’Ancien Testament. Il suffit de penser aux cantiques de Moïse (Ex 15; Deut 32), au cantique d’Anne (1 Sam 2.1-10) ou au Psaume de Habaquq (Hab 3). Cependant, c’est dans le livre des Psaumes que sont regroupés les chants et pri res que les croyants de l’ancienne alliance aimaient à employer dans le culte qu’ils offraient au Seigneur. Comme nos recueils de cantiques, le psautier est une anthologie. Il contient des oeuvres de nombreux auteurs dont le plus célèbre fut le roi David. En effet, lorsque l’arche fut transportée à Jérusalem, c’est lui qui organisa le service divin. La musique instrumentale et le chant choral y avaient une place importante. Une des tâches des lévites consistait à invoquer (faire mémoire), louer et célébrer l’Eternel, le Dieu d’Israël (1 Chr 16.4). Le jour où l’arche fut placée à Jérusalem, David chargea pour la première fois Asaph et ses frères, de célébrer l’Eternel (1 Chr 16.7). D’après le témoignage biblique, la liturgie cultuelle devait être grandiose pour ne pas dire somptueuse (1 Chr 15 et 16).

La composition des psaumes s’étend sur plusieurs siècles jusqu’à l’époque de l’exil (Ps 137). A l’origine du Psautier, il y avait sans doute des collections de poèmes (Ps 3-14; Ps 51-70; Ps 138-145), poèmes d’Asaph (Ps 73-83), poèmes des fils de Qoré (Ps 42-49), cantiques des montées ou des degrés (Ps 120-134), chants de louange (Ps 113-118; 146- 150). Il n’est cependant guère possible de savoir comment et quand ce recueil s’est formé sous sa forme actuelle. Il est constitué de cinq livres tout comme le Pentateuque. Chacun de ces livres se termine par une doxologie-prière à la gloire de Dieu (Ps 41.13; 72.18-19; 89.52; 106.48; 150.6).

Le terme « psaume » dérive du grec « psalmos », traduction d’un mot hébreu « mizmar « , qui signifie instrument de musique ou chant. En hébreu, on parle du « Livre des Louanges ». Quel que soit le titre que l’on retienne – Chants de Louange – il n’exprime qu’imparfaitement la diversité, la richesse et la profondeur que nous apportent les psaumes. Que l’étude et la méditation de quelques-uns d’entre eux nous permettent de percevoir à nouveau la présence du Dieu vivant. Que le Seigneur de toute sagesse renouvelle ainsi notre adoration et notre prière.

Psaume 1 : Les deux voies

Ce Psaume s’apparente au genre sapiential (Ps 32, 34 et 49). Son langage et son contenu reflètent le style et l’enseignement de la sagesse, en particulier des proverbes (2.10-15; 20- 22; 15.20-22). Ce poème didactique est en fait une introduction au recueil dans son ensemble. Il constitue un précis du psautier et place d’emblée le lecteur devant un choix décisif. Quoique sa composition littéraire soit indépendante, des traditions juives et chrétiennes primitives ont suggéré que ce psaume soit rattaché au Ps 2. En effet, dans le manuscrit grec le plus ancien de son Evangile, Luc, citant le psaume 2, parle du psaume 1 (Act 13.33). Peut-être faut-il y discerner le souci d’offrir, en guise d’introduction, une double perspective: une vision sapientiale et englobante (Ps 1) ; une vision prophétique et messianique (Ps 2).

Le fondement du juste

Heureux l’homme (1 Rois 10.8 ; lac 1.25). Cette expression, pleine d’intensité, n’évoque pas un bonheur superficiel et facile, mais celui qui envahit en profondeur l’individu qui a trouvé la clef de l’existence et qui connaît sa raison d’être. Le juste est celui qui confesse que la crainte de l’Eternel (la piété) est le commencement ou le principe de la sagesse (Pr 1.7). Mais ce bonheur, que Dieu offre gratuitement à l’homme, suppose un choix qui rappelle la première parole de la loi (Ex 20.3) et annonce les paroles de Jésus: Nul ne peut servir deux maîtres (Mat 6.24). Ce choix est d’abord négatif. Il implique un sacrifice: renoncer à un certain type de mentalité et au style de vie qui l’accompagne. En effet, que peut trou- ver le fidèle (le juste) auprès de l’homme sans foi ni loi, rebelle contre Dieu (méchant) ; auprès de l’homme qui s’égare et manque à son devoir (pécheur) ; auprès de l’homme incroyant et méprisant qui ne pense qu’à son intérêt et à son ambition (moqueur) ? Un conseil trompeur, une voie tortueuse et une communauté bruyante et creuse! Mais le rejet des fausses sécurités et des valeurs éphémères entraîne ensuite un choix positif : se tourner résolument vers Dieu. et sa parole. On peut trouver son plaisir (sa joie, ses délices) auprès d’une femme (Gen 34.19) ou dans la possession de pierres précieuses (Es 54.12). Le sage le trouve dans l’instruction (la loi) de l’Eternel qu’il ne cesse de méditer. Ce terme est souvent associé au verbe dire (Ps 38.13) et suggère que la méditation est liée à la récitation ou à la répétition orale. Le fidèle ne se contente pas d’une lecture en diagonale. Il s’arrête auprès de la parole, il prend le temps de l’approfondir car il sait que, par elle, il a accès à la pensée même de Dieu (1 Cor 2.16). Il sait qu’elle est le chemin, la vérité et la vie (Jean 14.6). Le bonheur du juste est éclairé par l’image de l’arbre. Il est plénitude, abondance et vigueur. C’est ainsi que le fidèle qui a mesuré le prix de la grâce prospère. L’écoute de la sagesse lui apporte un bien-être qui dépasse son horizon matériel.

La légèreté du méchant (versets 4 et 5)

Si le sage est comparé à un arbre qui plonge ses racines dans la riche terre de la parole de Dieu, l’insensé est comparé à la balle du blé qui s’envole au moment du vannage. Le rebelle a de la paille, « la légèreté et la stérilité ». On le reconnaît à son inconsistance et à son insécurité. Ayant tourné le dos à Dieu, il s’appuie sur son idole, oeuvre de ses mains. Lorsque vient l’épreuve, l’homme qui croit pouvoir prononcer seul la parole qui donne sens à sa vie, découvre avec horreur qu’elle est éphémère et qu’il s’appuie sur « rien ». Il ne lui reste que le néant! Dans de nombreux passages, l’image de la paille évoque le sort de l’infidèle au jour du jugement – qu’il s’agisse d’ailleurs du jugement de l’histoire ou du jugement dernier (Ps 35.5 ; Job 21.18; Mat 3.19). Sa fin n’a rien d’arbitraire. Elle est la conséquence d’un choix précis. Toutes fausses apparences de stabilité et d’appartenance communautaire seront dévoilées. Effondrement et expulsion seront le lot du méchant, du pécheur.

Deux voies incompatibles (verset 6)

Le psalmiste termine son poème en nous plaçant devant les deux voies de la sagesse et de la folie. Le juste réussit sur le chemin de la sagesse parce que le Seigneur veille sur sa destinée. Il prend soin de celui qui se confie en lui. Le pécheur qui se confie aux lumières de sa raison ou de ses idoles se perd dans la nuit d’un salut illusoire. Avec Calvin, nous pensons que la fin de ce psaume fait allusion au grand jour du jugement quand Christ séparera les agneaux d’avec les boucs.

Psaume 2: Le règne de Dieu dans un monde en crise

Genre, contexte et thème

Ce deuxième psaume, que certains ont rattaché au psaume 1, nous offre une perspective prophétique. Il nous situe d’emblée au cour de l’histoire de la révélation, de l’histoire du salut. On le considère généralement comme un psaume royal et peut-être même d’intronisation. Mais il pourrait fort bien faire allusion à un sacre (verset 3) après une période de difficultés. Le contexte historique n’est pas évident. Comme ce poème est attribué à David (Act 4.25), on a pensé à Hammon, le roi des Ammonites qui avait accablé d’outrages les serviteurs de David, lorsqu’ils lui avaient apporté des messages de sympathie et de paix de la part de leur maître. Quoi qu’il en soit, ce psaume dépasse largement l’horizon du règne davidique au sein des nations qui l’entourent. S’il est vrai qu’il peut évoquer le lien de Dieu avec David et sa dynastie, il se réfère aussi au règne messianique. Comme le souligne le NT, seul le Messie, c’est-à-dire Jésus, incarne pleinement la royauté qui est décrite dans ce texte. En fait, ce qui permet aux premiers chrétiens de faire ce rapprochement audacieux, c’est la notion du royaume de Dieu. Celui-ci est une constante de l’histoire de la révélation. La royauté davidique est l’ombre, le type de celle que Jésus-Christ est venu manifester en attendant de l’établir définitivement lors de son avènement.

Ce psaume se subdivise en quatre parties. Dans chaque strophe, un interlocuteur différent prend la parole : les nations, le Seigneur, le Messie et le psalmiste.

Les nations

Ce psaume commence par l’agitation et la révolte des nations de la terre et de leurs dirigeants contre Dieu et son roi. Les nations s’agitent comme les flots d’une mer déchaînée. Les peuples (ou les guerriers) rugissent, grondent, murmurent à vide. Selon les uns, leur turbulence est sans lendemain; selon d’autres, elle est meurtrière et produit la désolation. En fait, les dirigeants eux-mêmes sont à l’origine de ces convulsions politiques ! Pourquoi ? Ils sont hostiles à la souveraineté de Dieu. Aussi prennent-ils position avec arrogance et conspirent- ils contre toute manifestation de son règne. Ils ne supportent pas d’être une créature dont la vie et la sagesse dépendent de son créateur. Princes, dignitaires, ils ne supportent pas d’avoir à rendre des comptes! Dans leur aveuglement, ils s’élèvent contre le joug léger de Dieu et ses liens d’amour (Osée 11.4). Au delà de la royauté davidique, c’est celle du Messie qu’ils contestent et usurpent (Act 4.23-31) !

Le Seigneur (versets 4 à 6)

Face à la « puissance terrifiante » des nations, Dieu est nullement impressionné. N’est-ce pas lui-même qui a installé le roi de son choix à Sion ? On perçoit un double mouvement dans l’attitude de Dieu: Le Seigneur de l’univers, le Roi des rois rit, il se moque. Il s’amuse et ridiculise les piteux et lamentables efforts des princes de la terre, pour se rendre autonomes, pour devenir dieu. Le juge de l’univers s’indigne face à l’outrageuse audace et l’arrogance des nations qui s’élèvent contre son oint. A son tour, le Seigneur prend la parole pour affirmer solennellement que la théocratie et le royaume sont fondés sur sa sainte volonté. Il s’est choisi la dynastie de David, type du roi par excellence: le Messie (2 Sam 7.4-17).

Le Messie (versets 7 à 9)

Le roi est reconnu et établi par Dieu, L’Oint, le Messie le confirme en proclamant le contenu du décret royal qu’il a reçu lors de son sacre, Par ce décret, Dieu établit la dignité et l’autorité de son élu (tu es mon fils) ; il manifeste sa royauté (je t’ai engendré); il rappelle ses privilèges: la terre entière lui appartient (v 8) ainsi que la domination juste des nations (v 9). L’accomplissement de ce projet dépasse largement ce que la dynastie davidique a pu réaliser. Il est frappant de constater que le baptême (Mat 3.13-17), la transfiguration (Mat 17.1-8), et la résurrection (Rom 1.2-6) établissent la dignité et l’autorité de Jésus, Fils de Dieu. Celui à qui appartient les extrémités de la terre et la domination manifeste son règne par la proclamation efficace de l’Evangile en attendant son retour glorieux (Act 13.16-39).

Le psalmiste (versets 10 à 12)

Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et vive. Le psaume se termine par un avertissement et une exhortation adressés aux nations. Par leur attitude folle, elles encourent un grave danger. Le psalmiste rejoint les deux voies – la sagesse et la folie – du psaume 1. A l’agitation, aux murmures, aux convulsions et aux révoltes des peuples, il propose le discernement, l’instruction, la piété et la joyeuse soumission. Sans l’hommage et le respect rendus au fils, il n’y a ni refuge ni bonheur dans un monde en crise (verset 12).

Guide d’étude

Pour continuer l’étude de ces deux psaumes, nous vous proposons quelques questions qui vous permettront d’aller plus loin.

Psaume 1
1. Lire 1 Chr 15 et 16. Evoquer le culte que David inaugure à Jérusalem.
2. Comparer les Ps 1 et 2 et tâcher d’identifier les caractéristiques sapientiales et prophétiques.
3. Reprenez pour vous-même la démarche du sage.
4. Comparer Ps 1.1-3 et Jr 17.7 et 8. Rapprochements et différences.
5. Suivez attentivement la progression du psaume: v.l et 2; v.3 et 4; v.5 et 6. Relevez les éléments constitutifs des deux voies. Quel rapport y a-t-il entre le présent et le futur?

Psaume 2
1. Comparer le psaume 2 à la prophétie de Nathan 2 Sam 7:4-17. Quelle lumière ce rapprochement apporte-t-il à la perspective messianique de ce psaume?
2. Relisez tous les passages du NT cités dans cette étude et indiquez comment ]ésus-Christ est l’accomplissement de ce psaume.
3. Si le Christ est le chef de l’Eglise, comment ce psaume s’applique-t-il à la communauté des fidèles?
4. Dans un monde en crise, ce psaume nous appelle-t-il à nous réfugier dans un salut illusoire ou à être des témoins fidèles et sages du Christ au cour de la tempête? Expliciter votre réponse.
5. Quel enseignement doit-on tirer de ce psaume pour les hommes et les femmes qui nous gouvernent?

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)