Psaume 30: Reconnaissance et louange

Genre, thème et structure

Ce poème est généralement considéré comme un psaume individuel de reconnaissance ou de louange. En fait, les deux attitudes du fidèle se rejoignent. Le psalmiste est reconnaissant parce que le Seigneur l’a arraché à la maladie qui menaçait sa vie même. Mais si la délivrance éveille l’action de grâce, elle fait jaillir des lèvres du croyant la louange (v.2,5,10,13). D’ailleurs la structure de ce psaume s’articule autour de cette double perspective:
– Le poème commence par une déclaration générale de louange (v.2-4).
– Il se poursuit par une reprise détaillée de ce même thème (v.5-13).

Ce thème principal est d’autant plus significatif qu’il s’articule à deux autres thèmes secondaires: la proximité de la mort (v.4,6,10) et les pleurs du fidèle qui se sent menacé (v.6,10,12,13).

Le contexte

Cultuel. Ce psaume se chantait lors de la dédicace du temple, fête connue sous le nom de Hanouca. Cette fête se célébrait dans l’allégresse et commémorait la purification du temple et de l’autel, accompli (en 164-65 av. J.-C.) par Judas Maccabée trois ans après leur profanation par Antiochus Epiphane (1 Mac 4.36-59). Elle fut aussi connue sous le nom de la fête des lumières. En effet, on allumait des lampes devant chaque maison les huit jours que durait la fête. Ces lumières signifiaient que la liberté avait « lui» pour le peuple d’une manière inespérée. Elles étaient sans doute le symbole de la loi qui est une lumière, la lumière de Dieu sur les chemins des hommes (Pr 6.23; Ps 119.105). Ce psaume se comprenait aussi en fonction de la restauration exilienne. « C’était le peuple élu qui avait failli périr, à la grande joie de ses ennemis. Mais le Seigneur l’avait ramené des portes du Sheol par la restauration post-exilienne. Il avait changé, et surtout changerait au temps du Messie, son deuil et ses lamentations en chants d’allégresse et en joyeuses danses».

Historique. Il est bien difficile de le préciser. On a pensé à la dédicace de la citadelle de Sion retardée par une grave maladie du psalmiste (2 Sam 5.6-12). D’autres ont pensé qu’il s’agissait d’un psaume composé en vue de la consécration du site du futur temple (2 Sam 24; 1 Chr 25). En effet, après le fléau qui avait frappé le peuple lors du recensement orgueilleux de David, ce dernier avait dressé un autel sur l’aire d’Aravna, site du Temple que Salomon devait construire. Cela n’est pas impossible. Quoiqu’il en soit, nous entrevoyons déjà les richesses de ce psaume et comment les croyants y ont puisé des trésors d’édifications et d’espérances. Puisse-t-il nous aider à mieux recevoir, accueillir celui qui a dit de luimême: Je suis la lumière du monde.

Portons maintenant notre attention sur les lignes de force de ce psaume : la faveur de Dieu; persévérance ou présomption; le cri «au secours»; la réponse et l’appel de Dieu; le témoignage et le défi.

La faveur de Dieu

Ce qui caractérise un «hassid», c’està- dire un fidèle, c’est l’impression de solidité, d’assurance, de vitalité et de permanence qui se dégage de lui. Ce psaume ne fait pas exception. Mais cette assurance, le psalmiste ne la puise pas en lui-même. Cette solidité, elle n’est pas inhérente au fidèle; elle est grâce de Dieu, plus précisément faveur de Dieu (v.6,7). Ce mot désigne l’amour spécial que Dieu porte, au sein de l’alliance à son peuple, à ses fidèles. C’est l’ensemble des bénédictions qui l’accompagnent : la santé, le bien-être, la paix, la sécurité, la prospérité et surtout cette communion qui donne à la vie, plénitude et profondeur. Tel était le privilège du fidèle et en particulier du roi qu’on appelle d’ailleurs le plus beau fils d’homme, la grâce est répandue sur ses lèvres : c’est pourquoi Dieu l’a béni pour toujours (Ps 45.3). Lorsque la faveur et la bénédiction divines pénètrent dans le temps du hassid, dans son histoire, elles apportent non seulement une nouvelle qualité de vie, mais aussi une restauration comparable à une véritable résurrection ((v.3,4). Dieu fait resplendir sa face sur lui et tout à coup la vie sur terre avec tous ses bienfaits acquiert une dimension spirituelle. Lorsque la faveur et la bénédiction divines pénètrent dans l’histoire de la vie du hassid, elle apporte assurance (n’en déplaise à ceux qui prônent la radicale incertitude), mais aussi durée, permanence; une qualité de vie qui transcende les limites de nos horizons parce que don du Dieu vivant.

Persévérance ou présomption

Mais cette faveur divine, cette grâce céleste appelle de la part du fidèle persévérance. Sans la fidélité et l’obéissance active du croyant, Dieu cache sa Face et tout l’acquis s’évanouit. La présomption guette David et il tombe dans son piège. Ecoutez-le: Je disais dans ma tranquillité: je ne chancellerai jamais. Le mot hébreu rendu par tranquillité véhicule une connotation négative : « Insouciance, indolence, négligence, légèreté». Ah, ce David, le grand roi, l’élu de Dieu, l’homme de fidélité, d’intégrité; ce poète et musicien dont les talents ont été entièrement consacrés à la gloire de Dieu… Ce David, le voilà pris au piège de la suffisance, de la présomption. Ce qui était grâce: qualité de vie, solidité, assurance, permanence – devient une fin en soi… Ce qui était faveur, devient un dû… Ce qui appelait humble reconnaissance devient orgueil de la vie… volonté de puissance… Et c’est à cet endroit précis que David trébuche, pèche, lorsqu’il entreprend ce fameux recensement qui provoqua la colère divine et un fléau redoutable au sein de son peuple. On retrouve dans ce psaume le même écho. La réaction de Dieu est immédiate et radicale. Dieu cache sa face et le fidèle est troublé, secoué, ébranlé, terrorisé, épouvanté (v.8), son fondement s’évanouit sous lui. La colère divine se manifeste dans un châtiment soudain et immédiat (v.6). C’est un coup de tonnerre dans le ciel bleu… La maladie l’assaille (v.3) et le voilà qui se trouve aux portes de la mort et du séjour des morts. Dans ce contexte, ce n’est pas toujours le cas (Job), la maladie, le danger mortel est présenté comme ayant valeur de châtiment. Le contraste entre Je ne serai jamais ébranlé et me faire descendre dans le gouffre (v.10) est total. Comme il est vulnérable cet homme, comme il est fragile ce fidèle qui croit pouvoir se passer de Dieu. Il est comme une ombre qui s’évanouit dans la nuit… Il n’a plus ni qualité de temps, ni durée… mais fragmentation. Dans sa folie, l’homme cherche en fait à se détruire. Mais Dieu ne désire pas anéantir l’homme… le fidèle.

Le cri «au secours»

Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais la repentance qui mène à la vie que donne le pardon. Et là encore, nous constatons que le jugement de Dieu est aussi une grâce qui permet une prise de conscience, un changement de mentalité, un renouvellement profond, … la sanctification. Face à l’irruption de la colère divine, la réponse de David ne se fait pas attendre. Il appelle Dieu au secours (v.3); il crie : grâce! (v.9b), fais-moi grâce (v.11). Notons que cette demande de pardon a été accompagnée d’un rite: David s’est revêtu d’un sac pour marquer sa repentance et son humiliation, son retournement intérieur (v.12). Son secours viendra du Seigneur seul. Plus encore, dans sa misère profonde, David va jusqu’à interpeller le Seigneur. Ce qui est dramatique dans cet instant de jugement, ce n’est pas tellement la mort et le Sheol, mais le fait de mourir sans la faveur de Dieu! Certes, ce qui est dramatique pour le psalmiste c’est de perdre irrémédiablement la vie, mais, plus encore, c’est de ne plus pouvoir célébrer son Dieu sur la terre des vivants… C’est de ne plus pouvoir raconter la vérité et la fidélité de Dieu sur terre… (v.10-11). Dans un acte de confiance inouï, au sein même de sa misère…, de sa repentance, David ose s’en ouvrir à Dieu.

La réponse du Seigneur

Dieu entend son appel au secours, il voit sa repentance et il renouvelle sa faveur. La générosité du Seigneur est saisissante: il le relève (v.2). Le mot hébreu signifie littéralement «puiser, retirer un seau d’eau d’un puits ». L’image s’applique parfaitement à la situation de crise du psalmiste. David gravement malade est à l’article de la mort. Il se voit descendre dans la fosse (= «puits»). C’est à ce moment précis que Dieu l’en retire. Il le guérit (v.2), il le fait remonter du Sheol (v.4); du séjour des morts. Il le délivre des griffes de la mort. Il le fait revivre (v.4). Il délie le sac du psalmiste; il accorde son pardon au fidèle repentant.

Le témoignage et le défi

David, objet de la faveur de Dieu est rétabli dans sa vocation de hassid. Le fidèle loue Dieu de tout son être sur la terre des vivants. Il raconte la vérité de Dieu, ses hauts faits et sa fidélité aux hommes de son temps (v.13)… et aux générations futures puisqu’aujourd’hui encore, nous entendons son témoignage. Mais David ne se contente pas de raconter son témoignage, il nous prend à parti, il nous interpelle: Vous qui avez entendu les hauts faits de Dieu, vous aussi psalmodiez en l’honneur de l’Eternel, célébrez son saint nom. Joignez- vous à moi pour le célébrer à toujours.

Conclusion

Dieu est, il était, il vient… Sommesnous prêts à célébrer le souvenir de sa sainteté, de l’incarnation de celui qui est notre salut et notre espérance? Sommes-nous prêts à célébrer sa manifestation dans nos vies, en réponse à nos cris, à laisser la Parole et le Saint-Esprit éclairer nos intelligences et baliser nos chemins ? Sommesnous prêts à le rencontrer lors de son avènement en gloire?

En ce temps d’inquiétudes et d’incertitudes puisse le Seigneur agir dans nos cours, afin que nous soyons profondément renouvelés par celui que nous avons toujours à nouveau à recevoir, Jésus-Christ. Puisse-t-il donner sens à notre vie et à notre mort au sein d’une époque dans laquelle il est si facile de passer à côté de l’essentiel.

P.B.

Questions

1. Comparer le Ps 30 et Es 38.10-28 (prière d’Ezéchias) et relever les éléments constitutifs d’un psaume de reconnaissance et de louange.
2. A la lumière des passages cités (2 Sam 5.6-12 et 2 Sam 24; 1 Chr 25), essayer de préciser les circonstances historiques possibles de ce psaume.
3. Comparer le comportement du fidèle et du présomptueux.
4. Comment Dieu concilie-t-il justice et amour dans ce poème?
5. Imaginer le contexte culturel dans lequel ce psaume pourrait être lu aujourd’hui.
6. Que vous apporte l’enseignement de ce psaume individuellement et communautairement?

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)