Psaume 104

On pourrait s’attendre à ce qu’une tentative de formuler une doctrine biblique chrétienne sur l’environnement commence par Genèse 1 et ses déclarations majestueuses sur Dieu comme Créateur. Bien que cette vérité fondamentale mérite une place de choix, nous la soulignerons à travers le Psaume 104. Car dans ce psaume, nous trouvons non seulement l’affirmation de la vérité que Dieu a créé le monde, mais aussi l’expression de vérités corollaires, de sorte que le psaume présente un tableau plus complet de la relation qui existe entre Dieu et la création. Cela amène ainsi le lecteur à prendre davantage conscience de la réponse appropriée à la vérité fondamentale présentée dans ce psaume.[note]Il existe un parallèle structurel assez évident entre le Psaume 104 et le récit de la création de Genèse 1. Ce parallélisme accrédite notre choix, car le Psaume 104 est vu comme un essai délibéré d’interpréter et d’illustrer le récit de la Genèse. Pour une analyse de ce parallèle, voir, par exemple, D. Kidner, Psaumes, vol. 2, Farel-Sator, p. 116.[/note] On pourrait même avancer que, si l’on ne devait choisir qu’un seul passage pour soutenir un environnementalisme chrétien, ce devrait être ce psaume ; et s’il ne fallait choisir qu’un seul verset, ce serait le v. 24 : « Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Éternel ! Tu les as toutes faites avec sagesse. La terre est remplie de ce que tu as créé. »

L’apport du Psaume 104 pourrait être résumé ainsi :

  1. Dieu a créé la terre et tout ce qui s’y trouve, et il continue de soutenir la terre et tout ce qui s’y trouve par l’exercice plein d’amour de son pouvoir souverain.
  2. La terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Dieu en raison de son travail créateur, et toutes choses trouvent fondamentalement leur raison d’être en relation avec lui.
  3. La terre et tout ce qui s’y trouve ont été créés parfaits — chaque créature elle-même et la création entière dans ses interactions.
  4. Même après l’entrée du péché dans l’ordre créé, cette perfection transparaît de manière à être perceptible par l’homme. Ainsi, la création témoigne continuellement des perfections de Dieu et favorise chez l’homme la louange envers Dieu.

* * *

Dieu a créé et soutient la terre et tout ce qui s’y trouve

Si, dans la majeure partie du Psaume 104, le travail créateur de Dieu est sous-entendu, il existe quelques vers où le psalmiste l’affirme explicitement (p. ex. v. 5-6), et, à un moment culminant du psaume, il fait jaillir une déclaration passionnée à Dieu : « Tu as fait … » (v. 24). Il est donc clair que les cieux et la terre résultent de l’exercice de la créativité souveraine de Dieu.

L’accent unique de ce psaume, cependant, porte sur le soutien de Dieu à sa création. « Il conduit les sources dans des torrents […] Il arrose les montagnes […] Il fait germer l’herbe […] Les arbres de l’Éternel se rassasient. » (v. 10,13,14,16) Et après avoir fourni un échantillon représentatif des animaux de la forêt, de la montagne, des plaines et de la mer, le psalmiste résume : « Tous ces animaux espèrent en toi, pour que tu leur donnes la nourriture en son temps. » (v. 27) Toutes les créatures dépendent complètement de Dieu. Lorsque Dieu pourvoit, ses créatures sont satisfaites (v. 28). Quand il « cache sa face », elles sont terrifiées (v. 29). Quand Dieu envoie son « Esprit », il y a une nouvelle vie (v. 30). Quand il retire le souffle, la vie cesse (v. 29). Cela marque un développement significatif du récit de la Genèse. Oui, la création n’existe que parce qu’elle a été appelée à l’existence par Dieu. Mais elle continue d’exister uniquement grâce aux soins continus de son Créateur.

La terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Dieu et trouvent leur raison d’être en relation avec lui

À partir de cette première affirmation, le psaume en déduit la théocentricité de la création. Parce qu’elles ont été créées par Dieu, toutes les créatures lui appartiennent. Ce sont, dit notre psalmiste, « tes biens » (v. 24), « ses œuvres » (v. 31 ; cf. Ps 24.1-2). Or non seulement toutes les créatures ont été créées par Dieu, mais elles ont également été créées pour Dieu, et elles trouvent ainsi leur première raison d’être par rapport à lui. C’est un point d’importance dans le débat actuel sur l’environnementalisme.

Que Dieu trouve du plaisir dans sa création est un témoignage constant des Écritures. C’est ce qui motive le désir du psalmiste : « Que l’Éternel se réjouisse de ses œuvres. » (v. 31) Mais peut-on dire que le plaisir que trouve Dieu dans ses créatures non humaines soit une explication suffisante pour leur existence ? C’est une chose de trouver du plaisir en quelque chose qui existe. C’en est une autre de dire qu’une chose existe pour procurer du plaisir.

Il ne fait aucun doute que la création existe, du moins en partie, dans le but de nourrir l’humanité :

« Il fait germer […] les plantes pour les besoins de l’homme,
afin que la terre produise de la nourriture,
le vin qui réjouit le cœur de l’homme,
et fait plus que l’huile resplendir son visage,
et le pain qui soutient le cœur de l’homme. » (v. 14-15)

Mais cette référence à l’homme est-elle la seule raison d’être des créatures non humaines ? Ou, pour le dire positivement, la création non humaine trouve-t-elle une raison d’être indépendante de l’homme ? Le Psaume 104 le suggère.

Auparavant, il sera toutefois utile d’examiner la position opposée dont Thomas Sieger Derr est un représentant.[note]T. S. Derr, J. A. Nash, and R. J. Neuhaus, Environmental Ethics and Christian Humanism, Nashville, Abingdon, 1996, p. 17.[/note] Derr se positionne face au biocentrisme qui domine une grande partie de l’environnementalisme séculier et qui considère la « nature » ou « le processus de la vie » comme central. À l’opposé, Derr réaffirme la conviction que l’homme est résolument au-dessus de la nature et que la nature existe pour préserver la vie humaine. En tant qu’humaniste chrétien, Derr n’hésite pas à ajouter que l’homme est fait pour Dieu mais il est catégorique (« impénitent » dit-il) dans son anthropocentrisme. Les besoins de l’homme constituent une explication suffisante de l’existence d’une création non humaine.

Alors que Derr, et d’autres avec lui, ont raison de s’éloigner du biocentrisme de l’environnementalisme séculier pour des raisons explicitement religieuses, leur erreur est de ne pas s’en distancer suffisamment. Derr affirme sans doute une vision du monde théocentrique, mais selon moi cette vision du monde doit comporter une vision théocentrique de la création non humaine. La nature a certes été créée en pensant à l’homme, mais les besoins de l’homme ne constituent pas un cadre de référence entièrement suffisant pour expliquer la création. Seul Dieu peut fournir un tel cadre de référence.

Notre psaume, avec d’autres passages (Job 38-41 en particulier), montre que la création n’existe pas uniquement pour l’homme. Dans son discours à Job, Dieu indique clairement que certaines créatures existent simplement pour son propre plaisir :

« Voici l’hippopotame[note]Litt. le « behemoth ».[/note], à qui j’ai donné la vie comme à toi !
Il mange de l’herbe comme le bœuf.
Le voici ! Sa force est dans ses reins,
et sa vigueur dans les muscles de son ventre ;
il plie sa queue aussi ferme qu’un cèdre ;
les nerfs de ses cuisses sont entrelacés ;
ses os sont des tubes d’airain,
ses membres sont comme des barres de fer.
Il est la première des œuvres de Dieu. » (Job 40.10-14)

Cette description montre à l’évidence que Dieu prend un grand plaisir dans une création, qu’elle a du prix pour lui et qu’il est heureux de souligner « combien certaines de ses créatures sont totalement et incroyablement inutiles (pour nous) »[note]Yan Dyke et al., Redeeming Creation, p. 49.[/note]. Après avoir enfoncé le clou par une description similaire du « léviathan » (Job 40.20-41.1), Dieu déclare avec insistance : « De qui suis-je le débiteur ? Je le paierai. Sous le ciel tout m’appartient. » (Job 41.2) En face de la présomption de Job, Dieu rappelle aimablement qu’il ne doit rien à l’homme.

Sous une forme un peu moins dramatique, notre psaume exprime la même idée :

« Les arbres de l’Éternel se rassasient,
Les cèdres du Liban, qu’il a plantés.
C’est là que les oiseaux font leurs nids ;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès,
Les montagnes élevées sont pour les boucs sauvages,
Les rochers servent de retraite aux damans.

Tu amènes les ténèbres, et il fait nuit :
Alors tous les animaux des forêts sont en mouvement ;
Les lionceaux rugissent après la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.
Le soleil se lève : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.

Voici la grande et vaste mer :
Là se meuvent sans nombre
Des animaux petits et grands ;
Là se promènent les navires,
Et ce léviathan que tu as formé pour jouer dans les flots. »
(v. 16-18,20-22,25-26)

Nous avons ici la démonstration que ce ne sont pas seulement les besoins de l’homme, et certainement pas ses besoins physiques, qui expliquent la diversité des créations de Dieu. Apparemment, Dieu porte un intérêt majeur à des petits oiseaux, à de minuscules créatures marines ou à des animaux nocturnes chassant dans la profondeur de la jungle. Il leur a donné à chacun un abri approprié et il satisfait leur faim avec de « bonnes choses » (v. 28). Et tout cet intérêt est pour le bien des créatures elles-mêmes, sans aucune référence à l’alimentation humaine. En fait, le psalmiste trace une ligne de démarcation nette entre l’écosystème de ces animaux et celui de l’homme :

« Les lionceaux rugissent après la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.
Le soleil se lève : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.
L’homme sort pour se rendre à son ouvrage,
Et à son travail, jusqu’au soir. » (v. 21-23).

Une vie animale sans rapport avec les besoins de l’homme poursuit son cours. Par conséquent, tout anthropocentrisme militant doit être rejeté de manière claire, voire catégorique. Bien que l’homme soit indéniablement au centre du travail créateur et rédempteur de Dieu, la vie terrestre présente une fécondité impressionnante qui ne peut tout simplement pas être expliquée par référence à la nourriture et au confort de l’homme. Encore une fois, seul Dieu peut fournir un cadre de référence adéquat. C’est précisément ce théocentrisme qui nous sauvera de l’avidité ou de l’indifférence qui vont si facilement de pair avec une vision anthropocentrique. Garder Dieu au centre de l’univers nous aidera à bien nous comporter.

La terre et tout ce qui s’y trouve ont été créés à la perfection

La troisième contribution majeure du Psaume 104 a trait à la perfection de la création de Dieu. C’est au v. 24 que cette pensée surgit le plus puissamment : « Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Éternel ! Tu les as toutes faites avec sagesse. » Cette référence à la sagesse divine agissant dans la conception de « toutes » les créatures de Dieu évoque la perfection inhérente à chaque espèce. Chaque espèce animale ou végétale existante possède une perfection qui vient de l’exercice de la sagesse de Dieu dans la création. Jean Calvin a écrit : « Dieu a pris plaisir à manifester ses perfections dans toute la structure de l’univers. Sur chacune de ses œuvres, sa gloire est gravée dans des caractères si brillants, si distincts et si illustres que nul, aussi terne et illettré qu’il soit, ne puisse prétendre à l’ignorance. »[note]Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, 1.4.2.[/note]

Mais le message du psaume dans son ensemble nous oblige à concevoir non seulement la perfection de la création de chaque espèce, mais aussi la perfection de la sagesse de Dieu au travers de la manière dont les espèces interagissent pour former des communautés biotiques occupant des zones de vie bien définies :

« Il conduit les sources dans des torrents
Qui coulent entre les montagnes.
Elles abreuvent tous les animaux des champs ;
Les ânes sauvages y étanchent leur soif.
Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords,
Et font résonner leur voix parmi les rameaux.
Les arbres de l’Éternel se rassasient,
Les cèdres du Liban, qu’il a plantés.
C’est là que les oiseaux font leurs nids ;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès. » (v. 10-12,16-17)

Cet ordre bien agencé des écosystèmes est, dit le psalmiste, une démonstration du génie divin.

Malgré le péché, la création favorise chez l’homme la louange envers Dieu

La quatrième contribution, étroitement liée à cette troisième contribution, découle de l’impact de la perfection de la création sur l’homme. Au moment où le psalmiste a pris sa plume, le péché a depuis longtemps envahi Éden et laissé sa marque sur la création. Le psalmiste n’en est pas inconscient. Il parle de lions qui rôdent en rugissant autour de leur malheureuse proie (v. 21). Il sait que la terreur et la mort sont communes chez l’homme et la bête (v. 29). Il n’occulte pas les destructions dues au séisme et au volcan (v. 32). Il reconnaît ouvertement l’existence d’hommes méchants (v. 35). Il voit que la nature est, en fait, « rouge de dents et de griffes ». Néanmoins, il observe la création et ne peut retenir ses louanges.

« Mon âme, bénis l’Éternel !
Éternel, mon Dieu, tu es infiniment grand !
Tu es revêtu d’éclat et de magnificence
Que la gloire de l’Éternel subsiste à jamais !
Que l’Éternel se réjouisse de ses œuvres !
Je chanterai l’Éternel tant que je vivrai,
Je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai.
Mon âme, bénis l’Éternel !
Louez l’Éternel ! » (v. 1,31,33,35)

En dépit de l’intrusion du péché et de ses dégâts, il reste un témoignage puissant et clairement visible dans la création de « la puissance éternelle et de la divinité » de Dieu, comme le dit l’apôtre Paul (Rom 1.19-20). Les cieux proclament encore la « gloire de Dieu » et « l’étendue » « l’œuvre de ses mains » (Ps 19.1). Des attributs particuliers de Dieu sont révélés dans ses œuvres. L’auteur du Psaume 104 peut vraiment y voir des preuves de la sagesse et de la richesse de Dieu. Il est donc conduit à louer Dieu pour ces attributs spécifiques. Nous voyons ici la valeur doxologique de la création.

Le Psaume 104 présente plus qu’une vérité conceptuelle. Il est un modèle pour nous de la réponse appropriée à notre découverte de la présence manifeste de Dieu dans la création. Comme le peuple de Dieu est poussé à crier « Gloire ! » quand il observe l’approche d’un orage venant de la Méditerranée (Ps 29.3-9), comme Agur est stupéfait alors qu’il regarde l’un des aigles de Dieu monter en flèche dans l’air (Prov 30.18-19), nous devrions répondre de façon appropriée par une humble louange quand la création nous dirige au-delà d’elle-même vers un Dieu tout-puissant et pleinement sage.

Tout cela a des implications environnementales claires. Si « toutes » les œuvres de Dieu ont été faites avec sagesse, alors chacune a la capacité de parler à l’homme de cette sagesse. Ainsi, toute disparition d’espèce est une diminution des opportunités pour l’homme d’observer la perfection de Dieu. Dans sa vision du trône céleste, Jean entend les anciens chanter au Seigneur : « Tu es digne de recevoir gloire, honneur et pouvoir, car tu as créé toutes choses. » (Apoc 4.11) Toute destruction de la création supprime pour l’homme un motif d’honorer Dieu. Chaque espèce, chaque écosystème révèle la sagesse de Dieu et exerce ainsi une puissante influence doxologique[note]À cette influence pour la louange pourrait être ajoutée une influence pour l’évangélisation. Aldo Leopold a écrit : « Quelle est la valeur de la faune sauvage du point de vue de la morale et de la religion ? J’ai entendu parler d’un garçon qui avait été élevé athée. Il a changé d’avis en voyant qu’il y avait une centaine d’espèces de fauvettes. Chaque espèce est parée comme un arc-en-ciel. Elles effectuent chaque année des vols migrateurs de plusieurs milliers de kilomètres à propos desquels des scientifiques ont écrit avec pertinence mais sans les élucider. Aucun hasard opérant aveuglément au cours de plusieurs millions d’années ne peut expliquer pourquoi les fauvettes sont si belles. Aucune théorie mécaniste, même étayée par des mutations, n’a jamais vraiment justifié les couleurs de la fauvette céruléenne, ni le chant de la grive. J’ose dire que les convictions de ce garçon seront plus difficiles à ébranler que celles de nombreux théologiens. »[/note]. Nous devons nous rappeler que Dieu a également dit au moins à tous les oiseaux et à toutes les créatures marines « d’être féconds et de se multiplier » (Gen 1.22). Nous devons donc trouver un moyen de coexister avec ces créatures dans une fécondité mutuelle, qui reconnaît et honore la sagesse du Seigneur et qui laisse « toute chose bénir son créateur ».

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)