Prier à la suite de Jésus

L’Évangile selon Luc nous présente tout particulièrement le Seigneur Jésus comme un homme, l’homme parfait. Il est le « fils de l’homme ». Il est né et a grandi au milieu des hommes, a travaillé et a souffert comme un homme. Dans son humanité, il a vécu une vie de dépendance et de prière, en contact permanent avec son Père. Tout le long de cet Évangile, il prie. Nous allons passer en revue ses prières et tenter d’en retirer des applications pour nous.

• Luc 3.21-22 : « Jésus aussi étant baptisé et priant, le ciel s’ouvrit. »

C’est le début de son service, de sa mission. Il vient au baptême de Jean avec ceux qui se repentent, se courbent devant Dieu, reconnaissent leurs péchés — ce que les pharisiens et les docteurs de la loi refusaient de faire (Luc 7.29-30). Seul Luc précise qu’il prie à ce moment-là. Le Saint Esprit vient sur lui. Il entend la voix du Père : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir. » C’est une manifestation spéciale de l’amour du Père pour son Fils.

Le Seigneur a une relation unique avec son Père. Pour nous, la prière exprime notre relation d’enfant de Dieu. C’est le premier cri d’un « nouveau-né » dans la foi, le premier signe de la vie divine. Au moment où je crois, je reçois le Saint Esprit (Éph 1.13) et j’ai une relation vivante avec mon Père (Rom 8.16). C’est l’émerveillement : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » (1 Jean 3.1)

• Luc 5.12-16 : « Jésus se tenait à l’écart dans les déserts et priait. »

Il enseigne et guérit des foules autour de lui. « Sa renommée se répandait de plus en plus. » Il accomplit son service et il a du succès. Que fait-il ? Il pourrait s’organiser pour être plus efficace, pour faire face à la demande. Non, il se retire « à l’écart » pour prier, cultiver sa relation avec son Père. Il n’est pas venu comme fondateur d’une nouvelle religion, ou pour être célèbre. Il montre ainsi que l’essentiel n’est pas ce que l’on fait, mais ce que l’on est : un enfant attaché à son Père.

Sur quoi vais-je asseoir ma vie, mon service ? Quand tout semble urgent, je dois m’arrêter, passer du temps avec mon Père, approfondir ma relation avec lui, pour avoir le discernement de ce qui est important et urgent.

• Luc 6.12-13 : « Il alla sur la montagne pour prier. Et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand il fit jour, il appela à lui ses disciples. Il en choisit douze. »

Avant un choix, une grande décision, il passe la nuit à prier, sans dormir ! Pourtant il connaît toutes choses, il sait même que Juda le trahira (Luc 6.16). C’est une leçon de dépendance, de vie dans la proximité de Dieu.

Souvent, je fais mes choix seul, puis je demande au Seigneur de les bénir. Il vaudrait mieux, avant de prendre mes décisions, passer du temps avec lui dans la prière pour connaître sa volonté.

• Luc 9. 10-17 : « Il prit les cinq pains et les deux poissons et, regardant vers le ciel, il bénit et les rompit. »

Il accueille une foule immense, en guérit les malades et la nourrit. Il reçoit comme de la part de Dieu les cinq pains et les deux poissons et remercie. Il introduit dans le dénuement des gens les ressources du ciel : « Ils mangèrent et furent tous rassasiés. ».

Rendre grâce à Dieu pour chaque circonstance, recevoir avec gratitude « notre pain quotidien » n’est pas une simple forme. C’est reconnaître la bonté de notre Père et lui ouvrir la porte de notre quotidien. Paul savait le faire, même dans des moments très difficiles et ce fut une source de bénédiction pour ses compagnons de souffrance (Act 27.33-36).

• Luc 9.18-22 : « Comme il était en prière à l’écart, avec ses disciples, il leur posa cette question : Qui suis-je aux dires des hommes ? Ils répondirent : Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, qu’un des anciens prophètes est ressuscité. Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu. »

Jésus veut enseigner à ses disciples une vérité importante. Quel est le cœur du dialogue qu’il initie ? Sont-ce les opinions des hommes à son sujet ? Ou la réponse de Pierre : « Tu es le Christ de Dieu » ? Non, en réalité, c’est l’enseignement qu’il leur communique, et qu’ils ne comprennent pas : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup […] qu’il soit mis à mort et qu’il soit ressuscité le troisième jour. » Ils ne sont pas prêts à entendre le vrai motif de sa venue : le Christ (le Messie) va mourir et ressusciter le troisième jour ! D’ailleurs il continuera de les enseigner, encore et chaque jour. Mais avant de communiquer une grande vérité, Jésus prie.

Je désire parler à mon voisin du salut en Jésus Christ. C’est une mission difficile ; que faire d’abord ? Prier ! Je ne suis pas seul, je demande la direction de l’Esprit de Dieu. Seul Dieu produira la vie, par sa Parole et son Esprit. Je ne suis qu’un canal qui doit rester branché à la source. Comment l’être si je ne prie pas ? Paul, ne se contente pas d’exposer la vérité, à l’exemple de son maître il prie (Éph 1.15-23 ; 3.14-21 ; Col 1.9).

• Luc 9.28-31 : « Il prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. Comme il priait, l’apparence de son visage devint tout autre. »

Pendant qu’il prie, il est transfiguré. Seul Luc le précise. Pierre, Jacques et Jean sont les témoins de sa gloire divine. Ils en ont été marqués définitivement. « En effet, ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais parce que nous avons été témoins oculaires de sa majesté. » (2 Pi 1.16-18)

Autrefois, le visage de Moïse rayonnait après avoir parlé avec Dieu (Ex 34.35). Que se passe-t-il quand nous vivons dans la proximité de Dieu ? « Nous tous contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire. » (2 Cor 3.18) Une transformation ! « Nous tous » : ce n’est pas réservé à une élite (comme Moïse et Élie) La communion avec Dieu transforme l’être intérieur, lui apportant paix, joie, douceur : quelque chose de Christ devient visible. C’est un reflet de sa présence. Le but de Dieu, c’est « Christ formé en vous » (Gal 4.19), « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col 1.27).

• Luc 10.21 : « Jésus se réjouit en esprit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi. »

C’est le retour joyeux des soixante-dix, retour d’une mission bien réussie. Jésus leur montre que l’important n’est pas dans le succès, mais ailleurs : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Lui se réjouit, exprime sa reconnaissance, car Dieu se révèle aux petits, et non à ceux qui ont la prétention du savoir.

Mais le texte parallèle en Mat 11.25 donne un autre éclairage : les villes de Galilée l’ont rejeté par incrédulité. C’est un échec apparent. Et Jésus exprime la même reconnaissance avec les mêmes paroles. Sa joie ne dépend pas des circonstances. Elle est liée à sa relation avec son Père.

Ai-je l’œil exercé pour voir ce que Dieu fait, en toutes circonstances (succès ou échecs) et dans la vie de mes frères et sœurs ? Quelle est la place de la louange et de la reconnaissance dans ma vie ? Être reconnaissant, c’est accepter ses plans, voir son œuvre, l’admirer. « En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard. » (1 Thes 5.16)

• Luc 11.1-13 : « Comme Jésus était en prière […] un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier […] — Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié… » Puis Jésus leur raconte l’histoire de l’ami qui vient chercher trois pains à minuit…

Son enseignement sur la prière commence par l’exemple. Puis il leur enseigne le « Notre Père ». Ce n’est pas une prière à réciter sans y penser.

D’abord, quand je prie, je m’adresse à un Dieu vivant, à mon Père, qui m’écoute, m’aime et veut répondre. Est-ce que je mets en place les bonnes priorités : en premier, Dieu et sa gloire, en second mes besoins matériels et spirituels ?

L’exemple de l’ami insiste sur la confiance et la liberté. N’ayons pas peur de déranger, de demander, d’insister : Dieu est le Dieu de toute grâce.

L’enseignement est clair : « Et moi, je vous dis : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert. » (Luc 11.9)

« Vous n’avez pas parce que vous ne demandez pas. » (Jac 4.2) Demande et fais confiance à la sagesse de ton Père qui te donnera ce qu’il te faut et au bon moment !

• Luc 22.31-32 : « Moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères. »

L’intercession du Seigneur a été comme une bouée pour que Pierre ne sombre pas. Il renie le Seigneur, qui meurt. Il n’a pas pu se réconcilier avec lui. Mais il sait que Jésus a prié pour lui. Il lui a dit aussi : « Quand tu seras revenu… » Il y a un espoir, un retour possible.

Chacun a ses difficultés, ses tentations. Aujourd’hui encore, le Seigneur est l’intercesseur de chacun de nous « pour avoir du secours au moment opportun » (Héb 4.16 ; Jean 17.20 ; Rom 8.34 ; 1 Jean 2.1). Paul écrivait : « Frères, priez pour moi… » Prions-nous l’un pour l’autre ? La prière d’intercession rapproche l’un de l’autre. Nous avons besoin des soins réciproques qui rendent concret l’amour de Dieu pour nous.

Un frère de Colombie a raconté : « Un matin, de bonne heure, j’étais en route vers un orphelinat chrétien. Une moto m’a dépassé et son passager a jeté un œuf contre le pare-brise de ma voiture pour m’aveugler. J’ai freiné, et j’ai vu très distinctement le canon d’un révolver braqué sur moi. Mais le coup n’est pas parti. En arrivant à destination, j’ai été accueilli par le frère directeur de l’orphelinat, sur le pas de sa porte. ‘Est-ce que tout va bien ? Ce matin, à sept heures, j’ai été réveillé brusquement, avec le sentiment très fort que vous étiez en danger et que je devais prier pour vous.’ Quand je lui ai raconté l’agression, nous avons pu louer et remercier notre Père ensemble. » Ce frère a conclu : « Si vous pensez très fort à quelqu’un, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, priez pour lui aussitôt. » Peut-être pourrions-nous parfois mettre en pratique ce conseil.

• Luc 22.39-46 : « Et lui s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux, il priait, disant : Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite. »

Gethsémané ! Lui est à genoux, la face contre terre, dans une supplication intense, un combat terrible devant l’horreur des moments à venir, comme celui de l’abandon de Dieu à cause de notre péché ! « Si tu voulais… » : pas d’exigence. « Pas ma volonté, mais la tienne » : dépendance et soumission.

Est-ce que je désire toujours faire la volonté de Dieu ? Je sais que je ne serai jamais abandonné, mais les dangers existent. La prière est la ressource. « Il leur dit : Priez afin que vous n’entriez pas en tentation. » (Luc 22.46)

• Luc 23.33-34 : « Père, pardonne-leur… »

De qui Jésus est-il occupé à cette heure terrible, de lui ou des autres ? Son souci, c’est le pardon de ses tortionnaires, le salut de ses ennemis : « Il a intercédé pour les coupables. » (És 53.12)

Toute sa vie il a donné l’exemple de l’abnégation, du dévouement parfait.

La nuit avant la croix, il dit à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas troublé. » (Jean 14.1) Pourtant à ce moment là, il est lui-même troublé dans son âme et son esprit (Jean 12.27 ; 13.21). Il s’oublie lui même pour s’occuper des siens.

« Christ […] a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces. » (1 Pi 2.21) Je ne pourrai lui ressembler qu’en recherchant le bien des autres.

• Luc 23.46 : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Son dernier souffle est une prière.

À la fin de la vie de quelqu’un, ce qui a fait la trame de sa vie ressort souvent (plainte, colère, gourmandise, etc., — ou bonté, joie, confiance…). Le cœur de la vie du Seigneur Jésus, c’est la prière, expression de sa confiance en son Père. Quel exemple merveilleux !

Un frère africain, aveugle, très âgé, qui avait évangélisé dans les rues de son village en chantant chaque matin, avait l’habitude de dire, avant toute salutation, à tous ceux qu’il rencontrait : « D’abord, cale tes mains. » Et les deux mains jointes, il priait.

***

Rien n’a jamais troublé la relation du Seigneur Jésus avec son Père. Comme lui, approchons-nous de notre Père, avec nos joies et nos peines, nos questions et nos émerveillements, pour le rencontrer, l’écouter aussi, tout partager… Il y a des obstacles : le téléphone, les soucis, les occupations, le manque de temps… Qu’il nous aide à suivre ses traces.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)