Plan de route pour Israël

« C’est un peuple qui a sa demeure à part, et qui ne fait point partie des nations » (Nom 23.9b)

Minuscule sur la carte du Moyen-Orient, le peuple d’Israël est pourtant plus encombrant que bien des grandes nations. Depuis le 11 septembre 2001, aucun politicien ni aucun économiste n’ignorent que les passions qui se déchaînent autour de « la Terre sainte » peuvent frapper en tous lieux, des Etats-Unis en Extrême-orient. Les tentatives de remodelage géopolitique de la région ont des effets indirects puissants sur tous les marchés et dans toutes les grandes capitales de la planète. Une procession de négociateurs assermentés s’attellent avec acharnement à la résolution du « casse-tête israélo-arabe ». Quant aux chrétiens de tous bords, on les entend émettre jugements et avis à foison, plus ou moins pro-israéliens ou pro-palestiniens selon les tendances.

Parce que la singularité d’Israël dérange, notre attitude à l’égard de ce peuple est facilement marquée par le parti-pris, et ne se cantonne que rarement dans l’indifférence. Nous sentons que nos relations avec la nation juive ne sont pas de nature politique ou historique seulement. Une lointaine filiation spirituelle nous rapproche, lumineuse et orageuse à la fois. Et dans nos contrées, dont les chefs religieux se réclament officiellement du plus grand Juif de l’histoire, les vieux démons de l’anti-sémitisme refusent de mourir.

Le monde dit « chrétien » a écrit bien des pages noires en cherchant à imposer à l’entité juive ses décrets et ses « feuilles de route ». Nous interrogerons donc en priorité des textes juifs pour tenter de répondre à la question : «Quel plan de route Dieu réserve-t-il à Israël dans le temps actuel ?» Ce thème eschatologique déjà crucial lors de la rédaction des écrits du Nouveau Testament englobe toute l’ère de l’Eglise, et au delà.

Nous n’avons pas la prétention, dans le cadre d’un court article, d’achever une telle enquête. Nous tenterons cependant, pour éviter l’arbitraire, de nous focaliser sur des passages qui traitent notre thème de manière frontale et globale. Et comme l’épître de Paul aux Romains offre un saisissant exposé de la doctrine chrétienne – et le plus systématique, il est logique de penser que les trois chapitres ( 9 à 11) qui s’y trouvent consacrés à la problématique d’Israël constituent également des préliminaires obligés.

1. Enthousiasme et dépression.

Comment comprendre que l’apôtre Paul, après la magistrale ascension qui l’amène au chapitre 8 de son épître aux Romains, sombre subitement dans une forme de dépression morale et spirituelle : « J’éprouve une grande tristesse, et j’ai dans le cœur un chagrin continuel » (9.2) ?

Dans toute la première partie de sa lettre, Paul a pris le temps d’établir fermement les doctrines de la culpabilité universelle, de la toute-suffisance de l’Evangile, du salut par la foi, de la sanctification personnelle. A l’issue de ce parcours, le chapitre 8 constitue une sorte de sommet théologique, où l’apôtre exulte au spectacle de tous les privilèges du croyant : ne sommes-nous pas, en Jésus-Christ, tout à la fois pardonnés, justifiés, libérés de l’esclavage du péché, remplis d’une vie impérissable, adoptés par Dieu comme ses fils, animés par l’Esprit, promis à la rédemption de nos corps et à la gloire, conduits pas à pas, protégés, prédestinés à devenir semblables à l’image de Christ ? Et l’apôtre de conclure par cette note de triomphe : « nous sommes plus que vainqueurs », car rien « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (8.35-39).

C’est à ce point précis que se produit l’effondrement. Et quel est donc l’enchaînement de pensées qui désarçonne l’apôtre ? Le voici : les privilèges dont il vient de se réjouir sont accordés universellement à tous les « païens » qui placent leur foi en Jésus-Christ. Plus rien ne peut les séparer de l’amour de Dieu. Mais quant à ses « parents selon la chair », les Israélites, ils sont encore effectivement privés de la sécurité des croyants, car dans leur majorité, ils ne reçoivent pas l’Evangile. Or, aux Israélites « appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, et les patriarches, et (de cette nation) est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen! » (Rom 9.3-5). Israël a-t-il donc été dépouillé de son héritage ?

Tout le débat des chapitres 9 à 11 s’attache à sonder cette énigme humaine et théologique. En scrutant la pensée de Dieu pour tenter d’y lire le mystère du destin d’Israël, Paul va nous entraîner à une juste perception de la « question juive ».

2. Rétrospective

« Je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères…les Israélites » (9.3a,4a) : que le grand apôtre en arrive à souhaiter l’impossible devrait nous étonner à plus d’un titre. Paul ne se résigne pas au sort actuel des Juifs : il se met à leur place, il cherche à les sortir de l’impasse, il se laisse blesser à vif. Or, une telle empathie n’est absolument pas naturelle :

– Premièrement, Paul a été, avant sa conversion, un parfait combattant pour la défense d’un judaïsme pur et dur. Il a persécuté les chrétiens. Il est bien placé pour savoir qu’en suivant ce chemin, c’est Jésus lui-même qu’il persécutait. Maintenant qu’il est chrétien, doit-il prendre le parti de son ancienne religion ?
– Deuxièmement, pendant les trois voyages missionnaires qu’il a effectués avant de rédiger son épître aux Romains (il envoie celle-ci depuis Corinthe, alors que son 3ème voyage n’est pas terminé), Paul s’est continuellement heurté à une résistance opiniâtre de la part des Juifs, qui sont allés jusqu’à le lapider pour se débarrasser de lui. Pourquoi ne pas en conclure que ce peuple est prévenu contre l’Evangile de manière incurable ?
– Troisièmement, Paul est le grand apôtre des païens, le fondateur, l’organisateur, le visionnaire inspiré des jeunes églises en dehors du territoire d’Israël. Nul mieux que lui n’a œuvré à l’affermissement du Corps de Christ, nul n’en a mieux révélé la dimension divine. Pourquoi donc se lamenterait-il sur ceux qui, parmi les Juifs, ne veulent rien de cette glorieuse construction à l’honneur de Dieu ?

Logiquement, Dieu ne peut honorer son Fils Jésus-Christ, et simultanément bénir ceux qui le rejettent. Pourtant, la souffrance de Paul est là, non seulement réelle et intense, mais produite par le Saint-Esprit (Act 9.1). Comment échapper à cette déchirure ? Nous savons, par la fin du livre des Actes, que la réponse à ce dilemme n’est jamais reçue dans la facilité (cf Act 28.17-29). Mais une première évidence se dégage de tous les éléments que nous venons d’énumérer : au vu de ses expériences personnelles, l’apôtre Paul aurait été le candidat le mieux choisi pour décréter qu’Israël n’avait plus aucun avenir en tant que « peuple élu » ; que Dieu s’était choisi un peuple nouveau, l’Eglise, pour le remplacer ; et qu’il fallait se montrer sans pitié envers les Juifs incrédules.

Or, c’est tout le contraire qu’il exprime : Paul gémit sur l’état de sa nation, et nous révèle ce qu’une conscience éclairée par le Saint-Esprit et par les Ecritures (9.1-5) doit ressentir au sujet d’Israël. C’est de cette attitude que nous voulons tirer exemple.

3. Israël dans le plan de Dieu

Après la Pentecôte, les premiers messages d’évangélisation s’adressaient aux « hommes juifs », aux « hommes israélites », aux « chefs du peuple et anciens d’Israël », et des milliers d’entre eux saisirent la grâce de Dieu. Ce fut le début de l’Eglise. Mais la majorité d’Israël ne se laissa pas convaincre, et s’exclut volontairement de la bénédiction. Paul, alors qu’il était encore Saul le persécuteur, se rangeait du côté de cette majorité lorsqu’il entendit Etienne, sur le point de mourir martyr, s’adresser aux chefs du sanhédrin : « Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit…vous qui avez reçu la loi d’après des commandements d’anges, et qui ne l’avez point gardée ! » (Act 7.51-53). Mais Paul, l’apôtre, se souvenait sûrement des dernières paroles d’Etienne agonisant : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! ». Sévérité à l’égard du péché, miséricorde à l’égard du pécheur : Christ avait tracé la voie, ses disciples lui emboîtaient le pas, et Paul retenait la leçon. Comment allait-il l’appliquer à l’Israël de l’ère nouvelle qui commençait ?

Dans les chapitres 9 à 11 des Romains, l’apôtre, éclairé par l’Esprit, est amené à considérer ce que comporte le programme de Dieu en faveur de son peuple égaré. En voici les points essentiels :

a) Rien ne permet de penser que les prérogatives d’Israël, résumées plus haut (Rom 9.4,5), aient été définitivement transférées à d’autres.

Tout d’abord, l’apôtre maintient le présent en parlant des choses qui appartiennent de droit à Israël (9.4).Paul affirmera la même vérité à la fin de son développement : « En ce qui concerne l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (10.28b,29).

L’Ancien Testament désignait clairement la cause de l’élection d’Israël : « C’est à tes pères seulement que l’Eternel s’est attaché pour les aimer ; et, après eux, c’est leur postérité, c’est vous qu’il a choisis d’entre tous les peuples… » (Deut 10.15). Cet Amour divin à la recherche de l’amour humain incluait nécessairement la miséricorde, car ce peuple ne méritait aucun traitement de faveur, ni n’allait se montrer particulièrement soumis: « Ainsi donc, cela (= l’élection d’Israël) ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (cf 9.6-18, en particulier v. 11 et 16). Une grande confusion règne actuellement dans les cercles chrétiens (et musulmans !) parce que l’on oublie que l’alliance de Dieu avec Abraham puis avec les patriarches était fondée sur la pure grâce de Dieu, et était accompagnée de plusieurs promesses inconditionnelles. Celles-ci esquissaient le plan général de Dieu pour l’humanité, mais aussi le plan de Dieu pour l’avenir spirituel, national, et territorial des descendants de Jacob (rebaptisé « Israël » par Dieu). Relisons, si nécessaire, Gen 12.2 ; 15.7-21 ; 17.8 ; 18.17-19 ; 26.3-5 ; 28.10-15 ; Ex 32.13. La concrétisation finale de ces promesses est réitérée par les prophètes ultérieurs, car ni l’Alliance mosaïque, ni la Nouvelle alliance ne les ont annulées . Contre vents et marées, elles s’accompliront à la lettre (cf Jér 31.1-4,31-37 ; 33.14-22 et al.). Les lignes que J.N. Darby a consacrées aux promesses inconditionnelles de Dieu restent une référence classique sur ce point (voir la préface de sa traduction de la Bible).

b) Les Juifs convertis, même en petit nombre, sont le signe de la pérennité des promesses faites aux patriarches.

« Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé » (9.27 ). Paul cite l’Ancien Testament pour rappeler la doctrine du « reste » d’Israël, qu’on peut résumer ainsi : Dieu ne revient jamais sur ses promesses, même si l’incrédulité, la révolte et la désobéissance de son peuple empêchent que tous ne parviennent au salut. Dieu s’est réservé un certain nombre de « réchappés » qui, à l’exemple de Noé ou des 7000 hommes fidèles du temps d’Elie (cf 11.1-6), permettent à la grâce de Dieu de se déverser. L’apôtre Paul lui-même (et d’autres missionnaires de la première heure, comme Apollos, cf Act 18.24) sont la démonstration vivante de cette doctrine qui traverse toute la Bible. D’où la déclaration péremptoire de l’apôtre : « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a pas rejeté son peuple qu’il a connu d’avance » (11.1-2a).

c) Les Juifs et les non-Juifs qui cherchent à se justifier par leurs œuvres tombent sous la condamnation de la Loi, mais ceux qui croient en Christ héritent des bénédictions réservées aux vrais croyants.

L’Eglise est le rassemblement de tous les rachetés, Juifs et non-Juifs. Tous entrent dans la même réalité spirituelle : « Il n’y a donc aucune différence… entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous le même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (10.12). Dieu ne fait donc aucun favoritisme, ni ne se détourne de quiconque s’approche de lui par la foi. Nul Juif ne peut prétendre au salut du fait de sa seule appartenance à la nation juive ou parce qu’il s’astreint à des observances légales (cf 9.6 « tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël », et les développements subséquents en Gal 2.15-16 ; 3.15-29), mais aucun chrétien non-Juif ne peut ignorer qu’il est, par nature, sous la même condamnation que les Israélites rebelles, « car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous » (11.32).

d) Le destin de l’Eglise et celui d’Israël continuent, dans le temps présent, d’être étroitement associés.

Pressentant les risques de dérives anti-juives, l’apôtre écrit clairement pour prévenir l’arrogance et l’orgueil des païens convertis. Il utilise la fameuse métaphore de l’olivier franc (le tronc et les branches d’origine, la nation d’Israël) sur lequel Dieu a consenti à greffer un olivier sauvage (les païens convertis), de manière à rappeler aux « sauvages » qu’ils n’existent, et ne deviennent convenables aux yeux de Dieu, que parce que portés par le tronc qui les relie aux « racines nourricières » (11.16-24). Un non-Juif qui devient chrétien ne doit jamais perdre de vue qu’avant de se convertir, il était coupé de toute relation vitale avec Dieu (cf 9.24-26 ; comparez avec Eph 2.12 : « « Vous étiez en ce temps là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde »). D’où ces avertissements aux non-Juifs croyants : « Ne t’abandonne pas à l’orgueil » (10.20) ; « Ne vous regardez point comme sages » (11.25).

Après avoir longuement, dès le premier chapitre de sa lettre, établi la parfaite souveraineté de Dieu, sa sagesse et sa justice, l’apôtre nous confie un « mystère » : ce qui arrive au peuple juif, son « amoindrissement » (11.12), son « endurcissement » (9.18) par rapport à l’Evangile, sa « mise à l’écart » (11.15), sa « chute » (11.12) dans la « désobéissance » (11.31), toutes ces terribles réalités présentes, ne sont pas destinées à perdurer éternellement. Elles subsistent tant que le nombre des non-Juifs que Dieu désire attirer à lui n’est pas encore complet : « une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée » (11.25). Leur éclipse spirituelle actuelle est donc synonyme de salut, d’enrichissement, de miséricorde et de réconciliation avec Dieu pour le reste du monde (11.11,12,15,30).

Lorsque ce temps d’exil prendra fin, alors Israël retrouvera sa place sur sa terre, et dans le plan éternel de Dieu. Temps de conversion et de salut pour tout le « reste » d’Israël présent sur terre à ce moment (11.12,25,26), glorieuse résurrection nationale (11.15), dont le monde entier profitera, et qui coïncidera avec l’événement majeur de toute l’histoire d’Israël : l’avènement du Messie, enfin reconnu par ses frères de race, et qui viendra libérer son peuple terrestre, le purifier de tout péché, et parachever son alliance éternelle (11.26,27).

Ajoutons qu’une étude attentive des passages de l’Ancien Testament cités par l’apôtre Paul dans les chapitres 8 à 11 des Romains nous permettrait d’aborder d’autres questions eschatologiques d’importance. Elles concernent à la fois l’Eglise, le monde et Israël, à savoir : les tribulations d’Israël et du monde à la fin des temps, le retour de Christ en gloire, son règne de mille ans sur la terre, les fonctions de l’Eglise et d’Israël pendant ce règne, et les caractéristiques de la terre restaurée. Mais dans le cadre limité de notre article, nous voulons seulement souligner la convergence finale des destins de l’Eglise et d’Israël, afin que chacun garde sa juste place devant Dieu.

e) Le destin d’Israël au cours des deux millénaires précédents, si solennel à bien des égards, devrait résonner comme un signal d’alarme aux oreilles de l’Occident post-chrétien.

De même que le statut de « peuple élu » n’a jamais signifié que le peuple d’Israël bénéficiait d’une forme d’impunité auprès de Dieu, les nations christianisées qui renient ouvertement, systématiquement, et follement la foi biblique, ne doivent pas s’attendre à autre chose qu’à la manifestation de la sévérité du Dieu qu’elles bafouent. Divinement inspiré, l’apôtre avertit l’Eglise des temps à venir : « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu demeures ferme dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché » (11.22). Nous assistons malgré nous tous les jours à l’invasion catastrophique de l’apostasie, de l’immoralité, de l’incrédulité et de la méchanceté sous toutes leurs formes. Déjà se profilent les grands jugements de la fin qu’ont annoncés les prophètes, Jésus lui-même, et les apôtres – dont Paul, Pierre et Jean.

4. Destination finale

Paul était fort affligé par l’état de « ses parents selon la chair ». Dieu lui a remémoré son plan de route pour Israël. Paul a retrouvé confiance et courage. Au lieu de sombrer dans la dépression, il intercède en faveur des Juifs: « Frères, le vœu de mon cœur et ma prière pour eux, c’est qu’ils soient sauvés » (10.1 ). Malgré les zones d’ombre qui subsistent, une louange monte de son cœur : « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles !… C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (11.33,36).

Avons-nous, nous aussi, un cœur pour Israël ? Comprenons-nous que son histoire et la nôtre sont indissolublement liées, sans se confondre ni s’exclure l’une l’autre ? Aspirons-nous au moment où les rachetés de l’Eglise et ceux de l’Israël terrestre se tiendront prêts, devant le Roi des rois, à entrer dans la gloire de son Règne et de l’Eternité ?
Puissions-nous, dans notre étude de l’eschatologie, ne pas rester en deçà, ni aller au delà de ce qui est écrit. C’est déjà pleinement suffisant.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)